Délibérations du comité sénatorial permanent des
Droits de la personne
Fascicule 10 - Témoignages
OTTAWA, le lundi 28 février 2011
Le Comité sénatorial permanent des droits de la personne se réunit aujourd'hui, à 17 h 8, pour surveiller l'évolution de diverses questions ayant trait aux droits de la personne et examiner, entre autres choses, les mécanismes du gouvernement pour que le Canada respecte ses obligations nationales et internationales en matière de droits de la personne (sujet : programmes fédéraux de soutien aux activités sportives et récréatives pour enfants et adolescents handicapés).
[Traduction]
Le sénateur Mobina S. B. Jaffer (vice-présidente) occupe le fauteuil.
La vice-présidente : Honorables sénateurs, nous poursuivons ce soir notre étude sur les politiques et les programmes du gouvernement fédéral ayant trait à la participation des personnes handicapées aux activités sportives et récréatives, l'accent étant mis sur les besoins des enfants et adolescents de moins de 25 ans, ainsi que sur les obligations du Canada découlant de l'article 35 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies.
Au cours de la dernière séance, nous avons entendu le témoignage de fonctionnaires du gouvernement qui nous ont aidés à comprendre la situation actuelle à cet égard. Aujourd'hui, nous allons entendre celui d'experts du domaine et de personnes qui participent au travail de première ligne.
Pour notre premier groupe de témoins, nous avons le plaisir d'accueillir Robert Steadward, fondateur et président honoraire du Steadward Centre for Personal and Physical Achievement; Mary Law, professeure, École de sciences en réhabilitation/Centre CanChild pour la recherche sur les incapacités infantiles, Université McMaster, et Jill Le Clair, présidente-fondatrice du Global Disability Research in Sport and Health Network.
Robert Steadward, fondateur et président honoraire, The Steadward Centre for Personal and Physical Achievement : Merci de votre aimable invitation à participer à un événement très intéressant et très spécial. Je veux essayer de préparer le débat de mon point de vue particulier, et je ne vais faire que quelques brèves observations.
J'ai eu l'occasion de lire les comptes rendus des délibérations du comité. Je les ai trouvé extrêmement intéressants, même si certains des sujets abordés m'ont un peu troublé. Je travaille auprès de personnes handicapées depuis 45 ans, et j'ai trouvé que certaines choses n'étaient peut-être pas tout à fait ce qu'elles semblaient être. J'espère que nous pouvons en parler aujourd'hui.
Comme je l'ai dit, j'ai consacré les 45 dernières années de ma vie au travail auprès de personnes handicapées. Je l'ai fait de deux points de vue. Le premier, c'est celui d'un poste dans une université, dans le cadre duquel j'ai fait beaucoup de recherches dans un centre qui s'appelle le Steadward Centre. Habituellement, les gens attendent que vous soyez morts avant de donner votre nom à un centre, mais peut-être qu'ils essaient de me dire quelque chose. J'ai aussi fait du travail à l'échelle internationale, puisque je fais partie des membres fondateurs du Comité international paralympique et que j'ai contribué au regroupement du Comité international paralympique et du Comité international olympique. Ainsi, nous avons pu apporter une contribution assez importante dans le domaine du sport à l'échelle internationale d'un point de vue intégré.
Il nous reste du travail à faire dans un certain nombre de domaines. Premièrement, je constate que beaucoup de gens qui travaillent dans le domaine au sein du gouvernement n'ont que très peu travaillé auprès de personnes handicapées ou ne l'ont jamais fait. Les gens que je considère comme des experts à l'échelle nationale ou internationale et qui peuvent conférer une très grande crédibilité à ce que nous essayons de réaliser n'ont pas participé à bon nombre de réunions qui ont eu lieu au fil des ans.
Deuxièmement, nous parlons assez souvent des emplois pour les personnes handicapées, et nous avons toujours envisagé l'activité physique et le mode de vie comme des précurseurs de l'emploi. Si on n'est pas en forme, si on n'est pas en santé, si on n'a pas un bon mode de vie, on ne sera pas non plus un très bon employé.
Il est très difficile de comparer le sport de haut niveau et l'activité physique régulière ainsi que l'acquisition d'aptitudes par les jeunes enfants et les jeunes ayant un handicap. Nous mettons beaucoup l'accent sur un très petit nombre de gens au pays, et pourtant, la majeure partie de la population des personnes handicapées est assez marginalisée. Nous parlons du fait que les personnes handicapées sont marginalisées par rapport à la population qui est apte, alors qu'il y a aussi des personnes handicapées qui sont marginalisées par rapport à la population des gens handicapés.
Troisièmement, beaucoup de fonds ont été consacrés au sport de haut niveau, surtout par l'intermédiaire du Comité paralympique canadien, des organisations nationales dans le domaine du sport et ainsi de suite. Nous croyons qu'il y a un besoin encore plus grand d'offrir des ateliers et un soutien indirect aux entraîneurs, aux enseignants, aux instructeurs et aux parents qui ont besoin de s'informer et de connaître les activités qui ont trait à la mise en forme et au mode de vie et qui sont offertes aux personnes handicapées. Nous avons connu beaucoup de succès à cet égard au Steadward Centre en Alberta.
Il y a un lien qui manque entre les possibilités et les fonds offerts par le gouvernement et les organisations nationales, que ce soit des organisations du domaine du sport ou non. Il y a un autre lien manquant important entre les jeunes ou les enfants qui ont un handicap et les gens qui travaillent dans le domaine.
Nous avons tendance à utiliser le modèle médical. N'oubliez pas que bon nombre de personnes qui deviennent handicapées ne vont jamais à l'hôpital. Comment peuvent-elles savoir quels sont les programmes communautaires offerts? C'est la raison pour laquelle nous n'insistons pas trop, au Steadward Centre, sur les programmes scolaires autant que nous le faisons dans les collectivités, parce que les écoles n'ont pas les ressources, du point de vue professionnel, pour s'occuper de cela.
Il y a plusieurs autres problèmes. Le coût en est un; nous pourrions parler d'un allégement fiscal. Les parents n'ont pas besoin de payer moins d'impôt dans 11 ou 12 mois. Ils ont besoin d'argent maintenant pour payer les frais du programme dans lequel ils veulent inscrire leur enfant. C'est un détail, mais c'est parfois quelque chose qui dissuade les parents auprès desquels nous travaillons. Notre programme pour les enfants, qui s'adresse aux enfants de quatre à 16 ans, comptait au départ 20 participants, et il y en a maintenant plus de 500. Nous avons été en mesure d'offrir un programme qui ne coûte rien aux gens grâce à nos initiatives de collecte de fonds.
Les différences entre les sexes ont toujours été une préoccupation importante. Comme je n'ai élevé que des filles, j'ai toujours eu à travailler auprès de deux filles qui me disent quoi faire. Je pense qu'il faudra probablement offrir aux femmes autre chose que ce qui est habituellement offert aux hommes dans bien des cas dans le domaine du sport, parce que les possibilités qui s'offrent aux jeunes, aux enfants et aux gens âgés ne sont pas les mêmes pour les femmes que pour les hommes, parce que celles-ci n'entrent pas dans le moule que nous avons créé dans le temps.
Mary Law, professeure, École de sciences en réhabilitation/Centre CanChild pour la recherche sur les incapacités infantiles, Université McMaster, à titre personnel : Merci beaucoup de l'invitation; je suis heureuse d'être ici aujourd'hui. J'aimerais axer mes remarques sur les résultats de plusieurs vastes études de recherche que nous avons réalisées à CanChild, à l'Université McMaster, au cours des dix dernières années. Je veux mettre en lumière quelques- unes de nos conclusions.
Nous nous sommes penchés sur la participation aux activités de récréation, de loisir et de sport. Nous avons constaté que les enfants et les jeunes qui ont un handicap, peu importe le diagnostic, sont plus limités dans leur participation aux activités sociales, aux activités récréatives et aux activités physiques et sportives, à l'école comme dans la collectivité.
Nous avons aussi constaté que leur diagnostic est un facteur de prédiction moins important de leur taux de participation que leur capacité fonctionnelle ou que le nombre de leurs affections et problèmes de développement. Les capacités fonctionnelles d'un enfant ou d'un jeune déterminent sa participation, mais pas le diagnostic en tant que tel.
Dans le cadre d'une étude que nous venons tout juste de terminer au Canada et aux États-Unis avec des collègues de Boston, nous avons constaté l'existence de différences marquées entre les enfants et les jeunes qui ont un handicap et les autres au chapitre de la participation à des activités communautaires précises. Je vais donner plusieurs exemples : 37 p. 100 des enfants et des jeunes qui ont un handicap ne participent jamais à des activités physiques organisées, comparativement à 10 p. 100 de ceux qui n'ont pas de handicap; 24 p. 100 ne participent jamais à une activité physique libre dans la collectivité, comparativement à 2 p. 100 de leurs pairs; enfin, 73 p. 100 des enfants et des jeunes qui ont un handicap ne participent jamais aux activités d'organisations, de groupes et de clubs dans la collectivité, comparativement à 57 p. 100 de ceux qui n'ont pas de handicap.
Nous nous sommes également penchés sur la participation aux activités récréatives et physiques chez les personnes qui ont dépassé l'âge de l'enfance et de la jeunesse; la participation diminue pendant l'adolescence, tandis que la participation à des activités sociales augmente. La tendance est la même chez tous les enfants et jeunes, avec ou sans handicap.
Les garçons qui ont un handicap participent davantage à des activités physiques, tandis que les filles participent davantage à des activités sociales, qui font appel à certaines aptitudes. La tendance est la même chez les enfants qui n'ont pas de handicap.
Lorsque nous avons envisagé les facteurs de prévision du taux de participation, nous avons constaté que la famille est un élément crucial. Les enfants et les jeunes participent davantage si les membres de leur famille prennent part à des activités sociales et récréatives. Ceux qui sont issus d'une famille à revenu élevé et ceux qui jouissent d'un bon soutien au sein de la famille et de la collectivité participent également davantage.
Nous avons également réalisé une étude portant sur les priorités des jeunes. L'étude a été effectuée auprès de 203 jeunes atteints de paralysie cérébrale. Elle portait sur les obstacles à la participation que ces jeunes ont cités le plus souvent en ce qui a trait au loisir actif, à la mobilité, à l'école et à la socialisation.
Au chapitre de la participation, nous nous intéressons de près à ces facteurs qui la favorisent ou qui y nuisent, surtout ces facteurs qui font partie du milieu communautaire. Les facteurs environnementaux peuvent favoriser la participation ou y nuire. Ce n'est pas toujours l'environnement physique qui est la source la plus importante d'obstacles; dans bien des cas, ce sont les attitudes ou c'est le manque de soutien.
Nous constatons que l'accès est assurément un problème. L'étude que nous avons réalisée récemment montre que 36 p. 100 des familles font état d'un manque d'accès aux programmes et services, comparativement à 3 p. 100 chez les enfants qui n'ont pas de handicap.
Une étude intéressante effectuée dans plusieurs pays de l'Union européenne a révélé des différences importantes au chapitre de la participation aux activités récréatives, de loisir et de sport dans neuf régions européennes. L'étude portait sur les caractéristiques sociales et législatives qui sont à l'origine de ces différences.
Un certain nombre de choses peuvent être faites pour favoriser la création de collectivités et de milieux qui sont propices à la participation. Il existe un besoin de politiques d'inclusion qui permettent d'offrir des occasions de participation aux enfants et aux jeunes, peu importe leur handicap. Ces politiques peuvent avoir pour effet d'accroître la disponibilité et la qualité des installations et des programmes accessibles à tous.
Les familles ont besoin d'information. Il est difficile pour elles de trouver des ressources concernant les choses auxquelles elles peuvent participer et la façon d'obtenir du soutien. Nous savons que la famille joue un rôle essentiel en ce qui a trait à la participation de l'enfant. Faire en sorte que les infrastructures communautaires soient le fruit d'une conception universelle est important, tout comme la promotion d'alliances stratégiques entre les organisations comme les municipalités et le YMCA.
Il faut réduire au minimum les obstacles structurels dans les collectivités. Ces obstacles ont trait à l'accès, aux coûts, aux transports, au soutien offert et aux mesures de soutien organisationnelles.
Jill Le Clair, présidente-fondatrice, Global Disability Research in Sport and Health Network : Bonjour, sénateurs, membres du comité parlementaire, mesdames et messieurs. Merci de nous avoir invités à participer à cette audience du comité. Je suis heureuse de constater que les parlementaires canadiens ont les mêmes préoccupations que nous au sujet des problèmes d'inclusion et d'élaboration de programmes sportifs et récréatifs pour les enfants et les jeunes dans le contexte de la convention des Nations Unies.
Je suis anthropologue, et je m'intéresse depuis longtemps au contexte culturel de l'activité sportive et physique. Je mène des recherches et je publie dans le domaine de la sociologie du sport depuis plus de 20 ans; plus récemment, dans le domaine de la participation des personnes handicapées au sport de compétition à l'échelle internationale, au sein duquel je m'intéresse aux nageurs paralympiques de haut niveau. Mon expérience, pour ce qui est des résultats des expériences des athlètes, ressemble beaucoup à ce qu'a décrit Mary Law.
Je menais une vie active jusqu'au moment précis où une voiture a embouti le côté de celle où je prenais place, ce qui a causé chez moi une lésion de la moelle épinière. Cette blessure a exigé une intervention de fusion des vertèbres et d'installation d'une plaque de métal et de quatre vis, d'où mon allure de zombie avec l'appareil. Cependant, ma participation à des activités physiques a contribué au fait que je sois ici aujourd'hui. J'ai l'impression d'appartenir à deux cultures, puisque j'ai vécu dans les deux mondes.
Comme vous avez reçu des exemplaires de mon survol de l'histoire des personnes handicapées dans le sport, je ne vais pas parler des différents sports comme les Jeux olympiques des sourds, les Jeux paralympiques et les Jeux olympiques spéciaux.
Ce qui est important, à l'égard de la convention de l'ONU, c'est qu'elle symbolise un changement par rapport aux anciens modèles relatifs aux handicaps utilisés pour établir les politiques et les pratiques. À l'origine, il y avait la responsabilité familiale et le modèle de la charité, puis le bien-être social après la Seconde Guerre mondiale. Le modèle médical est encore en vigueur dans de nombreux pays où la société crée ou définit les handicaps. Il y a aussi le modèle axé sur les droits de la convention.
L'activité physique et le mouvement font partie de la vie de tous les jours. Il est important que les enfants et les jeunes qui ont un handicap aient la possibilité de participer. Dans le passé, les enfants étaient exclus de la partie. L'inclusion continuera de faire partie des attentes au cours de la vie adulte et dans le monde du travail. À l'heure actuelle, avoir un emploi et gagner de l'argent sont des gages d'indépendance et d'intégration sociale. Les personnes handicapées sont soit sous-employées soit au chômage. L'argent est un élément clé de toute discussion sur l'un ou l'autre des aspects de ces questions.
