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Sous-comité sur la santé des populations

 

Délibérations du Sous-comité sur la Santé des populations

Fascicule 6 - Témoignages du 21 mai 2008


ST. JOHN'S, le mercredi 21 mai 2008

Le Sous-comité sur la santé des populations du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 9 heures, pour poursuivre son étude sur les divers facteurs et situations qui contribuent à la santé de la population canadienne, appelés collectivement les déterminants sociaux de la santé.

Le sénateur Wilbert J. Keon (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Je souhaite le bonjour aux honorables sénateurs et à nos invités. Bienvenue à tous. Nous recevons ce matin un groupe de témoins extraordinaires. Nous avons hâte d'entendre ce que tout le monde a à dire. Nous ne disposons que de peu de temps, puisque nous devons mettre fin à la séance juste avant midi, mais je suis sûr que nous allons apprendre beaucoup de choses.

Les témoignages que nous avons entendus hier nous ont beaucoup enthousiasmés. Nous sommes arrivés ici avec le sentiment que nous allions proposer dans notre rapport l'idée d'appliquer le modèle en vigueur dans la province ou un modèle très semblable à l'échelle du pays. Nous en sommes plus convaincus que jamais, alors nous avons hâte d'entendre ce que vous tous avez à dire ce matin.

À gauche complètement se trouve Mme Joy Maddigan, sous-ministre adjointe, ministère de la Santé et des Services sociaux. À sa droite se trouve Mme Aisling Gogan — qui comparaît pour la troisième fois devant le comité —, directrice, Stratégie de réduction de la pauvreté, ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi de Terre-Neuve-et-Labrador.

Nous recevons également M. Gerald Crane, du Secrétariat rural, Conseil exécutif, le sergent Doug Ross, sous- officier responsable de la planification générale et du service à la clientèle de la GRC pour Terre-Neuve, Mme Lisa Browne, adjointe au maire de Clarenville et membre de Eastern Health, Mme Susan Green, de la Kids Eat Smart Foundation, ainsi que Mme Christine Snow, de la Capital Coast Development Alliance. J'espère que je ne me suis pas trompé dans vos titres.

Nous allons commencer par vous, Joy, si vous êtes d'accord.

Joy Maddigan, sous-ministre adjointe, ministère de la Santé et des Services sociaux, gouvernement de Terre-Neuve-et- Labrador : Je tiens à vous remercier de m'avoir invitée ici aujourd'hui. Mes observations vont être brèves.

Mon mémoire s'intitule « Community Accounts : A Resource to Strengthen Population Health in Newfoundland and Labrador ». Si je devais choisir un domaine où, selon moi, les comptes communautaires ou CC resurgissent des cendres du réseau de la santé, ce serait le domaine de la santé des populations. Les comptes communautaires sont un système d'information, quoiqu'il s'agit d'un système très intéressant et d'une grande valeur, sans aucun doute.

Pour qu'on comprenne bien la valeur des comptes communautaires et l'incidence de ceux-ci sur le réseau de services communautaires et de soins de santé, il importe que je définisse le contexte du réseau de la santé en ce qui a trait aux comptes communautaires, parce que c'est sur le soutien que ceux-ci offrent au réseau que je souhaite réellement insister aujourd'hui.

Je travaille au sein du réseau de la santé depuis plus de 30 ans, alors c'est une chose à laquelle j'ai beaucoup réfléchi et que j'ai beaucoup étudiée, ça, c'est sûr. L'une des choses que j'ai vu prendre beaucoup d'importance au cours de ma carrière, c'est la planification que nous faisons dans le réseau de soins de santé.

Cette situation est attribuable à deux ou trois facteurs importants. Il est clair qu'il va être extrêmement important de faire une planification réfléchie au fur et à mesure que le réseau va se complexifier, ce qui, nous le savons, va arriver. Les CC ont été l'une des pierres d'assise de la planification des soins de santé dans notre province depuis, je dirais, au moins cinq à huit ans, c'est sûr.

L'autre chose qui a réellement mis en lumière le besoin d'envisager des systèmes comme les CC, c'est le fait que, dans le réseau de la santé, la quantité de données générées commence à être très grande, et il devient extrêmement important de trouver des façons appropriées et efficaces d'utiliser ces données — cela ne fait aucun doute.

Pour me préparer à la séance d'aujourd'hui, j'ai mené une petite enquête officieuse auprès de nos quatre régies régionales de la santé ainsi qu'auprès de la direction générale des politiques de mon ministère. Environ 12 personnes m'ont donné de l'information officieuse au sujet des comptes communautaires dans leur milieu. L'une des choses qui sont ressorties le plus clairement de cette enquête, la rétroaction la plus forte que j'ai reçue de la part de tous et chacun, c'est que c'est par rapport aux aspects liés à la planification que les comptes communautaires donnent le plus de résultats. Ce n'est pas seulement à cet égard qu'ils donnent des résultats, mais c'est assurément l'un des domaines les plus importants où c'est le cas dans le réseau actuel.

Les données des CC, qui vont des facteurs démographiques aux résultats en matière de santé, sont utilisées toutes sortes de façons différentes. Elles orientent les décisions relatives au programme. Elles sont utilisées pour la rédaction de propositions de recherche et certainement aussi dans le cadre de toutes sortes d'initiatives d'élaboration de politiques, ce dont je vais reparler tout à l'heure.

Je pense qu'il ne fait aucun doute que toutes les régies régionales de la santé, et, assurément, notre propre ministère, ont déterminé que la planification stratégique et la planification des activités sont grandement améliorées ou facilitées par le recours aux comptes communautaires. Pour qu'on se fasse une bonne idée, je pense, de ce que les comptes communautaires ont à offrir, j'aimerais prendre quelques instants pour mettre les choses en perspective.

Je suis récemment tombée sur un article très intéressant qui portait sur la façon dont un réseau de la santé peut offrir des services de qualité et de grande valeur aux citoyens concernés, aux résidents du territoire qu'englobe ce réseau. Le processus a été décrit par Berwick, Nolan et Whittington, et il s'agit d'un article publié en 2008. Selon cet article, pour qu'un réseau de la santé donne de bons résultats, il faut prêter attention à trois buts interdépendants. J'aime beaucoup ces buts, parce qu'ils sont énoncés de façon très simple. Je cherche toujours des façons de décrire les choses liées au réseau de la santé de façon très pragmatique et terre à terre.

On ne peut envisager ces trois buts séparément. Berwick, Nolan et Whittington insistent sur le fait qu'ils sont interdépendants. Le premier but dont ils parlent, c'est l'amélioration de l'expérience de soins vécue par les patients. Comme professionnelle de la santé, je trouve que c'est quelque chose d'extrêmement important.

Le deuxième but — et j'ai pensé que c'était quelque chose de très pertinent pour le groupe qui est ici aujourd'hui —, c'est l'amélioration de la santé des populations. Le troisième but, c'est la réduction du coût par habitant des soins de santé. Comme je travaille au sein d'un ministère de la santé depuis de nombreuses années, ces trois objectifs trouvent un réel écho chez moi. Ce qui est encore plus révélateur, c'est que, pour atteindre ces trois buts, un réseau de la santé doit respecter trois conditions préalables, et ce sont ces conditions préalables qui, selon moi, nous permettent de vraiment nous faire une idée de la valeur des comptes communautaires.

Les trois conditions préalables à la réalisation efficaces de ce qu'on appelle « le triple objectif » — ces trois buts — sont, premièrement, le fait de voir une population comme une unité de préoccupation. La deuxième condition, c'est de bien définir les paramètres de l'intervention du programme, c'est-à-dire d'avoir des contraintes ou des cadres stratégiques fournis de l'extérieur. Il s'agit de pratiques exemplaires et d'autres choses du genre. Troisièmement, et je pense que c'est quelque chose qui touche beaucoup de gens, c'est l'existence d'un mécanisme, d'une personne, d'un moyen permettant l'intégration de l'ensemble du réseau de soins, de façon que la population puisse obtenir des résultats positifs en ce qui concerne les trois buts du réseau de la santé : l'expérience vécue par les patients, la santé du groupe, ainsi que la durabilité, et un réseau abordable et efficace.

Lorsque j'ai jeté un coup d'œil sur ces trois conditions préalables, je me suis aperçue que c'est en nous permettant de comprendre la nature de la population préoccupante que les comptes communautaires ont prouvé qu'ils étaient quelque chose d'intéressant pour nous. C'est à cet égard qu'ils jouent probablement le rôle le plus essentiel à l'heure actuelle au sein du réseau de la santé. Comme nous le savons, une population préoccupante n'est pas nécessairement confinée à une région géographique, quoique les comptes communautaires nous seront très utiles en définissant une zone desservie et des limites géographiques, c'est sûr. Nous arrivons à comprendre la nature d'un réseau et la nature d'une population lorsque nous réfléchissons à l'idée d'inscription. Nos registres qui permettent de suivre les gens au fil du temps nous permettent vraiment de nous faire une idée de la population préoccupante et de ses caractéristiques.

En un sens, les comptes communautaires remplissent un peu la même fonction que ce registre pour les collectivités et pour les populations de notre province, et ils nous aident vraiment à surveiller et à comprendre les différentes choses qui se produisent au fil du temps. Il ne fait aucun doute que c'est ainsi que nous sommes en mesure de commencer à comprendre la nature de notre population. Si nous arrivons à bien la comprendre, cela nous permet d'améliorer la santé du groupe ainsi que de trouver des façons de rendre les coûts un peu plus acceptables au sein du réseau.

La principale chose que je vous dirais au sujet des comptes communautaires et du travail que nous avons effectué à Terre-Neuve, c'est que cela nous a permis de nous faire une idée beaucoup mieux définie et approfondie de la population à laquelle nous offrons des services. Vu qu'il s'agit de l'une des trois conditions préalables à la mise sur pied d'un meilleur réseau de la santé, il est clair que les comptes communautaires peuvent jouer un rôle important et qu'ils ont joué un rôle important dans le travail que nous faisons.

Je ne veux pas parler pendant trop longtemps, mais je veux aborder deux ou trois initiatives relatives au réseau de la santé. Celle qui me semble la plus évidente, c'est la réforme des soins de santé primaires. Nous avons travaillé dur, dans la province, pour apporter des changements à ce premier niveau de notre réseau de la santé. Je ne vais pas prétendre devant vous que nous avons connu un succès extraordinaire jusqu'à maintenant. Nous avons une vision. Nous savons dans quelle direction nous voulons aller, mais il est certain que les choses ne se sont pas passées aussi rapidement que je l'aurais souhaité et que d'autres aussi l'auraient souhaité. Néanmoins, nous voyons la réforme des soins de santé primaires comme un élément fondamental pour la mise sur pied d'un réseau de la santé fort.

Comme vous le savez, les soins de santé primaires sont à la fois un ensemble de principes et une façon d'organiser des services fondés sur des équipes qui ciblent des populations définies et qui offrent tout un éventail de programmes et de services, de la prévention et de la promotion jusqu'à la réadaptation, en passant par l'intervention de soutien et la palliation.

Une autre chose que nous savons, mais dont nous ne tenons pas suffisamment compte, à mon avis, c'est que de 70 à 80 p. 100 environ de notre réseau de la santé sont axés sur les soins de santé primaires. Ainsi, j'essaie de m'en souvenir lorsque la lenteur avec laquelle se déroulent les changements devient pour moi une source de frustration. Nous pouvons décrire les soins de santé primaires de façon assez succincte, je pense, mais le processus de changement dans ce domaine ne se déroule pas rapidement pour autant. Les soins de santé primaires sont le meilleur exemple de ce que la connaissance de notre population a une incidence réelle sur le fonctionnement du réseau de la santé.

En apprenant à connaître notre population, ce qui est l'une des conditions préalables à la réalisation du triple objectif, plutôt que d'adopter une approche réactive aux problèmes qui surviennent, ce que nous allons toujours faire, nous nous trouvons dans une bien meilleure position pour adopter une approche proactive et en amont quant à la façon de réduire l'importance du réseau de la santé dans la vie des Canadiens. Je ne veux pas minimiser l'importance du réseau, mais je pense que pour nous tous, et pour moi, en tout cas, le fait d'être en santé suppose des interactions moins importantes avec le réseau de la santé, sauf en ce qui concerne les volets de prévention et de promotion. C'est dans cette situation que j'aimerais voir se trouver la plupart des citoyens de notre province, c'est sûr.

Dans notre province, nous avons essayé d'organiser les soins de santé primaires en étudiant des régions géographiques précises et en déterminant le nombre et le type de fournisseurs de soins de santé qui sont nécessaires, ainsi que les problèmes de santé ou les affections prioritaires de ce groupe de résidents. Les comptes communautaires nous ont permis de faire de très bonnes descriptions des petites populations de notre province et de nous en faire une très bonne idée.

Certaines de nos équipes de soins de santé primaires s'occupent de populations de 6 000 ou 7 000 personnes seulement. Ainsi, lorsqu'on a envisagé de mettre sur pied des équipes de soins de santé primaires dans les différentes régions sanitaires, on a été en mesure de se faire une idée du genre d'affections que les gens avaient dans ces régions. Nous avons eu recours aux comptes communautaires pour effectuer chacune de ces évaluations communautaires en matière de soins de santé primaires, et, à l'heure actuelle, il y a 11 équipes actives, et certainement beaucoup d'autres équipes prêtes à entrer en action.

Comme je le disais, les comptes communautaires se sont révélés être un outil précieux pour ce qui est de nous aider à envisager les services communautaires et de santé en tenant compte de l'avenir. Non seulement ceux-ci ont-ils été très utiles aux professionnels et fournisseurs du réseau, mais chacune des équipes de soins de santé primaires s'assortit également d'un comité consultatif communautaire formé de citoyens de la zone desservie qui s'intéressent à la santé et qui sont prêts à participer au travail visant l'amélioration de la santé des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador. Les comptes communautaires se sont révélés être une ressource très précieuse pour ces gens, qu'ils ont utilisée pour déterminer leurs propres priorités dans leurs domaines et le genre de problèmes auxquels ils voulaient s'attaquer. Certains comités consultatifs communautaires se sont par exemple penchés sur la question de l'utilisation sécuritaire de la motoneige, et ils ont conçu d'excellentes campagnes de sensibilisation dans leur région sur les mesures que les gens devraient prendre lorsqu'ils utilisent ce genre de véhicules. Il y a eu aussi des initiatives sur le tabagisme et sur le surplus de poids. La possibilité d'examiner les données des comptes communautaires leur a vraiment permis de choisir ce sur quoi ils voulaient se concentrer, comme collectivité.

Je ne veux pas que vous ayez l'impression que c'est seulement pour la planification que nous utilisons les comptes communautaires, parce que si c'est à l'heure actuelle le principal domaine dans lequel nous nous en servons, ces comptes sont utilisés de toutes sortes de façons différentes. Nous les utilisons à coup sûr lorsque nous évaluons nos programmes et nos services. Les infirmières en santé publique ont utilisé les comptes communautaires pour examiner les charges de travail potentielles dans différents districts en fonction du profil sanitaire de ce groupe. Nous utilisons aussi les CC pour obtenir des mesures et des indicateurs de base, le genre de choses que nous voulons surveiller et mesurer. Ils nous offrent des éléments de contexte dans bien des occasions. Lorsque nous devons présenter une demande de budget, par exemple, nous pouvons utiliser ces données pour avancer de bons arguments afin de justifier les orientations que nous voulons nous donner. L'élaboration de propositions de subventions et de propositions de recherche a également beaucoup profité du système des comptes communautaires.

La plupart des sections de la direction générale des politiques ont recours aux comptes communautaires pour faire différentes choses. Nous avons établi un certain nombre de politiques provinciales au cours des dernières années. L'une de nos politiques importantes, qui concerne le fait de vieillir en santé, est en grande partie fondée sur les comptes communautaires, et il y en a une autre, celle-là portant sur la santé mentale et la dépendance que les comptes communautaires ont permis d'améliorer grandement. Par ailleurs, nous utilisons les comptes communautaires dans le cadre de nos travaux FPT à l'échelle du pays. La section du vieillissement et des aînés de notre ministère, en particulier, a puisé de l'information dans les CC pour contribuer à certaines des grandes campagnes de sensibilisation de la population en cours à l'échelle nationale.

Une autre chose qui nous a également beaucoup aidés, c'est le fait que les comptes communautaires vont nous aider à dresser nos cartes d'infrastructure. Nous avons par exemple récemment présenté un exposé assez complet au Cabinet sur le réseau de la santé, et l'un des éléments les plus convaincants de cet exposé était une série de cartes sur lesquelles figuraient nos quatre régions sanitaires, sur lesquelles nous avons indiqué l'endroit où se trouvent nos grands hôpitaux et nos grands centres de soins de santé, ainsi que nos cliniques et nos foyers de longue durée. Le temps que nous précisions où se trouvent ces services et leur nature, les personnes présentes avaient acquis un peu plus de respect, si vous voulez, pour certains de nos combats et certaines de nos préoccupations en ce qui concerne le réseau de la santé. Certaines personnes ont été très impressionnées par la portée du réseau de la santé, qui a des ramifications un peu partout dans la province.

Je vais conclure en vous disant que l'efficacité des comptes communautaires est en partie attribuable au personnel qui s'en occupe et au bureau de la statistique en soi. Non seulement, ces gens ont mis sur pied un système agréable et prêt à utiliser, mais celui-ci permet d'obtenir des résultats dès qu'on commence à l'utiliser ou presque. Les comptes communautaires répondent donc aux besoins de récompenses immédiates, et c'et un bon argument de vente, si vous voulez que les gens continuent d'être intéressés. Le véritable succès des comptes communautaires tient à la relation de collaboration ouverte que les concepteurs et les utilisateurs du système entretiennent. À mon avis, il y a vraiment eu un effort de collaboration visant à s'assurer que les données qui figurent dans le système sont celles dont on a besoin dans le réseau de la santé.

Je vais terminer en disant que les services communautaires et de santé ont adopté avec enthousiasme les comptes communautaires, et aussi pour de nombreuses autres raisons que celles que j'ai pu vous décrire aujourd'hui. C'est vraiment un système fantastique qu'on utilise beaucoup.

Le président : Merci beaucoup, Joy.

Nous allons maintenant écouter Mme Aisling Gogan.

Aisling Gogan, directrice, Stratégie de réduction de la pauvreté, ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Merci. Je ne suis pas sûre que les gens de ce bureau de la statistique sont habitués d'entendre dire que leur service offre une « récompense immédiate », mais je suis sûre cependant que cela va leur faire plaisir.

