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TRCM - Comité permanent

Transports et communications

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Transports et des communications

Fascicule 17 - Témoignages du 1er mai 2013


OTTAWA, le mercredi le 1er mai 2013

Le Comité sénatorial permanent des transports et des communications se réunit aujourd'hui, à 18 h 47, pour recevoir la haute direction et les représentants de la Société Radio-Canada pour qu'ils expliquent leur décision de réduire de 80 p. 100 le financement des services de Radio Canada International.

Le sénateur Dennis Dawson (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Ce soir nous commençons notre étude sur la réduction par la Société Radio-Canada du financement de Radio Canada International.

[Français]

Nous avons le plaisir de recevoir M. Hubert T. Lacroix, président et directeur général; et Mme Hélène Parent, directrice de Radio Canada International.

Soyez les bienvenus. Je vous remercie d'abord d'avoir accepté notre invitation. Nous allons commencer avec vos remarques, monsieur Lacroix, et nous passerons ensuite aux questions des membres du comité. Je crois que vous avez également une présentation sur écran que vous désirez faire; voulez-vous la faire au début?

Hubert T. Lacroix, président et directeur général, CBC/Radio-Canada : Ce que vous voyez ici, monsieur le président, c'est notre site web de RCI que l'on voudrait utiliser à certains moments durant les questions pour peut-être faire référence à certaines choses qui vous seraient utiles ou intéressantes.

[Traduction]

Ce n'est pas notre exposé principal, mais on l'utilisera pour servir de contexte durant les questions et vous pouvez vous y référer si ça vous intéresse.

[Français]

M. Lacroix : Je vous remercie de nous avoir invités. Je comprends que vous souhaitez discuter de notre décision de réduire le financement de Radio Canada International. Le président vous a déjà présenté Mme Hélène Parent, qui est la directrice de RCI, et nous apprécions évidemment beaucoup votre intérêt pour notre service de Radio Canada International.

Même si aujourd'hui les réductions budgétaires à RCI retiennent votre attention, vous pourriez également nous poser des questions sur notre décision de vouloir présenter de la publicité sur nos radio musicales : Radio 2 et Espace Musique, ou sur notre décision d'accélérer la fermeture de nos émetteurs de télévision analogiques, ou bien sur notre décision de vendre notre service spécialisé BOLD, ou même notre décision de réduire certaines de nos initiatives qui proviennent de notre Plan stratégique 2015 et qui priorise la programmation canadienne, notre présence en région et notre emphase sur les nouvelles technologies.

Toutes ces décisions, nous avons dû les prendre pour gérer une réduction de 115 millions de dollars de nos crédits parlementaires. Répartie sur trois ans, cette réduction est la contribution de CBC/Radio-Canada au Plan d'action de 2012 du gouvernement pour la réduction du déficit.

Comment en sommes-nous arrivés là? Comme d'autres organisations, on nous a demandé de fournir au gouvernement une liste détaillée des mesures à mettre en œuvre pour réduire notre budget de 5 p. 100 ou de 10 p. 100. Pendant près de huit mois, nous avons examiné tous les aspects de nos opérations, comme nous l'avions d'ailleurs fait seulement trois ans auparavant, lorsque nous avions à faire face et à gérer un déficit de 171 millions de dollars à cause de la crise économique.

En 2012, dans le cadre du PARD, nous avons clairement indiqué au gouvernement que des réductions de cette envergure ne pourraient pas se faire uniquement par des gains d'efficacité.

À la fin de notre exercice, nous avons remis au gouvernement une liste détaillée des initiatives et des services qui seraient touchés par les deux scénarios qu'on nous avait demandé de présenter. Le gouvernement a ensuite annoncé ses décisions à notre égard dans son budget de 2012.

[Traduction]

L'impact sur CBC/Radio-Canada a été important. En plus des investissements inévitables et de l'augmentation des coûts, nous avons dû réduire notre budget de 200 millions de dollars. Nous avons dû éliminer 650 postes à temps plein, ce qui nous a imposé un fardeau supplémentaire de 25 millions de dollars en indemnités de cessation d'emploi. De plus, le CRTC annonçait l'automne dernier qu'il éliminait progressivement le Fonds pour l'amélioration de la programmation locale — d'une valeur de 47 millions de dollars en revenu pour CBC/Radio-Canada — qui nous aidait à créer des milliers d'heures de programmation locale inédites. Sur nos réseaux, certaines émissions comptent moins de nouveaux épisodes et plus de reprises. Nous avons réduit le nombre d'enregistrements musicaux en direct à la radio. Nous avons annulé des émissions populaires comme Connect et Dispatches. Nous avons annulé les plans pour lancer une chaîne numérique pour les enfants à CBC. Nous avons réduit la production de dramatiques en français pour la télévision, ainsi que d'émissions de sport à Radio-Canada, et nous avons mis fin à la programmation nocturne de la Première chaîne à la radio.

Malgré tous ces défis, je suis très fier de la façon dont CBC/Radio-Canada a géré ses réductions budgétaires. Nous avons fait notre part pour les objectifs budgétaires globaux du gouvernement, et nous l'avons fait de façon à maintenir nos engagements en vertu de la Loi sur la radiodiffusion et à protéger, du mieux que nous pouvons, nos priorités stratégiques — la programmation canadienne, les services régionaux et les nouveaux médias pour joindre les Canadiens. Il est vrai que nous avons dû cesser d'utiliser les ondes courtes, mais nous avons transformé Radio Canada International en un service multimédia plus dynamique qui offre maintenant une programmation à toute heure de la journée.

