Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 10 - Témoignages du 27 octobre 2009
OTTAWA, le mardi 27 octobre 2009
Le Comité permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui à 17 h 12 pour examiner l'état actuel et futur du secteur de l'énergie du Canada (y compris les énergies de remplacement) et en faire rapport.
Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Bonjour et bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je m'appelle David Angus. Je représente la belle province de Québec au Sénat. Je suis président du comité.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue à tous les membres du public qui se trouvent peut-être dans la salle. En guise de rappel, sachez que notre séance est télédiffusée sur la chaîne CPAC, et on peut aussi suivre nos délibérations sur le Web. À tous ceux et celles qui nous écoutent et qui nous regardent, bienvenue. Je pense que la séance d'aujourd'hui promet d'être fort intéressante.
Je suis accompagné ce soir du sénateur Grant Mitchell de l'Alberta, qui est le vice-président du comité. Mentionnons également nos deux excellents chercheurs de la Bibliothèque du Parlement, sans qui nous ne pourrions fonctionner : Marc Leblanc et Sam Banks — à ne pas confondre avec son grand-père, Tommy, que vous verrez dans quelques instants.
Le sénateur Judith Seidman du Québec est une recrue au sein de notre comité. Elle est accompagnée du sénateur Hector Daniel Lang ainsi que des sénateurs Tommy Banks et Bert Brown, qui viennent tous deux de l'Alberta. Notre greffière, Lynn Gordon. Il y a ensuite le sénateur Richard Neufeld, ancien ministre du Cabinet en Colombie- Britannique dans le domaine des ressources naturelles, et le sénateur Pana Merchant de la Saskatchewan.
[Français]
Nous sommes privilégiés ce soir de recevoir six témoins pour discuter d'un sujet très cher à notre cœur.
[Traduction]
La présente séance donne le coup d'envoi à l'étude massive que nous allons entreprendre pour l'élaboration d'une stratégie en matière d'énergie pour le Canada dans le contexte non seulement de la sécurité énergétique mais aussi de la durabilité — c'est-à-dire les enjeux soulevés par les changements climatiques et l'énergie propre.
Sans plus tarder, je souhaite la bienvenue à nos invités. Je crois que nos invités sont venus à Ottawa non seulement pour le privilège spécial de témoigner devant nous, mais aussi — et c'est ce qu'il y a de plus important — parce qu'ils constituent un groupe d'experts sous l'égide de l'Ocean Renewable Energy Group.
Les membres du comité sont heureux de pouvoir profiter de la présence des meilleurs promoteurs de projets d'énergie marine au monde, qui se trouvent en grand nombre à Ottawa cette semaine à l'occasion du Symposium d'automne 2009 organisé par l'Ocean Renewable Energy Group. Nous avons hâte de connaître votre point de vue sur les perspectives énergétiques que présentent les trois océans et les grands cours d'eau du Canada.
[Français]
Je vais les présenter tous les six, pour débuter.
[Traduction]
À première vue, cela fait beaucoup de témoins. Mais je dois dire qu'ils se sont bien préparés pour s'en tenir à de brèves observations dans chaque cas. Ils vont chacun parler pendant cinq ou six minutes, après quoi nous passerons à une discussion ouverte. J'ai hâte d'entendre leur témoignage.
Je vous présente Chris Campbell, directeur général de l'Ocean Renewable Energy Group, l'homme qui a rendu tout cela possible. C'est lui qui a fait le premier pas en s'adressant à notre comité. Les autres témoins sont Erin Harlos, gestionnaire du développement des énergies renouvelables, Natural Power Consultants; Michael Tarbotton, président, Triton Consultants Ltd.; Alex Tu , spécialiste principal des technologies stratégiques, Bureau du dirigeant principal des technologies, BC Hydro; James Taylor, gestionnaire général, Gestion du carbone, Nova Scotia Power Inc.; et le dernier mais non le moindre, Marcel Boridy, directeur général, Centre Hydrolien Industriel Québécois, qui sera le premier à prendre la parole. J'en déduis que le centre s'intéresse à l'énergie éolienne et à l'énergie hydroélectrique, mais c'est peut- être quelque chose de tout à fait différent.
Deux autres sénateurs viennent de se joindre à nous : le sénateur Elaine McCoy de l'Alberta et le sénateur Nick Sibbeston des Territoires du Nord-Ouest. Le comité siège donc maintenant au complet.
[Français]
Marcel Boridy, directeur général, Centre Hydrolien Industriel Québécois (CHIQ) : Monsieur le président, je suis le directeur général du CHIQ, qui est le Consortium Hydrolien Industriel Québécois qui, comme vous le verrez un peu plus tard, s'intéresse exclusivement à l'énergie des océans. Je suis également président du conseil d'administration d'OREG ainsi que membre du Conseil canadien des normes sur l'énergie des océans.
Je voudrais d'abord vous remercier pour cette opportunité que vous nous donnez de vous rencontrer tous afin que nous vous fassions part de nos idées et de notre vision à moyen et à long terme sur ce nouveau secteur émergent.
En tant que président du conseil d'administration d'OREG, je suis particulièrement honoré et ravi de constater que ce comité ait décidé d'entendre un certain nombre d'individus représentatifs de notre association qui, je le rappelle, regroupe tous les intervenants canadiens et même certains internationaux œuvrant dans le domaine de l'énergie des océans, et ce dans le cadre de votre mandat qui, si je comprends bien, est de développer une vision nationale sur le sujet dont le but, à long terme, est de positionner le Canada sur la scène internationale dans ce secteur énergétique émergent et hautement compétitif, mais tout en préservant les intérêts canadiens assurant ainsi sa sécurité énergétique.
Les énergies des océans, peu importe d'où elles proviennent, que ce soit des vagues, des marées ou des courants, offrent sans contredit des ressources d'énergie verte et renouvelable parmi les plus denses et les plus fiables qui soient. L'énergie éolienne a ouvert la voie aux nouvelles technologies vertes qui ont tout autant sinon plus de potentiel.
OREG apporte, sans aucune restriction — et je m'y engage — tout son support à la protection émise par la table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, à savoir que 20 p. 100 de l'électricité renouvelable développée au Canada dans les quatre prochaines décennies peuvent émaner de ces ressources.
À titre de comparaison, le Danemark, un pays de seulement cinq millions d'habitants, s'est établi comme objectif qu'en 2013, au moins 40 p. 100 de son électricité soit produite au moyen d'énergie renouvelable.
Durant ces prochaines années, nous nous attendons à ce que le coût de production baisse de façon significative pour devenir l'un des plus bas parmi les énergies renouvelables.
Comme vous le savez peut-être, le Canada se situe aujourd'hui au troisième rang mondial en ce qui a trait au développement des technologies des énergies des océans. Sa position est excellente pour qu'il devienne l'un des leaders au fur et à mesure que ces technologies se développent.
Forts de nos ressources, forts de l'intérêt montré par les compagnies de production, de transport et de distribution de l'électricité reconnues par ailleurs dans le monde entier pour leur savoir, leur savoir-faire et leur capacité à innover, forts de nos propres capacités industrielles, que ce soit dans les secteurs de l'énergie ou dans le secteur maritime, nous sommes confiants et demeurons convaincus que le développement de l'énergie des océans fera partie de cette nouvelle économie axée sur la réduction du carbone et qu'elle permettra au Canada de se tailler une place de leader au sein de la communauté internationale.
Afin de vous donner une idée plus claire, je vous donne cet exemple : un kilowatt/heure hydrolique génère 4 grammes de CO2, un kilowatt/heure nucléaire en génère 6, un kilowatt/heure éolien, entre 3 et 22, et un kilowatt/heure de charbon, 978.
Les représentants de ce secteur d'économie que nous sommes vous feront brièvement et, tour à tour, la démonstration de ce que nous avançons.
Avant de passer la parole à mon collègue James Taylor, je souhaiterais partager avec vous l'état de la situation au Québec, et ce assez rapidement.
Premièrement, le CHIQ, que je dirige, qui est le Centre Hydrolien industriel québécois, reflète la volonté politique québécoise qui est la création d'une filière industrielle québécoise. À cet effet, une autre entité a vu le jour il y a à peu près un an au Québec, et chacun dans son côté, nous avons comme objectif d'être un pionnier dans le développement des technologies d'hydrolienne fluviale.
Quant au CHIQ, plutôt que de vouloir combler un très grand retard technologique quasi insurmontable et financièrement très onéreux et risqué, il a préféré privilégier la voie de la coopération internationale basée sur les technologies les plus prometteuses tout en préservant nos intérêts canadiens, à savoir : la contribution significative à la conception et au développement des technologies; la propriété intellectuelle canadienne préservée; la fabrication exclusivement canadienne; et la commercialisation exclusive sur une grande partie du monde.
Dès février 2007, j'ai sensibilisé le gouvernement du Québec au développement de ce nouveau secteur d'activité. J'y ai trouvé une écoute plus qu'attentive et je voudrais profiter de l'occasion pour l'en remercier.
Aujourd'hui, la conception, le développement, la fabrication, la commercialisation, l'entretien et la maintenance d'hydroliennes fluviales non seulement font partie intégrante de la stratégie énergétique du gouvernement du Québec, mais font aussi partie du plan stratégique 2009-2013 d'Hydro-Québec et du plan nord du premier ministre Jean Charest.
Le premier ministre Jean Charest s'exprimait ainsi le 10 mars 2009, lors de son discours inaugural à l'Assemblée nationale sur le thème « L'occasion de se démarquer »:
Pour profiter de la demande croissante en énergies renouvelables, nous avons donné instruction à Hydro- Québec d'accélérer le développement de la puissance du Québec.
Dans son plan stratégique 2009-2013, Hydro-Québec prévoit, à l'horizon 2035, intégrer au développement du plan nord, 300 mégawatts d'énergies éoliennes et 200 mégawatts d'énergies renouvelables émergeantes, plus précisément — et je cite :
Hydro-Québec développera un nouvel axe d'innovation dans le domaine des énergies renouvelables d'origine hydrolique telles que les énergies hydroliennes et [...]
Hydro-Québec évaluera ainsi la possibilité d'utiliser ce moyen de production d'électricité pour alimenter des réseaux non reliés au réseau principal avec une énergie propre et renouvelable. Sources d'investissements dans les communautés éloignées, de tels projets offriraient l'avantage d'exploiter une ressource disponible sur place pour satisfaire les besoins locaux en électricité.
Tout ceci se retrouve en page 72 du plan stratégique d'Hydro-Québec.
Tout ceci demeure aussi un travail de longue haleine. La route qui nous mènera vers l'industrialisation d'hydroliennes fluviales et la reconnaissance internationale de notre expertise et de nos technologies est pavée d'embûches qu'à force de volonté et de détermination, nous finirons par surmonter.
Je n'ai fait que vous donner quelques points de repaire afin que vous puissiez vous rendre compte du rôle déterminant que peuvent jouer les provinces et territoires canadiens dotés d'un potentiel fluvial estimé à 15 000 mégawatts. Nous ne pouvons demeurer inactifs et ultimement être réduits à devoir importer ces technologies. Nous en avons fait les frais en ce qui concerne l'éolien, ne ratons pas cette chance unique qui s'offre à nous pour nous démarquer et nous faire remarquer.
[Traduction]
James Taylor, gestionnaire général, Gestion du carbone, Nova Scotia Power Inc. : Merci, monsieur le président et honorables sénateurs. Je suis gestionnaire général de la gestion du carbone pour Nova Scotia Power. Dans le cadre de mes fonctions, je suis chargé des efforts de transformation de la société en vue de passer d'une production à forte intensité carbonique à un portefeuille énergétique beaucoup plus équilibré. De plus, je préside le comité auquel M. Boridy a fait référence, c'est-à-dire le comité qui s'occupe des normes sur l'énergie des océans sous l'égide du Conseil canadien des normes. Je préside également le groupe chargé des enjeux liés à la qualité de l'air au sein de l'Association canadienne de l'électricité, organisation qui semble discuter depuis des décennies avec le gouvernement fédéral sur l'élaboration de règlements sur les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques.
Nova Scotia Power est le service public verticalement intégré qui assure la transmission, la distribution et la production d'électricité à plus de 480 000 clients en Nouvelle-Écosse, en plus d'offrir des services à la clientèle. L'entreprise appartient à des intérêts privés depuis 1992.
Les principales sources de combustible servant à la production d'électricité en Nouvelle-Écosse — le charbon et le pétrole — sont à forte intensité carbonique. Le choix de ces sources de combustible est un héritage des politiques économiques provinciales et fédérales en vigueur dans les années 1970 et 1980. À l'époque, la Nouvelle-Écosse disposait d'abondantes réserves de charbon, et le recours à cette source d'énergie a procuré d'importantes retombées économiques à la région dans les années 1970, 1980 et 1990. La dernière centrale à charbon a été mise en service en 1994.
La transformation de Nova Scotia Power pour la faire passer d'une production à forte intensité carbonique à un portefeuille énergétique plus équilibré est en cours depuis cette époque, mais il reste beaucoup à faire. La stratégie de l'entreprise vise d'abord à accroître la quantité d'énergie renouvelable utilisée dans notre parc de production et à travailler avec nos clients pour gérer leur consommation d'énergie grâce à des programmes dynamiques axés sur l'efficacité énergétique et l'économie d'énergie.
La baie de Fundy est l'endroit où l'amplitude des marées est la plus forte au monde, et c'est aussi là où les courants sont les plus forts en raison des marées montantes et descendantes. Dans le passage Minas, la vitesse du courant atteint régulièrement cinq mètres par seconde, ou dix nœuds. C'est là une source d'énergie suffisante pour répondre à une bonne partie des besoins en électricité de la Nouvelle-Écosse.
Nova Scotia Power a mis en service sa première centrale marémotrice à Annapolis en 1984. Cette centrale de 20 mégawatts est une source fiable de production d'électricité depuis plus de 20 ans. La centrale d'Annapolis a recours à un barrage pour créer de l'énergie à partir des marées. Même si l'efficacité de la technologie utilisée à Annapolis a été démontrée, Nova Scotia Power croit que l'exploitation commerciale à grande échelle de centrales à barrage serait difficile à réaliser en raison de considérations environnementales. De plus, ces projets de type barrage seraient de véritables mégaprojets qui nécessitent des budgets de milliards de dollars pour une mise en œuvre à l'échelle industrielle. À la place, nous croyons que l'avenir de l'énergie marémotrice en Nouvelle-Écosse réside dans la nouvelle technologie des turbines d'eau vive.
