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Sous-comité sur la santé des populations

 

Délibérations du Sous-comité sur la Santé des populations

Fascicule 6 - Témoignages du 20 mai 2008 -  matin


ST. JOHN'S, le mardi 20 mai 2008

Le Sous-comité sur la santé des populations du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui à 9 heures pour étudier, en vue d'en faire rapport, les divers facteurs et situations qui contribuent à la santé de la population canadienne, appelés collectivement les déterminants sociaux de la santé.

Le sénateur Wilbert J. Keon (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : C'est un bonheur pour nous d'être là, et c'est un bonheur pour moi d'être de retour à St. John's. J'aime bien le Fairmont où nous logeons en ce moment, mais je crois que je préférais le vieil hôtel Newfoundland. J'y ai passé une semaine à l'hôtel Newfoundland il y a bien des années de cela, à l'époque où j'étais professeur invité à l'Université Memorial, et il se trouve que ça tombait le jour de la Saint-Patrick. Je n'ai jamais entendu tant de bonne musique de ma vie.

Quoi qu'il en soit, nous apprécions au plus haut point le fait que vous vous soyez joints à nous. Comme vous le savez, le Sous-comité sur la santé des populations se penche sur la question des déterminants de la santé, particulièrement au Canada, et en particulier sur les disparités qui existent sur ce plan et ce qu'il est possible de faire pour les corriger. Cela nous intéresse beaucoup de savoir ce que vous êtes en train de faire à cet égard à Terre-Neuve. Nous avons hâte d'en entendre parler.

Ce matin, nous accueillons, du ministère des Finances, Alton Hollett, qui en est le sous-ministre adjoint à la Direction de l'économie et de la statistique; de l'Université Memorial, le Dr Roy West, professeur émérite d'épidémiologie — nos chemins se sont déjà croisés — et, du ministère des Finances, Robert Reid, cadre supérieur, Community Accounts, Direction de l'économie et de la statistique.

Sans plus tarder, nous allons écouter M. Hollett.

Alton Hollett, sous-ministre adjoint, Direction de l'économie et de la statistique, ministère des Finances, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Bonjour. Aux Terre-Neuviens, je dirais d'abord : bienvenue chez vous. Quant aux autres, eh bien, nous sommes vraiment heureux de vous recevoir et, certes, nous apprécions l'intérêt que vous portez à nos travaux. En lisant vos documents, j'ai pris conscience du fait que nous avons beaucoup en commun. Je trouve cela intéressant de savoir que nous évoluons sur des chemins parallèles, d'une certaine façon, et depuis un bon moment, j'imagine. Je ne suis pas très certain de l'histoire de votre groupe, mais nous persévérons dans cet effort que nous assimilons à l'œuvre de Dieu depuis bon nombre d'années déjà.

Nous avons commencé à travailler aux comptes communautaires autour de 1998, ce qui veut dire que ça fait un bail. J'aimerais vous donner quelques précisions sur les comptes communautaires, sur leur origine et sur leur but, et j'aurais voulu aussi toucher un mot à propos du cadre conceptuel que nous employons. Pas que je puisse en apprendre à bien des gens ici au sujet des déterminants de la santé ou des déterminants du mieux-être, mais je peux vous dire quelle est notre façon d'y réfléchir, et j'aimerais traiter un peu de la question et vous montrer la façon dont notre réflexion se structure autour de ces divers déterminants du mieux-être et déterminants de la santé.

Je vais illustrer ce qui nous paraît représenter une innovation importante du point de vue des intérêts collectifs et du recours aux comptes communautaires. Vers la fin, en guise de résumé, je vous décrirai le chemin que nous avons parcouru — je crois que c'est l'expression que j'ai employée sur la diapositive — et le chemin que nous avons l'intention de parcourir à l'avenir. Voilà pour la structure de mon propos. Je ne vais pas approfondir quelque question que ce soit, donner d'amples précisions, mais je serai heureux de répondre à toutes les questions auxquelles je suis apte à répondre.

Je suis très heureux d'être accompagné du Dr Roy West ce matin. C'est un excellent collègue à moi depuis de nombreuses années, et lui et son collègue, M. Segovia, travaillent depuis bon nombre d'années à établir à l'échelle communautaire des données sur la santé qui permettent de se renseigner sur l'état de santé des individus et des familles de la province. Une des raisons pour lesquelles je suis si heureux d'être accompagné du Dr West, c'est qu'il connaît toutes sortes de choses que je ne connais pas, et je me sens un peu désarmé ce matin en l'absence de mon autre collègue, Doug May, qui est l'architecte du cadre conceptuel des comptes communautaires. Il est toujours fou de joie de pouvoir répondre aux questions qu'on lui pose, et plus on lui pose de questions, plus il devient fou de joie. Malheureusement, il se trouve à Stockholm, aujourd'hui, à une conférence de l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, et nous étions censés, lui et moi, y assister ensemble, mais nous avons décidé de nous diviser le travail; moi, je serai ici, et lui, il sera là-bas. Il est probablement beaucoup plus intelligent que moi, étant donné que je suis ici et qu'il est là-bas, pas que l'idée de me trouver avec vous ce matin ne me rend pas fou de joie. Je vais vous présenter un exposé qui, je l'espère, présentera un certain intérêt et vous aidera à mieux comprendre les comptes communautaires.

Les comptes communautaires remontent à loin. Il y a toujours eu un vif intérêt pour les données locales à Terre- Neuve-et-Labrador. Les citoyens de Terre-Neuve-et-Labrador et quiconque a déjà eu à traiter vraiment avec les politiciens locaux et nos dirigeants politiques l'attestera : ce qui intéresse le plus les gens de Terre-Neuve-et-Labrador, c'est de voir des choses qui portent sur leurs propres collectivités. Composer une requête en bonne et due forme pour obtenir une série de chiffres en s'adressant à l'agence de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador, à Statistique Canada ou encore à Ressources humaines et Développement social Canada — voilà qui n'a pas été jugé très attrayant par les gens, comme nous avons pu l'observer au fil des ans. L'intérêt pour la question est très marqué, mais ce genre d'approche-là ne convient certainement pas à la plupart des gens. C'est très bien pour les universitaires, dont nous ne nous soucions pas sur ce plan dans les organismes de statistique : nous les croyons à même de se débrouiller. Ils nous demandent des données complexes, que nous leur transmettons, puis ils peuvent exercer leur activité; par contre, les gens des collectivités, les groupes communautaires, les dirigeants communautaires et les citoyens doivent pouvoir accéder à des produits spéciaux pour que l'information leur soit utile.

C'est en 1985 que Doug May et moi avons commencé à travailler à la notion de données géographiques très locales, à l'époque où nous travaillions tous les deux pour la Commission royale d'enquête de Terre-Neuve sur l'emploi et le chômage. À ce moment-là, nous nous posions une question à laquelle nous étions censés trouver une réponse aux fins de la commission. Si nous essayons de régler le problème du taux de chômage élevé à Terre-Neuve-et-Labrador, il faut se demander : d'où provient-il? Si nous ne savons pas d'où il provient, comment pouvons-nous savoir si nous régressons ou si nous avançons dans le bon sens?

C'est à ce moment particulier que, dirais-je, nous sommes devenus presque obsédés par les données locales. C'est que nous nous sentions très dépourvus à l'époque, car il n'y avait pas de données adéquates qui permettraient de répondre à de nombreuses questions, et nous avons entamé un travail qui est devenu la croisade de presque toute une vie — corriger ces lacunes. Nous croyons bel et bien avoir fait quelques progrès.

Au début des années 1990, une commission économique a été mise sur pied ici. À cette époque, notre économie était marquée par des difficultés notables. L'exode était massif, la pêche au poisson de fond s'effondrait, et nous subissions notre part de la récession canadienne — et les temps étaient extrêmement difficiles. C'est une époque où nos habitants ont vécu un grand stress et une grande incertitude; ce qu'il en est ressorti, c'est une consultation où les gens ont examiné la situation et recommandé à notre gouvernement ce qu'ils percevaient comme étant une vision socio-économique cohérente pour notre province, vision qui guiderait les pouvoirs publics. Ceux-ci se sont entretenus avec les gens, et cela m'a impressionné au plus haut point; les représentants du gouvernement ont parcouru toute la province, l'île et puis le Labrador, et ils ont discuté avec les gens. Lorsqu'ils en sont revenus, ils avaient en tête une vision; et cette vision-là était celle de collectivités durables où les gens sont autonomes, instruits et en santé. Il y avait quelques autres facteurs aussi, mais, comme nous n'avons pas beaucoup de temps, j'ai écarté ce que je juge moins intéressant. À mes yeux, il était très encourageant de savoir que les gens aient pu scruter comme il faut la situation de manière à articuler clairement une vision d'avenir qui, pensaient-ils donnerait vraiment une meilleure qualité de vie et un degré plus élevé de bien-être.

Ce qu'il en est ressorti, bien entendu, c'est un appel en faveur d'approches et de décisions fondées sur des données probantes de la part de l'État; encore une fois, cela m'a beaucoup impressionné : ça venait de gens provenant de toutes sortes de milieux. Les gens souhaitaient que le gouvernement utilise les meilleures informations et connaissances à sa disposition pour adopter des mesures qui serviraient le mieux l'intérêt des citoyens. Il y avait aussi l'idée que le gouvernement devrait agir ainsi, ou un appel en faveur d'une telle chose, et, bien entendu, je n'ai pas à vous dire que cela nous a ouvert la porte à l'agence de statistique de la province. C'était comme si Noël était arrivé pour nous. Nous avons reçu beaucoup d'attention, pour vrai, et les gens s'intéressaient aux choses que nous adorons faire. Cela nous a fait entrer dans la danse, et une bonne part des travaux que nous avions déjà réalisés pour la commission royale d'enquête et la commission économique devenait très pertinente, compte tenu de ce que les gens demandaient. Nous avons grandement apprécié le fait d'être pertinents : bien des gens le diront, je crois, la plupart des agences de statistique tendent à ressembler à une boîte noire que personne ne comprend très bien à moins d'en faire partie et d'en saisir la culture. Nous ne sommes pas nous-mêmes de cet avis. Même si nous avons parfois de telles pensées ou de tels sentiments, compte tenu de la culture qui nous a été léguée au fil des ans, certes, nous avons appris que ce n'était pas là le chemin de l'avenir.

Quant à l'éducation des comptes communautaires, très rapidement, je dirai que j'ai créé un partenariat avec Doug May, qui dirigeait à l'époque le département d'économie à l'université. C'est plus ou moins à cette époque, je crois, que M. West et moi avons lié connaissance. M. May et le Dr West étaient de bons collègues depuis un certain nombre d'années déjà à ce moment-là. Nous avons réuni nos esprits et conçu un prototype à partir de notre vision de la connaissance et de la base de connaissance éventuelle des utilisateurs, des types de personnes qui seraient de la partie, et de leurs besoins.

Je dois dire que je suis très sensible à la poussière et je constate que, quand j'arrive dans une pièce tôt le matin, et mon bureau est le pire de tout, je cherche mon souffle durant les 10 ou 15 premières minutes. Tout de même, je m'en tirerai bien; je ne vais pas mourir, mais je suis allergique à la poussière. Certains d'entre vous ne le savent pas, mais vous recevez cette pluie de poussière tout autant que moi, si bien que je serais, je suppose, comme le canari de la mine. Si vous m'entendez chercher de l'air bruyamment, c'est cela qu'il s'agit. M. Reid est tout à fait habitué. Il attend que la crise se passe. Parfois, il profite du fait que j'ai de la difficulté à respirer pour faire valoir quelques points, dois-je ajouter.

Nous avons créé un partenariat et commencé à édifier un prototype, et nous avons donné forme à nos données en étendant le processus par divers moyens — collaboration, partenariats, sollicitation de citoyens, recours aux responsables officiels et aux experts de divers domaines. Nous ne nous sommes pas contentés de foncer et de faire le travail comme nous aurions jugé bon de le faire. Nous avons vraiment essayé de solliciter la participation des gens qui pouvaient nous aider et qui tenaient lieu d'experts en la matière.

Deux faits nous ont très bien servis. Premièrement, nous avions l'appui du premier ministre de ce temps-là. C'est très important, surtout quand j'y pense aujourd'hui. L'autre chose, bien entendu, c'est que nous avions déterminé au départ qu'il était très important de solliciter la participation des gens et de s'assurer que notre travail allait être pertinent.

Nous nous sommes également rendu compte à ce moment-là que la plupart des gens auxquels nous allions fournir des données ne possédaient pas une grande compétence technique. Nous connaissions notre clientèle et nous avions une assez bonne idée du genre de personnes qui se retrouveraient probablement au bout de la transmission, surtout que cela nous intéressait d'aider les gens dans les collectivités. Comme je l'ai dit il y a quelques minutes, nous avons toujours cru que les gens comme nous, dans les organismes de statistique, les économistes de profession, les statisticiens et autres chercheurs qui font appel à des compétences techniques peuvent d'ores et déjà faire un bon usage des données dès que nous les leur fournissons. Ils arrivent très bien à faire ce qu'il faut faire. Par conséquent, nous devions nous concentrer sur le citoyen. Nous avons toujours cru que les Terre-Neuviens sont des gens intelligents, compétents et persévérants qui peuvent faire face à n'importe quelle situation et survivre. Lorsque j'ai pris les rênes de l'agence de statistique, j'ai dit à Ivan Fellegi que, selon moi, l'élément que nous avions peut-être omis de l'équation du développement, c'était l'accès à des informations solides et rigoureuses pour savoir ce à quoi nous avions affaire. D'une certaine façon, j'imagine, Doug May, Roy West, Robert Reid et moi-même, ainsi que les amis et collègues que nous avons côtoyés pendant de nombreuses années, nous nous sommes engagés dans cette quête pour essayer de mettre entre les mains des gens des données ayant pour eux une certaine signification. Au fil de mon exposé, je vais formuler quelques observations pour faire voir pourquoi, à mon avis, cela a assez bien marché.

Nous savions tout de même que les gens auxquels nous allions fournir des quantités énormes de données allaient probablement se sentir submergés. S'il est question de mettre en œuvre quelque perfectionnement que l'on ait pu trouver, quand j'y songe dans le contexte de la théorie économique, d'après notre expérience, certes, je dirais que le perfectionnement ne garantit en rien que le PIB augmentera en flèche. En termes simples, il existe un grand écart entre la création d'un produit utile qui présente un bon potentiel et une mise en application telle que les gens se serviront du produit et que le produit sera utile aux gens. Je crois que c'est probablement l'enseignement le plus important que nous ayons tiré de l'affaire.

Nous avons fondé notre travail sur certains principes : nous étions d'avis que les utilisateurs devaient pouvoir cerner aisément les thèmes qui les intéressent; et aider les gens à mieux se connaître eux-mêmes et à mieux connaître leur collectivité représente un objectif clé du travail que nous accomplissons pour faire circuler les données. De même, nous avons recouru à un procédé que certains qualifient d'« application des connaissances ». Nous parlons parfois de « gestion des connaissances », mais ces notions-là sont assez proches les unes des autres. Dans notre façon de le voir, les données sont des chiffres; l'information, c'est des chiffres mis en ordre; les connaissances, ce sont des données et des informations mises en ordre et auxquelles nous travaillons à partir de l'apport des citoyens, que nous respectons en tant qu'experts de leur champ de connaissance, en vue d'en arriver à des produits qui sont utiles aux gens. Comme vous le verrez au fil de mon exposé ce matin, notre approche des comptes communautaires s'apparente tout à fait à une approche qui vise à construire un savoir.

L'idée de la prise de décisions fondée sur des données probantes est issue des projets socio-économiques mis en place au début des années 1990. Nous avons commencé à croire que nos travaux constitueraient une très bonne assise à la prise de décisions fondée sur des données probantes. En tête de notre liste des priorités, il y avait l'échange des données. Nous croyons que là où le gouvernement réunit des données et que des gens comme nous en disposent et les comprennent, il y a lieu vraiment de faire circuler les données, de les mettre entre les main des gens pour qu'elles puissent leur être utiles. Souvent, les gens qui m'entendent dire cela sont surpris, mais nous sommes vraiment d'avis que c'est là un rôle important qu'il faut attribuer aux données et aux statistiques : aider les gens. C'est le point d'ancrage de notre cœur et de notre esprit dans toute cette histoire. Nous faisons de notre mieux pour venir en aide aux ministères, qui sont de très importants utilisateurs de nos produits, mais il faut dire qu'ils possèdent des moyens que ne possèdent pas les collectivités. Nous estimons qu'il y a un écart de ce côté-là, et nous réfléchissons énormément aux collectivités.

