Délibérations du Comité permanent du
Règlement, de la procédure et des droits du Parlement
Fascicule 15 - Témoignages du 20 octobre 2009
OTTAWA, le mardi 20 octobre 2009
Le Comité permanent du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement se réunit aujourd'hui, à 9 h 36, conformément à l'ordre du jour suivant : Que le Sénat approuve en principe l'installation de l'équipement nécessaire pour l'enregistrement audiovisuel de qualité radiodiffusion de ses délibérations et d'autres événements approuvés se déroulant dans la salle du Sénat et dans au moins quatre salles normalement utilisées par des comités du Sénat.
Le sénateur David P. Smith (vice-président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Blair Armitage, greffier du comité : Honorables sénateurs, conformément à l'article11 du Règlement, il m'incombe de vous informer que le président ne peut être présent et que le vice-président, l'honorable sénateur Smith, présidera la séance.
Le vice-président : Honorables sénateurs, vous êtes au fait du sujet que nous abordons aujourd'hui. Nous accueillons quatre témoins de la Chaîne d'affaires publiques par câble, la CPAC. Je demanderai à M.Stein, président du conseil d'administration de la CPAC de bien vouloir faire les présentations.
Ken Stein, président, conseil d'administration, CPAC : Nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître devant le comité. Nous espérons vous être utiles. Nous commencerons par quelques remarques préliminaires, puis nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je suis accompagné de Colette Watson, présidente et directrice générale de la CPAC; de Bob Buchan, secrétaire du conseil d'administration de la CPAC; d'Eitan Weisz, gestionnaire des opérations techniques de la CPAC. Ce dernier est responsable de la diffusion sur le web et des autres services techniques.
Notre dernière comparution devant le comité remonte au 22 novembre 2006, suite à la motion présentée par le sénateur Segal concernant la diffusion des délibérations dans la salle du Sénat. Nous avons examiné le compte rendu des délibérations du 6 octobre 2009 du comité sur la question, et nous jugeons utile de commencer par une brève description générale de la CPAC et d'apporter des précisions sur certains points soulevés la concernant.
La CPAC est une entreprise de radiodiffusion appartenant à un consortium de petites et grandes entreprises de câblodistribution canadiennes et exploitée par ce même consortium. Il s'agit d'une entreprise privée sans but lucratif qui offre une programmation sans pause publicitaire. Au cours des 17 dernières années, les entreprises de câblodistribution et, plus récemment, les autres entreprises de distribution de radiodiffusion ont investi plus de 75millions de dollars dans l'exploitation de cette chaîne. Nous offrons ce service à tous les abonnés des fournisseurs canadiens de services par câble et par satellite, soit près de 11 millions de foyers au Canada. La CPAC est entièrement financée par les entreprises canadiennes de câblodistribution et de services par satellite, sans qu'il en coûte quoi que ce soit au Parlement ni aux contribuables.
Conformément à sa licence de radiodiffusion, dont une copie est jointe à notre mémoire ou pourra vous être acheminée, et en vertu des dispositions de l'Ordonnance d'exemption visant les débats de la Chambre des communes, la CPAC diffuse, en direct, intégralement et en fonction des priorités, les délibérations de la Chambre des communes, lorsque celle-ci siège. Les réunions des comités des deux Chambres sont également diffusées conformément aux dispositions des ententes négociées avec le Sénat et la Chambre des communes relativement à la couverture des délibérations des comités.
Au cours de la dernière année de radiodiffusion, c'est-à-dire entre le 1er septembre 2008 et le 31 août 2009, l'audience hebdomadaire moyenne était d'environ 960000 téléspectateurs, atteignant un maximum de 1,4 million pendant la visite du président américain Obama au Canada en février 2009.
En vertu des conditions de l'entente actuelle entre la CPAC et le Sénat, 20 heures par semaine sont réservées aux délibérations du Sénat et des comités, comme le montre le document joint à notre mémoire.
[Français]
Colette Watson, présidente et directrice générale, CPAC : La CPAC croit fermement que les Canadiens devraient pouvoir suivre les délibérations des deux Chambres du Parlement et juge louable l'objectif du Sénat d'accroître l'accès du public à ses travaux, qu'ils se fassent en comité ou ailleurs.
[Traduction]
Au cours de l'année de radiodiffusion 2007-2008, la CPAC a présenté 537 heures de délibérations de comités sénatoriaux en direct, en plus des 972 heures en reprise, soit 11p.100 de sa grille-horaire.
Depuis le début de la présente année de radiodiffusion, qui a commencé le 1er septembre, plusieurs réunions de comités sénatoriaux ont été diffusées dans le cadre de l'émission «L'Heure politique». Au nombre de ces réunions citons celle du Comité des affaires étrangères et du commerce international diffusée le 15 septembre; celle du Comité des affaires sociales diffusée le 29 septembre; celle du Comité des affaires juridiques et constitutionnelles diffusée le 30 septembre; celle du Comité des finances diffusée le 1er octobre; celle du Comité des anciens combattants diffusée le 7 octobre; enfin, celle du Comité des affaires juridiques et constitutionnelles diffusée le 9 octobre.
[Français]
Nous reconnaissons comme vous que les moyens utilisés pour consommer de l'information et du divertissement évoluent. Il est donc important d'offrir les contenus sur différentes plateformes.
[Traduction]
Comme l'ont constaté les honorables sénateurs le 6 octobre, nous convenons que le système d'archivage sur le web est l'option qui convient le mieux, étant donné les besoins et les objectifs actuels du Sénat. La CPAC a été une pionnière en ce qui a trait à l'utilisation de la technologie pour rejoindre tous les Canadiens. Nous avons été la première chaîne de télévision à diffuser sa programmation en mode continu, en direct, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En 2005, nous avons étendu nos services en archivant du contenu dans notre site web, cpac.ca. Aujourd'hui, nous comptons trois flux simultanés sur le web en plus d'héberger près de 8000 heures de contenu en format vidéo-sur-demande et plus de 3000 heures de fichiers balados sonores. En outre, nous continuons d'être l'un des seuls radiodiffuseurs à offrir gratuitement un service de diffusion en continu sur le web. D'après un sondage en ligne mené le printemps dernier par la CPAC, 72p.100 des répondants ont dit qu'ils regardaient les émissions de la CPAC en ligne au moyen de nos flux en direct ou en utilisant l'option vidéo-sur-demande.
L'archivage de documents vidéo sur le web au moyen de technologies de gestion du contenu permettrait d'atteindre les objectifs du Sénat. Comme les sénateurs l'ont signalé à juste titre, la salle du Sénat devrait être dotée de matériel d'enregistrement audiovisuel et d'un réseau de serveurs, et il faudrait installer une infrastructure de fibres optiques. Eitan Weisz, notre gestionnaire des opérations techniques, sera heureux d'en parler plus en détail lors de la période réservée aux questions.
M.Stein : En conclusion, dans la Politique réglementaire de radiodiffusion CRTC 2009-329, le conseil a récemment maintenu le statut d'exemption des «entreprises de radiodiffusion par les nouveaux médias» pour une période supplémentaire de cinq ans, ce qui veut dire qu'il n'existe, pour le moment, aucune exigence réglementaire en ce qui a trait à la diffusion en continu ou à l'archivage de contenus sur le web.
La diffusion sur le web des délibérations du Sénat et de ses comités est une option efficace et économique que devrait explorer le Sénat afin d'étendre sa portée au-delà de l'auditoire de la CPAC et de permettre aux gens de suivre les travaux du Sénat au moyen des nouveaux médias.
Nous tenons à remercier le comité de nous avoir invités à comparaître et nous répondrons, avec plaisir, à toutes vos questions.
Le vice-président : Merci. Vous savez, j'en suis convaincu — et nos téléspectateurs devraient le savoir également —, que nous examinons la couverture des délibérations et du Sénat et de ses comités. Au fil des ans, le Sénat a été loué pour les travaux effectués par ses comités. Les commentaires que nous avons reçus à propos des séances de comité diffusées par la CPAC sont unanimement positifs, selon moi.
Ce que nous voulons par conséquent — et notre greffier travaille à un rapport sur la question —, c'est une estimation rigoureuse du coût de ce projet : nouvelle régie, caméras supplémentaires, recrutement, et cetera. Ce sont là des aspects importants. Le sénateur Furey, qui siège à un autre comité, surveillera le dossier de près.
Des statistiques publiées récemment m'ont appris que les cotes d'écoute de la période des questions ont chuté légèrement, passant de 75000 à 25000 téléspectateurs au cours des dernières années. Ces chiffres sont-ils exacts? Que pouvez-vous nous dire sur les cotes d'écoute?