L'unique centrale de Nova Scotia Power actuellement en service utilise la même technologie que celle d'Open Hydro en Irlande. La turbine et la génératrice sont construites en Irlande, tandis que l'embase gravitaire et le venturi sont fabriqués par Cherubini Metal Works à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Les préparatifs en vue de la mise en service et le travail environnemental nécessaires au projet ont été confiés à des entrepreneurs, des universitaires et des scientifiques de la région.
Le coût total du prototype s'élève à environ 11 millions de dollars, dont une contribution de 4,65 millions de dollars provenant de Technologies du développement durable Canada. Sans cette contribution, ce projet ne se serait jamais concrétisé.
L'essentiel des sommes investies a été dépensé en Nouvelle-Écosse. La mise à l'essai initiale devrait durer deux ans. Si elle est concluante et que l'installation de multiples centrales doit s'amorcer, Nova Scotia Power verra à acquérir un navire de déploiement construit en Nouvelle-Écosse — et nous avons dû utiliser celui provenant d'OpenHydro — et à se procurer davantage de pièces de turbogénératrices fabriquées en Nouvelle-Écosse. L'exploitation commerciale pourrait donner lieu à l'installation de dizaines, puis de centaines, de centrales, les coûts unitaires étant de moins en moins élevés en raison des économies d'échelle; ainsi, l'énergie marémotrice produite par l'eau vive deviendrait concurrentielle par rapport à d'autres formes d'énergie en Nouvelle-Écosse.
Pour entretenir ces centrales, dont le cycle d'entretien prévu est de quatre ans, il faudra des installations, des gens de métier formés à cette fin et des chaînes d'approvisionnement établies.
Le Canada a l'occasion de jouer un rôle international de premier plan dans le développement de cette industrie. Notre pays regorge de ressources naturelles, mais nous avons besoin de la coopération de tous les paliers de gouvernement ainsi que celle de l'industrie et des fournisseurs de technologie pour faire avancer cette industrie.
Le président : Merci beaucoup, monsieur Taylor. C'est intéressant, en effet. Chers collègues, certains des documents que nous avons reçus en dernier ne sont pas dans les deux langues officielles. Toutefois, je suis sûr que les documents dont nous disposons nous seront utiles.
Alex Tu, spécialiste principal des technologies stratégiques, Bureau du dirigeant principal des technologies, BC Hydro : Bonsoir, tout le monde. Je tiens à saluer particulièrement le sénateur Neufeld, qui était ministre à l'époque où je me suis joint à la société, il y a quelques années. Je crois que mes collègues vous parleront des ressources énergétiques des océans au Canada et des percées et défis technologiques dans ce domaine.
J'aimerais pour ma part vous décrire brièvement ce qu'une société comme la nôtre peut faire pour favoriser l'exploitation des ressources énergétiques de l'océan et profiter des débouchés économiques de ce secteur.
Tout d'abord, quelques mots au sujet de BC Hydro. BC Hydro est la plus importante société hydroélectrique de la Colombie-Britannique. Elle a pour mandat de produire, d'acheter, de distribuer et de vendre de l'électricité, et de répondre aux besoins de la province de manière efficiente et fiable. Pionnière de l'énergie propre depuis des années, la Colombie-Britannique dispose aujourd'hui de centrales hydroélectriques qui produisent 90 p. 100 de l'électricité générée dans la province — soit environ 50 000 gigawatts par an. Pour répondre à la demande croissante, BC Hydro passe aussi des contrats d'approvisionnement à long terme avec des producteurs d'électricité indépendants. Si BC Hydro se retrouve dans une position aussi enviable aujourd'hui en tant que producteur d'énergie propre, c'est grâce aux investissements qu'elle a faits au cours des décennies précédentes. Maintenant, nous nous tournons vers les technologies émergentes dans ce domaine pour léguer aux générations futures un avenir tout aussi prometteur.
En tant que société d'État, nous sommes responsables devant le gouvernement de la Colombie-Britannique, car il est notre seul et unique actionnaire. Pour améliorer la valeur de notre actionnaire, nous ne pouvons donc pas nous contenter d'un rendement financier à court terme; nous devons aussi être en mesure d'offrir un niveau de vie acceptable à tous les habitants de la province. Nous y veillons donc en nous efforçant d'agir dans l'intérêt supérieur des Britanno- Colombiens actuels et des générations futures, et en favorisant la réalisation de la stratégie d'avant-garde sur les énergies propres incluse dans le plan énergétique de la Colombie-Britannique, le BC Energy Plan, présenté par le sénateur Neufeld.
Ce plan rendu public en 2007 précise ce qu'on attend comme rendement à long terme de notre société d'État. Il porte sur toutes les formes d'énergies de remplacement non polluantes — ainsi que sur les économies d'énergie et l'efficacité énergétique — afin de parvenir à répondre aux besoins énergétiques futurs des Britanno-Colombiens. Le plan exige entre autres que tous les nouveaux projets de production d'électricité réalisés en Colombie-Britannique n'entraînent aucune émission nette de gaz à effet de serre; que la production d'électricité propre ou renouvelable représente toujours au moins 90 p. 100 de la production provinciale totale; et que la province atteigne l'autosuffisance hydroélectrique d'ici 2016. Voilà des objectifs ambitieux.
Pour créer de la valeur, nous nous devons donc d'être à l'affut des occasions de préserver pour les générations futures cette position enviable qu'occupe la Colombie-Britannique au chapitre de l'énergie à bon marché. L'énergie marine se révèle bien sûr intéressante à cet égard en raison de l'ampleur des ressources et du fait qu'elle pourrait aider BC Hydro à atteindre les cibles en matière d'énergie propre prévues par le plan énergétique. Ces ressources nous permettraient de diversifier notre portefeuille énergétique, où l'énergie hydroélectrique prédomine, et de peut-être diminuer les risques afférents aux changements dans les régimes de précipitations ou dans la fonte des neiges qui sont causés par les changements climatiques. On peut très bien imaginer que dans l'avenir, les installations hydroélectriques de l'État soient des parcs d'énergie marine qui produisent de l'énergie propre en abondance pour les Britanno- Colombiens. Sans compter que la croissance de cette industrie à l'échelle locale pourrait contribuer à l'amélioration du niveau de vie des Britanno-Colombiens à long terme, notamment par la création d'emplois et les exportations.
Je crois que d'autres vous ont décrit certains des défis techniques que pose la mise en place des premières installations de production. Il s'agit d'énormes installations dans certains des environnements les plus rigoureux du monde. Les producteurs publics d'électricité ont certes un rôle à jouer dans la commercialisation de ces technologies, par exemple en ce qui a trait à l'interconnexion sécuritaire, à l'intégration au réseau et à la validation du rendement des installations de démonstration. Mais les gouvernements ont aussi un rôle à jouer dans cette poussée technologique conventionnelle. J'aimerais aussi souligner qu'il ne sera pas facile de passer de la première étape, la mise à l'eau des installations, à celle de la croissance durable du marché de l'énergie marine.
BC Hydro a soumis une demande au Fonds pour l'énergie propre, sous l'égide de Ressources naturelles Canada, qui montre bien que nous souhaitons à la fois mettre en place les installations voulues et favoriser le développement d'une industrie de l'énergie marine. Nous sommes conscients que BC Hydro ne peut assurer à elle seule la commercialisation de ces technologies; étant donné les divers risques et obstacles. Notre approche consiste donc à réunir les institutions clés jouant un rôle dans le secteur de l'énergie marine — institutions financières, autorités réglementaires, experts en ingénierie et sociétés publiques d'électricité — pour éliminer les obstacles institutionnels à l'exploitation de l'énergie marine en favorisant la démonstration de ces technologies.
Nous avons réuni ce que nous croyons être une excellente équipe. Un de nos partenaires, MacDonald, Detwiler and Associates, mettra à contribution son expertise dans les domaines de la robotique, des technologies de l'information et de la gestion de déploiements complexes dans des environnements difficiles dans le secteur de l'énergie marine. Vancity Capital, pour sa part, offrira des services financiers et de gestion des risques. Le ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières de la Colombie-Britannique s'occupera, lui, de la direction et de l'orientation des projets.
Quant à BC Hydro, nous étudierons la possibilité de mettre en place un programme d'achat d'énergie ciblant l'énergie marine, ce qui permettra aux chefs de file dans le développement de ces nouvelles technologies de se connecter à son réseau et de lui vendre de l'énergie à un prix qui favorisera la croissance du marché. Nous ne connaissons pas encore ce prix, mais nous allons le découvrir dans le cadre de notre programme.
Notre projet soumis au Fonds pour l'énergie propre vise la mise en place de projets de démonstration totalisant 6 mégawatts d'énergie marine d'ici 2014, qui seront suivis du lancement d'un plus vaste programme d'acquisition d'énergie marine devant nous permettre d'acheter 10 mégawatts supplémentaires par la suite.
Personnellement, je crois que plusieurs facteurs pourraient nous aider à convaincre des entrepreneurs et des chefs de file mondiaux en matière de technologie de venir commercialiser leurs technologies en Colombie-Britannique : une solide expertise locale en ingénierie, un secteur des services financiers bien informé, des politiques favorables et une société publique d'hydroélectricité disposant de processus d'acquisition d'énergie permettant de soutenir la croissance du secteur de l'énergie marine à long terme.
Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la création d'un marché attrayant pour l'exploitation de l'énergie marine. Les programmes de soutien financier des projets de démonstration de ces technologies, comme le Fonds pour l'énergie propre, sont importants. Je préconiserais aussi une certaine coordination avec les ministères provinciaux en vue d'accélérer les processus de délivrance de permis et d'autorisation pour les dispositifs installés au large.
Michael Tarbotton, président, Triton Consultants Ltd. : Ce soir, j'aimerais vous donner une idée du potentiel que présente, pour le Canada, l'énergie produite par les vagues et les marées. Les chiffres produits par mon cabinet, qui sont le fruit d'un travail mené ces dernières années, devraient s'avérer utiles dans vos délibérations. J'espère que certaines des cartes que vous avez devant vous sont en couleur; j'espère qu'elles le sont parce que c'est essentiel.
Je vais d'abord vous parler un peu de mon parcours. Je suis un ingénieur et un océanographe, et j'ai une expérience d'environ 40 ans dans le domaine. J'ai fait le calcul avant de venir ici; je ne m'étais pas rendu compte que je travaillais depuis 40 ans déjà. J'ai mis sur pied Triton Consultants il y a 25 ans. Nous préparons des analyses de sélection de ports pour des sociétés minières et tout le reste. L'énergie renouvelable des océans constitue un de nos centres d'intérêt depuis les 20 dernières années.
Le coup d'envoi à nos recherches détaillées sur l'énergie renouvelable des océans a été une étude pour BC Hydro en 2002 qui, à l'époque, était la première analyse de ce genre dans le monde entier. Ce travail a été incorporé dans un atlas du Canada en 2005-2006. Par ailleurs, mon cabinet a fourni des services d'analyse de ressources en Corée, à la fin de l'année dernière et au début de cette année, pour un projet d'énergie marémotrice là-bas, et nous travaillons également sur le projet d'énergie marémotrice dans le passage Minas en Nouvelle-Écosse, dans la baie de Fundy. Nous préparons, entre autres, des maquettes pour l'étude des marées.
Nous avons également contribué au projet de démonstration de l'énergie marémotrice de Race Rocks, près de Victoria. Il s'agit de la première turbine marémotrice au Canada, si je ne me trompe pas. Nous avons participé à la réalisation d'études pour ce projet.
Voyons maintenant quelle est la quantité d'énergie marine au Canada. C'est la question principale à se poser. La première page des diapositives que vous avez devant les yeux représente des contours. Ce qui est en rouge désigne la puissance des vagues au large de la côte Est du pays. Dans le petit encadré, on peut lire que l'énergie ondulatoire est exprimée en kilowatts par mètre, c'est-à-dire la puissance de l'énergie à chaque mètre au large de nos côtes. Comme on peut le voir, l'énergie diminue à mesure qu'on s'approche des rives. Cette baisse sur la côte Est s'explique par le fait que les vents ont tendance à souffler dans la direction opposée.
La deuxième diapositive illustre à peu près la même chose, alors je ne vais pas m'y attarder. Passons maintenant à la diapositive sur la côte Ouest; ce qu'il y a d'intéressant avec la côte Ouest, c'est que l'énergie des vagues près des rives est nettement supérieure à celle de la côte Est; donc, pour générer de l'énergie à partir des vagues, la côte Ouest est le premier endroit où aller.
Combien de mégawatts d'énergie peut-on produire au Canada à partir des vagues? Le potentiel pour la côte Ouest est de l'ordre de 55 000 mégawatts. Si j'ai bien fait mes calculs — la consommation d'électricité au Canada s'élève à environ 70 000 mégawatts — et si ces chiffres représentent le potentiel, il faut alors se poser la question suivante : que peut-on produire à partir de cette ressource? Supposons qu'il s'agit d'un pourcentage de 10 à 20 p. 100; on parle alors d'environ 40 à 80 térawattheures par année. J'utilise ici le jargon des entreprises de services publics qui parlent en termes de kilowattheures et de térawattheures. Les unités de mesure correspondent à des multiples de mille — kilo, méga, giga, téra —, ce qui signifie qu'un térawatt est égal à dix à la puissance neuf. C'est énorme. J'ai fait quelques calculs en me basant sur un coût de 5 cents le kilowattheure, ce qui est bas pour le Canada, mais c'est le coût en Colombie-Britannique. La valeur de cette énergie se situe entre 2 et 4 milliards de dollars par année.
