Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Transports et des communications
Fascicule 7 - Témoignages du 27 octobre 2009
OTTAWA, le mardi 27 octobre 2009
Le Comité sénatorial permanent des transports et des communications se réunit aujourd'hui, à 9 h 30, pour étudier les enjeux émergents liés à son mandat dans le domaine des communications et faire rapport sur le secteur du sans-fil, notamment sur l'accès à Internet haute vitesse, la fourniture de largeur de bande, le rôle d'édification de la nation du sans-fil, le rythme d'adoption des innovations, les aspects financiers liés aux changements possibles du secteur ainsi que le développement du secteur au Canada comparativement à ce qui se fait ailleurs dans le monde.
Le sénateur Dennis Dawson (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bonjour. Nous entamons la 10e séance du Comité sénatorial permanent des transports et des communications. Nous poursuivons notre étude sur le secteur du sans-fil. Aujourd'hui, nous accueillons Jane Tallim et Cathy Wing, codirectrices exécutives du Réseau Éducation-Médias.
[Français]
Le Réseau Éducation-Médias est un organisme canadien à but non lucratif, pionnier de l'éducation aux médias depuis sa constitution en 1996. Les membres de l'équipe sont spécialisés en éducation, journalisme, communication, production médiatique et politique culturelle.
[Traduction]
Vous êtes les bienvenues au comité. Je vous en prie.
Cathy Wing, codirectrice exécutive, Réseau Éducation-Médias : Merci de nous accueillir, honorables sénateurs. Nous sommes heureuses que vous nous donniez cette occasion de vous parler de culture numérique. Nous croyons savoir que notre organisation est la première à aborder avec la population cette question qui est au cœur du mandat de notre organisation et du nôtre, à titre personnel.
Je me présente : Cathy Wing, codirectrice exécutive. Je suis accompagné par Jane Tallim, également codirectrice exécutive, et Jay Thompson, président de notre conseil d'administration. Il s'est joint à nous aujourd'hui à titre d'observateur.
Nous ne voulons pas vous empoisonner la vie avec des diapositives PowerPoint, mais nous avons beaucoup d'information à présenter, dont une bonne partie sera sur les diapositives. Vous avez le dossier de présentation sous les yeux. Nous souhaitons présenter notre organisation, expliquer notre rôle dans le paysage du numérique au Canada ainsi que dans les grandes politiques et stratégies que le gouvernement fédéral a appliquées dans ce paysage au cours des 15 dernières années et parler de l'importance capitale de la culture numérique si nous voulons avoir au Canada des citoyens engagés qui sont en mesure de tirer pleinement parti des possibilités offertes par les médias numériques.
Le Réseau Éducation-Médias est le centre sans but lucratif d'éducation aux médias et à la culture numérique le plus important au Canada. Il existe depuis le milieu des années 1990, issu d'une initiative du CRTC portant sur la violence à la télévision. Notre vision est la suivante : « s'assurer que les jeunes possèdent les outils et la pensée critique nécessaires pour comprendre les médias et y jouer un rôle constructif. » L'élément « jouer un rôle constructif » est fort important, car la compétence médiatique comprend aussi bien la création dans le domaine des médias que la compréhension du contenu des médias. À l'ère des médias numériques, c'est exactement ce que font les jeunes : créer du contenu médiatique.
Au milieu des années 1990, lorsque le gouvernement fédéral s'est saisi de la question, le CRTC a lancé une initiative contre la violence à la télévision. Quelques initiatives ont alors vu le jour. La solution du CRTC au problème de la violence à la télévision a été appelée la solution 10-10-80 p. 100. J'ignore si quelqu'un en a déjà entendu parler. L'autoréglementation du secteur comptait pour 10 p. 100. Il s'agissait de codes et de lignes directrices portant sur la violence. Les solutions techniques comptaient pour 10 p. 100. C'est alors que la puce antiviolence est apparue sur les téléviseurs ou dans le système de classification de la télévision. Selon Keith Spicer, alors président du CRTC, la sensibilisation et la prise de conscience représentaient 80 p. 100.
Le CRTC a alors compris que l'outil le plus important à donner aux enfants et aux jeunes était la pensée critique à l'égard de tous les types de contenu dans les médias. Il a ordonné à l'Office national du film d'établir un centre d'échange pour les questions qui se rapportaient à la violence dans les médias. Ce centre, ce fut le Réseau Éducation- Médias. En 1996, l'Office national du film a dû réduire ses activités, et c'est ainsi que le réseau est devenu une ONG distincte.
À l'époque, le conseil d'administration comptait des membres des grandes entreprises du secteur des médias au Canada, des représentants des ministères qui finançaient le réseau et des principaux groupes concernés — secteur de l'éducation, bibliothèques, secteur de la santé et familles. Telle est la composition du conseil à l'heure actuelle, et elle est fidèle à celle du conseil initial, mis sur pied en 1996.
Par le passé, la moitié de nos revenus provenaient du gouvernement fédéral, et l'autre moitié de l'industrie. C'est ainsi que le réseau a été créé. Les ministères fédéraux en cause étaient Patrimoine canadien, Santé Canada, Ressources humaines et Développement social Canada, Industrie Canada et Justice Canada. Parmi nos principaux appuis dans l'industrie, au fil des ans, notons des fournisseurs de services Internet, des sociétés de télécommunication et des radiodiffuseurs de premier plan. En ce moment, nous ne recevons aucune aide financière du gouvernement fédéral, absolument aucune. De plus, en cette période difficile pour l'économie, nos fonds qui viennent de l'industrie ont diminué. Je vais vous expliquer tout à l'heure comment nous avons comblé le manque à gagner.
Nous recevons de l'argent de bienfaiteurs sous forme d'avantages concrets, et il s'agit essentiellement d'un financement de base pour nous. Ce n'est pas durable. Nous recevons également des fonds des sociétés. Il s'agit en ce moment de CTVglobemedia, de Canwest, de Telus, de CTV, de l'Office national du film et de Bell Canada. En outre, cette année l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, l'ACEI, est devenue l'une de nos sources de fonds. C'est passionnant. C'est la première fois qu'une organisation sans but lucratif nous appuie, nous qui sommes également une organisation sans but lucratif.
Notre rôle consiste en somme à créer des programmes et des ressources pour promouvoir la culture numérique. Nous avons été constitués comme entité d'intérêt public. Nous voudrions donc que les ressources que nous offrons restent gratuites. Actuellement, 80 p. 100 des ressources sont un bien public offert sur notre site Web dans les deux langues officielles et mis à la disposition des collectivités urbaines et rurales, de celles qui sont éloignées ou situées dans le Nord, et des collectivités autochtones au Canada. Elles sont enracinées dans les valeurs et la culture canadiennes, ce qui est extrêmement important pour nos groupes d'utilisateurs dans le secteur de l'éducation et les bibliothèques. Elles sont liées à la politique d'intérêt public, élaborées dans un contexte pédagogique, si bien qu'elles respectent les programmes d'études de toutes les provinces et de tous les territoires, et elles s'appuient sur une recherche originale. Auparavant, il s'agissait de nos propres recherches originales et de recherches canadiennes autant que possible. Il est essentiel pour les utilisateurs de notre documentation que nous nous servions des résultats de recherches faites au Canada.