MmeWatson : Ces chiffres sont exacts, sénateur. Lorsque j'ai été nommée à mon poste en 2001, l'audience moyenne de la période des questions variait de 150000 à 200000 téléspectateurs, selon le sujet du débat ou l'époque de l'année parlementaire. À partir de l'hiver 2006, en plein cœur de l'enquête Gomery — je n'ai peut-être pas les bonnes dates —, les cotes d'écoute ont baissé considérablement, chute qui s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Nous sommes passés de 200000 téléspectateurs en 2001 à 75000 en 2004 et à 20000 aujourd'hui.
Le vice-président : Notre audience s'établit à 10p.100 de ce qu'elle était, ce qui signifie une réduction de 90p.100.
MmeWatson : C'est exact. Cette baisse s'explique en partie par le fait que CTV News et CBC Newsworld diffusent également la période des questions. CTV News cessant la télédiffusion de la période des questions vers 14 h 30 pour passer à ses émissions d'analyse, vous remarquerez que nos cotes d'écoute augmentent au cours de la dernière demi- heure. Cependant, cela n'explique qu'en partie cette diminution, car nous constatons tous que les Canadiens sont devenus indifférents à l'aspect antagoniste des débats parlementaires.
Voici une petite anecdote : les cotes d'écoute de notre émission «British Prime Minister's Question Time» sont équivalentes à celles de la période des questions.
Le vice-président : Est-ce en fonction des populations respectives des deux pays?
MmeWatson : Non. Le nombre de téléspectateurs est le même pour l'émission «British Prime Minister's Question Time» que pour celle sur la période des questions.
M.Stein : À titre de président de la CPAC, je reçois passablement de commentaires de la part des Canadiens de tous les coins du pays. Le siège social de l'entreprise se trouve dans l'Ouest du Canada. Notre émission la moins populaire est, de loin, celle sur la période des questions qui, je le pense franchement, influe sur les cotes d'écoute des séances de comité que nous diffusons et de nos autres émissions. En général, les gens ont une opinion très négative de la période des questions.
Le vice-président : Pendant notre période des questions, les échanges sont indubitablement plus polis, même s'ils ne sont pas aussi passionnés.
Le sénateur Harb : Merci infiniment de ce tableau très franc. Avez-vous des statistiques sur les comités? Savez-vous combien de téléspectateurs regardent les séances des comités de la Chambre des communes et celles des comités sénatoriaux?
MmeWatson : Le tout est fonction du comité et de l'époque dans l'année parlementaire. Malheureusement, nous étions en campagne électorale lorsque la récession faisait rage et que les Américains débattaient de questions comme la crise dans l'industrie automobile. Après une élection, il faut toujours quelques semaines aux comités pour s'organiser et reprendre leurs travaux. Selon le sujet abordé, les séances de comité peuvent avoir des cotes d'écoute très bonnes ou très faibles. Cela varie énormément d'un extrême à l'autre.
Le sénateur Harb : Un de mes collègues a soulevé la question des webémissions lors d'une séance de comité. Seriez- vous prêts à utiliser, à titre provisoire et expérimental, la technologie de la webdiffusion au Sénat pour que nous puissions en faire l'essai avant de prendre une décision?
MmeWatson : Nous serions ravis de collaborer avec vous. Comme nous l'avons indiqué, nous comptons trois flux simultanés sur le web : anglais, français et parquet. Nous serions très heureux de faire cet essai, mais il faudrait la largeur de bande nécessaire pour avoir six flux audio pour l'anglais, le français, le parquet au Sénat et ce qu'il faut pour la télévision. M.Weisz pourrait apporter des précisions à cet égard.
Eitan Weisz, gestionnaire des opérations techniques, CPAC : Nous pourrions certes participer à cet essai. La salle du Sénat ne nécessiterait pas beaucoup de modifications, une fois l'équipement de télédiffusion installé. Nous disposons des branchements nécessaires dans les salles des comités du Sénat et de la Chambre des communes ainsi que dans l'enceinte de la Chambre des communes. Nous pourrions certes obtenir les branchements permettant la webdiffusion dans la salle du Sénat au besoin. Sur le plan de l'infrastructure technique, il n'y aurait pas beaucoup de modifications nécessaires.
Le sénateur Harb : Quel en serait le coût? Le projet coûterait-il cher ou pourrait-il être facilement réalisable?
M.Weisz : Je pense que le Sénat pourrait éventuellement assumer le coût d'un tel projet, lequel coût serait fonction du type d'équipement nécessaire. Le vice-président a indiqué qu'on se penchait là-dessus. Je dirais que le coût d'acquisition et d'installation de l'équipement s'élèverait à près de 2 millions de dollars.
De plus, il faudrait un investissement inférieur à 50000$ pour assurer la télédiffusion par la CPAC et la webdiffusion. J'ignore quels seraient les coûts de fonctionnement par la suite. Par exemple, nous achetons actuellement une certaine largeur de bande, et s'il fallait une largeur de bande supplémentaire, les coûts de fonctionnement augmenteraient. Il s'agirait d'un montant mensuel qui serait relativement peu élevé.
M.Stein : Si je puis me permettre d'apporter des précisions, ces coûts seraient engagés pour assurer la télédiffusion des délibérations dans la salle du Sénat. Cependant, on pourrait faire un essai de webdiffusion avec les séances de comités, ce qui donnerait aux sénateurs une meilleure idée de la webdiffusion, sans qu'il soit nécessaire de dépenser 2 millions de dollars pour la salle du Sénat.
Le vice-président : Je pourrais peut-être signaler aux membres du comité que notre greffier travaille à un rapport rigoureux sur l'estimation des coûts. J'ai déjà entendu ce chiffre de 2 millions de dollars. Naturellement, nous ne tenons pas compte des coûts de la main-d'œuvre. Lorsque son rapport sera terminé, le greffier comparaîtra devant nous pour nous expliquer les coûts.
Le sénateur Fraser : Dans la foulée de la question du sénateur Harb sur les cotes d'écoute, savez-vous quelle est l'audience des séances de comités sénatoriaux diffusées? Pouvez-vous nous en faire part? Je soupçonne que certaines séances de notre comité sur des sujets très obscurs ont des cotes d'écoute nulles, mais donnez-nous un ordre de grandeur. Si vous n'avez pas en mains ces renseignements, pourriez-vous nous les transmettre ultérieurement?
M.Watson : Avec plaisir.
Si j'ai signalé que la dernière année complète de télédiffusion était 2007-2008, c'est parce que des élections ont eu lieu en 2008-2009 et que les comités ont repris leurs travaux vers le mois de mars uniquement. Je peux vous donner ces cotes d'écoute. Cependant si vous voulez obtenir une moyenne pour une année complète de télédiffusion, nous prendrons les chiffres pour 2007-2008 ainsi que ceux pour l'année en cours.
Le sénateur Fraser : Tout ce que vous pourrez nous donner serait utile, car nous pourrions ainsi avoir une idée de l'intérêt que suscitent les émissions qui sont actuellement diffusées et celles qui pourraient l'être.
MmeWatson : Nous ferons parvenir le tout au greffier demain.
Le sénateur Cools : Pourriez-vous nous donner des chiffres provisoires dès maintenant?
MmeWatson : Comme je l'ai indiqué au sénateur Harb, les cotes d'écoute vont de nulle à un maximum de 2000 à 3000 par tranche de 15 minutes, le tout étant fonction du comité, de l'heure et de l'ordre du jour.
Le vice-président : Nous vous serions reconnaissants de nous donner plusieurs exemples pour que nous ayons un tableau d'ensemble.
MmeWatson : Nous vous ferons parvenir le tout.
Le sénateur Fraser : Si j'ai bien compris, davantage de séances de comité pourraient être télédiffusées. Si c'est bien le cas, qui détermine les séances qui seront diffusées?
MmeWatson : Pour autant que je sache, ce n'est pas le cas. Nous diffusons toutes les séances qui nous sont offertes. L'heure à laquelle nous les passons est fonction de deux facteurs. Il n'y a là rien de machiavélique. Un coordonnateur examine la durée des réunions de comité au pupitre pour déterminer les deux séances qui pourront être intégrées dans un créneau de deux ou trois heures. Si vous consultez l'annexe, vous verrez des parties en rouge. Les jours où les caucus se réunissent, on dispose d'une heure supplémentaire, qui permet peut-être la diffusion d'une séance plus longue. Habituellement, on passe les longues réunions à 19 heures le samedi, parce qu'on dispose d'un créneau plus long, ce dont se sont rendu compte certains présidents de comité. C'est une question de chronométrage et de créneau.
Le sénateur Fraser : Pour terminer, qu'entend-on par «technologie de gestion du contenu»?
MmeWatson : Je vais laisser M.Weisz répondre à cette question, mais c'est ce qui nous permet d'entrer dans l'ordinateur du pupitre la mention «Projet de loiC-6» pour obtenir tous les renseignements concernant cette mesure législative. Cette technologie facilite les recherches aux fins de l'archivage de documents vidéo.
