Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires juridiques et constitutionnelles
Fascicule 22 - Annexe B - Annexe 5900-2.40/L1-C-15, 22 « 11 »
Nota :
La présente annexe donne les réponses à une question posée par le sénateur Milne
lors de la réunion de ce comité du 28 octobre.
Pour trouver les témoignages complets de cette réunion, veuillez consulter le
fascicule no 17.
Annexe 5900-2.40/L1-C-15, 22 « 11 »
Je vous écris enfin pour répondre à la demande faite par la sénatrice Milne lors de mon témoignage d’il y a quelques semaines.
Lors de mon témoignage, j’ai mentionné que les enfants de parents incarcérés étaient plus susceptibles que les autres enfants d’être un jour incarcérés à leur tour. Mme Milne m’a demandé si je pouvais lui faire parvenir des documents appuyant mes dires. On trouve cette affirmation dans de nombreux livres et articles, et je pense que l’on peut dire sans se tromper que bon nombre d’étudiants en droit criminel et en criminologie la tienne pour acquise. Or, lorsque j’ai voulu trouver des ouvrages à envoyer à la sénatrice, j’ai constaté avec surprise qu’il existait très peu de données objectives pouvant étayer mon affirmation.
Cela dit, j’ai réussi à trouver quelques sources qui soutiennent le lien entre l’incarcération des parents et l’incarcération ultérieure de leurs enfants. Vous constaterez toutefois qu’il reste beaucoup de recherche à faire sur le sujet. Voici quelques détails sur les ouvrages que je vous fais parvenir :
Document de Christopher Wildeman, de l’Université du Michigan, intitulé Paternal Incarceration and Children’s Physically Aggressive Behaviors: Evidence from Fragile Families and Child Wellbeing Study. J’ai écrit à M. Wildeman, et voici ce qu’il avait à dire à propos de son document :
Ce document démontre deux choses. Premièrement, il constitue de loin l’analyse la plus empirique du lien entre l’incarcération paternelle et l’agressivité physique des garçons effectuée jusqu’à aujourd’hui. Les résultats laissent deviner de très lourdes conséquences de l’incarcération, étant donné que l’agressivité physique, même en bas âge, est un bon indice de criminalité future. Deuxièmement, ma recherche montre que ces conséquences se limitent UNIQUEMENT aux garçons dont le père n’a pas été incarcéré pour un crime violent (comme il fallait s’y attendre, la plupart de ces incarcérations faisaient suite à des crimes reliés à la drogue). Par conséquent, on pourrait conclure que c’est le fait d’incarcérer des personnes pendant de longues périodes pour des crimes non violents reliés à la drogue qui entraînerait les plus graves conséquences sur la prochaine génération. [traduction]
2. Document de Roettger et Swisher, de la Bowling Green University, intitulé Examining Racial Variations in the Associations of Father’s History of Incarceration and Son’s Delinquency and Arrest.
3. Bulletin de nouvelles de l’Association des travailleurs sociaux de la Colombie-Britannique. Il contient deux petits articles d’intérêt (p. 8-9 et p. 18), tous deux rédigés par Shawn Bayes, directrice exécutive de la Société Elizabeth Fry du grand Vancouver. J’ai parlé avec Mme Bayes et certains de ces collègues et ils m’ont dit que c’était une question de très grande importance pour leur organisation. Comme ils sont au Canada, la sénatrice Milne pourrait faire un suivi auprès de Mme Bayes directement pour discuter plus avant de la question des enfants dont les parents sont incarcérés. Voici ses coordonnées :
Shawn Bayes
Directrice exécutive
Elizabeth Fry Society of Greater Vancouver
237 East Columbia
New Westminster, BC V3L 3W4
Téléphone : 604.520.1166 / Télécopieur : 604.520.1169 shawn.bayes@elizabethfry.com
4. Enfin, je recommande chaudement le livre de Nell Bernstein intitulé All Alone in the World: Children of Incarcerated Parents. Mme Bernstein, journaliste, examine systématiquement les conséquences qu’ont sur les enfants l’arrestation, la condamnation, l’incarcération puis la libération de leurs parents. Elle décrit en termes émus ce que vivent aussi les grands-parents (qui ont souvent la garde des enfants pendant l’incarcération des parents) et parle des effets du placement familial, pour les enfants dont personne d’autre ne peut s’occuper. Il s’agit à n’en pas douter du meilleur livre que j’aie lu sur le sujet; quiconque s’intéresse au sort des enfants dont les parents sont incarcérés se doit de le lire.
J’espère que les documents envoyés sauront être utiles à Mme Milne. Je demeure à votre entière disposition si vous avez d’autres questions.
Je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.
Sharon Dolovich