Lorsque le CRTC est devenu l'un des premiers organismes de réglementation de la radiodiffusion au monde à annoncer qu'il ne réglementerait pas les fournisseurs de services Internet, il a souligné l'importance de l'éducation et de la sensibilisation, tout comme il l'avait fait plus tôt dans sa politique sur la violence à la télévision. Nous avons alors été reconnus comme l'organisation principale dans ce domaine.
Au fil des ans, nous avons participé à des groupes de travail du gouvernement. En 2001, par exemple, nous avons fait partie du groupe de travail d'Industrie Canada sur les services de téléassistance sur Internet qui a établi la cyberpuce. Nous avons siégé au comité de l'éducation et de la sensibilisation du Groupe de travail d'Industrie Canada sur le pourriel, en 2005. Plus récemment, en 2008, nous avons participé aux délibérations du Groupe de travail Combattre la haine sur Internet de Justice Canada. Ce groupe examinait la possibilité de créer une ligne de dénonciation des incidents de haine au Canada. Cette initiative est actuellement en veilleuse.
Industrie Canada nous a financés pour que nous réalisions la plus importante étude longitudinale sur l'utilisation d'Internet par les enfants au Canada en 2000. Nous en avons réalisé la première partie en 2000 et la deuxième en 2004. Dans le cadre de l'étude, plus de 6 000 élèves de la quatrième à la onzième année ont été interviewés. Il s'agissait là de recherches innovatrices non seulement au Canada, mais aussi dans le monde entier. On s'y reporte toujours, car c'est la plus importante étude réalisée au Canada à ce jour. Elle propose pour les écoles, les bibliothèques et le gouvernement une politique qui fait appel à une stratégie relative au contenu illégal et offensant diffusé sur Internet. Elle a inspiré toutes les ressources que nous devions produire.
Après ces recherches, Industrie Canada a présenté Cyberaverti, sa stratégie sur le contenu illégal et offensant diffusé sur Internet. Le ministère a envisagé des approches diverses, notamment l'intervention législative, la collaboration avec des gouvernements étrangers et les lignes de téléassistance, dont l'une a été établie avec cyberpuce. La sensibilisation, l'information et le savoir ont été encore là le fondement de cette approche. Il a été reconnu que, dans le contexte mondial d'Internet, il était impossible de contrôler le contenu provenant de divers pays. Les meilleurs outils que nous pouvions donner aux jeunes Canadiens étaient l'information et la prise de conscience.
La première étape des recherches a été très intéressante. Elle a fait ressortir une nette différence entre ce que les jeunes faisaient en ligne et ce que les adultes pensaient qu'ils y faisaient. Voilà pourquoi ces travaux ont été si féconds. Les gens ne saisissaient pas cette différence, ils ne comprenaient pas que les jeunes étaient exposés à de l'information et à un contenu qu'ils ne pouvaient gérer, et que personne ne les accompagnait.
Nous avons collaboré avec les secteurs de l'éducation et des bibliothèques, les premiers qui ont été entièrement reliés à Internet, grâce à la Fondation Gates. Nous avons lancé un programme, La Toile et les jeunes. Il s'agit d'une ressource très complète d'initiation au numérique. Le programme visait à promouvoir une utilisation judicieuse, sûre et responsable d'Internet par les enfants et les jeunes au Canada.
Le principe du programme, c'est qu'il faut sensibiliser les jeunes et les aider à acquérir une pensée critique, au lieu de chercher à les protéger et à appliquer une censure. Nous collaborions avec les bibliothèques canadiennes, qui s'opposent à l'idée de censure. Elles ont pour politique de ne pas censurer l'information chez elles, sinon à certains postes réservés aux enfants. Nous avons travaillé avec nos partenaires des secteurs de l'éducation et des bibliothèques pour créer quelque chose qui allait répondre à leurs besoins.
Le programme a pris de l'ampleur. Il regroupe maintenant 17 ressources environ. Nous nous intéressons à diverses compétences dont les jeunes ont besoin dans le monde numérique. Je les énumère rapidement : sécurité en ligne, authentification de l'information sur Internet, techniques de recherche efficaces, utilisation responsable et éthique d'Internet, ce qui comprend le respect des droits d'auteur et le plagiat, la protection de la vie privée, le cybermarketing, la cyberintimidation, et cetera.
Le rayonnement du programme montre à quel point on a besoin de ces ressources. Il est en place depuis neuf ans, et il est maintenant présent dans les deux tiers des écoles canadiennes, rejoignant 80 p. 100 des élèves au Canada. Toutes les provinces et tous les territoires y ont accès. Huit provinces et territoires ont une licence pour l'ensemble de la province ou du territoire. Certaines administrations, dont les trois territoires, ont le programme depuis neuf ans. Chaque année, ils le renouvellent parce qu'ils en saisissent la grande importance. Tous les ans, nous mettons l'information à jour, car les tendances et problèmes sur Internet évoluent très rapidement.
Nous sommes présents dans 19 des 20 plus importants districts scolaires. Nous accordons également une licence à des réseaux de bibliothèques. Nous nous adressons ainsi à une population de cinq millions de personnes. En Alberta, par exemple, toutes les bibliothèques et toutes les écoles de la province ont pris la licence. Cette province a été une vraie pionnière, tout comme l'Ontario, dans le domaine de la culture numérique.
Voilà l'historique de l'organisation. Je pourrai répondre tout à l'heure aux questions sur notre travail dans ce domaine, mais pour l'instant, je cède la parole à Mme Tallim, qui vous entretiendra de l'importance de la culture numérique dans toute stratégie nationale qu'on peut envisager.
Jane Tallim, codirectrice exécutive, Réseau Éducation-Médias : Comme vous le savez tous, il y a eu un dialogue considérable à de très hauts niveaux, ces derniers mois, au sujet de ce que le Canada doit faire pour rester concurrentiel dans un monde numérique. Généralement, la conversation gravite autour de l'infrastructure et du commerce en ligne, ainsi que sur l'édification d'un cybermarché solide et sûr.
Lorsqu'il a été question d'éducation, dans ce dialogue, il s'agissait de l'éducation postsecondaire. Il s'agissait surtout de voir comment les universités et les collèges peuvent appuyer la recherche et le développement. Cela est important et même essentiel, il est vrai, mais il nous semble que les perspectives actuelles sont trop étroites et que tout programme avant-gardiste dans le domaine du numérique doit porter également sur la culture numérique des citoyens de tous âges.
À notre ère de mondialisation et de mobilité croissantes, nous estimons que la culture numérique est une compétence élémentaire essentielle nécessitant un apprentissage qui s'étale sur toute la vie. Il faut une formation de la maternelle à la 12e année, au niveau des études supérieures et dans la formation professionnelle, et il faut sensibiliser le grand public.
L'éducation aux nouvelles technologies est l'élément pédagogique du programme de connectivité. En outre, de nombreux éléments qui se rapportent à la culture du numérique reflètent des domaines de la politique auxquels le gouvernement du Canada s'intéresse déjà, comme le droit d'auteur, la vie privée, la culture et l'identité nationale, la cybercriminalité et la sécurité, l'information et la protection du consommateur et enfin le racisme et la haine.
Le tableau que voici montre comment le gouvernement australien mesurera le succès de sa stratégie du numérique. Comme vous pouvez le constater, le gouvernement, l'industrie et la collectivité ont tous leur rôle à jouer. L'éducation se rattache à la collectivité, mais aucun de ces éléments ne doit être considéré isolément. Ils sont tous liés.