M.Weisz : C'est ce qui permet de saisir tout le contenu et d'effectuer le catalogage, l'indexage et les renvois manuellement ou à l'aide de l'ordinateur. Il faut une importante infrastructure de TI, selon la solution retenue. Généralement, l'objectif consiste à donner à l'utilisateur final l'accès immédiat au contenu pertinent. En fonction de la solution retenue, on peut y avoir accès immédiatement ou le lendemain, le tout est presque analogue à un système d'archivage et de catalogage pour tout le contenu audio et vidéo. Cependant, la gestion du contenu peut, par définition, englober les documents, notamment ceux relatifs aux ressources humaines, à la comptabilité et cetera. Dans le monde de la télédiffusion, nous employons l'expression «technologie de gestion du contenu», ce qui fait partie du système de gestion du contenu numérique.
Le sénateur Fraser : Est-ce très coûteux?
M.Weisz : Cela dépend de la solution adoptée; ce peut certainement l'être.
Le vice-président : En rapport avec la question du sénateur Fraser, en supposant que l'on en vienne à diffuser les délibérations de la Chambre principale, le temps nécessaire pour les diffuser devra être rogné sur d'autres programmes. Est-ce que ce serait principalement des émissions en reprise? Avez-vous des idées là-dessus? Il faudrait prendre ce temps d'ailleurs, donc, réduire les heures de diffusion d'autres émissions.
MmeWatson : Tant que la Chambre siège, il nous faut rester avec la Chambre.
Le vice-président : Nous le comprenons.
MmeWatson : Après cela, c'est une question de voir combien de temps il faut, et ensuite on peut s'arranger avec le greffier, j'en suis sûre. Vous avez raison; il faudrait supprimer quelque chose. Il nous faudrait probablement déplacer des émissions vers le web.
Le vice-président : Si vous êtes obligés de tout montrer, ce pourrait être des émissions en reprise, n'est-ce pas?
MmeWatson : On pourrait le penser.
[Français]
Le sénateur Nolin : Tout d'abord, j'aimerais remercier madame Watson ainsi que ses collègues de s'être déplacés.
Je voudrais revenir sur la troisième question du sénateur Fraser sur la gestion du contenu et des technologies entourant cette idée.
Si vous avez lu les témoignages des témoins qui ont comparu devant nous la dernière fois, vous aurez compris que ce qui emporte mon appui c'est l'idée derrière l'archivage et l'approche didactique de cet archivage pour aider les Canadiens à comprendre comment fonctionne le Parlement et, plus spécifiquement, comment les parlementaires en sont venus à adopter telle ou telle mesure.
C'est donc toute la question de l'archivage qui est au cœur de la question. Et la dernière sous-question de ma collègue concernant le prix me laisse un peu sur mon appétit. De quelles sommes parle-t-on? Est-ce que cette technologie est disponible? Le cas échéant, combien cela coûte-t-il? Est-ce que c'est fait en temps réel? Quel est le laps de temps écoulé entre le temps où l'enregistrement se fait et le moment où les Canadiens peuvent avoir accès à cette banque de données vidéo? Parce qu'il a déjà accès, via Internet, à une banque de données écrite. C'est certain qu'on la voudrait plus performante, mais combien coûterait toute cette technologie de gestion du contenu? Est-ce qu'il pourrait y avoir interaction entre le contenu vidéo et les autres contenus?
MmeWatson : Je vais commencer et ensuite mon collègue va m'aider.
Le sénateur Nolin : Cela lui laissera le temps de faire ses calculs.
MmeWatson : Premièrement, oui, la technologie existe. Cela fait quelques années déjà que M.Weisz essaie de me convaincre de dépenser un peu plus pour installer la même technologie à CPAC.
À CPAC, les prix proposés s'échelonnent entre 1 million et 1,5millionde dollars.
Nous avons déjà l'équipement de télévision. Alors, oui, la technologie existe.
Pour ce qui est du délai d'accès, tout dépend du produit offert aux Canadiens. S'il s'agit d'un archivage historique, il faudra un groupe d'étudiants en sciences politiques qui, pendant six à neuf mois, mettra sur catalogue ou sur fiche tout votre contenu historique.
Si vous désirez commencer dès la prochaine session, il suffira d'installer votre équipement pour désormais rester au courant. Le contenu peut définitivement être relié aux documents écrits.
Le sénateur Nolin : Maintenant, quels seront les coûts?
MmeWatson : Tout dépend du point de départ, à savoir si vous désirez commencer avec le modèle actuel ou plutôt aller vers un archivage historique. Pour ce dernier, il faudra un autre million de dollars pour la recherche et le catalogage. Je ne connais pas votre infrastructure en matière de technologie de l'information, mais les coûts, d'après moi, devraient s'élever à deux millions ou trois millions de dollars.
Le sénateur Nolin : Prenons l'exemple d'un sénateur qui désire s'informer sur un projet de loi. Il a accès à une multitude de fichiers d'information qui le renvoient à des travaux antérieurs. Dans ce cas, l'historique est déjà disponible. En d'autres mots, le lecteur ou le demandeur qui a une certaine connaissance du sujet sait où se diriger chronologiquement pour refaire l'historique de son thème.
Lorsque vous nous parlez de gérer le contenu, tout le processus serait automatisé. Un demandeur tout à fait ignorant pourrait examiner, dans la banque de données du Sénat, tout ce que le Sénat a fait sur, par exemple, la gestion de l'offre. Il effectuerait alors une recherche à partir des mots-clefs «gestion Sénat».
MmeWatson : En effet.
Le sénateur Nolin : Le processus serait un peu comme lorsqu'on se sert de l'outil de recherche Google. Une banque de données permettrait d'identifier une séquence de plages d'information sur le mot-clef. Et en effectuant une recherche plus définie, le résultat devient plus précis et on réduit les possibilités. Est-ce la façon dont cela fonctionne?
MmeWatson : Oui, le principe serait un peu comme une recherche sur Google ou encore YouTube car on ajoute un élément.
Le sénateur Nolin : La vidéo.
MmeWatson : En effet, et peut-être aussi le podcast, si vous avez cette option.
Le sénateur Nolin : Donc, en résumé, pour l'historique on parle d'un million de dollars et l'installation vous coûterait 1,5millionsde dollars. Nous n'avons peut-être pas toute l'infrastructure. Disons que pour environ trois millions de dollars on pourrait avoir un produit acceptable?
MmeWatson : En effet.
Le sénateur Nolin : Il faut, bien sûr, tenir compte du fait que la technologie évolue et qu'une mise à jour serait nécessaire, tous les 18 mois, au coût d'un autre million de dollars?
MmeWatson : Je dirais plutôt aux cinq ans.
Le sénateur Nolin : Aux cinq ans?
MmeWatson : Du moins, c'est le cas chez nous. Pour l'industrie privée, on essaie d'étirer les choses un peu.
Le sénateur Nolin : De façon pragmatique, la règle veut qu'à tous les 18 mois, ou encore aux 24 mois, lorsqu'on étire un peu la durée de vie de cette technologie, les générations suivantes d'équipement poussent les appareils vers la modernité.
MmeWatson : J'aimerais que M.Weisz nous confirme cet intervalle. À mon avis, on parle de cinq ans. Toutefois, il voit peut-être un cycle de 18 mois.
[Traduction]
M.Weisz : Selon le système qui est installé, comme le disait MmeWatson, le coût pourrait être de l'ordre de 1 million à 3 millions de dollars, en comptant tout le matériel et les logiciels nécessaires. Il y aurait aussi des coûts d'exploitation permanents. Il nous faut un personnel technique pour entretenir le système, en plus du personnel opérationnel. Ce dernier serait chargé de cataloguer manuellement une partie du contenu.
Lors de la dernière réunion du comité, un sénateur a dit qu'il lui avait été impossible de trouver un extrait particulier, parce qu'il n'avait pas été indexé. Il y a toujours possibilité d'erreur humaine. Il y a des méthodes automatisées, mais généralement, plus le processus est automatisé, plus il est coûteux.
Pour revenir à une chose que vous avez dite, généralement, quand on achète un système de ce genre, on achète aussi du fournisseur ou du fabricant de l'équipement une espèce de plan d'assurance des logiciels et du matériel. Ce genre d'assurances coûte entre 5 et 20p.100 du coût en capital initial. C'est un frais annuel, qui comprend le soutien, les mises à niveau, et cetera. Selon le calendrier du fabricant des produits, les mises à niveau peuvent être effectuées toutes les semaines, ou cela peut aller jusqu'à tous les six mois. Selon le plan de soutien que vous choisissez, le fabricant peut venir sur place pour installer les mises à niveau. Si vous avez votre propre personnel technique pour entretenir le système, il peut s'en occuper.