Le sentiment d'appartenance et le droit d'être inclus varient en fonction de chaque personne handicapée qui lutte pour se faire une place au travail et qui doit négocier les mesures d'adaptation qui seront prises pour elles.
Il y a dans le monde 650 millions de personnes qui ont un handicap. Beaucoup de pays, dont le nôtre, ont une population vieillissante et en déclin qui met en lumière les questions pressantes de l'accès, du soutien et de l'importance de favoriser le plus possible les activités qui contribuent à la santé dès le plus jeune âge. Il y a beaucoup de chiffres différents sur les handicaps, comme il y a beaucoup de critères pour définir ce qu'est un handicap. Revenu Canada a un ensemble de critères, tandis que le RPC, Statistique Canada, les compagnies d'assurances, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes et les personnes handicapées en ont d'autres.
Les personnes — dont des Canadiens — qui cherchent ardemment à faire adopter la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies ont arrêté d'essayer de définir le terme « handicap » et ont décidé que la convention engloberait toutes les formes de handicaps. Pour moi, il s'agit d'un point important.
Les choses qui sont présumées au sujet de la normalité et du fait que tout le monde est normal sont inexactes. On dit souvent que la perfection est un concept religieux, et non une réalité terrestre, et je dirais que l'idée d'une personne « normale » est artificielle et que plus la diversité et la différence seront reconnues rapidement, plus les choses seront faciles pour nous tous. L'un des problèmes, dans le contexte de la recherche, c'est que, en dehors des « normes médicales », la recherche en sciences sociales, c'est-à-dire en sociologie, en anthropologie et en psychologie, part de l'hypothèse selon laquelle les sujets observés « fonctionnent » tous normalement. Tous les étudiants au baccalauréat apprennent qu'il est important d'inclure des variables liées à l'âge, au sexe, à la race, à l'origine ethnique et au statut socioéconomique ou à la classe sociale. Cependant, la capacité physique et la mobilité sont présumées, même lorsqu'il y a en réalité des différences. Il est présumé que toutes les personnes ici présentes voient, entendent et sont capables de rester assises pendant une période prolongée, alors que, en fait, il se peut qu'il y ait plusieurs personnes qui portent des lunettes, des verres de contact, un appareil auditif, un appareil orthopédique ou une orthèse, ou encore prennent des médicaments pour un problème de santé physique ou mentale. Certaines personnes peuvent cacher leur handicap, alors que d'autres ne peuvent pas le faire.
Les politiques d'exclusion peuvent prendre de nombreuses formes, subtiles ou non. L'accroissement de la sécurité a donné lieu à la création de nouveaux obstacles et à de nouvelles difficultés, comme c'est le cas ici aujourd'hui. L'inclusion peut prendre de nombreuses formes, et Mme Law et M. Steadward en ont abordé certaines : la documentation, l'affichage, l'aide ou le soutien fourni par des personnes sur le plan financier, l'éducation et la formation, les programmes d'enseignement — qui posent une difficulté importante —, les politiques et les pratiques.
Le gouvernement fédéral peut adopter des politiques et proposer des pratiques constituant un cadre que les responsables de l'administration des activités sportives, les éducateurs et les athlètes peuvent invoquer. Ensuite, les paramètres que la convention de l'ONU définit comme étant essentiels peuvent être appliqués. Des initiatives provinciales comme la Loi de 2005 sur l'accessibilité pour les personnes handicapées de l'Ontario sont importantes; cependant, d'autres initiatives favoriseraient le changement. L'échéance de 2025 pour la conformité semble très loin aux yeux de nombreux membres du milieu des personnes handicapées, y compris les militants de 2025. J'espère que le comité sera en mesure d'appuyer le changement en vue de l'inclusion dans les sports de haut niveau et les activités récréatives à l'échelon provincial et local : l'éducation physique, les terrains de jeu et les activités dans les parcs et dans les sites touristiques.
Permettez-moi un commentaire général. Dr Seuss, dans Le chat chapeauté, écrit ce qui suit à propos de deux enfants — mais cela s'applique à tous les enfants :
Ce jour-là, il pleuvait.
Il faisait froid et mauvais.
Impossible d'aller dehors, il pleuvait encore et encore.
Tout ce qu'on pouvait faire, c'était rester assis. Assis! Assis! Assis!
C'était à mourir d'ennui.
Quelle plaie, cette pluie!
Les Canadiens ont été innovateurs pour ce qui est d'apporter des changements au Canada et à l'échelle mondiale. M. Robert Steadward est à l'origine de la création par des organisations sportives de personnes handicapées des Jeux paralympiques en 1989. Terry Fox et Rick Hansen ont eu une influence mondiale dont nous ne sommes pas conscients ici, au Canada. Ils ont modifié les perceptions à l'égard des capacités physiques des athlètes handicapés et remis en question la résignation face à l'inaccessibilité de certains milieux. Le travail accompli par ces personnes a modifié ce qui était présumé dans le passé, à l'époque où les capacités des personnes dont le corps est différent étaient sous-estimées. Une personne et un comité peuvent changer les choses.
Comme dans tous les sports, il y a divers modèles et différentes façons de favoriser l'inclusion. L'une de ces façons, c'est d'encourager et de promouvoir la participation des personnes handicapées aux activités sportives auxquelles prend part la population en général, ce qui n'était pas fait dans le passé. Le passage des activités pour les personnes handicapées aux activités sportives fait partie du processus d'intégration à la population en général.
Le travail que je fais auprès de Natation Canada a montré très clairement que, dans certains cas, les initiatives précèdent l'adoption de lois. La natation en offre un exemple. En 1993, Natation Canada a rédigé un protocole d'entente visant à rassembler les athlètes handicapés et les autres athlètes. Nous l'avons fait dans le but de créer une situation où, plutôt qu'il y ait quatre équipes distinctes d'athlètes ayant des handicaps différents qui participent à des compétitions à l'échelle internationale, les nageurs se concentreraient sur le sport en soi et sur la façon dont ils pourraient pratiquer leur sport pour créer une seule équipe canadienne comptant parmi ses membres des personnes ayant différents handicaps. Le but était que les athlètes handicapés et les athlètes olympiques finissent par faire partie de la même équipe avec le temps.
On a rassemblé les athlètes petit à petit; ça ne s'est pas passé en six mois ou en un an. Cela a commencé par le protocole de 1993 et ça s'est poursuivi jusqu'en 2004. C'est un modèle qui a bien fonctionné. Toutefois, comme c'est souvent le cas, il a fallu du temps.
Nous devons veiller à ce que les personnes handicapées aient la possibilité d'organiser des activités sportives et récréatives spéciales, de les mettre au point et d'y participer. À cette fin, nous devons favoriser la prestation équitable par rapport aux autres d'instruction, de formation et de ressources adéquates.
Je sais que ce n'est pas la même chose, mais il y a des exemples où le sexe devient l'élément prioritaire d'activités sportives auxquelles participent les femmes et les filles. Les filles disent qu'elles veulent jouer au hockey féminin, et il n'y a pas de mal à cela, et il y a des cas où c'est tout à fait approprié. Pour le faire, il faut soutenir les organisations qui appuient les activités pour les personnes handicapées, par exemple le Comité paralympique canadien. À titre d'exemple, beaucoup de gens sourds ne veulent pas être associés aux personnes handicapées; ils ne voient pas la surdité comme un handicap. Ils disent qu'il y a une culture des Sourds, et, si vous lisez à ce propos, vous constaterez que le mot « sourd » prend la majuscule, ce qui signifie qu'ils sont différents et autonomes et qu'ils veulent organiser leurs propres événements sportifs.
Dans certains cas, il est préférable d'organiser des compétitions différentes dans les domaines où il peut y avoir de l'équipement différent, par exemple les fauteuils roulants, ou encore des modifications des règles. En natation, en fonction du handicap, il peut être plus approprié que le départ soit en position assise ou se fasse dans l'eau. Les règles en tant que telles sont les mêmes, mais il y a une modification quant au départ de la course en soi.
La troisième chose, c'est de s'assurer que les personnes handicapées ont accès à des endroits où ils peuvent faire des activités sportives et récréatives et du tourisme. Je pense que nous sommes tous au courant de ces questions.
Nous devons également nous assurer que les enfants handicapés ont le même accès que les autres à la participation aux activités ludiques, récréatives, de loisirs et sportives, y compris à l'école. M. Steadward a parlé des problèmes qui se posent dans les réseaux scolaires, où les écoles veulent s'assurer que tous les élèves suivent un programme d'entraînement complet.
Il faut du temps pour que les choses changent. Je veux citer en exemple la faculté de l'éducation physique et de la santé de l'Université de Toronto. Cette faculté avait des plans d'action qui allaient de 2007 à 2010, dans le cadre desquels les responsables ont dressé la liste des changements à apporter, dans des catégories comme les installations, les programmes d'études et la pédagogie. Ils ont dressé une liste de buts, d'obstacles, d'initiatives et de mesures attendues, et la liste précisait qui était responsable de telle ou telle initiative, la date visée, le coût et la date d'achèvement. C'était un projet à long terme visant à faire en sorte que les diplômés de la faculté puissent apporter leurs connaissances et ce qu'ils avaient appris dans le domaine de l'éducation ou dans les autres domaines où ils allaient travailler.
Les étudiants doivent suivre des cours sur l'inclusion dans les activités et les sports, et tout le personnel doit suivre une formation sur la compréhension des handicaps et doit apprendre les pratiques d'inclusion pour ce qui est de l'activité physique en regardant un film didactique. Les étudiants suivent des cours obligatoires qui portent sur l'équité et l'éducation physique adaptée. Nous ne voyions rien du genre dans la plupart des universités il n'y a pas si longtemps.
Le dernier point que je veux aborder concerne le fait de s'assurer que les personnes handicapées ont accès aux services des personnes qui participent à l'organisation d'activités récréatives, touristiques, de loisirs et sportives. Ainsi, il est possible d'accéder à un centre à l'extérieur dans un parc ou à la campagne. Même en ville, nous constatons qu'il n'y a pas dans les parcs de sentiers auxquels les personnes qui se déplacent en fauteuils roulants ou qui utilisent une canne peuvent emprunter. Dans bien des cas, l'accès exige des modifications, des adaptations et des dépenses supplémentaires qui, selon moi, devraient être incluses dans le budget. En même temps, le besoin de formation et d'éducation est évoqué chaque fois que nous organisons des ateliers dans ces domaines.
Je pense qu'une partie du problème réside dans le fait qu'il y a un certain malaise à notre époque de rectitude politique, car les gens hésitent parfois dans le choix des mots à utiliser et par rapport à ce qu'ils devraient dire. Certaines personnes pensent qu'il est plus poli d'utiliser le terme « handicapé », et elles deviennent mal à l'aise, ne savent pas quoi dire ou essaient de faire semblant de ne pas avoir remarqué qu'une personne est en fauteuil roulant. Toutes ces choses font que la discussion concernant certains de ces aspects de l'élaboration de pratiques et de politiques d'inclusion est un peu malaisée. C'est une chose qui doit faire partie du débat concernant ces questions.
Le sénateur Kochhar : Merci.
À titre de préambule, avant de poser mes questions, je veux dire que nous avons fait beaucoup de chemin depuis 30 ans, depuis l'époque où nous disions « personnes infirmes » ou « athlètes infirmes » pour parler de certaines personnes. C'était très courant. Comme Canadien, je suis très fier que le Canada joue un rôle de chef de file dans la promotion de la cause des personnes ayant un handicap physique, que ce soit dans les écoles ou chez les athlètes d'élite.
Le sénateur Munson a fait beaucoup de choses pour convaincre le gouvernement fédéral de financer le Comité paralympique canadien et les Jeux olympiques spéciaux du Canada. Je lui tire mon chapeau pour les efforts constants qu'il déploie depuis de nombreuses années.
Vous avez tous les trois abordé des questions d'ordre général. Je veux savoir quels sont vos programmes à l'heure actuelle, où vous avez obtenu le financement et si vous êtes au courant du financement que le gouvernement fédéral offre. Jusqu'à il y a deux semaines environ, je n'étais pas au courant de tout le financement offert, et je suis dans le domaine de l'aide aux personnes handicapées depuis plus de 30 ans.
Pouvez-vous mettre au point de nouveaux programmes? Le cas échéant, quel genre de nouveaux programmes pouvez-vous mettre au point pour aider les jeunes handicapés à prendre part à des activités physiques et à des sports? Vous savez que le Comité paralympique reçoit beaucoup de financement; le gouvernement vient juste de lui donner cinq millions par année pour les cinq prochaines années. Je ne suis pas trop inquiet à l'égard du fait que nos athlètes paralympiques arrivent à faire beaucoup de choses de plus qu'il y a un an avec un financement de moins de 1 million de dollars. Maintenant, ils sont passés de 1 million à 5 millions de dollars.
Les sports et la santé relèvent des provinces. De quelle façon le gouvernement fédéral peut-il collaborer directement avec des organisations comme le Steadward Centre for Personal and Physical Achievement, le Variety Village, et cetera? Bon nombre d'autres centres dans beaucoup de grandes villes ne reçoivent de financement ni du gouvernement fédéral ni du gouvernement provincial. De quelle façon le gouvernement fédéral peut-il participer à la mise en place de meilleurs programmes et les financer en collaboration avec les gouvernements provinciaux?
M. Steadward : Merci beaucoup, sénateur Kochhar. Il existe beaucoup de programmes au pays. En 1986, j'ai animé les Discussions de Jasper. À l'époque, un certain nombre de professionnels qui dirigeaient des programmes pour les personnes handicapées trouvaient qu'ils ne connaissaient pas bien certains des autres excellents programmes qui étaient en place dans notre grand pays. Cet événement a réuni « les grands penseurs canadiens » à Jasper. Il s'agissait de gens qui dirigeaient les programmes pour les personnes handicapées. L'Alliance de vie active a été créée à l'issue de ce symposium, ainsi que d'autres programmes de sport, d'activités récréatives et de loisirs.
Il y a de nombreux programmes. Malheureusement, je crois que nous ne communiquons pas de façon très efficace ni très approfondie avec les parents et la famille des enfants qui ont un handicap. Nous ne communiquons pas de façon efficace avec d'autres professionnels, avec les universités et avec les gouvernements.
Lorsque j'ai créé le Steadward Centre for Personal and Physical Achievement en 1978, ce qui me préoccupait, c'était que les personnes handicapées n'avaient nulle part où acquérir les aptitudes dont elles ont besoin pour l'éducation, le sport et le choix d'un mode de vie et pour devenir plus autonomes.