Dans notre propre système d'éducation, l'éducation aux nouvelles technologies varie selon les provinces et les territoires, aussi bien du point de vue de la portée que de la mise en œuvre. Il y a certes des zones d'excellence, mais nous n'avons pas nécessairement une stratégie cohérente. De façon générale, les TIC sont intégrées à l'ensemble du programme, mais, de province en province et de territoire en territoire, cela ne se traduit pas par une qualité égale d'application dans les salles de classe. Un autre problème réel, c'est que la formation des enseignants, avant le début de leur carrière et en cours d'emploi, ne suit pas le rythme de l'évolution de la technologie ou des moyens de maximiser son utilisation pédagogique auprès des enfants et des jeunes.
Comme Mme Wing l'a signalé, nous voulons dans notre exposé vous proposer un certain nombre de manières de conceptualiser la culture numérique. Un modèle bien connu est celui des normes établies par l'International Society for Technology and Education. Ces normes donnent des points de repère sur divers éléments : créativité et innovation, communication et collaboration, maîtrise de la recherche et de l'information, pensée critique, citoyenneté à l'ère numérique et utilisation de la technologie.
La culture numérique ne se résume pas à des compétences fonctionnelles. Nous avons tendance à poser le problème du fossé numérique des points de vue de l'accès et de l'économie, mais il y a des injustices plus subtiles dont nous devons également tenir compte si nous voulons que tous les Canadiens profitent de la technologie. Il faut aussi comprendre les dimensions éthique, culturelle et sociale de la technologie et en tenir compte, utiliser la technologie de façon responsable et acquérir le plus tôt possible une attitude constructive qui restera la vie durant, de façon à favoriser l'apprentissage et la production.
Cela dit, nous voudrions vous poser une question : quel doit être le niveau de culture numérique que les Canadiens doivent viser? Le Canada tient en ce moment une très belle occasion, compte tenu du travail qui se fait dans le monde, de définir ses propres normes de culture numérique. Dans les stratégies nationales qui existent déjà, les définitions vont des compétences de base, pour aider les citoyens à avoir accès aux services, à s'en servir et à en bénéficier jusqu'à une culture numérique plus complexe.
Dans l'ensemble, une attention spéciale est accordée aux deux extrémités de l'éventail des âges : les adultes d'un certain âge qui connaissent peut-être mal la technologie ou les occasions qui leur sont offertes de pousser leur apprentissage, et les enfants et les jeunes qui sont la prochaine génération d'utilisateurs, de créateurs et d'innovateurs.
Vous constaterez également qu'on accorde une attention spéciale aux membres marginalisés de la société, dans des pays comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En Grande-Bretagne, trois ministères participent à la mise en œuvre de la stratégie d'éducation aux nouvelles technologies. De plus, l'organisme britannique de réglementation de la radiodiffusion, Ofcom, a comme mandat de promouvoir et d'appuyer l'éducation au domaine des médias, y compris les médias numériques. L'approche d'Ofcom est davantage axée sur le consommateur. Elle vise à ce que les citoyens puissent avoir accès aux services et à l'information, en profiter et se protéger contre les éléments nocifs et offensants.
Dans les écoles britanniques, le gouvernement a fait des TIC une compétence essentielle dans tout le programme, avec l'alphabétisation et la numératie. Il y a également une importante composante d'éducation à la sécurité qui est mise en place, surtout au niveau primaire.
De la même façon, l'Australian Communications and Media Authority a pour mandat d'appuyer ce qu'on appelle là-bas l'éducation aux médias numériques, qui se définit comme la capacité d'accéder aux médias numériques, de les comprendre, d'y participer et de créer des contenus qui utilisent ces médias. Dans le cadre de sa stratégie nationale, l'Australie affecte 2 milliards de dollars sur cinq ans à son réseau d'éducation, pour ce qu'elle appelle la « révolution de l'éducation numérique ». Le gouvernement a également engagé un montant de 125 millions de dollars sur quatre ans à un vaste plan de cybersécurité qui comprend, outre une composante d'éducation, un filtrage par les services d'exécution de la loi.
La Commission européenne a défini trois étapes interreliées d'acquisition de la culture numérique : la compétence numérique, l'utilisation du numérique et la transformation numérique, qui est le niveau supérieur où il peut y avoir une innovation et des changements d'importance.
Actuellement, le Canada, dans le dialogue qui a été engagé, semble mettre l'accent sur le niveau des possibilités de participation au numérique. Nous avons tendance à beaucoup insister sur l'infrastructure, la R-D, l'accès et la distribution. La Grande-Bretagne et l'Australie, comme vous le constaterez si vous examinez leurs plans, s'intéressent davantage au renforcement des capacités par l'acquisition de compétences de base en numérique. Il s'agit d'un niveau très pragmatique. Idéalement, nous soutiendrions qu'il nous faut viser encore plus haut.
Nous sommes portés à dire qu'il est essentiel à l'innovation et à la citoyenneté d'atteindre des niveaux plus élevés de culture numérique. Les compétences à ces niveaux s'appuient sur des compétences plus fonctionnelles au niveau intermédiaire et font évoluer les gens vers une citoyenneté participative en favorisant la pensée critique, une interaction sérieuse avec les outils et le contenu, un travail collectif axé sur des objectifs communs, la recherche, la synthèse et la diffusion de l'information et l'évaluation de la fiabilité et de la crédibilité des ressources en ligne.
Nous ne sommes pas les seuls à demander que la culture numérique ait sa place dans le dialogue national qui se déroule en ce moment. Des allocutions récentes du président du CRTC, Konrad von Finckenstein, du commissaire de l'Office national du film, Tom Perlmutter, et de l'ancienne commissaire à la concurrence, Sheridan Scott, ainsi qu'un récent document de travail produit par Nordicité ont tous signalé l'importance de la culture numérique et la nécessité d'une éducation qui donne aux Canadiens les compétences voulues pour le travail et la vie quotidienne.
Nous sommes actuellement en train de rédiger notre propre livre blanc. Il traitera de la culture numérique et utilisera des précédents de l'étranger et des éléments probants pour montrer comment ces connaissances peuvent dynamiser la citoyenneté et l'innovation. Ce document paraîtra au début de l'an prochain et nous n'allons pas manquer de le transmettre au comité.
Nous espérons pouvoir, au moyen de ce livre blanc, étayer notre thèse et proposer une orientation pour faire en sorte que la culture numérique devienne une pierre angulaire dans la société canadienne. Toutefois, pour que ces efforts portent fruit, nous sommes convaincus qu'il doit y avoir un dialogue posé entre tous les intervenants. Or, ce n'est pas le genre de dialogue auquel nous assistons maintenant.
Le président : Merci de votre exposé.
Le sénateur Johnson : Merci de comparaître ce matin. La culture numérique est une question fort importante. Pourriez-vous nous dire où le Canada se situe en ce qui concerne les compétences des divers groupes ou populations à cet égard? Avez-vous ces renseignements?
Mme Tallim : Nous n'avons pas de données statistiques sur le niveau des compétences en technologies numériques. Il y a quelques difficultés de ce côté aussi. Le Conseil des ministres de l'Éducation est une organisation à laquelle nous voudrions présenter un exposé également. Elle a tenu des conférences pancanadiennes sur l'alphabétisation. Elles ont toutefois porté sur les éléments essentiels de ce type de formation et sur la numératie. Il semble que la culture numérique reste en marge; c'est un élément que nous ne mesurons pas de la même façon pour l'instant, peut-être parce que nous sommes toujours en train d'essayer de définir ce que nous cherchons et de voir quelles sont les normes.