Lorsque je traite des comptes communautaires, au point où j'en suis en ce moment, plutôt que de me perdre dans les détails, j'explique clairement aux gens de quoi il retourne. Essentiellement, les comptes communautaires sont des données établies en rapport avec 400 collectivités. Nous avons des données sur 215 zones de voisinage, que nous avons publiées il y a quelques mois. Je pense que certaines personnes croient que nous n'avons pas de données à l'échelle du quartier. J'ai entendu cela à quelques reprises, mais ce n'est pas vrai. Quiconque est de cet avis devrait revoir nos produits, qui changent tous les jours au fil d'échanges de plus en plus importants. Ce sont des données et des indicateurs qui portent sur de nombreuses zones géographiques. Essentiellement, les comptes communautaires sont donc un ensemble de données, un ensemble d'indicateurs, qui recoupent les domaines sociaux et économiques.

Je vais vous parler un peu du cadre conceptuel et de la façon dont nous l'organisons, du but qui lui est attribué, puis M. Reid vous donnera une meilleure idée de la profondeur des données et des indicateurs.

Au départ, comme je l'ai dit plus tôt, nous travaillions aux comptes communautaires parce qu'on nous avait donné pour commande d'établir à l'intention des gens de Terre-Neuve-et-Labrador un bilan touchant la perspective qu'ils avaient énoncée : être en santé, être instruit, être prospère et avoir une collectivité durable. Quand nous parlons de collectivités durables, nous parlons de démographie et de toutes sortes d'autres facteurs. Notre réflexion s'articulait également autour de la notion structurelle selon laquelle ces choses-là contribuent au bien-être. Nous avons donc envisagé notre travail comme étant un travail qui vise à établir un cadre de bien-être.

Cela provenait directement d'un élément de la politique gouvernementale adoptée il y a plusieurs années de cela, un plan social stratégique où ce genre de choses était préconisé. Pour essayer d'établir des données quantitatives en rapport avec le plan social stratégique, nous avons regardé quels étaient les objectifs, puis nous avons dit : d'accord, comment traduire ces idéaux-là en statistiques. Par exemple, pour ce qui est d'être prospère, on peut penser au revenu; pour ce qui est d'être en santé, on peut penser à la santé, bien entendu; pour ce qui est d'une collectivité durable, on peut penser à la démographie et ainsi de suite. Voilà d'où venait notre structure de départ.

Au moment de nous lancer, nous ne disposions pas d'une réserve inépuisable d'intelligence supérieure à laquelle faire appel au besoin. Au moment de nous engager dans l'exercice, nous avons suivi notre instinct; nous avons mis à profit notre connaissance de ce qui nous paraissait avoir fonctionné, ou pas, dans le passé, et nous avons créé ce qui nous paraissait être utile aux gens et répondre aux citoyens et aux décideurs d'une façon intuitive et raisonnée; à regarder nos données, les gens pouvaient donc s'y retrouver et ne voyaient pas uniquement une requête n'ayant aucun sens à leurs yeux; les chiffres n'allaient pas constituer une sorte de mur qui se dresse entre eux et ce qu'ils avaient vraiment besoin de savoir.

Si vous jetez un coup d'œil à la diapositive, vous verrez en quoi les secteurs ou domaines indiqués vous sont familiers; pour la plus grande part, c'est ce qui est évoqué quand il est question du modèle de la santé des populations. En élaborant notre modèle, nous en sommes arrivés à un élément clé qui distingue notre façon de réfléchir à la notion. Notre modèle insiste plus ou moins sur le bien-être, alors que la réflexion sur la santé des populations s'attache davantage à la santé et aux résultats relevés à cet égard. Nous voyons la santé comme étant un élément qui contribue à l'une des variables des domaines d'action qui, pour nous, contribuent au bien-être.

Nous avons mis là des flèches qui témoignent des relations entre les domaines. Nous n'utilisons plus le diagramme, car nous sommes passés à autre chose, chose dont je vais vous parler. La raison pour laquelle nous avons mis là des flèches, c'est pour rappeler aux gens que ces choses-là sont liées, qu'elles interagissent. Ce sont des facteurs interreliés, et ce sont les interactions et le produit des interactions qui contribuent au bien-être tel que nous l'observons, plus ou moins.

Nous avons remporté le prix de l'Institut d'administration publique du Canada il y a quelques années dans la catégorie de la gestion du savoir et, à la suite de la remise du prix, un professeur de l'Université de Montréal m'a appelé pour me parler de ce qu'était l'innovation en question. Il a déclaré que les gouvernements ne sont pas connus pour leur esprit d'innovation, mais il voulait nous parler parce que nous avions fait quelque chose de novateur.

Je savais bien que l'innovation ne résidait pas dans les données que nous fournissions aux gens ni dans la façon d'utiliser les logiciels d'informatique, car quiconque avait de l'argent pouvait tirer parti des logiciels de cette façon. De même, construire les données exige de l'effort et de la compétence, mais cela peut se faire; pas besoin d'avoir une baguette magique, il suffit d'avoir un peu d'argent et beaucoup de patience. L'innovation, selon moi, à y penser aujourd'hui, résidait en vérité dans la mise en application de cadres conceptuels. De la façon dont nous avons organisé nos données, si quelqu'un souhaite se renseigner sur le revenu, il clique la petite case qui dit « revenu »; s'il souhaite se renseigner sur la santé, il clique la petite case qui dit « santé ». Lorsque les gens regardent les thèmes que nous proposons, ils peuvent s'y retrouver immédiatement.

Doug May et moi, nous avons eu cette expérience-là, en particulier lorsque nous avons parlé aux municipalités et présenté des exposés. Au début, dans certains milieux de notre gouvernement, on craignait la possibilité qu'une fois les données en circulation quelque chose de mauvais se produirait, les médias nous tomberaient dessus, et ce serait terrible. Les gens s'inquiétaient de ce que le commis ait à consacrer beaucoup de temps à aider les politiciens à combler toutes les lacunes terribles que nos données allaient relever du côté du gouvernement. Or, il n'en a jamais été question. Je ne dis pas que ça ne peut pas arriver, mais ce que nous avons vu, du côté des médias, c'est ce que nous avons vu chez les maires des municipalités et d'autres dirigeants : lorsqu'ils examinent les données et se rendent compte de ce qu'ils y trouvent, que c'est de l'information à propos de leur collectivité, ce qu'ils voient les intriguent au plus haut point. Ils portent alors un vif intérêt à la chose.

Par exemple, il y a quelques années, à Arnold's Cove, nous avons présenté les comptes communautaires aux membres de la Chambre de commerce. Ces gens-là ont posé huit ou dix questions, se sont fait une idée juste de ce que nous proposions, puis ils se sont mis à discuter. Ils ont dit qu'ils ne croyaient pas que la situation était comme cela. Ils ont demandé comment ça se comparait avec Sunnyside. Ils se sont demandé ce qu'il en était de Southern Harbour et des environs. Ils ont dit qu'ils devaient repenser leurs projets parce qu'ils n'avaient pas auparavant une évaluation juste de la situation.

Les gens voient le bilan de santé de leur collectivité et les facteurs qui y contribuent, et ils voient que c'est très utile de le savoir. Un soir, en travaillant à la maison, j'ai reçu un courriel provenant d'un maire de la côte ouest de Terre- Neuve. Il a écrit : « Monsieur Hollett, je viens de finir de recourir aux comptes communautaires. J'ai cru qu'il serait très injuste de ma part de ne pas prendre une minute pour vous envoyer un message par courriel et vous dire : merci beaucoup. Je vous en prie, n'abandonnez pas ce travail. » Il a ajouté : « Si nous n'avions pas accès aux comptes communautaires, nous n'aurions pas eu les moyens de payer les données voulues pour connaître nos collectivités aussi bien que nous les connaissons. Soit dit en passant, c'est une plate-forme qui nous permet à nous tous, les maires, de discuter et de s'entendre sur la compréhension des choses. »

Je dois dire que cela témoigne de ce que nous voyons souvent et aussi que c'est très encourageant, étant donné que recourir à la technologie moderne — je dis toujours ceci aux gens lorsqu'ils me demandent qui utilise nos données —, c'est comme travailler depuis l'arrière de l'écran à un buffet : vous faites circuler toute cette nourriture que vous avez mis beaucoup d'efforts à préparer et, diable, que ça a l'air bon et que ça sent bon, et vous croyez que vous avez là un produit merveilleux, mais vous faites circuler cela sans savoir si les gens qui sont à l'autre bout prennent du Gravol ou s'ils s'éloignent tout simplement de la table en disant : « Pourquoi nous ont-ils servi cela? »

Il est très encourageant de recevoir ce genre de réaction, mais voilà ce qu'a été notre expérience. Je dirais que si nous n'avions pas adopté l'approche que nous avons adoptée, c'est-à-dire organiser nos données d'une façon qui reflète la vie des gens, je ne serais pas là pour vous parler ce matin. Vous pouvez parler à quiconque s'adonne à une activité semblable au Canada, dans le domaine de la statistique. Il ou elle vous dira qu'il a un produit qui n'est pas très différent de ce que nous proposons nous-mêmes, et, voilà, vous auriez pu économiser le prix des billets d'avion, le temps consacré à l'affaire et tout le reste, et les Terre-Neuviens n'auraient pas eu l'occasion de fouler de nouveau le sol de leur province natale. Nous n'aurions pas à vous raconter une histoire qui présente pour vous un grand intérêt.

Nous en avons débattu interminablement, Doug May et moi, et je fais pression sur lui pour qu'il rassemble ses idées sous forme écrite avant de se lasser de tout cela, de raconter son histoire pour ce qui touche les liens, les relations, les indicateurs. Je suis vraiment d'avis que l'innovation réside dans l'idée de montrer aux gens ce qu'ils sont. N'importe qui aurait pu le faire aussi bien que nous; c'est simplement que la plupart des autres ne l'ont pas fait, et je ne comprends pas tout à fait pourquoi.

Sur la prochaine diapositive, j'évoque ce que j'appelle le système des comptes communautaires. Si je le dis comme cela, c'est que, lorsque nous obtenons l'information que je vais parcourir maintenant, lorsque nous arrivons au point où nous avons en main l'information qui demeure ici, le concept du système de comptes communautaires fait voir que notre réflexion a évolué considérablement. Avant, nous avions divers domaines qui évoquaient divers aspects de la vie, mais, au fil du temps, nous avons étudié la façon dont les choses évoluent partout dans le monde, la réflexion sur le sujet, ce dont les gens ont besoin et certaines des lacunes conceptuelles qui existent. M. May a mis beaucoup d'effort à tout rassembler les morceaux du puzzle et, maintenant, nous voyons les comptes communautaires comme un système complet qui relie, d'une part, les facteurs sociaux et économiques, et, d'autre part, l'environnement, nos ressources naturelles. Et il montre la façon dont ces choses-là contribuent au bien-être.

Votre rapport m'a paru très intéressant. C'est la première fois que j'ai pu voir ces statistiques-là, et il était satisfaisant de lire ce que l'on a dit soi-même à propos de l'impact de divers résultats sanitaires; le système de santé qui compte pour 25 p. 100; le bagage génétique général, pour 15 p. 100, et puis l'environnement social et économique, pour 15 p. 100. Le tiers seulement des Canadiens reconnaissent les liens importants qu'il y a là. M. May et moi avons maintes et maintes fois discouru là-dessus; les gens ne sont pas conscients de ces liens-là. Ils dissocient le revenu de la pauvreté ou encore ils dissocient la criminalité de la pauvreté et ils dissocient la pauvreté de la santé.

Je suis membre fondateur de l'Atlantic Summer Institute on Healthy and Safe Communities, où nous préconisons une réflexion axée sur la santé de la population. Je recommande ou je prêche toujours que la toute première chose à faire, c'est de faire en sorte que monsieur tout le monde commence à saisir ces choses-là. Je sais que c'est probablement un idéal d'universitaire que j'énonce là, mais je ne vois pas les choses ainsi. Je crois quand même qu'il y a énormément de travail à faire de ce côté-là.

Je vais passer rapidement sur le cadre lui-même, qui a évolué au fil du temps, en gardant à l'esprit les éléments qui ont été nos points de départ, ces quelques cases auxquelles nous avons rattaché la vision, les valeurs et les objectifs du plan social stratégique. Nous nous attachons d'abord et avant tout à la notion de bien-être et nous avons rajusté certains des domaines au fil du temps. Aux yeux du groupe ici réuni, il est évident que les notions de bien-être et de santé de la population se recoupent largement. Par exemple, nous avons tendance à croire que la santé de la population est un élément qui contribue au bien-être général. Mis à part quelques autres facteurs que je vais mentionner rapidement, il y a un élément clé qui distingue le modèle de santé de la population et le modèle de bien-être, et c'est une plus grande attention accordée à l'élément central, le degré de dissociation des données et l'emplacement des éléments.

Il y a un aspect de notre cadre conceptuel que j'apprécie particulièrement en comparaison avec les autres cadres que j'ai vus partout ailleurs dans le monde — et nous avons bien un bon réseau et nous sommes assez bien renseignés, du mieux qu'on puisse le faire dans une petite province située dans un petit recoin d'une grande planète —, c'est que nous avons intégré la notion d'économie de production. Notre cadre initial était tout juste ici, ce qui est très proche d'une approche de santé de la population, mais avec la notion de bien-être à l'avant-plan. Puis, nous avons intégré notre écosystème, nos ressources naturelles, le capital de connaissance, les brevets capitalisés et les autres trucs du genre. Le bureau américain de la statistique découpe les notions de cette façon-là, ce que nous aimions; nous avons donc décidé de le faire nous aussi.

Essentiellement, nous faisons entrer dans le schéma la production de nos économies, c'est-à-dire l'infrastructure qui sert à produire, et nous commençons à relier les divers éléments ici aux processus de production. Nous croyons que c'est très important, étant donné que, bien entendu, tout cela fait partie intégrante du bien-être et de la santé de notre société et de notre population. J'imagine que la façon la plus simple de le dire, c'est de dire que si nous entrons dans une période de récession généralisée, et certains s'inquiètent de cette possibilité dans le cas des États-Unis, et que la production connaît une baisse importante, vous allez constater l'effet de retour à de nombreux égards, depuis le revenu jusqu'au stress éprouvé, en passant peut-être même par la démographie.

Cependant, je ne suis pas venu ici pour vous initier à tous ces liens. L'idée principale, c'est que nous avons intégré la notion d'économie de production, nos ressources naturelles, l'écosystème aussi, ce qui est un grand progrès par rapport à notre point de départ.

Ce n'est pas un point très important à faire valoir, mais disons que nous réfléchissons à ces choses en songeant à la multiplicité des dimensions éventuelles. Nous regardons les données accumulées au fil du temps et, comme je l'ai déjà dit, nous regardons les divers groupes sur le plan géographique : les enfants, les adolescents, les personnes âgées, les femmes, les immigrants, les Autochtones, les personnes handicapées et d'autres catégories jugées pertinentes, au fil du temps.

Voici quelque chose de très important. Bon nombre d'entre vous avez déjà probablement entendu des gens mentionner que le produit intérieur brut ne reflète pas vraiment le bien-être, et je crois que c'est là un argument légitime. Un des exemples qui reviennent le plus souvent, c'est celui où nous entrons en guerre et que le produit intérieur brut connaît une augmentation vertigineuse, mais que cela ne reflète pas forcément une amélioration du bien- être de la population. Je crois que la plupart des gens seraient d'accord sur ce point.