Je suis très heureuse aussi d'être de nouveau ici aujourd'hui. Pour donner suite à la discussion d'hier avec le ministre Skinner et ma sous-ministre adjointe, Mme Lynn Vivian-Book, je veux mettre en lumière l'utilité des comptes communautaires dans le cadre du travail d'application de la Stratégie de réduction de la pauvreté. Comme Joy vient de le dire, c'est un outil d'une valeur incroyable pour ce qui est de fournir de l'information sans délai.

Je vais parler tout à l'heure de quelques problèmes que les comptes communautaires posent, parce que certaines des questions posées hier au cours de la séance sur la Stratégie de réduction de la pauvreté avaient trait à ces problèmes. Je vais essayer de répondre à quelques-unes de ces questions dans mon exposé, et vous pourrez évidemment me poser d'autres questions à la fin.

Pour ce qui est de la réflexion au sujet de la réduction de la pauvreté — et je sais que c'est quelque chose dont on a parlé un peu hier —, les comptes communautaires ont jusqu'à maintenant été un outil d'une incroyable valeur qui nous a permis de solliciter la participation de nos partenaires communautaires, et aussi, je pense, leur a permis de nous inciter à tenir un vrai dialogue avec eux. Il est très important que nous parlions des gens dans leurs collectivités, et non seulement de ceux qui ont un lien quelconque avec une organisation de taille plus importante. Les comptes communautaires offrent à nos partenaires communautaires ainsi qu'aux membres des collectivités un accès à des données provenant de ce qui est vu comme étant une source objective. C'est une chose très importante sur le plan du partage du savoir et du pouvoir.

Dans le cadre de nos consultations auprès de nos partenaires communautaires et de membres de la collectivité et du dialogue que nous entretenons de façon permanente avec eux, j'ai disposé d'information tirée des comptes communautaires qui a été utilisée de toutes sortes de manières, et il s'agit notamment d'information sur le revenu, sur le recours au Soutien du revenu et à l'AE, l'état de santé, les caractéristiques démographiques, toutes les choses différentes qui ont été fournies.

Pas besoin de revenir en arrière très loin... et il aurait été inimaginable, même pour nous, fonctionnaires, d'avoir ce genre d'information au bout des doigts, et encore moins d'être en mesure de la fournir à nos partenaires communautaires. C'est un grand pas en avant, pour ce qui est de nous permettre à tous de prendre des décisions fondées sur des données et de comprendre les choses de la même façon. Ça a vraiment été un élément essentiel pour ce qui est de la portée du dialogue sur la réduction de la pauvreté que nous avons eu et de notre capacité d'établir des priorités et d'en venir à une entente sur ces priorités avec nos partenaires communautaires. Nous disposons tous de la même information, et c'est vraiment un bon point de départ.

En plus du fait qu'il aurait été inimaginable d'être en mesure de fournir cette information dans le passé — premièrement, il aurait fallu que les groupes communautaires sachent ce qu'ils voulaient obtenir, ce qui est difficile lorsqu'on ne sait pas ce qui est offert. Ensuite, il aurait fallu qu'ils le demandent. Nous n'aurions probablement pas été en mesure de regrouper cette information. Même si nous avions été capables de le faire, nous n'aurions pas établi ces liens entre les différents ensembles de données qui existent dans les comptes communautaires, et je pense que ça fait partie de ce que Joy disait. La façon dont les données sont présentées est sensée aux yeux des gens. Ça ne sera jamais plus simple à comprendre que ça. C'est compliqué, mais la façon dont les données sont présentées ne pourra jamais être plus simple, et je sais que c'est un gros avantage pour nos partenaires communautaires.

J'ai aussi constaté que nos partenaires communautaires et les autres personnes qui utilisent les CC les ont utilisés comme moyen de signaler quelle autre information ils aimeraient obtenir. Nous avons pu diffuser de l'information, et, par le même moyen, ils ont pu nous dire qu'ils se penchent sur tel ou tel problème et disposent d'information insuffisante là-dessus. On a abordé cette question hier lorsqu'on parlait de l'information qui est ajoutée aux comptes communautaires. Il y a le compte communautaire sur le crime et la vitalité sociale, ainsi que le travail qui est en cours, en collaboration avec les partenaires communautaires, et qui vise à trouver le moyen d'évaluer le risque de l'itinérance. Je vais en parler un peu plus, mais c'est lié au travail que nous faisons à Terre-Neuve-et-Labrador sur la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation. Ce sont des choses qui découlent du fait que des partenaires communautaires nous ont dit : « Cette information est extraordinaire. Ce serait super si nous pouvions aussi obtenir telle ou telle autre information. Ça nous permettrait vraiment de faire avancer la planification. »

Ça permet aux groupes communautaires d'adopter une approche fondée sur des données et qui soit davantage intégrée. Ils ont également ainsi le pouvoir d'obliger le gouvernement à faire la même chose, puisque celui-ci dispose des mêmes renseignements, et je pense que c'est quelque chose de très important.

L'un des principaux avantages des comptes communautaires, c'est que nous avons tous accès à la même information, ce qui nous permet de faire un travail de collaboration qui était plus difficile dans le passé.

Un autre avantage important des comptes communautaires par rapport à la réduction de la pauvreté, c'est qu'ils nous permettent de combler ce que nous jugeons être un grave manque d'information qui serait nécessaire pour comprendre le phénomène de la pauvreté dans notre province. À l'heure actuelle, pour ce qui est des mesures globales de la pauvreté, il y a un ensemble de mesures du faible revenu qui proviennent de Statistique Canada, et il s'agit de mesures nationales. Celles-ci ne nous apprennent rien sur la pauvreté à l'échelle communautaire. Elles nous donnent une idée générale de la situation de la province par rapport à celle des autres provinces. Elles ne nous permettent de faire aucune analyse pour déterminer qui exactement vit dans la pauvreté dans notre province. Elles ne nous permettent que d'envisager l'ensemble de la province, et non une région géographique plus petite.

Il est possible d'examiner certaines choses dans la RMR — la région métropolitaine de recensement — de St. John's mais c'est tout. Il est impossible d'examiner un quelconque sous-groupe, parce que cela entraîne des problèmes liés à la taille de l'échantillon et à la fiabilité des données.

Nous pouvons envisager d'autres indicateurs, et c'est ce que nous avons fait, et ça a été utile. Ça nous a permis de prendre des décisions en nous fondant sur des données. Cependant, ça a aussi limité notre capacité de comprendre tous les aspects du problème et de nous assurer d'élaborer les solutions les plus appropriées.

Dans l'application de notre stratégie et dans le processus de perfectionnement de celle-ci, il va être important que nous déterminions ce qui fonctionne dans les différentes régions de la province, ce qui fonctionne dans les différents types de collectivités de la province, ainsi que les difficultés, et aussi les forces. Les comptes communautaires nous permettent d'examiner les deux, mais cette nouvelle mesure va nous permettre d'envisager une mesure de la pauvreté à l'échelle communautaire.

Le travail touchant les comptes communautaires qui a déjà été fait a préparé le terrain et donné au gouvernement la capacité qui va nous permettre de mettre au point la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette mesure va être publiée plus tard au cours de l'année dans les comptes communautaires. Je pense que c'est très important que nous disposions du moyen que sont les comptes communautaires pour la publier, parce qu'elle va ainsi être immédiatement à la disposition de nos partenaires communautaires. Eux aussi pourront étudier plus en détail leurs collectivités, leurs régions et l'ensemble de la province.

Nous devons nous rendre compte du fait que, lorsque nous parlons des gens qui vivent dans la pauvreté et qui sont vulnérables à cet égard, Beaucoup d'entre eux n'ont pas accès à Internet. Quiconque a accès à Internet va avoir accès à cette façon d'envisager la pauvreté, et je pense que cela va nous permettre de mieux comprendre les choses, en ce qui concerne tant l'analyse que nous pouvons effectuer au sein du gouvernement que ce que les collectivités peuvent faire. Les deux choses sont tout aussi importantes l'une que l'autre, parce que nous avons des points de vue différents et que nous pouvons envisager le problème en fonction des compétences qui nous sont propres. Nous allons être en mesure d'examiner cette information à l'échelle communautaire en fonction du type de famille, en fonction de catégories d'âge précises, en fonction du sexe et en fonction de différentes caractéristiques qui vont nous permettre de mieux comprendre de quoi nous avons besoin.

J'aimerais vous donner quelques détails au sujet de la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador. Elle est fondée sur la définition de RHDSC d'un panier de biens et services de base, le genre de choses que tout le monde doit pouvoir se procurer pour avoir un niveau de vie acceptable. On pourrait débattre éternellement du contenu de ce panier — et ce débat a déjà eu lieu. Nous avons utilisé la définition sur laquelle se sont entendus le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces et de territoires, par rapport à ce que devrait contenir ce panier, et nous avons appliqué cette définition à Terre-Neuve-et-Labrador.

Le Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador a été en mesure d'innover à plusieurs égards en faisant cela, et je pense que la chose la plus importante, c'est qu'ils utilisent non pas les données du recensement, mais plutôt les données provenant des déclarations de revenus. C'est ce qui nous permet d'envisager les choses du point de vue des collectivités et des différentes sous-populations. Nous n'avons pas à nous inquiéter des erreurs liées à l'échantillon ou à la taille de celui-ci.

De plus, les coûts établis correspondent davantage à la situation dans la province que dans le cas de la mesure nationale, qui ne définit en quelque sorte que des coûts régionaux et ne permet pas de tenir compte de la plupart des différences au chapitre des coûts dans notre province. Nous savons qu'il y a des différences importantes, quant au coût de certaines choses, entre le Labrador ou St. John's et certaines autres collectivités de notre province. Cela va nous permettre de présenter dans les comptes communautaires des données sur l'incidence, l'ampleur et la gravité de la pauvreté, ainsi que sa persistance, à l'échelle communautaire en fonction de ces différentes sous-populations. Ça peut être un outil important pour ce qui est de fournir des données avec lesquelles travailler, et ça va aussi beaucoup améliorer notre capacité de faire état des progrès réalisés. C'est donc quelque chose que je vois comme étant une réelle amélioration des comptes communautaires et comme un outil vraiment important pour l'application de la Stratégie de la réduction de la pauvreté. Sans les comptes communautaires, nous n'aurions pas pu mettre au point cette mesure, et nous n'aurions pas de moyens de diffuser cette mesure auprès de nos partenaires communautaires.

J'aimerais dire quelque chose au sujet de certaines observations qui ont été formulées hier au sujet de la façon dont les comptes communautaires ont donné lieu à l'établissement de priorités au sein du gouvernement, ainsi que du rôle qu'ils ont joué dans l'élaboration de différentes stratégies. Au sujet de la réduction de la pauvreté, on a parlé du bien- être. Je sais qu'Eleanor vous a présenté un exposé après la séance.

Pour ce qui est de la pauvreté en soi, l'engagement à s'attaquer au problème de la pauvreté a été une promesse électorale que le Parti progressiste conservateur a faite pendant la campagne de 2003. Plus précisément, le parti s'est engagé, une fois au pouvoir, à faire en dix ans de la province où la pauvreté était le plus répandue, Terre-Neuve-et- Labrador, celle où elle le serait le moins. Ce n'est pourtant pas quelque chose qui est ressorti des comptes communautaires.

Cela dit, c'est la même idée qui a orienté l'élaboration des comptes communautaires dans la façon dont ils sont présentés et l'approche que nous avons adoptée pour ce qui est de la réduction de la pauvreté, c'est-à-dire une approche qui tient compte du fait que différents éléments sont interdépendants — ce qui est une chose très importante. C'est l'idée qui est derrière tout notre travail et qui l'oriente.

Joy a expliqué que le personnel du ministère utilise régulièrement les comptes communautaires dans le cadre de l'élaboration des programmes et des politiques. C'est certainement aussi vrai de la division de la Stratégie de réduction de la pauvreté ainsi que de tous les ministères partenaires, le ministère de la Santé et des Services communautaires étant assurément l'un de ceux-ci.

Dans notre division, nous utilisions les comptes communautaires comme moyen rapide de définir le problème et de faire du travail d'analyse. Nous finissions la plupart du temps par remonter jusqu'à la source de données initiale, tout simplement pour obtenir les données les plus récentes. Si, par exemple, nous examinions le Soutien du revenu et que nous souhaitions examiner la situation des chefs de famille monoparentale qui bénéficient du soutien du revenu, nous pouvions utiliser rapidement les comptes communautaires pour prendre connaissance de cette situation dans les différentes collectivités. Je pense que les données sur le Soutien du revenu que nous avons dans les comptes communautaires en ce moment sont des données de 2006, tandis que, à mon ministère, je peux obtenir les données du mois dernier d'une source administrative.

La raison pour laquelle je vous donne cet exemple, c'est qu'il me ramène à une question que le sénateur Cook a posée hier au sujet des problèmes auxquels on fait face pour ce qui est de l'existence de données et d'autres problèmes connexes. Il est clair que le fait d'obtenir des données en temps opportun est l'un de ces problèmes, et, dans certains cas, c'est un problème qu'il est tout à fait impossible d'éviter.

Pour tout ce qui est fondé sur les données des déclarations de revenus, par exemple, ce sont toujours des données qui datent d'un an et demi au moins, et c'est la nature du système de déclaration de revenus, c'est tout. Vous avez jusqu'au mois d'avril suivant la période de déclaration pour produire votre déclaration, puis celle-ci doit être traitée, et les données doivent être organisées de façon que les gens puissent les utiliser.

C'est à peu près la même chose pour ce qui est des données du recensement et de sondage. Il y a deux semaines, par exemple, Statistique Canada a publié les données relatives au seuil de faible revenu ou SFR pour l'année 2006. Jusque- là, nous travaillions avec les données sur 2005, et nous sommes en 2008. Ce n'est pas un problème qui touche uniquement les comptes communautaires. Notre province passe par une période de changement si rapide pour ce qui est de notre économie et d'autres facteurs sociaux, que, lorsqu'on examine les données de 2005 ou même les données de 2006, la situation semble passablement différente. Une partie des données du recensement datent de 2001. Nous sommes dans une situation qui est assez différente de celle où nous nous trouvions en 2001.

Ainsi, l'un des problèmes réels qui touchent l'utilisation des comptes communautaires, c'est que, dans certains cas, les données datent. Elles ne reflètent plus la réalité. C'est un problème avec lequel nous sommes toujours aux prises. Nous utilisons les meilleures données possibles. Nous voulons partager les données et nous voulons faire en sorte de tous utiliser les mêmes données, au gouvernement ou ailleurs. Dans certains cas, ce n'est cependant pas possible, parce qu'il faut que nous utilisions l'information le plus à jour possible.

Un autre problème, c'est le coût des données. Nous devons payer les données que nous obtenons de Statistique Canada, et, pour des motifs de confidentialité, il faut dans certains cas que nous payions l'organisation pour un travail supplémentaire sur ces données. Je pense par exemple à la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador, et nous allons devoir payer Statistique Canada chaque année pour obtenir ces données. Chaque année, nous allons verser une certaine somme à l'organisation pour qu'elle traite ces données et pour qu'elle nous les présente organisées en fonction des collectivités, parce que, pour des raisons de confidentialité, nous ne pouvons faire ce travail nous-mêmes. Ce travail de mise en correspondance doit se faire à Statistique Canada, et pour de bonnes raisons.

Pour ce qui est des autres renseignements que nous voulons voir dans les comptes communautaires, les coûts permanents posent problème, parce que ce n'est pas comme si ces coûts devaient être payés une seule fois. C'est quelque chose que nous devons payer une fois par année. Plus nous ajoutons d'éléments, plus les coûts vont être élevés. C'est une chose dont il est important d'être conscient, puisqu'on envisage d'appliquer ce modèle à plus grande échelle, parce qu'il y a assurément d'autres choses que j'aimerais voir dans les comptes communautaires, mais ce n'est pas gratuit. En plus du coût d'acquisition des données, il y a le temps dont notre propre personnel a besoin pour effectuer ce travail, entre autres, par l'intermédiaire du Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador.

Un autre problème qui se pose, dans une petite province comme la nôtre, c'est la taille des échantillons utilisés dans les enquêtes nationales. J'en ai parlé tout à l'heure, mais c'est particulièrement vrai lorsque nous utilisons les données d'enquête pour la population en général pour étudier la situation de sous-population, et c'est vrai de toutes les mesures du faible revenu de Statistique Canada. Celles-ci sont toutes fondées sur les données des enquêtes sur la population en général, desquelles on tire les données sur les personnes dont le revenu est faible, et c'est la situation de ces gens que nous voulons étudier. Dans une province comme la nôtre, même si l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, qui est l'enquête utilisée, est fondée sur un échantillon robuste, même si on dit que 20 p. 100 de la population ont un revenu faible, lorsqu'on commence à répartir les données en fonction de la situation familiale ou d'autres choses, le nombre de personnes devient insuffisant, et l'échantillon n'est plus représentatif. C'est un autre obstacle à notre capacité d'utiliser des données existantes.

Il y a une dernière chose dont je voulais parler au chapitre des problèmes, un problème dont le ministre Skinner a parlé hier, et c'est celui de l'accès à Internet dans la province. À Terre-Neuve-et-Labrador, il y a des collectivités où la seule façon d'accéder à Internet, c'est par accès commuté, ce qui est trop lent pour consulter les comptes communautaires. Même si cet accès n'était pas aussi lent, ce serait quand même un moyen très coûteux d'accéder à Internet. Nous devons garder en tête le fait que ce n'est pas tout le monde qui a accès à cet outil. Même dans les régions où les gens peuvent avoir accès à Internet, même ici à St. John's, il y a beaucoup de gens qui soit ne peuvent y avoir accès, soit ne sont pas à l'aise lorsqu'il s'agit de travailler avec un ordinateur, à cause de leur faible degré de scolarité et autres choses du genre, c'est-à-dire les problèmes habituels. Nous devons quand même nous assurer de trouver d'autres moyens de communication et de diffusion de l'information.

J'aimerais terminer sur une note positive, cependant, maintenant que j'ai énuméré certains des problèmes qui se posent. Les comptes communautaires et l'expertise et la capacité dont le Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et- Labrador s'est doté offrent un excellent moyen de combler les lacunes en matière d'information. La mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador en est un excellent exemple. Cet outil est plus élaboré que n'importe quel outil utilisé dans le monde au chapitre des données sur la pauvreté à l'échelle communautaire, données qu'on peut organiser en fonction d'à peu près n'importe quelle sous-population et qui vont être suffisamment complètes pour permettre d'examiner l'ampleur, la gravité et la persistance de la pauvreté lorsque nous aurons fait ce qu'il faut faire pour recueillir toutes ces données.