Passons maintenant aux marées, qui représentent grosso modo la même quantité d'énergie. Parmi les diapositives, vous verrez une carte du Canada sur laquelle sont dessinés des cercles en couleur; plus ceux-ci sont gros et rouges, plus la ressource est importante. Il y a trois concentrations de ressources au Canada. La côte Ouest compte un grand nombre de sites de production d'énergie marémotrice de taille moyenne. Sur la côte Est, on trouve un site particulièrement grand dans le passage Minas, qui est en cours de développement, ainsi que plusieurs sites de plus petite taille. La plus grande ressource au Canada se situe dans le Nord du Québec et au Nunavut, en raison de l'afflux des eaux de la baie d'Hudson. On y trouve peut-être le débit de marée le plus puissant au monde, mais je n'en suis pas tout à fait sûr. De plus, il y a une grande ressource dans la baie d'Ungava, dans le Nord du Québec. La baie d'Ungava se caractérise par de grandes marées qui, selon certaines personnes, sont supérieures à celles de la baie de Fundy. Cela importe peu; les marées sont du même ordre que celles de la baie de Fundy. Quelques sites dans le Nord du Québec, à Nunavik, sont aussi grands que celui de Minas dans la baie de Fundy.
Les chiffres nets par province — vous avez un tableau devant vous — donnent un potentiel total de 42 240 mégawatts. Si on suppose une utilisation ou une énergie réalisable de 10 à 20 p. 100, alors ce potentiel se situe entre 40 et 75 térawattheures par année. Cette énergie représente une valeur actuelle de 2 à 4 milliards de dollars par année.
Si les sénateurs des diverses provinces veulent savoir où se situent les principaux sites d'énergie au Canada, la réponse se trouve dans le tableau suivant. On les trouve au Nunavut. Mais, évidemment, il y a un hic — le Nunavut est recouvert de neige pendant quatre ou six mois par année. Si vous me demandez mon opinion, je dirais qu'à long terme, c'est là où nous devons porter notre attention. Cette partie du Canada est comme le Moyen-Orient de notre pays.
Le président : Le Nunavut?
M. Tarbotton : Oui, le Nunavut. De plus, au Québec, les lignes de transport d'électricité vers les grands projets hydroélectriques au centre de la province s'étendent sur de longues distances. Nous n'avons qu'à construire des lignes deux fois plus longues pour atteindre Nunavik.
Les deux dernières diapositives montrent en détail les ressources marémotrices sur la côte Ouest et la côte Est. En ce qui concerne l'Est, le site qui se trouve entre Terre-Neuve et Labrador est le détroit de Belle-Isle, pour ceux que cela intéresse. L'autre carte illustre le détroit d'Hudson.
C'est tout ce que j'avais à dire. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Le président : C'était fort intéressant. Merci beaucoup, monsieur.
Erin Harlos, gestionnaire du développement des énergies renouvelables, Natural Power Consultants : Bonsoir. Merci beaucoup de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. On m'a demandé de faire le bilan sur deux sujets : premièrement, la West Coast Wave Collaboration et, deuxièmement, l'expérience de Natural Power Consultants dans le cadre de ses travaux pour le compte de clients internationaux dans ce secteur. J'espère que vous avez, dans votre trousse, une feuille qui ressemble à ceci.
La West Coast Wave Collaboration est un bel exemple des efforts conjoints qui sont déployés pour aider à faire avancer le secteur de l'énergie des vagues au Canada. La collaboration a débuté officiellement en février 2009; il s'agit d'un programme de deux ans qui aura pour mandat de recueillir des données sur les vagues, les vents et les courants afin de produire des statistiques précises sur la côte Ouest. Le projet comporte également un volet de modélisation qui contribue aux travaux de M. Tarbotton.
La collecte de données sera effectuée par le déploiement d'une bouée de suivi de la direction des vagues ainsi que de nombreux autres capteurs au large de la côte Ouest de l'île de Vancouver, près d'Ucluelet, à environ huit kilomètres des côtes et à une profondeur de 40 mètres.
À l'heure actuelle, 11 partenaires travaillent en étroite collaboration dans le cadre de ce programme. L'organisme responsable est CanmetÉNERGIE de Ressources naturelles Canada du gouvernement fédéral; BC Hydro participe pour le compte des entreprises de services publics; l'Université de Victoria représente le partenaire universitaire; Fred Olsen Renewables est le promoteur privé; l'Ocean Renewable Energy Group, OREG, joue le rôle de facilitateur; Triton participe à la modélisation; mon entreprise, Natural Power Consultants, s'occupe du développement; la collectivité locale, c'est-à-dire le district d'Ucluelet, figure également au nombre des partenaires, ainsi que la Première nation locale.
Le président : Votre entreprise est-elle basée en Colombie-Britannique?
Mme Harlos : Nous avons un bureau en Colombie-Britannique. Notre siège social se trouve en Écosse, et nous jouons un rôle actif en Europe et en Amérique du Nord.
Le président : Avez-vous d'autres bureaux au Canada, ailleurs qu'en Colombie-Britannique?
Mme Harlos : Oui, nous avons un bureau en Alberta axé sur l'énergie éolienne. Nous avons également des bureaux à New York et au Chili pour ce qui est des Amériques.
L'ensemble des 11 partenaires ont contribué au projet soit de façon financière, soit sous forme d'importantes contributions en nature.
Le projet West Coast Wave Collaboration a pour objet de recueillir des données. Il s'agit surtout de recueillir des renseignements de base dont les promoteurs du projet et les développeurs de dispositifs ont besoin pour comprendre le climat des vagues, assurer l'élaboration du projet et, éventuellement, obtenir du financement. L'autre objectif clé est la modélisation en vue d'établir des modèles de reconstitution et de prévision des vagues pour contribuer à l'avancement du projet. Dans le cadre de nos efforts de communication et de mobilisation, nous fournissons également des renseignements précis au public, aux organismes de réglementation et à l'industrie, au lieu de nous en tenir à des estimations générales. Ensemble, ces activités aident à stimuler l'industrie.
La bouée est déjà prête. Nous nous croisons les doigts en attendant que les conditions météorologiques nous permettent de la déployer. Une fois le dispositif installé, nous pourrons obtenir des données en ligne au sujet de la ressource et ce, en moins de quatre heures.
J'aimerais vous parler davantage de la perspective de Natural Power Consultants, un cabinet d'experts-conseils international dans le domaine des énergies renouvelables. L'expansion de l'entreprise s'est faite parallèlement à la croissance de l'industrie de l'énergie éolienne en mer et sur terre. L'entreprise connaît maintenant une croissance grâce à l'émergence de l'industrie de l'énergie des vagues et de l'énergie marémotrice. Le point essentiel à retenir, c'est que les clients internationaux, avant d'investir, examinent six facteurs clés : premièrement, les ressources; deuxièmement, une approche de délivrance de permis qui est rationalisée, stable et équitable; troisièmement, des mécanismes d'appui qui ne sont pas toujours d'ordre financier — l'aspect financier est important pour ce projet, mais d'autres formes d'aide gouvernementale sont également des éléments clés; quatrièmement, le réseau électrique, dont d'autres témoins ont parlé, ou la planification proactive du transport d'énergie; cinquièmement, la chaîne d'approvisionnement — c'est-à- dire la main-d'œuvre qualifiée, les ports, les navires et le secteur manufacturier; enfin, et c'est peut-être le facteur le plus important, les investisseurs examinent les faits et gestes des ministères gouvernementaux et des politiciens qui laissent entrevoir un soutien à l'égard des énergies renouvelables, ainsi que la mesure dans laquelle les ministères travaillent de façon uniforme à s'acquitter de ces mandats.
Aucun pays ni site de projet n'a une note parfaite dans l'ensemble des six facteurs. Les investisseurs cherchent le meilleur endroit possible pour gérer les risques.
Pour nous, l'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie canadienne en matière d'énergie marine sont essentielles à la coordination des efforts en vue d'établir la certitude dont l'industrie a besoin pour attirer des investissements et favoriser la croissance au Canada. Nous attendons avec impatience de faire notre part et d'aider de notre mieux.
Le président : Merci. C'est incroyable. Nous entrons dans une toute nouvelle ère.
C'est maintenant au tour de Chris Campbell, directeur général d'OREG. Vous étiez chargé, en grande partie, de rassembler cet excellent groupe de témoins. Vous avez des choses intéressantes à nous dire. En même temps, j'espère que dans votre récapitulation, vous vous attarderez plus ou moins sur le message clé que vous voulez transmettre au comité en ce qui concerne l'énergie renouvelable des océans. Nous avons déjà une idée de l'ampleur du potentiel. C'est une chose formidable.
Chris Campbell, directeur général, Ocean Renewable Energy Group (OREG) : C'est ce que je vais essayer de faire rapidement. J'ai beau casser les oreilles de ces gens en leur répétant qu'ils disposent de trois minutes pour leur exposé, ils finissent toujours par dépasser un peu le temps alloué pour faire passer le message.
Le président : En tout cas, ce n'était pas du temps perdu. Vous m'avez dit que cela prendrait 20 minutes. Nous sommes rendus à 37 minutes, et nous adorons chaque instant.
M. Campbell : Un des membres n'a malheureusement pas pu venir. Son fils a été mis en quarantaine parce qu'il a participé à une sortie avec d'autres enfants, parmi lesquels au moins un avait contracté le virus H1N1. Nous avons donc décidé, hier soir, qu'il ne viendrait pas.
Le président : Nous sommes très désolés d'apprendre cela. Il s'agit de Clayton Bear.
M. Campbell : C'est exact; vous avez reçu des graphiques distribués par M. Bear.
Je tiens à souligner que cette activité est passée d'un projet scientifique à un marché réel. New Energy Corporation a découvert qu'il y avait un marché pour les versions commerciales des prototypes qu'elle fabrique. À l'heure actuelle, des travaux sont mis en œuvre en Alaska, aux Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique ainsi qu'en Colombie en Amérique du Sud; plus récemment, un contrat a été signé avec une organisation en Inde pour les versions de production des prototypes fabriqués par l'entreprise en vue de construire des génératrices de beaucoup plus grande taille. Il n'est donc plus question d'expérience scientifique. On observe déjà les premiers débouchés. On en voit des résultats concrets.
Durant mon entretien avec M. Bear pour déterminer s'il devait venir, nous avons parlé de la façon dont il s'y prendrait s'il tombait malade, puisque l'entreprise est actuellement très à la mode. Le téléphone n'arrête pas de sonner parce qu'il n'y a personne capable de fournir cette technologie. C'est ce que nous visons pour tout le secteur de l'énergie des vagues, des marées et de l'eau vive.
En guise de récapitulation, je vais peut-être revenir à la tâche qui vous attend. Vous avez tous reçu un document qui porte sur une stratégie fédérale et provinciale en matière d'énergie. Nous avons distribué ce document à plusieurs parlementaires plus tôt cette année. Nous avons essayé de résumer l'information dans un document plus récent en prévision de notre intervention ici aujourd'hui.
Dans notre témoignage d'aujourd'hui, nous avons tenté de démontrer le vif intérêt des provinces et des entreprises de services publics partout au pays à l'égard de la production d'énergie propre à partir de trois ressources — les vagues, la marée et l'eau vive; selon nous, c'est là une occasion d'aider le Canada à atteindre son objectif de 2020 et au-delà, soit celui de combler 90 p. 100 de nos besoins en électricité au moyen de sources non polluantes. Nous avons démontré que le Canada est exceptionnellement riche en ressources, ce qui confirme le scénario établi par la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie selon lequel jusqu'à 20 p. 100 de l'électricité renouvelable produite au cours des 40 prochaines années pourrait provenir de l'énergie marine.
Quand on regarde les cartes, on se rend compte que les ressources sont de compétence fédérale ou provinciale, c'est- à-dire qu'elles se trouvent dans une zone grise. La réalité est que nous nous attendons à ce que tout important projet d'énergie marine fasse d'abord l'objet d'une évaluation environnementale de la part du gouvernement fédéral. Donc, le gouvernement fédéral interviendra dans cette industrie même si le projet se fait sur des terres provinciales.
Mme Harlos a parlé d'amener l'infrastructure de recherche dans le monde réel. Grâce à l'expérience conjuguée du secteur maritime canadien et des entreprises productrices d'électricité, nous croyons que cette infrastructure correspond à ce que le gouvernement du Canada envisage comme avantage en matière d'innovation. J'ai parlé de l'entreprise de M. Bear qui, à titre de premier intervenant dans le domaine, profite d'un avantage sur le plan des ventes. Nous avons laissé entendre tout au long de la réunion que les ressources et les technologies du Canada suscitent un intérêt mondial, et qu'on s'intéresse à venir travailler ici. De fait, 20 p. 100 de nos membres proviennent d'organisations étrangères. Alstom Power, le géant industriel français, vient tout juste d'adopter la génératrice marémotrice de Clean Current en vue de la commercialiser.
Notre point de vue sur l'avenir du secteur est sollicité partout dans le monde, et je ne vais pas me gêner pour citer des noms ici. En septembre dernier, j'ai participé à un groupe de discussion au Royaume-Uni en présence du ministre de l'Énergie et des Changements climatiques du Royaume-Uni, dans le cadre d'une conférence sur l'énergie des vagues. Voilà les milieux que nous fréquentons. Toujours en septembre, j'étais en Oregon et en novembre, James Taylor, Clayton Bear et d'autres assisteront à la conférence sur la technologie propre organisée par le gouverneur du Massachusetts. Les gens s'intéressent à ce qui se passe dans ce secteur.
En ce qui concerne votre ordre de renvoi du 4 juin, nous croyons que l'énergie marine représente une nouvelle ressource importante. C'est particulièrement intéressant parce qu'elle peut offrir de nouvelles possibilités de développement économique et régional à certaines de nos industries actuelles.
Nous croyons que les responsabilités fédérales et provinciales interagiront dans la plupart, voire la totalité, des projets. Si on regarde d'autres industries, l'histoire montre qu'il est nettement préférable de trouver des façons d'intégrer les intérêts fédéraux et provinciaux.
Le marché se concrétisera. Au pays et à l'étranger, le virage vers une production d'électricité à faible intensité carbonique créera une demande pour ce genre d'énergie. Comme Alex Tu l'a dit, l'atténuation des effets des changements climatiques signifie que les entreprises de services publics voudront avoir une diversification de la base des ressources pour ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier.