Notre décision de mettre fin à la diffusion sur ondes courtes pour offrir RCI sur Internet n'a pas été facile, ni prise à la légère. Comme toutes les décisions touchant notre budget, nous avons examiné avec soin le service, son coût et la meilleure façon de protéger la valeur qu'il offre aux Canadiens et aux Canadiennes.

Dans le monde, l'utilisation des ondes courtes diminue depuis la fin de la guerre froide. Cette situation, combinée à la croissance de la téléphonie cellulaire, d'Internet, de la radio et de la télévision traditionnelle, a amené les radiodiffuseurs du monde entier à réduire leurs services sur ondes courtes — quand ils ne les éliminent tout simplement pas.

Par exemple, BBC World a fermé cinq services en différentes langues et ne diffuse plus sur ondes courtes vers le Canada, l'Australie et les États-Unis. Voice of America a réduit ses émissions sur ondes courtes et ondes moyennes vers l'Albanie, la Géorgie, l'Iran et l'Amérique latine, ainsi que ses émissions en anglais vers le Moyen-Orient et l'Afghanistan. En Suisse, Swissinfo, a mis fin à son service sur ondes courtes en 2004 et diffuse maintenant exclusivement sur le Web. Cinq jours après la fin du service sur ondes courtes par RCI, Radio Netherlands faisait de même.

La tendance est claire. Même s'il est difficile de mesurer à l'échelle mondiale les auditoires sur ondes courtes, une étude effectuée en 2009 par l'ancien spécialiste de la BBC dans ce domaine, Graham Mytton, révélait une diminution considérable du nombre d'auditeurs de Radio-Canada international à partir des années 1980 et 1990. Il attribuait le déclin au type limité de contenu offert et au nombre très limité d'heures de diffusion. En fait, c'est l'un des principaux avantages d'offrir RCI sur Internet.

Dans votre dossier, vous trouverez un tableau qui compare le service qui était offert par RCI sur ondes courtes avec celui qui est disponible en ligne. Parce que RCI n'offrait pas une programmation 24 heures sur 24 sur ondes courtes, les auditeurs devaient être là au bon moment durant le jour ou la nuit pour avoir accès à la seule émission d'une heure présentée chaque jour en arabe, en mandarin, en espagnol et en russe et à la seule émission d'une demi-heure offerte chaque semaine en portugais. Nous diffusons des reprises de ces émissions selon le marché.

[Français]

Sur Internet, nos émissions sont accessibles partout, en tout temps. Elles peuvent également être téléchargées pour être écoutées plus tard. Nous croyons que la transformation de RCI en un service web interactif permet d'offrir aux Canadiens, à un coût moindre, un service d'une plus grande valeur.

Nous avons d'ailleurs demandé à la greffière de nous fournir une connexion internet et ces écrans aujourd'hui devant vous. Nous espérons les utiliser pour vous donner un aperçu de ce que RCI, maintenant, offre comme services à partir de son site web.

Nous savons que dans certains marchés, la diffusion sur ondes courtes est toujours pertinente. Nous essayons de joindre ces auditoires à un coût moindre. Compte tenu de notre situation financière, ce n'est tout simplement pas possible pour CBC/Radio-Canada de maintenir une infrastructure sur ondes courtes.

En République démocratique du Congo, par exemple, la radio est toujours la principale source de nouvelles et d'information. Dans ce pays, Voice of America, la BBC et Radio France Internationale (RFI) présentent des nouvelles et de l'information sur ondes courtes, mais également sur la bande FM. RCI a des partenaires de radio FM en Afrique, qui téléchargent ses émissions pour les rediffuser dans leur programmation locale.

Alors que le taux d'accès à Internet en Afrique est d'environ 3 p. 100, les technologies mobiles ont un taux de pénétration de 41 p. 100 et les stations de radio sur la bande FM ont des auditoires très importants. En combinant nos émissions sur Internet avec les émissions diffusées par nos partenaires FM locaux et les technologies mobiles, RCI atteint les auditoires africains de manière beaucoup plus efficace. RCI a des ententes semblables avec des stations de radio partout dans le monde.

De plus, dans des pays où les gouvernements tentent de bloquer l'accès à des sites internet étrangers ou les transmissions sur ondes courtes, nos partenaires locaux peuvent télécharger du contenu audio gratuit à partir d'un serveur dédié. RCI offre également un cybermagazine quotidien distribué par courriel. Vous trouverez des échantillons de ces cybermagazines dans votre dossier.

Je peux vous assurer que la mission de RCI n'a pas changé. RCI continuera de refléter et de présenter la société canadienne pour les auditeurs du monde entier, en français, en anglais, en espagnol, en mandarin et en arabe. Mais c'est maintenant un service dynamique interactif qui peut, de façon active, engager la conversation avec ses auditoires grâce aux médias sociaux. RCI offre maintenant des magazines web, des coproductions originales, un espace multimédia qui présente le travail d'artistes et de cinéastes canadiens, ainsi que des blogues sur les actualités qui complètent les nouvelles nationales et internationales. Franchement, c'est un meilleur service.