En diffusant largement cette information — les comptes communautaires sont le meilleur moyen de diffusion; malgré les limites et les problèmes qui se posent, il n'y en n'a pas de meilleur —, je sais que nous allons continuer d'affiner les mesures et de travailler à mieux comprendre la question de la pauvreté dans la province, ce qui nous permettra de trouver de nouvelles solutions créatives à ce problème. Pour moi, cette innovation est une étape réellement importante de l'évolution des comptes communautaires, ainsi qu'un outil vraiment important pour la poursuite de notre travail de prévention, de réduction et d'atténuation de la pauvreté.

Je veux juste revenir sur la discussion d'hier, c'est-à-dire sur le fait d'adopter une approche axée sur la santé de la population. Lorsque nous parlons de la réduction de la pauvreté, nous parlons des déterminants sociaux de la santé, et cet outil va vraiment nous permettre de faire cela avec les meilleures données possibles.

Le président : Merci, Aisling.

Gerald?

Gerald Crane, directeur du Partenariat rural canadien, Recherche et analyse rurales, Secrétariat rural, conseil exécutif : Je veux commencer par prendre 30 secondes pour vous dire ce que notre organisation fait et pourquoi je suis ici ce matin.

Le Secrétariat rural est une organisation relativement nouvelle au sein du gouvernement. Il a été créé en 2004, à la suite de l'élection du premier ministre Williams en 2003. On a écrit beaucoup de choses à notre sujet, mais, en une phrase, notre rôle consiste à nous assurer que le gouvernement tient compte des besoins des régions et des zones rurales de la province, ainsi que des répercussions sur ces zones, ce à quoi les gens qui y vivent sont confrontés, lorsqu'il prend des décisions relatives aux politiques et aux programmes, lorsqu'il investit dans les infrastructures, lorsqu'il entreprend de grandes initiatives comme la Stratégie de réduction de la pauvreté, qui est une stratégie à grande échelle que nous sommes en train d'appliquer, ainsi que lorsqu'il met au point d'autres stratégies.

Nous faisons principalement cela de deux façons. Nous le faisons au sein du gouvernement, dans le cadre de collaboration avec d'autres ministères, et notamment avec les gens qui s'occupent de la Stratégie de réduction de la pauvreté et de nombreux autres intervenants, et nous le faisons à l'extérieur du gouvernement en sollicitant la participation des citoyens. C'est de la participation des citoyens que je veux parler ce matin. En gros, je veux parler dans mon exposé des avantages que comportent les comptes communautaires pour les citoyens de la province, et plus particulièrement ceux qui vivent dans les régions rurales de celles-ci.

Nous travaillons avec des groupes de citoyens et d'intervenants ainsi qu'avec différents autres groupes d'intérêt à renforcer leur capacité de contribuer aux débats publics que tient le gouvernement, ainsi qu'à les aider à donner des suggestions et des conseils au gouvernement quant aux processus décisionnels. C'est facile à dire, mais c'est assez difficile à faire. C'est un travail à long terme. C'est un travail qui exige beaucoup de patience, beaucoup d'énergie et beaucoup de temps. Ce travail exige également l'établissement d'un lien de confiance avec les citoyens.

Nous avons décidé de renforcer cette capacité et cette confiance des citoyens et par les citoyens en leur parlant d'eux d'une façon qui leur permette de se reconnaître, avec beaucoup de données à l'appui. Les comptes communautaires ont été l'un des principaux moyens qui nous ont permis de faire cela, et je peux vous dire que notre travail n'aurait pas été aussi efficace sans les comptes communautaires et différents autres outils axés sur des données que le Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador et d'autres organisations nous fournissent.

Tous les habitants de la province, qu'ils vivent en région rurale, en région urbaine, où que ce soit, ont ressenti les changements économiques, démographiques, sociaux et liés au marché du travail qui ont cours — et probablement dans cet ordre pour beaucoup de gens. Les facteurs de changement sont bien connus, et je ne vais pas en parler ce matin. Vous ne serez pas surpris si je vous dis que ces changements vont probablement se poursuivre et que les régions rurales, en particulier, vont probablement continuer d'en ressentir les effets.

Ce qui est important pour nous, c'est la façon de décrire ces changements, la façon d'en parler pour que les gens puissent s'y retrouver. Nous utilisons les comptes pour parler des moteurs du changement qui touchent les régions, les collectivités, les groupes d'intérêt, les entreprises, les citoyens et tous les autres intervenants. En un sens, nous utilisons les mêmes données que Joy; nous utilisons les mêmes données qu'Aisling. Ce qui nous distingue, ce n'est pas ce que nous utilisons. Ce qui nous distingue, c'est la façon dont nous utilisons ces données et ce sur quoi nous mettons l'accent.

L'idée que je veux communiquer ici aux citoyens, c'est que les comptes peuvent être utilisés de toutes sortes de façons. La santé des populations en est une, et je vais en énumérer quelques autres tout à l'heure. Les comptes communautaires servent à toutes sortes de choses de toutes sortes de manière.

Pourquoi faisons-nous ça? Pourquoi empruntons-nous la voie quantitative? Pourquoi consacrons-nous temps et énergie à cela? Au fond, les citoyens savent sans qu'on ait besoin de leur dire que des changements sont en train de se produire. Ils sont nombreux à avoir besoin d'une raison pour embrasser ces changements. De façon générale, les gens n'aiment pas le changement, ils ont tendance à le rejeter. Ce que nous voulons faire, c'est essayer de les amener à l'embrasser. Nous utilisons des expressions comme provoquer le changement, réagir au changement, comprendre le changement, s'y adapter et en tirer parti. Pourquoi? Parce que nous pensons que c'est une bonne chose d'aider les citoyens à influencer le processus décisionnel du gouvernement. J'en ai parlé tout à l'heure, je pense que c'est quelque chose de très important. Nous voulons permettre aux citoyens de s'exprimer et de donner des suggestions au gouvernement. À l'heure actuelle, beaucoup de citoyens n'ont pas l'impression de pouvoir s'exprimer.

Je veux dire deux ou trois choses là-dessus. Je vais parler en termes très généraux, et mon intention n'est pas de stéréotyper le citoyen par rapport au groupe ou par rapport à quiconque. D'après mon expérience, les groupes d'intérêt ont généralement une capacité plus importante, plus de financement, plus d'expertise et sont mieux placés pour comprendre le processus décisionnel du gouvernement et pour y contribuer et y participer. Ils ont fait valoir une position aux yeux du gouvernement; ils ont la capacité de le faire.

Les citoyens individuels, les gens ordinaires, ont généralement une moins grande capacité de participer à ce processus. Pourquoi en est-il ainsi? Parce qu'ils ont tendance à être plus passifs. Parce qu'ils n'ont pas le temps de le faire. Souvent, ils ne contribuent pas autant au processus que les intervenants, mais les décisions du gouvernement ont des répercussions de même ampleur sur eux que sur les groupes d'intérêt. Ils ont besoin de conseils pour être en mesure de contribuer au processus.

Ce à quoi nous avons affaire, c'est donc pratiquement à un manque de connaissance, et ce que nous devons faire, c'est de combler ce manque pour rendre les règles du jeu équitables. Nous voyons et utilisons les comptes communautaires comme un moyen de rendre les règles du jeu équitables. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne pense pas que notre travail serait aussi efficace sans cet outil.

Je veux dire trois choses au sujet des comptes dans ce petit exposé que je suis en train de vous présenter. La première, c'est que la plate-forme des comptes communautaires et la technologie utilisée sont essentielles au bon déroulement du processus, mais insuffisantes. Joy en parle elle aussi dans ses notes. Ce qui est tout aussi important dans ce processus, c'est l'élément humain, la capacité du personnel du Bureau de la statistique, les usagers qualifiés, de notre personnel et du personnel d'autres organisations, d'autres usagers au sein du gouvernement et à l'extérieur de celui-ci de prendre ces données et d'en faire quelque chose de tangible aux yeux des gens, de les prendre et de les rendre vivantes, c'est-à-dire d'interpréter les données pour les gens. Sans cet élément, selon moi, les comptes communautaires n'auraient pas eu l'effet qu'ils ont eu au cours des dix dernières années.

Les gouvernements aussi tirent parti de tout ce processus. Lorsque les citoyens sont prêts à offrir leur appui, qu'ils connaissent les dossiers et qu'ils comprennent le contexte dans lequel les décisions sont prises, cela permet d'instaurer de meilleurs processus décisionnels et de prendre de meilleures décisions.

Il y a un autre avantage qui découle de cela, et c'est la deuxième chose dont je voulais parler : la possibilité pour les comptes de permettre la pollinisation croisée des données. Ce qu'Al Hollett et son équipe diraient, c'est que les usagers d'un domaine peuvent apprendre des choses en examinant les données d'autres domaines. Deux ou trois brefs exemples : les enseignants peuvent examiner les données qui ont trait à la santé, et les usagers du domaine de la santé comme Joy peuvent jeter un coup d'œil sur les données relatives à l'éducation. Les administrateurs municipaux peuvent examiner les données sur le revenu. Les gens qui s'occupent des questions de croissance économique à l'échelle régionale peuvent examiner les données démographiques ou puiser des données à d'autres sources. Je pense que quelqu'un va en parler tout à l'heure. La GRC et d'autres organisations peuvent se pencher sur les données relatives à l'éducation, à la santé et au revenu, entre autres. La capacité des usagers d'un domaine, des spécialistes d'un domaine, de prendre ces données et de les appliquer à différents autres domaines est un élément essentiel au succès des comptes. J'ai l'impression que, dans certains cas, c'est quelque chose qui s'est produit spontanément, qui n'était probablement pas prévu, mais c'est un excellent résultat qui découle de l'utilisation des comptes communautaires.

Une expression qu'on utilise assez souvent pour parler des outils de diffusion, c'est : « les données deviennent des renseignements qui deviennent des connaissances ». C'est une expression qui semble avoir une grande portée. Elle est simple. L'une des questions qui nous viennent toujours à l'esprit, c'est la suivante : qu'est-ce que cette expression signifie? Qui vise-t-elle? Où mène-t-elle?

À mon avis, c'est un énoncé totalement erroné, mais il y a beaucoup de gens qui peuvent voir les comptes comme un moyen simple d'afficher dans un site Web des données de 15, 20, 30 domaines, 50 ensembles de données et 5 000 chiffres et s'attendre à ce que les citoyens ordinaires, les citoyens individuels, jettent un coup d'œil sur tout cela et arrivent à y donner un sens et à interpréter les données. C'est un point de vue qui, selon moi, est très simpliste et qui n'est pas juste. La chose la plus importante, pour moi et pour notre organisation, c'est la façon dont nous nous y prenons pour stimuler l'intérêt pour ces données des citoyens individuels. Aisling en a parlé un peu dans son exposé. Essentiellement, comment souhaitons-nous stimuler l'intérêt des citoyens et les pousser à examiner ces données?

La troisième et dernière chose que je veux dire, c'est qu'il faut donner aux citoyens une raison de jeter un coup d'œil sur les chiffres, sur les données, et d'être en mesure d'interpréter les données et d'y consacrer le temps et l'énergie nécessaires. Ici, comme ailleurs dans bien des cas, nous avons recours à des cadres conceptuels. Ce que nous voulons faire, c'est mettre en place un moyen très simple de joindre les citoyens et de leur expliquer que c'est quelque chose d'important, quelque chose de sensé, qui a une incidence sur leur vie et qui, selon nous, peut avoir une influence sur les processus décisionnels du gouvernement. Voici les chiffres à l'appui de cette affirmation. Voici les données. Voici comment vous pouvez utiliser les chiffres selon nous. Ces cadres sont essentiels pour ce qui est de permettre aux citoyens de comprendre pourquoi les données sont importantes et pourquoi certaines décisions sont prises, et je pense que c'est une idée qu'il ne faut pas négliger.

J'aimerais parler brièvement du cadre conceptuel que nous utilisons, parce que celui-ci ne répond pas vraiment aux besoins ni ne s'applique à la santé des populations à un certain niveau, mais il le fait cependant à différents autres niveaux. Nous essayons d'expliquer très simplement aux citoyens qu'ils disposent d'atouts sur le terrain, ce que nous appelons des atouts régionaux. Comment faire pour transformer ces atouts en possibilités pour donner aux gens le choix de vivre dans la petite collectivité X ou Y, plutôt qu'à St. John's, Toronto ou Fort McMurray. Comme je disais, les données sont en bonne partie les mêmes que dans le cas du modèle de la santé des populations, mais l'endroit où l'accent est mis varie en fonction du lieu où vivent les citoyens auxquels nous nous adressons.

Dans le haut de notre modèle, nous disons que notre travail vise trois objectifs stratégiques, ce que les citoyens veulent et ce qu'ils nous ont dit. Ils veulent qu'on assure la durabilité régionale. Ils veulent pouvoir vivre au même endroit pendant 5, 10 ou 15 ans, que ce soit une petite collectivité, comme je disais, ou une collectivité de taille plus importante. Activité économique, emplois et revenu sont des éléments essentiels au bon déroulement du processus. La durabilité démographique — et quiconque connaît notre province sait que nous vivons des changements démographiques rapides — est une chose importante.

À l'opposé, il y a des atouts régionaux, et il s'agit grosso modo de ce que les gens peuvent utiliser sur le terrain. Les atouts régionaux sont des choses comme le capital matériel ou l'infrastructure, le capital humain, le capital financier, le capital naturel ou les ressources naturelles et le capital social qui existent. Le défi qui se pose pour nous et pour les citoyens, c'est de transformer ces cinq atouts régionaux en possibilités pour les gens de choisir de vivre, de travailler et de fonder une famille dans leur collectivité.

Dans le cadre du travail que nous effectuons avec les citoyens — et certaines des personnes avec qui nous travaillons sont ici aujourd'hui —, il y a cinq grands thèmes d'orientation qui servent à la transformation des atouts en possibilités. Ces cinq thèmes d'orientation sont les suivants : stimuler la demande en main-d'œuvre ou créer de l'emploi, améliorer l'offre de main-d'œuvre au chapitre des compétences, offrir des programmes publics de grande qualité et investir dans l'infrastructure publique, assurer une bonne gouvernance municipale — n'entendez pas par là que la gouvernance municipale est inadéquate à l'heure actuelle — et renforcer le leadership communautaire. Évidemment, le fil conducteur de tout cela, c'est que les jeunes jouent un rôle important dans ces collectivités, vu l'évolution rapide de notre situation démographique.

Il s'agit d'un modèle très simple. Les sénateurs qui ont le document de mon exposé devant eux trouveront dans celui- ci une représentation visuelle de ce modèle. Celui-ci a l'air simple. Il ne semble pas poser de problème. Il peut rapidement devenir difficile à appliquer. Il peut rapidement devenir complexe. On peut ajouter beaucoup plus de cases dans un modèle. On peut tracer beaucoup de flèches vers la gauche, vers la droite et vers le centre. L'idée que nous voulons vous transmettre, c'est : ne rendez pas le modèle compliqué. Ne rendez pas le processus compliqué. Faites en sorte que ça demeure simple. Établissez un modèle qui dit quelque chose aux citoyens. Montrez-leur les questions qui sont importantes pour eux, dans leurs régions, puis intégrez des données au modèle. Intégrez au modèle des choses et de l'information quantitative qui permettent aux citoyens de s'y reconnaître, et montrez-leur qu'ils ont un rôle à jouer pour que leur collectivité et leur gouvernement leur viennent en aide.

En quoi les comptes communautaires nous sont-ils utiles à cet égard? Si vous prenez les cinq thèmes d'orientation que j'ai cités — les emplois, les compétences, les programmes publics, la gouvernance municipale et le leadership communautaire —, et il y a des données sur tout cela dans les comptes communautaires. Cela permet aux gens de prendre connaissance de la situation de leur collectivité, de leur région, et, dans certains cas, de leur quartier, et ils peuvent voir comment ils s'en tirent, comment leur situation se compare à celle des autres collectivités, et comment cette comparaison évolue avec le temps.

Pourquoi tout cela est-il important? Pourquoi est-ce que j'en parle? Je veux citer une phrase qu'Al Hollett répète de temps à autre. C'est une phrase qui résume ce que sont les comptes communautaires. La voici : « Les comptes communautaires nous permettent de débattre des questions avec les citoyens, et non de débattre des chiffres. » Il nous est arrivé souvent, comme Aisling l'a dit tout à l'heure, de débattre des chiffres avec les citoyens. Qui a le bon chiffre? Qui n'a pas le bon chiffre? Nous utilisons notre énergie et notre temps pour essayer de déterminer si tel ou tel chiffre était le bon. Dans bien des cas, nous n'avons plus ce problème, grâce aux comptes. En ce moment, nous débattons des questions; nous ne débattons pas des chiffres.

Je veux laisser les autres témoins parler, mais je veux simplement vous donner quelques exemples de cas très rapidement. Je ne vais pas entrer dans le détail. Beaucoup d'usagers locaux avec qui nous travaillons dans la province utilisent des comptes communautaires pour toutes sortes d'autres raisons que pour étudier la santé des populations et les déterminants de la santé, qui sont des choses importantes. Ces usagers consultent les CC pour essayer de comprendre les pénuries qui touchent le marché du travail local ou régional. Ils les consultent pour se faire une idée de l'évolution du marché du travail, de la situation de l'emploi saisonnier, ainsi que de l'évolution de la dynamique du marché du travail. Ils consultent aussi les CC pour comprendre certains changements démographiques. L'une des choses dont on entend parler ces temps-ci, c'est la compréhension de la gouvernance municipale et de la planification régionale dans le contexte municipal. Je pense que ça va devenir un domaine à part entière au cours des années qui viennent.

Le dernier élément dont je veux parler est essentiel, et il s'agit de la compréhension de l'évolution de la demande en services publics à l'échelle régionale en fonction des changements démographiques en cours. Ce dont nous sommes témoins en ce moment, dans bien des cas, c'est le passage rapide de la prestation d'un programme d'éducation de la maternelle à la 12e année vers la prestation de soins de santé aux aînés. C'est un énoncé simple, et il y a de nombreux éléments complexes qui l'entourent, mais le processus par lequel nous faisons cela, le fait de renforcer les connaissances des citoyens et de leur permettre de comprendre et d'appuyer ce processus, est une chose essentielle pour l'avenir.

Je veux conclure en résumant les trois idées que je vous ai présentées.

Premièrement, c'est l'élément humain qui rend les données vivantes, et je travaille beaucoup avec les données. C'est une matière qui est aride. La clé, c'est de ne pas regarder des chiffres. La clé, c'est d'interpréter les chiffres et de rendre les données vivantes, et l'élément humain est essentiel à ce processus.

Deuxièmement, la pollinisation croisée des données, comme j'appelle cela, permet d'apprendre des choses et d'acquérir des connaissances. Comme je le disais, dans certains cas, ce n'était pas prévu, mais c'est quelque chose qui est devenu précieux avec le temps. La troisième idée, bien sûr, c'est que des cadres conceptuels simples et qui disent quelque chose aux citoyens sont un outil puissant. Il faut donner aux citoyens une raison d'examiner les données. Il faut leur permettre de se reconnaître dans ces données, et c'est ainsi qu'on rend le processus beaucoup plus efficace.