Cela dit, dans les programmes scolaires de tout le pays, il y a des résultats et des attentes qui ont un lien avec l'alphabétisation et les formations analogues, qui concernent notamment le numérique et les médias. Cet élément est présent dans le programme scolaire, ce qui est un avantage réel, mais la mesure, l'évaluation, la cohérence de la mise en œuvre, voilà de vrais défis à relever pour le Canada.
Le sénateur Johnson : À cet égard, est-ce qu'il serait utile d'assurer une plus grande cohérence dans les provinces? Vous avez dit qu'elles n'arrivaient pas à suivre le rythme. Certaines sont-elles en avance sur les autres, par exemple? À quel endroit les choses se passent-elles le mieux?
Mme Tallim : Le Canada est plus avancé que bien des pays. Il est perçu comme un chef de file pour ce qui est de l'initiation aux médias. Il est l'un des premiers pays au monde qui ont défini des résultats à atteindre et des attentes à satisfaire en la matière. Lorsque nous examinons divers programmes d'études, nous remarquons des secteurs où on atteint l'excellence, je tiens à le souligner avec insistance. Il y a des provinces qui font très bien les choses, du point de vue pédagogique. Elles s'efforcent de trouver les meilleurs moyens de développer les compétences dans le domaine du numérique. Toutefois, étant donné que l'éducation relève des provinces, nous n'avons pas la stratégie nationale, nous n'avons pas les normes nationales qui permettraient de brosser un tableau plus fidèle.
Le sénateur Johnson : Quels sont les rapports, actuellement, entre votre organisation et le CRTC? Je sais que vous n'avez pas reçu de fonds fédéraux, mais vous avez ensuite parlé du CRTC au sujet de l'initiative visant la violence. Quelles sont les rapports avec le CRTC en ce moment?
Mme Wing : Le CRTC nous a beaucoup aidés. Il a dit aux radiodiffuseurs, à l'occasion d'acquisitions et de prises de contrôle, qu'ils pouvaient accorder des avantages concrets à des organisations et initiatives dans le domaine de l'éducation aux médias. Nous avons donc reçu des fonds des radiodiffuseurs au cours des 10 dernières années. C'est probablement la seule manière dont le CRTC peut nous aider. Cela n'est pas prévu dans la Loi sur la radiodiffusion, alors que c'est le cas au Royaume-Uni, où un soutien est prévu pour l'initiation aux médias. Je ne crois pas que le mandat du CRTC lui permette de nous appuyer de quelque autre manière.
Le sénateur Johnson : Vous avez dit que vous ne receviez pas de fonds des autorités fédérales.
Mme Wing : En ce moment, non.
Le sénateur Johnson : Quel est votre budget?
Mme Wing : Il est actuellement d'environ 700 000 $, moitié moins qu'autrefois.
Le sénateur Johnson : Idéalement, quel budget souhaiteriez-vous avoir?
Mme Wing : Notre planification stratégique est en cours, et le conseil d'administration nous a posé la même question. Nous pourrions probablement le porter à environ 1 million de dollars par année. Ce serait utile. Nos ressources sont très en demande. Nous sommes les seuls à proposer ces produits au Canada. Nous n'arrivons pas à répondre à la demande. Bien entendu, ce sont des produits multimédias puisqu'ils sont destinés aux élèves. C'est ce dont ils ont besoin. Il leur faut quelque chose d'attrayant qui reproduit les environnements qu'ils trouvent en ligne.
Nous tirons la majeure partie de nos revenus de la vente de licences sur nos produits. Au lieu de proposer un produit considéré comme un bien public, nous devons de plus en plus exiger des droits. Mais la demande est énorme, et nous avons fort bien réussi dans notre domaine. Nous constatons, lorsque nous voulons nous prévaloir de programmes fédéraux, que le financement est refusé lorsque les produits doivent être distribués sous licence. C'est une situation sans issue. La production multimédia coûte très cher. Nous devons donc ensuite exiger des droits de licence.
Le sénateur Zimmer : Ma cause, au Sénat, est celle des jeunes. Mes questions portent donc sur eux. Dans votre programme de recherche Jeunes Canadiens dans un monde branché, qu'avez-vous constaté, en ce qui concerne les comportements, les attitudes et les opinions des enfants et des jeunes au Canada quant à leur utilisation d'Internet? Quelles sont certaines de vos recommandations principales?
Mme Wing : Je vous ferai parvenir le lien pour consulter le rapport. Il fait une centaine de pages.
La question est énorme. La première étude a soulevé beaucoup plus de questions qu'elle n'a donné de réponses. La deuxième étude a été très importante, car elle a répondu à ces questions. La première étude a fait apparaître beaucoup de préoccupations. Nous avons constaté que les jeunes se tirent généralement bien d'affaires, mais, malheureusement, ils doivent se frayer seul un chemin dans ce nouvel environnement. Ils acquièrent des compétences seuls. Ils apprennent seuls à gérer les contenus inappropriés. Ils ont dit au moment de la recherche qu'ils voulaient apprendre comment gérer les contenus qu'ils trouvent.
Ils veulent une certaine protection, mais ils ont aussi admis qu'il était très difficile de contrôler le contenu d'Internet, étant donné qu'ils ont accès au contenu à une multitude d'endroits. S'il y a un filtre sur l'ordinateur à l'école, leur voisin n'en a pas sur le sien. Ils savent qu'il n'y a pas moyen d'assurer une protection totale. Ils veulent apprendre comment s'y prendre pour gérer les différents problèmes qui peuvent surgir au quotidien.
Le sénateur Zimmer : Votre réponse m'amène à ma question suivante. La majorité des jeunes Canadiens se sont laissé entraîner dans des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Ils donnent beaucoup de renseignements sur eux-mêmes sans toujours être conscients des conséquences possibles. Quels types de programmes sont en place pour faire comprendre aux jeunes Canadiens qu'il est important de protéger les renseignements personnels?
Mme Wing : Excellente question. Nous travaillons dans ce domaine depuis 10 ans. L'an dernier, pour la première fois, nous avons reçu des fonds du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Il a adopté comme orientation l'an dernier de s'occuper davantage d'éducation. C'est une idée merveilleuse.
Nous avons produit un atelier à ce sujet qui est offert dans tout le Canada, des leçons d'enseignement qui portent expressément sur Facebook. Encore une fois, c'est une question dont nous discutons depuis de nombreuses années, et pas uniquement sous l'angle de la sécurité. Il y a un énorme élément de marketing dans le type de collecte de données qui se fait sur les sites commerciaux fréquentés par les jeunes. Depuis des années, nous les sensibilisons à cette question.
Le sénateur Zimmer : Je voudrais parler d'initiatives spéciales comme WebAverti, La Toile et les jeunes et Trousse Médias pour les jeunes. L'une ou l'autre de ces initiatives fait-elle partie du programme d'éducation? Sont-elles proposées dans les classes d'informatique? Ou bien incombe-t-il à l'enseignant de repérer votre site et de trouver ces initiatives? Si ces initiatives ne font pas partie du programme scolaire, est-ce qu'on prend actuellement des mesures pour les y inclure?