Il fera plaisir à Hélène et à moi de répondre à vos questions.

Le président : Merci, monsieur Lacroix.

[Traduction]

Pour le bénéfice des auditeurs et des sénateurs, je veux tout simplement répéter le mandat qui sous-tend notre étude, que le Comité sénatorial permanent des transports et des communications reçoive la haute direction et les représentants de la Société Radio-Canada pour qu'ils expliquent leur décision de réduire de 80 p. 100 le financement des services de Radio-Canada international, particulièrement compte tenu de l'importance de Radio-Canada International en tant que voix du Canada à l'étranger; et de la radio à ondes courtes dans les régions opprimées du monde où l'accès à Internet est interdit. Que le comité fasse rapport au Sénat au plus tard le 30 juin.

Je fournis cette explication puisque vous êtes les seuls témoins autorisés, en fonction de ce mandat, à témoigner devant le comité. Certaines personnes en ont fait la demande, et je sais que certaines de ces personnes nous écoutent probablement ce soir. Le mandat étant très restreint, nous n'avons pas eu la permission de recevoir d'autres témoins que vous-mêmes.

[Français]

Même si Radio-Canada peut être un sujet passionnant pour tous les gens autour de la table, le sujet du jour, c'est la notion de Radio Canada International.

[Traduction]

Voici ce que nous sommes contraints de faire. Comme vous le savez, je suis toujours charmant en tant que président et j'accepterai toutes les décisions que vous faites, mais à l'heure actuelle, j'apprécierais que les questions touchent au sujet dont nous sommes saisis ce soir.

Le sénateur Mercer : Merci beaucoup de votre présence ici. Nous l'apprécions. Je suis grand fan de CBC-Radio- Canada. Je disais, en plaisantant, l'autre jour, que j'ai trois voitures et à peu près huit radios et chaque radio syntonise un poste de la CBC.

M. Lacroix : Je vous en remercie.

Le sénateur Mercer : Je sais qu'il y a des millions de Canadiens qui font la même chose. C'est tout un défi que de réduire votre budget de 20 millions de dollars, et je suis certain que lorsque vous avez entamé le processus vous n'étiez pas particulièrement ravi. Ensuite, 650 postes à temps plein ont été éliminés. Il y a ce coup-là, en plus des 25 millions de dollars en indemnités de départ.

J'aimerais étudier l'effet de la compression de ces 650 postes à temps plein. Pouvez-vous donner au comité et aux téléspectateurs une idée de là où se trouvaient ces 650 postes à travers le pays? Je sais que les postes n'étaient pas tous à Ottawa, Toronto ou à Sackville, au Nouveau-Brunswick, mais plutôt répartis dans l'ensemble du pays. Pouvez-vous nous dire où étaient ces postes?

M. Lacroix : Je n'ai pas le chiffre précis que vous recherchez sous la main. Nous pourrions peut-être vous fournir cette information plus tard, si vous le souhaitez, mais j'essayerai de vous donner une très bonne idée de la façon dont nous avons effectué ces licenciements.

Sur les 650 emplois — que nous appelons des postes à temps plein — environ 500 ont été coupés du côté des services médiatiques, autant en anglais qu'en français, principalement au niveau du réseau. Nous avons tenté de protéger les régions, alors en disant au niveau du réseau, cela signifie Toronto et Montréal.

Les autres 150 postes étaient tous des postes de direction, encore une fois dans les grands centres. Un des principaux axes de la stratégie 2015, soit notre plan stratégique, concerne la programmation canadienne. Le deuxième axe porte sur les régions et l'importance d'y assurer notre présence. Voilà donc comment les choses se sont déroulées pour ces 650 postes.

Le sénateur Mercer : Il serait utile si vous pouviez plus tard, par le biais de la greffière, nous fournir les détails quant aux chiffres par région et par emplacement de sorte que nous puissions voir l'incidence véritable sur le plan local. Prenons l'incidence de couper 500 postes du réseau à Montréal et à Toronto, disons qu'il s'agit de 250 chacun, il s'agit là de coupes significatives. Cependant, dans des villes telles que Montréal et Toronto, 250 aurait une incidence moindre que 50 pourrait l'avoir dans un endroit tel que Sackville, au Nouveau-Brunswick. Voilà pourquoi je vous demande des précisions.

Aussi, dans votre exposé vous avez mentionné qu'à travers vos réseaux certains programmes diffusent moins d'épisodes et plus de rediffusion. Ceux d'entre nous qui sommes de grands amateurs de Radio-Canada sommes fort préoccupés part cela, particulièrement dans le cas de la radio. Vous semblez avoir choisi comme méthode de réduction des coûts, tant chez Radio-Canada International qu'à CBC/Radio-Canada même, de rediffuser davantage. Je peux entendre de nouveau le mercredi des émissions que j'ai entendues le dimanche.

M. Lacroix : Absolument.

Le sénateur Mercer : Il s'agit évidemment d'un plan stratégique. Grâce à cette méthode, de combien avez-vous pu réduire vos coûts généraux?

M. Lacroix : Laissez-moi vous donner un peu de perspective, monsieur le sénateur, par rapport à la façon dont nous avons tenté de trouver 200 millions de dollars après avoir dû confronter un déficit de 171 millions de dollars quelques années auparavant, puisque cela vous permettra de mieux comprendre le nombre d'emplacements au sein de l'organisation qui ont été éprouvés et qui ont de fait contribué à notre défi de 200 millions de dollars.