Il y a encore quelques points à faire valoir à propos de cette question. Premièrement, le produit intérieur brut n'a jamais été conçu pour mesurer le bien-être. Il a été conçu pour mesurer la production de l'économie; c'est à cela qu'il se rattache. Deuxièmement, les gens qui ont conçu les divers comptes nationaux que l'on a imaginés pour soutenir la mesure du produit intérieur brut ont envisagé aussi la mise en application des comptes sociaux, ce à quoi nous avons apporté une certaine contribution, j'imagine. Tout de même, après avoir intégré l'économie de production, nous voulions simplement rappeler aux gens qui affirment que le produit intérieur brut ne mesure pas le bien-être que, malgré les différences et les divergences au chapitre des concepts et aussi des impacts et des résultats, si vous regardez vraiment l'équation économique dans son ensemble — que vous êtes à même de trouver dans tout manuel d'économie, et je sais très bien que quiconque, parmi les personnes présentes ici, a déjà étudié l'économie reconnaîtra le fait que le produit intérieur brut est égal à la somme de la consommation, de l'investissement, des dépenses gouvernementales, des exportations moins les importations — vous voyez là que notre revenu est lié à la consommation, que l'investissement est relié à l'infrastructure mise en place au profit de la production, et vous voyez ici les dépenses de l'État consacrées à l'éducation et à la santé. Pour dire les choses simplement, tous ces facteurs-là sont reliés, et nous ne pouvons mettre au rancart l'économie de production du fait que des gens n'en sont pas venus à décrire la santé de la population à partir de ce qui se passe là, en examinant les autres domaines.

Nous traitons de cette question-là parce que c'est un défi que les gens du pays sont nombreux à devoir relever. Nous avons dans tout le pays d'excellents collègues auxquels nous vouons un très grand respect, et certains d'entre eux parlent des lacunes du PIB, mais ils ne parlent pas de la place qu'il occupe dans l'équation générale du bien-être ou de la santé de la population, et nous avons intégré la notion. Si je mentionne cela ce matin, c'est que notre cadre réunit tous ces éléments-là de cette façon-là.

Je voulais dire aussi, et il ne me reste que quelques trucs à dire, que nous concevons le cadre des comptes communautaires comme un modèle des déterminants des déterminants plus ou moins. En adoptant la notion de bien- être, nous avons abordé des éléments subjectifs, des trucs qu'il n'est pas aussi facile de mesurer, mais, par l'approche que nous avons adoptée ici, nous commençons à prendre la matière qualitative — ou ce qui était historiquement une matière qualitative et qui l'est moins maintenant, mais c'est comme cela depuis un certain nombre d'années — et la soumettons à une réflexion qui est davantage quantitative. Si par exemple nous songeons à la santé de la population, cela nous amène à penser aux divers déterminants de la santé. Nous concevons la santé comme un déterminant du bien- être, et puis les déterminants de la santé sont un déterminant du bien-être; nous voyons là des déterminants des déterminants dans le système que nous avons ici. Voilà comment M. May a illustré nos déterminants de la santé de population. Encore une fois, je crois que vous allez voir clairement les différences entre notre réflexion ici et la réflexion de ce groupe particulier; les domaines ne sont pas radicalement différents.

Au début de nos travaux à la fin des années 1990, on nous considérait comme un peu étranges du fait que nous parlions du bien-être. La plupart des gens du domaine créaient des statistiques, essentiellement, et puis c'est tout. De même, nous avons noté récemment qu'environ 66 p. 100 des articles parus sur la question du bien-être ont été rédigés depuis 2002, et, à la séance de l'IAPC où on nous a remis un prix, j'ai dit que cela me rappelait beaucoup le texte de la chanson d'Elvis Presley : un peu moins de conversation, un peu plus d'action. En discutant de la question avec nos éminents collègues de toute l'Amérique du Nord, nous avons constaté que les gens demandaient d'abord où ils pouvaient se procurer les données, puis, après un certain temps, ils voulaient savoir quel était le bon indicateur. Tout de même, à ce moment-là, personne ne parlait de bien-être, et je crois qu'on nous percevait comme un groupe de types un peu émotifs qui ne s'adonnaient pas à une science rigoureuse. Nous ne nous sommes jamais laissés démonter et nous avons toujours eu le luxe de pouvoir revenir à Terre-Neuve, là où les gens de ce genre ne sont pas trop nombreux; nous pouvions donc avoir un répit. Nous n'avons pas laissé tomber nos idées et nous avons été heureux de ce choix, mais ce qui nous a fait passer du bonheur à la joie, aujourd'hui, c'est de voir qu'un si grand nombre de personnes partout dans le monde se lancent sur le même chemin que nous. Ils ne nous ont pas découverts, mais nous, nous les avons découverts, eux. Je devrais dire que nombre d'entre eux ne nous ont pas découverts. Je prends note du fait qu'il existe en France un groupe de travail sous Sarkozy qui adopte l'approche du bien-être, et il y a de nombreux autres groupes aussi. De même, nous avons beaucoup travaillé de concert avec les responsables de l'indice canadien du mieux-être, et notre réflexion, pour une grande part, est tout à fait compatible avec leurs travaux. La grande différence entre ce qu'ils font et ce que nous faisons, bien entendu, c'est que nous voulons approfondir les facteurs d'information à l'échelle communautaire et aboutir à une précision qui est nettement plus grande. De fait, nous préférons nous tenir loin des indices eux-mêmes.

Les indices font peur à bien des gens, même s'ils ont leurs mérites. M. Reid vous montrera comment nous affichons nos données. Des citoyens nous ont dit qu'ils souhaitent examiner les données et qu'ils souhaitent les comprendre de façon à ne pas avoir à se méfier de tours de passe-passe techniques de notre part — qui ferait que nous leur présentons les choses en disant « Voici ce à quoi ça revient » — alors qu'ils ne possèdent pas les compétences nécessaires pour être sûrs que nous leur présentons quelque chose de vrai ou pour savoir ce que ça veut vraiment dire, car, après avoir passé tout le temps à faire les calculs, ils s'aperçoivent alors que ça ne veut pas vraiment dire ce qu'ils pensaient — alors ils ont dit : pas de tours de passe-passe.

Avec les comptes communautaires, outre le fait de créer des données épurées, autrement dit d'éliminer les anomalies et le bruit... les données des comptes communautaires se présentent de façon assez simple. Dans la grande majorité des cas, les gens peu rompus à la statistique et aux calculs peuvent les comprendre assez facilement, et cela veut dire qu'elles peuvent être comprises et utilisées par des gens qui ne possèdent aucune compétence en statistique et en calculs, mais qui s'intéressent suffisamment à la question pour y mettre l'énergie qu'il faut pour utiliser vraiment les données que nous leur présentons.

J'ai été très heureux de voir vos statistiques, là. J'ai pensé : ce que vous voyez en santé de la population, nous le voyons en bien-être. La ligne de démarcation entre les deux est très mince, à mon avis.

Je vais vous montrer les indicateurs thématiques que nous employons pour que ce soit plus facile à comprendre. M. Reid et son personnel ont inscrit les données dans divers domaines et si quelqu'un souhaite savoir ce qui se passe à Corner Brook, d'où vient M. Reid, ou à Arnold's Cove, d'où vient une partie de ma famille, ou à Port-au-Port, d'où vient le sénateur Cochrane... puis lorsque le sénateur Cook est venue nous voir, nous avons regardé du mieux que nous pouvions, étant donné les lacunes que présentent les codes postaux, là d'où elle vient, et elle n'a pas eu l'occasion de se lancer et de creuser la question munie d'une calculatrice et d'un chiffrier Excel et de faire toutes sortes d'additions en vue de déterminer ce qui se passe là. Elle peut se donner une vue d'ensemble en choisissant simplement les indicateurs thématiques. Ceux-ci représentent la pointe de l'iceberg. Ils révèlent bien ce que révèlent les données et, si vous voulez en savoir plus et si vous avez l'estomac solide, vous pouvez toujours cliquer sur les tableaux de données puis, bien entendu, le monde s'illuminera. Il y a toutes sortes de choses là, mais ce qui importe, c'est la vue d'ensemble.

Je ne peux passer au point suivant sans prendre d'abord une minute pour mentionner le Dr Jorge Segovia. Le Dr Segovia a travaillé avec le Dr West. Le Dr Segovia nous a quittés depuis pour un autre monde, mais c'était pour nous un collègue merveilleux. Un grand visionnaire sur de nombreux points et, certainement, sur le travail qu'il a fait pour nous aider à créer des données utiles à Terre-Neuve-et-Labrador. Pour Terre-Neuve, il a créé une série de données qui remontent aux années 1980, et il a repris du service quelques fois pendant les années 1990, puis nous avons pris le relais en 2000, et nous trimons dur, M. West et moi-même pour essayer d'inspirer d'autres personnes à actualiser la série. De cette façon, nous aurons un ensemble complet de données qui portent sur les facteurs en question à l'échelle communautaire. M. Segovia travaillait à partir d'échantillons de 12 000 pour Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui est assez volumineux. Le travail effectué à partir d'un tel échantillon peut être très bon. À propos de M. Segovia, je veux dire qu'il pensait aux gens et aussi qu'il a été déterminé et dévoué toute sa vie durant à la tâche qui consiste à mettre de bonnes données entre les mains des gens, ce qui nous permet de comprendre les choses.

Un jour, nous nous étions réunis pour travailler à l'enquête. Le Dr West et le Dr May étaient en retard; et il y avait donc le Dr Segovia, moi-même et quelques autres personnes. Le Dr Segovia avait environ 75 ans, mais c'est un homme qui avait fière allure. Il ressemblait à Zorro; il avait une barbichette pointue, et il était vigoureux. C'était un homme impressionnant. Ce qu'il a dit illustre en quoi il se souciait des gens, et je crois que ce souci est ce qui l'a poussé à accomplir ce qu'il a accompli, ce qui nous a inspirés, étant donné qu'il a fait établir toutes ces données à des échelles réduites, pour que nous puissions les faire circuler et faire en sorte que les gens des collectivités puissent être au courant. Il a dit : « J'étais au centre commercial en fin de semaine et j'ai remarqué que beaucoup des jeunes maintenant, surtout les filles, portent un chandail qui est vraiment court. » Et il a dit : « Ce qui m'horrifie, ce sont les bedaines que je voie. » Il a dit qu'il y avait un si grand nombre d'enfants qui sont gros et « ils n'ont aucune idée de ce qui les attende dans 30 ou 40 ans — des conséquences de leur régime alimentaire et de ce qu'ils font en ce moment ». Cela montre à quel point il se souciait de l'idée de faire circuler l'information établie. Il savait que ça ne s'utiliserait probablement pas de manière efficace de son vivant, mais il savait que nous devions, en tant que citoyens, comprendre les conséquences de ce qui se produit. J'ai cru bon de le mentionner étant donné que lui et le Dr West, en menant cette quête pour approfondir les données d'un point de vue géographique, ont été une véritable source d'inspiration pour nous tous, et nous avons certainement absorbé cela dans les comptes communautaires.

J'ai montré mes diapositives au Dr May ce matin, et il a dit qu'il n'aurait pas procédé de cette façon, mais qu'il imagine que la chose convenait aux besoins du comité sénatorial. C'est parmi les mieux articulés de ses commentaires correctifs. La première fois où j'ai vu le résultat du travail qu'il a fait ici, je lui ai dit que j'appréciais vraiment cela : nous entendons tellement parler du réseau de la santé, je ne crois pas que nous soyons aptes à montrer aux gens ce qu'il en est. Nous parlons des hôpitaux, des pharmacies, de tout un système qui intrinsèquement, est infrastructurel, mais qui est décomposé en éléments auxquels les gens peuvent réfléchir et, ensuite, bien entendu, nous refaisons le lien avec les gens. Il n'aurait pas mis la chose là, car il aurait dit : « Voici notre structure de compte pour la santé; parlons maintenant des indicateurs thématiques. »

Tout de même, je voulais dire quelque chose de simple : au bout du compte, la structure de notre compte santé, avec les données que nous avons accumulées au fil des ans en fonction de ces facteurs, donne aux gens une façon de ventiler ce qu'ils ne seraient probablement pas capables d'imaginer autrement ou qu'ils ne seraient pas capables de ventiler parce qu'ils ne possèdent pas les connaissances ou la patience voulues, et c'est une façon pour eux de réfléchir aux facteurs qui ont une incidence sur leur vie du point de vue de la santé.

Nous menons ce genre d'exercice pour tous les domaines qui sont les nôtres. Je voyais notre cadre de départ comme une innovation. La continuation de cette innovation réside dans le fait que nous continuons à creuser de plus en plus en profondeur, ce qui donne des éléments de plus en plus petits, qui sont faciles à comprendre et qui sont beaucoup plus près de la vie des gens. C'est cela qui va intéresser les gens.

Pour terminer, je veux mentionner le chemin que nous avons parcouru. Au début, nous avions les comptes de revenu, qui représentaient tout à fait une curiosité à nos yeux. Nous avons vu là l'occasion de préparer des données sur le revenu à l'échelle communautaire. Nous avons cru que c'était utile. Le plan social stratégique est arrivé, si bien que nous avons réorienté nos travaux. Nous avons délaissé le travail purement économique et le travail fait de concert avec Statistique Canada pour adopter plutôt des variables sociales.

Dès le début, nous avons pris conscience du fait que nous n'aurions aucune crédibilité si notre travail n'était pas bien connu partout au Canada. Même là, le sous-ministre adjoint allait voir le ministre responsable du projet auquel nous travaillions et lui disait : « Madame la ministre, vous devriez voir ce que M. Hollett et le Dr May ont fait; c'est merveilleux, et vous devriez y jeter un coup d'œil. » La ministre répondait : « Mais qu'est-ce qu'il en est de l'indicateur de progrès réel? » Nous avions le sentiment de pouvoir arriver à notre but, mais que le gros du travail devait se faire ailleurs. J'ai dit au Dr May : « Doug, c'est comme un nouveau groupe de musique qui se lance. Il faut faire ses armes dans les petites salles des mauvais quartiers, travailler avec persévérance et bâtir sa réputation. Lorsque les gens pensent que votre musique vaut peut-être la peine d'être écoutée, vous en êtes au point où il y en a d'autres qui en savent plus et qui sont meilleurs, et avec lesquels vous pouvez avoir un véritable échange de connaissances. Vous allez y arriver et vous allez bâtir votre réputation au fur et à mesure. » J'ai dit : « Tant et aussi longtemps que nos sous- ministres et nos dirigeants ne pourront aller sur le continent et entendre une critique positive du travail qui se fait à Terre-Neuve, ils vont toujours se demander s'il n'y a pas quelque chose de mieux qui se fait ailleurs. »

Nous avons traversé le Canada trois fois au moins, sur la route des conférences. La Nouvelle-Écosse nous a demandé de l'aider à implanter une version pour elle-même, ce que nous avons fait. La Nouvelle-Écosse a une version viable. Elle a changé le nom, ce que nous n'avons pas apprécié. Les gens m'ont dit qu'ils ne le feraient pas, mais ils l'ont fait, et je dois vivre avec cela; tout de même, c'est essentiellement notre système à nous. Nous collaborons actuellement avec le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard. Pendant le discours du Trône, il a été annoncé que l'Île-du-Prince- Édouard souhaite adopter les comptes communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador pour ses fins à elle et pour appuyer ses politiques de mobilisation. Ces dernières années, les Australiens se sont beaucoup intéressés à nos travaux. M. May et moi, nous nous sommes rendus en Australie pendant 12 jours. Il nous ont fait travailler comme des chiens. Il nous a fallu expliquer l'affaire dans pratiquement toutes les salles de réunion de l'Australie, mais c'était bien. De là, nous avons noué des liens avec l'OCDE, dont les représentants ont exprimé un intérêt très marqué pour notre travail. Comme je l'ai déjà dit, le Dr May prononce une conférence à Stockholm aujourd'hui.

Maintenant, nous constatons que l'intérêt porté à nos travaux se situe à des échelons beaucoup plus élevés du gouvernement. Auparavant, c'était les gens des ministères, un analyste ou un responsable quelconque qui regardait notre travail et se disait : si j'avais cela pour la Saskatchewan ou pour la Colombie-Britannique, nous pourrions adopter de bonnes mesures. Ils nous appelaient donc, mais cela se terminait sur une note frustrante parce qu'il ne disposait pas d'appuis venant d'en haut. Maintenant, nous recevons des appels des greffiers de conseils exécutifs et ainsi de suite.