Selon nous, une partie de la vision nationale devrait inclure à la fois les intérêts nationaux et régionaux, les obligations en matière de réglementation et — aspect critique, selon moi — les ressources financières, tant sur le plan national que régional; nous espérons que vous collaborerez à la réalisation de cette vision. C'est cette combinaison qui nous permettra de profiter des possibilités offertes par l'électricité produite à partir des vagues, des marées et des courants, possibilités en matière d'énergie, d'environnement et d'économie.
Plus précisément, nous pensons que le gouvernement du Canada doit jouer un rôle actif dans deux domaines. Mme Harlos a parlé du domaine de la réglementation; un autre domaine est centré sur un cadre de gestion souple. Le développement de cette industrie modulaire se fera de façon échelonnée et progressive. Il s'agit du candidat idéal pour commencer à travailler et pour tirer des leçons en cours de route. Il faudra faire preuve d'innovation avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral pour bâtir cette industrie.
La deuxième partie, c'est que nous tentons de créer une toute nouvelle industrie. Au début, les frais liés à cette forme d'électricité seront supérieurs à ceux des formes commerciales habituelles. Nous devons adopter une approche intégrée afin de créer un marché qui puisse fonctionner sur le plan économique pendant que nous poursuivons cette intéressante possibilité en matière d'énergie.
Merci beaucoup de nous avoir tous écoutés patiemment.
Le président : Monsieur. Campbell, vous avez réussi à nous faire garder le silence pendant 46 minutes, 4 secondes. C'est tout un exploit.
J'ai une liste de mes collègues qui ont signalé avoir des questions, mais je vais exercer ma prérogative de président pour vous demander de mieux préparer le terrain. Si je comprends bien, l'OREG est un organisme canadien sans but lucratif.
M. Campbell : Il s'agit d'une association nationale visant le développement du secteur. J'emploie le terme « développement du secteur » plutôt que de l'« industrie » parce que notre organisme compte des membres gouvernementaux depuis ses débuts. Nos membres incluent des organismes fédéraux, des organismes provinciaux et des municipalités; ils incluent aussi, bien sûr, les chercheurs, les gens qui tentent de mettre au point la technologie, les promoteurs de projets d'énergie, les services publics, ainsi que de nombreuses personnes qui travaillent dans l'industrie maritime et qui voient en notre industrie l'occasion d'utiliser des compétences dont elles se servent ailleurs ou de bâtir quelque chose à long terme. Je me fonde sur le fait que nous comptons 110 membres pour me vanter que nous sommes la plus grande association vouée à l'énergie des océans au monde. Je le répète, depuis le début, 20 p. 100 des membres de l'industrie sont des étrangers étant donné les possibilités que le Canada offre et, dans une certaine mesure, le rôle que l'association s'est donné à l'échelle internationale.
Le président : La Bibliothèque du Parlement nous a préparé une fiche qui contient certains renseignements généraux. Est-ce que l'expression « laboratoire d'idées » s'applique à vous? Vous avez précisé que votre organisme n'est pas une association industrielle. Je tente de bien comprendre l'organisme, car je vois le nom d'une gamme de sociétés d'État, de consultants et d'autres groupes, et je pense que vous avez tous énormément à offrir au comité.
M. Campbell : Je pense qu'on pourrait faire un lien entre l'expression « laboratoire d'idées » et certaines de ces personnes. J'utilise une autre expression pour me décrire moi-même.
Le président : Qu'est-ce que c'est?
M. Campbell : Puisque la séance est enregistrée, je ne le dirai pas en public.
Le président : Je vois.
M. Campbell : En ce moment, notre industrie n'est pas fonctionnelle. Au cours des dernières années, nous avons commencé à imaginer ensemble à quoi elle pourrait ressembler et quels avantages son développement pourrait apporter au pays. Ce que nous tentons de faire, c'est de recruter d'autres croyants, surtout des personnes qui pourraient établir les orientations stratégiques que nous ne pouvons pas fixer nous-mêmes, mais qu'il nous faut pour satisfaire les besoins.
Le président : Une dernière question pour conclure ma réflexion : vous avez mentionné au cours de votre exposé que vous étiez intervenu auprès d'autres parlementaires pendant l'année. Pourriez-vous nous donner des détails sur cette intervention? Était-ce auprès d'un comité de la Chambre des communes?
M. Campbell : Pas récemment; j'ai témoigné devant un comité de la Chambre des communes il y a environ deux ans. À l'époque, tout le monde me regardait les yeux ronds et se demandait de quoi je parlais.
Le président : Le savant fou?
M. Campbell : C'est cela. Mes cheveux étaient probablement encore longs à l'époque, aussi. Nous interagissons et nous tentons d'orienter les discussions, principalement auprès de Ressources naturelles Canada, Pêches et Océans Canada, Industrie Canada et Environnement Canada. Nous tentons de lier la conversation avec eux au sujet du potentiel de ce secteur.
Le président : C'est vous qui prenez l'initiative.
M. Campbell : Oui.
Le sénateur Banks : Merci, messieurs, merci, madame. Ma question ne porte pas strictement sur le sujet, et je ne sais pas si le sénateur Neufeld occupait sa charge à l'époque; or, je veux qu'Alex Tu et vous sachiez qu'il y a quelques années, notre comité considérait BC Hydro comme un exemple remarquable du fait qu'il y a plus d'une façon de trouver de nouvelles sources d'énergie. À un moment donné, les anciens gestionnaires de BC Hydro planifiaient construire plein de nouveaux barrages. Puis, quelqu'un est arrivé — c'était peut-être le sénateur Neufeld — et s'est exclamé : « Un instant! N'y a-t-il pas une autre façon de satisfaire ce besoin? » La façon qu'on a trouvée, c'est de convaincre les consommateurs d'utiliser moins d'électricité et de l'utiliser avec plus d'efficacité; cette initiative a permis de trouver, de la façon la plus efficace, la nouvelle forme d'électricité la plus abordable pour continuer à servir le marché.
Le sénateur Neufeld : Cela semble exact.
Le sénateur Banks : Nous en parlions très souvent parce que c'est un des premiers endroits à avoir adopté cette approche.
Monsieur. Campbell, pouvez-vous diriger la question vers la personne la mieux placée pour répondre? Le président a mentionné au début qu'il y a au moins deux aspects à ce que vous dites. Vous parlez non seulement des océans, mais aussi des rivières, et cette forme d'énergie comprend deux aspects. Il existe des sociétés verticalement intégrées qui œuvrent dans la production, le traitement, la vente et la distribution. Le président a aussi mentionné la technologie. Vous avez dit : « Ne ratons pas cette occasion. » D'après les photos et le point de vue de M. Bear, je comprends que la technologie existe, et j'espère que cette technologie est canadienne.
Où en sommes-nous dans la mise au point de la technologie nécessaire pour réaliser ce dont vous parlez? Quel pourcentage de la technologie est canadienne, et à quel point pouvons-nous suivre l'avertissement du président de ne pas rater l'occasion de nous placer au premier rang plutôt que d'utiliser la technologie de quelqu'un d'autre?
M. Boridy : Je vais d'abord vous parler de la technologie canadienne. Ensuite, je vais vous décrire la situation au Québec et je vais vous donner un aperçu de la vision sur la scène internationale — quels sont les défis et les obstacles, et à quoi pouvons-nous nous attendre pour les années à venir? Je vais demander à M. Campbell de parler en premier.
M. Campbell : Je ne parlerai pas longtemps parce que vous m'avez assez entendu. Je tiens seulement à souligner que nombre de nos entreprises travaillent à la mise au point de la technologie. New Energy Corporation a réussi à créer rapidement un produit commercial parce que le produit est petit; les machines sont relativement petites.
Cette année, le plus grand événement qui s'est produit dans le domaine de l'énergie des océans à l'échelle mondiale, c'est le fait qu'après avoir fait des recherches, Alstom Power a choisi de commercialiser Clean Current, le système de turbines de Vancouver.
La mise au point de la technologie est une nouvelle industrie au Canada. On est sur la même longueur d'onde; on peut donc fournir les appareils, et pas seulement les utiliser. Avant de passer à une autre question, et après l'intervention de M. Boridy, M. Taylor devrait parler du fait que la société Nova Scotia Power est aussi active dans le domaine de la technologie que dans celui de la production d'énergie.
M. Boridy : Je vais répondre à certaines de vos questions dans un ordre logique. D'abord, en ce qui concerne la situation au Québec, il y a deux projets en ce moment. Il y a deux consortiums : le premier est le Centre Hydrolien Industriel Québécois, CHIQ, et le deuxième est dirigé par RSW. La firme RSW est vraiment devenue active il y a environ un an, à la suite du symposium du printemps organisé par l'OREG à Québec en avril 2008.
Quelques articles ont été publiés sur ce que RSW planifie de faire; je ne me prononcerai pas là-dessus. Les deux consortiums partagent le même objectif : mettre un prototype dans l'eau dès que possible. La particularité au Québec, c'est qu'on se penche sur l'énergie produite par le courant des rivières. Je vais vous donner quelques renseignements généraux sur ce type d'énergie.
Quand j'ai commencé à envisager la possibilité que ce secteur commercial devienne un secteur de diversification et de développement au Québec, il y a exactement trois ans, en octobre 2006, je m'y connaissais peu en énergie des océans. J'ai commencé à assister à des conférences et à des symposiums, surtout au Canada et en Europe, et j'ai rapidement tiré la conclusion que l'énergie des océans, qui englobe l'énergie des vagues et l'énergie marémotrice, est un secteur risqué et coûteux. Les rivières fournissent peut-être un bon point de départ, surtout puisqu'au Canada, en Amérique du Nord et même dans les trois Amériques — sans compter dans certains pays d'Europe de l'Est et d'Afrique —, il y a beaucoup de grandes rivières.
Le risque est une préoccupation majeure dans le secteur spatial, pour lequel j'ai travaillé pendant environ 15 ans; cette expérience m'a porté à croire qu'il pourrait être moins risqué — et probablement moins coûteux — de commencer par percer dans le domaine de l'énergie produite par le courant des rivières. C'est la stratégie en place actuellement au Québec.
Au Québec, nous n'étudions pas l'énergie produite par les vagues ou les marées, nous étudions l'énergie produite par le courant des rivières. Évidemment, la technologie mise au point partout dans le monde vise les vagues et les marées puisque le potentiel commercial — sur le plan de l'argent et des profits de l'industrie — est beaucoup plus élevé que dans le cas des rivières.
Cependant, j'ai eu cette discussion avec certaines grandes organisations. Par « grandes organisations », j'entends des industries; je parle d'entreprises comme Électricité de France, EDF, qui est cinq ou six fois plus grande qu'Hydro Québec. Elle emploie 170 000 ou 180 000 personnes et elle génère des profits de quelque 70 milliards d'euros par année. Cette entreprise collaborera avec nous pour créer la technologie au Canada. Je pourrai vous donner plus de détails là- dessus plus tard, si vous voulez.
Ce que j'aimerais partager avec vous, c'est ce que j'ai entendu en Europe. J'y étais il y a trois semaines; selon les organisations, il y a environ 30 technologies dans le monde actuellement qui semblent avoir du potentiel. De plus en plus de prototypes seront testés au cours des deux prochaines années. Il ne faut pas se faire d'illusions; il n'y a pas de technologies sur le marché en ce moment. Elles sont soit à l'étape de la création, soit à l'étape des essais, point final.
Ainsi, selon les organisations, il y a environ 30 technologies dans le monde en ce moment qui ont du vrai potentiel. Dans deux ans, lorsque toutes les technologies auront été testées, il en restera fort probablement seulement dix. Lorsque l'industrialisation commencera, dans environ quatre ou cinq ans puisque le processus a été accéléré, il est fort probable que seulement une demi-douzaine de technologies dominent et accaparent le marché mondial.
Nous voulons que le Canada mette au point certaines de ces technologies. Dans tous les cas, c'est l'objectif du CHIQ.
Cela dit sur la technologie, je veux vous présenter une autre réflexion. Je suis maintenant convaincu que la technologie en tant que telle n'est pas la question principale. Vous verrez des comparaisons entre certains types de technologie. Prenez, par exemple, les hydroliennes. Les ingénieurs, les universités et d'autres se battent pour savoir, entre autres, si l'axe vertical est supérieur à l'axe horizontal.
Au CHIQ, nous avons réglé le problème. Nous créerons, en collaboration avec nos partenaires français, qui sont différentes organisations, deux modèles : un avec un axe vertical et l'autre avec un axe horizontal.
Selon moi, la question principale est le prix du kilowattheure produit. Les technologies gagnantes seront celles qui produiront le kilowattheure le moins cher. Si j'avais à rédiger un plan d'affaires, il contiendrait une seule phrase : le prix doit être équivalent, dans le pire des cas, au prix de l'énergie éolienne. S'il ne l'est pas, nous devons faire quelque chose.
Cette question est primordiale. Malheureusement, les personnes qui créent la technologie ne tiennent pas toujours compte des frais d'entretien. Il faut concevoir l'entretien en même temps qu'on conçoit la technologie, car cela aura des conséquences directes sur le prix du kilowattheure produit.
Voilà ce que je voulais dire.
Le président : Merci. Vous le dites pendant le bloc de temps alloué au sénateur Banks, et je pense que M. Taylor devait présenter une partie de la réponse. Je vais permettre au sénateur Banks de décider.
M. Taylor : J'ai trois points à présenter brièvement. D'abord, chez Nova Scotia Power, nous croyons qu'il y a différentes solutions pour différentes ressources et différents endroits. Toutefois, il n'existe pas de solution universelle. Par exemple, dans le cas du passage Minas, le coût de la turbogénératrice n'est qu'une petite partie de l'ensemble du projet. Le travail scientifique et d'ingénierie a tout été fait en Nouvelle-Écosse. La turbogénératrice a été achetée en Irlande, mais elle constitue seulement une petite partie du coût total.
Pour répondre au commentaire de M. Campbell, la société mère de Nova Scotia Power, Emera, qui a son siège social à Halifax, croit tellement à l'énergie des océans qu'elle a acheté des parts dans une société d'énergie marine, OpenHydro. Il y a au moins une société d'énergie au Canada qui croit fortement à l'énergie des océans.