La dernière chose que je veux dire, c'est que les comptes communautaires nous ont permis de solliciter la participation des citoyens et de remettre en question leurs perceptions et leurs idées préconçues au sujet du gouvernement, au sujet de ce qui se passe autour d'eux, d'une façon très honnête et directe. Ce à quoi nous participons ici, c'est à un changement culturel quant à la façon dont le gouvernement réfléchit, quant à la façon dont les citoyens réfléchissent et quant à la façon dont nous sollicitons la participation des citoyens et dont nous travaillons avec eux comme gouvernement. Je pense que, à long terme, que ce soit dans cinq ou dix ans, les comptes communautaires vont se révéler être un avantage sur le plan des processus décisionnels, mais ce changement culturel va être un changement pour la société qui, je l'espère, doit nous permettre de faire beaucoup de progrès dans les régions rurales et dans les régions urbaines.

Le président : Merci beaucoup, Gerald.

Sergent Ross.

Sergent Doug Ross, sous-officier responsable, GRC, Planification générale et services à la clientèle, Terre-Neuve-et- Labrador : Monsieur le président, sénateurs, merci beaucoup de m'avoir invité à participer à la présente tribune. Je suis membre de la Gendarmerie royale du Canada depuis 15 ans, et j'ai passé les 11 premières années à offrir des services de première ligne dans l'ensemble de la province ainsi que dans la province de la Nouvelle-Écosse pendant trois ans. Depuis quatre ans, je travaille comme analyste de la planification responsable de la planification stratégique des services à la clientèle de la GRC à Terre-Neuve-et-Labrador. Dans le cadre de mes fonctions, j'ai eu l'occasion d'écouter un exposé des représentants du Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador sur un projet auquel ils travaillaient et qui portait le nom de comptes communautaires.

Comme vous le savez, les comptes communautaires sont un système d'information novateur qui offre aux citoyens et décideurs une source unique et complète de données et d'indicateurs sociaux, économiques et sur la santé qui, sans ce système, ne seraient pas immédiatement accessibles. Les gens du Bureau étaient intéressés à donner de l'ampleur à leur projet en incluant une composante sur la justice et la sécurité. Je me suis immédiatement aperçu qu'il serait possible d'établir une relation dont les deux parties tireraient avantage. L'ajout d'une composante sur la justice permettrait aux employés, à la population et au gouvernement de récupérer différents ensembles de données et d'indicateurs ainsi que des statistiques liées à la justice et au crime en fonction de différentes zones pour les 400 collectivités de la province, notamment les 80 subdivisions de recensement, les 20 zones de développement économique et la province en entier.

L'information qu'il est actuellement possible de récupérer pour les régions du Secrétariat rural, pour les régions desservies par les régies de la santé, pour les arrondissements scolaires et pour les régions de Développement des ressources humaines Canada pourrait également être récupérable en fonction des zones desservies par nos services de maintien de l'ordre.

Pour le compte de la section de Terre-Neuve-et-Labrador de la GRC, j'ai travaillé en collaboration avec le Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et-Labrador à l'élaboration d'un PE permettant l'échange de données avec celui-ci. J'ai travaillé avec les gens du Bureau à rédiger une justification et les documents à l'appui du projet, et j'ai participé à une série de réunions et de téléconférences à l'issue desquelles le Bureau a reçu du financement dans le cadre de l'Initiative nationale de prévention du crime. Grâce à ce financement, le Bureau a embauché du personnel et a saisi des données et a travaillé avec la GRC à la conversion de nos données pour en permettre l'utilisation pendant deux ans, en 2003-2004. Grosso modo, ils ont pris toutes nos données relatives au crime pour la province, jusqu'à l'échelle des collectivités, que nous appelons l'échelle des zones, et qui peuvent ne comprendre qu'un seul quartier, et ils les ont converties en données qu'ils pourraient utiliser dans leur site Web.

Une partie des données se trouve toujours sur le serveur du projet, mais, grâce à un effort de collaboration, nous avons été en mesure de faire avancer l'initiative, et nous espérons que les données qui restent pourront être accessibles sur le serveur public à un moment donné. Vu les avantages et les possibilités que ce genre d'outil global pourrait offrir dans le cadre de l'évaluation et de la planification des besoins en matière de maintien de l'ordre et de sécurité publique, et vu le rôle que cet outil pourrait jouer à l'échelle nationale, j'ai porté la question à l'attention de l'équipe du Projet national de l'amélioration des services à la clientèle et du Groupe de travail national sur la priorité stratégique pour les Autochtones. Des représentants de ces deux groupes ont examiné l'outil des comptes communautaires et l'ont trouvé très impressionnant. Compte tenu des exigences relatives aux Autochtones auxquelles la GRC doit se plier, le groupe de travail national a déterminé qu'il serait nécessaire d'utiliser un outil global d'évaluation des collectivités en amont du processus de planification des services aux Autochtones afin de déterminer les besoins en matière de maintien de l'ordre et de sécurité publique, tout en tenant compte des ressources et du soutien accessibles pour les quelque 600 collectivités autochtones du pays où la GRC est chargée du maintien de l'ordre. La seule façon de déterminer où est la demande et où sont les besoins les plus importants, c'est de comparer chacune des collectivités entre elles.

Les représentants du Groupe de travail national sur la priorité pour les Autochtones ont assisté à la séance de formation sur les comptes communautaires qui a lieu ici, à St. John's. Il y a eu par la suite une série de réunions sur les différentes options d'utilisation des comptes communautaires comme outil national à l'appui de la réalisation de la priorité stratégique nationale en matière de maintien de l'ordre concernant les Autochtones.

Il y a quelques semaines, on m'a demandé de participer au débat que nous tenons aujourd'hui. C'était comme un message publicitaire pour un téléphone cellulaire. Je parlais au téléphone cellulaire avec Alton, mais j'ai accepté de participer à la séance du comité sans vraiment avoir tous les détails. J'étais très enthousiaste et passionné au sujet du projet et des avantages pour les collectivités ainsi que pour la GRC, dans la province. J'ai tout de suite accepté l'invitation de témoigner devant le groupe, sans trop poser de questions.

Ce n'est que lorsque j'ai reçu une lettre de la part du personnel du comité que je me suis aperçu que j'avais en fait accepté de témoigner devant un sous-comité sur la santé des populations. J'ai été un peu surpris lorsque j'ai appris quel était l'objet de la réunion, vu que je n'ai de l'expérience que dans la planification des services de police et de maintien de l'ordre. Pour me préparer à la séance d'aujourd'hui, j'ai fait des recherches sur le comité, sur son rôle et sur les différents témoins qui ont comparé devant celui-ci.

Ce qui m'est apparu comme étant très clair dans le cadre de ces recherches, ce sont les ressemblances qui existent entre la prévention du crime et la prévention des maladies. J'ai écrit une petite fable que je pensais réciter aujourd'hui, mais plutôt que de la lire, je vais simplement en parler. Je pense que bon nombre d'entre vous l'avez probablement déjà entendue. C'est ce que j'appelle l'Histoire de la rivière; peut-être avez-vous déjà entendu ce titre. Ce qui est assez intéressant, c'est que j'ai utilisé cette histoire lorsque j'ai présenté des exposés dans les collectivités pour essayer d'expliquer aux gens l'importance de participer aux initiatives communautaires de prévention du crime organisé dans les services de maintien de l'ordre.

En gros, la fable est la suivante : je faisais une promenade un jour et je suis arrivé au bord d'une rivière, et il y avait une personne dans l'eau. Elle criait à l'aide, alors j'ai nagé jusqu'à elle et je l'ai ramenée sur le rivage. Pendant que je procédais à un RCR, j'ai remarqué qu'il y avait une autre personne dans l'eau. Bien entendu, j'ai cessé ce que je faisais et j'ai nagé jusqu'à cette autre personne pour la ramener sur le rivage et tenter de la ranimer elle aussi. Il y avait encore une autre personne dans l'eau, alors d'autres gens sont venus m'aider. Ça a continué ainsi pendant un bout de temps. J'ai ensuite décidé qu'il fallait que je me rende en amont pour voir ce qui se passait exactement et pour voir d'où les personnes qui étaient dans l'eau venaient. J'ai commencé à remonter le cours de la rivière, mais certaines des personnes qui essayaient de réanimer les gens qui avaient été dans l'eau m'ont demandé où j'allais. Je leur ai répondu que je m'en allais en amont. Elles m'ont dit que tous ces gens avaient besoin d'aide, qu'il y en avait encore dans l'eau et qu'il fallait les sauver. Même si ça a été très difficile de laisser derrière moi ces gens qui avaient besoin de mon aide, je suis quand même allé en amont de la rivière. J'y ai découvert que les gens se retrouvaient dans l'eau parce que quelqu'un les y jetait.

Bien sûr, en remontant la rivière, comme je suis policier, j'ai été capable de m'occuper de la personne qui jetait les gens à l'eau, mais certaines personnes sont demeurées dans l'eau pendant le processus.

Pour remettre cela dans le contexte de notre discussion, il est clair qu'il y a un lien à faire avec la prévention des maladies et la prévention du crime. Nous nous occupons parfois tellement de ce qui découle d'un problème qu'il est très difficile pour nous de voir ce qui se passe en amont. Le fait de me préparer pour la présente séance a engendré deux ou trois choses. Cela m'a permis de découvrir les ressemblances importantes qui existent entre la prévention des maladies et la prévention du crime, mais ça m'a aussi permis de revenir sur les comptes communautaires et sur le rôle important qu'ils jouent par rapport au fait de voir ce qui se passe en amont. Je pense que les comptes communautaires sont un outil qui peut nous aider à voir ce qui se passe en amont et à comprendre les causes des phénomènes, puis à cibler les collectivités où la demande et les besoins sont le plus élevés, pour ainsi obtenir le plus de résultats possible de la façon la plus efficace possible, en fonction des ressources accessibles.

J'aimerais simplement ajouter quelques éléments aux observations formulées par les témoins précédents — et j'ai pris des notes. C'est super de participer à un événement du genre, parce qu'on repart avec toutes sortes d'idées extraordinaires. Si ce que j'ai dit ne vous permet pas de repartir avec des idées extraordinaires, pour ma part, je n'aurai pas perdu mon temps, parce que j'ai noté toutes sortes d'idées extraordinaires qu'ont formulées les témoins précédents.

J'aimerais dire quelques mots au sujet des observations formulées par Mme Maddigan au sujet de la cartographie. Les comptes communautaires nous ont offert toutes sortes d'avantages. Le recours à ces comptes a eu pour effet d'établir les frontières de toutes les zones de notre province, et grâce à cela, nous avons été en mesure de prendre tous les ensembles de données qui figurent dans ces comptes aujourd'hui et de récupérer ces données en fonction des différentes zones de notre province, notamment des territoires des services de maintien de l'ordre. De plus, nous avons pu nous faire une idée du genre d'infrastructure qui existe, du genre de partenaires auxquels nous pouvons avoir recours, du genre d'outils de soutien qui existent à tous les niveaux, des petites collectivités rurales aux grandes zones où nous sommes chargés du maintien de l'ordre.

Par ailleurs, pour ajouter quelque chose à ce qui a été dit sur le personnel des comptes communautaires, nous, les analystes de la planification, avons parfois tendance à rendre les choses trop compliquées. L'une des contributions extraordinaires d'Alton et de son équipe, selon moi, c'est une approche très pragmatique et pleine de bon sens, une approche très intéressante non seulement pour la population, mais également pour les gestionnaires principaux à qui je dois fournir certaines de ces données.

Par ailleurs, Mme Gogan a dit certaines choses au sujet des paniers de biens et elle a soulevé certaines questions en rapport avec le degré d'éloignement. Ce sont des facteurs qui ont une incidence importance sur notre organisation. J'ai utilisé les indicateurs d'éloignement des comptes communautaires pour tenter de résoudre certains de nos problèmes uniques au chapitre de la dotation dans certains de nos bureaux éloignés et pour établir les indemnités que nous offrons à nos employés en fonction du degré d'éloignement. Ainsi, cet organisme extérieur et impartial est en mesure d'offrir une perspective en quelque sorte objective sur certaines de ces choses qui vont être liées à la rémunération des employés.

Je veux également dire quelque chose au sujet de l'exposé de M. Crane. La prestation de services dans certaines collectivités rurales pose certains problèmes uniques. Ce phénomène est amplifié dans une certaine mesure par le fait que les ressources et plus particulièrement les ressources supplémentaires, ont tendance à être accordées surtout aux grands centres, et c'est un problème auquel nous sommes confrontés pour ce qui est du maintien de l'ordre dans la vaste majorité des collectivités rurales de la province. Un outil comme celui-ci nous aide donc vraiment à expliquer les problèmes auxquels nous sommes confrontés au gouvernement provincial, à qui nous fournissons des services de maintien de l'ordre par contrat.

L'un des autres avantages, d'après l'expérience que j'ai pour avoir présenté des exposés au gouvernement provincial et au comité des finances du cabinet provincial, c'est que, si ce sont nos données que nous utilisons, les gens ont tendance à les mettre en doute, parce qu'on peut parfois présenter des données avantageuses pour soi. Cependant, si je cite en note de bas de page des données provenant des comptes communautaires, le groupe cible à qui nous présentons l'exposé accepte immédiatement leur validité.

Pour conclure, je tiens à remercier tout un chacun de l'invitation à comparaître ici. Notre relation avec les comptes communautaires me passionne beaucoup. Ma seule réserve, c'est que, probablement en raison de la capacité de la GRC d'engager d'autres ressources dans ce domaine, les choses n'ont pas progressé autant qu'Alton et moi-même l'aurions souhaité.

Le président : C'est nous qui vous remercions. Ce serait tellement simple, si, collectivement, nous pouvions atteindre ce but. L'objectif, c'est de faire passer les gens par le cycle de la vie humaine — et je vais utiliser l'expression tirée des comptes communautaires — dans le bien-être. Avant de venir ici aujourd'hui, j'aurais dit en bonne santé, mais c'est un peu trop restreint; il faut que les gens vivent dans le bien-être. Il y a le vieil adage selon lequel il faut un village pour élever un enfant; cependant, il n'y a plus de village au Canada. Il y a maintenant six grandes métropoles, et de nombreuses villes plus petites, ce qui est une cause, pour vous, les gens du milieu policier, de maux de tête de toutes sortes — y compris ces écoles de taille très imposante qui sont incontrôlables, entre autres. Nous devons trouver le moyen de retourner aux choses concrètes. Comme Joy l'a dit dans son exposé, nous devons trouver le moyen de combiner les soins de santé primaires et les services communautaires et sociaux, et ainsi de suite, mais, ce qui est encore plus important, il faut faire en sorte que la collectivité s'approprie cela et en soit fière, il faut qu'elle bâtisse cela elle- même. C'est ce qui suscite l'enthousiasme pour cet ensemble de données, pour cette méthode.

Je ne voulais pas prendre du temps pour faire un sermon, mais j'essaie de faire en sorte que vous nous disiez tout ce que nous devons savoir.

Nous allons maintenant écouter Lisa Browne, de Clarenville.

Lisa Browne, spécialiste de la planification, Eastern Health : Je n'ai ni fable à vous raconter ni sermon à faire, mais j'ai pensé que ce que je ferais aujourd'hui... d'abord, merci beaucoup de m'avoir invitée. Je suis très heureuse d'être ici. C'est surtout toujours agréable de parler de quelque chose d'aussi positif. C'est assez rare que nous puissions le faire, alors je vous remercie de l'occasion.

J'ai pensé prendre quelques instants pour vous parler de la façon dont j'ai utilisé les comptes communautaires dans le cadre de mes fonctions de spécialiste de la planification à Eastern Health, et également du point de vue de la gouvernance municipale. Je vais également souligner certaines des raisons pour lesquelles les comptes communautaires fonctionnent si bien, selon moi, ainsi que deux ou trois des problèmes qui se posent par rapport à ceux-ci.

Eastern Health est une régie régionale de la santé qui offre un ensemble complet de soins de santé, des services de soins de santé communautaires jusqu'aux services de soins de santé primaires et secondaires, en passant par les services de soins tertiaires, dans notre cas. Comme spécialiste de la planification, j'ai peine à imaginer que je pourrais faire mon travail sans les comptes communautaires. Ils sont à ce point précieux et importants pour moi.

Permettez-moi de vous donner deux ou trois exemples. Commençons par les évaluations des besoins en santé communautaire. Nous venons tout juste de terminer deux évaluations des besoins en santé communautaire dans deux secteurs différents de la région. Nous avons envisagé ces évaluations des besoins dans la perspective des déterminants de la santé. Nous avons pris chacun des déterminants, utilisé surtout l'information contenue dans les comptes communautaires et complété le tout par les renseignements que nous avons obtenus directement dans le cadre d'entrevues auprès des principaux intervenants, de groupes de concertation et d'enquêtes téléphoniques. Comme vous pouvez l'imaginer, nous avons rédigé un document très riche en informations et très complet qui porte sur les besoins de ce secteur.

L'un des secteurs, par exemple, était celui de la péninsule Burin. Si vous jetez un coup d'œil sur les comptes communautaires, vous pouvez constater que la péninsule Burin se classe parmi les régions du Secrétariat rural de la moitié inférieure de la province au chapitre du revenu par habitant et qu'elle se classe au deuxième rang de ces régions pour ce qui est de la dépendance envers les transferts gouvernementaux. Comme le revenu et le statut social sont un déterminant de la santé très important, ce genre d'information est nécessaire pour déterminer quelles sont les interventions qui sont susceptibles de fonctionner au mieux dans cette collectivité.

Joy a parlé de la planification stratégique et de la planification opérationnelle. Les conseils de la santé doivent présenter un plan stratégique au gouvernement tous les trois ans, et l'information démographique qui figure dans les comptes communautaires est assurément une source très importante et très utile pour ceux-ci.

Les directeurs de notre organisation présentent également un plan opérationnel. Si nous jetons un coup d'œil, par exemple, sur la région du Secrétariat rural de Clarenville-Bonavista, qui possède son propre directeur, nous pouvons affirmer, par exemple, que la population d'âge scolaire de la région, c'est-à-dire le groupe des cinq à 19 ans, a diminué de 56 p. 100 entre 1986 et 2007, et que la population des aînés, c'est-à-dire les gens de 65 ans et plus, a augmenté de 20 p. 100 dans le même intervalle. C'est sûr que cela a des répercussions importantes sur la planification des soins de santé et sur les services que nous offrons. On peut donc envisager les programmes de soins de longue durée par rapport à ce qu'on fait dans le cadre des programmes de soins pour les enfants; ce genre de choses.