Tout d'abord, nous avons tenté d'accroître nos recettes. Le montant de financement que nous avons hérité et avec lequel nous devons composer, c'est que nous recevons X nombre de dollars du gouvernement, qui en 2015 représentera environ 60 p. 100 de notre budget. Quarante pour cent provient de ce que nous générons à travers nos propres activités, la publicité télévisée, et plusieurs autres initiatives conçues pour générer des recettes à partir de nos propres activités.

D'après nos calculs, cela devait s'avérer environ 50 millions de dollars. Puis, nous avons désinstallé les émetteurs de télévision analogique — comme je vous l'ai dit, cela représentait environ 10 millions de dollars. Nous avons retiré 10 millions de dollars de RCI, puisqu'après avoir analysé nos revenus nous avons aussi analysé les services qui sont maintenant moins utilisés ou les plateformes qui n'ont plus le genre de pertinence pour les Canadiens qu'ils avaient antérieurement, et non seulement pour les Canadiens mais aussi ailleurs au monde. La télévision, qui est maintenant numérique, et la radiodiffusion par ondes courtes, qui n'est plus utilisée comme autrefois, sont deux éléments ayant contribué à hauteur de 10 millions de dollars supplémentaires.

Prenons ensuite les 100 millions de dollars de gains d'efficacité et de réductions des coûts additionnels. Les derniers 30 millions de dollars étaient alloués au ralentissement du plan stratégique que nous avons en place, que nous appelons le plan 2015, dont certaines choses que nous voulions faire dans les régions à travers les nouvelles stations numériques et, franchement, rejoindre les quelque six millions de Canadiens qui d'après nous sont soit mal desservis soit non desservis par CBC/Radio-Canada.

Voilà le portrait général. Lorsque nous envisageons la rediffusion, il s'agit d'une petite fraction mais néanmoins une fraction importante d'un énorme casse-tête qui comporte huit mois de travail. En tout et pour tout, 150 personnes à CBC/Radio-Canada ont contribué à ce plan. Comme vous l'avez indiqué justement lorsque vous m'avez demandé de comparaître, vous avez remarqué que cela ne s'est pas fait de façon proportionnelle. Il s'agissait de 5 ou 10 p. 100 pour tout le monde, car nous devons appliquer des compressions stratégiques. Nous avions fait des calculs de proportionnalité en 2009-2010, lorsque la crise financière a frappé. Cette fois-ci nous avons examiné la question à savoir si nous pouvions protéger notre mandat. Pouvons-nous protéger notre direction stratégique jusqu'en 2015? C'est ainsi que nous avons atteint des conclusions sur les coupes dont nous venons de parler.

Le sénateur Mercer : Nous savons qu'une des sources majeures de revenus publicitaires pour CBC/Radio-Canada est la Soirée du hockey. Le contrat vient à échéance bientôt. Qu'arrivera-t-il à CBC/Radio-Canada si vous ne réussissez pas à maintenir cette source majeure de revenu?

M. Lacroix : CBC, et il faut noter qu'il ne s'agit pas de Radio-Canada cette fois-ci, a toujours eu de bons liens avec la Ligue nationale de hockey. Comme vous l'avez clairement indiqué, l'importance accordée au hockey par les Canadiens est une question cruciale pour notre réseau. Nous avons inventé la façon de montrer le hockey aux Canadiens. Nous en sommes à la 60e année de la Soirée du hockey. Même s'il s'agit d'une saison raccourcie, il y a un engouement pour savoir ce qui adviendra des Maple Leafs de Toronto, des Sénateurs, de Vancouver. Vous voudrez peut-être connaître le résultat pendant la soirée et ce sera le cas pendant les prochaines semaines.

Le sénateur Mercer : Est-ce que nous pouvons allumer la télévision pendant cette séance?

M. Lacroix : Nous pouvons le faire si vous le souhaitez.

Nous avons l'intention d'être un joueur. Je crois que les droits pour les événements sportifs et leur augmentation partout dans le monde signifient que notre façon d'aborder le hockey, nos relations et notre contrat pourraient changer. Cependant, nous avons l'intention de répondre présents.

J'aimerais simplement indiquer que si nous ne réussissons pas, mais nous croyons que nous réussirons, Radio- Canada s'est privée de hockey et n'a toujours pas de hockey et pourtant il s'agit quand même d'un service tout à fait pertinent pour les téléspectateurs de Radio-Canada. Cependant, notre intention est d'être un joueur dans le monde du hockey et de nous assurer que nous continuons de faire ce que nous faisons déjà pour l'image du hockey et pour la LNH.

Le sénateur Greene : Dites-moi si j'ai raison ou tort. Vous avez coupé 80 p. 100 du budget de Radio Canada International, mais j'ai l'impression que cette coupure de 80 p. 100 n'a pas réduit le service de 80 p. 100 car vous avez su adroitement augmenter votre présence sur le Web, et cetera. Au niveau des services offerts par Radio Canada International, pouvez-vous estimer en termes de pourcentage où vous en êtes maintenant par rapport au passé?