Si je le mentionne, c'est peut-être parce que c'est l'une des quelques leçons utiles que les gens peuvent tirer de notre expérience : ce qui arrive quand vous vous essayez à cela — ce n'est pas tant la façon de procéder, que ce qu'il advient une fois que vous vous êtes engagé sur le chemin voulu, en prenant un truc qui ressemble à une curiosité qui attire les regards de tous, et voilà que vous vous demandez si votre échec sera plus ou moins retentissant, mais vous persévérez, et voilà le chemin parcouru.

Pour ce qui est de l'avenir, les comptes communautaires proposent une quantité énorme d'informations, et nous allons continuer à mettre au point nos données. Vous allez probablement entendre parler aujourd'hui d'un exercice important en discutant avec mes amis et collègues de la Stratégie de réduction de la pauvreté. Voici : depuis un certain temps, nous nous appliquons à asseoir la stratégie de réduction de la pauvreté sur une base d'information plus solide à Terre-Neuve. L'élément clé de l'exercice consiste à créer une mesure du panier de consommation appliquée aux cas de faible revenu. Nous allons pouvoir relever à Terre-Neuve-et-Labrador les cas de faible revenu selon le type de famille, l'ampleur de la pauvreté, la durée de la pauvreté, les pires cas et ainsi de suite. D'après nos données actuelles, nous savons que ce sont certains groupes de personnes âgées qui ont tendance à répondre à cette définition. De toute manière, nous sommes à créer cette base et nous attendons la consigne ministérielle afin de pouvoir la mettre en œuvre, en juin, nous l'espérons.

Je prévois que cela va créer un grand intérêt national. C'est innovateur. Nous avons pris la méthodologie nationale et nous avons intégré les données de Terre-Neuve. La base est reconnue par Statistique Canada, qui s'est occupé de la méthodologie du modèle national — une des lacunes principales de la mesure du faible revenu fondée sur le panier de consommation provient du fait que les données propres à Terre-Neuve y font défaut. Nous avons vu là l'occasion de fixer l'objectif sur nos collectivités et nos quartiers, de manière à pouvoir regarder ce qui se produit de plus près. Cet exercice particulier représente une occasion extraordinaire que nous avons saisie pour commencer à comprendre le genre de choses qui se produit dans les collectivités ainsi que les solutions possibles aux problèmes relevés.

De même, nous travaillons de concert avec des groupes de lutte contre l'itinérance et les responsables de l'Initiative nationale pour les sans-abri à la mise au point d'un produit dérivé de nos données de la mesure du panier de consommation, afin d'en arriver à des mesures du risque d'itinérance. Je ne sais pas si quiconque a déjà fait cela, mais notre travail progresse très bien. Un autre projet important auquel M. Reid et son personnel travaillent par les temps qui courent se rapporte à des indicateurs et à des données sur la criminalité et la sécurité collective. Nous avons reçu un peu de financement du budget de la Stratégie nationale de prévention du crime.

Cette année, nous travaillons également avec nos bibliothèques provinciales. Il y a 95 bibliothèques disséminées dans la province, et nous avons commencé à former les bibliothécaires à l'utilisation des comptes communautaires, en leur expliquant de quoi il s'agit, comment ils peuvent les utiliser, pour qu'ils puissent parler aux élèves et enseignants et s'assurer que les données des comptes communautaires sont là. Au fur et à mesure que les gens en apprennent sur leurs collectivités, ils vont être en mesure d'en apprendre au moyen de leurs propres données. Nous espérons mettre au point à un moment donné des manuels scolaires qui comportent des données locales. De cette façon, dans un manuel de sciences, par exemple, plutôt que de voir des informations provenant des États-Unis, les enfants vont voir des informations sur Fogo ou sur la péninsule Burin.

La conviction qui sous-tend notre raisonnement, c'est que si vous en connaissez suffisamment sur un problème et sur le contexte où il s'inscrit, vous êtes plus près d'adopter une solution qui pourrait se révéler fructueuse.

J'ai le verbe infatigable, mais je vais m'arrêter là. Je crois en avoir suffisamment dit et je ne veux pas empêcher un autre de prendre sa place. Si vous voulez me poser des questions auxquelles je peux répondre, ce sera un bonheur pour moi de le faire. J'espère que ce ne sont pas des questions trop difficiles.

Le président : Voilà qui était vraiment un exposé riche en enseignements. Nous nous attendions à quelque chose de spécial ce matin. Nous sommes conscients depuis un bon moment de ce qui se fait ici. Nous sommes bien d'avis que vous êtes arrivés à la bonne solution et nous tenons tout à fait à porter l'idée plus haut, selon ce dont nous allons discuter plus tard.

Robert Reid, cadre supérieur, Community Accounts, Direction de l'économie et de la statistique, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Je vais vous montrer comment fonctionne le système en tant que tel. Vous pouvez suivre l'exposé en regardant l'écran.

Comme M. Hollett l'a dit au sujet des zones géographiques sur lesquelles nous donnons des informations, le système est organisé de deux façons. La première façon est géographique; nous donnons donc bel et bien des informations poussées sur différents niveaux de géographie. Comme vous pouvez le voir ici, il y a le niveau de la collectivité, il y a des zones économiques, il y a la région relevant du secrétariat rural. J'aime dire qu'il s'agit presque d'une structure pyramidale avec les collectivités situées à la base. À partir des collectivités, nous montons. Voici les zones locales. Il y a environ 400 blocs géographiques de niveau communautaire dans notre système. Il y a 80 zones locales et 20 zones économiques. Vous pouvez imaginer une pyramide : les collectivités à la base, les collectivités ou zones locales qui s'accumulent, les zones économiques, les régions relevant du secrétariat rural et la province dans son ensemble. Si vous n'arrivez pas à trouver de l'information sur votre collectivité, l'idée, c'est que vous pouvez choisir une zone locale qui renferme votre collectivité. Dans certains cas, les collectivités sont très petites. En raison de restrictions touchant la taille des échantillons, à ce moment-là, nous ne pouvons afficher les données sur la collectivité elle-même, mais nous pouvons vous donner des informations sur la zone locale qui renferme la collectivité.

Je vais choisir les collectivités aux fins de notre démonstration. Le composant de base que nous utilisons sur le plan géographique est le code postal. Au moment de concevoir le système, nous avons envisagé diverses sources de données, y compris les données de l'impôt sur le revenu ou les données du recensement de Statistique Canada ainsi que les données administratives de nos ministères à l'échelle provinciale et fédérale. Le code postal semblait représenter le choix le plus cohérent; comme il fallait choisir un composant de base, nous avons opté pour le code postal, qui, d'un point de vue géographique, se retrouve le mieux d'une source de données à l'autre.

L'utilisation du code postal présente quand même quelques problèmes au sein de la province. Dans certains cas, les collectivités ont plusieurs codes postaux qu'il faut combiner. Dans d'autres cas, plusieurs collectivités ont en commun un seul et unique code postal, ce que nous indiquons au moyen d'une note en base de page.

Je vais choisir Corner Brook comme bloc géographique sur lequel nous allons nous pencher ce matin, ce qui ne surprend nullement certains de mes collègues. Lorsque je fais une démonstration, je choisis habituellement Corner Brook. Je suis originaire de Corner Brook; je peux donc répondre à certaines des questions qui seront posées à ce sujet.

Comme je l'ai dit, notre système est organisé de deux façons. D'abord, par géographie, et ensuite, par compte, et nous avons notre cadre conceptuel. Je ne vais pas m'y attarder; il a déjà été expliqué. Tout de même, je veux réitérer que l'idée centrale est celle du bien-être, ce que vous voyez au centre. Le bien-être est relié par des lignes aux divers comptes, ce qui fait voir les relations et les éléments interreliés.

Prenons comme exemple l'éducation. Nous dirions que le niveau d'instruction a une incidence sur le type d'emploi que la personne obtient; l'emploi a une incidence sur le revenu; toutes ces choses-là contribuent ensemble au bien-être. L'idée principale, c'est qu'on ne saurait regarder un de ces éléments isolément. On ne peut regarder le revenu et déduire quelque chose au sujet du bien-être. Il faut tout regarder ensemble.

Avant de trop m'avancer, je veux parler de certaines de nos sources d'information. Du côté gauche, vous pouvez voir un lien qui mène à nos sources de données. Lorsque nous démontrons le fonctionnement du système, les gens sont nombreux à demander au départ quels sont les types de données que nous avons; ils veulent savoir si ce sont des données fiables. Évidemment, s'il est question pour eux d'utiliser le système pour prendre des décisions, ils tiennent à savoir que les données sont fiables.

Nous avons une vaste quantité d'informations. Au début, nous nous sommes concentrés sur certaines sources d'information qui étaient facilement accessibles, par exemple les données du recensement et l'information que produit Statistique Canada par ailleurs. Les données facilement accessibles pour ce qui est du niveau communautaire. Depuis, nous intégrons davantage les données administratives. Soit dit en passant, notre démonstration se fait en direct sur le site; tout ce que vous voyez ici, vous pouvez aller le voir vous-même plus tard. Nous nous sommes concentrés sur toute une série de données administratives. Nous allons chercher notre information auprès des ministères; nous obtenons des données sur le soutien du revenu de nos ministères. Nous obtenons certains renseignements sur la santé en consultant des dossiers d'hôpitaux et nous obtenons des données relatives à la morbidité, aux naissances et aux décès. Nous obtenons de RHDSC certaines informations sur l'assurance-emploi. Nous obtenons également des informations grâce à notre enquête sur la santé des adultes, que nous avons en commun avec l'Université Memorial. Nous avons donc pris pour point de départ les sources immédiatement accessibles de Statistique Canada, mais nous avons intégré un certain nombre d'autres sources.

Comme il y a tant d'informations, nous proposons notre système à divers utilisateurs. Il y a parmi eux des utilisateurs chevronnés aussi bien que des novices.

Nous avons mis au point des profils, des instantanés de ce qui se produit dans une collectivité ou une région en particulier. Si vous souhaitez savoir quelque chose rapidement sur une collectivité que vous avez choisie, il y a le lien du profil, qui rassemble les informations provenant de divers comptes. Vous n'avez pas à plonger dans chacun des comptes pour aller chercher l'information en question. Le profil représente un bel instantané qui fait voir cela. Le profil commence par l'infrastructure. Je peux cliquer et obtenir l'information pour cette zone-là en ce qui concerne l'infrastructure.

Voici une carte de l'infrastructure de la région où se trouve Corner Brook. Chacune des icônes représente un type d'infrastructure différent et, pour chaque collectivité, nous relevons les éléments d'infrastructure. Corner Brook est considérée comme un centre de services. Il comporte plusieurs éléments de l'infrastructure publique : des services de santé, des services scolaires, des bibliothèques publiques. Si vous jetez un coup d'œil aux collectivités de moindre taille en remontant la péninsule Northern, vous voyez qu'il y a un faible nombre d'éléments d'infrastructure. Corner Brook serait considérée comme un des centres de services de la province.

Pour revenir au profil, nous commençons par les informations démographiques, qui font voir l'évolution globale de la population. Nous présentons aussi la répartition selon l'âge. Nous affichons une pyramide démographique qui indique pour chacune des cohortes le nombre d'hommes et le nombre de femmes, pour la dernière année où les données sont disponibles. Plus bas, nous présentons des informations sur le revenu. Nous présentons des informations sur le revenu des individus aussi bien que des familles. Nous affichons la provenance de l'information, que ce soit les revenus de marché ou les sources gouvernementales. Du point de vue des déterminants de la santé, nous savons que le revenu est lié à l'état de santé ou à la santé d'une population. Nous affichons également des informations sur le logement, y compris la valeur des immeubles à Corner Brook. En parcourant le profil, on voit aussi des comparaisons provinciales, pour que les gens sachent comment la collectivité se compare à la province. Remarquez que chacune de ces sections est liée aux comptes; nous sommes donc en train de tirer des informations provenant de chacun des comptes.

À propos de la situation d'emploi et des conditions de travail, nous affichons le nombre de personnes qui ont un emploi et le nombre de personnes qui sont sans travail. Les conditions de travail représentent un autre déterminant de la santé, et je suis certain que vous en êtes bien au fait. Voici de l'information provenant de nos sources gouvernementales provinciales sur l'aide prodiguée sous forme de soutien du revenu, et voici cette information-là sur une très jolie série chronologique. Ça commence en 1991 et ça va jusqu'en 2006.

Nous intégrons les plus récentes informations sur la santé et, dans le cas de l'état de santé, cela provient de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, ou ESCC. La taille de l'échantillon de l'ESCC pour Terre-Neuve-et- Labrador s'élève à 4 000 environ. Cela ne nous permet pas d'approfondir jusqu'à l'échelle de la collectivité. Il y a une lacune certaine du côté des données sur la santé. Lorsque l'information qu'il nous faut provient d'enquêtes où l'échantillon est de petite taille, nous ne pouvons pas donner beaucoup d'information au niveau de la collectivité. J'imagine que le Dr West va mentionner que, en 1995, l'Université Memorial a produit une enquête sur la santé des adultes où la taille de l'échantillon se situait autour de 12 000. En 2001, à l'occasion d'une enquête de suivi, la taille de l'échantillon s'établit à 8 000 environ. Dans le cas de l'enquête de 1995, nous avons réussi à établir bon nombre d'indicateurs communautaires à partir d'un échantillon de 12 000 répondants. Cependant, étant donné que l'ESCC comporte un échantillon de 4 000 répondants, nous ne pouvons pas fonctionner au niveau de la collectivité.

Par conséquent, le profil nous permet d'afficher des informations au niveau régional, pour la zone où se trouve une collectivité, afin de donner une idée de ce que peut représenter l'état de santé, notamment sur le plan du tabagisme. Nous avons des informations qui proviennent des admissions dans les hôpitaux à l'échelle communautaire. Ce sont les données relatives à la morbidité. Nous avons regroupé l'équivalent de cinq ans de données tirées des admissions dans les hôpitaux, de manière à produire une information à l'échelle de la collectivité. De cette façon-là, les gens pourront comprendre que, sur cette période, ce sont là les raisons pour lesquelles les gens se retrouvent à l'hôpital.

La dernière section porte sur l'éducation. Encore une fois, l'éducation est un important déterminant de la santé, et nous dirions que c'est également un important déterminant du bien-être.

À l'aide du profil se rapportant à chacune de ces sections, dans la mesure où l'utilisateur souhaite se renseigner sur un sujet particulier, il peut accéder aux comptes. Le profil est une porte que l'on ouvre pour accéder à certaines autres informations. Je vais choisir les comptes démographiques ici et, voilà, nous allons accéder au compte démographique dont je vais vous afficher certaines des informations ici.

Nous sommes toujours dans la collectivité de Corner Brook, et les comptes sont structurés de manière semblable. Nous nous dirigeons vers des informations ou des structures que M. Hollett a mentionnées pendant son exposé. Il y a là un certain nombre de tableaux de données, que vous pouvez examiner.

Voici l'information détaillée sur Corner Brook. Vous pouvez jeter un coup d'œil à des diagrammes et aussi à des cartes. Dans nos démonstrations, nous avons remarqué que les gens sont de plus en plus nombreux à opter pour les cartes. Ils veulent voir les informations présentées sur une carte parce que la présentation visuelle a plus de sens pour eux. Au moment de concevoir cette information, nous avons essayé de garder à l'esprit la façon dont les gens apprennent. Certaines personnes aiment regarder des tableaux de données, d'autres préfèrent les diagrammes et les cartes. Nous avons essayé de présenter cette information-là, dans la mesure du possible, pour que ce soit utile au plus grand nombre d'utilisateurs possibles.