Ce que j'aime des comptes communautaires, c'est qu'ils permettent d'ajouter un aspect quantitatif à la partie qualitative que nous connaissons déjà ou non. Ils nous fournissent les données que nous devons connaître.

En plus d'avoir une incidence sur les programmes offerts, bien entendu, les statistiques comme celles que je viens de vous donner ont une incidence sur la gestion des ressources humaines ainsi que sur la gestion des installations et des infrastructures. Les installations de soins de longue durée et les foyers de soins personnels, par exemple, vont certainement être quelque chose de nécessaire dans le contexte des tendances démographiques que nous relevons à l'heure actuelle.

Une autre chose qu'offrent les comptes communautaires, ce sont les projections relatives à la population — c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Si l'on fait affaire avec une entreprise de consultation, ce sont des projections qui peuvent coûter cher à obtenir, en fonction du modèle utilisé. Ainsi, être en mesure de consulter des prévisions relatives à la population est, je pense, quelque chose de très positif.

Pour ce qui est de la promotion de la santé, nous venons d'achever un plan de promotion de la santé à l'échelle régionale, et l'information sur les déterminants de la santé que contiennent les comptes communautaires est très importante à ce point de vue.

Une des choses que nous envisageons en ce moment, c'est l'élaboration d'indicateurs. Bien sûr, beaucoup d'organisations qui s'occupent de la santé utilisent des indicateurs, et c'est quelque chose de très positif qu'il est possible de tirer des comptes communautaires. Je viens tout juste de prendre connaissance de l'existence d'indicateurs provinciaux — je ne sais pas si je viens de m'apercevoir qu'ils existent ou si c'est quelque chose de nouveau —, qui permettent d'examiner un tableau des indicateurs provinciaux dans certaines régions. À Eastern Health, nous planifions maintenant la mise au point de notre propre cadre d'indicateurs, ce qui nous permettrait de faire des comparaisons avec d'autres régions ainsi qu'avec l'ensemble de la province. Il y a là-dedans de l'information qui peut être très utile.

Une autre chose que j'aime des comptes communautaires, c'est que, dans le passé, nous avons eu tendance à envisager les choses du point de vue du plus gros dénominateur commun, si je puis dire. Nous examinions de l'information sur une ville ou sur une province. Les comptes communautaires nous permettent de jeter un coup d'œil sur les régions rurales, sur les quartiers et sur les collectivités. C'est quelque chose d'important, parce que les gens veulent se retrouver dans les politiques et dans les stratégies. Si nous voulons susciter l'engagement et la participation des membres de la collectivité, particulièrement dans le domaine de la promotion de la santé et pour ce qui est de rendre les gens responsables de leur propre santé, il faut leur permettre de se reconnaître dans les programmes que nous mettons au point.

Du point de vue de la gouvernance municipale, les comptes communautaires ont de nombreuses applications — assurément, du point de vue du développement économique, ils offrent aux entreprises qui envisagent de s'installer dans une collectivité ou dans une région donnée beaucoup de données tirées de travaux de recherche sur le sujet.

Les comptes communautaires sont également une riche source d'information sur la situation à l'échelle locale. Dans ma collectivité, Clarenville, par exemple, nous entendons souvent dire... et le sénateur Cochrane va certainement comprendre ce que je veux dire par de « l'autre côté du viaduc », c'est-à-dire en opposant les régions rurales et la région de St. John's. Nous ne pouvons négliger l'importance du fait de reconnaître que, si nous formulons des énoncés généraux ou qui tiennent du stéréotype sur le fait que les régions rurales de Terre-Neuve sont en train de mourir ou de vieillir, et ainsi de suite, les comptes communautaires nous permettent de jeter un coup d'œil sur ces régions particulières de la province qui échappent à la tendance et qui ne peuvent être mises dans le même panier. Clarenville fait partie de celles-ci.

Dans ma collectivité, par exemple, le taux d'alphabétisation est très élevé, le degré de scolarité des gens est plus élevé que dans la plupart des régions de la province, et le revenu des gens est très élevé. L'information peut être utilisée pour toutes sortes de raisons. Si, par exemple, vous voulez organiser une assemblée générale annuelle dans votre collectivité, vous pouvez choisir de faire circuler un document écrit, en fonction du taux d'alphabétisation, ou encore décider de tenir une réunion publique. La façon de fournir de l'information à votre collectivité peut être déterminée par l'information tirée de vos comptes communautaires.

Pour ce qui est des loisirs, c'est un peu la même chose. Vous pouvez prendre connaissance, grâce aux comptes communautaires, du degré d'activité physique dans votre collectivité et peut-être essayer d'axer certaines de vos activités de loisirs sur cela. Si la majorité de votre population est formée d'aînés, mais d'aînés en forme plutôt que d'aînés qui vivent dans des foyers de soins personnels, alors que pouvez-vous faire à partir de là?

Bien entendu, il y a des répercussions sur des choses comme l'aménagement des infrastructures, par exemple pour ce qui est de l'éclairage dans les rues et de la construction de trottoirs sécuritaires et autres choses du genre.

De plus — et on m'en a parlé tout à l'heure lorsqu'on a abordé la question du logement abordable —, les comptes communautaires offrent de l'information sur le nombre de gens qui vivent dans une maison, sur le prix des maisons, sur le fait que les gens sont locataires ou possèdent leur propre maison; ce genre de choses. Les comptes communautaires peuvent également aider les administrations municipales à régler les problèmes de zonage.

À mon sens, le succès des comptes communautaires est attribuable à un certain nombre de raisons différentes. Premièrement, il y a différentes façons d'examiner les données. Les comptes communautaires permettent d'obtenir de l'information non seulement sur la province, mais également sur les villes, les collectivités et les quartiers. Ils permettent d'envisager l'information du point de vue d'un conseil de la santé ou d'un conseil scolaire, et c'est ce qui rend cette information très pertinente. Ainsi, si vous obtenez de l'information sur votre village de 5 200 habitants, plutôt que sur une région de 20 000 habitants, l'information que vous obtenez est beaucoup plus riche et plus utile.

La deuxième raison, c'est que le système est convivial et que le soutien offert est bon. Le site Web est très convivial et conçu de façon intuitive, ce qui est extrêmement important. Il contient également des tutoriels et des séances de formation en ligne. J'ai communiqué par courriel avec les gens qui s'occupent du site, et quelqu'un m'a répondu rapidement, ce qui est toujours un plus.

Les mises à jour sont un autre facteur ayant contribué au succès des comptes communautaires. Il semble qu'on les met régulièrement à jour par l'ajout de nouvelles données, qu'on améliore la navigation et la présentation et qu'on ajoute de nouveaux éléments au site. Les cartes sur l'infrastructure, les cartes sur les mouvements migratoires, les indicateurs provinciaux dont j'ai parlé — toutes ces choses sont vraiment des éléments qui donnent de la valeur au site.

Pour ce qui est des problèmes — on en a parlé lorsqu'on a abordé la question de l'obtention des données en temps opportun. C'est comme nourrir la bête. Plus on la nourrit, plus elle a faim. Une fois qu'on est habitué d'obtenir de l'information d'excellente qualité, lorsqu'on sait que les données du recensement sont publiées, on veut qu'elles figurent dans les comptes communautaires tout de suite, pour que tout soit très précis et très rapide.

L'autre problème, à mes yeux, a trait aux frontières des zones et à la façon dont on procède au découpage. Je présume que, dans le cas des quartiers et des villes, celui-ci est fondé sur les définitions de Statistique Canada. Cependant, dans le cas de ma collectivité, dont la population est presque de 5 300 habitants, lorsqu'on consulte le compte de Clarenville, celui-ci porte également sur d'autres districts de services locaux, ce qui fait que la population indiquée est de près de 7 500 habitants. C'est un peu un problème pour nous par rapport à l'utilisation que nous pouvons faire de cette information.

De façon générale, les comptes communautaires sont cependant une ressource fantastique. Je n'arrive pas à imaginer comment je pourrais faire mon travail sans ceux-ci, pas plus que je n'arrive à imaginer comment les autres provinces font pour s'en passer. Les comptes communautaires offrent de l'information extraordinaire dans un contexte très convivial, et les données peuvent facilement être transformées en connaissances qui nous permettent de mieux comprendre l'état de santé de nos collectivités.

Le président : Merci.

Sénateurs, notre prochain témoin est Mme Susan Green.

Susan Green, consultante, Kids Eat Smart Foundation : Merci beaucoup. Je tiens à vous remercier de m'avoir invitée à participer à la séance.

Tout d'abord, je souhaite faire un survol de l'organisme que je représente. Ensuite, j'aimerais parler de certains des déterminants de la santé que nous tentons d'aborder ainsi que de l'incidence des comptes communautaires sur le travail que nous accomplissons ou la manière dont cet outil nous a facilité la tâche.

La Kids Eat Smart Foundation de Terre-Neuve-et-Labrador a pour ambition de faire en sorte que tous les enfants terre-neuviens d'âge scolaire se rendent à l'école le ventre plein et disposés à apprendre. Le président a dit plus tôt qu'il faut tout un village pour élever un enfant; nous croyons qu'il faut toute une collectivité pour élever un enfant, à tout le moins pour veiller à ce que l'enfant soit bien nourri.

Par conséquent, nous collaborons avec des bénévoles de la collectivité pour mettre sur pied et entretenir des programmes de petit-déjeuner, de dîner et de collation à l'école, partout dans la province. Actuellement, nous avons environ 180 programmes. Plus de la moitié de nos écoles ont maintenant des programmes. Nous sommes un bailleur de fonds, mais c'est seulement une partie de ce que nous faisons. Nous nous préoccupons de la santé et du bien-être des enfants d'âge scolaire et des taux élevés d'obésité et de diabète de type 2 chez les enfants. Nous avons participé à la Coalition sur la nutrition scolaire, qui a milité pour la mise en œuvre des nouvelles lignes directrices sur l'alimentation qui existent dans la province.

En ce qui concerne les déterminants de la santé, nous croyons que nous en abordons plusieurs. Face aux questions liées au revenu et au statut social, par exemple, nous réagissons en atténuant certains des impacts qui en résultent, en particulier la mauvaise alimentation. Pour ce qui est de l'éducation et de l'alphabétisme, nous croyons que nous contribuons à la capacité des enfants à se concentrer pour qu'ils puissent tirer avantage de leur éducation. Quant au développement de la petite enfance, nous estimons que nous y contribuons en améliorant la nutrition. En ce qui concerne les habitudes de santé personnelles, nous croyons que nous favorisons l'adoption de bonnes habitudes d'alimentation.

Dans le cadre de notre travail, les comptes communautaires se sont révélés un outil précieux. Tout d'abord, cela nous donne un instantané des besoins de la collectivité. Les comptes communautaires nous aident à cerner les secteurs de mobilisation. Certains remettent en question la rapidité de communication de l'information et le fait qu'elle soit à jour, mais c'est relatif. Même si ce n'est qu'un aperçu ponctuel, c'est un outil très utile aux organismes communautaires.

Lorsque nous lançons un programme, il nous aide à déterminer, en fonction du besoin, la proportion des enfants qui en profiteront. Lorsqu'un programme commence, tous les enfants sont les bienvenus, car le programme est non stigmatisant. Ce que nous constatons, toutefois, c'est qu'après un certain temps, lorsque le programme est bien établi, le nombre d'enfants qui participent au programme diminue, et nous nous retrouvons avec environ le nombre d'enfants que laissait présager l'évaluation des besoins, information que vous pouvez trouver dans les comptes communautaires. Il nous importe vraiment d'avoir une idée du nombre d'enfants qui participeront, pour que nous puissions évaluer les fonds qui seront nécessaires de façon continue.

Notre organisme est ce qu'on appellerait un partenaire communautaire. Nous nous inscrivons, je crois, dans cette tendance croissante des groupes communautaires à dispenser des services au nom du gouvernement. La responsabilité est énorme. La réception de ces fonds publics s'accompagne d'une immense responsabilité, car il faut les utiliser de la façon la plus équitable et efficace possible. C'est tout un témoignage de confiance. Il est important de disposer d'un outil comme les comptes communautaires, car cela permet de prendre des décisions à la lumière d'informations fondées sur des données probantes, et j'estime que c'est absolument essentiel.

Les comptes communautaires nous donnent aussi une idée des ressources dont dispose la collectivité. Nous collaborons avec les collectivités pour exécuter ces programmes. Nous attribuons des fonds de contrepartie; ainsi, notre contribution est égale aux fonds que la collectivité amasse. Les comptes communautaires se sont révélés extrêmement utiles pour déterminer la capacité d'une collectivité. Par le passé, nous consentions un certain montant d'argent à titre de fonds de contrepartie. Les besoins allaient au-delà de ce que la collectivité pouvait recueillir, ce qui était très décourageant pour elle. Elle croyait alors ne pas pouvoir revenir nous solliciter, et parfois la collectivité ne disposait pas des ressources nécessaires pour continuer le programme ou continuer de distribuer les types d'aliments que nous aimerions. Les comptes communautaires nous ont permis de recueillir de l'information extrêmement utile pour mieux définir notre façon de travailler avec chaque collectivité.

L'une des sections assez récentes des comptes communautaires est l'information démographique. Cette information démographique nous a été extrêmement utile. Nous sommes un organisme qui mobilise des bénévoles. Ainsi, il nous importe beaucoup de connaître le bassin de bénévoles potentiels et ses groupes d'âge, afin que nous sachions vraiment comment nous y prendre pour faire le recrutement. C'est un autre compte que nous utilisons très souvent.

Une fonction dernièrement ajoutée aux comptes communautaires est l'évaluation par quartier. Cette information s'est révélée extrêmement précieuse, surtout dans les secteurs urbains où nous collaborons avec les écoles pour mettre le programme en œuvre. Si vous ne disposez que d'information communautaire pour étudier une ville comme St. John's, où la communauté est très homogène, vous n'avez pas accès au genre d'information nécessaire pour connaître le type de ressources dont une école particulière pourrait avoir besoin, car ce facteur dépend du quartier où l'école et ses étudiants se situent. Ainsi, les comptes sur les quartiers nous ont vraiment aidés à estimer la capacité d'une école donnée, afin que nous puissions nous montrer beaucoup plus efficaces comme partenaire d'exécution du programme.

Aux débuts de la Kids Eat Smart Foundation, nous demandions aux gens d'une collectivité qui nous présentaient une demande des renseignements au sujet du taux de bénéficiaires d'aide sociale et du taux de chômage de leur collectivité. Les collectivités et les bénévoles ne disposaient pas de ce genre d'information. Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait l'obtenir par nous-mêmes. Avant l'avènement des comptes communautaires, un petit organisme communautaire avait beaucoup de mal à trouver cette information. Nous n'avions pas les ressources humaines pour le faire. Parfois, c'était l'expertise qui nous faisait défaut. Les comptes communautaires nous ont donné accès à l'information qui nous permet de prendre de bonnes décisions fondées sur les faits. Lorsqu'un petit groupe communautaire est supervisé par un conseil d'administration, il est essentiel de veiller à ce que ce conseil dispose des outils nécessaires pour prendre des décisions fondées sur des données probantes et à ce qu'il ait l'impression d'être transparent et responsable.

Ainsi, la plupart de nos décisions s'appuient sur les comptes communautaires. Cet outil nous a aidés à mieux jouer notre rôle de partenaire de la collectivité, car nous comprenons ce qui se passe dans la collectivité avec laquelle nous tentons d'établir un partenariat. De cette façon, nos activités sont beaucoup plus efficaces. Je ne peux pas imaginer à quel point notre travail aurait été difficile sans les comptes communautaires.

Lorsque je parle aux gens de partout au pays qui font ce genre de travail, je reconnais les difficultés auxquelles ils font face lorsqu'ils tentent d'effectuer des évaluations sans avoir accès au même genre d'information que nous. Notre avantage est énorme, et beaucoup de mes collègues partout au pays m'envient. C'est un système transparent et accessible qui nous a été bénéfique, et je crois qu'il le serait tout autant pour des organismes semblables de partout au pays.

Le président : Merci beaucoup, Susan.

Notre dernier témoin est Christine Snow.

Christine Snow, directrice exécutive, Capital Coast Development Alliance : Merci, monsieur le président.

Je parlerai d'abord de la nature de la Capital Coast Development Alliance, de ce que nous faisons et, en particulier, de la façon dont les comptes communautaires nous ont aidés à faire notre travail de façon beaucoup plus fructueuse.

En bref, la Capital Coast Development Alliance est l'un des 20 conseils de développement économique régional de la province. Nous sommes un organisme sans but lucratif. Nous sommes dirigés par un conseil d'administration composé de bénévoles élus qui représentent les quatre principaux groupes d'intervenants, soit le milieu des affaires, les syndicats, le milieu l'éducation et les municipalités.

Je pourrais vous expliquer en détail notre mandat, mais en somme, il consiste à faciliter, à promouvoir et à coordonner le développement économique du nord-est de la péninsule d'Avalon, région dont je suis responsable. Notre territoire est le plus petit géographiquement. Nous comptons 19 municipalités. Notre région comprend le noyau urbain de St. John's, Mount Pearl, Conception Bay South et Paradise, en plus d'un certain nombre de collectivités rurales, y compris Bell Island, Conception Harbour et Marysvale, secteurs ruraux de notre région. Notre territoire est le plus petit géographiquement. Vous pouvez vous rendre n'importe où dans notre région en 45 minutes, ce qui est un avantage.

De plus, notre territoire est le plus populeux. Depuis le recensement de 2006, nous sommes la seule région de la province à vivre une migration d'entrée de la population. Ce phénomène est assorti de défis particuliers. Actuellement, nous comptons pour 37 p. 100 de la population de la province. Si on observe quelques-unes des caractéristiques générales, économiques et sociales, la région s'en tire très bien du point de vue économique, mais nous sommes une région de contrastes, et c'est sur ce point que les comptes communautaires se révèlent très utiles pour nous. Certaines de nos collectivités enregistrent peut-être des niveaux de revenus et des taux de chômage élevés, mais d'autres affichent des niveaux de revenus, de scolarité, de pauvreté, et autres vraiment bas; par conséquent, les activités que nous entreprenons doivent refléter les deux extrêmes du mandat économique, si vous voulez. Je parle d'une région de contrastes, parce que nous récoltons le meilleur et le pire de la situation actuelle.