Le centre dépend d'efforts qui sont déployés chaque année pour amasser des fonds. Le budget n'est pas très gros; il est de moins de 1 million de dollars, mais nous constatons qu'il manque quelque chose dans nos programmes. Il s'agit de programmes accessibles, mais il faut que d'autres professionnels aient l'occasion de suivre une formation afin d'être en mesure de s'occuper de jeunes enfants et de les aider à devenir plus autonomes. Nous avons besoin d'un plus grand nombre de personnes formées et capables d'aider les enfants à participer à des activités physiques et de les aider à se préparer à étudier et à travailler.
J'ai lu quelque part que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux tiennent des réunions. Le message n'est tout simplement pas diffusé. Les gens qui participent à ces réunions ne connaissent pas nécessairement tous les bons programmes qui existent; ainsi, ils ne savaient pas quoi faire. Je pense que, si les bonnes personnes étaient choisies soigneusement, vous constateriez qu'il y a d'excellents programmes un peu partout au pays, qu'il s'agisse de Variety Village ou de ce que Mary Law et Jill Le Clair font. Peut-être est-il temps que nous fassions un bilan et que nous déterminions l'orientation que nous voulons nous donner. Il y a énormément de choses qui manquent dans la vie de tous les jours des personnes handicapées.
Le sénateur Kochhar : Si l'on ne connaît pas les programmes qui peuvent être mis au point, on ne peut pas demander d'aide, parce que les gens dans la rue ne savent pas quels sont les besoins. On ne peut rien financer à moins de connaître les besoins. Je veux avoir la liste de vos programmes. Vous avez dit que vous avez un budget de 1 million de dollars qui vient principalement de la collecte de fonds dans le secteur privé. Est-ce que vous recevez de l'aide du gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral? Sinon, pourquoi et comment pouvez-vous en obtenir?
M. Steadward : Comme vous, sénateur Kochhar, j'ai appris l'existence de certains fonds qu'offre le gouvernement fédéral, et je pensais que je savais où tout l'argent était, mais je ne connaissais pas l'existence de certains de ces programmes. Je pense que l'existence de ces programmes doit être connue partout au pays, et je pense que ce serait assurément utile.
Au Steadward Centre for Personal and Physical Achievement, nous avons des centres satellites, non seulement à l'université, mais aussi un peu partout dans la ville, ainsi qu'à Red Deer et à Calgary. Il y a un centre qui a coûté 125 millions de dollars en Corée et qui a été créé à l'image des programmes organisés au Steadward Centre.
Sénateur Kochhar, j'ai apporté plusieurs documents concernant le centre et nos programmes pour les enfants et les jeunes. Il y a un programme extraordinaire qui s'appelle Free to Be Me et qui a vraiment permis de créer les liens qui manquaient entre les professionnels, les écoles, les parents et les jeunes handicapés. J'ai apporté trois dossiers de présentation principaux que vous pourrez distribuer comme bon vous semble.
Le sénateur Kochhar : Est-ce que vous avez dressé la liste des programmes supplémentaires que vous pourriez mettre au point pour étendre la portée de vos activités et du genre d'aide qui est nécessaire?
M. Steadward : Oui, ces choses sont énumérées dans le plan stratégique de cinq ans. Comme je suis à la retraite depuis quelques années, je ne suis peut-être pas au courant autant que je devrais l'être.
Mme Law : Il est important de connaître les programmes offerts et de fournir de l'information au sujet de ces programmes. Je pense qu'il est aussi important d'essayer d'accroître l'accès des familles, des enfants et des jeunes qui ont un handicap aux programmes auxquels tous les membres des collectivités ont accès.
Cet exemple s'applique au YMCA, où les programmes pour tous les enfants sont maintenant d'accès universel. Les enfants et les jeunes ont des choix et des préférences. Si nous adoptons une approche personnalisée, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle en fournissant de l'information au sujet de la formation, des mesures de soutien et des ressources. Cette information n'est pas facilement accessible pour les familles et les organisations. Je pense que nous pouvons faire beaucoup de choses pour rendre le programme accessible à tous les enfants et à tous les jeunes dans toutes les collectivités.
Mme Le Clair : Je pense que la question des programmes existants et de l'accès à ces programmes est importante. La difficulté réside en partie dans le manque de formation et de connaissance.
Je suis membre d'un YWCA de Toronto, et je vais y nager. Les services sont déficients à beaucoup de piscines de Toronto. Je sais que c'est la grande et méchante Toronto, mais les services sont déficients dans les piscines et ainsi de suite. C'est la raison pour laquelle le Toronto Sports Council a déployé des efforts concertés de sensibilisation au manque de services, que les gens trouvent incroyable dans une ville comme Toronto.
La piscine n'a pas de marches pour que l'on puisse y entrer comme il y en a dans les piscines plus grandes, alors on y a installé un petit siège au-dessus de l'eau. Lorsque j'ai su que j'allais venir témoigner devant le comité, je me suis dit qu'il fallait que je l'essaie. Il est difficile d'entrer dans la piscine, mais j'arrive à agripper les barreaux et à descendre l'échelle. Toutefois, cette fois-ci, je me suis dit que j'essaierais la chaise. J'ai dit au sauveteur : « J'aimerais utiliser la chaise. » Il a eu l'air un peu mal à l'aise, et il a dit : « Désolé, elle est brisée. »
J'ai demandé ce qui se passait au mari d'une femme amputée. Il m'a dit que les sièges qui permettent d'entrer dans la piscine sont électriques et que les responsables de la piscine doivent installer un moteur sous les tuiles autour de la piscine loin de l'eau pour que ce soit sécuritaire. Apparemment, le moteur utilise une batterie qui cesse tout le temps de fonctionner à cause de l'humidité de la piscine. J'ai dit que de nombreux enfants et adultes aimeraient utiliser cette chaise pour entrer dans la piscine. Souvent, la piscine est inaccessible en raison des plages horaires limitées qui sont réservées au bain libre. L'horaire prévoit beaucoup plus de temps pour les longueurs et les cours de natation.
L'homme à qui je parlais m'a ensuite dit qu'il y a d'autres piscines où c'est un levier mécanique qui est utilisé pour faire entrer les gens dans l'eau. Ce mécanisme fonctionne toujours, parce qu'il n'utilise pas d'électricité pour fonctionner. J'ai remercié l'homme en question de l'information utile qu'il m'a fournie.
C'est ce genre de mesures d'adaptation, l'installation d'un levier manuel, qui fait en sorte que les enfants et les adultes peuvent participer lorsqu'il est difficile d'entrer dans la piscine. Je dirais que beaucoup de choses du genre se font.
À Toronto, les gens disaient à la fin des années 1980 que les filles n'étaient pas intéressées par le hockey sur glace. La raison pour laquelle les filles ne se présentaient pas, c'est qu'elles ne savaient pas qu'elles avaient la possibilité de participer à des parties de hockey. Dès que la Ville de Toronto a dit que les filles et les femmes pouvaient apprendre à jouer au hockey de façon récréative, les chiffres ont augmenté. L'une des raisons pour lesquelles il n'y a pas beaucoup de gens qui s'inscrivent à ces programmes, c'est qu'il manque des choses simples pour les rendre accessibles et que les gens ne se sentent pas les bienvenus. J'appuie cette idée concernant l'éducation, et, à l'Université de Toronto, on essaie de faire passer le message aux gens qui finissent par s'inscrire à un club sportif commercial, à une salle d'entraînement, ainsi que dans les écoles et ailleurs. On insiste là-dessus.
Variety Village offre des services à beaucoup d'enfants, et plusieurs athlètes paralympiques canadiens qui ont décroché une médaille d'or sont passés par ce programme. L'organisation lutte pour obtenir du financement et cible les personnes qui n'ont pas de handicap pour accroître ses revenus. Il y a un manque de personnel très important. Le modèle a été reproduit dans d'autres pays, mais c'est difficile. Je dirais que ce serait en haut de la liste des choses à envisager.
Un problème dont j'ai constaté l'existence dans le cadre de mes travaux de recherche, c'est que beaucoup de familles ne savent pas à qui s'adresser. Archie Allison, qui s'occupait de la sensibilisation à Variety Village, a dit la même chose : les familles font face à des difficultés. Quand un enfant se blesse, la famille avance à tâtons et consacre beaucoup de temps et d'énergie à chercher de l'aide. Les familles ne savent pas à qui s'adresser pour obtenir de l'aide.
L'idée de M. Steadward qui est de rendre l'information accessible rendrait service aux familles en raison des coûts supplémentaires liés au fait d'avoir un enfant handicapé. Je constate dans bien des cas que la mère travaille moins pour pouvoir aider l'enfant dans ses activités. Cette réduction de l'activité au travail a pour conséquence que le revenu familial est réduit encore davantage, puisqu'une seule personne continue de travailler à temps plein. Les problèmes d'argent créent toute une série de problèmes liés à l'enfant qui a un handicap.
Nous n'en avons pas parlé avant de venir discuter officiellement avec vous, mais je trouve que la situation des personnes handicapées ne figure pas au programme très souvent lorsqu'il s'agit d'obtenir des subventions, par exemple du CRSH. Certains projets ont été financés, mais j'ai présenté deux ou trois propositions, et, une fois, la réponse que j'ai eue, ça a été : « Je fais beaucoup de choses pour aider les étudiants qui ont un handicap, mais je ne pense pas que la proposition soit appropriée, parce que vous n'avez trouvé personne d'intéressé. » Qu'est-ce que ça a à voir avec la qualité de la proposition que nous avons présentée?
L'éducation est un domaine dans lequel la plupart des gens — et je crois que Mme Law et M. Steadward seraient d'accord — qui s'occupent des problèmes liés aux handicaps jouent actuellement de nombreux rôles, et c'est assurément le cas pour ce qui est de notre réseau mondial. Les gens qui en font partie jouent leur rôle dans le milieu universitaire, mais ils jouent également presque toujours un rôle de militant, un rôle par rapport aux sports ou au rôle de sensibilisation, essentiellement pour faire connaître les problèmes qui ont trait aux handicaps, aux enfants, aux jeunes et aux sports, ce qui fait en sorte qu'ils travaillent trop. Il est parfois difficile pour eux d'entreprendre de grands projets de recherche, et ce n'est pas un domaine où il y a eu beaucoup de financement dans d'autres pays.
Ce que nous avons constaté, dans des pays comme la Malaisie, les îles Fidji ou le Kenya, c'est que, la plupart du temps, ce sont un ou deux jeunes qui font le travail. Il n'y a pas trois ou quatre chercheurs principaux avec qui travailler et auprès de qui obtenir ce genre d'information.
Je dirais qu'il faut essayer de s'assurer que des travaux de recherche sont menés sur le terrain, en lien, peut-être, avec la conférence dont M. Steadward a parlé, de façon à ce que les gens disposent du temps et des ressources nécessaires pour rassembler l'information qui aiderait les gens sur le terrain.
Le sénateur Munson : Bienvenue. L'étude que nous entreprenons arrive à point. Je comprends ce qu'a dit le sénateur Kochhar. Il a utilisé le mot « infirme » avec la connotation qu'il avait dans le passé, mais les mots de ce genre sont encore utilisés. Sur le plan psychologique, nous avons encore beaucoup de travail à faire, comme société. Lorsqu'on travaille dans le cadre des Jeux olympiques spéciaux, comme je le fais, avec des personnes ayant une déficience ou un handicap intellectuel, on entend encore le terme aujourd'hui. On entend le mot « attardé ». Cela me dégoûte lorsque j'entends quelqu'un dire ça à une autre personne. Il y a un travail à faire dans notre société pour faire disparaître ces mots, parce qu'ils blessent et affectent les gens. Même lorsque c'est pour faire une blague, ça me dérange énormément.
Je veux savoir comment est l'accès à la Colline du Parlement. Nous devons donner l'exemple. Comment trouvez- vous l'accès au Parlement? Est-ce qu'il correspond aux normes pour ce qui est d'être accueillant envers les personnes qui participent à des activités sportives ou qui viennent simplement visiter la Colline?
Mme Le Clair : Voulez-vous une réponse franche?
Le sénateur Munson : Oui.
Mme Le Clair : J'étais naïve, et cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas tenté d'accéder aux immeubles. Je savais que des mesures de sécurité étaient en place. Mon ami est venu m'aider, et nous avons réussi à m'extirper du taxi, et je me suis retrouvée dans un amas de neige. Un très gentil policier nous a indiqué qu'aucun taxi n'avait accès à la Colline. Je lui ai posé la question de savoir si nous allions être obligés de nous frayer un chemin dans la neige pour nous rendre jusqu'à l'autre immeuble auquel nous voulions accéder. Il m'a répondu : « Je crains que ce ne soit le cas. » Il semble que cela était de ma faute, car j'aurais dû me renseigner à l'avance. Il aurait été possible pour moi d'obtenir un laissez-passer spécial pour que le taxi puisse se rendre jusqu'à ma destination. J'ai cru naïvement que, si je présentais une preuve d'incapacité de l'Ontario et que j'expliquais la situation, on me laisserait passer, comme cela arrive dans de nombreux lieux sécurisés. Il arrive très souvent que les choses se passent ainsi, dans les cas où les règles ne sont pas tout à fait claires, et que vous ne savez pas ce que vous devez faire ou à quel endroit vous devez vous rendre. J'ai peut-être été mal informée, mais on m'a dit que l'unique façon de me rendre de l'autre côté consistait à emprunter la rue Wellington.
Le sénateur Munson : Ce que vous êtes en train de dire, c'est que nous avons du pain sur la planche. Tous ces immeubles sont en train d'être rebâtis. Ce sont de vieux immeubles, et ils sont sur le point de s'écrouler. Il s'agit d'un exemple typique, qui nous caractérise très bien : nous pavoisons et affirmons que nous faisons très bien les choses, mais est-ce vraiment le cas, surtout en matière d'accès aux vieux immeubles? Nous devons faire porter notre attention là- dessus. J'ai entendu parler de personnes qui sont venues sur la Colline et qui ont encore de la difficulté à localiser les rampes d'accès, à trouver des panneaux indiquant clairement la présence de rampes d'accès. Nous parlons ici du siège de notre démocratie, et nous avons du travail à faire.
Mme Le Clair : À présent, on peut se rendre sur Internet pour obtenir des renseignements concernant certains établissements. J'aurais peut-être dû faire cela, mais j'étais naïve. On peut localiser un immeuble sur une carte, et un symbole de fauteuil roulant indique qu'il est possible d'accéder à l'intérieur de l'immeuble depuis ce terrain aménagé qui se trouve devant l'immeuble ou depuis la rue. On peut élaborer une stratégie à l'avance, et il se peut que l'on doive accéder à l'immeuble en passant par l'arrière, des choses du genre.