M. Lacroix : Vous avez tout à fait raison. Je demanderais à Mme Parent d'intervenir dans un instant. Nous croyons que nous sommes un service encore plus pertinent maintenant parce que par l'entremise des médias sociaux et Internet, nous savons réellement qui est notre auditoire. Nous pouvons compter les clics et connaître le nombre d'auditeurs, ce qui était presque impossible à l'époque des ondes courtes.

[Français]

Je vais demander à Mme Parent de vous expliquer à quel point ce service est devenu plus dynamique, ce que nous faisions avant et ce qui est maintenant la force de Radio Canada International. Elle va utiliser l'écran pour vous aider.

Hélène Parent, directrice, Radio-Canada International, CBC/Radio-Canada : Bonsoir. Je vous remercie beaucoup de nous écouter ce soir.

Des compressions budgétaires de 80 p. 100, c'est beaucoup. Ces coupes ont entraîné des réductions d'effectifs de 75 p. 100. Nous étions 65 personnes à RCI et nous ne sommes plus que 23. Cela représente chez nous cinq sections de langues. Nous avons diminué le nombre de langues, nous sommes passés de sept à cinq, ne conservant que l'anglais, le français, l'espagnol, le mandarin et l'arabe.

Ce que nous voulions, c'est être encore plus présents sur la scène internationale parce que l'étude de Graham Mytton nous avait dit, en 2009, que Radio Canada International n'était plus un joueur pertinent aux ondes courtes, nous recommandant même d'aller du côté d'Internet. Quelques années plus tard, les compressions aidant, il a fallu faire ce virage plus rapidement.

Nous nous sommes retrouvés avec une somme de 2,3 millions de dollars. On peut se dire que ce n'est pas une grosse somme, mais en même temps, on se dit que c'est beaucoup d'argent. Qu'est-ce qu'on peut faire avec 2,3 millions de dollars? C'est la question qu'on s'est posée. On pouvait sûrement trouver quelque chose à faire avec ce montant qui provient des taxes des Canadiens.

Alors, on s'est retroussé les manches, et à RCI, je peux vous dire qu'on a du personnel extrêmement fier et vaillant, qui a travaillé fort. Dans la dernière année, on a mis au point un nouveau site web qui a été lancé il y a trois semaines. Alors ce que vous voyez ici est tout à fait nouveau. C'est le nouveau site de RCI qu'on a développé à l'interne avec l'équipe de Radio-Canada. Tout a été refait.

Pour vous donner un exemple, ce qu'on a maintenant est extrêmement novateur. Si vous allez au haut de l'écran, vous allez apercevoir quatre cases. Ce sont les manchettes qu'on a présentement dans nos sections en arabe, en chinois, en espagnol et en anglais, puisque nous sommes présentement dans la section en français de Radio Canada International. Vous avez en haut ici le choix des langues, vous pouvez naviguer et aller chercher la langue que vous voulez.

Ce ne sont pas des reprises qu'on offre à Radio Canada International, c'est du contenu original. Quand vous regardez ici les trois premiers sujets, c'est vraiment les trois premiers sujets produits dans la journée et ce sont des reportages et des entrevues qui ont été réalisés par nos présentateurs et réalisateurs.

Chaque jour, on a des contenus qui sont offerts. Il y a les blogues sur l'actualité et la vision canadienne de ce qui se passe dans le monde. Dans chaque section, vous retrouvez cela. Il y a aussi les coups de cœur de Radio Canada International.

J'en profite pour vous dire, d'ailleurs, que Radio Canada International a été mise en nomination pour les Webby Awards. Nous sommes finalistes parmi les cinq meilleurs sites qui portent sur la religion.

Également, on vient de remporter un prix avec Média Mosaïque pour notre effort en diversité avec le site Moi, le musulman d'à coté.

Sur le site de Radio Canada International, vous retrouvez notamment — et c'est important pour nous —, un lien avec nos auditeurs. Vraiment, on interpelle les internautes. Toute cette partie de droite, on les invite à nous faire part de leurs commentaires et de leurs photos qu'ils prennent du Canada. Je vous le rappelle, notre mandat est de faire rayonner le Canada partout dans le monde.

Nous avons également notre partie Facebook qu'on n'avait pas auparavant. En juin dernier, on avait un petit peu plus de 2 000 amis Facebook et nous en avons maintenant 7 418. On a fait un progrès fulgurant avec notre passage sur le Web. On est avec Twitter. Les gens peuvent aller chercher le cybermagazine.

On fait aussi de la radio. On fait encore une émission d'une demi-heure par semaine dans chacune des langues et c'est produit à partir du contenu qu'on a recueilli durant la semaine. Tous nos reportages et entrevues sont sonores, donc nos équipes font une émission par semaine et on peut l'écouter sur le Web. Les gens peuvent les écouter en baladodiffusion, les télécharger. On offre également comme vitrine du Canada les services d'écoute de Radio-Canada et de Radio One, de musique aussi de CBC et d'Espace Musique. Les gens ont droit à un fil de nouvelles également pour savoir ce qui se passe au Canada dans les nouvelles de CBC/Radio-Canada. Les gens ont le choix et peuvent se promener.

Vous avez cela dans toutes les langues, mais dans chacune des langues, les contenus diffèrent. Nous ne faisons pas de traduction d'un site à l'autre. Beaucoup de sites internationaux traduisent le même sujet. Nous, chacune des langues, chacune des sections a vraiment des sujets qui lui sont propres.