Le sénateur Banks : Est-ce que les promoteurs canadiens de la technologie reçoivent l'assistance nécessaire pour faire concurrence sur le marché mondial, au point de pouvoir faire enregistrer des brevets et créer des économies d'échelle afin de produire une technologie vendable? Faisons-nous des progrès, sommes-nous presque rendus, sommes-nous en retard, sommes-nous à bord?
M. Campbell : Je vais tenter de répondre brièvement. Les industries et les gouvernements de nos concurrents élaborent ensemble des stratégies de développement précises.
Le sénateur Banks : Nous ne le faisons pas?
M. Campbell : Non. Nous utilisons bien les programmes actuels, comme ceux de Ressources naturelles Canada, et les crédits d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Or, le Fonds pour l'énergie propre était le premier programme à nommer précisément l'énergie des océans et à offrir une somme considérable d'argent. Nous verrons ce qui se produira au cours du prochain ou des deux prochains mois. Au moins deux projets qui pourraient être cruciaux pour l'avenir de l'énergie des océans ont été présentés au Fonds pour l'énergie propre, mais c'est la première fois qu'une occasion s'offre à nous.
Lorsque j'étais avec le ministre au Royaume-Uni, il a annoncé, au milieu de son discours, qu'on investirait 40 millions de livres sterling de plus dans l'énergie des océans au Royaume-Uni. Ces pays ont une stratégie, et nous n'en avons pas.
Le sénateur Banks : Nous aborderons probablement le sujet. Monsieur Boridy, nous comprenons très bien l'importance dont vous avez parlé d'intégrer tous les coûts dans le calcul du prix de la production d'un kilowattheure.
Le sénateur Mitchell : Je m'intéresse à la capacité, car j'y crois. Tout d'abord, combien des 17 points nécessaires pour passer de 73 à 90 afin d'atteindre d'ici 2020 notre objectif de production d'électricité sans émission de gaz à effet de serre pouvons-nous raisonnablement obtenir avec l'énergie dont vous parlez? Ensuite, quand, au cours du processus, le prix devient-il proportionnel? C'est toujours là que se situe l'écueil, à moins que l'on n'accorde des subventions. Devrons-nous subventionner la technologie? Ensuite, de quoi avez-vous besoin pour arriver là?
Monsieur Campbell, vous avez souligné le besoin de disposer d'un marché. Concluriez-vous qu'il faille le créer en précisant la quantité d'énergie devant être produite de cette manière?
M. Campbell : Malheureusement, je ne crois pas que d'ici 2020, la contribution sera substantielle. Nous devons cependant admettre que cet objectif n'est que le début d'un processus et que nous n'atteindrons pas les objectifs de 2030 ou de 2040 à moins de commencer à agir maintenant.
Selon toutes les initiatives d'établissement de feuille de route auxquelles j'ai participé, d'ici environ 2020, nous allons tenter de faire diminuer les prix pour que cette source renouvelable soit au moins concurrentielle. L'ennui, c'est que pour atteindre l'objectif, nous devons appuyer — et je déteste utiliser le mot « subvention », car je crois qu'il s'agit davantage d'un investissement que d'une subvention — un marché qui permettra l'établissement d'une industrie qui prendra les mêmes décisions en 2015 et en 2025. Cependant, en 2015, elle prendra ces décisions avec plusieurs partenaires de ce marché afin de fixer le prix. Une industrie aura toutefois vu le jour.
Le sénateur Mitchell : Est-ce que quelqu'un d'autre souhaite intervenir?
M. Boridy : Pour faire suite à la question du prix que vous avez soulevée, lorsque l'on parle du prix par kilowattheure, nous abordons automatiquement la question du marché. Or, en quoi consiste ce marché? Pour les organisations qui comptent mettre au point des technologies maritimes, mais qui veulent prouver que les technologies d'exploitation de l'eau des rivières peuvent être développées avec succès et contribuer à la production d'énergie propre et renouvelable, le marché se trouve dans ce qu'on appelle les régions éloignées, là où la population obtient son électricité de ressources polluantes à coût élevé, comme le pétrole ou le diesel. Par exemple, le Québec doit acheter du pétrole et du diesel à prix fort et le vendre à prix régulier. L'écart entre les deux est énorme.
Si l'on jette un coup d'œil aux prototypes d'aujourd'hui et au coût prévu par kilowattheure qu'ils permettraient de produire, on réalise que selon les chiffres, ils seraient toujours rentables du point de vue commercial.
M. Tarbotton : L'ennui, avec le concept de marché, c'est que nous ignorons quel sera le prix de l'électricité ou de l'énergie dans 20 ans. Le vrai problème est le suivant : à quel point nos prévisions seront justes et comment les comparerons-nous ensuite au coût de l'énergie marine?
En fait, nous savons tous que le prix du baril de pétrole a atteint les 150 $ l'an dernier. Actuellement, ce prix est d'environ 80 $. Il a donc diminué de 40 $. C'est donc la première question qu'il faut se poser. Nous ne devrions pas comparer le prix par kilowattheure aux chiffres actuels, mais à ceux que nous enregistrerons dans l'avenir. Si l'Ontario décide d'utiliser l'énergie nucléaire, par exemple, qui sait combien l'électricité coûtera? D'après ce que nous avons vu par le passé, ce sera astronomique.
Le sénateur Mitchell : J'ai d'autres questions, mais c'est également le cas de bien d'autres sénateurs.
Le président : La liste est longue. Nous pourrions peut-être effectuer un autre tour.
Le sénateur Merchant : Je vous remercie de vos intéressants exposés. Je ne veux pas avoir l'air frivole, car nous traitons de questions d'ordre économique et technique, mais vous avez parlé des risques, et je me demande ce qu'il en est de l'aspect esthétique. Je ne comprends pas de quoi auront l'air ces machines et ces stations. Nous nous préoccupons énormément de nos océans, de nos eaux et de notre vie marine. Par exemple, l'énergie éolienne a soulevé une certaine opposition en raison du côté esthétique. Je ne sais pas exactement où s'en va l'énergie éolienne, car elle n'en est qu'à ses balbutiements. Pour ce qui est de l'énergie nucléaire, la résistance est très forte. Croyez-vous que vous pourriez bénéficier de l'appui de la population dans les régions concernées?
Vos installations sont situées dans de magnifiques régions du pays. Pouvez-vous me dire comment réagissent les environnementalistes et les personnes qui s'inquiètent de l'eau, des océans et de la vie marine?
Mme Harlos : Je vais plonger en premier, et demanderais aux autres de me suivre. La West Coast Wave Collaboration illustre bien la manière dont nous tentons d'utiliser une approche graduelle.
Nous savons depuis quelque temps qu'Ucluelet a la capacité de devenir la capitale nord-américaine de l'énergie des vagues. Depuis longtemps, la région est dans la mire des divers développeurs. Ce projet a incité Ucluelet à faire partie du programme. Elle se montre fort intéressée, mais elle a effectivement des questions.
Le programme procède étape par étape afin de faire comprendre le potentiel réel de l'initiative tout au long du processus. Certains concepteurs voient plus loin, à huit kilomètres, hors de portée visuelle, alors que d'autres s'intéressent à des régions que le public n'utilise pas. De nombreux intervenants exploitent l'océan, et il sera essentiel de collaborer avec eux.
L'Europe est un peu plus avancée, car le public participe davantage et l'on réalise plus d'études environnementales. Nous examinons la situation en Europe et aux États-Unis en consultant les études, et comptons appliquer leurs recherches ici.
La Nouvelle-Écosse pourrait être intéressée à s'associer à certains de ces accords. La province a accompli beaucoup à cet égard.
M. Taylor : La province de Nouvelle-Écosse a entrepris une évaluation environnementale stratégique concernant l'énergie marine, initiative dans le cadre de laquelle elle s'est associée à tous les intervenants qui s'intéressaient à la Baie de Fundy et au passage Minas. Dans notre cas, nous nous sommes engagés à tout arrêter et à tout enlever s'il se pose des problèmes en matière d'environnement. À la moindre difficulté, tout s'arrêtera.
En ce qui concerne le point de vue esthétique, il s'agit d'installations sous-marines : on ne voit donc rien en surface et tout est invisible de la rive. Les pêcheurs s'inquiéteront évidemment. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux pour assurer toute la surveillance nécessaire et remettre aux communautés des rapports transparents. Nous croyons que la pêche se poursuivra comme si de rien n'était. D'après ce que l'on a vu avec la machine qu'OpenHydro a installée à Orkney, à l'European Marine Energy Centre, les poissons ne s'approchent pas de l'appareil et l'évitent tout simplement.
Pour ce qui est d'une unité de démonstration, nous ne prévoyons pas de problème. Il y a beaucoup à apprendre pour le développement commercial.
Le sénateur McCoy : C'est vraiment fascinant, et je suis toute oreille. Je ne peux pas visualiser cette technologie; je me demande donc si nous pourrions obtenir un schéma qui en expliquerait le fonctionnement. Je ne m'intéresse pas tant à la technologie, somme toute assez courante, qui sera utilisée dans les rivières, mais bien à celle que l'on compte mettre en place dans les océans.
M. Taylor : J'ai une photo de notre appareil au-dessus de l'eau.
Le sénateur McCoy : Excellent. J'ai vu le dispositif irlandais, qui m'a plu. Si nous pouvions obtenir quelques explications sur le fonctionnement, cela nous aiderait dans le cadre de l'étude globale que nous effectuons également sur l'énergie.
En particulier, je ne peux comprendre où les marées vont et viennent deux fois par jour.
Le président : Le sénateur McCoy dirige notre groupe de travail au Nunavut.
Le sénateur McCoy : Ce que j'ai de la difficulté à comprendre, c'est comment on réussit à faire fonctionner la turbine continuellement. Je me demande s'il y a un problème de production intermittente, comme pour les éoliennes. C'est ma première question. J'en aurais probablement d'autres, mais je n'en sais pas suffisamment pour bien les poser. Je vous demanderais donc de répondre à celle-ci. Entre-temps, toutefois, si vous pouvez nous donner ces schémas décrivant la technologie, je crois que cela contribuerait à parfaire mon éducation.
M. Campbell : Monsieur Taylor, voulez-vous expliquer la question de la production intermittente, et je parlerai des sources d'information?
M. Taylor : Votre observation, ou votre attente, est juste. L'énergie est produite de manière cyclique. La marée d'immobilise brièvement dans le passage Minas, soit pendant une vingtaine de minutes. La production serait d'environ six heures. Les marées ralentissent et arrêtent, puis commencent à se retirer. La production est de six heures. Ensuite, la marée remonte et se retire sur un cycle de 24 heures et 20 minutes.
Le sénateur McCoy : C'est le profil propre à cette région, n'est-ce pas?
M. Taylor : La production atteint son maximum lorsque la marée fait de même, c'est-à-dire peu après avoir changé de direction. Elle se maintient à ce maximum, puis commence à diminuer à mesure que la marée ralentit et change de direction. Contrairement au vent, les marées sont totalement prévisibles. Nous pouvons les prévoir 100 ans d'avance.
Le sénateur Banks : Est-ce comme une hélice?
M. Taylor : Oui, c'est une excellente analogie, monsieur le sénateur.
M. Campbell : Les marées ne seront pas influencées par le réchauffement climatique, mais les vagues pourraient l'être. Les vagues sont aussi intéressantes par rapport au vent, car le déplacement d'air à l'origine de la vague est généralement beaucoup plus court que celle-ci. Six heures de vent peuvent créer quatre jours de vagues. Les vagues sont beaucoup plus prévisibles.
Le personnel de la Bibliothèque est entièrement libre de consulter notre site Web. Certaines de nos présentations contiennent des collages d'images pour expliquer les approches techniques, et nous avons publié littéralement des dizaines de rapports et de liens sur notre site. Je crois que les analystes peuvent facilement préparer des documents d'information supplémentaires à votre intention. Nous pouvons les y aider.
Le sénateur McCoy : Avez-vous des documents visuels ou de jolies diapositives du genre « La technologie pour les nuls »?
M. Campbell : Ma collègue de l'Ocean Renewable Energy Group a cessé de publier des animations par ordinateur, car elle considère qu'elles détournent l'attention de l'événement réel. On trouve toutefois de splendides animations par ordinateur pour expliquer certaines des technologies employées.
Le sénateur McCoy : Le deuxième point qui m'intrigue jusqu'à présent, c'est le processus d'acheminement de l'électricité de la génératrice à la clientèle. Je suppose que des génératrices sont installées à 200 milles au large, là où les vagues sont les plus grosses, ou même dans la baie de Fundy. Nous mourons d'envie de vous contre-interroger sur vos progrès au Nouveau-Brunswick, mais ce n'est probablement pas la région qui vous occupe.
Ceci dit, comment transmettra-t-on l'énergie? Une fois transmise, cette énergie est envoyée dans le réseau de distribution. Mais l'achemine-t-on jusqu'à la rive?
M. Tu : C'est un véritable défi, qui se pose tant avec le vent de terre qu'avec les vagues océaniques. Le défi est similaire. Les ressources sont éloignées de la rive. En Colombie-Britannique, les installations sont souvent loin des réseaux de BC Hydro.
Mme Harlos a fait remarquer qu'Ucluelet est considéré comme le centre potentiel de production d'électricité des vagues pour une bonne partie de l'Amérique du Nord. Oui, les vagues y sont fortes, mais cette situation est principalement attribuable au fait que c'est le seul endroit sur l'île de Vancouver où le réseau de base de BC Hydro atteint la côte Ouest. La construction de réseaux de transmission d'électricité coûte cher. Il en coûte 1 million de dollars pour construire un kilomètre de ligne en mer. Il est évidemment préférable d'installer les systèmes à proximité des infrastructures de transmission existantes.
Lorsqu'il est nécessaire de construire de nouvelles structures de transmission plus loin au large, les coûts peuvent rapidement faire couler un projet. Le défi est universel.
Le sénateur McCoy : Que faites-vous alors? Ensevelissez-vous un câble?
M. Tu : Oui, les câbles sous-marins sont certainement une technologie au point. Le problème vient du coût. On pourrait utiliser des bateaux spécialisés pour creuser une tranchée, puis installer un gros câble d'un diamètre pouvant atteindre 20 centimètres pour acheminer l'énergie de la génératrice, habituellement située loin en mer, jusqu'à une station terrestre où on transforme l'énergie de manière à pouvoir la transmettre dans le réseau.