Le sénateur Munson : Passons à un autre sujet. Est-ce que vous croyez que le gouvernement devrait nommer un ministre qui s'occuperait exclusivement des questions relatives aux sports chez les enfants et les jeunes handicapés. Il s'agit d'une question qui entre dans le champ de notre étude. Nous avons un ministre de la Condition physique et du sport amateur, on s'occupe beaucoup du sport régulier et, bien sûr, du sport pour les personnes handicapées. Je ne connais pas le chiffre exact, mais j'ai entendu dire que, au Canada, une personne sur 10, ou à peu près, était handicapée. Cela représente beaucoup de gens. Avez-vous des observations à formuler quant à la pertinence de créer un ministère distinct qui s'occuperait de ces questions?
M. Steadward : Il y a 30 ou 35 ans, je suppose que j'aurais fait valoir qu'un ministère distinct serait une bonne chose. Cependant, au fil des ans, le milieu du sport a travaillé très fort pour accroître l'intégration. Il est important que nous disposions d'un ministère, pour autant que les athlètes handicapés et les autres programmes sont traités de façon juste, équitable et uniforme. Il faut garder présent à l'esprit qu'une proportion de 14 p. 100 de notre population présente une incapacité suffisamment importante pour empêcher la participation aux activités sportives régulières au sein de la collectivité. Cela ne veut pas dire que l'on doive accorder 14 p. 100 du budget aux programmes s'adressant aux personnes handicapées dans le secteur des activités de loisirs et de sports, car dans ce secteur, les coûts initiaux sont beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont dans le secteur des activités s'adressant aux personnes non handicapées. Les frais liés au matériel et au transport sont beaucoup plus élevés. Les coûts liés aux activités de loisirs et de sport pour les handicapés sont relativement prohibitifs en comparaison avec ceux des activités pour les personnes non handicapées.
En outre, il est possible de recueillir des fonds qui contribuent à financer la formation, les installations, et cetera. Par exemple, le Comité olympique canadien profite beaucoup plus du programme olympique que du programme paralympique, et les sommes considérables qu'il génère grâce au premier sont beaucoup plus élevées que les sommes qu'il génère grâce au second. Là encore, à ce chapitre, cela n'est pas équitable. Dans le passé, certaines organisations nationales ont reçu de l'argent, mais elles l'ont investi non pas dans les programmes pour les athlètes handicapés, mais dans d'autres types d'événements. Par conséquent, nos athlètes n'ont jamais bénéficié du même type de possibilités.
Comme Mme Le Clair l'a souligné, la natation a très tôt été mise de l'avant, et il s'agissait d'un type d'activité qui était beaucoup plus facile à intégrer que, par exemple, le hockey sur luge ou le basket-ball en fauteuil roulant ne le sont pas par rapport au hockey et au basket-ball réguliers. Nous devons être prudents lorsque nous parlons d'intégration et de ségrégation, car un certain degré de ségrégation est nécessaire pour que les choses puissent se développer sur le terrain. Comment devons-nous nous y prendre lorsque nous nous rendons dans un village, dans une petite ville ou dans une grande ville, et que les enfants handicapés sont dispersés ici et là, et que vous devez les rassembler pour créer un certain genre de programme, et que vous vous heurtez à des problèmes, par exemple en ce qui concerne le transport?
Il est malaisé de comparer les deux programmes, mais pour l'essentiel, d'après mon expérience, et à la lumière de l'expansion internationale du programme paralympique, je suis tout à fait convaincu que nous avons besoin d'un ministre responsable de toutes les questions liées au sport, car le programme paralympique est en butte aux mêmes difficultés que celles auxquelles font face bon nombre de nos amis du programme olympique. Il y a environ un an, nous avons perdu l'un des meilleurs entraîneurs du monde, un entraîneur qui formait les Chantal Petitclerc de ce monde. Où se trouve-t-il à présent? Il travaille en Angleterre. Nous n'avons pas les moyens de conserver ce type d'entraîneur au sein de nos programmes. Il ne s'agit que d'un exemple, mais l'on pourrait mentionner de nombreux autres exemples de personnes qui ont quitté le pays parce qu'elles ont eu l'occasion d'aller exercer leur métier ailleurs.
Le sénateur Munson : Si nous ne disposons pas des moyens nécessaires, que devons-nous faire pour changer la situation?
M. Steadward : J'imagine que nous avons besoin d'un ministère intégré qui sait que des programmes de sport pour les personnes handicapées sont nécessaires à tous les échelons, tant à celui de la population locale qu'à celui des athlètes de haut niveau. Nous avons besoin d'un système pour préparer la relève, de programmes qui s'appuient sur les gens des collectivités pour aller de l'avant, et ces programmes n'existent pas toujours. Beaucoup d'argent est versé aux programmes visant à produire des champions olympiques, et cela est nécessaire, mais on croit que cela est suffisant et comblera tous les besoins à l'échelon de la population locale, mais ce n'est pas le cas. À ce chapitre, les choses ne bougent pas.
Il ne s'agit pas toujours d'une question d'argent — il faut de la bonne volonté, et il faut des bénévoles. Pour parler franchement et sans mettre de gants blancs, il est intéressant de constater — ce que j'ai fait de nombreuses fois — que les sports paralympiques ne sont pas très alléchants, et qu'il est difficile pour nous de susciter l'intérêt des médias autant que nous le voudrions. Les médias manifestent un intérêt de pure forme à notre égard, et cela était le cas même à Vancouver. Ce n'est qu'à la toute dernière minute qu'ils ont décidé qu'ils avaient intérêt à télédiffuser les cérémonies de clôture.
Il faut que toutes les personnes pertinentes mettent leurs idées en commun de façon ouverte et honnête, qu'elles dressent la liste des problèmes et entreprennent de les régler.
Mme Law : Je suis d'accord pour dire qu'un ministère intégré serait la meilleure solution. Dans quelques pays européens, on s'est concentré sur le fait de mener des activités à tous les échelons, de celui des gens ordinaires à celui des athlètes de haut niveau. On s'est concentré sur des questions comme l'accès universel et l'accessibilité des transports, et on a obtenu de bons résultats à ces égards. On a mis en place des ressources centrales et nationales pour fournir de l'information aux familles, pour fournir des renseignements en ce qui concerne la formation, et on a fourni du soutien financier aux familles. Grâce aux nombreuses politiques qui ont été établies là-bas, on est en mesure d'élaborer des programmes pour tous les enfants et les jeunes handicapés, tant ceux qui veulent simplement participer aux activités quotidiennes qui se déroulent dans leur collectivité que ceux qui veulent progresser et devenir des athlètes de haut niveau.
Le sénateur Munson : C'est là qu'entre en jeu la responsabilité des entreprises. J'ai assisté aux cérémonies d'ouverture et aux 10 jours de compétition des Jeux olympiques spéciaux de Shanghaï. Quelque 85 000 spectateurs ont assisté à ces jeux, où étaient représentés 120 pays et auxquels ont participé 10 000 athlètes. Il y a quelque 32 000 athlètes paralympiques au Canada. Le réseau TSN fait du bon travail — il diffuse, dans le temps des Fêtes, trois mois après les jeux, une émission préenregistrée d'une durée de une heure. Il s'agit d'une bonne émission, qui attire vraiment l'attention sur les jeux et montre de quoi il retourne, mais elle est diffusée trois mois après la tenue de l'événement. Personne ne tient vraiment à assumer les frais associés à la diffusion d'une petite partie des compétitions.
Lorsque les Jeux se sont tenus à Dublin, une station de télévision danoise diffusait chaque soir en direct une émission dont les animateurs étaient atteints d'une déficience intellectuelle, à savoir le syndrome de Down. À mon avis, il s'agissait d'une émission fascinante et captivante. L'important est non pas de montrer des personnes qui remportent des médailles, mais de montrer que des gens de toutes les parties de la société participent à des compétitions. L'important, c'est non pas de diffuser une émission à l'intention des familles des athlètes handicapés, mais de montrer ces derniers à la télévision et de sensibiliser le public.
Quel est votre point de vue quant à la responsabilité que partagent les entreprises et le gouvernement fédéral pour ce qui est de présenter à l'écran en temps opportun les athlètes atteints d'une incapacité physique ou intellectuelle?
M. Steadward : Il y a un certain nombre d'années, nous avons tenté de faire cela. Dans les années 1980, nous avons eu maille à partir avec le Comité international olympique, qui ne voulait pas traiter avec 10 ou 15 organisations sportives internationales différentes représentant chacune un type d'athlète, à savoir les athlètes sourds et malentendants, les athlètes atteints d'une déficience intellectuelle, les athlètes atteints d'un handicap physique, et ainsi de suite. Le CIO voulait que nous regroupions toutes ces organisations, mais cela était très difficile. J'ai tenté pendant des années de regrouper toutes ces organisations. En fait, le Comité international des sports des sourds faisait partie du Comité international paralympique. Nous ne sommes simplement pas parvenus à répondre à leurs besoins. Les Jeux olympiques des sourds sont d'une telle importance qu'aucune ville n'était prête à accueillir un événement d'une aussi grande ampleur. L'organisation représentant les athlètes ayant une déficience intellectuelle s'était jointe à nous, mais nous avons eu un différend avec elle durant les Jeux olympiques spéciaux de 1996 à Atlanta. Cela a créé un lot de problèmes en ce qui a trait aux principes, à la structure et à la gouvernance au sein de notre mouvement. Nous avons perdu de vue la raison même de notre existence, à savoir le fait d'offrir des possibilités à ces jeunes athlètes en voie de perfectionnement qui veulent réaliser leurs objectifs.
Par conséquent, le Comité international paralympique est resté campé sur ses positions, les Jeux olympiques spéciaux sont demeurés comme ils étaient, et les athlètes sourds et malentendants ont tenu leurs propres Jeux. Il a toujours été difficile de réunir les deux événements, et en 2015, à Toronto, deux événements distincts auront lieu. Cela est-il nécessaire? À la fin des années 1980, nous avons collaboré avec l'organisation responsable des Jeux du Commonwealth. Cette organisation a été la première à assouplir sa structure, à dire qu'elle ferait figurer au programme des Jeux des compétitions complètes pour les athlètes handicapés, et à permettre à ces derniers de défiler avec les autres athlètes de leur pays. Cependant, il ne s'agit pas d'une intégration complète, car seulement certains sports sont présentés. Il ne s'agit pas d'un programme de compétition complet — quelques sports ne sont pas à l'affiche.
Est-ce que les Jeux panaméricains et les Jeux parapanaméricains pourraient faire la même chose? Je crois que oui, mais nous devons trouver un moyen de le faire.
Le sénateur Munson : Croyez-vous que le gouvernement fédéral devrait organiser un sommet du sport? Chacune de ces organisations fonctionne en vase clos, et elles rivalisent pour obtenir du financement du gouvernement fédéral. Elles ne veulent pas demander l'aumône ou qu'on leur fasse la charité. Comme toutes les autres organisations, elles veulent de l'argent, et faire en sorte que les personnes qu'elles représentent soient présentes dans la salle, ou sur le terrain de jeux.
Croyez-vous qu'un sommet auquel participerait le ministre d'État responsable de la condition physique et du sport amateur contribuerait à rassembler tous ces groupes dans la même salle? Ces groupes défendent tous la même cause.
M. Steadward : Tout à fait, pour autant que les personnes appropriées participent au sommet.
Mme Le Clair : Au regard de votre question concernant un ministre, j'estime qu'il serait très important — et vous l'avez tous deux mentionné — que le sport soit admis dans son sens le plus vaste, ce qui englobe l'activité physique.
Au sein du milieu de la recherche et, je crois, au sein des collectivités, il existe une tendance de plus en plus importante consistant à élargir la définition traditionnelle du mot « sport », laquelle exclut souvent les filles et les femmes, car celles-ci ne pratiquent pas le rugby ou le football. Si l'on élargit la définition de « sport » pour y faire figurer les activités contribuant à l'acquisition de compétences et à l'obtention de résultats, pourquoi ne pas considérer la danse hip-hop ou le yoga comme des activités sportives?
Nous devons parfois ouvrir nos horizons. En rendant plus vaste la définition de « sport », on intégrerait les personnes et les enfants handicapés, l'activité physique deviendrait une chose que l'on pratique durant toute sa vie et qui relève du domaine de la santé, et l'on s'éloignerait de la définition de « sport » qui est parfois exclusive. Il s'agit d'un élément important — si le ministre d'État responsable de la condition physique et du sport amateur participe, il faut veiller à ce que les questions de la santé et de la condition physique soient présentes partout.
En ce qui concerne les divers Jeux, je sais que des gens commencent à travailler très fort sur cette question en collaboration avec le Toronto Sports Council. Je pense que cela serait très utile, car cela permettrait au Canada d'être représenté dans l'ensemble des Amériques. S'il était possible de financer la tenue d'un sommet sur cette question, de soutenir le sport pour les personnes handicapées ou le sport paralympique, et de lier cela aux activités qui seraient menées dans les écoles, cela serait appréciable. J'ai travaillé à monter une exposition d'art visuel ou de photos qui serait présentée dans les écoles — il s'agirait d'un moyen de faire participer les enfants, et d'amener les enseignants à discuter de ces questions.
À mon avis, il s'agirait d'une bonne occasion d'utiliser la question du sport de haut niveau en tant qu'outil d'enseignement dans les écoles et les collèges. J'espère qu'il s'agit d'un domaine dans lequel vous aimeriez que le gouvernement fédéral joue un rôle, et que l'on ne considérerait pas que, ce faisant, il empiète sur les compétences des provinces.
Le sénateur Hubley : À votre avis, est-ce que nos systèmes d'éducation et nos systèmes de santé pourraient ou devraient jouer un rôle plus important à l'égard des jeunes qui éprouvent peut-être des difficultés en raison d'un handicap? On pourrait changer des choses dans leur vie et leur fournir de l'information à ce chapitre. Comme vous l'avez mentionné, les écoles pourraient présenter des expositions qui aideraient les enfants. Je pense notamment aux petites collectivités où il n'y a peut-être qu'une seule personne handicapée, ou aux écoles qui ne sont fréquentées par aucune personne handicapée ou se déplaçant en fauteuil roulant.
Avez-vous des commentaires à formuler quant aux mesures que les établissements d'enseignement et de soins de santé pourraient prendre pour jouer un plus grand rôle à ce chapitre?
Mme Law : Je pense que le système d'éducation et le système de santé peuvent tous deux jouer un rôle très important au moment de favoriser la participation à grande échelle des enfants et des jeunes handicapés. Un certain nombre d'activités de loisirs et d'activités physiques ont lieu dans les écoles. Cependant, comme il a été mentionné, il arrive souvent que les personnes qui travaillent dans les écoles n'aient pas la formation requise pour favoriser la pleine participation des enfants.
En ce qui concerne plus précisément la communauté médicale et le domaine de la santé, je crois que les choses commencent à changer à ce chapitre. Dans le passé, on plaçait le traitement au centre des préoccupations, et on négligeait d'examiner la question du handicap d'un point de vue social; à présent, on se demande comment adapter l'environnement afin d'améliorer l'accès, et on tente de faire concorder le mieux possible la préférence d'un enfant ou d'un jeune en ce qui concerne l'activité physique et les ressources offertes par sa collectivité.