Au niveau des sujets qu'on retrouve en bas, ce n'est pas nécessairement la même chose. Des éléments sont les mêmes, mais la plupart des contenus quotidiens diffèrent d'une langue à l'autre parce que les marchés diffèrent. Notre équipe en arabe s'adresse finalement à une population beaucoup plus intéressée à ce qui se passe dans les différentes régions du monde, les équipes en français savent que l'Afrique est importante, donc chaque section se préoccupe des sections du monde.

Il y a des sections en profondeur où on retrouve les dossiers principaux de Radio Canada International qu'on fait, nous, pour ce qui est de Web documentaires. Je vous en ai parlé tout à l'heure.

Ce qu'il y a de particulier dans notre nouveau site, et vraiment, c'est une grande fierté, et je pense que vous allez partager avec nous, c'est la nouvelle section Découvrir le Canada. Cela n'existait pas auparavant. Notre mandat est de faire découvrir le Canada et on a développé cette section où on peut aller dans chaque région du Canada, avoir de l'information sur chacune des provinces. Dans cette section, on retrouve également un jeu-questionnaire; les gens peuvent tester leurs connaissances, il y a une dizaine de questions.

Plus en bas, vous avez la capacité de parcourir le Canada en auto, en bateau, en avion, en train, à pied et de l'espace. Je vais vous montrer un petit peu ce que ça donne au niveau de l'espace. C'est fantastique tout simplement. L'image n'est pas parfaite sur les écrans en bas; donc tout le travail du Canada et son implication au niveau de l'espace, mais cela comprend aussi, si on va avec les onglets, en orbite, tout ce qu'on a.

Il y a également les télécommunications. Comment on s'est démarqué au niveau mondial au niveau des communications. Donc, vous avez, pour chacun des éléments, quand on se promène que ce soit en bateau, en avion. C'est vraiment en cinq langues. On est très fiers de cette section.

Vous savez, je m'emballe, parce qu'on a tellement travaillé fort. Et je vous dirais que les employés de Radio Canada International me disaient, et me le rappellent parfois, on ne voudrait pas revenir en arrière. Ce qu'on réussit à faire maintenant, on en est extrêmement fiers et on a réussi à rentabiliser l'argent des Canadiens au maximum. On dit parfois qu'on est un petit miracle, c'est la preuve que cela existe. Si vous avez des questions, je serais disponible.

[Traduction]

M. Lacroix : Pour répondre à votre question, sénateur Greene, vous avez entendu que nous nous sommes rapprochés des auditeurs pour pouvoir mieux les suivre, les comprendre et les rejoindre et avoir leur rétroaction. Quand on transmet des ondes courtes, il n'existe absolument aucun moyen de savoir si les gens écoutent et s'ils sont branchés à leur appareil au moment exact où vous diffusez, ces 30 ou 60 minutes. Pour nous, c'est une belle façon de transformer RCI, non pas de faire disparaître le réseau, mais plutôt de le transformer en quelque chose qui est facile d'accès, dynamique, et qui suit le virage numérique.

Le sénateur Greene : Est-ce que vous aviez déjà prévu ces changements pour le long terme, et que vous n'avez fait qu'en devancer la mise en œuvre?

M. Lacroix : Pas tous, mais il est certain qu'ils ont été précipités par la demande du gouvernement.

Le sénateur Greene : Merci beaucoup et félicitations.

M. Lacroix : Merci.

Le sénateur Eggleton : Ce que vous nous démontrez est très impressionnant, mais j'aimerais revenir sur le sujet des ondes courtes. Je constate que d'autres radiodiffuseurs réduisent leurs ondes courtes, mais certains en gardent, et j'ai l'impression que ce pourrait être parce qu'il y a des gens qu'on ne peut atteindre par ces moyens. Vous avez dit, monsieur Lacroix, quand vous parliez de l'Afrique, qu'environ 3 p. 100 seulement de la population a accès à Internet. Et puis il y a aussi la question des pays opprimés, où on empêche les gens d'accéder à Internet. Tout au long de l'histoire, en tout cas de l'histoire moderne, la capacité d'atteindre cette opération au moyen des ondes courtes est perçue comme un élément important de l'expression de ce qu'est le Canada parce que cela permet de transmettre les récits et les messages du Canada au plus grand nombre possible de ces gens qui vivent dans l'oppression.

Vous avez aussi dit qu'étant donné qu'il y a plus de possibilités de radiodiffusion, il serait possible de diffuser un contenu audio à partir d'un serveur réservé à cette fin. Je ne suis pas sûr de ce que cela signifie, si de cette façon, les gens dont je parle, qui vivent dans des sociétés opprimées, y auraient accès.

De plus, vous avez dit que pour vous, le maintien d'une infrastructure sur ondes courtes n'est pas une option viable. Comment pouvons-nous atteindre les gens qui vivent dans un climat d'oppression et qui n'ont pas accès à Internet?

M. Lacroix : Sénateur Eggleton, ce sont là plusieurs questions. J'essaierai de répondre à certaines d'elles, et je laisserai Mme Parent répondre aux autres. Si j'oublie quelque chose, vous pouvez me le signaler.