Dans l'information ici, on voit l'âge médian, par exemple, L'âge médian est souvent invoqué comme mesure de l'âge d'une collectivité ou d'une région. Je peux afficher littéralement l'âge médian à l'aide de la carte, et j'espère que vous pouvez le voir. L'échelle qu'il y a ici me fait voir que chacun des points ici représente une collectivité. Les collectivités en jaune sont les jeunes; les collectivités en rouge sont les plus vieilles; leur âge médian se situe entre 47 et 65 ans. Corner Brook se trouve dans la section orange, alors que Daniel's Harbour se trouve dans la section rouge. La population de Daniel's Harbour est un peu plus vieille que celle de Corner Brook.

On se demande alors : quelles sont les autres informations qu'il est possible d'obtenir pour voir exactement ce qui se passe dans ces collectivités-là? Nous avons une option diagramme ici, que vous avez vue dans le profil. De fait, c'est une pyramide démographique qui vous montrera en quoi la collectivité a évolué au fil du temps. C'est une présentation animée. À la base de la pyramide démographique, on voit les cohortes les plus jeunes. Du côté gauche, il y a les hommes, et du côté droit, les femmes. Le haut de la pyramide fait voir les cohortes plus âgées; la base de la pyramide fait voir les cohortes plus jeunes. De fait, nous évoluons au fil du temps. Nous commençons en 1996 et nous progressons par segments de cinq ans. Vous pouvez constater qu'au fil de ce temps, la base de la pyramide rétrécit, ce qui veut dire qu'il y a un plus faible nombre de naissances ou qu'il y a un exode. Le haut de la pyramide s'élargit, ce qui veut dire que les cohortes-là vieillissent et que les gens sont plus nombreux dans les cohortes âgées que dans les cohortes jeunes.

Je peux également proposer une comparaison rapide. Si je choisis Daniel's Harbour à nouveau, on voit qu'il y a une différence entre Corner Brook et Daniel's Harbour pour ce qui est de l'évolution de la répartition selon l'âge. Daniel's Harbour se trouve dans la péninsule Northern, et vous verrez qu'il y a une évolution plus marquée de la population à Daniel's Harbour. La pyramide elle-même rétrécit; non seulement elle rétrécit, mais chacune des cohortes rétrécit sensiblement. Cela, nous le constatons dans plusieurs collectivités. Le plus souvent, dans les collectivités qui se trouvent dans les grandes zones urbaines, la population est relativement stable, mais, dans les régions en périphérie et dans bon nombre de régions rurales, l'évolution démographique est très marquée.

Je veux voir certaines des informations que nous avons sur la santé. La structure du compte santé s'apparente à la structure du compte démographique. Je vais revenir à Corner Brook, et vous pouvez voir, tandis que je manœuvre ici, qu'il est très facile de changer de vue et de comparer ces collectivités. Le menu est là. On peut aussi modifier le découpage géographique, pour jeter un coup d'œil à une autre région où une autre collectivité. On peut également changer de comptes ou jeter un coup d'œil rapide à un compte. On peut alterner entre les comptes, sans délaisser jamais la collectivité à laquelle on s'intéresse.

Les comptes santé sont semblables aux comptes démographiques. Je vois qu'il y a des cartes ici. Nous avons des cartes sur l'obésité, et voici des données régionales de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Nous avons travaillé avec un groupe de dépistage du cancer du col utérin qui voulait cartographier certaines informations. Il nous a remis ses données administratives en nous demandant d'employer nos informations démographiques pour déterminer quels sont les taux de dépistage entre les collectivités de la province. Si on regarde l'ouest de Terre-Neuve, on voit que nous leur avons donné des cartes qui illustrent la participation par groupes. Les gens en question voulaient voir, d'une collectivité à l'autre, qui présentait le taux de participation le plus élevé et le moins élevé, de manière à cibler leurs efforts. S'ils souhaitent accroître le dépistage qui se fait dans des zones particulières, ils savent exactement quelles collectivités cibler.

Je ne peux faire de démonstration sans montrer au moins un tableau. Nous nous intéressons toujours à la ville de Corner Brook. Nous avons des informations provenant des données relatives à la morbidité liée aux congés de l'hôpital et, dans ce tableau, je peux me renseigner sur deux périodes et constater les changements qui ont marqué le temps qui s'est écoulé ainsi. Il y a la période allant de 1994 à 1999 et la période, plus récente, allant de 2000 à 2004. Cette information-là est établie à partir de la Classification internationale des maladies. En ce moment, nous affichons le nombre de fois où les gens sont allés à l'hôpital en rapport avec ces maladies particulières.

Pour des analyses plus poussées, il y a des options du côté gauche. Nous fournissons ces options pour que les utilisateurs puissent analyser ces données. Ils peuvent, dans les faits, voir certains pourcentages. Au lieu d'obliger les utilisateurs à transférer cette information dans un chiffrier Excel et à faire le calcul, nous fournissons ces options dans la mesure du possible. Par exemple, dans ce domaine particulier, 11,8 p. 100 des fois où les femmes se sont rendues à l'hôpital, c'était pour des maladies liées à l'appareil circulatoire. Nous pouvons également calculer des ratios pour la province, qui comparent cette collectivité particulière au ratio provincial. Quand le chiffre obtenu est au-dessus de un, cela veut dire que la collectivité est au-dessus de la moyenne provinciale; quand il est au-dessous de un, cela veut dire que les taux de la collectivité sont inférieurs aux taux provinciaux.

Il s'agit là de certaines des catégories les plus importantes, mais nous pouvons également montrer de l'information plus détaillée et faire des sous-catégories. Sous la catégorie de l'appareil circulatoire, il y a une catégorie des maladies cardiaques. Sous la catégorie de l'appareil digestif, il y a les maladies intestinales et du périnée; il y a également les maladies liées à la vésicule biliaire. Il s'agit d'un moyen de creuser pour obtenir de l'information plus détaillée sur les sujets qui vous intéressent.

J'aimerais me pencher sur certaines données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Comme je l'ai déjà mentionné, cette information est accessible à l'échelle régionale, plutôt qu'à l'échelle communautaire. Vous verrez que l'information dont nous disposons est accompagnée de crochets. Les crochets indiquent si l'information est disponible pour la région qui vous intéresse. Comme vous pouvez le voir, nous avons de l'information, tirée de l'enquête sur la santé des adultes de 1995, pour Corner Brook, mais si je clique sur le tableau des pratiques en matière de santé de l'Enquête sur la santé dans la collectivité canadienne, une note qui apparaît m'indique que l'information de l'ESCC n'est pas disponible pour cette région et que je dois en choisir une autre. Le système de menus m'indiquera que je peux choisir une région, et, quand j'aurai sélectionné la région dans laquelle se trouve Corner Brook, j'obtiendrai l'information pour cette région. Cette information comprend des données sur le tabagisme, par exemple. C'est le tableau des pratiques en matière de santé. Il indique le nombre de personnes qui fument actuellement tous les jours et quand elles ont commencé à fumer. Nous avons des données sur l'alcool et sur l'indice de masse corporelle. Nous parlons souvent de l'obésité. L'excès de poids est un problème de santé très important. Nous fournissons également la marge d'erreur de cette information. Si vous comparez les régions, vous devez connaître la marge d'erreur afin de savoir s'il y a véritablement eu des changements.

L'une des options dont j'aimerais discuter est la capacité de faire des comparaisons rapides. Nous appelons cette option notre outil de comparaison des collectivités, mais nous pouvons également l'utiliser pour des comparaisons régionales. Si je veux savoir quelles régions dans la province ont les plus hauts taux de fumeurs quotidiens actuels, je clique sur fumeurs quotidiens actuels. Soi dit en passant, cette information est également disponible pour les provinces. Vous pouvez également faire une comparaison entre diverses régions de Terre-Neuve, plutôt que des comparaisons provinciales. Si je choisis des zones économiques, ce merveilleux petit outil me fournira l'information pour chaque zone économique de la province. Je peux classer ces données, et l'outil indiquera les taux de la province, du moins élevé au plus élevé. Vous remarquerez qu'il y a des trous. Cela est manifestement dû à la taille trop petite des échantillons. Nous tentons de conserver un intervalle de confiance de 95 p. 100. Quand nous n'atteignons pas ce seuil, nous ne fournissons pas l'information.

J'aimerais maintenant discuter du bien-être. Comme on l'a mentionné, le bien-être est notre centre d'intérêt. Je ne peux pas faire une démonstration sans montrer certaines des données sur le bien-être. Encore une fois, je prendrai Corner Brook comme exemple. Le compte du bien-être n'est pas structuré tout à fait de la même manière que les autres comptes. Nous tirons de l'information des divers comptes parce que nous adoptons une approche intégrée face au bien- être et que nous devons tenir compte de divers facteurs. Nous prenons donc de l'information de divers comptes. Nous retirons des données sur le niveau d'études, le revenu, l'autonomie et la santé, ainsi que des données démographiques, pour mesurer le bien-être. Nous fournissons une valeur et un classement pour la collectivité.

Je mettrai l'accent sur le changement de la population. Ici, à Corner Brook, le changement de la population au cours de la période en question équivalait à 1,5 p. 100. Cela correspond au 61e rang dans la province. Si je clique ici, je verrai la valeur liée à toutes les collectivités dans la province, de la collectivité ayant le taux de croissance démographique le plus élevé, c'est-à-dire Benton, à la collectivité qui a connu la plus forte décroissance, à 28 p. 100. Vous pouvez constater qu'il y a des écarts assez importants entre les diverses régions de la province. Si je monte un peu, Corner Brook est là, en surbrillance, au 61e rang. Je peux voir quelles collectivités ont un classement supérieur, et lesquelles ont un classement inférieur.

On peut également voir cette information sous forme de diagramme. Ce diagramme a été le résultat de nombreuses discussions que nous avons eues avec un certain nombre de clients qui voulaient être capables de déterminer rapidement où leur collectivité se situait par rapport aux autres. Le tableau était l'une des manières de faire cela, mais ceci est une autre manière d'organiser cette information. Le diagramme montre la même information que le tableau. La collectivité qui se trouve tout en bas est Bridgeport, et vous pouvez voir qu'elle connaît une décroissance de 28 p. 100, et tout en haut, nous avons Benton, avec un taux de croissance de 44 p. 100. Nous avons aligné toutes les collectivités, de celle qui connaît la plus forte décroissance à celle qui connaît la plus forte croissance. Voici où Corner Brook se situe sur cette échelle.

Nous avons tenté de fournir cette information d'une manière que les gens comprendront rapidement. Nous avons séparé les données en catégories. Voici les collectivités qui sont parmi les 25 p. 100 des collectivités ayant le taux de croissance le plus faible; il s'agit de la catégorie rouge. Celles qui sont parmi les 25 p. 100 des collectivités qui ont le taux le plus élevé de croissance sont ici, et vous pouvez également voir la catégorie des collectivités qui composent les 50 p. 100 du centre. Il s'agit essentiellement d'une répartition de cet indicateur particulier. Voici Corner Brook. Comparons- la à une autre collectivité; disons, Arnold's Cove. Voici où se situe Arnold's Cove. Nous constatons que Arnold's Cove a connu une décroissance de sa population. Son rang est donc inférieur à celui de Corner Brook. Il s'agit d'une manière rapide de faire ces deux comparaisons. Je peux rapidement comparer une collectivité à une autre de cette manière.

Nous pouvons également lier toutes les collectivités en nous appuyant sur cet indicateur particulier et en utilisant les cartes. Si je clique sur cette option, vous verrez que nous sommes toujours dans le domaine du changement de la population et que ce sont les mêmes couleurs qui ont été utilisées. Les collectivités en rouge sont celles qui connaissent les taux de décroissance les plus élevés, et les collectivités en jaune sont celles dont le taux de croissance est parmi les plus élevés.

Il y a également d'autres options que je peux choisir. Je peux voir les données sur le Labrador. Il s'agit de la portion insulaire de la province. Il y a de l'information distincte pour le Labrador. Je peux choisir les routes. Le système me montrera le réseau routier, et je peux étudier chaque collectivité séparément. Je vois Corner Brook dans la zone jaune. Quand je clique dessus, on me ramène au diagramme. Je peux également voir les collectivités qui sont dans la péninsule Northern, et je peux rapidement voir les collectivités qui sont en rouge. Voici Port au Choix, et le système indique que le taux de décroissance de la population est de 13 p. 100. Je peux voir les données relatives à n'importe quelle collectivité, et je peux facilement parcourir la province et voir quelles collectivités sont en rouge et lesquelles sont en jaune. Il s'agit d'une manière très rapide de comparer toutes les collectivités en s'appuyant sur un indicateur particulier.

Retournons au compte du bien-être. À mesure que nous présentons cette information, il y a évidemment une autre question qui se pose. On peut comparer toutes les collectivités en s'appuyant sur un indicateur; peut-on comparer tous les indicateurs pour toutes les collectivités? Nous avons effectivement créé un outil pour le faire. Nous l'appelons notre tableau sommaire d'indicateurs.

Le tableau sommaire d'indicateurs me montre toute l'information pour tous les indicateurs, et je peux faire une comparaison de plusieurs collectivités. Je vais choisir la région qui contient Corner Brook, et nous comparerons cette collectivité à toutes les autres. En haut de l'écran, vous voyez les indicateurs de bien-être. La couleur est encore une fois représentative. Les 25 p. 100 des collectivités ayant le meilleur taux sont en jaune, et les 25 p. 100 ayant les taux les plus faibles sont en rouge. Nous avons également fourni une note globale ici. Nous avons ajouté une fonction qui permet aux utilisateurs de synthétiser cette information. Nous pouvons ajouter le nombre de fois qu'une telle activité se trouve dans la zone jaune, et soustraire le nombre de fois qu'elle se trouve dans la zone rouge. Nous obtenons ainsi une note globale. Cela indique quelles collectivités se positionnent le mieux et celles qui se positionnent le moins bien en ce qui concerne ces indicateurs particuliers. Je peux trier l'information par note globale. En descendant un peu, je constate que la collectivité qui obtient la note la moins élevée est Lark Harbour, et on peut voir pour quels indicateurs, elle se trouve parmi les 25 p. 100 des collectivités inférieures. Les collectivités au haut de la liste sont Corner Brook et Pasadena, qui obtiennent une note globale de 10 et 11.

Il s'agit d'une manière utile d'organiser l'information d'une région particulière. On peut faire la même chose pour toutes les collectivités dans la province. Vous pouvez choisir une option qui vous permettra de voir l'information sur toutes les collectivités et vous pouvez les classer en ordre.

Il est important de se rappeler que ces données s'appuient sur des indicateurs particuliers. Notre intention est toujours d'ajouter des indicateurs de bien-être pour compléter le tableau. Par exemple, il n'y a actuellement aucun indicateur environnemental. Nous devons les ajouter.

J'aimerais vous montrer certaines des données sur les quartiers. N'oubliez pas que Corner Brook, qui a une population de 25 000 âmes, est l'une des plus grandes collectivités de la province. Quand on regarde cette information, on comprend que Corner Brook, dans son ensemble, semble se classer assez bien en ce qui concerne ces indicateurs. Mais qu'en est-il des divers quartiers de Corner Brook? Moi-même, je suis de Corner Brook, et je sais que certains quartiers se distinguent des autres sur le plan du statut économique et social.

En plus de créer des groupes dans les régions, nous avons divisé les quartiers. Je suppose que tout ça a commencé avec le plan social stratégique, qui a permis aux gens dans chacune de ces régions de travailler de concert avec les collectivités pour nous aider à définir certains de ces quartiers. Il y a quelques mois, nous avons diffusé de l'information sur les quartiers, et une liste de ces derniers montre bien que certains se trouvent dans les collectivités les plus grandes. Nous avons des quartiers à Carbonear, Conception Bay South, Corner Brook, Gander, Grand Falls, Happy Valley, Labrador City, Mount Pearl, St. John's, Stephenville et Torbay. Il s'agit de certaines des collectivités les plus grandes. Pour vous montrer l'information dont nous disposons à l'échelle des quartiers, je vais encore une fois sélectionner Corner Brook. Voici la région de Corner Brook, et, cette fois, il s'agit de la ville dans son ensemble. Je peux m'approcher, et, à mesure que j'avance, je peux même voir jusqu'aux rues de la ville, et je peux sélectionner l'un de ces quartiers.