Le président : Est-ce là le problème des régions éloignées dont vous avez parlé?
M. Boridy : Non.
Le président : Existe-t-il un élément différent?
M. Boridy : En ce qui concerne la question que vous avez soulevée, je me suis posé la même question il y a trois ans. Même si vos questions concernaient l'énergie produite dans les océans et non celle produite dans les rivières, j'y répondrai en énonçant les raisons qui nous ont poussées, au Québec, à mettre au point des technologies d'exploitation des rivières avant de nous tourner vers l'océan.
La connectivité constitue le principal écueil. Lorsqu'il est question d'électricité produite dans les rivières, le problème de connectivité, technologiquement parlant, est le même que pour l'océan, mais nous pouvons faire le lien bien plus rapidement, et donc à moindre coût.
Le sénateur Brown : La technologie dont vous parlez est fascinante.
Le président : J'aimerais, en passant, informer nos invités que le sénateur Brown fait partie d'un autre projet pilote : il s'agit du seul sénateur élu.
Le sénateur Brown : Monsieur Tarbotton, vous avez estimé la production annuelle d'électricité de 2 à 4 milliards de watts, mais je ne crois pas que vous ayez parlé des coûts et du délai nécessaires pour atteindre ce niveau de production. Ces deux facteurs pourraient être importants.
M. Tarbotton : Il s'agissait d'une valeur de 2 à 4 milliards de dollars par année.
Le sénateur Brown : C'est ce que je voulais dire.
M. Tarbotton : Vous m'avez posé la plus difficile question de la soirée. J'essaie de penser au coût par kilomètre et au nombre de kilowatts.
M. Tu : Avant que M. Tarbotton s'enlise.
M. Tarbotton : Merci. Je veux répondre à la question, mais aidez-moi.
M. Tu : Un certain nombre d'études ont été réalisées sur le coût par mégawatt. J'ai oublié les chiffres exacts que M. Tarbotton a mentionnés. Dans l'exemple de l'énergie des vagues en Colombie-Britannique, il a parlé d'une capacité développable de 4 000 mégawatts.
Pour ce qui est de l'énergie des vagues, certains ont estimé que lorsqu'on aura compris comment développer et exploiter commercialement ces ressources, ce qui sera probablement en 2020, le coût par mégawatt pourrait être de 2 à 5 $ par watt ou 2 à 5 millions de dollars par mégawatt. Il ne vous reste plus qu'à multiplier ce nombre par 4 000 pour avoir une idée du coût. Ces chiffres sont, à vrai dire, des approximations.
Nous ignorons quels seront les coûts. Nous nous sommes aperçus que nous pouvions évaluer, avec quelque certitude, ce que coûteront les appareils eux-mêmes, les pales qui tourneront dans l'eau. Nous sommes moins certains de ce qu'il en coûtera pour déployer, entretenir et brancher ces appareils et en assurer la survie. Or, ces coûts constituent une part bien plus importante des coûts totaux de l'énergie que les appareils eux-mêmes. Il demeure beaucoup d'incertitude à cet égard.
De plus, il existe des différences sur le plan des compétences entre les administrations des diverses régions. Dans certaines régions, les choses sont plus faciles en ce qui a trait aux permis et au déploiement et, à l'échelle locale, le niveau de concurrence plus élevé permet de réduire les coûts de la mise en marché. Pour ce qui est des systèmes photovoltaïques, par exemple, même si les panneaux solaires sont des produits, on pourra les acheter au même prix, qu'on soit à Vancouver ou à Tokyo. Toutefois, le prix d'installation d'un panneau solaire est environ 25 p. 100 moins élevé à Tokyo qu'à Vancouver, car à Tokyo, le secteur est bien établi. On a des installateurs qui savent ce qu'ils font, et un régime de délivrance de permis qui a bien défini les choses.
Quoiqu'il advienne, les provinces devront acquérir cette expérience. D'ici là, on fait face à des coûts supplémentaires importants. Nous ignorons à combien s'élèvent les coûts de base ou le surcoût. Comme je l'ai dit, d'après les études à ce sujet, ces coûts sont raisonnablement élevés à brève échéance.
M. Tarbotton : Je crois que vous voulez connaître la taille de l'industrie que nous tentons de créer.
Le sénateur Brown : J'aimerais savoir au moins ce qu'il en coûtera par unité.
M. Tarbotton : Je vais utiliser l'exemple britanno-colombien d'un investissement de plusieurs milliards de dollars pour le développement de 4 000 mégawatts. Voilà l'échelle de l'industrie. Une fois que le tout sera opérationnel, cela générera des recettes considérables. Pour ce qui est des coûts exacts et du moment où cela se produira, nous n'avons pas encore atteint le haut de la courbe des coûts. Nous sommes encore à l'étape du développement, et à mesure qu'on mettra des unités en place, les coûts diminueront.
M. Campbell : Pour atteindre cette cible de 2050, d'ici à ce qu'on soit en 2024 ou 2050, nous devrons installer cinq de ces machines par jour. Cela représente probablement de 5 à 10 millions de dépenses en immobilisation chaque jour de l'année. Cette dépense correspond à la forme que pourrait prendre une industrie mûre, ou en voie de maturation.
Le sénateur Brown : J'ai supposé que cela se traduirait en milliards de dollars. En Alberta, il y a quelques semaines, nous avons investi 2 milliards de dollars dans le captage et le stockage de carbone. On nous avait dit, il y a trois ans, qu'il en coûterait 30 ou 50 $ par tonne. Or, un vérificateur titulaire d'un doctorat de l'Université du Manitoba a effectué une analyse et a évalué le coût à 786 $ la tonne. Le 20 octobre, Jeffrey Simpson estimait quant à lui ce chiffre à 761 $ la tonne. Le coût est maintenant considérablement plus élevé qu'il ne l'était. Êtes-vous intéressés à ce qu'un vérificateur procède à une vérification de vos coûts projetés? Je pense qu'une telle analyse vous procurerait, tout autant qu'à nous, beaucoup de renseignements.
Le président : Ils l'ont déjà fait.
M. Campbell : Non, nous ne l'avons pas fait. Cette question nous a donné beaucoup de fil à retordre, car c'est un sujet difficile. Nous savons que peu importe les chiffres que nous présentons...
Le président : Rien n'est définitif.
M. Campbell : ... on considérera qu'il s'agit de « nos » projections, et donc, qu'elles sont légèrement suspectes. Nous accepterions avec plaisir l'aide d'une tierce partie pour tenter d'avoir une meilleure idée des coûts.
Lorsqu'on demande combien coûtera cette industrie, en chiffres de 2010, pour ce qui est du démarrage de la production, j'utilise l'exemple du Royaume-Uni en guise de mesure. Le gouvernement britannique s'est efforcé, au cours des quatre dernières années, de mettre en place les politiques et les mécanismes habilitants pour lancer cette industrie. Le Royaume-Uni a établi des tarifs d'électricité à au moins trois reprises. Les montants diffèrent à chaque fois, et ils ont augmenté. Le dernier montant est le premier à avoir suscité l'adhésion de l'industrie pour ce qui est de proposer des projets.
Ces dernières années, le Royaume-Uni a évalué ce qu'il en coûte pour lancer ce processus.
Le sénateur McCoy : Et quel en est le coût?
M. Campbell : Quelque chose comme 350 $ par mégawattheure pour l'énergie marémotrice, et environ 450 $ par mégawatt pour l'énergie des vagues.
Le président : Est-ce en dollars ou en livres?
M. Campbell : En dollars.
Le sénateur McCoy : Cela fait 35 ¢ le kilowattheure.
M. Campbell : Cela donne 35 et 45 ¢. C'est le prix actuel. Nous nous retrouvons à présenter nos excuses pour le prix de ce nouveau débouché énergétique, mais alors que j'offrais mes excuses à ce sujet, l'ancien président de BC Hydro m'a coupé en disant « En quoi diable êtes-vous moins cher que l'énergie solaire? »
En réalité, les prix de démarrage pour des initiatives utilisant l'énergie des vagues, de la marée et du courant sont moins élevés que ceux de l'énergie solaire. La densité d'énergie est bien plus grande que celle des ressources énergétiques renouvelables; la physique nous révèle qu'en définitive, nos prix seront moins élevés que ceux de tous ces autres débouchés.
Le sénateur Brown : J'ai avancé l'idée d'un vérificateur simplement parce qu'il s'agirait d'une tierce partie, alors que ce n'est pas le cas pour vous.
Le sénateur Lang : Beaucoup de questions, à mon avis, ont déjà été posées. Ma première question portera sur la technologie, et je crois que M. Boridy et un ou deux autres témoins ont déclaré que la technologie était en cours d'élaboration. On a affirmé que 30 technologies différentes avaient été ou étaient actuellement mises au point dans le monde, et que ce nombre finirait par tomber à 10.
En ce qui a trait à vos déclarations initiales, monsieur Taylor, vous avez parlé du Canada prenant la tête du peloton mondial pour ce qui est des sciences et du développement de la technologie. Que souhaiteriez-vous que le gouvernement du Canada fasse à cet égard? Voudriez-vous un financement pour les universités? De quelles mesures parlons-nous ici pour faire progresser la technologie au-delà de son stade actuel?
M. Taylor : Bien des pays ont réussi à créer aussi bien une poussée qu'une attraction technologiques. La poussée découle de règlements exigeant certaines quantités d'énergie renouvelable, ou certaines réductions de carbone, entre autres, de façon à ce que les sources premières d'énergie telles que l'énergie marine puissent jouer un rôle. Bon nombre d'entreprises comme la nôtre estiment qu'allouer le plus grand portefeuille possible à des sources d'énergie à émissions de carbone faibles ou nulles sert bien nos clients, car on ne sait jamais ce qu'il adviendra des exigences réglementaires s'appliquant à l'énergie nucléaire, des prix du gaz naturel, et cetera, ni s'il pleuvra cette année ou la suivante lorsqu'on utilise l'énergie hydroélectrique. Cette poussée que représente la création de règlements est un élément nécessaire.
L'autre élément où nous constatons une réussite, c'est la situation où il n'y a pas seulement une poussée, mais aussi une attraction. En ce qui touche la création d'un marché, le marché peut s'accompagner de tarifs d'alimentation anticipés pour encourager l'industrie émergente, permettre la construction d'usines et la création de réseaux de services. Passé ce coût supplémentaire initial, les tarifs diminueront, et le besoin d'un tarif d'alimentation anticipé disparaîtra. Il y a d'autres solutions de marché qui pourraient plus ou moins servir les mêmes fins.
En ce qui a trait à cette poussée et à cette attraction, la situation est difficile au Canada, en raison des compétences constitutionnelles des provinces relativement à l'électricité. On doit souvent collaborer avec les provinces pour créer cette poussée et cette attraction. C'est ce que j'ai pu observer dans des pays où la création de ce marché a rapidement connu du succès, que ce soit pour l'énergie marémotrice ou pour l'énergie éolienne, en Allemagne, au Danemark, et cetera.
Le sénateur Lang : J'aimerais qu'on pousse plus loin le développement de la technologie et, bien entendu, qu'on perfectionne la technologie existante. Selon vous, le gouvernement provincial, le gouvernement du Canada ou les deux financeront-ils les universités faisant de cette technologie une priorité afin de trouver les innovations et les moyens technologiques susceptibles de rendre ce développement plus économique?
M. Campbell : Je pense que dans ce cas, l'urgence et les possibilités sont telles qu'on ne saurait attendre que l'impulsion vienne du milieu de la recherche universitaire. Nous allons chercher une expérience et une expertise dans ce milieu afin de résoudre des questions relatives à l'énergie de la mer. Néanmoins, le point crucial, ici, consiste à créer des occasions d'acquérir de l'expérience dans le monde réel et d'utiliser, de modifier et de redéployer les technologies nécessaires. Il ne s'agit pas d'entreprendre une autre initiative de recherche, mais d'essayer de déterminer comment concevoir ces technologies de manière à ce qu'elles s'avèrent fiables et abordables et à ce qu'elles contribuent aux sources d'énergie propre.
C'est avec circonspection que je mènerais ce développement par le biais de la recherche. En ce qui a trait à l'expérience du Royaume-Uni, on a accompli un travail formidable pour faire avancer les choses grâce à la recherche, puis on a frappé un mur parce que l'innovation exige cette attraction dont M. Taylor a parlé. Les débouchés d'utilisation sont essentiels à l'innovation.
Le sénateur Lang : J'ai une autre question concernant les évaluations environnementales qui seront requises. Monsieur Tu, quelles mesures devrait-on prendre, selon vous, pour modifier la prémisse existante et intégrer ce type de technologie?
M. Tu : Peut-être serait-il instructif de songer à une direction que nous ne devrions pas emprunter; c'est une leçon que nous avons tirée des États-Unis, où la structure d'autorisation relative aux installations de production est très onéreuse. Les permis nécessitent un niveau de données qui complique le démarrage de projets. C'est attribuable au fait que l'octroi d'un permis est conditionnel à un certain degré de certitude à l'égard d'une installation qui doit encore être mise à l'eau. Lorsqu'il nous est impossible de convaincre un organisme de réglementation des conséquences environnementales d'une installation que nous n'avons pas pu contrôler, nous nous retrouvons dans une impasse. En effet, comment pourrions-nous mesurer les impacts d'une installation sans avoir pu la mettre en place au préalable?
Cette structure a entravé beaucoup d'activités de développement dont les impacts environnementaux restent encore à démontrer, en l'absence d'un cadre énergétique permettant d'en faire la démonstration d'entrée de jeu. Je pense que l'approche mentionnée par M. Campbell vise une gestion adaptative.
Bien sûr, il nous faut localiser ces zones constituant un habitat essentiel ou une voie de migration, où il serait insensé d'implanter une installation. Ce travail environnemental stratégique est réalisé en Nouvelle-Écosse par M. Taylor. Nous devons répertorier ces régions à exclure, et commencer à adopter une approche de gestion adaptative. Nous devons procéder étape par étape en contrôlant rigoureusement une installation pour relever les véritables risques environnementaux que pose une technologie — au lieu de simplement discuter des incertitudes sur le plan environnemental —, et ensuite mettre au point un programme de surveillance visant à faire face à ces risques réels, en adéquation avec le niveau de risque. À partir de là, nous ferons progresser les choses.