Si vous avez un système d'exploitation Windows, vous avez peut-être remarqué que Microsoft effectue des mises à jour presque toutes les semaines. Il en serait de même avec ces systèmes. Cependant, comme ils sont sur une plate- forme de style entreprise, les mises à jour ne sont pas nécessaires aussi souvent et ne sont pas aussi essentielles, parce que ce genre de plate-forme n'est pas aussi vulnérable que les ordinateurs personnels ordinaires aux virus et aux logiciels malveillants.
Le sénateur Nolin : Nous ne travaillons pas en vase clos, pour des raisons évidentes. Nous sommes intégrés à la structure parlementaire complexe, qui englobe la Chambre des communes et la Bibliothèque du Parlement. Connaissez-vous la technologie nécessaire pour cela?
M.Weisz : Je la connais un peu, bien que je n'en connaisse pas tous les détails. Je sais qu'à la Chambre des communes, ils ont déployé un système de gestion des biens au moyen duquel on diffuse à l'interne une partie des délibérations.
Le sénateur Nolin : S'agit-il du système PRISME?
M.Weisz : En partie, c'est PRISME, et pour une autre partie, c'est fait au moyen de ParlVu. Le contenu est diffusé à l'interne par l'intermédiaire de votre réseau. Un système comme celui-là pourrait aussi être rendu accessible au grand public. Une chose qui est indispensable, pour cela, c'est de créer une interface conviviale.
Après avoir dépensé des millions de dollars, vous ne voulez pas faire de petites économies sur les sommes nécessaires à la conception d'une bonne interface des utilisateurs, afin que quelqu'un qui ne connaît pas le fonctionnement du Parlement ou ce qui se passe avec les projets de loi ou ce dont ils traitent, puisse facilement se renseigner sur ce que ses députés font à la Chambre et en comité.
La conception de cette interface se fait sur mesure, et généralement, on recourt à un groupe interne qui peut définir l'allure qu'il veut lui donner et il peut créer la vitrine de cette interface servant à la gestion des biens.
M.Stein : J'aurais une mise en garde à formuler là-dessus. Le problème avec l'archivage, et cetera, c'est qu'on a affaire avec du matériel vidéo, qui est beaucoup plus difficile à cataloguer et à classifier que le texte. Google fonctionne principalement sur une base textuelle. La vidéo est un environnement tout à fait différent.
Le catalogage du matériel dépendra beaucoup de la perspective qu'a la personne qui le regarde du sujet traité. Les systèmes comme YouTube fonctionnent selon un système d'autoclassification. Les gens identifient la vidéo et son contenu, et c'est de là qu'on part. Quand on cherche quelque chose dans YouTube, il est difficile de faire une recherche avancée comme on peut le faire avec Google.
Deuxièmement, c'est une tâche quotidienne. Le système évolue au jour le jour, surtout si on traite avec un environnement externe. Un système pour le Sénat et les sénateurs seulement, c'est une chose; étant les utilisateurs, vous apprenez à l'utiliser, et vous avez un groupe d'informaticiens qui l'adapte à vos besoins. Par contre, si vous cherchez à traiter avec un environnement externe, c'est tout à fait différent. Il faut une interface conviviale, qui peut alors être la proie des pirates, être mal interprétée, mal utilisée, et cetera. C'est une toute autre situation.
Nous sommes des distributeurs. Nous prenons ce que nous donnent les deux Chambres du Parlement, et nous appliquons les meilleures technologies et les plus sophistiquées. N'oublions pas que nous avons été des leaders en matière de diffusion web.
Cependant, au-delà de cela, pour ce qui est de l'archivage, vous devriez en parler à des informaticiens et à vos propres gens, pour savoir comment procéder. Ils connaîtront mieux vos besoins. Ils sauront quels logiciels conviendraient et comment composer avec les gens de l'extérieur qui voudraient prendre part à vos discussions. C'est une démarche fastidieuse, mais il faut y investir les ressources nécessaires pour parvenir à vos fins.
Le vice-président : Je devrais souligner que cela fait partie des tâches de notre greffier, de cerner toutes les possibilités, les coûts et ce genre de choses.
Le sénateur Nolin : Nous avons parlé de la Chambre des communes et du fait que vous offrez un service au public canadien. Est-ce qu'on vous a consultés ou invités à soumissionner quand la Chambre des communes a créé son propre système?
MmeWatson : Non.
Le sénateur Duffy : Je remercie nos témoins experts d'avoir comparu aujourd'hui. Nous vous sommes très reconnaissants du temps que vous nous consacrez.
Nous traitons de trois sujets différents. L'un est celui de l'archivage du texte et des enregistrements vidéo connexes. Monsieur Stein, nous ne pouvons pas oublier le hansard. Nous avons un service de document déjà en œuvre au Parlement. Il serait utile à l'effort de recherche. On tape les mots-clés, et le système nous dit quel jour et à quelle heure sont survenues ces choses. Nous avons déjà fait beaucoup de chemin. Nous avons toute la question des archives, et puis il faut parler de la télédiffusion conventionnelle et la largeur de bande, sur sujet de laquelle j'ai des questions à vous poser, et puis il y a aussi la diffusion web.
Madame Watson, peut-être le sauriez-vous. Je pense avoir entendu des bulletins d'actualité où il était question d'entreprises de télédistribution qui se déclaraient saturées. Elles n'ont plus de place pour les signaux conventionnels de télédiffusion. Cela semble être un élément du débat dans la lutte actuelle entre les câblodistributeurs et les distributeurs conventionnels. Est-ce que la largeur de bande est saturée? Autrement dit, pourrions-nous diffuser les délibérations du Sénat de la même manière qu'on le fait de celles de la Chambre des communes, en parallèle?
MmeWatson : Je vous inviterais à poser cette question aux membres de notre conseil qui sont des télédistributeurs — CPAC est un programmeur, et le câble est un distributeur.
M.Stein : Nous entrons vraiment dans une nouvelle ère, avec le numérique. Au fil des années, le numérique s'est répandu aux États-Unis, et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, et le gouvernement ont dressé un plan pour le Canada, en vue de son adoption en 2011.
Bien des choses entrent en ligne de compte, dont la fermeture des transmetteurs de radiodiffusion pour faire place à la diffusion des signaux strictement par satellite câble, ce qui serait autre chose que ce qui est arrivé aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Il n'y aurait plus que la diffusion par satellite câble.
Le sénateur Duffy : Peut-être, monsieur Stein, pourriez-vous expliquer pour nos téléspectateurs qui sont chez eux que la télévision à haute définition nécessite des types différents d'émetteurs. Je suppose que l'argument posé dans ce pays, c'est que si la réception pour tout le monde, ou presque tout le monde, est par satellite câble, pourquoi dépenser des millions de dollars sur l'émission par ondes radio quand plus personne ne s'y intéresse?
M.Stein : Les points de vue divergent sur la question. Il est vrai que 10p.100 de la population, actuellement, n'a ni câble ni satellite et reçoit les signaux uniquement par les ondes radio. Ce que l'on craint, c'est qu'en abandonnant la radiodiffusion, on risque de pousser la population à se tourner encore vers les ondes américaines parce qu'elles sont reçues à Montréal, dans le sud du Québec, le sud de l'Ontario, Toronto et Vancouver. Les grands marchés du Canada recevraient encore les signaux radio des États-Unis.
L'on craint que, en ce sens, les Canadiens abandonneraient le système canadien et s'estimeraient mieux servis par les distributeurs par satellite ou radio des États-Unis. Nous avons encore quelques réticences à aller dans le sens de cette approche.
L'autre question que vous avez soulevée, qui est tout à fait pertinente, c'est la haute définition. D'un côté, le numérique a été une évolution phénoménale parce qu'il a accru notre capacité à 500 canaux, puis est arrivée la haute définition, et elle a pris toute la place. Ce qu'on pouvait diffuser avec un transpondeur, il nous faut maintenant cinq ou six transpondeurs pour le diffuser en haute définition.
La demande des consommateurs pour la haute définition a explosé. Le magasin de télévisions que je préfère à Toronto ne vend même plus de télévisions ordinaires. Nous nous sommes butés à un mur de questions concernant la consommation. Des consommateurs pensaient avoir la haute définition quand ils ne l'avaient pas. Les télédiffuseurs affirmaient diffuser un signal à haute définition, et on recevait des plaintes de consommateurs disant que c'était faux. Toutes ces préoccupations sont liées aux facteurs de la capacité du spectre. Il y a là un énorme problème.