Notre point de départ a été la prémisse selon laquelle il nous fallait trouver 200 millions de dollars dans notre budget, après qu'il ait été coupé de 171 millions de dollars en 2008-2009. Nous sommes donc partis de là.

Nous devons nous assurer de protéger nos activités de radiodiffusion, de nous acquitter de notre mandat en vertu de la loi, de protéger nos orientations stratégiques et de continuer de livrer le produit que veulent les Canadiens, c'est-à- dire une programmation intéressante et différenciée d'un radiodiffuseur public. Nous partons de là, nous protégeons la base, puis nous procédons à une analyse pour déterminer si certains services, peut-être, ne sont plus pertinents, ou si certains services sont sur des plateformes peu utilisées par les Canadiens — pas seulement les Canadiens, d'ailleurs. C'est là que s'est manifesté à notre attention Radio Canada International, et nous avons alors discuté, comme l'a dit Mme Parent, des transformations qu'on pourrait faire pour réduire ce budget et faire de RCI un environnement plus dynamique.

Vous avez parlé d'atteindre les personnes dans ces pays. Nous croyons que puisque nous pouvons diffuser des émissions grâce aux appareils mobiles et aux partenariats avec les programmes de radio locale dans ces pays — je vais demander à Mme Parent de vous en dire davantage à ce sujet ainsi que sur le célèbre serveur spécial. Les chiffres dont nous disposons à l'heure actuelle indiquent 3 000 visiteurs — je vais chercher ces chiffres. Les gens visitent notre site et téléchargent — voici les chiffres. Entre septembre et novembre 2012, sur ce célèbre serveur spécial — qui est un serveur accessible à nos partenaires. Si vous êtes l'un de nos partenaires, disons qu'il s'agit d'une organisation étrangère, vous pouvez visiter notre site, c'est gratuit, vous téléchargez l'application et l'ajoutez aux programmes que vous avez dans votre propre pays comme étant des émissions en provenance de CBC/Radio-Canada. À titre d'indication de notre pertinence, nous avons eu 3 000 clics de la part de nos partenaires qui ont téléchargé cette application et qui ont intégré de la programmation dans leur propre calendrier d'émissions.

[Français]

Mme Parent : C'est vraiment un serveur accessible. Les gens nous font une demande en remplissant un formulaire parce qu'on veut s'assurer qu'ils défendent des valeurs démocratiques. On leur envoie un mot de passe, ils ont accès au serveur et peuvent se connecter lorsqu'ils le veulent et c'est gratuit. Ils téléchargent les productions.

D'ailleurs, ils nous ont demandé des productions plus courtes. Maintenant, la durée de nos productions varie entre cinq et 15 minutes. Il y a eu tout de même 3 000 visites de nos partenaires en 70 jours, ce qui est excellent. On est très fiers, cela fonctionne bien. Vous avez parlé tantôt des ondes courtes qui sont encore utiles pour certaines populations. C'est vrai, mais le taux de pénétration qui restait à RCI au niveau des ondes courtes nous fait penser que l'auditoire qu'on joignait était vraiment petit.

Tout à l'heure, Hubert vous a fourni une information concernant le taux de pénétration d'Internet en Afrique et qui date de 2009. Ce matin, dans le journal La Presse, l'Union internationale des communications publiait de nouveaux chiffres. Aujourd'hui, trois ou quatre ans plus tard, ce taux est passé à 16 p. 100 en Afrique, ce qui constitue une augmentation vraiment importante.

Mais ce qui fonctionne bien en Afrique, c'est la mobilité et le mobile. En 2009, il y avait déjà une forte pénétration et je peux vous annoncer que nous aurons notre application mobile de RCI qui sera prête pour la mi-mai. L'équipe de Radio-Canada y travaille activement présentement. La version mobile pour les gens en Afrique et un peu partout sera disponible.

M. Lacroix : Sénateur Eggleton, cela est très important.

[Traduction]

Comment atteindre les personnes de ces régions qui n'ont pas d'accès facile à Internet? Les appareils mobiles seront la clé, et nous serons en mesure de leur livrer des émissions sur leur téléphone ou le widget de leur choix. Comme les chiffres que j'ai cités l'indiquent, ce sont des chiffres très élevés, même pour l'Afrique. Voilà comment nous allons les atteindre.

Le sénateur Eggleton : Oui, parce que je ne pense pas que le serveur spécial puisse nécessairement fonctionner. Ce sont des pays qui ont des valeurs démocratiques. Toutefois, je parle des pays pour lesquels il en va autrement et les efforts qu'il faut faire pour atteindre les peuples opprimés, que nous réussissions à joindre grâce à la radiodiffusion ondes courtes.

M. Lacroix : Ils peuvent accéder à nos sites et à l'information que nous transmettrons grâce aux appareils mobiles. Le serveur spécialisé leur donne accès et permet par exemple à une station locale africaine d'utiliser cette programmation. Dans ces pays, nous avons bon nombre de partenaires qui diffusent notre contenu dans le cadre de leur programmation de radio locale. Il leur suffit de rajouter nos émissions. Voilà la façon dont nous les atteignons.

Le sénateur Eggleton : Oui je vous ai entendu dire cela. Mais j'aimerais tout de même avoir une réponse à la question que je vous ai posée. Quel aurait été le prix de maintenir l'infrastructure de radio ondes courtes

M. Lacroix : Cela aurait coûté 2,3 millions de dollars par année. Voilà le coût de cette plateforme. Si on ne tient pas compte des services partagés, comme les ressources humaines, et les services généraux qui appuient Radio Canada International...