Je crois que les gens qui travaillent au sein du système de soins de santé, dans le secteur de la réadaptation et dans d'autres secteurs, peuvent fournir des renseignements et des stratégies en ce qui a trait à l'adaptation et à la modification de l'environnement en fonction des besoins des enfants, de manière à ce que ceux-ci puissent participer plus pleinement aux activités de leur collectivité.
Le sénateur Hubley : À mes yeux, la formation est un aspect important. Savez-vous si les jeunes enseignants reçoivent une formation dans le cadre de leurs études?
Mme Law : Cette formation ne représente qu'une infime partie de leur programme d'étude. Mme Le Clair a cité un programme d'éducation physique de Toronto en exemple — les programmes réguliers de formation des enseignants n'abordent que très brièvement les questions liées au handicap. Des ressources d'information, du soutien et une formation plus poussée sont nécessaires.
Le sénateur Hubley : Est-ce que les personnes handicapées qui ont eu la chance d'accéder aux programmes dont ils avaient besoin, par exemple des programmes d'encadrement et de bénévolat pour aider à attirer des gens, surtout des jeunes, participent elles-mêmes aux programmes après qu'elles en ont profité?
M. Steadward : Cela est malheureusement peu fréquent, car la plupart des athlètes handicapés ont commencé à faire du sport à un âge relativement avancé, et ils sont donc habituellement plus âgés que les athlètes non handicapés lorsqu'ils prennent leur retraite. Ils doivent poursuivre leur vie, décrocher un emploi et commencer à faire de l'argent, car ils savent qu'ils ne pourront pas gagner leur vie en devenant entraîneurs d'un athlète handicapé. À ce chapitre, les possibilités qui s'offrent aux athlètes handicapés ne sont pas les mêmes que celles dont profitent les athlètes non handicapés.
Est-ce que nous disposons des ressources humaines requises? Tout à fait. Le Canada compte quelques-uns des plus grands athlètes paralympiques, et la plupart des chefs de file à l'échelle internationale dans le domaine ont été des personnes de notre pays. À coup sûr, nous disposons des ressources, mais malheureusement, il semble que nous ne disposions pas encore des moyens pour encourager les Chantal Petitclerc de ce monde de revenir au sein du programme paralympique et d'entraîner nos athlètes. On ne pourrait pas trouver une meilleure personne pour le faire. Cela représente un certain problème.
Je suis d'accord avec ce que vous avez dit plus tôt, à savoir que l'éducation est un élément crucial. Je sais que, dans de nombreux établissements, les futurs enseignants sont tenus de suivre des cours où ils apprennent à enseigner à des personnes handicapées, mais si je mets mon autre chapeau, celui de partisan de l'intégration, je dirai que nous n'aurions pas besoin d'un cours distinct si chaque professeur et chaque enseignant abordait une question touchant le handicap dans le cadre de chacun de ses cours. Il serait préférable que les questions touchant les personnes handicapées soient intégrées à chaque cours, qu'il s'agisse d'un cours du programme ou d'un cours de philosophie, d'administration ou de finances.
Lorsque nous avons commencé à assister dans le monde entier à d'importants congrès du comité olympique portant sur le sport, je suis parvenu à convaincre les organisateurs de créer une section distincte consacrée aux sports pour les personnes handicapées. Qui venait dans cette section? Les personnes du secteur. Quant à moi, je voulais discuter avec des physiologistes de l'exercice et des médecins qui traitaient des personnes non handicapées. Nous devons intégrer ces personnes, et nous pourrons ensuite éduquer davantage les gens. Toutefois, il s'agit là de quelques-uns des obstacles qui sont difficiles à franchir.
Le sénateur Hubley : Supposons que j'aie une fille ou un fils qui s'apprête à poursuivre des études postsecondaires. Y a-t-il au Canada un centre ou une université dont les programmes sont plus novateurs que ceux des autres, et qui réussissent mieux à aider les jeunes handicapés à réaliser leurs ambitions, non seulement sur le plan scolaire, mais également sur le plan physique?
M. Steadward : Oui, un tel établissement existe.
Le sénateur Hubley : Quel serait le meilleur établissement ou celui qui vient au deuxième rang?
M. Steadward : Je vais citer mon propre établissement en exemple. À un certain moment, la faculté d'éducation physique et de loisirs comptait 10 enseignants spécialisés dans les questions liées à l'incapacité. À présent, certains ont pris leur retraite et d'autres ont quitté l'établissement, et il ne reste plus que quatre enseignants spécialisés dans ce domaine. Le Steadward Centre for Personal and Physical Achievement, un centre reconnu à l'échelle mondiale, fait partie de l'Université de l'Alberta. Le centre est doté d'un programme et d'employés, mais il pourrait perdre subitement ses employés. Si l'on perd cinq ou six employés, et que ceux-ci ne sont pas remplacés pour des raisons de nature financière, les choses deviennent difficiles. Le pays compte une poignée de bonnes universités dont les départements de médecine de réadaptation, d'éducation physique, de loisirs et de sport, sont dotés de dirigeants qui croient que le fait de s'occuper de l'incapacité constitue une priorité. Cependant, pour que cela soit le cas, il faut un champion, quelqu'un qui défend cette cause.
Mme Le Clair : Si vous jetez un coup d'œil aux campus universitaires de Toronto, vous constaterez qu'il y a des étudiants qui se déplacent en béquilles, d'autres en scooter et d'autres encore en fauteuils roulants, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ou 12 ans. Le nombre d'étudiants de premier cycle ayant un handicap est beaucoup plus élevé qu'auparavant.
Toutefois, vous constaterez que le nombre d'étudiants ayant un handicap est beaucoup moins élevé aux cycles supérieurs — M. Steadward pourrait peut-être dire quelques mots à ce sujet. Cela s'explique par le fait qu'on ne veut pas s'engager à prendre des dispositions pour répondre aux besoins de ces étudiants, et je parle ici non seulement des dispositions visant à faciliter leurs déplacements dans les immeubles, mais aussi les coûts supplémentaires liés à l'aide dont une personne handicapée peut avoir besoin, par exemple pour prendre des notes, travailler en laboratoire ou sur le terrain, et cetera. Je pense qu'il y a quelques problèmes réels à ce chapitre.
Par ailleurs, le corps enseignant compte peu de personnes handicapées. Contrairement à ce que les gens pensent — c'est-à-dire que les enseignants restent assis sur leur derrière dans leur tour d'ivoire —, l'enseignement est un métier exigeant sur le plan physique. Il faut se déplacer dans les pavillons, lesquels ne sont pas accessibles, il faut se tenir debout, et il faut transporter des livres à la bibliothèque si l'on fait de la recherche. Tout cela est exigeant physiquement. Il n'y a littéralement qu'une ou deux personnes handicapées qui assistent à la plupart des conférences auxquelles je me rends. La plupart des personnes qui ont un handicap acquis se retirent de l'enseignement. Nous avons de la difficulté à en arriver à ce dont M. Steadward a parlé plus tôt, à savoir la prise de conscience de l'importance d'avoir des gens qui ont une vision des choses quelque peu différente de celle des autres du fait qu'ils ont un handicap. Il s'agit du principe de base de la communauté des personnes handicapées : rien de ce qui nous concerne ne doit être fait sans nous consulter. Dans le passé, on nous a dicté ce que nous devions faire. Cette attitude a engendré un énorme ressentiment chez les personnes handicapées.
Le sénateur Andreychuk : Madame Law, vous avez fait allusion à votre recherche sur les enfants et les enfants handicapés, et vous avez mentionné quelques éléments qui font obstacle à la participation aux activités de sport, de loisirs, et cetera. Quel est le problème le plus important? Les recherches que j'ai consultées indiquent qu'il arrive parfois que les enfants ne participent pas aux activités de sport et de loisirs en raison du milieu d'où ils proviennent, à savoir un milieu où l'on n'accordait pas une importance primordiale aux sports et aux loisirs. Dans d'autres cas, ce sont des difficultés de nature financière qui empêchent les enfants de participer à ce type d'activités. Tous les enfants présentent certaines difficultés au moment de participer à ces activités, et il existe toutes sortes d'obstacles.
Le principal obstacle tient-il à l'incapacité physique, ou à une absence de ressources combinées à l'incapacité physique? Outre le fait de mettre le doigt sur l'incapacité, quel est le principal obstacle?
Mme Law : Il est difficile de mentionner un obstacle en particulier. Chaque enfant et chaque jeune peut se buter à divers obstacles. Cependant, de façon globale, certains obstacles sont assurément plus fréquents que d'autres. Nous avons évoqué l'absence d'information — il s'agit d'un obstacle. Nous avons évoqué le fait qu'il était nécessaire que les organisations dispensent de la formation et fournissent du soutien. Nous avons évoqué la fréquence élevée des obstacles de nature comportementale.
La question de l'accès physique est intéressante, car la recherche que nous avons menée au début des années 1990 montre que l'accès physique est un problème qui peut être surmonté. Il arrive souvent que certaines politiques adoptées par des établissements et des obstacles comportementaux entravent les améliorations au chapitre de l'accès physique. À mon avis, il existe un certain nombre d'obstacles, mais ceux que je viens de mentionner sont les plus problématiques.
Nous devons également examiner le soutien qui est offert. Bon nombre d'organisations se sont penchées sur la question de l'accès universel, et d'autres fournissent de l'information et du soutien. Les mesures de soutien de ce genre peuvent être utiles pour les familles d'enfants et de jeunes handicapés.
Mme Le Clair : Il est fréquent que l'invalidité suscite une peur de nature culturelle — dans bien des pays, on croit que l'invalidité est un châtiment de Dieu ou la manifestation d'un mauvais karma, et que tant la famille que l'enfant sont punis pour une raison ou une autre.
D'après ma recherche — menée sur un échantillon assez restreint —, dans la plupart des familles canadiennes, on explique aux enfants handicapés que leur handicap est lié à un problème de nature médicale ou biologique. Aucune faute ni aucun reproche n'est rattaché au handicap. On dit aux enfants qu'ils doivent profiter de la vie, et qu'ils ne sont pas responsables de quoi que ce soit. Il s'agit d'un aspect positif que comporte le fait pour un enfant handicapé de grandir au Canada, où il est en contact avec des enseignants, avec la communauté médicale et avec l'ensemble de la collectivité. Dans d'autres pays, les chercheurs constatent que le sentiment de culpabilité que l'on inculque aux enfants constitue un obstacle considérable à leur travail.
Le sénateur Andreychuk : Monsieur Steadward, au début de votre exposé, vous avez mentionné que vous aviez trouvé que quelques-uns des témoignages présentés précédemment au comité étaient troublants. Quant à avoir mentionné cela, pouvez-vous nous indiquer en quoi ces exposés vous ont semblé troublants?
M. Steadward : Je doute de l'exactitude de certaines observations formulées par quelques témoins en réponse aux questions qui leur ont été posées. Je n'ai pas compris quelques-unes des réponses fournies par des témoins au comité. J'ai trouvé cela quelque peu perturbant. Ces personnes ont peut-être fourni de telles réponses parce qu'elles ne savent pas ce que cela représente que de travailler chaque jour avec des personnes handicapées, ou alors parce qu'elles ne savent pas comment ou pourquoi tel ou tel financement est versé, à quoi sert ce financement et quels sont les résultats. Il s'agit de quelques-unes des choses qui me tracassent. J'ai plus ou moins dressé une liste de ces choses — lorsque j'aurai la chance de discuter avec l'une de ces personnes que je connais, Dan Smith ou une autre personne du genre, je leur en ferai part.
Comme le sénateur Kochhar l'a mentionné, nous avons fait d'énormes progrès, et nous devons être fiers du chemin parcouru. À mes débuts, en 1966, les difficultés étaient immenses. Ce que nous avons accompli est tout à fait remarquable. Cependant, nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. Nous nous sommes assis sur nos lauriers, et nous avons oublié de continuer à pousser le rocher jusqu'au sommet de la colline, et il a commencé à redescendre. Le Canada était le principal instigateur du changement à l'échelle internationale. Cependant, soudainement, grâce aux politiques qu'ils ont adoptées en matière de financement, de structures et de gouvernance, certains pays comme l'Australie et la Grande-Bretagne nous ont dépassés.
Nous avons évoqué l'idée d'un sommet, et nous nous sommes demandé ce que nous devions faire à partir de maintenant, mais nous devons aller de l'avant sans trop nous soucier de ce qui s'est produit dans le passé — nous devons mieux nous préparer pour l'avenir, pour le bénéfice des citoyens du pays.
Le sénateur Andreychuk : Nous considérons que les témoins qui se présentent devant le comité sont dignes de foi. Chacun a son propre point de vue, et c'est ce qui confère au processus de témoignage toute sa richesse.
M. Steadward : Tout à fait.
Le sénateur Andreychuk : Êtes-vous en train de dire que nous pouvons nous fier aux propos tenus par les témoins qui se sont présentés devant le comité? C'est la première fois que j'entends quelqu'un formuler un tel commentaire.
M. Steadward : Oh, je crois que oui.
Le sénateur Andreychuk : Ce que nous ont dit les témoins que nous avons entendus demeure valide — c'est bien ce que vous êtes en train de dire?
M. Steadward : Oui, mais je crois que, dans le cadre de vos discussions avec les témoins, il serait utile que vous compreniez comment ils en sont arrivés aux conclusions qu'ils vous présentent. J'estime qu'il serait utile que vous compreniez leur point de vue, et que vous leur demandiez comment ils ont recueilli les renseignements qu'ils vous présentent. Ces renseignements sont très différents de ceux dont je dispose. Je crois que, si nous avions l'occasion de tenir une telle discussion, nous pourrions aisément aplanir les divergences. À mes yeux, cela indique qu'il y a un important besoin dans l'avenir, et c'est pourquoi je suis si heureux de ce qui est en train de se produire ici. Nous recommençons à présent à nous préoccuper de questions qui touchent de près le pays et lui tiennent à cœur, et nous devons aller de l'avant pour faire en sorte que nous puissions le changer et le rendre meilleur.
La vice-présidente : Merci beaucoup de vous être présentés ici cet après-midi. Vous nous avez appris beaucoup de choses, et vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion. Je sais que nous communiquerons ultérieurement avec vous durant l'élaboration de notre rapport, et nous vous remercions de votre présence parmi nous aujourd'hui.
Nous allons passer au deuxième groupe de témoins. Nous sommes heureux d'accueillir Jane Arkell, directrice exécutive et Jason Dunkerley, coordonnateur de programme pour l'Alliance de vie active pour les Canadiens/ Canadiennes ayant un handicap, de même que John Willson, président-directeur général, et Archie Allison, directeur, Programme de liaison et de sensibilisation pour Variety Village. Ces deux derniers participeront à la réunion par vidéoconférence.