L'autre chose, c'est l'abandon de l'analogique en faveur du numérique. Actuellement, nous avons un système avec un câble de base, et nous avons tout un ensemble de règles et de règlements qui nous obligent, dans le cadre du service obligatoire, à diffuser des signaux radio. D'autres services, comme CPAC, doivent être diffusés au moyen d'un système analogique. Tout cela changera en 2011; il n'y aura plus de service analogique.
Plus nous allons dans le sens du numérique, plus l'éventail de choix s'élargit pour le consommateur. Cependant, cela fait peser plus de pressions sur les distributeurs relativement à la nature de ce que nous pourrions offrir et de la manière dont cette capacité est exploitée. Ce sera en grande partie une question de gestion des réseaux. La capacité est toujours un problème à cause de la demande insatiable de la population pour le divertissement par les communications.
Le sénateur Duffy : Y aurait-il place pour le Sénat en parallèle, comme c'est fait pour la Chambre des communes actuellement?
M.Stein : Pas de la manière dont le système est structuré maintenant parce que la Chambre des communes diffuse au moyen d'un système analogique, qui disparaîtra en 2011. Nous l'offririons sur réseau numérique aux abonnés de ce réseau. C'est ainsi que nous verrions les choses. Il n'y a plus de place avec l'analogique.
Le sénateur Duffy : Madame Watson, dans votre présentation, vous avez parlé de diffusion web. J'ai remarqué que vous avez fait un sondage web le printemps dernier, et 72p.100 des répondants ont dit qu'ils suivaient les délibérations sur CPAC en ligne, que ce soit en direct, ou avec le service de vidéo sur demande.
D'après vos serveurs, quels sont les chiffres réels de la clientèle? C'est un sondage de personnes qui disent suivre les débats. On pourrait supposer qu'il est possible de le vérifier sur vos propres serveurs.
MmeWatson : Je laisserai M.Weisz vous répondre.
M.Weiz : Je n'ai pas les statistiques sur le nombre exact de téléspectateurs qui syntonisent sur nous à un moment ou un autre. Je sais que c'est généralement selon la situation. Il nous est également possible de diffuser simultanément dans notre site web avec trois différents circuits. Nous avons généralement un poste qui reflète exactement ce que diffusent sur notre chaîne les fournisseurs de service par câble et le service de diffusion directe, ou DTH, mais nous avons aussi deux autres circuits qui sont disponibles.
Des milliers de téléspectateurs sont à l'écoute à tout moment, au point où, depuis environ deux ans, nous avons dû doubler la largeur de bande que nous achetions sur une base annuelle, rien que parce que le nombre de téléspectateurs continue d'augmenter. En même temps, il n'y a pas qu'une exigence : tandis qu'augmente la largeur de bande pour la diffusion domiciliaire, les téléspectateurs veulent une meilleure qualité. Nous avons aussi augmenté la qualité du produit que nous fournissions à nos téléspectateurs.
Il y a une grande partie de téléspectateurs qui sont hors du Canada, aussi. Si, peut-être, des délégués étrangers ou canadiens travaillent à l'extérieur du pays et veulent savoir ce qui se passe sur la scène politique canadienne, ils ne peuvent pas le savoir au moyen du câble, du satellite ou de la diffusion directe. Le meilleur moyen pour eux de s'en informer, par exemple, est par un service gratuit sur le web, et CPAC diffuse gratuitement sur le web, exactement la même chose qui est diffusée sur notre chaîne à tout moment.
Le sénateur Duffy : Finalement, puisque nous allons prendre un grand virage en 2011 avec la haute définition, est-ce que vous conseilleriez au Sénat d'envisager d'avoir son propre système de diffusion et de le mettre à la disposition de ceux qui veulent diffuser ces émissions sur le web? Avons-nous, autrement dit, besoin de CPAC? Nous vous adorons et apprécions tout ce que vous avez fait. Cependant, en sommes-nous maintenant au point où les gros tuyaux et la super haute vitesse que nous aurons bientôt — je vois maintenant qu'on peut aller jusqu'à 15 mégabits à Toronto et dans d'autres villes, et je suis sûr que les compagnies de câblodistribution offriront très bientôt la très haute vitesse si on veut payer pour elle. À votre avis, devrions-nous envisager d'avoir notre propre système? Nous n'aurions plus besoin d'un télédistributeur comme producteur principal de nos programmes; nous pourrions les produire nous-mêmes, et alors les télédistributeurs qui en voudraient pourraient les diffuser aussi?
M.Stein : Tant qu'il n'y a pas de droits à payer pour la transmission, il y aura des télédistributeurs. Leur fonction existera toujours, aussi loin que nous puissions voir. Il y a d'autres possibilités, comme les solutions sans fil.
Cependant, à propos de votre première question sur la diffusion web, nous pensons vraiment qu'avec ce type de service, particulièrement en ce qui concerne la politique publique, vous partiriez vraiment du bas de l'échelle si vous vouliez essayer de créer la capacité de diffusion web.
Nous ne connaissons pas tous les tenants et les aboutissants du recours au web, et nous ne savons pas quel emploi en fera la population. Certainement, le président Obama a exploité le web de façons uniques tout au long de sa campagne, ce qui a été une véritable révélation sur la manière dont la population pouvait être entraînée, particulièrement les jeunes.
À CPAC, nous faisons des expériences avec plusieurs choses vraiment intéressantes dont nous venons d'apprendre l'existence, relativement à la diffusion web. L'une est le nombre de consultations de notre site qui sont faites de l'extérieur du Canada, de gens qui ne regardent pas la chaîne CPAC, mais qui suivent les débats au moyen du web. Une autre, ce sont les jeunes et l'intérêt qu'ils manifestent pour suivre les enjeux politiques et la politique publique sur le web, ou pour un accès au moyen du web plutôt que d'une chaîne statique.
Nous ne voulons pas diminuer la valeur de ce que nous faisons, parce que nous avons aussi cette capacité; nous avons les circuits, alors qu'avant, les gens recouraient à la diffusion web. Quelle que soit la direction que cela prendra, nous en sortirons gagnants. Nous aimons beaucoup le concept de diffusion web pour des applications créneaux particulières, et il faudra encore beaucoup de travail et d'expérimentation pour encore la raffiner. C'est néanmoins certainement très attrayant pour bien des segments de la population.
Le sénateur Duffy : Combien de temps faut-il pour qu'un créneau de l'emploi se généralise?
M.Stein : C'est déjà généralisé.
Le sénateur Duffy : Tout cela arrive à toute vitesse, n'est-ce pas? La course pour la large bande est lancée.
M.Stein : Oui.
Le sénateur Duffy : En vous remerciant, je tiens à dire que nous sommes tous impressionnés par la qualité du travail que vous faites, et nous vous apprécions, pas seulement vous mais tous vos collaborateurs et vos documentaires — «Les chefs provinciaux», qu'a produit Holly Doan, est de première classe. Je m'inquiétais, dimanche, de constater un certain déséquilibre dans cette nouvelle émission de Mark Sutcliffe, avec un invité seulement. Ceux d'entre nous qui ont un passé dans la télédiffusion savent qu'il faut au moins deux invités, sinon trois. Dans l'ensemble, votre équipe fait un travail fantastique. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que nous apprécions tout ce que vous faites pour aider les Canadiens à comprendre le fonctionnement de leur démocratie.
Le vice-président : Merci, Mike Duffy en direct sur CPAC.
Quand vous avez parlé de la demande des consommateurs en matière de divertissement, je n'ai pu m'empêcher de me demander si la couverture médiatique du Sénat s'inscrirait dans la catégorie «plus de divertissement». Je laisserai cela pour plus tard.
Le sénateur Cools : Je veux commencer par vous remercier pour tout le travail que vous avez fait depuis quelques décennies. Je pense que CPAC a eu un succès retentissant. Je reçois constamment des commentaires de Canadiens qui me disent qu'ils m'ont vu à des réunions de comité ou à des emissions depuis que CPAC est sur les ondes. C'est un assez bon indicateur.
Par exemple, j'étais à une production de CPAC dimanche soir où on célébrait l'anniversaire de l'affaire «Personne», et j'ai reçu plusieurs appels téléphoniques de gens qui m'ont dit qu'ils m'avaient vu. CPAC est donc efficace. Ici, nous sommes sur le seuil du futur, pour ainsi dire, mais sachez que bon nombre d'entre nous apprécions CPAC.
Pourriez-vous nous expliquer un peu votre structure d'entreprise ou vos structures de gestion? Pourriez-vous nous parler un peu de la taille de votre organisation, du nombre d'employés que vous avez, du nombre de bureaux au pays, dire quelque chose au sujet du budget annuel, si vous le pouvez, et au sujet de la proportion de gestionnaires et d'employés ou de gestionnaires et de personnel artistique? Aussi, pouvez-vous nous dire si vos employés sont syndiqués ou non et nous expliquer un peu les problèmes de gestion que pose la transmission de l'information au public?