Nous réalisons notre mandat par la mise en œuvre de notre plan stratégique. Notre organisme existe depuis environ dix ans. Il y a eu deux versions de notre plan stratégique au cours de notre existence. Nous sommes en train d'en élaborer une troisième — juste à temps, d'ailleurs, vu les changements importants liés à la prospérité de la région. Dans le cadre de la planification, nous savons tous qu'il faut entreprendre une analyse complète de la conjoncture pour voir exactement ce qui se passe dans notre collectivité. C'est à cette étape que les comptes communautaires se sont révélés un outil précieux pour nous. Cet outil nous a permis de mesurer l'état de notre population. Nous connaissons les groupes d'âge de notre population. Par exemple, nous savons qu'il existe dans notre région une collectivité qui compte un nombre important d'aînés. Lorsque nous cherchons les possibilités de développement des entreprises, nous pouvons déterminer si une entreprise devrait axer ses activités sur les aînés et limiter celles qui s'adressent à la petite enfance. C'est ainsi que l'âge se révèle un facteur important.

Nous devons connaître les possibilités d'emploi, et nous devons connaître les niveaux de scolarité. Les études postsecondaires sont la norme aujourd'hui. De nombreuses personnes dans de nombreuses collectivités n'ont pas une neuvième année. Pour nous, cela veut donc dire qu'il faut intégrer un plan d'action à cet égard dans notre planification.

Nous devons connaître les taux d'emploi. Nous devons savoir où se trouve notre population active. Nous entendons tous parler de pénuries de main-d'œuvre, entre autres. Nous devons savoir où, dans la zone 19, soit notre région, se trouve notre population active, car c'est là un argument clé que nous devons invoquer lorsque nous tentons d'encourager le développement économique et d'attirer des entreprises dans notre région. Nous devons connaître la structure du milieu des affaires. Nous devons savoir quelles sont nos forces. Nous devons savoir quels sont nos défis. C'est le genre d'information que nous procurent les comptes communautaires.

Des données exactes et fiables sont nécessaires, et je crois que plusieurs de nos témoins ont fait allusion au besoin de pouvoir se fier aux données sur lesquelles on appuie ses décisions. Si vous ne pouvez pas vous fier aux données, la planification et la mise en œuvre s'exécutent en vase clos. Les comptes communautaires aident à éviter cela.

Les données communautaires sont absolument cruciales. J'irais même jusqu'à dire que les données par quartier, qu'a invoquées Susan tout à l'heure, sont cruciales. Vu les extrêmes de prospérité et de pauvreté dans notre région, il faut aller jusqu'à l'échelon communautaire. Sinon, l'ensemble de la région risque de faire l'objet des mêmes mesures de soutien ou des mêmes activités — et ces extrémités existent effectivement à St. John's en particulier.

Si vous regardez les statistiques d'ensemble, c'est une région très prospère, surtout dernièrement. Toutefois, si vous vous penchez sur les données par quartier, il y a à St John's des enclaves qui affichent le même profil socioéconomique que les collectivités rurales qui luttent réellement pour survivre. Nous avons donc une collectivité au sein d'une autre collectivité qui lutte réellement pour survivre.

C'est le genre d'information que les comptes communautaires nous permettent d'obtenir. À mesure que nous mettons sur pied nos plans d'action et que nous établissons nos priorités, cet outil nous donne l'information dont nous avons besoin.

Nous avons beaucoup parlé de la recherche fondée sur des données probantes — et c'est absolument essentiel. Tout ce que nous faisons doit avoir une justification. Il faut qu'il y ait un problème à résoudre, mais ce qui est encore plus important, c'est que cet outil nous permet d'établir des moyens de mesurer notre rendement. Nous pouvons assurer un suivi de nos activités — analyser notre rendement. Nous pouvons surveiller la réussite ou l'échec d'une initiative que nous entreprenons — et c'est important, pas seulement du point de vue d'un bailleur de fonds. À titre d'organisme sans but lucratif, nous devons passer par le processus de rédaction de propositions pour obtenir les ressources nécessaires à notre travail. La reddition de comptes est essentielle. Nous devons être en mesure d'appuyer par écrit nos activités — et aussi, surtout, de faire état de la réussite de ces activités.

L'autre aspect dans tout ça, c'est que nous sommes dirigés par un conseil d'administration composé de bénévoles. Il s'agit de personnes qui consacrent une importante quantité de temps et d'énergie à travailler à la prospérité de leur région. Elles veulent savoir que leurs activités portent des fruits et sont utiles. Grâce aux comptes communautaires, elles peuvent observer la valeur du temps libre qu'elles offrent, car elles voient des résultats au bout du compte.

Dans le cadre de ce processus de planification, comme je l'ai dit, nous utilisons les comptes communautaires pour déterminer quelles sont nos priorités dans le cadre de notre plan d'activités. Je vais vous donner des exemples de choses que nous avons faites au fil des années. Nous avons travaillé au perfectionnement professionnel, car nous avons trouvé un certain nombre d'industries où il y a des débouchés. Nous avons des forces importantes, mais lorsque nous nous penchons sur la main-d'œuvre, nous constatons que peu de gens vont vers les industries en question. Ainsi, si nous voulons grandir, nous devons nous efforcer d'orienter plus de jeunes vers ces industries afin qu'elles disposent de l'effectif nécessaire à leur croissance. Les comptes communautaires nous aident à faire cela.

Nous savons que nous avons eu par le passé des problèmes importants causés par le nombre de jeunes qui décrochaient de l'école. Au-delà des conséquences économiques et sociales de ce phénomène, il y a aussi des conséquences économiques bien réelles. C'est de la population active de l'avenir que nous parlons. Si un pourcentage important ne participe même pas à la population active, il faudra faire face aux conséquences.

L'un des principaux défis, que les comptes communautaires nous ont aidés à détecter — et on vous en a parlé, à l'échelon national, comme du scénario d'apocalypse dans le secteur manufacturier. Pour notre région en particulier, je parlerais d'un effondrement du secteur manufacturier. Nous avons probablement perdu environ 20 p. 100 des entreprises manufacturières dans notre région au cours des dernières années. Ce phénomène est important, car c'est dans le secteur manufacturier que naît l'innovation. On produit beaucoup et on exporte beaucoup. Nous sommes une petite région. Nous sommes une petite province. Pour créer la richesse nécessaire, il faut se tourner vers l'exportation. Nous savons que nous devrons relever un défi important dans un secteur clé de notre économie. Actuellement, leur nombre diminue. Cela nous aide à comprendre; nous savons que nous avons un défi à relever. Nous tenterons maintenant d'instaurer des mesures qui aideront à composer avec la situation.

Nous avons parlé de données par quartier, et cette pratique est tributaire d'une initiative qui date de 2000, je crois, au moment où la province a mené un exercice de planification stratégique. Nous avons vraiment exploré les données par quartier. Il est important de mieux comprendre ce qui se passe à l'échelon sous-communautaire, car les différences sont nombreuses.

Nous les avons aussi utilisées aux fins du lobbyisme. Nous collaborions avec beaucoup d'organismes communautaires, surtout dans la région de St. John's. Bien des organismes avaient du mal à accéder aux ressources, à cause des idées fausses. On leur disait : « Bah, la région s'en tire bien. Vous n'avez pas vraiment besoin de l'aide que vous demandez. » Les données par quartier ont aidé à régler ce problème.

Nous avons aussi utilisé les comptes communautaires aux fins du renforcement des capacités, lorsque nous avons collaboré avec beaucoup d'organismes communautaires et sans but lucratif pour les aider à réaliser leur mandat. Dans beaucoup de cas, les gens ne connaissent pas bien les comptes communautaires. Surtout, on ne comprend pas bien comment utiliser le système. Je crois que quelqu'un a dit plus tôt que les données restent ne sont que des données jusqu'à ce qu'on les mette à profit. En mars 2006 — et je suis désolée de ne pas avoir une version française —, nous avons regroupé les caractéristiques clés de notre région et nous avons préparé un document qui a ensuite été distribué à toutes nos municipalités et à tous nos organismes communautaires; dans ce document, on interprétait les données, on montrait comment les utiliser et comment s'en servir pour rédiger des propositions afin d'obtenir les ressources nécessaires au lancement d'une initiative donnée.

C'est quelque chose que nous avons fait il y a quelques années, et l'activité s'est révélée très utile, car on prélève les données, on les utilise, on les interprète et on les examine pour comparer nos activités à celles d'autres régions.

J'ai des copies que je vous laisserai, juste pour que vous puissiez avoir une idée des façons dont les comptes communautaires nous ont aidés.

Je suis enthousiaste à l'égard d'une nouvelle initiative sur laquelle nous travaillons concernant les comptes communautaires. Elle s'inscrit dans l'ensemble du secteur du développement des entreprises, dont je suis responsable. Nous faisons beaucoup de choses pour attirer les investisseurs. Nous tentons d'encourager les entreprises locales de l'extérieur de la région à déménager ici. Pourquoi? Une entreprise amène la richesse, crée des emplois, et ainsi de suite.

Nous travaillons actuellement à ce que nous appelons une base de données relative à la situation des investissements. Lorsqu'une entreprise tente de décider de l'endroit où s'établir, beaucoup des données dont elle a besoin sont liées à la population active et à l'emploi, information déjà contenue dans les comptes communautaires. Elle doit aussi s'informer au sujet de l'infrastructure commerciale et des services qui s'offrent à elle. Nous travaillons maintenant à l'expansion des comptes communautaires. Nous nous penchons d'abord sur l'immobilier, car les entreprises doivent trouver un endroit où s'installer. Nous élaborons un système qui permettra, au moyen d'un appareil GPS, de se rendre dans n'importe quelle de nos municipalités et de trouver les édifices de 25 000 pieds carrés et plus, photos à l'appui. À l'heure actuelle, nous en avons fait seulement une. À partir de n'importe où dans le monde, vous pouvez décider que vous voulez vous établir dans le Nord-Est de la péninsule d'Avalon. Vous pouvez non seulement accéder à toutes les données démographiques et les données liées à la population active et à ce genre de choses, mais vous pouvez aussi voir la collectivité. Vous pourrez voir les édifices. Vous connaîtrez l'aménagement interne d'un édifice. Cela nous facilite la tâche d'attirer les entreprises dans notre région. Nous prenons les comptes communautaires, et nous les étendons au- delà des secteurs sociaux dont nous parlions.

Quelques mots sur notre expérience des comptes communautaires, que j'aime qualifier de « données pour les nuls » — parce qu'ils sont vraiment facile à utiliser. Les définitions sont géniales. Il y a d'excellents tableaux — et je crois vraiment qu'une image vaut mille mots. C'est notre travail de connaître les données, mais les tableaux se révèlent utiles lorsque nous collaborons avec les groupes d'intervenants, car ils peuvent les voir et sont faciles à comprendre.

Les comptes communautaires nous fournissent aussi un accès à des données que nous n'aurions peut-être pas autrement. Le gouvernement, c'est un être mystérieux qui détient toutes sortes de données, recueillies par différents ministères, dont on ne connaît pas nécessairement l'existence. Ce que permettent de faire les comptes communautaires — parce qu'ils font partie de cet être mystérieux —, c'est d'accéder aux données affichées sur le site dont je n'aurais peut-être jamais même connu l'existence. Laissez-moi vous donner un exemple.

L'une des choses dont nous parlons dans le cadre de la stimulation des investissements est l'évaluation des plans municipaux, soit la valeur de l'immobilier. Comme il y a un organisme d'évaluation des plans municipaux qui recueille beaucoup de ces données, nous nous efforçons maintenant de trouver une façon de relier ses activités aux nôtres. Ainsi, nous accédons à des données sur la valeur — un autre élément qui intéresse les entreprises. Les données des comptes communautaires sont fiables, exactes et uniformes, parce qu'elles sont à jour. Je n'ai pas à m'inquiéter des définitions ou à craindre de comparer des pommes et des oranges, car c'est déjà en place. Cela me facilite la tâche considérablement.

C'est légal. Je veux dire par là que, maintenant que nous passons à certaines des questions liées à la stimulation des investissements, toutes les données que vous voyez doivent être conformes à la réglementation relative à la protection des renseignements personnels, entre autres. Nous n'avons pas intérêt à utiliser certains renseignements qui feront en sorte qu'un organisme de protection des renseignements personnels conteste nos actions. Beaucoup de ces questions sont déjà prises en main pour nous, de sorte que nous n'avons pas à craindre de faire l'objet de poursuites ou de se faire traîner devant un tribunal pour usage abusif des données. Nous n'avons pas un gros budget pour couvrir ce genre de choses.

L'entretien et la mise à jour — je crois que quelqu'un y a fait allusion plus tôt. À mesure que les données du recensement 2006 sont diffusées — et elles ne le sont pas assez rapidement, comme quelqu'un l'a dit plus tôt je crois —, nous disposons des meilleurs moyens possibles de demeurer à jour comparativement à quelqu'un d'autre qui a l'expertise pour le faire.

Encore une fois, l'utilisation des données à des fins économiques et sociales. Les comptes communautaires, dans leur état actuel, ne représentent que la pointe de l'iceberg. Le potentiel d'adaptation de cet outil à différents secteurs est, à mon avis, infini, et la stimulation des investissements n'est qu'une de ses nombreuses applications.

Si je devais soulever une difficulté, cela tiendrait à la rapidité de communication des données. Si quelqu'un peut convaincre Statistique Canada de diffuser ses données plus rapidement, cela aiderait beaucoup — parce que certaines des données démographiques remontent à 2001, et c'est un problème. Ce sont les éléments propres à des quartiers précis qui importent vraiment dans le cadre de notre travail.

Merci, monsieur le président.

Le président : Christine, comme je vous écoutais, je me demandais quel est votre lien, par exemple, avec une petite enclave dont le taux de pauvreté est élevé, avec une collectivité peu productive sur le plan économique. Lorsque vous déterminez, dans le cadre de votre travail, que la cause du manque de productivité est un problème de santé, que faites- vous? Quel est votre lien avec la collectivité?

Mme Snow : Beaucoup de notre travail est axé sur les intervenants, la création de partenariats, et toutes ces choses. Je vais vous donner un exemple. Nous avons beaucoup travaillé, il y a un certain nombre d'années, dans le domaine du décrochage chez les jeunes, problème qui entraînait beaucoup de conséquences sur la santé, de problèmes judiciaires et ainsi de suite. Notre organisme, de concert avec un autre organisme partenaire de la ville, a mis sur pied ce que nous appelions une coalition pour l'éducation. Notre organisme a coprésidé le groupe avec le Community Youth Network. Nous avons mobilisé un certain nombre d'organismes clés qui étaient actifs à ce chapitre afin, premièrement, de déterminer s'il s'agissait seulement d'un phénomène passager, de mesurer l'ampleur des problèmes, puis d'élaborer un plan d'action à partir de là. En particulier, notre groupe directeur a fait des pas de géant pour ce qui est de mobiliser ce groupe d'organismes communautaires et de mettre de l'avant une proposition visant à construire une école dite « alternative » qui aiderait à combler les besoins de ces jeunes que le système d'éducation, pour une raison ou une autre, n'arrive pas à combler.

Dans de tels cas, nous avons tendance à rassembler des groupes. À un certain point, lorsque nous avons créé ces liens, nous nous détachons et laissons le groupe aller de l'avant avec le projet. Nous laissons la situation entre leurs mains, une fois rendus à une certaine étape. Voilà le processus que nous suivons lorsque nous faisons face à ces problèmes.

Le président : Joy, comment interagissez-vous avec Christine, car votre travail est principalement axé, je crois, sur la santé, n'est-ce pas?

Mme Maddigan : C'est exact.

Le président : Vous devez faire en sorte que toute cette infrastructure, en plus de la douzaine de déterminants de la santé, contribue à votre travail sur le plan de l'état de santé. Alors quel est votre lien avec des gens comme Christine?

Mme Maddigan : Nous travaillons probablement davantage aux échelons régional et communautaire qu'à l'échelon du gouvernement provincial, certainement, d'après mon expérience.

Le président : J'aime beaucoup cette approche.

Mme Maddigan : Je peux me prononcer plus clairement au sujet de l'évolution des soins de santé primaires, et la démarche inhérente à ce phénomène a certainement fait intervenir tous les différents aspects et toutes les différentes composantes de la collectivité. Nos évaluations des besoins des collectivités aborderaient certainement le genre de choses qui intéresse le conseil d'administration de Christine.

De plus, concernant l'idée de Gerald touchant le Secrétariat rural, nous collaborons dans tous les différents secteurs où la capacité communautaire et les enjeux communautaires interpellent les gens. À titre d'autorité régionale en matière de santé, je dirais que c'est là que les liens sont les plus clairs.

Ce que vous pourriez constater, c'est que nos politiques provinciales appuient ce genre d'initiatives. Des efforts seraient intégrés à ces cadres pour créer ce genre de relations et de liens.

Le président : Lisa, en tant que spécialiste de la planification en santé, mais surtout, probablement, comme adjointe au maire, comment interagissez-vous avec ces deux personnes pour renforcer votre collectivité?

Mme Browne : Durant la pause, quelques personnes m'ont demandé comment je parvenais à porter les deux chapeaux, comment je trouvais le temps, j'imagine. La limite entre ces deux emplois est étonnamment floue, je dirais. Du point de vue de la planification en santé, nous savons maintenant — certes, mon emploi ne se limite plus à la définition classique de la santé dans les hôpitaux. Mon travail englobe tout. J'ai mis deux heures pour me rendre ici. Les déplacements, par exemple, sont un aspect de mon travail. Les limites qui séparent les domaines sont tellement floues maintenant, je trouve, que ce soit un organisme de développement économique, une autorité en santé ou une école. Les limites sont vraiment floues, car tout le monde veut la même chose, soit la santé de la collectivité. La seule façon d'arriver à ce résultat consiste à regrouper toutes les composantes qui s'intéressent aux déterminants de la santé pour qu'elles collaborent à cette fin.

Notre municipalité met actuellement la dernière main à son tout premier plan stratégique à l'heure actuelle, le premier que nous n'ayons jamais eu. Parfois, on pourrait croire que les gens n'ont aucune idée de ce que font les administrations municipales — et, dans une certaine mesure, je crois que c'est probablement vrai. Par contre, ils veulent la santé de la collectivité, et si, pour eux, cela passe par le transport en commun, alors il faudrait peut-être songer à faire quelque chose. Nous ne pouvons pas aménager un système Métrobus comme on l'a fait à St. John's, mais nous pouvons mettre en place un service d'autobus hebdomadaire pour conduire les aînés à l'endroit où ils font leurs courses, par exemple.

Les liens sont très importants, et je crois que des comités du conseil en témoignent, dans une certaine mesure. Par exemple, dans notre municipalité, nous avons un conseiller qui siège au conseil de l'organisme homologue de celui de Christine, le Discovery Regional Development Board. Ces liens sont en place, mais je crois que nous voulons tous arriver au même point. Il s'agit seulement de collaborer et, peut-être, d'éliminer certaines des frontières qui nous ont toujours séparés par le passé.