Mme Tallim : C'est un peu des deux. Par exemple, WebAverti est en réalité un site destiné aux parents. Nous croyons que, s'agissant des enfants et des jeunes, le message entendu à la maison et à l'école doit être cohérent. Tous les adultes, parents ou enseignants, peuvent trouver la technologie très intimidante lorsqu'il faut aborder ces questions. Cette ressource est conçue davantage pour les parents.
Dans un grand nombre de ministères de l'Éducation, nos ressources et notre organisation se trouvent dans les sections des ressources recommandées. La plupart des ministères ont un secteur des ressources recommandées que les enseignants peuvent consulter dans divers domaines, et Réseau Éducation-Médias s'y trouve. Étant donné que, dans bien des cas, les ministères de l'Éducation ont acquis notre licence, ils autorisent nos produits. Il est plus facile de favoriser la formation de l'enseignant, car l'autorisation du ministère équivaut à un feu vert pour que les districts puissent donner une formation avec leurs enseignants. Cela demeure néanmoins un défi, car il n'y a pas de programme national, pas de priorités nationales.
Nous avons le site d'éducation aux médias le plus important non seulement au Canada, mais aussi dans le monde entier et nous recevons des réactions extraordinaires d'éducateurs des quatre coins de la planète. Nous sommes constamment étonnés, étant donné ce fait, qu'il y ait toujours beaucoup d'éducateurs au Canada qui disent : « Ça alors, je viens d'entendre parler de votre site. Je suis tellement content. » Comme nous sommes une petite organisation, il nous est difficile de promouvoir le travail que nous faisons bien.
Le sénateur Zimmer : Merci. Je vous souhaite la meilleure des chances.
Le sénateur Mercer : Merci aux témoins de leur exposé intéressant, et merci d'avoir ouvert dans notre étude tout un pan nouveau que nous n'avions pas vu jusqu'ici. Dans votre exposé, vous avez dit que le degré de sensibilisation varie entre les provinces et territoires et qu'il y a des secteurs d'excellence, mais rien de cohérent. Une question s'impose à moi : quelles sont les provinces les plus fortes et quelles sont les plus faibles?
Mme Tallim : Vous me mettez sur la sellette. Si je devais désigner un lieu d'excellence, je dirais que le Manitoba a maintenant un cadre intégré pour l'éducation en matière de technologies de l'information et des communications. Ce cadre nous plaît, parce qu'il a été mûrement réfléchi. Parallèlement, la province met en place un important processus de formation des enseignants. L'accent est mis sur la citoyenneté. Au bout du compte, c'est l'orientation que nous souhaiterions dans les efforts d'initiation au numérique. Tout gravite autour de la citoyenneté, et il s'agit d'encourager une citoyenneté participative et responsable.
Je dirais que le Manitoba est particulièrement innovateur dans son approche. L'Alberta est une province très solide. Les provinces de l'Atlantique collaborent dans toutes sortes de domaines de l'enseignement. Sur papier, ce sont des approches excellentes et de beaux produits de leur réflexion.
Vous voulez vous en tenir à la question de savoir où se trouvent les meilleures pratiques concrètes dans les salles de classe. En Ontario, par exemple, le ministère de l'Éducation vient de bloquer pour trois ans les dépenses en TIC. D'une part, certaines provinces font de la question une priorité; d'autres mettent le dossier en veilleuse parce qu'elles estiment que d'autres domaines réclament plus d'attention.
Le sénateur Mercer : Vous avez dit que huit provinces avaient des programmes WebAverti. Donc, deux n'en ont pas. Lesquelles?
Mme Wing : Certaines provinces n'achètent pas les licences pour leur réseau tout entier. Cela se fait par district scolaire. Les deux provinces en question sont le Québec et la Colombie-Britannique. Nous nous trouvons parmi les ressources recommandées et les conseils scolaires les plus importants nous ont choisis, mais il n'y a pas, au ministère, de mécanisme qui vaut pour l'ensemble de la province. Les conseils scolaires veulent s'en occuper eux-mêmes. Ils veulent acheter leurs propres ressources.
Le sénateur Mercer : Vous continuez de parler de l'utilisation des médias numériques sous l'angle de la citoyenneté. Je suis curieux de savoir comment, selon vous, cela cadre avec l'éducation, si on retient la définition étroite de la « citoyenneté », celle des responsabilités des citoyens et de la participation au processus démocratique. Est-il question, à un moment donné, de la responsabilité des citoyens de participer au processus démocratique, de voter, et cetera?
Mme Tallim : Bonne question. Je vais faire partie du groupe d'experts à une conférence internationale organisée la semaine prochaine à Washington par le Family Online Safety Institute, le FOSI. Cet institut étudie les sujets dont nous discuterons, soit toute cette notion de citoyenneté et de citoyenneté électronique.
Ce que nous constatons, auprès des enfants et des jeunes de nos réseaux scolaires, c'est que l'élection du président Obama, aux États-Unis, est marquante du point de vue de l'utilisation de la technologie pour aborder et intéresser des électeurs qui, autrement ne se seraient pas mobilisés. Dans un cas, ce sont les gouvernements qui apprennent à mieux utiliser la technologie pour rejoindre notamment les jeunes électeurs, le segment le plus jeune de la population. Il faut aller là où les jeunes se trouvent. Sur le plan des principes, c'est l'attitude de notre organisation à bien des égards. Pour vraiment travailler avec les jeunes, il faut aller là où ils se trouvent.
S'agissant de toute l'idée de la citoyenneté démocratique et du processus électoral classique, la question n'est pas simple. Les recherches nous apprennent qu'il y a un certain nombre de paliers. D'abord, on veut intéresser les jeunes au moyen de la technologie. Mais la technologie seule ne suffit pas. Il nous faudra repenser notre système d'éducation. Nous voulons que des enseignants, des parents ou d'autres membres de la collectivité jouent un rôle de mentor. Nous voulons permettre aux jeunes d'utiliser la technologie de façon prosociale, de s'en servir pour faire entendre leur point de vue sur les causes qui leur tiennent à cœur. D'une certaine manière, on les amène à militer, à leur faire comprendre à quel point il est important que, comme citoyens, ils s'engagent activement. À partir de là, on passe à la notion plus large de la citoyenneté.
Il faut repenser notre programme d'éducation civique, par exemple. Mme Wing et moi avons rencontré les directeurs de l'élaboration du programme scolaire au ministère ontarien de l'Éducation, le mois dernier. L'Ontario est en train d'actualiser son programme d'éducation civique, qui était d'inspiration plutôt traditionnelle. Nous discutions de la possibilité d'adopter une perspective plus large sur l'utilisation de la technologie pour intéresser les jeunes et les accompagner, et aussi pour qu'ils participent davantage au processus électoral traditionnel. Il faudra cependant une importante réorientation dans la façon dont le gouvernement utilise la technologie dans ce processus également.
Le sénateur Mercer : Il est réconfortant d'apprendre qu'on parle d'éducation civique, car je n'en vois pas beaucoup de traces. Mon fils est le produit du système scolaire ontarien, et je ne me souviens pas de son éducation civique. Cette éducation, il l'a reçue à table, en parlant de politique avec sa mère et moi. Je n'ai rien vu qui soit offert par les écoles. C'est pourquoi il est aujourd'hui un bon libéral.