M.Stein : Je peux vous parler du conseil d'administration, puis je laisserai la parole à MmeWatson, qui j'en suis sûr apprécie vos aimables paroles à son propos. Le conseil d'administration est satisfait, depuis plusieurs années, du travail qu'a fait MmeWatson pour le rendre pertinent, sensibiliser le public à ce que nous faisons et créer le type de tribune que nous avons. Nous l'apprécions beaucoup.
Le conseil est composé des principaux télédiffuseurs qui ont fondé la chaîne à l'origine. De fait, c'est Phil Lind qui, quand CBC a dit «nous retirons nos pions; nous ne pouvons plus nous permettre de faire ceci», a convaincu des gens comme Ted Rogers, Jim Shaw, André Chagnon et tous les autres que c'était la chose à faire. C'était une obligation publique du secteur de la câblodistribution de prendre la relève. Nous en avons été fiers, de l'initiative de M.Lind et de pouvoir continuer.
Pour ce qui est de la structure du conseil, nous avons les opérateurs en mode multitraitement — ou les télédistributeurs, comme Rogers Communications Inc., Shaw Communications Inc. et Quebecor Média Inc. Bell Canada et Star Choice — ou Shaw Direct — ne sont pas membres du conseil. Ils n'ont pas été du nombre des fondateurs, mais ce sont des contributeurs. Ils paient un droit mensuel pour soutenir le service.
Nous avons aussi au conseil un petit réseau de représentants de l'Ouest et de l'Est du Canada. Nous nous réunissons trois ou quatre fois par année pour examiner le budget. Nous entendons bien des commentaires de députés et de sénateurs sur ce que nous faisons, et nous les transmettons à MmeWatson. Nous nous efforçons d'avoir une démarche aussi informelle et consultative que c'est possible, en ce qui concerne le service.
Pour les décisions en matière de programmation, nous nous en remettons à MmeWatson. Le conseil ne se mêle pas de ces décisions. Nous n'avons aucun contrôle sur elles. Je ne pense pas que nous n'ayons jamais reçu de plainte. Du moins, depuis plusieurs années que je suis président, je n'ai jamais reçu aucune plainte sur la diffusion — ce serait plutôt tout le contraire. Nous ne nous en mêlons pas. Si des gens nous disent vous devriez faire ceci ou cela, nous en parlons à MmeWatson. C'est à elle et à son personnel de décider de ce qui est diffusé.
Pour ce qui est du contenu, c'est surtout vous qui en décidez; ce sont les deux Chambres du Parlement qui décident du contenu. Nous n'apportons aucun changement.
Pour ce qui est de la programmation dans son ensemble, la programmation politique, nous essayons de nous assurer que tout le monde, quelle que soit leur allégeance politique, ait la possibilité de faire entendre son point de vue. Nous voyons là la différence distinctive entre ce que fait CPAC et ce que font d'autres télédiffuseurs. Nous n'avons pas d'opinion. En gros, nous voulons créer une tribune de discussion libre. C'est l'une des réalisations dont le conseil tire grand orgueil.
Le sénateur Cools : Est-ce que vous êtes syndiqués? Nous savons tous que vous êtes une organisation sans but lucratif. Pourriez-vous nous dire si vous pensez ou non que vous auriez pu avoir le même succès si vous aviez été une organisation à but lucratif? Je suis curieuse de savoir s'il y a un lien.
M.Stein : Je ne pense pas que cela aurait fait la moindre différence à l'époque. Personnellement, en tant que président du conseil, j'aurais préféré avoir une société à but lucratif, mais c'est ainsi qu'elle a été structurée. Quand le projet a été lancé pour faire affaire avec la Chambre des communes, il fallait une société sans but lucratif.
MmeWatson : Le budget total de CPAC est d'environ 14 millions de dollars par année. Nous avons un taux réglementé que le CRTC nous permet de facturer pour la distribution. Nous avons environ 53 employés à temps plein et une cinquantaine d'autres équivalents temps plein. Nous sommes environ 80 employés, mais cela revient à environ 50 emplois à temps plein quand on compte les travailleurs à temps partiel, occasionnels et pigistes. Nous avons un bureau ici, à Ottawa, qui comporte un studio. Nous sommes le programmeur le plus léger du Canada. Par cela, j'entends que nous percevons le droit le plus léger, et nous avons une seule source de revenus. Nous ne pouvons pas vendre de publicité. La seule source de recettes, c'est le taux réglementé.
Nous fonctionnons en anglais, en français et en mode de parquet. Nous ne sommes pas syndiqués. Nous préférons qu'il en soit ainsi. Nous avons une structure de gestion légère. Nous sommes cinq cadres; deux gestionnaires relèvent d'eux, puis il y a les autres. Donc 53 moins 7, cela fait 46, et il y a les autres travailleurs à temps partiel.
Nous avons des «reporters locaux», un terme de l'industrie, dans toutes les régions du pays. Il y en a un en Colombie-Britannique; un qui couvre l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. Deux sont à Toronto; il y en a trois par alternance dans la région de l'Atlantique; et nous avons notre équipe francophone ici, qui couvre le Québec.
Le sénateur Keon : Nous remercions les témoins pour leur témoignage de grande qualité devant le comité.
Madame Watson, j'aimerais revenir au contenu en ce qui concerne le Sénat, si nous devions élargir nos horizons, et ce que nous pourrions apprendre de la Chambre des communes.
Comme vous l'avez dit ce matin, la population ne semble plus tellement s'intéresser à la période de questions, alors peut-être vaudrait-il mieux l'éviter. Nous pensons que la couverture de nos comités a été excellente, très bien accueillie, et j'espère que vous pouvez le confirmer.
Qu'est-ce qui se passe d'autre, à la Chambre des communes, que la population voudrait voir? Quelles sont, selon vous, les priorités du public?
MmeWatson : Je répondrai à votre question en ma qualité de programmeur. Si on m'offrait la possibilité que vous avez de la manière dont le sénateur Duffy l'a présentée, si je devais partir de rien, avec quoi est-ce que je commencerais, et quelle technologie est-ce que je peux employer pour diffuser? Je dirais que le champ d'attention de la population est plus court, alors vous pourriez perdre des téléspectateurs avec des délibérations qui s'éternisent. La pertinence est un facteur fondamental, alors quand une Chambre prend trop de temps à arriver au vif du sujet, elle ne suscite pas autant l'intérêt des téléspectateurs que le ferait une audience de comité.
À votre place, j'opterais sans contredit pour une plate-forme multimédias. Quel objectif poursuivez-vous? Voulez- vous faire connaître la procédure parlementaire ou le projet de loi que vous étudiez? Chaque fois, il faut se poser ces questions pour déterminer le bon support de distribution, que ce soit le balado, du temps d'antenne dans un poste de télévision ou la webdiffusion. Vous pouvez aussi créer un canal YouTube, où vous ferez passer de plus petits blocs.
J'observe la consommation de médias de mes ados. Ma fille ne regarde pas la télévision; elle est exclusivement branchée sur son ordinateur portable. Mon fils, qui est fana de sports, adore le hockey et n'écoute les parties que sur grand écran, le meilleur moyen de suivre une partie.
Vous devez savoir que votre auditoire est fragmenté. Le professeur d'université se comporte différemment de ma mère. Vous devez offrir quelque chose à tous ces auditoires. Vous devez constamment penser en fonction de fragments de savoir multiplateforme.
Je ne crois pas que j'ai très bien répondu à votre question.
Le sénateur Keon : Vous avez très bien répondu à la première moitié de la question. En ce qui concerne la deuxième, avez-vous une idée de ce qui intéresserait le public dans les séances du Sénat en général? Peut-on extrapoler à partir de la situation de la Chambre des communes?
MmeWatson : Je pense que l'on devrait commencer par les comités. C'est là que se fait le bon travail.
M.Stein : Nous avons appris quelque chose d'étonnant sur, premièrement, les commissions d'enquête. Quelque chose qui dément la nécessité de tout comprimer en segments de trois à cinq minutes comme sur YouTube Bites, de 30 secondes comme dans le bulletin de nouvelles. Les enquêtes sont écoutées du début à la fin. Quand il nous a fallu revenir aux travaux de la Chambre des communes, les téléphones n'ont pas dérougi.
Nous avons été surpris de l'intérêt suscité par les enquêtes. C'est conforme à la remarque que MmeWatson a faite sur les comités. Les comités intéressants, pertinents, dont les travaux ne s'étirent pas trop longtemps, pendant lesquels les discours sont peu nombreux, tendent à vraiment intéresser les gens.