Quand j'ai sélectionné un quartier dans Corner Brook, on me ramène au diagramme. Je peux obtenir un profil du quartier, tout comme je l'ai fait pour la collectivité, mais il s'agit maintenant d'un quartier, et vous pouvez voir que la description est très détaillée. Je peux voir quelles rues sont incluses dans le quartier. Je peux consulter les données démographiques et l'information sur le revenu, mais vous remarquerez qu'une grande partie de l'information n'est pas aussi détaillée que celle sur la collectivité. C'est sur cet aspect que nous travaillons. Nous allons dans ce sens.

Je veux vous montrer une information particulière. Je veux vous montrer un outil que nous avons pour l'information sur les indicateurs à l'échelle des quartiers, et nous consulterons le revenu personnel par habitant. Voici une carte de Carbonear qui montre les revenus personnels par habitant. Dans ce cas, contrairement à la carte de la province que nous avons vue, nous faisons des comparaisons entre les quartiers. Sur cette échelle, le rouge représente les zones où le revenu personnel par habitant était le moins élevé. Le vert représente les zones où le revenu personnel par habitant était le plus élevé. Il faut se rappeler que nous comparons tous les quartiers. Dans certains cas, les collectivités particulières peuvent ne pas comprendre des zones de toutes les couleurs. C'est le cas de Carbonear. Il y a une petite flèche en haut. Je peux faire des comparaisons assez rapides entre les collectivités et descendre à l'échelle des quartiers. Voici Conception Bay South, et voici Corner Brook. Comme je le disais, même si le classement de Corner Brook est assez bon en ce qui concerne le revenu personnel à l'échelle provinciale, certains quartiers de Corner Brook ont un revenu personnel moyen moins élevé que d'autres. Cela est également reflété dans d'autres indicateurs.

Penchons-nous maintenant sur Labrador City. Vous pouvez voir comment le système vous permet de faire rapidement ces comparaisons. Voici Mount Pearl, qui, comme vous pouvez le constater, compte une zone verte et une zone rouge.

La région de St. John's reflète vraiment la diversité des quartiers. Nous avons divisé St. John's en 95 quartiers. Quand nous définissons ces quartiers, nous cherchons des populations d'environ 1 000 personnes parce que nous voulons éviter les problèmes liés à la suppression et à la confidentialité. Les quartiers d'environ 1 000 personnes sont plus grands qu'au moins un tiers des collectivités dans la province.

Nous avons tenté de créer un certain nombre d'options relatives aux cartes. Nous avons commencé par créer de nombreuses cartes statiques. Les utilisateurs veulent que nous créions plus de cartes dynamiques, et nous avons longtemps cherché de tels services. Nous travaillons avec un système d'information géographique, ou un SIG, qui comprend un groupe qui nous conseille sur un grand nombre de questions. Il suggère que nous nous appuyons sur Google; beaucoup de gens comprennent Google et l'utilisent.

Nous avons commencé par produire notre système de cartes des infrastructures communautaires, qui vous permet de voir où se situent les infrastructures dans la province. Beaucoup de gens se sont intéressés à la création de cartes indiquant les infrastructures dans cette province, qu'il s'agisse de centres de soins de santé, de centres de services gouvernementaux ou d'autres types d'infrastructures. Les gens veulent être capables d'en prendre connaissance grâce à une application dynamique.

Pour notre démonstration, j'ai choisi les centres de soins de santé. Le système indique où se trouvent les centres de soins de santé dans la province, et, comme il est dynamique, je peux faire un gros plan sur une région. Si je m'approche assez, je peux cliquer sur l'image satellite et aller jusqu'à voir la porte d'entrée de cet hôpital. De plus, nous savons de quel type d'établissement il s'agit et nous pouvons également consulter un profil de l'établissement qui indique les services qui y sont offerts. Je peux voir le nombre de lits pour soins de longue durée et voir si l'établissement offre ou non des soins cardiaques. Il y a également des liens vers le site Web de l'établissement.

Les utilisateurs pourront bientôt faire des recherches. Par exemple, si je retourne à l'échelle provinciale et que je sélectionne le système de soins de santé, je peux faire une recherche des régions qui offrent des services de dialyse, et le système me montrera seulement les centres de soins de santé qui offrent ce service particulier. Il s'agit d'un bon moyen pour les utilisateurs de déterminer où les services qui les intéressent sont situés dans la province.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Reid. C'est très impressionnant.

Nous écouterons maintenant le Dr Roy West.

Dr Roy West, professeur émérite d'épidémiologie, Université Memorial de Terre-Neuve : Merci, monsieur le président. Je n'ai pas pu m'empêcher de demander à M. Reid de montrer cette diapositive. Elle ne fait pas partie de mon exposé. J'allais dire que nous avons un concurrent à Terre-Neuve, mais ce n'est pas une diapositive sur la santé de la population. C'est une carte qui a été créée pour les touristes à Terre-Neuve, qui montre qu'on peut voir des icebergs à Terre-Neuve. Si certains d'entre vous veulent faire du tourisme, cette carte vous indique où sont les icebergs, et, comme vous pouvez le voir, il y a en beaucoup. Le cercle tout en bas représente l'endroit où nous irons peut-être souper ce soir, près de la baie de la Conception. Avec un peu de chance, vous en verrez. Bon, passons aux choses sérieuses.

Je parlerai d'un point de vue épidémiologique. Je discuterai à la fois de choses qui doivent être faites dans le domaine de la recherche et dans le domaine des politiques en matière de santé, puis, je parlerai de certaines des compétences qui sont nécessaires pour créer les comptes communautaires.

Je suis certain que vous êtes déjà au courant, mais j'ai inclus cette partie pour illustrer l'importance de ce que nous voulons faire. Vous connaissez le modèle de bien-être et de santé de la population aussi bien que moi. Cela m'amène à parler d'une des manières dont nous utilisons les comptes communautaires; en tant que professionnel de la santé publique ayant fait un doctorat et enseignant dans une faculté de médecine, j'ai toujours de la difficulté à faire comprendre le concept de la santé publique aux étudiants en médecine du premier cycle. En fait, c'est une chose que nous sommes maintenant capables de faire. La Memorial University a été l'une des premières à mettre en place un programme de formation interdisciplinaire qui rassemble les étudiants en sciences infirmières, en médecine, en pharmacie et en travail social pour certains cours. Les comptes communautaires sont l'un des outils que nous utilisons pour ces groupes quand ils tentent de déterminer leurs projets. C'est une manière qui nous permet, dans une certaine mesure, de présenter le modèle de santé de la population à ces étudiants. Malheureusement, ceux qui sont à la faculté de médecine, sauf votre respect, sénateur Keon, sont rapidement ramenés au modèle médical pour une grande partie de leur formation.

Cette diapositive faisait également partie de notre initiative et nous rappelle encore une fois les divers déterminants de la santé.

Du point de vue de ces déterminants, nous voulons une politique gouvernementale saine. Des données continues sur les déterminants de la santé sont nécessaires à l'échelle nationale, provinciale, régionale et communautaire. Nous avons entendu parler des efforts que nous avons déployés pour descendre jusqu'à l'échelle communautaire, et ces derniers ont parfois constitué de véritables batailles. Il s'agit d'une question importante, et c'est la raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui.

Nous sautons d'une diapositive à l'autre, et j'en suis désolé. Elles ne sont pas dans le même ordre que la trousse que vous avez reçue. Cependant, nous les aborderons dans l'ordre où elles se présentent.

Nous travaillons tous dans un milieu complexe. J'ai beaucoup aimé cette image du Canada, qui a été produite dans le cadre d'un projet stratégique de l'Association canadienne de santé publique à Ottawa. Il y a quelques termes sur la carte qui ne s'appliquent peut-être pas à la santé et au bien-être de la population, mais, indirectement, tous les éléments concernent cette question. C'est à cet ensemble d'éléments que nous travaillons.

Je crois que vous avez déjà vu, ce matin, qu'un grand nombre des facteurs sur cette diapositive sont déjà inclus dans les comptes communautaires. Nous avons considéré les données démographiques du point de vue de la croissance ou de la décroissance urbaine. Vous avez vu des données relatives à l'âge. Comme vous pouvez le constater, certains domaines sont problématiques, comme c'est le cas des Autochtones, de la diversité, de l'enseignement, et cetera. J'aime beaucoup cette carte, car elle est également conforme au point de vue de M. Hollett, selon lequel la santé publique ne peut pas être envisagée indépendamment; elle fait partie d'un contexte plus large qui est influencé par les données démographiques, la situation géopolitique, les innovations techniques et la mondialisation. C'est une chose dont nous devons nous souvenir quand nous tentons de mettre en œuvre des initiatives liées à la santé de la population au Canada.

Je vais parler un peu de la manière dont l'épidémiologie et la recherche s'appuyant sur les comptes communautaires s'appliquent à la politique et à la pratique. Vous avez probablement déjà vu ce triangle. Je l'aime bien parce que si nous voulons élaborer des politiques et adopter des pratiques qui s'appuient sur des éléments probants, comme nous l'avons dit, nous devrons toujours faire de la recherche et rester à l'avant-garde. De plus, si le triangle comprenait des flèches, ces dernières auraient deux têtes parce que la recherche donne lieu à des politiques fondées sur des éléments probants qui sont mises en pratique; mais cela ne fonctionne pas toujours, et il faut donc retourner faire d'autres recherches. Aujourd'hui, nous sommes ici pour montrer comment les comptes communautaires peuvent nous aider à travailler dans le cadre de ce triangle.

Je parlerai de l'utilisation des comptes communautaires dans chacun des trois domaines reflétés dans ce triangle. J'ai intentionnellement dit « recherches appliquées dans le domaine de la santé ». Je ne veux pas dévaloriser les autres domaines de recherche en santé, qui comprennent la séance fondamentale et la recherche clinique, car ces chercheurs peuvent élaborer certains des indicateurs dont nous avons besoin quand nous utilisons le bien-être ou la santé d'une collectivité. Cependant, les comptes communautaires sont particulièrement pertinents dans le cas des chercheurs dont les travaux dans le domaine de la santé sont appliqués. Sur le plan de la surveillance, ils peuvent nous informer des tendances relatives aux déterminants de la santé et aux résultats pour la santé.

Quand je parle de tendances, cela soulève la question des enquêtes continues qui permettent de mesurer le changement au fil du temps, et il s'agit de l'un des domaines auxquels nous devons porter plus d'attention. Les comptes communautaires sont constitués de représentations des facteurs de risque pour la santé et le mieux-être à divers moments précis, mais ils contiennent également certaines données sur les résultats. De ce point de vue, nous pouvons les utiliser pour générer les questions de recherche. Il y a de nombreuses questions de recherche auxquelles les comptes communautaires ne peuvent pas répondre, mais ils peuvent permettre de formuler une question de recherche à laquelle on devra répondre en faisant de la recherche sur un sujet bien précis.

Je vais prendre un exemple très simple. S'il y a une collectivité avec un taux de fumeurs très élevé et un taux de cancer du poumon également très élevé, il semblerait évident, selon nos connaissances actuelles, que ces deux taux sont liés. Cependant, s'il y avait un facteur de risque et un résultat pour la santé pour lequel nous n'avions pas le même niveau de connaissance, nous ne serions pas en mesure de déterminer de manière sûre si le facteur est la cause du résultat. Toutefois, cela indiquerait aux chercheurs qu'ils doivent effectuer des travaux à cet égard pour déterminer s'il y a un lien entre les deux.

En ce qui concerne la recherche, les comptes communautaires seront très utiles à l'avenir. De plus, à mesure que nous faisons des progrès et que plus d'enquêtes sont réalisées à l'échelle communautaire, il se peut que nous soyons éventuellement capables d'utiliser les comptes communautaires pour répondre à des questions parce que nous serons en mesure d'inclure le facteur temps et de considérer les facteurs environnementaux, les risques, le revenu, et ainsi de suite, et y revenir un certain nombre d'années plus tard pour voir s'ils ont changé. Cela est important si nous voulons améliorer la santé. Il ne s'agit pas simplement de formuler des questions de recherche pour voir si un facteur particulier cause un résultat particulier; il s'agit de déterminer si certaines de nos interventions pourront permettre que les gens ne tombent pas malades. Du point de vue de la recherche, et de la recherche étiologique en particulier, les comptes communautaires constituent un très bon générateur de recherche. En outre, dans le cadre de la recherche sur les services de santé, si l'on apporte certains changements aux services de santé d'une collectivité, on pourra ensuite utiliser les comptes communautaires pour déterminer si ces changements ont des effets.

En ce qui a trait aux évaluations de programmes effectuées par les gouvernements ou les autorités en matière de santé, les comptes communautaires ne vous fourniront pas d'information sur les coûts, mais vous devez, aujourd'hui, connaître la source du bénéfice et la source de l'efficacité de l'information. Le chercheur peut obtenir l'information sur les coûts d'une autre source, mais nous pouvons au moins avoir de l'information sur les bénéfices ou sur les résultats aux fins de l'évaluation des programmes.

Enfin, un des rôles majeurs d'un chercheur dans un milieu universitaire est de former la prochaine génération d'étudiants diplômés. À la division de la santé communautaire de la Memorial University, nous considérons les comptes communautaires comme un outil indispensable à la formation de la prochaine génération d'étudiants diplômés, qu'ils décident de travailler en tant que chercheurs ou d'accepter un poste au gouvernement.

La deuxième pointe du triangle représente les politiques. Dans ce domaine, nous pouvons assez facilement descendre à l'échelle régionale. C'est une question que M. Reid et M. Hollett ont très bien approfondie en s'appuyant sur l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Nous en somme rendus là grâce au travail du Dr Segovia et à notre travail conjoint dans le cadre de l'enquête de 2001. La taille de l'échantillon que nous avions à Terre-Neuve-et- Labrador était assez grande pour que nous puissions descendre jusqu'à l'échelle communautaire, mais nous devons être en mesure de poursuivre nos efforts.

Certains de ces exemples sont très simples, mais il est important de voir qu'on pourrait répondre à des questions stratégiques en se servant des comptes communautaires. À long terme, nous devrions être capables de mesurer le bien- être de la population et les tendances relatives aux déterminants de la santé de cette même population. M. Reid vous en a donné des exemples ce matin. Quels sont les problèmes de santé principaux d'une population? La santé de la population et ses déterminants sont-ils en train de s'aggraver ou de s'améliorer?

Je ne veux pas vous faire un discours sur l'élaboration des politiques, mais il y a quatre étapes principales, comme vous le savez probablement déjà. La première étape consiste à déterminer une question et à la reconnaître. Puis, le gouvernement doit évidemment décider s'il devrait prendre des mesures relatives à cette question. Aujourd'hui, le sénateur Keon a dit que le réseau de la santé manque d'argent. Nous devons davantage miser sur la santé de la population. Nous savons tous qu'il est impossible de tout faire. Outre les comptes communautaires, d'autres informations peuvent être nécessaires à certaines de ces quatre étapes, mais je crois que les comptes communautaires peuvent être très utiles et aider le gouvernement à décider s'il s'agit d'un problème assez important et s'il devrait investir des ressources dans ce domaine. L'élaboration de politiques et la détermination des interventions possibles ne relèvent peut-être pas du domaine des comptes communautaires, mais une grande partie des données démographiques et des autres renseignements inclus dans les comptes communautaires aideront à déterminer dans quels cas on doit intervenir.

De plus, les comptes communautaires ne jouent peut-être pas un rôle important dans le domaine de la mise en œuvre et de la surveillance, et dans les cas où le gouvernement doit décider quelle intervention est nécessaire, mais, il y a des cas où les données des comptes communautaires peuvent être reliées à d'autres données qui peuvent aider.

Enfin, pour ce qui est de l'évaluation des politiques, nous tentons de déterminer quelles sont les répercussions globales des politiques sur la santé et la qualité de vie et comment le gouvernement saura si ces nouvelles politiques ont les effets escomptés. Évidemment, il y a des limites; nous ne pouvons pas faire cela dans tous les domaines, mais je crois que les comptes communautaires peuvent être très utiles pour le gouvernement quand ce dernier veut évaluer ces politiques dans les nombreux domaines qui sont inclus dans les comptes communautaires. En tant que chercheur et ancien employé du gouvernement, je peux affirmer que les gouvernements ne sont pas de bons évaluateurs. Nous devons nous améliorer dans ce domaine. L'une des excuses qui ont utilisées par le passé est que les données n'étaient pas disponibles. Avec les comptes communautaires, cette excuse n'est plus souvent utilisée.