Je ne vous ai pas entendues parler beaucoup de la protection de la vie privée. Tout le monde peut avoir diverses raisons de vouloir s'emparer des adresses de courriel, des adresses électroniques des gens afin de communiquer avec eux, qu'il s'agisse d'un parti politique ou d'un service de marketing. Il y a aussi des gens mal intentionnés qui veulent avoir ces mêmes adresses. Nous n'avons pas abordé cette question, et je voudrais connaître votre avis à ce sujet.
Vous avez dit également que le CRTC avait informé les titulaires de licence qu'ils « pouvaient appuyer » le Réseau Éducation-Médias. Il me semblerait logique que les fournisseurs de services non seulement puissent, mais doivent aussi appuyer le Réseau Éducation-Médias ou une autre organisation semblable pour fournir les services que vous assurez aux citoyens et aux écoles au Canada.
Mme Wing : Je vais commencer par répondre à cette question. Il est important que le gouvernement fédéral continue de nous appuyer. Premièrement, cela fait partie de notre histoire; deuxièmement, c'est important pour les groupes intéressés par notre action. Ils ne veulent pas voir apparaître une diapositive où ne figurent que des sociétés canadiennes. Ils veulent que le gouvernement du Canada soit là également. Cela donne du poids et de l'autorité à ce que nous faisons. C'est important pour les enseignants, les bibliothécaires et les parents, notamment. Il importe que nous continuions à réclamer ce genre de financement. Nous sommes issus du gouvernement fédéral et nous croyons qu'il est important qu'il maintienne son appui.
Pour ce qui est de la protection de la vie privée, je vais demander à Mme Tallim de répondre. Nous avons beaucoup travaillé dans deux domaines particuliers du respect de la vie privée : le marketing et la sécurité. Et nous avons les recherches pour appuyer ce travail.
Mme Tallim : Il est intéressant que vous souleviez la question de la protection de la vie privée. Cette question fait l'objet d'une grande attention en ce qui concerne la protection contre les étrangers, les dangers, les prédateurs, surtout pour les enfants et les jeunes. Depuis des années, nous faisons valoir qu'il faut aussi tenir compte de préoccupations plus larges en ce qui concerne la vie privée. Selon les observations qui ont été faites, les jeunes qui courent les risques les plus effrayants parce qu'ils donnent trop d'information sur Internet constituent un groupe particulier qui a un certain nombre de problèmes. Nous pouvons arriver à mieux cibler ces jeunes en particulier.
Il est beaucoup plus difficile d'attirer l'attention sur les aspects commerciaux de la collecte de données pour le marketing. Nous avons été enchantés, l'an dernier, lorsque le Commissariat à la protection de la vie privée nous a aidés à mettre à jour notre module de perfectionnement professionnel qui porte sur les questions de marketing et de protection de la vie privée. Normalement, les fonds sont consacrés à la protection personnelle abordée sous l'angle de la sécurité.
Nos recherches ont montré que les jeunes sont conscients des problèmes de protection de la vie privée. Il y a cependant un dilemme intéressant chez les enfants et les jeunes. Lorsqu'un jeune affiche son profil sur Facebook, il croit que ses lecteurs seront ses amis immédiats, ceux qu'il invite à se joindre à lui. Dans ce cas, il y a donc deux volets de l'éducation à la protection de la vie privée qui doivent jouer. Les jeunes doivent comprendre qu'il y a certes ceux qu'ils veulent rejoindre, mais qu'il y a aussi d'autres internautes qui sont rejoints, avec un médium de portée mondiale comme celui-là, même s'ils ne s'adressent pas à eux. Lorsque les enfants naviguent sur des sites de réseautage social, ils communiquent avec ceux à qui ils veulent s'adresser. Les internautes non visés, ce sont les spécialistes du marketing. Par exemple, un truc de marketing, comme une vache rose, apparaît sur le site de réseautage social d'un des amis de ma fille. En marketing social, on sacrifie quelque chose pour obtenir autre chose en retour. C'est là une information de base que nous donnons aux jeunes.
Les jeunes nous disent qu'ils veulent en savoir plus long sur la protection de leur vie privée. Cela ressort nettement de nos recherches. Par ailleurs, ils tiennent à prendre leurs propres décisions, et c'est pourquoi nous essayons de leur montrer que rien n'est gratuit. Internet, c'est très amusant, mais ils doivent prendre des décisions conscientes sur ce qu'ils décident de donner comme information. Cette éducation doit débuter en très bas âge, car des enfants de plus en plus jeunes vont sur Internet. Un très jeune enfant qui joue sur des sites Web de marque, par exemple, et répond à des questionnaires amusants ne songe pas vraiment aux ramifications des renseignements qu'il donne. Cela prépare les enfants de telle manière qu'ils penseront que le fait de donner de l'information fait partie des interactions normales en ligne.
Nous essayons de montrer aux très jeunes enfants que leurs renseignements personnels ont une certaine valeur, même s'ils sont tout à fait élémentaires. Puis, nous enrichissons progressivement leur compréhension pour qu'ils puissent acquérir une pensée plus critique et faire des jugements éclairés lorsqu'ils vont en ligne.
Le sénateur Cochrane : Le programme d'éducation au numérique est-il donné par des bénévoles? Je m'intéresse aux salles de classe. L'action du bénévole dépend-elle du point de vue des enseignants? Est-ce qu'on enseigne ce genre de chose aux jeunes? N'y a-t-il pas, dans le système d'éducation, un programme qui exige qu'on enseigne ces choses?
Mme Wing : Mme Tallim a déjà enseigné. Je l'invite donc à répondre à cette question.
Mme Tallim : Cela se trouve dans le programme scolaire, et les enseignants sont conscients de devoir suivre ce programme. Il y a des résultats et des attentes qui comprennent des éléments de pensée critique concernant les médias en général et les médias numériques. Toutefois, la façon d'intégrer cette formation en salle de classe varie d'un enseignant à l'autre.
Nous produisons des programmes de différents niveaux. Nous avons des ateliers de perfectionnement pour les éducateurs. Il s'agit de combler une lacune, car ce genre de formation fait défaut dans les facultés de l'éducation au Canada. Il y a un financement limité pour le perfectionnement des enseignants déjà en poste. Nous avons donc créé des modules complets en soi qui informent les éducateurs dans ces domaines et leur fournissent des stratégies et des ressources. Ils sont en lien avec notre site Web de sorte que, pour tous nos ateliers de perfectionnement professionnel, nous avons des ressources de soutien.
Pour un enseignant, il n'y a rien de pire que d'aller à une conférence ou d'écouter une présentation passionnante pour s'apercevoir ensuite qu'il n'y a pas de ressources pour utiliser la matière nouvelle. Nous essayons de faciliter l'acquisition d'information générale par les enseignants, afin qu'ils puissent mieux comprendre où leurs élèves en sont et se sentir plus en confiance dans leur façon d'aborder ces questions, et nous leur donnons des ressources et des outils pour faire le travail en salle de classe.
Nous en faisons autant pour les parents, mais nous ne le montrons pas dans notre présentation. Nous avons un atelier composé d'éléments divers, « L'art d'être un parent branché », qui reprend beaucoup d'éléments des ateliers de perfectionnement professionnel et en adapte l'information pour les parents. Cela peut se faire au moyen d'un conseil d'école parents-enseignants, par exemple. Ce n'est pas facile, parce que rien n'est très bien fixé. Cela dépend de l'enseignant, de l'orientation de l'école, de celle du district scolaire et de celle du ministère. Même si l'enseignant a accès à cette ressource, l'utilisation en salle de classe dépend de nombreux facteurs.