Jane Arkell, directrice exécutive, Alliance de vie active pour les Canadiens/Canadiennes ayant un handicap : Merci infiniment de nous avoir invités à nous présenter ici ce soir. M. Dunkerley est non seulement un collègue de l'Alliance de vie active, mais il est en plus un médaillé d'or paralympique. C'est un membre de la royauté qui est assis à mes côtés. M. Dunkerley revient tout juste des championnats du monde. Il est un collègue brillant, et de surcroît, un athlète merveilleux — il est donc en mesure de fournir des éclaircissements sur le sujet que l'on aborde aujourd'hui.
Honorables sénateurs, je vous remercie infiniment de nous avoir invités à discuter avec vous des politiques et des programmes du gouvernement en ce qui concerne la participation des personnes handicapées aux activités de sport et de loisirs. Nous félicitons le comité d'avoir décidé de se pencher sur cet important sujet. En outre, ce sujet revêt de l'importance à la lumière de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.
Les recherches qui ont été menées révèlent que l'activité physique est fondamentale pour la santé et le mieux-être des personnes handicapées. Nous croyons que la mise en œuvre des articles de la Convention des Nations Unies permettra d'offrir aux citoyens ayant un handicap des chances égales à celles qui sont offertes aux autres citoyens. L'égalité est l'objectif poursuivi par la Convention, et nous estimons que de nombreux Canadiens handicapés ne bénéficient pas de cette égalité au quotidien.
Depuis sa création en 1989, notre association cherche à faire la promotion de ces valeurs. Nous estimons que nous sommes bien placés pour vous parler aujourd'hui des activités de sport et de loisirs s'adressant aux personnes handicapées, vu tout ce que notre organisation a accompli dans le domaine au cours des deux dernières décennies. Je suis directrice exécutive de l'organisation depuis sa création en 1989, et je suis très heureuse d'occuper ce poste.
Notre réseau national se consacre à accroître le bien-être des personnes handicapées au moyen d'une vie saine et active, du sport et des loisirs. En fait, notre organisation est souvent la première ressource avec laquelle communiquent les personnes handicapées qui veulent devenir plus actives. Notre organisation a été créée pour combler un besoin exprimé par des enseignants, des dirigeants, des entraîneurs, des organisations et des collectivités — tous ces gens éprouvaient des difficultés à intégrer les personnes handicapées à leurs activités, car ils n'étaient pas préparés à le faire. Depuis ce temps, notre organisation a pris de l'ampleur, et constitue à présent un réseau national regroupant plus de 150 organisations. Nous avons une filiale dans chaque province et chaque territoire, et nous fournissons des services à quelque 500 000 Canadiens. Nos membres représentent tous les types de personnes handicapées — les personnes ayant une déficience sensorielle, mentale ou intellectuelle et les personnes ayant une incapacité liée à la mobilité.
Par l'entremise du secrétariat à la condition physique et au sport amateur, le gouvernement du Canada a grandement contribué à la création de l'alliance en 1989. Le gouvernement a pris conscience du fait qu'il était très important d'établir un réseau pour être en contact avec les collectivités et au courant de ce qui s'y passe.
Nous avons accompli de grandes choses, mais nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. Nous sommes enchantés de nous adresser à vous aujourd'hui. En ce qui concerne les politiques et les programmes du gouvernement fédéral, nous tenons à féliciter Sport Canada du soutien incroyable qu'il a fourni au mouvement paralympique, au sein duquel le sénateur Kochhar a joué un rôle important. En ce qui a trait au soutien de l'excellence, Sport Canada a énormément rehaussé les normes de référence.
De surcroît, des programmes comme « Au Canada, le sport c'est pour la vie » et « Développement à long terme de l'athlète » ont procuré au Canada un cadre efficace en ce qui concerne les athlètes paralympiques et l'excellence en matière de sport paralympique.
Le Bureau de la condition des personnes handicapées de RHDCC est un autre exemple de réussite. Ce bureau reconnaît l'importance d'une vie saine et active pour la réussite, l'estime de soi, l'emploi, l'éducation, la santé et l'indépendance des citoyens handicapés, et fournit du soutien à ces égards.
En outre, un certain nombre d'organismes indépendants soutiennent l'activité physique chez les personnes handicapées, notamment les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation des maladies du cœur et Éducation physique et Santé Canada.
À ce moment-ci, il serait négligent de ma part de ne pas souligner la contribution d'une entreprise canadienne, à savoir Pfizer Canada, notre seul commanditaire du secteur privé, qui nous a fourni un soutien de plus de 1 million de dollars au cours de la dernière décennie.
Hélas, je n'ai pas que de bonnes nouvelles à vous transmettre. L'organisme du gouvernement fédéral qui serait le plus susceptible de nous fournir du soutien et de faire preuve de leadership en matière d'activité physique, à savoir l'Agence de la santé publique du Canada, manque malheureusement à l'appel. L'ampleur de sa Stratégie en matière de modes de vie sains a été considérablement réduite au cours des sept dernières années, et cela a eu de graves répercussions sur la collectivité. Cela a été une déception pour les membres du secteur, mais aussi une énorme déception pour les personnes handicapées, vu l'importance de l'activité physique et l'absence d'investissements.
Les recherches nous apprennent que l'activité physique est encore plus importante pour les personnes handicapées qu'elle ne l'est pour la population en général, et pourtant, encore aujourd'hui, les investissements du gouvernement fédéral en la matière sont minimes. À une certaine époque, le Canada était un chef de file mondial en matière d'activité physique pour les personnes handicapées. Par exemple, dans les années 1990, notre réseau national était sans équivalent dans le monde entier. Notre organisation était un modèle que l'on respectait et que l'on cherchait à reproduire. Depuis ce temps, des organisations conçues à l'image de la nôtre ont été créées dans d'autres pays, notamment en Australie, aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
On a fait l'éloge des programmes canadiens partout dans le monde, et de nombreux pays utilisent notre modèle. De fait, l'un de nos programmes a été récemment traduit en coréen. Malheureusement, il semble que d'autres pays sont davantage en mesure de fournir des services à leurs citoyens au moyen de nos programmes que ne l'est le Canada avec ces mêmes programmes.
Aux États-Unis, le National Center on Physical Activity and Disability parvient à changer considérablement les choses grâce au rôle de chef de file joué par les Centers for Disease Control and Prevention et les millions de dollars de financement fournis par ces derniers. De plus, les États-Unis disposent de l'American with Disabilities, laquelle impose des changements par voie législative.
Même si le Canada a été considéré comme un chef de file mondial dans le domaine des droits des personnes handicapées et des droits de la personne, j'estime que nous avons beaucoup de choses à apprendre d'autres pays dans le secteur du sport et des loisirs.
Je formulerai trois recommandations à l'intention du comité. Je recommande que le Canada prenne au sérieux la ratification de la convention des Nations Unies, et qu'il redevienne un chef de file à l'échelle internationale en matière de dévouement à l'égard de l'accroissement du bien-être des Canadiens handicapés grâce à l'activité physique, au sport et aux loisirs. Je recommande que le gouvernement du Canada fasse preuve du même esprit d'initiative dans le secteur de l'activité physique et des loisirs que celui dont il fait preuve dans le secteur du sport, et qu'il fournisse un financement comparable aux deux secteurs, car seule une infime proportion des Canadiens handicapés parviennent à remporter une médaille paralympique. Je recommande que l'activité physique, le sport et les loisirs soient coordonnés par un ministère fédéral, pour faire en sorte que les activités menées sur le terrain de jeu mènent naturellement et progressivement au podium paralympique.
John Willson, président-directeur général, Variety Village : Nous sommes absolument enchantés d'avoir été invités à nous présenter ici aujourd'hui. Je m'appelle John Willson, et je suis président-directeur général de Variety Village. Je suis accompagné de mon collègue, Archie Allison, directeur du Programme de liaison et de sensibilisation. Nous sommes reconnaissants au comité de nous donner l'occasion de venir lui parler de Variety Village, et de la vision de notre organisation en ce qui a trait à la création de possibilités pour les enfants et les jeunes qui participent aux activités de sport et de loisirs.
Variety Village est un établissement de sport et de conditionnement physique d'une superficie de 168 000 pieds carrés et situé dans l'Est de Toronto. Nos installations comprennent notamment un complexe sportif de 76 000 pieds carrés, et un très grand centre aquatique. Variety Village est une référence mondiale dans son domaine — nous offrons des programmes intégrés de sport, de conditionnement physique, d'initiation à la vie quotidienne et d'apprentissage qui ont une incidence sur la vie des gens et qui renforcent les collectivités. Variety Village confère une autonomie accrue aux personnes de tout âge et de tout degré de capacité en leur offrant des activités de conditionnement physique et de sport accessibles, sécuritaires, inclusives et adaptées par le truchement de mesures de facilitation, de transfert de compétences et de formation. En outre, les effets de nos activités se font sentir bien au-delà des murs de notre établissement.
Grâce à nos programmes de liaison, nous donnons aux personnes handicapées de toute la province et de toutes les régions du Canada la possibilité de participer à des activités de conditionnement physique, de sport, d'éducation et de réadaptation. Aucun établissement nouvellement créé ou modernisé n'offre un éventail de choix en matière d'activités physiques adaptées aussi vastes que celui de Variety Village. Si l'on ajoute à tout cela le savoir et l'expérience que notre organisation a acquis au fil des ans à titre de pionnière de l'industrie, nous pouvons dire qu'elle est, encore aujourd'hui, l'organisation d'exception qu'elle était au moment de sa création.
Variety Village offre des programmes inclusifs tant aux personnes non handicapées qu'aux personnes handicapées, et les programmes offerts à ces dernières s'adressent tant aux personnes ayant un handicap physique — peu importe la cause — qu'à celles présentant des troubles du développement ou de l'apprentissage. Parmi les programmes offerts, mentionnons les programmes pour enfants, par exemple en matière de liaison, de sensibilisation et d'éducation, les activités en équipe, les camps, la natation, les loisirs, le programme, Fitness Friends, les Lieutenant Governor's Games et les Toronto Police Children's Games. Quant aux adultes et aux personnes âgées, divers programmes leur sont offerts, notamment le programme LINKS, le programme Active Aging, de même que des programmes de réadaptation, de loisirs et d'activités en équipe.
Si l'on tient compte de ces nombreux programmes de services communautaires, Variety Village a offert en 2010 des services à plus de 37 000 personnes, dont 31 000 enfants et jeunes, et la moitié de ces personnes avaient un handicap. Ces programmes fournissent de manière rentable des services en Ontario dans les secteurs de la santé, de l'éducation et du sport dont la valeur excède de beaucoup le budget annuel de fonctionnement de l'établissement, qui est de 5 millions de dollars. Il y a de nombreux autres besoins non comblés auxquels nous pouvons répondre de façon économique et efficace.
Parmi les initiatives de transformation en cours, mentionnons l'élaboration, en partenariat avec des hôpitaux de la région, de programmes s'adressant aux personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque, et de programmes axés sur les bienfaits des activités de loisirs pour les enfants autistes. En tout, plus de 2 000 enfants et jeunes handicapés font régulièrement de l'activité physique dans les installations de Variety Village.
Si l'on part du principe que Toronto compte environ un million de personnes âgées de moins de 25 ans, et que 5 p. 100 d'entre eux ont un handicap, on peut conclure qu'il y a à Toronto 50 000 enfants et jeunes handicapés. Vu l'effroyable statistique canadienne selon laquelle une proportion de 3 p. 100 des enfants handicapés font régulièrement de l'activité physique, il est possible d'affirmer que Variety Village a une incidence substantielle sur la moyenne nationale, et nous estimons qu'un financement ciblé pourrait accroître considérablement ce taux d'activité physique.
En ce qui concerne nos programmes de sport, en plus des programmes de loisirs de vaste ampleur que nous offrons aux plus de 6 000 membres de notre club de conditionnement physique, nous dispensons un programme dans sept sports d'équipe aux athlètes de tous les calibres, tant les débutants que ceux de haut niveau. Plus de 450 enfants participent à ces activités, et les jeunes handicapés sont majoritaires au sein d'un certain nombre d'équipes.
Au fil des ans, les membres de Variety Village ont remporté un nombre impressionnant de médailles dans le cadre de compétitions de sport nationales et internationales. Plus récemment, à Beijing, nos athlètes ont remporté des médailles dans le cadre d'épreuves d'athlétisme, de natation et de basket-ball en fauteuils roulants. Ces athlètes doués et dévoués sont les plus talentueux des participants de nos programmes communautaires. Cependant, pour l'essentiel, le programme communautaire pour les athlètes handicapés du Canada ne fonctionne plus, car le financement a été réorienté vers les athlètes de haut niveau. Les programmes demeureront restreints tant qu'un financement adéquat ne sera pas fourni à l'échelon communautaire.
Le fait d'accroître le nombre d'enfants et de jeunes participants aux programmes de sports communautaires comporte un certain nombre d'avantages. En plus de favoriser la socialisation, le sport a des effets bénéfiques sur la santé et la condition physique des enfants. La croissance du nombre de participants aux programmes communautaires se traduira vraisemblablement par un plus grand nombre d'athlètes de haut niveau. Cela concorde avec le modèle du programme Développement à long terme de l'athlète. Peu importe leur performance dans le cadre d'une activité de sports communautaires, les personnes qui y participent seront enclines à continuer de pratiquer les activités de sport et de loisirs, et ce, durant toute leur vie.
Variety Village est en train d'élaborer un plan quinquennal visant à accroître considérablement la participation des jeunes handicapés aux activités communautaires et, par extension, à former des athlètes de haut niveau. Le programme, dont la mise en œuvre est assujettie à une hausse du financement direct que nous recevons actuellement, comprend l'amélioration d'installations, des programmes de soutien financier pour les familles et les jeunes défavorisés, le repérage d'éventuels athlètes, l'amélioration de l'encadrement offert par les entraîneurs et une campagne visant à sensibiliser la communauté des personnes handicapées à l'existence de Variety Village et de ses programmes.
Vu les installations accessibles dont nous disposons et les résultats remarquables que nous avons obtenus en matière de formation d'athlètes, nous estimons être capables de réaliser les avantages attendus du programme de façon très rentable. Un engagement de toute une vie à l'égard des activités de sport et de loisirs comporte de nombreux avantages, et une réduction attestée des coûts des soins de santé n'est pas le moindre.