Le président : Susan, en ce qui concerne le programme de santé dans les écoles — c'est du moins comment je l'appellerais — qui nous fait si cruellement défaut partout au pays, vous semblez être parvenus à bien nourrir la moitié des enfants de Terre-Neuve dans les écoles à l'heure actuelle. Peut-on attribuer ce résultat surtout à la philanthropie, ou plutôt au gouvernement?

Mme Green : Je crois que, comme n'importe quoi, cela a été initié par la collectivité, mais je dois dire que le gouvernement est un partenaire depuis longtemps. On ne peut miser uniquement sur la philanthropie si on veut réussir à combler complètement les besoins. Il est essentiel de pouvoir compter sur un partenariat qui comprend tout le monde. Donc, oui, le gouvernement est un partenaire de longue date. Je crois que notre organisme correspond à ce qu'Aisling qualifiait de partenaire communautaire.

Ce n'est pas le cas partout au pays. Il n'y a aucune politique nationale. Certaines provinces consentent du financement, mais dans les nombreuses autres où ce n'est pas le cas, on dépend uniquement de la philanthropie. Cela se fait au détriment du bien-être des enfants de notre pays.

Le sénateur Pépin : Ce que nous avons appris depuis que nous sommes ici est incroyable. Nous avons assisté à un exposé révélateur hier. Vous avez confirmé, dans votre témoignage aujourd'hui, tout ce que nous avons entendu hier. C'est absolument merveilleux. J'espère, et je suis certaine que le sénateur Keon sera d'accord avec moi, que nous mentionnerons Terre-Neuve dans notre rapport, car ce que vous faites est vraiment génial.

Madame Aisling, au chapitre des comptes communautaires, vous manque-t-il actuellement des éléments que vous aimeriez voir?

Mme Gogan : Christine a mentionné certains renseignements concernant le développement économique. Davantage de renseignements au sujet des entreprises et des employés et tout ce domaine seraient très utiles, surtout à l'échelle des collectivités. Lorsqu'on examine la pauvreté, on l'observe dans son ensemble et on inclut le développement économique et social. Il est donc important d'être en mesure de nouer des liens et, du point de vue de la planification, de regarder quelles entreprises sont en place et quelles sont les compétences dont elles ont besoin.

Il existe aussi des indicateurs au chapitre de l'éducation, en particulier des données de la maternelle à la 12e année, les notes de certains examens nationaux sont là. Le recensement permet de constater, entre autres, que les taux d'obtention du diplôme au secondaire sont élevés. Il n'y a pas autant de détails qu'on le souhaiterait en ce qui concerne les études postsecondaires, et encore une fois, certaines données du recensement concernent cet aspect.

Quant à la question des compétences, c'est un défi de taille. On a accompli du travail par le passé dans certains secteurs, comme à Placentia, sur les types de compétences actuellement disponibles dans la collectivité et les compétences en demande, afin d'établir des correspondances. Donc, ce genre de renseignement serait intéressant.

Sur le plan des ressources dans la collectivité s'appliquant aux programmes de développement de la petite enfance, je crois qu'on pourrait faire un travail intéressant. C'est de l'information que nous avons déjà, mais elle n'est pas mise en correspondance avec d'autres données dans les comptes communautaires. Cela signifie que nos partenaires communautaires n'ont pas le même accès que nous à certains renseignements. Ce n'est pas que nous ne voulons pas leur communiquer ces renseignements : les données ne sont pas là, du moins pas pour une personne qui s'interroge au sujet de sa collectivité et de son rang parmi les autres, au chapitre de la capacité, dans la région.

Voilà certains des domaines. Je pourrais certainement penser à autre chose.

Le sénateur Pépin : Je comprends.

Monsieur Crane, vous avez dit que, avec tous les renseignements que vous obtenez, une personne peut planifier où elle va vivre, où elle veut aller et où elle va travailler, mais vous faites aussi face à des changements démographiques. Une jeune famille, selon l'information qu'elle cherche, peut décider si elle veut déménager en fonction de ce qu'elle recherche.

M. Crane : Une des questions souvent posées à notre organisme par les gens est de savoir si nous sommes là pour sauver les régions rurales de la province, et nous répondons par la négative. Nous disons que nous sommes là pour sensibiliser la population et fournir aux citoyens les connaissances et les capacités dont ils ont besoin pour prendre des décisions qui reflètent leurs intérêts supérieurs et ceux de leur collectivité et de leur région.

Nous travaillons aussi de plusieurs façons à l'interne avec le gouvernement, dans le cadre de différents projets. L'un de nos sous-ministres nous dit souvent : « Actuellement, les jeunes et les familles croient qu'ils n'ont pas d'autre choix que de déménager en ville ou de déménager dans une autre province. » Il dit que le Secrétariat rural devrait tenter d'offrir aux gens la possibilité de choisir de rester à Deer Lake ou de déménager à Red Deer, en Alberta.

Si vous y pensez bien, la discussion soulève des considérations philosophiques en ce qui concerne les conditions fondamentales que le gouvernement devrait tenter de mettre en place pour donner aux gens la possibilité de rester dans les régions rurales, de déménager en ville ou de déménager dans une autre province, selon leur décision. Maintenant, les gens n'ont pas l'impression d'avoir le choix. Nous tentons non seulement de créer les conditions fondamentales qui donnent le choix, mais aussi de sensibiliser la population.

Le sénateur Pépin : Madame Snow, vous avez dit que vous pouvez faire une analyse comparative. Toutefois, vous obtenez vos chiffres de Statistique Canada. À quelle fréquence pouvez-vous le faire? Est-ce tous les deux ans ou chaque année? À quelle fréquence effectuez-vous votre analyse comparative? L'information que vous obtenez de Statistique Canada est assez dépassée. En 2006, ce sont les chiffres de 2001 et de 2003. Comment y parvenez-vous?

Mme Snow : Il existe certains types de données avec lesquelles nous pouvons effectuer l'analyse comparative. Dans le domaine du développement des entreprises, par exemple, les donnes sont tout à fait à jour. On utilise les données liées à l'inscription des entreprises, mises à jour en 2006, donc, dans ce domaine particulier, les données sont très bonnes.

Les comptes communautaires font aussi appel à un certain nombre de sources de données, en plus de Statistique Canada, en particulier des données du gouvernement, qui ont tendance à être un peu plus actuelles. Les problèmes liés aux tendances démographiques existent, mais je n'ai commencé à refaire les travaux liés à ce sujet que dernièrement, à mesure que les données de 2006 sont accessibles. D'autres données liées au développement des entreprises sont régulièrement mises à jour. C'est là que la comparaison entre en jeu.

Le sénateur Pépin : J'ai une question au sujet des Premières nations. Dans les études que nous avons menées, nous avons constaté qu'il y avait des lacunes au chapitre des données relatives à la santé des Premières nations.

Dans les comptes communautaires, pouvez-vous accéder à de l'information particulière liée aux Premières nations qui vivent dans cette province?

Mme Gogan : Notre information sur les Autochtones de la province n'est pas de très bonne qualité. Nous savons que certaines collectivités sont surtout composées d'Autochtones, car nous avons ce genre de données. Mais ce n'est pas tout à fait exact. Cela fonctionne pour certains groupes, mais pas pour d'autres. Nous n'avons jamais recueilli d'information en fonction du statut autochtone dans la province.

Je sais qu'il y a des travaux en cours. Je suis certaine qu'Alton Hollett ou certains de nos collègues de l'organisme responsable des statistiques — je ne sais pas, Gerald, si vous pourriez ajouter quelque chose sur ce sujet. On commence en quelque sorte à mettre sur pied un organisme de statistique relative aux Premières nations. Je sais que des réunions ont eu lieu avec notre organisme de statistique pour examiner l'approche des comptes communautaires et ce genre de chose.

La crainte de la stigmatisation ou de la façon dont les renseignements supplémentaires seront utilisés existe toujours. De toute évidence, pour des raisons historiques, les Autochtones ont de bonnes raisons de ne pas nécessairement avoir confiance en nos démarches ni en l'utilisation que nous ferons de l'information. Alors, quoi que nous entreprenions, nous tentons de le faire en partenariat.

Actuellement, lorsque nous examinons les données relatives aux Autochtones, nous tentons d'aborder les collectivités individuellement. Ici, sur l'île, nous avons une réserve autochtone, la collectivité de Conne River; nous pouvons aussi examiner certaines collectivités du Labrador. Toutefois, le fait que nos données ne soient pas de qualité pose problème. Nous envisageons des façons de travailler avec nos partenaires autochtones et avec les peuples autochtones pour déterminer comment aller de l'avant.

M. Crane : Juste pour ajouter à l'intervention d'Aisling, elle a raison de dire que nous pouvons examiner individuellement chaque collectivité au Labrador, en particulier.

Quelques-uns de nos groupes régionaux nous ont demandé des renseignements au sujet de la situation ou du profil démographique des groupes autochtones qui vivent dans ce que j'appellerai des collectivités ordinaires, c'est-à-dire ceux qui ne vivent pas principalement dans des collectivités autochtones. Dans notre cas, dans la région de Stephenville, il existe une population autochtone importante. La Federation of Newfoundland Indians négocie une entente relative à des revendications territoriale là-bas. Ces Autochtones ne sont pas dans une collectivité autochtone particulière. Ils sont intégrés à tout un éventail de collectivités de la région, et il est très difficile de cerner les caractéristiques propres à ce groupe, car le ratio est de un pour dix ou de un pour vingt.

Donc, ce à quoi je veux en venir, c'est qu'il est facile de le faire lorsque la concentration est importante ou si la collectivité est exclusive. À l'heure actuelle il est plus difficile pour nous de le faire dans les collectivités où une personne sur vingt est autochtone, par exemple.

Le sénateur Pépin : Je comprends.

Monsieur Ross, vous avez déclaré qu'il existait un lien entre le mauvais état de santé et le crime, mais je n'ai pas bien compris. Pouvez-vous l'expliquer?

M. Ross : Le crime et la maladie sont les termes que j'ai utilisés, et je reviendrais sur la fable relative à la prévention, sur l'histoire de la rivière que j'ai racontée. Je l'avais toujours appliquée aux services de police communautaire. Je n'avais jamais vraiment fait le lien avec la santé. J'ai suis allé sur Internet pour faire un peu de recherches et voir ce que je trouvais à ce sujet. J'ai découvert qu'on se sert de la même fable dans le milieu de la santé, en ce sens qu'on intervient en amont, on trouve la source du problème, que ce soit le crime ou un problème de santé, on trouve la cause première et on s'y attaque, plutôt que de tenter de démêler les symptômes du problème.

Alors, inspirés par le concept de maintien de l'ordre axé sur la prévention des crimes, nous avons adopté celui de la prévention des crimes axée sur le développement social. En développant nos collectivités et en intervenant chez les personnes en bas âge pour s'attaquer aux causes premières, aux déterminants du crime, nous espérons pouvoir influencer les gens de façon à ne pas les recroiser plus tard dans le rôle du délinquant ou de la victime.

Le sénateur Pépin : Depuis que le programme a été lancé — en 2003, je crois —, il y a eu des changements politiques, et le programme a survécu. Est-ce que quelqu'un voudrait faire un commentaire sur la façon dont il fonctionnait à l'époque? Comment êtes-vous parvenus à tout faire fonctionner comme sur des roulettes?

M. Crane : Je pourrais peut-être essayer de répondre, et d'autres pourront ajouter des commentaires, s'ils le désirent.

J'ai travaillé au ministère des Finances avec Al et les autres pendant certaines des étapes d'élaboration des comptes communautaires, et j'ai travaillé à d'autres ministères responsables depuis que les comptes ont été rendus publics, en 2002 ou en 2001 je crois. Il y a peut-être deux grandes raisons qui expliquent pourquoi ils ont survécu aux changements politiques : l'approche philosophique et l'approche pragmatique.

Sur le plan philosophique, si vous me permettez l'expression, notre gouvernement — et le gouvernement fédéral est pareil — est aménagé selon une structure rigide et cloisonnée. Beaucoup des questions auxquelles nous faisons face aujourd'hui, comme la réduction de la pauvreté, entre autres, sont plutôt horizontales ou transversales. Cela supposait de mobiliser de nombreux intervenants aux objectifs et aux intérêts divers. Le conseil communautaire a pu, malgré la complexité de la situation, amener les intervenants à convenir d'un ensemble de données commun et d'une interprétation commune des données pour permettre la prise de mesures liées à ces questions. Cette solution était intéressante, les gens en voyaient l'intérêt, et le gouvernement aussi.

Pour ce qui est de l'aspect pragmatique, j'ai trois ou quatre points rapides à soulever. Premièrement, il n'y a pas eu de changement politique pendant l'étape de l'élaboration, ce qui est important. Deuxièmement, pendant cette étape, il y avait reconnaissance de la valeur du système à l'interne. Avant la publication des comptes en 2002 — c'était peut-être en 2001 —, les données étaient utilisées à l'interne par la haute direction et les politiciens dans le cadre de la prise de certaines décisions, et l'outil en est venu à s'inscrire officiellement dans le processus décisionnel du gouvernement, bien avant la publication des comptes.

À partir de là, la première impulsion, j'imagine, était importante au processus. Une fois que les comptes ont été rendus publics, le gouvernement a continué à prendre ses décisions — c'est sa fonction après tout — mais les politiciens et les cadres supérieurs du gouvernement se sont aperçus que les gens commençaient à comprendre ces choses. Ils commençaient à vraiment savoir ce que faisait le gouvernement et à comprendre ses activités. Les citoyens en savaient plus long que ce qu'on s'attendait, et ils ont vraiment commencé à utiliser les données et à les comprendre.

Je veux seulement conclure en disant — et je vais revenir aux idées que j'ai exposées plus tôt — que l'élément humain est important ici. Les résultats du travail effectué par le personnel d'Al et d'autres pour diffuser les comptes et former les utilisateurs commencent à s'enraciner dans la façon de penser des gens et du gouvernement; l'outil, au lieu d'être perçu comme un simple projet du gouvernement, fait partie intégrante de l'appareil gouvernemental.

Mme Gogan : J'aurais un commentaire à ajouter. Il y a une tendance générale, pas seulement au sein de notre gouvernement, à l'accroissement de la responsabilité et de la transparence. Durant les élections de 2003, on en a beaucoup discuté; les deux côtés ont fait des promesses à ce sujet. Les comptes communautaires sont un outil utilisé pour encourager la transparence et la responsabilité. Je crois que, vu le climat actuel, il serait difficile pour un gouvernement de ne pas soutenir les comptes communautaires.

La valeur sous-jacente — encore, seulement pour mettre l'accent sur l'argument de Gerald — a été perçue par tous; c'est un élément reconnu du fonctionnement de l'appareil gouvernemental. On ne l'a pas perçu comme une création du gouvernement précédent. On le voit comme l'un des outils du gouvernement, si vous voulez. On ne l'a pas perçu de la même manière que d'autres choses qui semblaient liées à un gouvernement précédent, quelque chose qui va changer. On l'a plutôt perçu comme s'inscrivant dans la structure du gouvernement, de façon permanente.

Le sénateur Pépin : C'est bien.

Mme Snow : J'aimerais juste ajouter une dernière chose, à la lumière de ce que vous venez de dire : les comptes communautaires n'ont jamais reposé sur des motivations politiques. C'était un outil conçu par l'administration et les gens du milieu communautaire qui faisaient valoir que l'information leur était nécessaire pour qu'ils fassent bien leur travail. Vu que le projet était à l'extérieur de l'arène politique, on lui a permis d'évoluer et de devenir l'outil qu'il est aujourd'hui.

Mme Maddigan : C'était là mon idée. Nous avons entendu beaucoup de témoins dire que les données n'étaient pas rattachées à un intérêt particulier, qu'elles étaient exemptes de chasses gardées, comme la santé ou autre chose. Nombre d'entre nous y ont fait allusion, et je crois que ce facteur est très important.

Le sénateur Cochrane : Le gouvernement accepte vraiment cette stratégie. Nous l'avons entendue hier, et nous l'entendons de vous aujourd'hui — et il importe beaucoup que nous entendions vos témoignages. C'est vous qui avez vendu le produit. Lorsque vous vous êtes adressés au gouvernement ou à des ministres, peu importe lesquels, vous les avez convaincus que c'était la voie à prendre. C'est vous qui avez fait la promotion de tout le système des comptes, et c'est très bien.

Nous voulons vous féliciter pour tout cela, car je crois que c'est merveilleux, non seulement pour Terre-Neuve, mais partout au Canada — faites-moi confiance. Vous pouvez vous applaudir, quelque chose qu'on ne fait pas assez.

Susan, aviez-vous des objections à l'égard de cette stratégie? Avez-vous eu à faire des changements ou à ajouter quelque chose à cette base de données? Je sais que vous ne participez pas directement à l'élaboration des programmes d'enseignement, mais j'ai évolué dans le domaine de l'enseignement, et je sais que les enfants qui prennent un petit- déjeuner sain peuvent faire beaucoup plus de choses avec le programme que s'ils arrivent à l'école le ventre vide.

Avez-vous eu à faire des changements dans cette stratégie?

Mme Green : Je ne suis pas certaine de comprendre votre question.

Le sénateur Cochrane : Vous faites la promotion des petits déjeuners sains et des choses comme ça pour les enfants. A-t-on fait une évaluation? A-t-on observé des améliorations chez les enfants qui prennent un petit déjeuner sain, ou non?

Mme Green : C'est une très bonne question, et c'est là un de nos défis. Notre organisme n'a pas la capacité de mener des analyses crédibles de ce genre. Nous faisons certainement des évaluations, et nous avons rédigé des rapports fondés sur des entretiens avec des directeurs d'école, après qu'un programme a été lancé, pour savoir s'ils ont remarqué des différences au chapitre du taux de présence, de la capacité à se concentrer et du rendement. Nous avons certainement recueilli tout ce genre de renseignements anecdotiques.

Des études longitudinales ont été menées partout au pays dans des secteurs où des programmes de petits déjeuners à l'école avaient été offerts, et on commence à pouvoir observer des résultats.

La Dre Susan Evers, de l'Université de Guelph, a mené des recherches pour déterminer si les enfants qui sautent le petit déjeuner sont capables de manger assez durant la journée pour compenser, et ses recherches montrent que non. Néanmoins, il faut mener ce type de recherches. On ne le fait pas encore partout au pays, et je crois qu'il faudrait mener des études complètes à cet égard.

Le sénateur Cochrane : Y a-t-il de l'information dans les comptes communautaires qui pourrait vous aider à mesurer la réussite de votre programme de petits déjeuners?