La deuxième chose que nous avons apprise concernait la couverture régionale des élections. Les gens sont fascinés par la possibilité de suivre les déplacements de leur député dans leur circonscription, parce que leur député devient alors comme une personne ordinaire. C'est cette perception que nous essayons de conserver dans les reportages de Holly Doan, pour permettre aux Canadiens de mieux connaître leurs personnalités politiques.
Nous avons lancé un autre projet avec le périodique Maclean's. Dans le conseil de CPAC, nous sommes une bande de conseillers politiques. Nous avons fait ça toute notre vie. C'est donc quelque chose que nous aimons. Nous nous sommes demandé pourquoi nous ne pouvions pas stimuler davantage une discussion apolitique. Nous avons tenu notre première séance à Toronto — de fait, nous avons vendu 250 billets — sur l'état de la démocratie au Canada.
Ce genre de sujet intéresse les gens. À la lecture de la transcription de votre dernière audience, on reconnaît l'intérêt des gens pour ces sujets, mais la question est de savoir comment leur faire comprendre ce qu'on fait. Nous estimons qu'en expérimentant avec le contenu qui est le vôtre et en utilisant des techniques de webémission et d'Internet, on réussit à amener les gens à utiliser les médias.
Il est agréable d'essayer de mettre au point et de langer de tels projets et d'intéresser les gens à des sujets qui sont d'une importance capitale pour leur bien-être et leur avenir.
MmeWatson : Cette année, le défi que j'ai lancé à notre équipe de programmation était d'essayer de miser sur le phénomène Obama aux États-Unis. Partant du fait que les gens délaissaient la période des questions parce qu'ils sont fatigués des disputes, nous avons pensé leur donner de l'espoir, du positif, leur montrer le beau travail qui se fait sur la Colline du Parlement.
Nous avons lancé une émission intitulée «On the Bright Side», à laquelle le sénateur Cools a fait allusion et à laquelle elle a participé, dimanche. L'émission vise à faire de notre pays un coin du monde plus agréable, grâce à l'espoir et à la démonstration des bonnes actions auxquelles vous participez tous. Au lieu d'insister sur les antagonismes, nous consacrons quelques heures, le dimanche, à la démonstration du bon travail qui s'accomplit. Trop souvent, il ne fait pas la manchette des nouvelles de 22 heures. Il fait la une du Hill Times, mais pas celle du Globe and Mail.
C'est ce que nous essayons d'offrir. Nous travaillons à l'établissement du profil de tous les députés et sénateurs, ainsi que des groupes apolitiques, pluri-partisans, multipartites, nous le disons quand vous œuvrez pour une organisation caritative, étudiez un projet de loi, allez en Afrique ou lancez des projets. C'est le type de point de vue que nous adoptons. Ces activités se prêtent elles-mêmes à diverses plateformes.
Le sénateur Wallace : Vous avez probablement répondu à une question similaire, mais je veux m'assurer que j'ai bien compris. Compte tenu des contraintes qui s'opposent à l'augmentation du temps disponible pour vos télédiffusions, si nous estimions utile d'augmenter la télédiffusion des travaux de nos comités sénatoriaux et peut-être de notre Chambre, vos disponibilités actuelles vous permettraient-elles de répondre à ce désir?
MmeWatson : Aujourd'hui, ce serait impossible. Nous serions obligés d'annuler quelque chose.
M.Stein : Nous pourrions aussi le déplacer sur le web.
Le sénateur Wallace : Si vous étiez capable d'augmenter la télédiffusion des travaux de nos comités et, peut-être, de la Chambre — et, bien sûr, si nous en faisions la promotion, c'est que nous penserions que le Sénat gagnerait à mieux se faire connaître du public — nous serions en mesure d'en voir l'utilité pour les objectifs que nous poursuivons, mais vous, comment verriez-vous que vous y avez gagné quelque chose? Manifestement, vous voudriez maximiser l'audience. Considérerez-vous que vous y gagneriez aussi?
MmeWatson : Ne connaissant pas la programmation, il m'est difficile de dire si ça fonctionnerait ou non. L'analyse des cotes d'écoute permet de se faire une meilleure idée de ce qu'aiment ou n'aiment pas les auditeurs.
Je pense que le web offre un meilleur contrôle. Ce médium existe déjà, il n'est pas réglementé et il est d'utilisation plus facile. Pour quelqu'un qui veut lancer son propre poste de télévision, comme l'a raconté le sénateur Duffy, il faut obtenir une licence, il faut émettre en direction d'un satellite pour ensuite être diffusé au sol. Il faut s'assurer le concours de distributeurs, alors qu'en six mois à peine, on pourrait disposer de tout sur le web. Tout le monde se retrouve sur le web.
Le sénateur Wallace : Si on fait exception des sondages que vous faites auprès des auditeurs pour connaître leurs préférences, encouragez-vous les auditeurs à vous contacter directement, maintenant, pour vous faire part de toutes les observations, questions ou réactions qu'ils peuvent avoir sur le sujet d'étude d'un comité sénatorial? Si vos auditeurs ont quelque chose à exprimer — louanges, blâmes, demandes d'éclaircissements — les y encouragez-vous? Est-ce possible?
MmeWatson : Oui, et ils réagissent effectivement. J'aimerais, entre autres choses, apprendre aux Canadiens que CPAC n'est pas un canal qui appartient à l'État. CPAC est une entreprise privée. Ce n'est pas une entreprise à but lucratif, il n'y a pas de publicité, mais c'est privé. Quarante pour cent des Canadiens pensent que c'est un canal du gouvernement. S'ils n'aiment pas ce qu'ils voient, ils nous appellent pour le dire : tel projet de loi, tel comportement de M.Gomery, telles affirmations de tels sénateurs qui auraient dû dire autre chose. Ils expriment leurs louanges, mais le plus souvent, leur déception, parce qu'on appelle davantage pour se plaindre que pour complimenter. Mais nous recevons de nombreux compliments.
Lorsque la réaction est très forte, nous la faisons connaître au greffier du comité. Nous avons un employé à temps plein dont la tâche est de rappeler les personnes qui ont laissé leur no et de les aiguiller vers une meilleure source de renseignements (greffier ou services d'information). Nous avons indéniablement des interactions : sur le web et au téléphone.
Le sénateur Wallace : En même temps que vos télédiffusions, demanderiez-vous aux auditeurs d'exprimer leur approbation ou leur désaccord à l'endroit d'un projet de loi particulier que, par exemple, le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles étudie?
MmeWatson : Non; nous nous enorgueillissons d'être neutres. Nous aimons cette neutralité éditoriale.
Cela dit, je suppose que demander un genre de vote par pouce levé et pouce abaissé, ce n'est pas prendre position; c'est uniquement calculer.
Le sénateur Wallace : Vous donnez l'occasion au public de faire connaître une opinion, mais jusqu'où allez-vous pour le lui permettre, sans tenter d'arriver à une conclusion quelconque, tout en lui donnant simplement un exutoire?
MmeWatson : C'est une bonne idée. Nous avions l'habitude d'organiser des sondages en ligne. Ce sont des activités interactives et plaisantes que nous pouvons faire.
Le sénateur Furey : Je veux m'arrêter une seconde sur la radiodiffusion à partir de la Chambre. J'ai une question technique. Si nous décidons d'aller de l'avant, beaucoup de personnes m'ont dit que le coût était un facteur important, dont nous devions tenir compte. Cependant, il se peut également que d'ici les cinq à 10 prochaines années, le Sénat doive temporairement se réunir ailleurs que dans la salle du Sénat pour permettre des travaux de rénovation sur la Colline. Ce déménagement temporaire durerait de 10 à 20 ans. Si nous devons parler du coût d'une installation complète, que pouvons-nous transporter ou déplacer? Le coût de ce déménagement serait-il actuellement prohibitif?
M.Stein : Il n'y a rien de portable.
M.Weisz : J'y penserais assurément au moment de la construction. Par exemple, en fonction de cette configuration, il y a ordinairement une régie d'où quelqu'un, à distance, contrôle les caméras, le microphone, les niveaux du son, et cetera. J'aurais certainement à l'esprit l'endroit où l'on installerait cette salle. On pourrait certainement la situer dans un lieu neutre, qui ne serait pas touché par le changement de salle du Sénat.
Il est relativement facile de déplacer les caméras et le câblage nécessaire au contrôle et à la réception des signaux vidéo et audio des microphones, moyennant un certain coût. D'après les renseignements qu'on m'a communiqués, le déménagement aura lieu dans un certain nombre d'années. Si, comme vous l'avez mentionné, le déménagement temporaire dure 5, 10 ou 15 ans, l'équipement possède ordinairement une certaine durée de vie, et, à l'intérieur de cette durée de vie — 10 ans pour la plupart des pièces d'équipement avant d'en envisager le remplacement — le déménagement pourrait coïncider avec la mise à niveau de l'équipement. Les mois d'été, pendant que le Sénat n'occupe pas la salle, pourraient convenir au déménagement de l'équipement, qu'on aurait amplement le temps d'effectuer.