L'argent est acheminé vers les sports et les sports pour les personnes handicapées, mais nous estimons qu'il pourrait être mieux utilisé. Le gouvernement fédéral consacre d'importantes sommes aux sports. Par exemple, le Comité paralympique canadien recevra annuellement 5 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, le comité d'organisation des Jeux parapanaméricains a reçu 500 millions de dollars du gouvernement fédéral. Ces sommes, qui sont très nécessaires, sont versées à des athlètes d'élite. En période de compressions budgétaires, le gouvernement montre qu'il est véritablement déterminé à obtenir des résultats supérieurs. Toutefois, la formation d'athlètes d'élite est étroitement liée à la constitution d'un vaste bassin d'athlètes plus jeunes qui sont des débutants dans leur discipline. En ce qui concerne la formation d'athlètes handicapés, une attention supplémentaire doit être accordée aux besoins en matière de formation sur le plan du développement. De manière à dégager les fonds nécessaires à la formation des athlètes à l'échelon communautaire, il faudrait réexaminer les fonds déjà engagés pour s'assurer qu'ils sont investis de la façon la plus efficace possible.
Je crois comprendre que deux Jeux panaméricains distincts auront lieu — les uns pour les athlètes non handicapés, et les autres, pour les athlètes handicapés. Indépendamment du caractère exclusif d'une telle formule, il convient de souligner que le fait de doubler le nombre de cérémonies se traduit par la dépense de ressources financières qui aurait pu être investie dans des programmes communautaires visant le développement à long terme d'athlètes handicapés. On pourrait également se pencher sur la question de savoir si d'autres économies pourraient être effectuées au sein des programmes de financement existants.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de venir vous exposer notre point de vue.
Le sénateur Ataullahjan : Disposez-vous d'un modèle pour ce qui est des initiatives communautaires? Savez-vous ce qui fonctionne le mieux? De quelle façon les collectivités contribuent-elles à faire en sorte que ces initiatives correspondent à leurs besoins? Est-ce que vous mobilisez l'ensemble des membres de la collectivité?
Mme Arkell : Notre devise a toujours été la suivante : « Penser à l'échelle locale, agir à l'échelle mondiale ». Nous favorisons énormément la participation des membres des collectivités. Notre organisation est présente dans chaque province et chaque territoire. En outre, chacune de ces organisations provinciales ou territoriales dispose de ses propres organisations qui exécutent des projets communautaires. Nous constituons véritablement un réseau et une alliance nationale, dans la mesure où nous exploitons diverses organisations du secteur des personnes handicapées, et travaillons en collaboration avec elles. Tout cela se fait dans un esprit de consensus et de collaboration.
Jason Dunkerley, coordonnateur de programme, Alliance de vie active pour les Canadiens/Canadiennes ayant un handicap : L'Alliance de vie active dispose d'un programme auquel je participe depuis près de trois ans. Il s'agit d'un programme intitulé All Abilities Welcome. Comme son nom l'indique, ce programme a pour but d'encourager les chefs de file communautaires en matière d'activité physique à accueillir toutes les personnes, peu importe qu'elles soient handicapées ou non. Nous tentons de soutenir et d'encourager les fournisseurs de services de loisirs et les chefs de file en matière d'activité physique à faciliter la mise en œuvre de programmes inclusifs et de contribuer de cette façon à ce que les jeunes se sentent soutenus.
Nous tentons également de donner aux personnes handicapées la capacité de sortir de l'isolement et de profiter des occasions de mener une vie active qui s'offrent à elles, et de les informer quant aux programmes inclusifs qui leur sont accessibles. Nous créons des ressources pour favoriser l'inclusion et aider les intervenants de toutes les régions du pays qui dispensent des ateliers de formation en matière de sensibilisation. L'une de nos manières de procéder consiste à constituer des groupes de consultation dans les collectivités partout au Canada. Nous tentons véritablement de réunir les chefs de file en matière de loisirs, les personnes handicapées, les parents et toutes les personnes concernées. À notre avis, il s'agit d'une question qui exige la participation non seulement de la personne handicapée ou du fournisseur de services de loisirs, mais de l'ensemble de la collectivité.
Nos conférenciers présentent diverses stratégies, mais surtout, leurs ateliers donnent aux gens l'occasion de briser la glace et de se constituer un réseau. Nous croyons que cela contribue énormément à vaincre l'ostracisme, et aide beaucoup les gens à créer des liens entre eux, à discuter les uns avec les autres, à apprendre les uns des autres et à apprendre les choses en matière d'inclusion.
M. Willson : L'initiative communautaire qui a eu le plus d'incidence dans la collectivité est le programme de liaison dans le cadre duquel nous avons rencontré 14 000 élèves des niveaux primaire et secondaire pour les sensibiliser davantage à l'égard de l'incapacité et des sports adaptés.
Archie Allison, directeur, Programme de liaison et de sensibilisation, Variety Village : Nos initiatives communautaires ont été élaborées en fonction des besoins et des intérêts des parents et des éducateurs de toutes les régions de l'Ontario. Ce que nous ont dit les éducateurs, c'est qu'ils ne disposaient pas de l'expérience et de la formation appropriées pour s'occuper des élèves handicapés participant aux programmes communautaires ou scolaires. Le programme Ability in Action a été conçu pour répondre aux besoins des enfants qui sont bien intégrés sur le plan scolaire, mais qui ne participent pas aux activités physiques qui ont lieu durant la récréation, lors du dîner ou après l'école.
Le sénateur Kochhar : Monsieur Willson, à votre avis, pourquoi les jeunes handicapés ne participent-ils pas davantage aux activités sportives?
Si l'on admet qu'il est difficile d'obtenir du financement, dans la situation actuelle, quelle est l'incidence, de ces difficultés sur votre capacité de maintenir et de faire croître des programmes de sports d'équipe et de sports communautaires?
Vous avez indiqué que votre budget était de 5 millions de dollars, et que vous étiez en mesure de recueillir à peu près deux ou 3 millions de dollars. D'où proviendra le financement qu'il vous manque pour continuer à fonctionner?
M. Willson : Merci, sénateur Kochhar.
Nous tentons de déterminer pourquoi les jeunes ayant un handicap sont peu nombreux à participer aux activités. Selon le handicap, le nombre d'installations accessibles et inclusives est extrêmement limité. Notre organisation a de la chance dans la mesure où ses installations sont généralement accessibles, et où elle dispose d'un nombre important d'appareils adaptés.
En outre, nous avons élaboré des programmes pour attirer les jeunes dans les installations de Variety Village. Nous ne disposons pas tout à fait des moyens dont nous avons besoin pour faire la promotion des possibilités que nous offrons aux enfants.
La question du fardeau financier qui pèse sur la famille représente un autre écueil important. Le fait d'élever un enfant handicapé est souvent gratifiant sur le plan émotionnel, mais cela représente un fardeau financier considérable que les familles n'ayant pas d'enfants handicapés n'ont pas à porter.
Enfin, les problèmes liés au transport peuvent avoir un effet dissuasif sur les gens — il s'agit d'un problème difficile et coûteux à régler.
Votre deuxième question concerne l'incidence du financement limité qui nous est versé. Si la situation perdure, nous ne pourrons pas enrichir les possibilités que nous offrons aux jeunes et aux enfants en matière de sport. Même si les programmes ne sont pas foncièrement plus coûteux, la solution au problème financier que j'ai évoqué exige le versement d'une certaine forme de subventions aux familles ayant un enfant handicapé. Les problèmes financiers représentent un obstacle à une plus grande participation, et tant que ces problèmes perdureront, ils entraveront la croissance des programmes.
Votre dernière question concernant le financement de Variety Village. Par nécessité, nous exploitons un centre général de conditionnement physique, lequel, en plus de faire la promotion de l'inclusion, nous fournit une partie de notre budget annuel, à savoir environ 2 millions de dollars. Les programmes de liaison de M. Allison et certains dons et événements de bienfaisance nous rapportent environ 1 million de dollars supplémentaires. D'autres activités de collecte de fonds nous rapportent environ 750 000 $ de plus. Cependant, nous avons un déficit de financement structurel de l'ordre de 1 à 2 millions de dollars par année, dont nous devons venir à bout de manière à être viable, à être en mesure de planifier à long terme et à pouvoir littéralement continuer de fonctionner.
Le sénateur Marshall : Madame Arkell, vous avez dit que, à la fin des années 1980, nous étions des chefs de file dans le domaine. À cette époque, je travaillais au sein du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, et la province était reconnue comme un chef de file dans le domaine. Des gens d'autres pays venaient nous visiter pour voir ce que nous faisions.
Comme vous, j'ai l'impression que nous avons perdu du terrain au cours des deux dernières décennies. Comment peut-on mesurer cela? Par exemple, habituellement, des études officielles sont menées pour comparer les services de santé fournis dans divers pays. Est-ce que cette impression que nous avons reculé est fondée sur des études en bonne et due forme menées dans divers pays pour comparer les services offerts aux personnes ayant des besoins particuliers, ou s'agit-il seulement d'une impression?
Comment nous en tirons-nous à l'heure actuelle? Vous avez dit que la régression avait débuté dans les années 1990. Est-ce que nous commençons à regagner le terrain perdu, ou traînons-nous toujours de l'arrière?
Mme Arkell : Je veux faire une mise au point : dans les années 1980 et 1990, nous étions des chefs de file à l'échelle mondiale, mais à l'heure actuelle, nous avons pris beaucoup de retard sur d'autres pays.
Nous sommes des chefs de file mondiaux à de nombreux égards en matière d'incapacité. Par exemple, il y a deux ou trois ans, j'ai été en détachement pendant un an auprès du Bureau de la condition des personnes handicapées. J'ai eu l'occasion d'organiser la Vitrine sur l'accessibilité présentée à Beijing durant les Jeux paralympiques. Le sénateur Jim Munson a participé à cette initiative, qui s'est révélée être une expérience incroyable.
Nous disposons de quelques excellentes initiatives en matière d'économie et d'emploi s'adressant aux personnes handicapées. Il y a le Fonds pour l'accessibilité, de même que le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées.
Nous prenons du retard dans le secteur des activités de sport et de loisirs, particulièrement celles s'adressant aux nombreuses personnes handicapées qui aspirent non pas à gagner une médaille aux Jeux paralympiques, mais à être actives et en santé, à avoir du plaisir, à profiter des bienfaits de la socialisation, et cetera.
À ma connaissance, aucune étude n'a été menée pour comparer les pays entre eux. Cependant, nous collaborons avec la Fédération internationale de l'activité physique adaptée, un organisme d'une envergure mondiale. Nous observons que des pays font d'excellentes choses, que nous n'avons pas la capacité de reproduire ici.
Un exemple très probant, c'est que, de 2000 à 2008, nous avons exécuté un programme d'échanges visant la jeunesse, un programme sensationnel. Nous avions sélectionné de 75 à 100 jeunes de toutes les régions du Canada avec l'aide d'Échanges Canada, de commanditaires du secteur privé et du gouvernement. Les jeunes sont venus à Ottawa pendant une semaine, et ils résidaient à l'Université Carleton. Nous avions de nombreux bénévoles, et pendant toute la semaine, les jeunes ont participé à diverses activités sportives et physiques qu'ils n'avaient jamais pratiquées auparavant.
Pour revenir à la question du sénateur Kochhar concernant les raisons pour lesquelles les jeunes ne participaient pas en plus grand nombre aux activités sportives, je dirais que cela tient peut-être au fait qu'ils n'ont pas essayé ces activités, que ces activités ne sont pas offertes dans leur collectivité ou que leurs parents sont très prudents parce qu'ils craignent qu'ils se blessent.
Lorsque ces jeunes sont retournés dans leur collectivité, ils avaient acquis de nouvelles compétences athlétiques, ils étaient habités par de nouveaux rêves et de nouveaux espoirs, et quelques-uns d'entre eux ont joint le mouvement paralympique. En outre, nous avions consacré beaucoup de temps aux compétences en leadership. Nous avons discuté de sujets comme l'intimidation, l'estime de soi, l'image corporelle et le harcèlement, et les jeunes ont appris comment ils pouvaient s'adresser à leur maire ou leur directeur d'école pour leur dire qu'ils avaient leur place, et qu'ils étaient capables de faire davantage que de prendre en note les résultats des autres pendant les cours d'éducation physique ou d'être envoyés à la bibliothèque.
Quant à la question de savoir pourquoi le Canada accuse un retard, à notre avis, l'importance accordée aux questions relatives à l'activité physique et à la vie saine est si minime que les mesures prises à cet égard n'ont aucune incidence sur les Canadiens handicapés. Nous exhortons le gouvernement à envisager de réunir de nouveau le sport et la condition physique, comme cela a été le cas après l'entrée en vigueur, dans les années 1970, de la Loi sur la condition physique et le sport, laquelle a très bien fonctionné. Nous sommes passés du terrain de jeu au podium. M. Dunkerley a décidé d'y mettre le paquet et de devenir un athlète paralympique, mais bon nombre de personnes ne vont pas aussi loin.
Le sénateur Marshall : Le problème tient-il au financement, à un autre facteur ou à une combinaison de facteurs? Il arrive que du financement soit disponible, mais que les responsables des programmes semblent incapables d'y accéder.
Mme Arkell : Je dirais que le problème tient à une combinaison de facteurs, dont l'un est le leadership du gouvernement fédéral. Sport Canada fait preuve d'un incroyable leadership et d'un véritable dévouement. Ce qu'on a fait pour les athlètes non handicapés, on l'a fait aussi pour les athlètes handicapés. En ce qui concerne la promotion de la santé, à une certaine époque, le Programme de contributions à l'activité physique — qui s'appelle à présent le Fonds pour la promotion des modes de vie sains — de l'Agence de la santé publique du Canada offrait un financement allant de 12 à 14 millions de dollars. Cette année, le programme a versé un financement de 800 000 $ à un projet, et notre organisation recevra 10 000 $ de cette somme. Au cours des années précédentes, nous recevions 500 000 $ du Fonds pour la promotion des modes de vie sains.
Aucun leadership n'est exercé. Aucun objectif n'est fixé. Nous savons que plus les Canadiens handicapés sont inactifs, plus les coûts seront élevés pour le système de soins de santé. Les Canadiens handicapés consultent les médecins davantage que les non handicapés, et présentent des troubles secondaires liés à leur handicap. Le diabète et l'incapacité sont liés très étroitement. À notre avis, nous sommes aux prises avec une crise majeure.
Le sénateur Marshall : Et les organismes sans but lucratif? L'Association canadienne des paraplégiques et l'Association canadienne pour l'intégration communautaire sont actives à Terre-Neuve-et-Labrador. Un certain nombre d'organismes offrent du soutien et des ressources aux personnes handicapées. Quelle est la place de ces organismes dans tout cela? Sont-ils aussi actifs qu'ils l'étaient dans les années 1980 et 1990?
Mme Arkell : Toutes les organisations que vous avez mentionnées font partie de notre partenariat, dont nous sommes fiers. L'activité physique et le sport sont des domaines qui ne relèvent pas de leur mandat, mais elles considèrent que l'activité physique et le sport sont des outils — si une personne fait davantage d'activités physiques, elle devient plus apte à l'emploi, et mieux éduquée.