Ce genre de cadre énergétique commence à voir le jour sur la côte Est ainsi que la côte Ouest, c'est-à-dire que les diverses autorités chargées de délivrer les permis se réunissent dans la même salle pour une table ronde. Je crois que M. Taylor pourrait témoigner de son expérience relative à cette réunion de toutes les autorités chargées des permis, réunion visant à discuter des problèmes réels auxquels sont confrontées ces instances et à créer ce forum en tant que première étape importante.
M. Taylor : Je me permets d'ajouter une remarque dans la veine de l'intervention de M. Tu. En Nouvelle-Écosse, fait assez révolutionnaire pour notre province, on a consacré beaucoup d'efforts à réunir tous les organismes d'autorisation afin d'en arriver à un guichet unique pour l'octroi de permis. Cet effort a très bien servi le processus, du moins pour ce qui est de cette phase de démonstration.
Le sénateur Lang : Il n'y a aucune obligation, dès lors, de changer la législation fédérale pour y intégrer ce processus?
M. Taylor : Non, il n'y a pas d'obligation. Il n'y avait pas d'obligation concernant la démonstration. Nous avons obtenu un permis applicable aux eaux navigables de Transports Canada. Nous avons aussi obtenu une évaluation environnementale fédérale complète et les permis provinciaux nécessaires. Ce n'est pas que nous n'avons pas obtenu les différents permis; c'est que la délivrance de permis a été coordonnée en vertu d'un seul processus.
Le sénateur Neufeld : Merci de votre comparution. C'est toujours intéressant d'entendre de nouvelles idées. Je tenais à mentionner quelques points.
M. Campbell a fait allusion à quelques reprises à Clean Current. Je ne crois pas que quelqu'un d'autre que moi sait ce qu'est Clean Current. Il s'agit d'une entreprise mise sur pied par EnCana Corporation et un dirigeant à la retraite du secteur pétrolier originaire de Calgary afin de construire un projet d'énergie marémotrice à Race Rocks, au sud du collège Pearson. Là-bas, un phare a été cédé au collège, et l'on observe la vie marine sur place. Le collège a établi un partenariat avec Clean Current afin de pouvoir générer la totalité de son électricité et abandonner la production d'énergie au diesel sur cette île minuscule, que j'ai moi-même visitée. Alors que je m'y trouvais, le gouvernement de la Colombie-Britannique avait investi un peu d'argent dans ce projet. J'apporte cette précision au sujet de Clean Current parce que c'était l'une des premières entreprises à participer, et ce projet fut couronné de réussite.
Par ailleurs, le sénateur Banks a parlé de BC Hydro, et je pense qu'il faisait allusion au programme Power Smart, qu'on a mis au point dans les années 1980. Ce programme est disparu dans les années 1990, car sa sauvegarde n'était pas au goût du jour.
Après que nous ayons formé le gouvernement et que je sois devenu ministre, nous avons changé cette situation. Nous avons fait en sorte que BC Hydro renforce Power Smart en exigeant de BC Hydro, par l'entremise du plan énergétique, qu'il fasse l'acquisition de 50 p. 100 de la nouvelle quantité supplémentaire d'énergie résultant de la conservation. De plus, 90 p. 100 de ce nouvel approvisionnement énergétique devenait provenir de sources d'énergie propre; nous avons donc imposé à BC Hydro des objectifs assez stricts. L'organisme a prouvé qu'il pouvait les atteindre.
Au sujet de la stratégie, laquelle est au centre de nos travaux et de notre recherche de connaissances, l'un de vous a dit qu'en raison du fait que les provinces étaient responsables de fournir de l'énergie, il est difficile pour le gouvernement fédéral d'intervenir. Dieu sait que je ne chercherai jamais à encourager le gouvernement fédéral à prendre en charge tout le processus, car je ne crois pas que ce serait une bonne chose pour les provinces.
Les provinces ont mis au point des stratégies, et chacun a procédé un peu différemment. Le Québec a mis au point une stratégie; la Nouvelle-Écosse en a créé une autre. La Colombie-Britannique a élaboré un certain nombre de stratégies en lien avec l'électricité. En 2002 et en 2007, deux centrales énergétiques ont placé l'énergie hydroélectrique sur une voie entièrement différente en Colombie-Britannique. En 2002, nous avons demandé au secteur privé de participer, comme la Nouvelle-Écosse l'a fait. Le secteur hydroélectrique fait bien les choses pour ce qui est de mener de grandes opérations. Toutefois, nous avons besoin de l'esprit d'entreprise que vous voyez ici à la table pour développer ces nouvelles initiatives, tous ces projets énergétiques utilisant le vent, la marée, les vagues, le courant et autres.
Nous avons alors découvert qu'il y avait beaucoup d'idées. M. Campbell pourra témoigner de cette situation, car lui et moi en avons discuté pendant un certain temps. La nécessité d'un financement découle de ces idées de toutes sortes; reste à savoir comment les commercialiser, surtout à 300 $ le mégawatt. C'est coûteux. Nous avons créé un fonds appelé Innovative Clean Energy, ou ICE, au moyen d'une redevance imposée à toutes les factures énergétiques des citoyens de Colombie-Britannique. On a mis sur pied un groupe spécial pour décider de la manière de répartir cet argent. C'est un groupe spécial qui en a décidé; pas moi. M. Campbell se souviendra d'avoir été fâché, la première fois, du fait qu'OREG n'ait rien reçu. Mais d'après ce que j'ai compris, dernièrement, trois initiatives d'une valeur de 6 millions de dollars ont fait suite à ce fonds et visent à examiner différents projets en Colombie-Britannique.
Les stratégies mises en place par les différentes provinces donnent de bons résultats. Je ne crois pas qu'il existe de solution miracle. Nous devons utiliser toutes les ressources disponibles — énergie éolienne, vagues, marées, centrales au fil de l'eau — car je ne pense pas qu'il y ait de solution magique dans un mode ou un autre. Je crois que M. Boridy a bien cerné la question en parlant des coûts. M. Campbell a cité des chiffres à cet égard; ils sont astronomiques.
On me répétait sans cesse que la Norvège obtenait d'excellents résultats avec le développement de l'énergie nucléaire et que ce pays comptait tirer 20 p. 100 de son électricité de sources propres. J'ai effectué quelques recherches pour constater qu'environ 58 p. 100 de l'électricité norvégienne est générée à partir du charbon. Les tarifs pour l'électricité résidentielle se situent aux environs de 40 cents. Savez-vous quels sont les tarifs moyens ici au Canada? Nous ne payons pas cher pour notre électricité. C'est la raison pour laquelle nous avons de la difficulté à développer ces technologies. Au Canada, nous avons accès à de l'énergie à rabais. Le coût est d'environ 7 cents pour l'électricité résidentielle. D'autres pays sont-ils en mesure de développer ces technologies plus facilement que nous? Probablement que oui, parce qu'ils disposent du marché nécessaire, si l'on veut s'exprimer ainsi, et qu'ils ont la structure de coûts permettant de tels développements.
Cependant, si l'on considère certains de ces coûts dans le contexte d'un tarif à 7 cents, pour Hydro-Québec, le Manitoba et toutes ces autres provinces, les tarifs devraient être haussés quelque peu, mais cette augmentation serait plus facile à accepter. Au fil des ans, ces nouvelles technologies pourraient être mises au point et nous verrions bien davantage d'énergie produite à partir des vagues et des marées et au moyen de différentes autres technologies misant sur l'énergie renouvelable. Parallèlement à cela, il nous faut également réfléchir à la séquestration dans le cas du charbon.
Les États-Unis sont nos principaux partenaires commerciaux. Le Québec a d'importants surplus d'électricité. Dans une certaine mesure, nous sommes des importateurs nets. Nous devons nous demander à quelles fins nous mettons au point cette technologie, à l'intention de qui, où ira l'énergie et comment nous pourrons la transporter sur de longues distances. Tous ces éléments doivent être pris en compte. La dernière fois que nous avons construit un réseau de transmission en Colombie-Britannique, nous nous sommes heurtés au syndrome du « pas dans ma cour ». Les gens veulent l'électricité à bas prix, mais ils ne veulent pas d'un pylône dans leur champ de vision; vous pouvez le construire n'importe où, mais pas dans mon voisinage.
Lorsqu'il est question d'ériger des réseaux dans des zones densément peuplées, certains font valoir qu'il serait peut- être plus facile d'opter pour le Nunavut. Je ne suis pas de cet avis, quand on pense à l'environnement là-bas, mais les choses se compliquent lorsqu'on commence à prendre en considération la conservation et les éléments de cette nature.
C'était peut-être davantage une déclaration qu'une question.
Le président : À mon sens, il n'y avait aucune question.
Le sénateur Neufeld : Il y en avait une à la toute fin.
Le président : J'ai cru un instant que vous étiez notre septième témoin, à la place de M. Bear. Je sais maintenant pourquoi on dit que vous avez été le meilleur ministre des Ressources naturelles que la Colombie-Britannique ait connu.
Le sénateur Neufeld : Je crois que vous avez dit que le Nunavut est pris dans les glaces pendant trois ou quatre mois?
M. Tarbotton : Oui.
Le sénateur Neufeld : J'habite à Fort St. John et nous avons de la glace pendant plus de quatre mois. La saison des glaces est encore plus longue au Nunavut. La dernière fois que je me suis rendu là-bas, il y avait de la glace jusqu'en juillet. Pourriez-vous m'expliquer cela?
M. Tarbotton : D'ici 20 ans, il se peut bien qu'il n'y ait plus de glace du tout là-bas.
Le sénateur Neufeld : Excellent, voilà la réponse que j'attendais. Dans 20 ans, il n'y aura plus de glace.
Le président : Il n'y aura plus d'émissions de gaz carbonique non plus.
M. Boridy : J'aimerais apporter quelques précisions. Je vais vous donner un chiffre, car la question a été soulevée indirectement. On compare l'électricité produite à partir du courant des rivières à celle provenant des vagues et des marées. L'eau vive des rivières nous procure quelque 8 000 heures de production par année grâce au courant continu et unidirectionnel. Mais dans le cas des vagues et des marées, on peut s'attendre tout au plus à quelque 3 500 à 4 000 heures. Le nombre d'heures de production est donc le double dans le cas des rivières. Il faut tenir compte de cet aspect. C'est une réalité qui est également déterminante quant au prix ou au coût du kilowattheure.
Le sénateur McCoy : Il y a 8 760 heures dans une année. N'est-ce pas le nombre d'heures qui sert de référence à tous les services publics d'électricité sur la planète?
M. Boridy : Seulement si l'on fonctionne en continu.
Le sénateur McCoy : Qu'advient-il des 760 heures qui restent dans la production au fil de l'eau?
M. Tarbotton : La rivière est prisonnière des glaces au cours de cette période.
Le sénateur McCoy : Je croirais également que l'on interrompt la production aux fins de l'entretien régulier. Vous établissez vos calculs en fonction d'un total de 8 000 heures par année.
M. Boridy : J'aimerais aborder deux autres points, mais je peux vous dire d'emblée que l'entretien est un facteur clé. Nous ne voulons pas avoir à enlever ces machines à toutes les deux semaines. Nous envisageons le recours à des technologies n'exigeant pas de plongées. Nous cherchons à utiliser des rivières dont le débit est élevé, parfois jusqu'à trois mètres seconde, et nous ne trouverons jamais de plongeur, surtout en novembre, en avril ou en mai, qui voudra essayer d'aller réparer quelque chose lorsque le courant atteint trois mètres seconde. Au Québec, c'est même interdit par la loi.
Le sénateur Banks s'est demandé qui devrait contribuer, aux échelons fédéral et provincial, pour appuyer le travail de ces organisations et la participation de l'industrie. Je vais vous dire ce que j'en pense en ma qualité de partenaire de l'industrie qui travaille également avec les universités. À titre d'exemple, nous allons nous intéresser à la technologie Harvest, élaborée par l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG). Ce projet fait appel à quatre laboratoires universitaires, c'est-à-dire que 24 étudiants au niveau du doctorat travaillent au développement de cette technologie depuis 2001, grâce au financement conjoint du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), équivalent français du Conseil national de recherches du Canada, et de la société Électricité de France (EDF).
Au bout de huit années de travail, il n'y a toujours pas de technologie en usage car EDF n'est pas une société industrielle et l'INPG n'est pas une industrie. L'intervention de l'industrie est nécessaire pour dire aux chercheurs d'arrêter leurs efforts de conception, de ne pas essayer de réinventer la roue, de mettre la technologie à l'essai pour voir si les concepts élaborés sont valables, et de poursuivre ensuite son développement et son adaptation en fonction de l'emplacement et des marchés.
Je suis contre le financement direct des universités. J'ai beaucoup de respect pour ces institutions. La plupart des technologies dont nous parlons aujourd'hui ont vu le jour dans des universités. C'est leur point de départ, mais il faut à un moment ou à un autre ramener les chercheurs à la réalité en leur rappelant que les industries sont là pour réaliser des profits, car c'est la raison d'être de tout cela. S'il n'y a pas d'argent à faire, vous ne trouverez aucune industrie pour vous aider.
Quant à savoir qui finance la technologie, et je vous parle du point de vue de l'industrie, nous avons besoin au départ de l'aide gouvernementale en raison des risques associés à toute technologie émergente. Nous ne demandons pas un financement pendant tout le processus, mais nous avons besoin d'aide aux premières étapes car, non seulement devons-nous concevoir la technologie, mais nous voulons également la mettre à l'essai, mener des études environnementales ainsi que des études de site. Nous devons mettre le nouveau mécanisme dans l'eau et l'en extraire tous les mois ou environ pour procéder à certaines mesures. Cette phase de mise à l'essai et de mesures préalables à la commercialisation est extrêmement importante, et c'est à ce niveau que l'aide gouvernementale est requise.