Cette prochaine diapositive porte sur l'utilisation des comptes communautaires par la collectivité. Cet après-midi et demain matin, vous entendrez beaucoup parler de la détermination des défis en matière de santé au sein de la collectivité. M. Reid vous a permis de mieux comprendre les données démographiques à l'échelle communautaire, les déterminants de la santé au sein de la collectivité, et les résultats pour la santé de la collectivité. M. Hollett vous a parlé de ses discussions avec les maires et d'autres fonctionnaires municipaux sur la création de programmes communautaires. Les collectivités s'intéressent beaucoup à la création de programmes simples à l'échelle communautaire, lesquels, selon elles, aideront leur population et amélioreront son bien-être et sa santé. Certains de ces programmes sont économiques et fournissent de bons emplois aux habitants de leur région, mais un certain nombre d'entre eux concernent directement les facteurs de risque liés à la santé. Au fil des ans, nous avons témoigné de cela dans tout le Canada avec le Programme de la santé du cœur. Certaines collectivités de Terre-Neuve ont créé des sentiers et encouragent les membres de leur collectivité à les utiliser chaque jour, initiative qui a connu ses débuts dans le cadre du Programme de la santé du cœur. Cette dernière a été adoptée par certains programmes parrainés par le gouvernement fédéral afin de créer des emplois dans les collectivités. Les comptes communautaires peuvent à coup sûr aider les localités à décider quelles activités particulières elles veulent mettre en œuvre dans leur propre collectivité pour améliorer la santé et le bien-être de la population.

L'évaluation de ces programmes à l'échelle communautaire est semblable à celles qui se font à l'échelle nationale. D'un point de vue méthodologique et épidémiologique, j'aimerais souligner que certains programmes à l'échelle communautaire sont si peu coûteux que, si l'on ne fait pas attention, on pourrait finir par dépenser une fortune sur l'évaluation. Même si, en tant qu'épidémiologiste, j'adore les évaluations, je dois être franc et dire que, parfois, elles ne valent pas la peine financièrement. Dans le cas d'un grand nombre de programmes communautaires, nous devrions adopter l'approche des pratiques exemplaires et dire : « Nous pensons que le programme fonctionne; il ne coûte pas grand-chose; mettons-le en œuvre. » Selon moi, les comptes communautaires constituent un outil idéal pour déterminer ce genre de programme.

J'aimerais soulever quelques questions qui, de mon point de vue en tant qu'épidémiologiste, touchent la création des comptes communautaires. La première question concerne l'information sur tous les déterminants de la santé. M. Hollett a affirmé que la province de Terre-Neuve a travaillé pendant longtemps à ces divers comptes, dont la création a été graduelle. Quand les comptes étaient à leurs débuts, j'ai demandé au Dr May et à M. Hollett ce qu'ils voulaient dire par « compte ». En tant qu'épidémiologiste, j'utilisais plus souvent des termes comme banques de données et des mots semblables. Le mot « compte » est souvent utilisé par les économistes. Le Dr May a décidé d'utiliser ce mot, mais, en ce qui concerne les comptes, nous devions commencer par déterminer où nous trouverions les données pour les divers comptes. Comme l'a mentionné M. Hollett, ils ont fait du très bon travail à cet égard.

Nous avons parlé de la taille des échantillons et des données sur les collectivités. On vous a dit que l'enquête de 1996 du Dr Segovia comptait 12 000 Terre-Neuviens. J'aimerais ajouter quelque chose concernant les Terre-Neuviens, qui les rend si spéciaux. Dans le cadre de l'étude financée par l'ancien Programme national de recherche et de développement en matière de santé, le Dr Segovia a demandé aux gens de lui donner la permission de relier leurs données, recueillies aux fins de l'enquête, à celles sur leur utilisation du système de santé, lesquelles sont contenues dans les banques de données des hôpitaux et dans les systèmes de paiement des médecins. Un certain nombre de personnes de diverses régions du pays qui ont étudié le projet ont affirmé qu'elles financeraient le projet, mais elles n'avaient pas beaucoup d'espoir parce qu'elles pensaient que le taux de réponse serait très peu élevé. Cependant, 88 p. 100 des 12 000 personnes en question ont accepté que les données recueillies aux fins de l'enquête soient liées aux données sur leur santé. Pour moi, cela reflète une confiance envers les chercheurs et le système à Terre-Neuve et peut-être une volonté des Terre-Neuviens de s'entraider. Le Dr Segovia a bénéficié d'une très grande collaboration à cet égard.

La taille des échantillons est importante si nous voulons descendre jusqu'à l'échelle communautaire, que ce soit ici à Terre-Neuve ou dans d'autres régions du pays. Sincèrement, je pense que Statistique Canada n'a pas les moyens de descendre à ce niveau dans toutes les régions du pays. Par ailleurs, comme la santé est du ressort des provinces, et que ce sont surtout elles qui bénéficieront des données communautaires, Statistique Canada pourrait maintenir que c'est aux gouvernements provinciaux de payer.

L'accès aux données et les problèmes liés à la confidentialité et au respect de la vie privée vont de pair. Comme vous l'avez vu, les comptes communautaires sont constitués de données cumulatives, et rien ne permet d'identifier les particuliers dont les données sont présentées. La seule restriction en ce qui concerne les problèmes de la confidentialité et de la vie privée consiste, comme M. Reid l'a dit, à ne pas descendre à une échelle trop basse ni viser une collectivité trop petite. S'il y a seulement dix personnes dans la collectivité, par exemple, on risque de pouvoir identifier ces dix personnes si leurs données sont affichées. On doit donc porter une attention particulière à ce problème.

Pour réaliser des études de recherche, nous devons établir des liens entre certaines des données des comptes communautaires et d'autres données, mais il s'agit d'un problème distinct. Dans ces cas, nous devons retourner aux banques de données initiales. Nous devons suivre toutes les lignes directrices déontologiques et obtenir leur permission de relier ces données à l'échelle déterminée. Nous avons également discuté de l'analyse des données en continu par opposition à leur analyse ponctuelle. Nous disposons actuellement de deux tranches de données, celles de 1996 et celles de 2001. Nous aimerions qu'une nouvelle tranche soit réalisée tous les cinq ans.

Je voudrais aborder un concept que, je le soupçonne, vous connaissez déjà; nous devons mesurer les résultats pour la santé, plutôt que seulement les extrants. Pour moi, un extrant dans le domaine de la santé, c'est le nombre et le genre de programmes et de services offerts, et, dans le domaine de la santé de la population, les programmes de promotion de la santé qui sont mis en œuvre ou une réduction des temps d'attente dans les hôpitaux. Les résultats pour la santé sont les effets réels sur la santé et le bien-être de la population ou d'une personne, et, évidemment, cela nous ramène directement aux comptes communautaires. Pour ce qui est de la santé de la population, l'exemple de la promotion de la santé reflète un véritable changement dans les comportements et les modes de vie à risque — il ne suffit pas que les gens comprennent les messages : ils doivent véritablement changer leur mode de vie et leurs comportements.

En tant que professionnel qui œuvre dans le domaine de la santé publique, je n'ai pas pu m'empêcher d'inclure le point suivant. Actuellement, au Canada, on accorde beaucoup d'importance aux listes d'attente, et je me demande si l'on en fait assez pour déterminer si les interventions améliorent la qualité de vie ou l'espérance de vie des gens. Nous dépensons peut-être de l'argent pour réduire la liste d'attente, et cela n'a peut-être pas un effet aussi considérable qu'on le voudrait. Je voulais seulement soulever cette question. Ce n'est pas tout à fait pour ça que je suis ici aujourd'hui.

Nous avons discuté des enquêtes longitudinales sur la santé des collectivités. Au Canada, nous avons besoin d'une information continue à toutes les échelles. Nous avons parlé de cette nécessité. Statistique Canada fournit ces données aux échelles nationale et provinciale et parfois même à l'échelle régionale, mais pas toujours dans tout le pays. À l'échelle communautaire, à ma connaissance, il n'y a pas d'enquêtes longitudinales régulièrement financées. Les provinces, y compris Terre-Neuve, n'en font pas autant à cette échelle que Statistique Canada en fait aux échelles nationale, provinciale et régionale. Nous n'en sommes pas encore rendus là. Aucune province ne fait encore de telles enquêtes à l'échelle communautaire de manière régulière. M. Hollett a mentionné que nous avons réfléchi à cette question. Nous avons eu des discussions avec des collègues de divers ordres de gouvernement; nous travaillons toujours à ce problème.

La prochaine diapositive est un exemple; les nombres sont approximatifs, alors ne les considérez pas comme des coûts réels. À Terre-Neuve-et-Labrador, le coût estimé d'une enquête qui serait réalisée tous les cinq ans, sur une période de 20 ans, serait de deux millions de dollars, c'est-à-dire d'environ 500 000 $ par enquête, en dollars courants. Le budget actuel de Terre-Neuve-et-Labrador pour la santé s'élève à environ deux milliards de dollars, ou 40 milliards de dollars sur 20 ans. Par conséquent, si nous étions en mesure de faire la collecte de données sur la santé pour les comptes communautaires pour les 20 prochaines années — les coûts de cela représenteraient 0,005 p. 100 du budget pour la santé — et j'aurais dû ajouter cette réserve parce que, évidemment, il y a bien d'autres banques de données qui alimentent les comptes communautaires. Quand je tente d'obtenir plus d'argent du gouvernement pour ma recherche, j'affirme toujours que toute entreprise de recherche et de développement réinvestit probablement de 8 à 10 p. 100 de cet argent dans la recherche et le développement afin d'assurer la continuité de ses activités. C'est un argument que j'utilise pour tenter d'obtenir plus d'argent pour la recherche universitaire parce que nous recevons un montant qui n'est même pas près d'atteindre ce niveau. Il s'agit d'une autre activité dont nous avons désespérément besoin dans tout le pays et qui est relativement peu coûteuse. Comme je l'ai dit, il s'agit de nombres approximatifs. Ne les prenez donc pas au pied de la lettre, mais même une différence de 1 ou 2 n'aurait pas de conséquence importante sur ce taux de 0,005. C'est minime.

La prochaine diapositive montre les attributs nécessaires pour que d'autres provinces créent des comptes communautaires. J'ai délibérément mis ces éléments en ordre de priorité. On a besoin d'un personnel hautement qualifié. Ce matin, vous avez témoigné des compétences de M. Reid. En tant que chercheur, quand je fais de la recherche secondaire en utilisant des banques de données, je sais quelles sont les questions auxquelles je veux répondre, mais, sur le plan technologique, je ne sais pas ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire avec ces banques de données. Vous avez besoin d'une personne hautement qualifiée pour vous aider à réaliser votre vision ou votre recherche. Nous sommes chanceux ici de bénéficier de ce genre de compétences grâce au personnel de la division de M. Hollett, dont M. Reid fait partie.

La pire chose qui pourrait arriver si nous encourageons d'autres provinces à créer des comptes communautaires semblables est qu'elles n'utilisent pas des personnes qualifiées pour rassembler les données. J'ai envie de dire que « à données inexactes, résultats erronés », mais il y a un vrai problème parce que dans certains cas, ça ne fonctionnera pas. Si ça ne fonctionne pas dans certains cas, cela créera un problème pour tout le monde. Je répète donc qu'il faut des gens qualifiés.

Il faut évidemment aussi que les données soient valides, et vous devez vous assurer non seulement de la taille de l'échantillon, mais également que les questions posées dans toute enquête produisent des données valides que vous pouvez utiliser. Vous devez comprendre pleinement la structure de chaque ensemble de données. Encore une fois, cela est lié aux personnes qui gèrent ces ensembles de données et qui les traitent de façon informatique, mais c'est également lié au prochain point, qui est la détermination d'indicateurs appropriés qui seront utilisés dans les comptes communautaires. Chacune des banques de données que M. Hollett et son personnel ont utilisées comprennent littéralement des centaines d'indicateurs, et il est nécessaire de déterminer ceux qui refléteront le mieux la santé et le bien-être dans ces collectivités. Cela prend de véritables compétences. Je me souviens des débats que nous avons eus au sujet des comptes sur la santé. J'ai bien sûr été davantage intéressé par ces domaines. Je me souviens des débats que j'ai eus avec le Dr May et M. Hollett sur les indicateurs de santé, de risques, de maladies et autres qui devaient être utilisés pour mieux refléter le bien-être de la collectivité. Évidemment, il faut qu'il y ait des gens des deux niveaux. Il faut qu'il y ait des représentants du domaine de la santé, et je parle particulièrement du compte sur la santé, qui comprennent ces données, mais il faut également qu'il y ait des gens de la collectivité qui vous informeront de ce qu'ils comprennent le mieux.

Ce n'est pas facile, et c'est probablement là mon message principal. D'un point de vue méthodologique, cela paraît facile. Je remercie M. Hollett, son personnel et M. Reid. Je suis absolument émerveillé par la différence que j'ai vue aujourd'hui et par ce qui a été accompli depuis 1998. Si nous avions eu une démonstration en 1998, elle aurait été très simple et pas du tout comme celle que vous a faite M. Reid, mais cela est grâce aux gens et aux banques de données. C'est aussi parce que nous avons été capables de déterminer les indicateurs appropriés. Ce n'est pas facile, mais comme vous l'avez déjà entendu — et ça ne devrait pas être moi qui le dit, ça devrait être M. Hollett — la province de Terre- Neuve est prête à faire part des leçons qu'elle a apprises. Vous avez également entendu parler de l'expérience que M. Hollett a eue avec la Nouvelle-Écosse. Nous aimerions qu'on reconnaisse un peu ce que Terre-Neuve a fait.

J'aimerais maintenant parler un peu des deux prochaines étapes majeures pour les comptes communautaires. Premièrement, nous étudierons les tendances à long terme. Nous devons reconnaître qu'il est nécessaire de mettre en place les structures qui généreront les données à long terme pour que nous puissions recueillir les données tous les cinq ans. Nous en avons déjà discuté un peu. Cette période pourrait changer un peu d'une région à l'autre, mais nous croyons qu'il ne serait pas très avantageux financièrement de faire cette collecte de données chaque année, particulièrement si l'on veut déterminer les changements relatifs aux facteurs de risque. Nous avons décidé qu'il serait bien de faire cela tous les cinq ans à Terre-Neuve.

Deuxièmement, je crois que toutes les provinces et tous les territoires devraient adopter la même méthode pour la création des comptes communautaires. Au fil des ans, j'ai travaillé dans plusieurs provinces du Canada et dans plusieurs domaines liés à la santé publique, et l'un de nos plus grands problèmes est que, quand nous tentons de faire des comparaisons entre les provinces, nous finissons par nous buter au fait que les données ont été recueillies d'une manière différente dans presque chacune des dix provinces. Cela restreint notre capacité de faire des comparaisons entre les provinces. Ça nuit également à notre capacité de synthétiser ces données pour avoir un aperçu de la situation nationale. J'arrêterai ici.

Le président : Je vous remercie tous les trois. C'est une question très appropriée pour finir. J'aurais aimé que nous ayons plus de temps pour vous poser des questions, mais il était très important de vous entendre tous les trois, et, effectivement, on répondra probablement à un grand nombre de mes questions cet après-midi ou demain matin. C'est peut-être notre meilleure option.

L'une des questions que je voudrais vous poser concerne votre dernière diapositive. Il est presque certain que nous recommanderons, dans notre rapport, la mise en œuvre de ce système dans tout le pays. Nous recommanderons au gouvernement fédéral de diriger et de financer ce projet, mais ce que nous ne savons pas et ce que nous voulons apprendre aujourd'hui est comment l'on peut faire cela sans nuire au système, tel que vous l'avez décrit. J'aimerais que vous répondiez tous trois à cette question. Tous les sénateurs ont des questions pour vous, alors je vous demanderais de répondre le plus brièvement possible pour qu'ils puissent eux aussi vous poser des questions.