MmeWatson : Si je peux ajouter cette précision : nous parlons d'une pièce à l'intérieur d'un immeuble à bureaux. Nous ne tenons pas compte ici de tout travail de préservation du patrimoine ou de l'architecture qui serait, pourrait être ou devrait être pertinent pour la salle du Sénat.
M.Stein : Un déménagement est la pire chose dans le domaine de la technologie. Il y a toujours des dépassements de coûts. Comme en rénovation domiciliaire.
Le sénateur Furey : Pour faire suite à la question du sénateur Wallace, comme vous pouvez vous l'imaginer, nous avons entendu beaucoup d'opinions pour et contre la télédiffusion à partir de la salle du Sénat. D'après votre opinion professionnelle, est-ce que cela vous ennuierait de nous divulguer les principaux arguments pour et contre cette décision, d'après vous?
MmeWatson : J'hésite à répondre, de crainte d'offenser quelqu'un.
M.Stein : Le conseil ne s'occupe pas de programmation.
Le vice-président : Nous avons besoin de connaître la vérité.
MmeWatson : Certaines séances sont moins pertinentes que d'autres pour les Canadiens. Pendant que quelqu'un parle devant une salle vide, alors qu'un comité très intéressant siège un peu plus loin, un comité que je sais être le centre d'attraction, c'est à cet endroit que je préférerais être, en ma qualité de programmatrice.
Les séances sont moins pertinentes que les débats. Je favoriserais davantage les débats que les séances. Je ne pense pas que les Canadiens comprennent nos séances et nos traditions parlementaires si bien que cela. Leur durée d'attention est courte, c'est pourquoi on veut retenir leur attention avec un débat davantage qu'avec une séance, si je peux me permettre cette franchise.
Le sénateur Furey : Merci beaucoup. Je vous remercie de votre honnêteté.
Le vice-président : Consulter l'ordre du jour est parfois une cure contre l'insomnie.
Le sénateur Cordy : Je profite de l'occasion pour vous remercier ainsi que les compagnies de câble pour le service que vous rendez. Le nombre de personnes qui me disent m'avoir vue à la télévision la veille ou à n'importe quel autre moment m'étonne toujours; il y a donc des auditeurs.
La motion proposée par le sénateur Segal nous donne une occasion en or de discuter des communications du Sénat et de la façon de faire connaître aux Canadiens le beau travail que nous effectuons.
Un comité dont je faisais partie, il y a quelques années, faisait passer, pendant la télédiffusion de ses travaux une bande au bas de l'écran de télévision qui portait l'adresse web du comité ainsi que le no 1-800 du Sénat. Les auditeurs pouvaient donc communiquer pendant la diffusion de l'émission ou plus tard.
Auriez-vous la possibilité d'utiliser cette option ou serait-ce le greffier du comité qui posséderait cette information? Est-ce que cela fait une différence pour accrocher l'auditoire? Beaucoup de gens zappent. Si, en arrivant sur le canal de CPAC ils y voient un débat intéressant, ils pourraient s'y arrêter.
Savez-vous si ce type de bande a un effet plus accrocheur?
MmeWatson : Oui, il en a un. Ça s'appelle un défilement horizontal et c'est commandé par le greffier de chaque comité. Nous ne pouvons pas légalement agir sur le signal qui nous est envoyé. Ni ajouter de défilements horizontaux. Ni comprimer le rectangle ni ajouter de lettrage. Nous diffusons intégralement ce qui nous est envoyé.
J'enjoins sans cesse à mes programmateurs de s'imaginer qu'ils travaillent pour leur propre mère, pour qu'elle comprenne ce qu'elle verra. Ce n'est pas tout le monde qui commence à l'heure juste ou qui capte l'émission à la demie. Si on capte l'émission à la dixième minute de l'heure, au milieu d'un échange intéressant, on n'a aucune idée de l'identité des protagonistes, de l'entreprise qu'ils représentent ni de la raison pour laquelle ce débat a lieu. Il est indispensable de disposer de clés contextuelles.
Par exemple, un débat avait lieu à la Chambre des communes sur un projet de loi concernant le statut de la femme et, je crois, c'était relativement à une motion budgétaire. La clé donnée par la Chambre des communes était «Canadiennes». J'ai appelé le greffier de la Chambre des communes pour lui demander : «sommes-nous pour elles ou contre elles? Qu'est-ce que ça veut dire?» Il faut informer davantage les Canadiens sur les raisons pour lesquelles on tient un important débat qui est simplement intitulé «Canadiennes». Il faut que les auditeurs aient un contexte pour les accrocher pendant qu'ils zappent.
Le sénateur Cordy : L'initiative devrait venir du comité lui-même?
MmeWatson : Telles sont les modalités actuelles de notre licence. Nous avons collaboré avec la Chambre pour l'amener à collaborer avec nous à l'amélioration des clés contextuelles. Je prendrai un risque et je dirai que le personnel du Sénat est beaucoup plus ouvert à nos propositions que celui de l'autre Chambre. Je crois que, en collaborant avec votre greffier, nous pourrions améliorer cet aspect très facilement.
Beaucoup de greffiers de comité s'en font au sujet de tous les mots. C'est pourquoi nous laissons vos commis nous fournir les clés contextuelles.
Le sénateur Cordy : J'admets que les gens se joignent au poste au milieu d'une audience d'un comité. S'ils reconnaissent quelqu'un, ils s'arrêtent là. S'ils voient le défilement horizontal, ils sont plus enclins à observer le débat.
J'ai trouvé fascinante votre discussion avec le sénateur Keon au sujet d'une approche multimédia et de votre souci de maintenir l'attention grâce à un changement de scènes toutes les 30secondes, comme on fait pour les émissions pour enfants. Par où commencerions-nous dans l'élaboration d'un plan de communication qui peut ou peut ne pas entraîner la télédiffusion des travaux de la Chambre? Vous avez parlé de diffusion sur le web. Quelles seraient les premières étapes que nous pourrions franchir dans un proche avenir?
MmeWatson : Je commencerais par fixer mes objectifs. Quand c'est fait, toutes les autres pièces tombent en place. Vous pouvez commencer demain. La Cité parlementaire est équipée pour la diffusion sur le web. Pour couronner le tout, vous pourrez avoir besoin d'un élément pour la distribution, mais vous toucherez presque au but. Je vous encouragerais à visiter l'unité de commande principale, sur la Colline du Parlement. Elle est magnifique et des plus modernes.
Le sénateur Duffy : Pouvez-vous nous dire quel est le tarif mensuel d'abandonnement par rapport à CBC Newsworld et au canal de nouvelles de CTV?
MmeWatson : Notre tarif est de 11 cents, il est de 18 cents pour le canal de nouvelles et de 75 cents, je pense, pour CBC Newsworld.
Le sénateur Duffy : Qui fixe le tarif?
MmeWatson : C'est le CRTC.
Le sénateur Duffy : Si je me souviens bien, le CRTC a refusé une proposition concernant CPAC 2, il y a quelque temps. Espérez-vous toujours que CPAC 2 ou un deuxième canal et une expansion de votre service seront autorisés par la commission, ou bien est-ce que c'est ma mémoire qui flanche sur ce point?
M.Stein : Il y a eu une demande pour produire quelque chose de différent. Certains peuvent l'avoir intitulé CPAC 2, mais ce n'était pas notre demande; c'était la demande d'un concurrent.
Le sénateur Duffy : Compte tenu de vos nombreuses productions, quand avez-vous l'occasion de faire réviser les tarifs? Onze cents me semblent un montant très modeste pour le beau travail que vous faites.
MmeWatson : Comme je vous l'ai dit, nous exploitons une machine légère et efficace. Notre licence doit être renouvelée l'année prochaine. Le CRTC est occupé. Nous devrions déjà être dans la période de renouvellement, mais celle-ci a été différée d'une année. Nous avons entendu dire que nous risquons d'être repoussés d'une autre année, d'après le programme du CRTC.
M.Stein : Madame Watson fait des miracles à 11 cents.
Le sénateur Duffy : Pensez-vous que la commission pourrait au moins trouver le temps de vous accorder une augmentation qui tiendrait compte de l'inflation. Depuis combien de temps êtes-vous à ce tarif?
MmeWatson : Nous avons commencé à 6 cents, puis nous sommes montés à 11 cents. Je crois que nous passerons à 12 cents cette année.
Le vice-président : Au nom du comité, j'aimerais remercier nos témoins. La séance a été très instructive, utile et approfondie. Elle nous a donné un aperçu de la situation d'ensemble qui nous aidera à prendre les décisions nécessaires.
(La séance est levée.)