Le sénateur Cochrane : Oui, bien sûr. Depuis la mise en place du programme, avez-vous mesuré les résultats des enfants?
Mme Tallim : Voilà une autre question intéressante. Par cette panoplie de ressources, nous visons la formation des enseignants. L'an dernier, nous avons conçu un programme destiné aux élèves de la quatrième à la huitième année, « Passeport pour Internet ». Il s'agit d'un tutoriel interactif complet qui place les élèves dans des environnements simulés où ils participent à diverses activités qui aident à éveiller leur pensée critique. Actuellement, nous travaillons avec l'Université McGill afin d'évaluer ce programme. Nous travaillons également à une version du tutoriel pour le secondaire. Elle sera évidemment très différente pour s'adapter à des adolescents très informés.
Nous venons de commencer à travailler à ce produit, et il faudra un an pour le mettre au point. L'une des composantes de la recherche qui se poursuit est notre collaboration avec PREVNet. Il s'agit de faire une évaluation depuis la conception jusqu'à la mise en place. Comme il s'agit de produits assez nouveaux, nous entamons tout juste le processus d'évaluation, car l'évaluation est importante.
Le sénateur Cochrane : Les enfants sont très adroits dans l'utilisation des ordinateurs et la navigation sur Internet. Existe-t-il des programmes ou des ressources pour aider les personnes plus âgées? Où les trouve-t-on?
Mme Tallim : Je suis heureuse que vous souleviez ce point. En faisant des recherches préliminaires pour notre livre blanc, j'ai fait allusion au fait que les stratégies du numérique, en Australie et en Grande-Bretagne, visent expressément à mettre en place des programmes pour les personnes âgées, les parents et les divers membres de la société.
Le Royaume-Uni vient de lancer un site Web extraordinaire, Internet 101. Le pays injecte des montants considérables afin de promouvoir cette ressource et de la rendre accessible dans tout le pays. Il doit faire exactement ce que vous dites. La ressource est destinée à ceux qui peuvent se dire : « Je n'ai pas de jeunes enfants. Je ne dois donc pas nécessairement m'occuper de cela au quotidien. Mes enfants le font. Je suis quelqu'un qui, autrement, n'aurait pas l'occasion de prendre cette formation. » L'Australie fait la même chose, et c'est même un élément essentiel.
Notre organisation a un double mandat : éducation structurée et sensibilisation du public. Nous sommes fermement convaincus que la sensibilisation du public est, elle aussi, un élément essentiel de la stratégie du numérique.
Le sénateur Merchant : Je suis désolée d'être arrivée en retard; c'était un train de Montréal.
Comment peut-on s'y prendre avec les personnes marginalisées de notre société? Nos programmes actuels d'éducation — j'ai également été éducatrice — n'ont pas réussi à attirer un certain groupe de personnes, les personnes marginalisées, notamment dans ma province d'origine, la Saskatchewan. Nous avons une très importante population de jeunes des Premières nations. En ce qui concerne l'alphabétisation dont nous parlons tous les jours, ces jeunes semblent perdre du terrain.
Étant donné que nous n'avons pas réussi à les instruire par les moyens qui ont été efficaces avec d'autres, auriez- vous des idées à proposer? Préparez-vous des programmes qui ciblent ce problème en particulier? Autrement, il y aura là une inégalité criante.
Mme Tallim : Je reconnais que c'est un problème de taille, et non seulement au Canada, mais aussi dans d'autres pays. Je ne peux pas prétendre avoir une grande stratégie. Je crois que cela fait vraiment ressortir l'importance du dialogue et de la discussion.
Il y a beaucoup de membres des Premières nations, d'Autochtones et d'Inuits qui comprennent mieux comment, sur le plan culturel, favoriser l'éducation chez leurs jeunes. Voilà ce que nous voulons dire lorsque nous proposons de réunir tous les intervenants pour entendre le point de vue de chacun.
Dans le secteur de la santé mentale des enfants et des jeunes, j'ai remarqué à quel point il était important d'avoir un dialogue Nord-Sud et de trouver des stratégies pour mieux aider les jeunes sur le plan de la santé mentale. L'action est vraiment efficace lorsque les gens travaillent ensemble, mais il faut que ceux dont vous parlez soient présents si vous voulez, dans le respect, élaborer une approche qui a des chances de réussite. C'est un gros problème.
Un exemple que je voudrais donner de la façon de mobiliser les jeunes marginalisés me vient du secteur de la santé mentale des enfants et des jeunes. De façon générale, l'un des changements importants, dans la façon d'aborder les jeunes et de favoriser l'engagement et l'exercice du rôle de citoyen, est de repenser notre démarche à leur égard dès le départ. Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre des services aux jeunes par opposition au secteur de l'éducation.
Il y a à London, en Ontario, un site web qui s'appelle mindyourmind.ca et qui, à mon avis, c'est un exemple merveilleux de la façon dont, avec des mentors adultes, un soutien et de la technologie, des jeunes marginalisés peuvent non seulement se faire entendre, mais aussi apporter des changements.
Ce site Web est l'œuvre de deux thérapeutes de la région de London. Ils ont une équipe d'intervention auprès des jeunes de la rue. Ils sont donc en contact avec le monde réel. Ils sont installés dans un centre commercial, quelque part à London, et ils ont des jeunes de la rue qui travaillent avec d'autres jeunes ayant des difficultés de santé mentale. Les thérapeutes guident les jeunes, mais ce sont des jeunes qui dirigent ce site Web de calibre mondial. Sur ce site, des jeunes qui éprouvent des difficultés de santé mentale peuvent raconter leur histoire, trouver une voix, construire une communauté et obtenir une bonne information, ce qui est important, lorsqu'il s'agit de problèmes de santé mentale.
Ces gens ont franchi une étape de plus, et c'est pourquoi j'y vois une initiative louable. À partir de l'information recueillie auprès des jeunes, les jeunes eux-mêmes ont créé ce qu'ils appellent un « pro-portail ». Cela veut dire que, si je suis un praticien de la santé mentale, où que ce soit au Canada, je peux visiter le site mindyourmind.ca et son pro- portail, et apprendre ce que les jeunes ont à me dire de la façon de rendre ma pratique plus accueillante et intéressante. C'est là un modèle unique; ce n'est pas un modèle théorique, mais nous aurions tellement à apprendre en travaillant avec les jeunes, plutôt que pour eux, en les aidant à trouver les meilleurs moyens d'utiliser la technologie pour enrichir leur vie.
Le sénateur Merchant : Il vous faut aider également les parents. Chez vous, vous êtes une personne avertie dans ce domaine. En ce qui concerne ceux dont je parle, nous avons laissé tomber les parents. Ils ne sont pas initiés au monde numérique. Il doit être plus difficile pour les jeunes qui grandissent dans ce genre de contexte d'apprendre à participer.
Que faites-vous pour les parents? Vous avez parlé des enfants, mais qu'en est-il des ressources destinées aux parents? Comment les rejoignons-nous?
Mme Wing : Nous avons quelques ressources pour les parents, et elles sont toutes gratuites sur le site. Nous avons travaillé avec Services à la famille Canada à un programme appelé FETE pour appuyer les familles dans des écoles de quartiers où les besoins sont considérables. Ils ont offert une formation en informatique aux parents. Que je sache, ce programme n'est plus financé; il était financé par l'entremise de RHDCC.