Mme Green : Pas pour l'instant. Nous faisons des recherches, et nous travaillons avec l'Université Memorial. Nous nous sommes penchés sur des recherches touchant les fruits et les légumes. L'une de nos interventions visait à offrir des fruits et des légumes aux enfants d'âge scolaire, et nous avons mené des recherches pour déterminer si cette mesure changeait leurs habitudes alimentaires de façon continue. Si cette information est accessible, je crois que ce serait un bon ajout aux comptes communautaires.

Sur le plan du bien-être, on se penche sur l'insécurité alimentaire. Lorsque nous parlons du panier de consommation, nous pouvons obtenir des renseignements précieux.

Le sénateur Cochrane : Je suis ravie, alors. Alton et Gerald sont ici, et ils ont reçu le message, je crois. Ils pourraient peut-être se pencher sur la question de façon plus poussée.

Mme Gogan : J'aimerais juste apporter un commentaire à ce sujet. Les comptes communautaires sont un outil incroyablement précieux, mais je crois qu'il est important de comprendre que nous devons aussi nous tourner vers d'autres sources pour obtenir des données probantes. L'obtention de données probantes de qualité et l'examen des pratiques exemplaires sont tout aussi importants. Nous n'aurons pas toujours accès à de l'information quantitative à jour pour démontrer notre réussite. Toutefois, nous ne pouvons pas faire fi de tous les documents qui appuient ce fait — et je sais que vous ne remettez pas cela en question. Il existe toute une série de données probantes qui appuient le fait que les enfants, s'ils s'alimentent correctement, peuvent apprendre.

Puisque moi-même, je ne suis pas présentable avant d'avoir pris le petit déjeuner, j'appuie certainement ce fait, d'après mon expérience personnelle entre autres.

Nous savons que les enfants qui vont à l'école sans avoir pris un petit déjeuner sain présentent des problèmes de comportement; ils ne peuvent pas apprendre. Votre travail d'enseignante, j'en suis certaine, vous a permis d'en faire l'expérience.

Nous ne pouvons attendre des données quantitatives pour agir. Dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté, nous faisons très attention à cela. Oui, nous adoptons une approche fondée sur les données probantes, et nous examinons toutes les données probantes disponibles, mais cela comprend les pratiques exemplaires. Cela comprend des données anecdotiques et l'information qualitative de qualité, si vous me passez l'expression. Lorsque tout pointe à la même conclusion, nous devons agir, même si nous n'avons pas le genre d'information quantitative que nous aimerions peut-être avoir dans un monde idéal.

Le sénateur Cochrane : D'accord, c'est bien.

Je voudrais m'adresser au sergent Ross. Vous dites que vous utilisez la stratégie communautaire de façon assez efficace. Alors laissez-moi vous poser la question suivante : si nous avions eu cet outil avant, aurait-il été possible de concevoir nos collectivités différemment? Je pense au Labrador. Nous avons tenté de transférer les gens d'une collectivité à une autre et à une autre encore. Lorsque nous l'avons fait, nous n'avions pas cette stratégie communautaire, n'est-ce pas? Les choses auraient-elles été différentes si nous l'avions eu? C'est peut-être même quelque chose que les gens envisagent pour l'avenir, déplacer des collectivités.

M. Ross : C'est certainement une bonne question. Je n'ai pas participé à la réinstallation de la collectivité de Davis Inlet à Natuashish; j'imagine que c'est à cela que vous faites allusion.

Le sénateur Cochrane : Eh bien, je n'avais pas l'intention de mentionner les noms.

M. Ross : Assurément, j'ai participé de façon importante à un certain nombre de dossiers liés à la collectivité, depuis l'échelon provincial, pas tant sur le terrain. En fait, je siège au Comité de la Stratégie de guérison des Innus.

Il y a eu un travail de réflexion au sujet de la structure de la communauté, surtout dans le cadre de son aménagement. Je ne sais pas si on m'a mené en bateau, mais on m'a dit — et j'ai survolé la communauté, mais je ne l'ai jamais vraiment vue sous cet angle — que la collectivité est aménagée en forme d'empreintes de pied. Vue d'en haut, elle ressemble à la trace d'un pied, pour illustrer le fait que la collectivité va de l'avant.

On a fait des efforts quant à la manière dont la collectivité a été aménagée, afin que certains aspects physiques de la collectivité soient intégrés à la prévention du crime. Je sais qu'il y a eu une tendance à faire ce genre de choses dans d'autres collectivités au pays.

Le problème dans certaines de ces collectivités — nous avons mis des siècles à nous rendre au point où nous sommes, et il faudra encore beaucoup de temps pour faire avancer certaines de ces questions, bien que les collectivités aient fait des pas importants pour régler un certain nombre des problèmes actuels.

Pendant la pause, j'ai parlé à Gerald du sujet des efforts communautaires visant à créer un milieu sans alcool dans la collectivité de Natuashish. Je ne sais pas si tout le monde ici le sait, mais la collectivité a pris cette initiative. Les chefs sont allés de l'avant et ont créé un milieu sans alcool à Natuashish. Je ne sais pas quelles ont été les répercussions sur le plan de la santé, mais en ce qui concerne le domaine judiciaire, les répercussions ont été importantes. Par exemple, le taux de criminalité dans la collectivité a diminué de moitié, selon moi.

Le sénateur Cochrane : Wow.

M. Ross : L'un des indicateurs que nous avons l'habitude d'utiliser dans les collectivités autochtones pour mesurer la charge de travail policière est le nombre de prisonniers dans nos cellules. Ce fait est probablement méconnu, mais quatre ou cinq des divisions les plus occupées au Labrador logent davantage de prisonniers dans leurs cellules que dans l'établissement de détention à St. John's, lequel dessert une population qui se chiffre probablement à 200 000 personnes. Le nombre de détenus à Natuashish, depuis l'entrée en vigueur du règlement, a probablement baissé de moitié aussi.

C'est un indicateur qui montre à quel point une initiative pertinente — et c'est très difficile de tenter d'appliquer un règlement d'interdiction d'alcool dans une collectivité —, une démarche planifiée peut avoir un énorme impact sur les résultats. Je ne sais pas si quelqu'un du milieu de la santé a fait des recherches pour déterminer si, évidemment, il existe un lien. L'alcoolisme, qui a fortement tendance à entraîner des activités criminelles et la victimisation, a certainement un immense impact sur la santé.

La difficulté pour ces collectivités tient à l'obtention de soutien, pas nécessairement sur le plan financier, mais à l'obtention de la contribution nécessaire de tous les échelons concernés, du gouvernement, provincial et fédéral, et des différents organismes, pour suivre la voie qu'ils ont décidé d'adopter. Les résultats dépendront de — un nombre de personnes ont été accusées d'être contrevenues au règlement dans la collectivité, et le dénouement de cette situation sera un facteur énorme.

Voilà un exemple d'une collectivité qui s'est tournée vers une planification importante pendant le déplacement. C'est le fondement de choses comme le règlement mis de l'avant par la collectivité et interdisant la consommation d'alcool.

Le sénateur Cochrane : Et qu'en est-il du taux de suicide? A-t-il baissé aussi?

M. Ross : C'est un problème qui afflige depuis longtemps bon nombre de nos collectivités au Labrador. Nous sommes parvenus à le suivre d'assez près au fil des années. Le nombre de suicides a diminué durant la dernière année. Toutefois, il faudra plus de temps pour évaluer l'impact.

De nombreux facteurs sociaux importants motivent ces taux. Nous avons mis des mesures en place pour sensibiliser les collectivités et nous avons tenté de mettre en œuvre certaines stratégies d'intervention dans les collectivités, mais évaluer l'impact prend du temps. Par le passé, le nombre a toujours été plus élevé au Labrador que dans la partie insulaire de la province.

L'autre soir, j'observais nos statistiques de 2007, et les chiffres sont en fait plus élevés dans la partie insulaire qu'au Labrador. Il semblerait donc, du moins, à vue de nez, que nous sommes dans la bonne voie. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.

Le sénateur Cochrane : Oui, merci.

Christine, vous avez parlé d'un déclin des activités d'exportation. Est-ce pour la même raison qu'en Ontario? Le déclin est-il imputable au dollar américain? Nos gens qui entreprenaient de merveilleuses initiatives pour lancer des entreprises et des activités d'exportation sont-ils partis?

Mme Snow : Je pense que c'est plutôt national. Nous voyons dans notre région les mêmes circonstances que celles qui sont vécues en Ontario. L'impact de la Chine est un facteur. La hausse du dollar canadien est un facteur. Les taux de productivité sont bas. Les mêmes difficultés que celles qui accablent l'Ontario sont présentes ici.

Le sénateur Cochrane : Vous dites que 37 p. 100 de la population se situent dans votre secteur, la zone 19. C'est beaucoup. Votre secteur comprend-il beaucoup plus d'aînés? J'entends dire que les aînés déménagent des secteurs ruraux vers St. John's et ce secteur. Avez-vous observé cela?

Mme Snow : Pas tant à St. John's, mais dans les collectivités avoisinantes.

Le sénateur Cochrane : Ils déménagent là-bas?

Mme Snow : Ils déménagent là-bas. Par exemple, Holyrood, que vous connaissez peut-être, est à 20 ou 25 minutes de St. John's. C'est assez près du centre urbain, si vous avez besoin de soins médicaux, mais la distance est encore convenable, et la météo y est plus agréable. Il y a moins de congestion à Holyrood. Nous constatons que les jeunes familles ont tendance à s'établir dans le centre urbain et que les aînés s'établissent dans les secteurs avoisinants. C'est ce que nous constatons.

Le sénateur Cook : Je veux juste vous dire que, selon moi, vous êtes arrivées au point voulu. Lorsque ma recherchiste m'a dit que le comité sur la santé des populations allait à Terre-Neuve et m'a suggéré de jeter un coup d'œil aux comptes communautaires, j'ai répondu « Qu'est-ce que c'est que cela? » Puisque ce n'est pas dans mes habitudes de rater une chance de servir ma région, principale raison pour laquelle je suis allée à Ottawa, car je croyais pouvoir changer les choses, je cherche des occasions de représenter ma région. Chaque année que j'ai passée au Sénat, dès que les budgets et le discours du Trône sont produits, je me fais un point d'honneur de les lire.

Le concept des comptes communautaires m'a intriguée. J'ai de la difficulté à faire fonctionner un aspirateur, donc je suis restée intriguée. Pat vient une fois par année, et nous regardons mon horaire et cherchons les possibilités. Lorsque je suis revenue du Sénat, elle m'a dit, « assoyez-vous », ce que j'ai fait, et elle avait fait imprimer une liasse de papiers, et j'ai dit « C'est l'île St. Jacques. Que faites-vous avec cela? » L'île St. Jacques s'adonne à être l'endroit où je suis née et où j'ai passé les 15 ou 16 premières années de ma vie. En cinq minutes, elle m'a montré ce que j'avais besoin de savoir pour comprendre les comptes communautaires, et à partir de ce moment, l'expérience a été incroyable. Je suis venue rencontrer Alton et ses collègues.

Je suis allée voir mes propres collègues et je les ai convaincus que nous devrions peut-être examiner cet outil dans la perspective de l'amélioration de la santé de notre population et des Canadiens. Je suis convaincue que vous avez réussi. J'espère que nous pourrons amener cette vision plus loin, parce que nous entendons parler beaucoup de l'économie axée sur le savoir, et vous créez une société axée sur le savoir, et je vous en félicite tous. Vous travaillez peut-être pour le gouvernement. Les gens peuvent vous percevoir comme des bureaucrates, mais je crois que vous faites preuve de liberté d'esprit. Vous n'en seriez pas arrivés là, malgré ce qu'Alton a conçu et vous a donné, vous n'en seriez pas arrivés là sans une telle liberté d'esprit. Je suis fière d'être Terre-neuvienne comme vous, et c'est tout ce que j'ai à dire aujourd'hui.

Madame Gogan, combien d'argent Statistique Canada perçoit-elle de votre gouvernement en échange de son information?

Mme Gogan : Alton serait mieux placé pour répondre à cette question.

Le sénateur Cook : Je dois connaître la réponse à cette question. Combien coûte la démarche qui consiste à rendre les données de mon formulaire de recensement utiles, pour moi et pour la population? Est-ce que c'est cher?

Alton Hollett, sous-ministre adjoint, Direction de l'économie et de la statistique, ministère des Finances, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Cela fait toute la matinée que j'espère avoir l'occasion de m'asseoir à côté du sénateur Cook. Le montant que nous dépensons varie d'année en année, mais je dirais qu'il n'est jamais inférieur à 100 000 $ par année; certaines années, il atteint 250 000 $. C'est le montant que nous avons dépensé l'année dernière. Point assez intéressant, 60 p. 100 de cette somme étaient consacrés au privilège de partager les données grâce aux comptes communautaires.

Donc, si nous dépensons, par exemple, 100 000 $ pour obtenir des données, nous devons payer des frais supplémentaires de 60 p. 100 pour les partager avec tout le monde.

Le sénateur Cook : Je croyais que Statistique Canada avait été conçu pour aider les Canadiens. Je m'aperçois maintenant que c'est une activité de recouvrement des coûts.

M. Hollett : C'est comme l'interprétation des données. Tout le monde ne les interprète pas de la même façon.

Le sénateur Cook : Je dois avouer à mes confrères terre-neuviens que je ne vois pas du tout les choses de la même façon que la plupart des gens. Nous entreprenons une aventure incroyable. J'aimerais avoir 20 ou 30 ans de moins, car je pourrais probablement ainsi marcher avec vous.

Il y a longtemps, Susan et moi avons amorcé l'aventure, car ce qui est aujourd'hui sa fondation a commencé dans le sous-sol de mon église. Avec une école et un peu d'argent — Lisa, j'aime raconter — venant des Pelleys, qui étaient propriétaires de l'usine de brique à Milton; ils ont fait un don à l'Église unie pour les enfants. Grâce à un tour de force, nous avons pris 5 000 $ — ce qui était beaucoup d'argent à l'époque — et nous avons commencé une aventure incroyable pour les enfants de cette province, et Susan était là dès le début. L'église a perdu beaucoup de fourchettes et beaucoup de couteaux, mais la Kids Eat Smart Foundation est devenue un organisme incroyable. Son cheminement est incroyable; et maintenant, vous êtes passés à une autre étape grâce à de l'information incroyable. Quand j'étais jeune, on disait qu'une personne qui ne sait pas où elle va se retrouvera ailleurs. Vous, vous savez où vous allez, et cela va forcément aller dans l'intérêt de notre population. Votre passion est manifeste. Si je peux conclure par une pensée, ne perdez jamais votre liberté d'esprit. Transmettez-la-leur, et laissez-les voler de leurs propres ailes. Merci beaucoup.

Le président : Merci, sénateur Cook.

Juste avant de conclure en vous remerciant, je voulais juste que vous sachiez que, la raison pour laquelle nous avons entrepris cette initiative, c'est que nous considérons que les disparités en matière de santé au Canada sont extrêmement nuisibles à notre population et à notre économie et font en sorte que beaucoup de gens ratent la chance de mener une vie fructueuse.

Le bassin de connaissances qui existe aujourd'hui — et il est vaste, si nous observons la documentation mondiale et nos propres documents canadiens sur le sujet, en plus de ce que vous nous avez appris depuis que nous sommes venus ici — nous permet d'établir une plate-forme relative à la santé de la population qui comporte une douzaine de facteurs importants. Au sommet de cette plate-forme, j'avais l'habitude de placer la santé de la société, mais vous m'avez désormais convaincu de placer le bien-être à la même hauteur. Je ne sais pas combien de temps il en sera ainsi, mais vous m'avez convaincu de le faire.

Nous devons ensuite nous pencher sur l'ensemble du cycle de vie. Nous devons examiner l'art d'être parents. Nous devons faire valoir auprès des Canadiens, que la chose la plus responsable que deux personnes feront jamais, c'est peut- être d'élever un enfant. Pour être des parents responsables, ils doivent se trouver dans un état sain afin de prendre cette décision.

La prochaine chose, c'est la santé maternelle. Nous parlons beaucoup du développement de la petite enfance — toute cette expertise au sujet de la neuroscience, de la psychologie, de la psychiatrie et de l'éducation que suppose le processus du développement de l'être humain en général et de la petite enfance en particulier. Toutefois, si la mère n'est pas en santé, l'enfant ne naîtra pas en santé; il sera susceptible de mourir prématurément de quelque chose — le cancer, une maladie; peu importe —, et sa capacité intellectuelle sera probablement diminuée tout au long de sa vie. La promotion des mères en santé partout au pays est un investissement minime, à mon avis.

Nous devons ensuite passer au développement de la petite enfance, puis à l'adolescence, et veiller à ce que les gens ne sombrent pas dans l'alcoolisme, particulièrement chez les collectivités autochtones, où le problème est si criant.

Nous devrons nous pencher sur la scolarité postsecondaire, où tant de jeunes se découragent, se suicident et ainsi de suite, car le filet de sécurité sociale n'aide pas ceux qui en ont besoin.

Nous devons ensuite nous pencher sur l'étape de la vie qui consiste à gagner de l'argent, la population active et tous les problèmes qui s'y rattachent. Certaines personnes se rendent malades à effectuer leur travail, et ainsi de suite, et il faut s'attacher au manque de sensibilisation de la population active.

Enfin vient une étape que certains d'entre nous vivons : l'âge d'or — alors, en dernier, nous l'espérons, après avoir cheminé par toutes ces étapes, nous contribuons toujours à la société grâce à l'état de bien-être qui s'est maintenu malgré la courbe démographique et, avec élégance, à l'âge de 105 ans, nous mourrons dans notre lit.

J'aimerais juste vous remercier beaucoup d'avoir partagé ces renseignements avec nous. Je crois réellement que c'est un outil fantastique. Je crois au travail communautaire depuis très longtemps, même si j'ai passé ma carrière à occuper un poste de directeur général dans un institut de cardiologie dont le chiffre d'affaires dépassait les 100 millions de dollars et à effectuer la profession de cardiochirurgien. Toutefois, je sais depuis longtemps que le secret de la bonne santé réside dans les collectivités. Il faut créer des collectivités où les soins primaires, comme l'a dit Joy, sont intégrés à tous les services sociaux et à tous les déterminants de la santé, et nous espérons que nous pourrons faire une contribution importante à ce chapitre.

C'est tellement merveilleux de voir que vous pouvez aller sur le terrain avec vos systèmes d'évaluation et d'information. Vous pouvez déjà boucler la boucle et ramener l'information, ce qui est merveilleux, à mon avis.

Merci beaucoup à tous. Je téléphonerai souvent à Alton avant que nous mettions un point final à notre rapport. Je parlerai peut-être aussi à certains d'entre vous lorsqu'on étudiera votre témoignage en profondeur.

J'aimerais remercier Pat West qui nous a aidés à établir l'ordre du jour et à optimiser notre temps. Que Dieu vous bénisse tous.

La séance est levée.


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