Comment pouvons-nous formuler nos recommandations au gouvernement fédéral pour qu'il mette en œuvre un système comme celui-ci dans tout le pays ou au moins encourager les provinces à adopter un tel système? Le gouvernement fédéral devra jouer un rôle de premier plan pour s'assurer qu'on accomplit cela, mais comment pouvons-nous formuler nos recommandations afin d'éviter que ce soit mal fait?

M. Hollett : J'aimerais vous demander de clarifier votre question avant d'y répondre. Docteur Keon, quand vous dites « mal fait » ou « nuire », que voulez-vous dire au juste? Voulez-vous parler d'une transformation majeure du système existant ou faites-vous allusion au fait que le système pourrait être mal conçu?

Le président : Je suppose que je crains davantage que le système soit mal conçu, mais je m'inquiète de ce qui se passera aux divers échelons du système. J'ai siégé à un grand nombre de comités qui ont tenté de faire en sorte que les provinces introduisent diverses méthodes de collecte de données uniformes et ça ne fonctionne pas. Comment pouvons- nous formuler nos recommandations afin d'éviter qu'on nuise au système?

M. Hollett : Pour répondre à votre question, je peux faire quelques commentaires sur l'expérience que nous avons eue. Des représentants d'environ 15 ou 20 régions de partout dans le monde sont venus étudier les comptes communautaires avec beaucoup d'enthousiasme. Ils les ont aimés et veulent un système semblable. Au Canada, dès qu'il y a une possibilité de financement, les forces se regroupent. Selon mon expérience, quand un groupe a beaucoup de chance d'obtenir de l'argent ou qu'il est un groupe technique autoritaire, qu'il s'agisse d'une entité appropriée ou non, le travail que nous avons fait se voit transformé. Cela s'est passé à maintes reprises. Pour retourner à la question qu'a soulevée le Dr West, je sais que parfois, quand c'est une bonne journée, nous faisons en sorte que tout cela a l'air simple; si ce n'est pas une bonne journée, je suis certain que les gens nous regardent et se demandent pourquoi on veut travailler à un tel projet. La plupart du temps, cela paraît plus simple que ce ne l'est. Tout ce qu'a dit le Dr West est vrai.

Je ne veux pas aller trop loin dans l'autre direction et affirmer qu'il s'agit d'une tâche si difficile et si ésotérique qu'il est pénible de l'accomplir. Ce n'est pas du tout ce que je crois. J'ai un peu le sentiment que, si nous pouvons le faire, n'importe qui peut le faire; mais je pense aussi, et cela se fonde sur mon expérience, qu'on doit respecter des limites très précises si l'on veut réussir. Notre cadre de travail semble bien fonctionner. Ce que je veux dire, c'est qu'il couvre adéquatement les domaines principaux qui intéressent la plupart des gens qui peuvent éventuellement se servir de ce genre d'information et plus particulièrement, qu'ils intéressent la collectivité. Je pense que cela est de la plus grande importance.

Selon mon expérience, on doit articuler clairement les résultats que l'on cherche à obtenir. On doit articuler clairement ce que l'on veut faire et préciser que cela sera fait de manière progressive. L'approche que nous avons toujours adoptée consiste à mettre l'accent sur le produit final. Il nous est arrivé que des gens nous offrent de l'argent, jusqu'à 2 millions de dollars, par exemple. En général, selon le contexte dans lequel cet argent nous est offert, nous ne sommes pas intéressés parce que, dans la plupart des cas, il faut de l'argent et du temps, et nous devons être en mesure d'accomplir ce que l'on vise. Dans la plupart des cas, l'argent et le temps ne font pas bon ménage. Habituellement, quand il y a beaucoup d'argent, c'est parce qu'on n'a pas le temps de le dépenser. Un grand montant d'argent suppose également une grande quantité de produits. Si on est intègre et que l'on veut véritablement en avoir pour son argent, ce genre de situation a tendance à ne pas donner de bons résultats.

Si on voulait mettre ce système en œuvre dans tout le Canada, je suis certain que ça fonctionnerait. La province de Terre-Neuve n'est pas très différente des autres régions dans notre pays, car de nombreuses personnes s'intéressent aux mêmes domaines, et nous pouvons donc leur fournir de l'information de cette manière. Je pense tout de même que c'est un système qui pourra fonctionner pour tout le monde. Je ne veux pas dire qu'il est absolument parfait parce qu'il ne l'est pas, mais il a, en tout cas, beaucoup de potentiel. Selon moi, il ne faut pas créer de la bisbille dans ce genre de situation où les gens tentent de mettre la main sur de l'argent pour accomplir quelque chose de gros. Ça devient compliqué. Il faut retourner dans son laboratoire et y travailler pendant des années et des années parce qu'il y a seulement une poignée de personnes dans le monde qui sont capables d'accomplir ce genre de chose. Ce n'est pas la bonne manière de faire les choses, mais c'est habituellement comme ça que ça se passe. Je pourrais vous donner un tas d'exemples, mais je ne le ferai pas parce que ce ne serait pas juste pour les personnes qui ne sont pas ici pour se défendre.

Comme je l'ai dit, j'essaierai de rendre clair ce que vous voulez accomplir, ce qui doit être fait, c'est-à-dire un système semblable aux comptes communautaires. Vous voulez que des efforts soient déployés de manière harmonieuse et opportune et qu'il y ait une vision sous-jacente qu'on réaliser au fil du temps. Selon notre expérience, il s'agit d'un bon point de départ. Selon moi, quand on réalise un tel projet, on doit véritablement partir de quelque chose qui intéresse les gens et on doit être en mesure de leur montrer qu'on peut accomplir des choses dans un temps raisonnable. On a eu des discussions avec les Premières nations, et elles s'intéressent beaucoup à ce qu'a fait Terre-Neuve. L'une des raisons pour lesquelles elles sont si intéressées est qu'elles ont eu le bon sens de comprendre qu'avec quelques modifications et de la patience, elles auront rapidement un produit qui intéressera leurs membres. Elles croient que notre système permet de refléter la population. Ce sont les nombres qui reflètent la vie des gens, et elles apprécient cela. Elles tentent de promouvoir une utilisation appropriée de l'information au sein des groupes des Premières nations et elles veulent faire en sorte que leurs membres comprennent rapidement qu'on peut accomplir quelque chose qui leur sera utile. Je pense que c'est l'approche que l'on doit adopter.

Je sais que j'ai beaucoup parlé et que je n'ai pas bien répondu à votre question. Si Michael Wilson était ici, il vous aurait donné une réponse beaucoup plus recherchée et complexe, et vous ne l'auriez peut-être pas comprise, mais elle vous aurait impressionnés. De toute manière, nous avons un système que les gens aiment. Je pense qu'il faut adopter une approche raisonnée qui tient compte des citoyens parce que si nous investissons beaucoup de temps, d'efforts et d'argent dans un système et qu'il nous tient à cœur, mais que seule une personne ayant un niveau de compétence très élevé peut s'en servir, je pense que nous aurons manqué à notre mission. Les scientifiques peuvent obtenir les données dont ils ont besoin. Je pense que la vraie solution aux problèmes en matière de santé dont nous avons discuté est que les gens comprennent les déterminants et changent leur manière de penser. Ils doivent pouvoir consulter l'information sur ces déterminants afin de pouvoir eux-mêmes prendre des mesures pour améliorer leur santé.

Les mesures que nous prendrons à l'avenir doivent tenir compte de cela. Les gens viennent nous voir les uns après les autres et ils ont oublié le sens de leur travail. Ils finissent par être déroutés, et leurs travaux deviennent incompréhensibles pour les citoyens. Le produit est trop coûteux pour être maintenu et est trop compliqué pour la plupart des gens. À mon avis, il est possible de mettre en œuvre ce système, mais il est également très possible que ce soit un échec majeur.

Le sénateur Pépin : Je suis d'accord avec le sénateur Keon. L'information que vous nous avez donnée ce matin est formidable. Dans notre rapport, nous voulons parler de l'expérience de Terre-Neuve et la citer en exemple.

Ma question s'adresse à M. Reid. Dans quelle mesure obtenez-vous régulièrement de l'information à jour par Internet? Est-il facile d'obtenir cette information et pouvons-nous l'obtenir régulièrement?

M. Reid : Cela dépend de la source de données. Les données administratives que nous recevons du gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral peuvent être mises à jour assez régulièrement. Il s'agit de données annuelles. Vous remarquerez, par exemple, que nos données sur le soutien du revenu datent de 2006, et nous sommes en train de faire la mise à jour pour 2007. Il s'agit d'une source de données annuelle, et nous pouvons les mettre à jour assez régulièrement. L'information du recensement est mise à jour tous les cinq ans. Notre processus d'établissement du calendrier des mises à jour se fonde sur la communication de l'information provenant du recensement. Par exemple, en mars, Statistique Canada communiquera l'information sur le marché du travail et l'enseignement qui a été obtenue à l'occasion du recensement, ce qui nous permettra de mettre à jour notre système.

Dans certains cas, il y a un décalage de l'information. Par exemple, nous produisons une déclaration de revenus pour l'année précédente. L'information doit être recueillie, et il y a donc habituellement un décalage de deux ou trois ans avant que nous puissions utiliser cette information.

Je dirais que nous tenons les données à jour dans la mesure du possible. Souvent, l'information sur les collectivités est moins à jour que certaines des données plus actuelles fournies par les provinces et les régions, mais, comme nous l'avons mentionné dans les exposés, nous mettons l'accent sur les collectivités. Nous sommes donc toujours à la recherche de données communautaires. Nous établirons des liens avec les données provinciales plus actuelles, mais les données communautaires sont toujours notre préoccupation majeure — et, non, ce n'est jamais facile.

[Français]

Le sénateur Pépin : Est-ce que les données sont centralisées et mises à jour ou donne-t-on aux organismes concernés la possibilité d'aller chercher les informations par eux-mêmes? Les groupes qui participent sont-ils capables d'aller chercher de l'information?

[Traduction]

M. Reid : L'information communiquée par nos ministères provinciaux est, dans les faits, utilisée aux fins de leurs propres programmes, et ils disposent de leurs propres banques de données. Ils utilisent cette information pour administrer leurs propres programmes. Nous avons une entente d'échange d'information avec eux, et ils nous envoient leurs dossiers une fois l'information recueillie. Puis, mon équipe prend cette information et l'inclut dans les comptes communautaires par collectivité.

[Français]

Le sénateur Pépin : Monsieur Hollett, pouvez-vous nous donner des exemples concrets en quoi les bases de données ont permis au gouvernement d'améliorer la qualité de vie de la population?

[Traduction]

M. Hollett : Comme je l'ai dit ce matin, nous travaillons souvent en coulisse pour fournir de l'information aux personnes qui sont à l'avant-scène. Vous aurez peut-être de meilleurs exemples demain quand vous aurez l'occasion d'entendre les utilisateurs du système. Comme l'a dit M. Reid, il y a des gens dans la collectivité qui ont utilisé nos données pour étudier la prévalence du cancer du sein et pour réaliser divers dépistages afin de déterminer s'il y a des problèmes qui prennent des proportions importantes dans leurs régions. Ils peuvent ainsi appeler le gouvernement et le réseau de soins de santé à prendre des mesures concrètes relativement à ces problèmes. Des médecins de toutes les collectivités et de toutes les régions de la province utilisent nos données démographiques pour acheter des médicaments qu'ils doivent fournir à leurs patients quand il n'y a pas de pharmacies dans le coin, par exemple. Dans toute la province, des gens qui veulent lancer leur propre entreprise utilisent nos données en tant qu'éléments probants pour défendre leur cause auprès du gouvernement afin d'obtenir de l'aide et un soutien ou demander que les politiques soient changées. Nous ne l'avons pas mentionné, mais nous avons formé plus de 5 000 personnes dans divers coins de la province afin qu'elles puissent utiliser des données des comptes communautaires. De nombreuses personnes abordent le gouvernement, et les réponses de ces derniers ont véritablement changé.

Je peux vous donner l'exemple du Department of Municipal Affairs, qui traite des taux d'imposition dans les collectivités. Les responsables du ministère disent que, avant la création des comptes communautaires, il y avait souvent des mésententes concernant les nombres, mais qu'ils se fient maintenant aux nombres des comptes communautaires et consacrent maintenant leur énergie à discuter de ce qu'il faut faire. Je pense qu'il s'agit d'une amélioration.

M. Reid : J'ai un exemple qui concerne les collectivités. Il y a un certain nombre d'années, les représentants d'une des villes de la région métropolitaine de recensement de St. John's, Conception Bay South, sont venus nous voir pour obtenir de l'information de recensement. Ils doutaient de certaines des données qui avaient été recueillies dans leur ville à l'occasion du recensement. Ils voulaient travailler en collaboration avec nous pour réaliser un dénombrement dans leur région parce qu'ils voulaient utiliser de l'information plus détaillée aux fins d'une planification stratégique. Nous avons accepté de les aider à réaliser ce dénombrement et également d'afficher l'information dans les comptes communautaires. Ils ont déterminé les données manquantes, et nous avons travaillé de concert avec eux. Maintenant, il y a de l'information à l'échelle communautaire et à l'échelle des quartiers dans les comptes communautaires, et la ville, ainsi que d'autres personnes dans la collectivité, peuvent s'en servir.

M. Hollett : De plus, au fil des ans, les données des comptes communautaires sont devenues un élément très important de nos activités fondamentales, à notre agence statistique. Dans un certain sens, cela reflète la mesure considérable dans laquelle les données des comptes communautaires sont utilisées par les gouvernements et les collectivités. Les usages sont multiples, et il y a tellement de choses qui se passent qu'il est difficile de se tenir au courant.

L'année dernière, j'ai assisté à la séance pendant laquelle la Wellness Coalition est venue vous voir. Il y a une dame à l'Île-du-Prince-Édouard que certains de vous connaissez peut-être, Patsy Beatty-Huggan, qui a créé un cercle de la santé, lequel reflète une manière de penser axée sur la santé de la population. Je ne sais pas si vous l'avez déjà vu. Ça m'a beaucoup impressionné. Un groupe s'est rassemblé à un hôtel, ici, à St. John's. Il a affirmé : « S'il y a un problème de santé, voici les facteurs auxquels vous devez réfléchir. » Selon le cercle, vous devez tenir compte du revenu, du niveau d'études et d'un tas d'autres facteurs. Puis, on a dit : « Bon. Maintenant que vous avez pensé de cette manière, consultons les comptes communautaires pour voir ce que nous révèlent les données. »

Il y a toutes sortes de choses qui se passent. Les comptes communautaires ont fait beaucoup de chemin. Le meilleur exemple que je peux donner est le suivant, et je le dis sans vouloir enlever de l'importance à votre question, mais ça me fait penser aux gens qui appellent de temps à autre notre agence statistique et qui disent : « Je voulais avoir des données pour lancer une entreprise. » Nous leur répondons : « Oui. Quels genres de données voulez-vous? » Ils disent souvent : « Qu'est-ce que vous avez? » Il est très difficile de répondre à cette question.

Le président : Docteur West, j'aimerais vous poser une question et j'aimerais que vous y répondiez en dix secondes. Je sais que le bien-être et l'état de santé sont étroitement liés. Comment faites-vous la différence entre les deux?

Dr West : En deux secondes, je pense que M. Hollett pourrait répondre à la question mieux que moi. En ce qui concerne l'état de santé, les comptes communautaires le relient aux déterminants traditionnels de la santé, qui sont ressortis du rapport fédéral-provincial sur la santé de la population de 1992. Je crois que M. Hollett inclurait le bien- être dans le cercle externe, qui comprend la production et d'autres facteurs. Je reviendrais sur la définition de la santé de l'Organisation mondiale de la Santé, qui commence par les termes « état de complet bien-être ». J'apprécie votre question parce qu'il y a beaucoup de confusion qui entoure ce problème et je pense que chacun s'est en quelque sorte fait ses propres définitions.

Le président : Merci.

Mesdames et messieurs, nous nous rencontrerons de nouveau à 13 heures pour entendre l'honorable Shawn Skinner, ministre des Ressources humaines, du Travail et de l'Emploi.

La séance est levée.


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