Lorsque je parle d'aide gouvernementale, je ne veux pas dire seulement celle du fédéral, mais également le soutien de la province. J'irais même jusqu'à dire que nous nous adressons d'abord et avant tout, du point de vue de l'industrie, à Hydro-Québec. Si Hydro-Québec ne s'intéresse pas à la technologie proposée, aussi bien l'oublier. Après cela, le marché devient international. Même si Hydro-Québec peut être un acheteur important pour la province, et pour ses propres besoins, notre industrie doit chercher à étendre son marché, car Hydro-Québec est limitée à 4 000 mégawatts, étant donné qu'au-delà de cette quantité, on arrive difficilement à stabiliser le réseau. Hydro-Québec a établi la même règle pour l'énergie éolienne — une limite de 4 000 mégawatts. Pour le Québec, on ne peut pas aller plus loin que ce niveau.
Pour l'industrie, le marché est planétaire. Quant à nous, au CHIQ, nous avons négocié concernant les deux technologies avec tous nos partenaires, et je vous prie de me croire qu'il s'agit de partenaires importants. Je vous ai déjà parlé du développement de la technologie Harvest financée par EDF, mais nous envisageons également le recours à la technologie Sabella dont le développement est appuyé par quatre organisations dont la plus importante est Saipem, l'un des chefs de file mondiaux, si ce n'est le numéro un, en matière de plateformes pétrolières et gazières. Ces organisations possèdent une connaissance approfondie de ces questions, ce qui est tout particulièrement important pour nous, compte tenu de l'éloignement de ces régions.
Le financement doit venir des gouvernements provinciaux et fédéral, mais aussi de sociétés comme Hydro-Québec dans les différentes provinces. Il pourrait y avoir des projets semblables en Colombie-Britannique notamment, mais il faut que la province contribue car elle sera la principale utilisatrice. Elles vont choisir la meilleure technologie et aideront les petites organisations à la mettre en œuvre.
Le sénateur Banks : La situation me rappelle beaucoup ce qui s'est passé avec la contribution du gouvernement aux fins de l'exploitation des sables bitumineux. Sans la participation gouvernementale, cette industrie n'aurait jamais atteint son niveau actuel en Alberta. J'y vois une analogie assez frappante.
Le sénateur McCoy : Monsieur Boridy, vous avez indiqué qu'Hydro-Québec a fixé une limite de quatre gigawatts pour les achats. Combien y a-t-il de gigawatts dans l'ensemble du système? Quelle proportion...
M. Boridy : Dix pour cent. Le réseau d'Hydro-Québec totalise plus de 40 000 mégawatts et se rapprocherait même davantage de 45 000.
Le sénateur Seidman : Merci de comparaître devant nous pour discuter de ce qui est de toute évidence une technologie d'avant-garde, même s'il ne s'agit pas encore d'une industrie, si j'ai bien compris.
Chacune des questions posées en a suscité plusieurs autres. Nous avons parlé des coûts et des répercussions possibles sur l'environnement, deux aspects primordiaux. Vous avez commencé à aborder le sujet de ma première question, monsieur Boridy.
Doit-on considérer cette technologie comme une source régionale d'énergie ou offre-t-elle la possibilité d'approvisionner de façon fiable le Canada central via un réseau à longue distance? Si le Canada central est considéré comme un client potentiel, dans quelle mesure Ontario Hydro et Hydro-Québec s'intéressent-elles à cette technologie?
J'ajouterais un dernier point. Serait-il possible du point de vue économique d'utiliser cette technologie pour remplacer ou compléter le recours aux générateurs au diesel dans les localités côtières hors réseau?
M. Boridy : Je vais vous donner mon opinion, et je vais me limiter encore une fois à l'énergie produite à partir du courant des rivières. Je ne vais pas vous parler de celle provenant des vagues et des marées, car le contexte est totalement différent. Le marché n'est pas le même, les technologies sont différentes et les défis également.
Dans le cas de l'énergie produite à partir des vagues et des marées, il ne fait aucun doute que la région constitue un marché important et devrait en fait être le marché principal à alimenter en énergie dans toutes ces localités éloignées qui n'ont accès qu'à l'électricité produite à partir de diesel polluant, et au service desquelles Hydro-Québec perd de l'argent. C'est donc le marché à desservir en priorité.
À mon avis, ce marché justifie à lui seul l'existence de l'industrie, car la situation ne se limite pas au Québec. Il y a des cas semblables ailleurs au Canada ainsi que dans le reste du monde. C'est la raison pour laquelle, nous nous sommes assurés dans nos ententes avec la France concernant ces deux technologies de l'exclusivité des droits de commercialisation pour les trois Amériques, car il y a des pays d'Amérique du Sud qui prennent une place importante dans nos plans d'avenir. À titre d'exemple, les eaux vives du Brésil offrent un potentiel de 25 000 mégawatts, ce qui est même davantage que celles du Canada.
Nous parlons ici de l'une des nombreuses formes d'énergie verte renouvelable. On ne prétend pas qu'il s'agisse de la seule technologie semblable. On ne soutient pas qu'elle va remplacer, et vous pouvez être sûrs qu'elle ne les remplacera pas, les sources traditionnelles de production d'énergie. Il y aura encore des barrages; on aura encore recours au nucléaire. Il s'agit d'une source d'énergie complémentaire répondant aux besoins particuliers de certains marchés et de certains emplacements, mais offrant également un potentiel énorme.
Je répète que mes observations ne portent que sur l'énergie produite à partir du courant des rivières. Je ne parle pas de l'énergie tirée des océans, des vagues et des marées, où le potentiel, mais aussi les enjeux, les risques et les coûts sont différents.
Le sénateur Seidman : Je ne crois pas que vous ayez répondu à ma question quant à l'utilisation possible, d'un point de vue économique, de ces technologies pour remplacer les générateurs au diésel dans les localités hors réseau, par exemple.
M. Tu : J'essaie de vous répondre, mais je demanderais à M. Campbell d'apporter les distinctions entre les marchés régional, national et même international. C'est une question qui touche les échanges d'électricité et les liens entre réseaux. Pour ce qui est des collectivités éloignées, je peux vous dire que la Colombie-Britannique en compte un bon nombre.
BC Hydro dessert ainsi quelque 11 régions que nous qualifions de non intégrées. Il y a par exemple Haida Gwaii, ou les îles de la Reine-Charlotte, où l'énergie est principalement produite au moyen du diésel. Il y a d'autres ressources sur place, mais l'énergie provient surtout du diésel.
Si l'on considère les coûts, un générateur au diésel produit généralement environ trois kilowattheures et demi par litre. Combien paie-t-on pour le carburant? Au minimum le même prix que nous payons à la pompe, soit 1 $ le litre environ. Cela donne moins de 30 cents le kilowattheure dans le meilleur des cas pour les localités isolées. On retrouve les coûts les plus importants dans les collectivités les plus éloignées où il faut transporter le diésel par avion. Le coût est alors beaucoup plus élevé et peut atteindre 1 $ le kilowattheure. C'est le prix repère du point de vue des considérations économiques.
M. Campbell nous a donné un aperçu des tarifs par kilowattheure pour l'énergie provenant des vagues et des marées. D'une façon très générale, il a indiqué que ces tarifs pourraient atteindre 35 cents le kilowattheure pour l'énergie marémotrice et être passablement plus élevés dans le cas des vagues.
Il y a des coûts supplémentaires associés au déploiement de la technologie dans les collectivités éloignées. Il y a bien sûr la distance à parcourir, mais il y a également l'impossibilité de réaliser des économies d'échelle. Comme ces petites localités n'ont pas d'importants besoins en énergie, les projets sont de moins grande envergure et les économies d'échelle deviennent impossibles.
De concert avec Ressources naturelles Canada, le ministère de l'Énergie, des mines et des ressources pétrolières de la Colombie-Britannique et Diversification de l'économie de l'Ouest Canada, BC Hydro a mené une étude sur l'énergie marémotrice dans l'archipel des îles de la Reine-Charlotte. Comme les îles bénéficient d'une bonne amplitude de marée et qu'on y consomme une quantité considérable de diésel, nous avons pensé qu'il pouvait être possible d'y réaliser un projet plus vaste.
Les coûts se situaient à peu près au niveau indiqué, même pour notre premier projet pilote. Je crois que notre projet a révélé un coût d'environ 65 cents le kilowattheure pour l'ensemble du cycle de vie. Cette évaluation ne s'applique qu'au projet pilote.
Chose intéressante, le projet a permis de mieux prendre conscience de la nature de l'énergie marémotrice. Comme on l'a déjà souligné, elle atteint des sommets pour ensuite être réduite à néant de façon cyclique, quatre fois par jour. L'un des principaux obstacles à l'utilisation de cette technologie à grande échelle dans les collectivités éloignées réside dans la capacité de nos générateurs au diésel de s'adapter aux fluctuations quant à la quantité d'énergie produite. Les générateurs au diésel doivent être utilisés de manière à assurer un juste équilibre entre la satisfaction des besoins de la collectivité et l'approvisionnement en énergie. Ils servent de tampons.
Ces générateurs offrent une source flexible d'énergie, mais il y a des limites à cette flexibilité. Par exemple, on ne peut pas les faire fonctionner à moins de la moitié de leur pleine capacité. De plus, les besoins d'entretien s'accroissent considérablement lorsqu'on les arrête et on les redémarre régulièrement.
En raison de cette intermittence et des risques pour les génératrices, les localités éloignées n'offrent que peu de possibilités d'incorporer une quantité considérable d'énergie produite par les marées ou les vagues dans leur approvisionnement régulier.
En un mot, je vous dirais que ces technologies peuvent être effectivement rentables du point de vue économique, assurément dans les collectivités les plus éloignées. À court terme, ces technologies semblent prometteuses, mais la quantité produite par les marées ou les vagues pouvant être mise à contribution dans ces localités est limitée dans une certaine mesure par la capacité des génératrices au diésel de s'adapter à ces nouvelles sources d'approvisionnement.
M. Tarbotton : Le principal problème que M. Tu a évoqué, c'est que nous ne pouvons pas stocker l'énergie d'une façon rentable. Il est possible de la stocker, notamment au moyen de l'accumulation par pompage, mais il faut pour ce faire construire un barrage. Cependant, j'estime que la solution est imminente. On utilise actuellement des batteries à grande capacité, et je crois que leur coût diminuera considérablement.
Il ne faudrait pas oublier également qu'une bonne partie de l'énergie des vagues est captée au grand large. Par conséquent, nous ne pouvons pas construire un câble permettant de transporter cette énergie sur une distance de disons 200 ou 50 milles.
Le recours à l'hydrogène deviendra peut-être une solution rentable. On pourra peut-être utiliser un système de captage de l'énergie des vagues au grand large pour produire de l'hydrogène, qu'un navire-citerne transportera jusqu'aux ports. On n'a pas encore mis au point un tel système, qui demeure cependant une possibilité pour l'avenir.
M. Boridy : Si je peux me permettre, je vous proposerai d'envisager les choses sous de nouvelles — terme que j'emploie fréquemment — perspectives. Nous pouvons bien parler du coût, des différentes technologies et de l'environnement ou encore des marchés et des politiques provinciales et fédérales, mais il faut se rappeler que la mer est une source d'énergie durable qui pourra être exploitée. Nous n'avons pas saisi l'occasion lorsque l'énergie éolienne a pu être exploitée il y a 10 ou 15 ans, contrairement à l'Allemagne et à l'Inde. Et aujourd'hui, nous achetons les technologies des autres pays.
Nous saurons mettre au point les technologies nécessaires, comme nous l'avons fait pour permettre à l'homme de se rendre sur la Lune. Un jour, l'énergie de la mer pourra être exploitée. C'est pourquoi il faut appuyer les entreprises, les laboratoires et les universités. Si j'avais un seul message à vous transmettre, je vous dirais qu'il faut tirer les leçons du passé et ne pas laisser passer cette occasion. Voilà.
Le président : Je pourrais ajouter que votre message est clair.
M. Campbell : La présente séance est un point de départ intéressant. Et j'espère que nous pourrons collaborer davantage avec vous.
Deux points principaux se dégagent de la présente discussion : premièrement, il faut comprendre et établir quels sont les débouchés; deuxièmement, il faut examiner le rôle que le gouvernement fédéral jouera à cet égard.
Le sénateur Neufeld a exposé avec éloquence où étaient les intérêts des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral à ce chapitre. J'estime que le risque serait énorme si nous en restions là, car le gouvernement fédéral serait alors enclin à dire : « Nous nous occuperons de la recherche-développement, et nous laisserons aux provinces le soin de produire l'électricité propre pour les Canadiens. »
C'est la logique qui se dessine au Canada et qu'on emprunte sans l'ombre d'un doute aux États-Unis, où le département de l'Énergie commence à accorder des fonds aux laboratoires de recherche et aux universités parce que cette question relève de ses compétences.
L'État de l'Oregon s'est engagé à mettre en valeur l'énergie des vagues, mais c'est un domaine qui relève également du gouvernement fédéral américain. L'industrie a déjà perdu grosso modo cinq ans, en raison de l'écart entre l'initiative fédérale et celle de l'État. Il est fort probable que les rêves de l'Oregon ne se réaliseront jamais.
Au Canada, la situation risque beaucoup d'être la même. Le gouvernement fédéral investit dans la recherche- développement, et les provinces fixent les objectifs que le gouvernement fédéral souhaite ambitieux, mais il persiste toutefois un écart.
Le mémoire que je vous ai remis contenait un message important, qui manque peut-être un peu de clarté. Je recommande principalement au comité d'examiner sérieusement les moyens de mettre en commun les initiatives fédérales, provinciales et territoriales dans chacune des régions, de manière à optimiser les perspectives économiques, tout en produisant l'énergie propre dont nous aurons tous besoin.
Le sénateur McCoy : C'est notre objectif.
Le président : Voilà qui résume parfaitement la situation. Les membres du comité ne feront certainement pas la sourde oreille aux problèmes que vous avez exposés. Vos propos qui poussent à la réflexion constituent une entrée en matière à l'étude que nous venons tout juste d'entreprendre.
Nous vous remercions infiniment d'avoir comparu. Je sais que vous êtes ici également pour assister au symposium de l'OREG de 2009, symposium que nous vous souhaitons productif et stimulant.
Nous espérons pouvoir faire appel de nouveau à vos compétences.
(La séance est levée.)