Ces types de programmes sont importants si nous voulons former les parents aussi bien que les jeunes. Le meilleur moyen de rejoindre les jeunes, c'est le secteur de l'éducation, pourvu que les jeunes fréquentent toujours le milieu scolaire.
Notre organisation ne compte que neuf personnes. Il nous est donc difficile d'élaborer des programmes qui ciblent expressément les quartiers où les risques sont élevés. Néanmoins, nous reconnaissons que c'est d'une importance cruciale. La révolution numérique est une occasion à saisir pour les jeunes des Premières nations. On la compare à la révolution industrielle. Nous devons veiller à ce que tous aient un rôle à jouer et que tous aient la chance de profiter de cette nouvelle révolution à laquelle nous participons tous.
Le sénateur Merchant : Je termine là-dessus : vous avez dit que d'autres pays éprouvent les mêmes problèmes. Par exemple, vous avez parlé de l'Australie, qui a une importante population aborigène. Est-ce que l'Australie gère les problèmes de façon exemplaire, d'une manière que nous pourrions envisager au Canada?
Il arrive parfois aussi que le problème, ce soit le financement. C'est le cas en ce qui concerne le système d'éducation des Premières nations. Nous ne consacrons pas autant d'argent à l'éducation des enfants des Premières nations qu'à celle des autres enfants.
Pouvez-vous nous dire s'il y a un pays ou plusieurs pays qui se font les champions du genre de chose que vous préconisez? Pourriez-vous également dire un mot du financement?
Mme Tallim : Je peux vous dire quels pays appliquent ces mesures dans le cadre de leur plan, mais je ne peux pas vous donner de détails précis ni vous dire si ce qu'ils font est exemplaire. Encore une fois, ces stratégies du numérique sont toutes neuves. Elles sont au stade de la mise en œuvre. Je sais pertinemment que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont des stratégies nationales axées sur les peuples autochtones également.
Je peux vous transmettre tout autre renseignement qui viendrait à ma connaissance. Nous espérons consacrer un chapitre de notre livre blanc aux précédents et aux pratiques exemplaires de pays étrangers, en ce qui concerne la façon d'aborder les groupes marginaux de la société. Je ne vais pas manquer de vous transmettre toute documentation que nous recevrions.
Toutefois, c'est une affaire de financement, en fin de compte. Ce qui est frappant, lorsqu'on prend connaissance des plans sur le numérique, c'est l'argent qui est injecté du côté de l'éducation, par opposition à l'infrastructure, à la recherche et au développement. Nous savons tous que, lorsque les fonds sont insuffisants, tous les plans tournent au projet chimérique.
Le sénateur Merchant : Bonne chance à vous.
Le sénateur Plett : Les sénateurs Johnson et Zimmer conviendront avec moi qu'il faut vous remercier d'avoir dit que le Manitoba est dans la meilleure position. Ensuite, vous avez joué de diplomatie en parlant de toutes les autres provinces.
Au moment où je levais la main, le sénateur Cochrane a posé la question que je m'apprêtais à poser.
Je ferai une autre observation. Vous pourrez commenter, mais ne vous sentez pas tenue de le faire. Je voudrais signaler ce qui me semble une partie du problème. Je suis père et grand-père. Il n'y a pas des années que j'ai appris à me servir d'un ordinateur et à naviguer sur Internet. Nous en discutions au cours d'une soirée, le week-end dernier, où ma femme et moi avons raconté que, il y a quelques années, ma secrétaire devait taper tous mes courriels et me les apporter, parce que je ne savais pas comment m'y prendre. Il n'y a pas des années de cela.
Lorsque mes enfants et mes petits-enfants viennent chez moi, je demande à un de mes fils qui est féru d'informatique de m'aider à régler un problème ou l'autre que j'ai à l'ordinateur. Lorsqu'il éprouve des difficultés, il dit : « Demandons à Amy Lynn », qui a 11 ans, « de venir nous aider. » Cela me préoccupe. Nous parlons de dangers contre lesquels nous voulons protéger nos enfants, mais au fond, nous ne savons pas comment les protéger parce qu'ils connaissent l'ordinateur beaucoup mieux que moi. Nous savons tous que, depuis le début des temps, depuis qu'Adam et Ève ont croqué la pomme, nous avons tendance à vouloir ce que nous ne sommes pas censés avoir. Si nous disons aux enfants de ne pas aller sur un certain site ou de ne pas faire certaines choses, ils iront voir pourquoi on le leur interdit.
Je vous encourage à essayer de nous instruire et d'instruire les parents, car cela me paraît terriblement important. Malgré tout mon respect pour les éducateurs et les enseignants, il est important que ce soit nous qui élevions nos enfants, et non pas eux. Vous êtes là pour enseigner, mais je vous en prie, continuez d'élaborer des stratégies —vous y avez déjà fait allusion — pour faire en sorte que les parents puissent se débrouiller presque aussi bien que les enfants. Je vous encourage à le faire.
Mme Wing : Auprès des parents, nous insistons sur le fait que les compétences technologiques ne sont pas tellement importantes. Lorsque vous travaillez avec vos enfants, vous avez toutes les compétences de base grâce auxquelles vous enrichissez leur expérience sur Internet. Ils n'ont pas un bon jugement. Ils ne possèdent pas l'acquis que la vie nous a donné. Ils ont besoin de cet acquis sur Internet.
Ce qui importe le plus, c'est de participer à ce qu'ils font, c'est-à-dire de connaître les sites qu'ils fréquentent. S'ils trouvent sur un site une information faussée, des éléments haineux ou racistes, nous nous en apercevons. Dans bien des cas, il s'agit d'un contenu subtil qu'un jeune ne remarquera pas. Nous avons une excellente pensée critique. Voilà ce qu'il faut transmettre aux jeunes si nous voulons qu'ils utilisent la technologie de façon judicieuse. Nous encourageons les parents à ne pas se sentir désavantagés. En réalité, ils ont un avantage énorme grâce auquel ils peuvent aider leurs enfants.
Mme Tallim : Nous essayons également de faire comprendre aux parents qu'il ne faut pas paniquer si leurs enfants tombent sur des choses offensantes ou choquantes. Les recherches montrent que, si les parents réagissent trop vivement, lorsque l'enfant trouve quelque chose de négatif en ligne, il est fort peu probable qu'un dialogue constructif puisse s'engager. Nous encourageons également les parents à entretenir un dialogue suivi. Si quelque chose de négatif se présente, nous voulons qu'ils évitent les réactions excessives, de façon que l'enfant se sente assez à l'aise pour en discuter avec eux, s'ils sont victimes de cyberintimidation ou s'il se produit autre chose. La plus grande menace qu'on puisse faire à un enfant, c'est de le priver de sa technologie. Bien des enfants tolèrent la cybertintimidation parce qu'ils ne veulent pas perdre leur ordinateur. S'ils savent que maman ou papa ne réagiront pas de façon excessive, ils se sentiront plus à l'aise pour en parler.
Le président : Pas d'autres questions? Je vous rappelle que nous accueillerons deux autres témoins demain soir : les représentants de MTS Austrian, et je suis sûr que nous aurons un contingent manitobain; et puis les représentants de DragonWave, qui fournit du matériel à la plupart des groupes qui offrent des services Internet au Canada.
(La séance est levée.)