Où sont ces organisations? Je ne peux pas parler en leur nom, mais j'imagine qu'elles reçoivent davantage de financement en matière de service social que de financement en matière de sport et de loisirs.
M. Willson : À mon avis, il est généralement juste de dire que tout revient à des questions de nature financière. De toute évidence, un financement plus élevé et judicieusement contrôlé et dépensé se traduira par de meilleurs résultats. Je n'ai pas l'expérience que possède Mme Arkell, car je suis plus ou moins un nouveau venu dans le domaine, mais à mes yeux, il est évident qu'un financement plus important est nécessaire pour répondre aux besoins des personnes handicapées.
Le sénateur Andreychuk : Monsieur Willson, vous avez présenté un plaidoyer convaincant en faveur de Variety Village, des efforts que vous avez investis dans cet organisme et du financement que vous avez reçu, et vous avez bien exposé les difficultés auxquelles vous faites face. Le Sénat est un organisme fédéral. Je suis originaire de la Saskatchewan. Nous disposons d'intéressantes et d'excellentes installations qui, selon moi, aident les gens de la province. À votre avis, quel rôle doit jouer le gouvernement fédéral dans ce domaine? Il me semble que les commentaires que vous avez formulés constituent surtout le plaidoyer d'une organisation de l'Ontario en faveur d'un accroissement du financement à long terme au sein d'une région précise, à savoir celle de Toronto, fonds qui seraient peut-être reçus d'une autre région. Quel conseil prodigueriez-vous au comité en ce qui a trait aux politiques et aux pratiques du gouvernement fédéral? Comment pouvons-nous nous rallier à votre point de vue, si l'on garde présent à l'esprit qu'il est exprimé par chaque province et chaque territoire, et que, selon moi, quelques-uns des plaidoyers les plus convaincants sont présentés par les gens du Nord? Le financement devrait-il provenir des gouvernements provinciaux ou des administrations municipales, ou faites-vous valoir, une fois de plus, qu'il devrait provenir du gouvernement fédéral?
M. Willson : Le financement provient de trois échelons du gouvernement. Je crois que les trois échelons d'un gouvernement devraient fournir une contribution. Le gouvernement de l'Ontario a fourni un soutien très généreux, mais les fonds qu'il a versés au cours des quatre ou cinq dernières années étaient des fonds non pas de soutien, mais de secours.
En ce qui concerne le financement du gouvernement fédéral, j'estime que nous n'avons pas le monopole du savoir en matière d'élaboration de programmes. À coup sûr, le taux national d'activité physique régulière est de trois points de pourcentage plus élevé à Toronto qu'il ne l'est dans le reste du pays grâce à Variety Village.
À notre avis, il est possible d'établir un ensemble de connaissances qui pourraient être transmises partout au pays à toute installation accessible possédant les caractéristiques appropriées. En outre, nous savons comment créer ces installations — il se trouve que M. Allison est un spécialiste en la matière, une personne extrêmement avertie à ce sujet.
J'anticipe la création à l'échelle nationale de quelque chose comme une alliance d'organisations œuvrant à fournir aux personnes handicapées des possibilités en matière d'activités adaptées d'éducation physique et de loisirs. Une telle alliance veillerait dans une certaine mesure à ce que nous, à savoir l'ensemble des Canadiens, élaborions et exécutions les meilleurs programmes possibles.
Je connais bien le centre Steadward à Edmonton — les membres de ce centre possèdent de vastes connaissances dans le domaine —, et il serait profitable pour tous les Canadiens que nous élaborions un modèle de formation qui ferait en sorte que les gens qui travaillent auprès des personnes handicapées partout au pays utilisent les meilleures techniques et les meilleures méthodes disponibles.
Il faut commencer quelque part. Variety Village est doté d'une orientation claire. Nos clients handicapés proviennent de toutes les régions de l'Ontario, d'Oakville à Oshawa, et même d'aussi loin que Barrie, en Ontario, de sorte que nous desservons environ le quart de la population du pays. Nous réalisons quelque chose de précieux pour le Canada simplement en travaillant dans les régions métropolitaines les plus peuplées du pays. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas d'énormes besoins dans d'autres secteurs.
Lorsque je me rends à Timmins, en Ontario, pour visiter mes beaux-parents, et que je vois une personne handicapée, je me demande comment je pourrais élaborer un programme pouvant être reproduit et exécuté dans cette ville. Nos programmes peuvent être reproduits. Le travail que nous espérons effectuer en ce qui concerne la réadaptation des personnes ayant subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral pourrait aisément être reproduit n'importe où au Canada.
De façon générale, vous avez fait valoir que la santé est une compétence qui relève des provinces, et qu'il incombait à juste titre aux provinces d'investir dans le secteur de la santé, mais la création d'équipes nationales de sport est une question d'envergure nationale. L'élaboration de programmes communautaires à grande échelle, programmes qui sont exécutés par Variety Village et d'autres installations, est une question de nature nationale.
Le sénateur Ataullahjan : Dans quelle mesure la participation d'un jeune aux activités de sport et de loisirs est-elle tributaire de la situation économique de sa famille?
Mme Arkell : Le fait d'avoir un enfant handicapé coûte très cher aux parents, et de surcroît, les abonnements à des centres de conditionnement physique et le matériel requis coûtent très cher. Il existe certains endroits où les jeunes peuvent recueillir des fonds, par exemple dans les centres de services locaux, et le Comité paralympique canadien dispose d'un programme qui offre du matériel à certains athlètes.
Il en coûte très cher d'avoir un handicap au Canada. Nous savons qu'un nombre considérable de familles dont l'un des membres a un handicap vivent dans la pauvreté en raison des coûts liés au handicap.
Le sénateur Kochhar : La plupart des programmes fédéraux sont axés sur les sports d'élite. Nous avons versé 25 millions de dollars — 5 millions de dollars par année pendant cinq ans — et 500 millions de dollars aux Jeux parapanaméricains. En outre, nous avons versé beaucoup d'argent pour les Jeux olympiques et paralympiques de Vancouver. Toutefois, comme M. Willson l'a souligné, nous n'avons pas accordé beaucoup d'attention à la création d'une organisation nationale qui élaborerait des programmes d'activité physique pour les jeunes handicapés dans les collectivités. Les quelques programmes qui sont offerts n'ont pas fait l'objet d'une publicité efficace. Je parle au nom du gouvernement fédéral — les gens de toutes les régions du pays ne savent pas quels programmes sont offerts.
À votre avis, sur quel aspect le gouvernement fédéral devrait-il se concentrer en priorité? Devrait-il faire connaître les programmes disponibles? Devrait-il déterminer à quel endroit ses fonds peuvent être utilisés de la façon la plus efficace? Par exemple, nous pourrions épargner environ 250 millions de dollars si nous combinions les Jeux panaméricains et les Jeux parapanaméricains, comme on l'a fait pour les Jeux du Commonwealth de 2010 à New Delhi. Il n'est pas nécessaire de tenir deux cérémonies d'ouverture et deux cérémonies de clôture. Si nous combinions tout cela, nous pourrions épargner entre 200 et 300 millions de dollars, somme qui pourrait être investie dans un fonds communautaire destiné aux questions touchant les sports pour les personnes handicapées et la santé des personnes handicapées.
Mme Arkell : C'est fabuleux. Notre réseau national a été créé pour que les diverses organisations s'occupant des personnes handicapées partout au pays puissent mettre en commun ce qu'elles font, par exemple les programmes communautaires, et apprendre les unes des autres, pour que les différentes organisations de sport puissent apprendre les unes des autres et aident les entraîneurs dans la collectivité à intégrer les personnes handicapées à leurs activités. Cela se produit, mais les investissements dans ce domaine sont insuffisants.
Ce que je recommande, c'est que l'on investisse dans l'ensemble du secteur de la promotion de la santé et de la vie saine. L'incapacité est une question primordiale, mais l'ensemble du secteur se meurt. Des organisations ont disparu. Le gouvernement fédéral n'est pas l'unique responsable, mais il a certainement la responsabilité de s'occuper des groupes prioritaires et de l'activité physique, ce qu'il ne fait pas à l'heure actuelle.
Nous soutenons que, si on laisse de côté les aspects liés à la culture, les personnes handicapées présentent des caractéristiques très semblables à celles des Autochtones — les personnes des deux groupes vivent dans l'isolement et la pauvreté, et ont des lacunes sur le plan du niveau de scolarité. Combien d'argent le gouvernement verse-t-il aux peuples autochtones, et combien d'argent investit-il dans la santé des Canadiens handicapés? Cela revient à comparer des pommes et des oranges.
Ce que je recommande, c'est que l'on fasse preuve d'une volonté publique en ce qui a trait à l'accroissement du bien- être des personnes handicapées au moyen d'une vie saine et active. Si nous nous préoccupons davantage des personnes dans les collectivités, un plus grand nombre d'entre elles atteindront des sommets, et le podium paralympique sera un objectif qui va de soi.
Le sénateur Kochhar : Avez-vous déjà présenté un exposé au gouvernement fédéral à propos des programmes que pourraient élaborer à cette fin le ministère responsable des sports et d'autres ministères?
Mme Arkell : Oui. Nous rencontrons régulièrement les gens de l'Agence de la santé publique du Canada. Nous prévoyons créer quelques programmes conjoints, des partenariats avec le Comité paralympique canadien, lequel commence à présenter des exposés conjoints. Nous sommes déjà présents dans les écoles, les collectivités et les centres d'activité physique. M. Dunkerley est à la tête de l'organisation qui présente les exposés. Son organisation est composée de plus de 100 personnes influentes, et nous menons cette série d'exposés avec des moyens très limités. Si vous saviez tout ce qu'un organisme sans but lucratif peut faire avec un très faible investissement, vous n'en croiriez pas vos yeux.
M. Dunkerley : En plus de travailler pour l'Alliance de vie active pour les Canadiens/Canadiennes ayant un handicap, je participe à des compétitions sportives de haut niveau, et je suis donc au courant du soutien fourni par le gouvernement fédéral au secteur du sport de haut niveau — ce soutien est fantastique. Tous les athlètes, moi compris, rendent hommage au gouvernement pour le financement considérable qu'il a versé aux athlètes et au milieu du sport de haut niveau. Ces investissements commencent à porter leurs fruits.
Au cours des trois dernières années, dans le cadre du programme All Abilities Welcome de l'Alliance de vie active, j'ai constaté l'ampleur des difficultés que nous éprouvons au chapitre du développement des athlètes dans la collectivité, et cela me rappelle mes propres débuts dans ma discipline, à savoir la course. J'ai eu la très grande chance de bénéficier, tout au long de mon développement, du soutien d'enseignants, de chefs de file de l'activité physique, d'entraîneurs et d'accompagnateurs de course.
Cela dit, je fais partie de l'équipe nationale — j'en fais partie depuis un bon bout de temps —, et je peux dire que la relève n'est pas très bien assurée. Cela est très préoccupant, car cela dénote vraiment l'absence de développement à l'échelon communautaire. Cela est en grande partie attribuable à l'environnement, aux raisons pour lesquelles les jeunes handicapés ne font pas d'activité physique. Tout cela ne se produira pas d'un coup de baguette magique — il faut encourager les jeunes à faire de l'activité physique, et il faut que des gens les aident à le faire. C'est ce que nous tentons de faire avec le programme All Abilities Welcome — ce programme encourage les chefs de file à inciter les jeunes handicapés et toutes les personnes handicapées à mener une vie active et à faire de l'activité physique, qu'il s'agisse de faire une promenade avec leur chien ou de participer à un marathon ou de toute activité située entre ces deux extrêmes.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer, dans la mesure où il doit faire preuve de volonté politique. Une bonne partie de ce qu'il a à faire peut être effectuée dans le cadre d'une collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Je crois que le gouvernement fédéral peut prendre une véritable initiative et donner l'impulsion à ce processus.
Enfin, à propos des Jeux panaméricains et parapanaméricains, mentionnons que, dans le cadre des Jeux du Canada de 2011 à Halifax, on a utilisé un modèle ingénieux dans le cadre duquel les athlètes handicapés faisaient partie intégrante de l'événement. De nombreuses choses merveilleuses peuvent découler d'une telle inclusion. Cela est fantastique pour les athlètes handicapés, car on les intègre socialement et leur donne l'occasion d'être partie prenante de ces jeux, et cela est fantastique pour les jeunes et les jeunes adultes non handicapés qui participent à cet événement. Cela est extrêmement profitable sur le plan de la sensibilisation à l'égard des personnes handicapées et de l'intégration sociale.
La vice-présidente : Monsieur Willson, avez-vous quelque chose à ajouter à cela?
M. Willson : Non, je pense qu'on a merveilleusement fait le tour de la question. M. Dunkerley a accompli des choses extraordinaires en tant qu'athlète paralympique, et je pense que nous avons pris acte de ce qu'il a dit à propos de l'absence de relève.
Durant les cérémonies d'ouverture, le porte-drapeau de l'Ontario était un jeune homme qui s'appelle Shayne Smith, membre très talentueux et très déterminé de l'équipe de basket-ball en fauteuil roulant. M. Smith a profité de l'inclusion, et je suis certain qu'il serait immédiatement bénéfique pour quiconque de le rencontrer et d'apprendre à le connaître. C'est tout ce que j'ai à ajouter.
La vice-présidente : Merci. Madame Arkell, je n'ai pas tout à fait compris votre observation concernant les sommes dépensées par le gouvernement pour les peuples autochtones, et cela me préoccupe. Pourriez-vous fournir des précisions, s'il vous plaît?
Mme Arkell : Nous estimons simplement que les personnes handicapées et les peuples autochtones présentent de nombreuses caractéristiques semblables en ce qui concerne les déterminants de la santé. Cependant, on investit des sommes considérables pour la santé et la promotion de la santé au sein des communautés autochtones, mais on n'investit pas des sommes semblables pour faire la promotion de la santé auprès des personnes handicapées.
La vice-présidente : Pourquoi vous êtes-vous servie des peuples autochtones pour faire valoir votre point de vue? D'autres communautés reçoivent elles aussi ce genre de financement.
Mme Arkell : Je suis désolée. Je ne veux pas donner l'impression de m'en prendre aux Autochtones. Je vous présente mes excuses.
La vice-présidente : Merci beaucoup. Nous vous sommes reconnaissants de vous être présentée ici aujourd'hui, et nous savons gré à M. Willson d'avoir participé à la réunion. Votre contribution nous aidera dans le cadre de nos travaux.
Comme vous le savez, à titre de Comité des droits de la personne, nous examinons toute cette question sous l'angle des droits de la personne. Je suis certaine que vous communiquerez avec nous dans l'avenir pour vous enquérir de la progression de notre rapport. Je vous remercie de votre présence parmi nous aujourd'hui.
(La séance est levée.)