Le sénateur Eggleton : Uniquement pour l'infrastructure.

M. Lacroix : Le budget total était de 10 ou 12 millions de dollars. Il est maintenant passé à 2,3 millions de dollars.

[Français]

Mme Parent : Dans le budget de RCI, le coût du maintien des ondes courtes était de 1,2 million de dollars par année. Je ne sais pas si cela répond à votre question. Et le coût total du maintien de l'ensemble des ondes courtes de Radio- Canada était de 2,1 millions de dollars par année.

[Traduction]

M. Lacroix : La différence, c'est que les revenus que nous recevions de divers partenaires diminuaient puisqu'au fur et à mesure que nos installations pour ondes courtes étaient utilisées par d'autres, nous pouvions générer des revenus. C'est pourquoi c'est un montant net.

[Français]

La sénatrice Verner : Merci pour votre discours à l'ouverture. Il a le mérite d'être clair et enlève un peu l'aspect dramatique qui aurait entouré l'annonce de compressions budgétaires supplémentaires chez Radio-Canada et Radio Canada International.

C'est presque une bonne nouvelle ce qui vous est arrivé. Je ne voudrais pas exagérer, mais c'est assez extraordinaire ce que vous avez fait. Ma question est dans la même lignée que celles posées par mes collègues.

On sait qu'en Afrique l'appareil mobile est vraiment la meilleure façon de joindre tout le monde. Diriez-vous que vous parvenez à joindre davantage de personnes qu'avec la méthode traditionnelle?

Mme Parent : C'est notre objectif et on croit fermement qu'on va joindre davantage de populations. On diffuse aussi sur bande FM. Nos partenaires diffusent dans les radios locales. Et cela, BBC et Voice of America vont vous le dire. Maintenant, ce qui est très important en Afrique, c'est d'être présent dans les radios locales FM. Elles diffusent nos productions et pour nous, le fait d'être présents sur le mobile représente une avancée très importante.

La sénatrice Verner : Le fait qu'on vous ait demandé de procéder à des coupes budgétaires a accéléré le processus parce qu'en fin de compte, quand on regarde le résultat de tout cela, on a presque envie de vous demander si ça n'aurait pas dû être fait avant.

Mme Parent : Je crois que l'équipe de Radio Canada International y pensait depuis des années. Ce passage sur Internet, avec la recommandation de Graham Mytton, on avait commencé à le faire. Ce n'est pas une première sur Internet. On avait un site auparavant, mais qui était en complément d'émissions. Je pense que parfois la créativité s'impose.

La sénatrice Verner : Félicitations. Franchement, votre produit est assez impressionnant.

Mme Parent : Merci.

[Traduction]

La sénatrice Unger : Merci de votre exposé. J'aimerais en connaître davantage sur l'auditoire de RCI quant au nombre, la composition, l'âge, la région, le pays et ainsi de suite et comment cet auditoire a changé. Vous avez été la voix du Canada pendant de nombreuses années et je me demande tout simplement qui sont ces personnes qui devront maintenant utiliser cette nouvelle technologie et qui, bien honnêtement, si c'était des gens de mon âge, ne s'y intéresseraient tout simplement pas.

[Français]

M. Lacroix : Je vais demander à Hélène de vous exposer les faits concernant notre auditoire actuel.

[Traduction]

C'est difficile pour nous de vous dire ce qu'il en était auparavant, car nous ne pouvions pas compter. Il était très difficile de compter le nombre de gens qui nous écoutaient via les ondes courtes, car il n'y avait pas de connexion. Nous devions nous fier sur des données que nous recevions d'une manière fort incomplète.

Grâce à cette nouvelle technologie, nous pouvons maintenant en faire le décompte. Mme Parent pourra vous dire qui est l'auditoire et à qui nous nous adressons. Environ 55 p. 100 de l'auditoire est composé de Canadiens qui se trouvent au Canada et environ 45 p. 100 des autres sont à l'extérieur du Canada. Peut-être que Mme Parent pourra vous en dire davantage.

[Français]

Mme Parent : Quarante-cinq pour cent de notre auditoire se compose d'auditeurs de l'étranger. Chez les Canadiens, nous n'avons pas tracé le profil. Les gens qui fréquentent Radio Canada International sont âgés entre 50 et 65 ans. Ce sont des gens instruits. Dans le fond, c'est le même public que CBC/Radio-Canada mais exactement, le taux de notoriété de Radio Canada International auprès des Canadiens était de 31 p. 100, ce qui est excellent, compte tenu du peu de connaissance et le peu de rayonnement que Radio Canada International avait au Canada.

Il faut dire qu'avec la radio à ondes courtes nous n'étions pas diffusés au Canada et les Canadiens d'origines diverses n'avaient pas accès au contenu de RCI et maintenant, on s'adresse aux gens qui connaissent peu ou pas le Canada, peu importe leur origine.

On s'adresse aux citoyens du monde parce qu'avec Internet on ne connaît pas de frontières. On vise encore le même public, c'est-à-dire les gens autour de 35 ans et plus, des gens qui veulent s'instruire et qui veulent apprendre, qui ont cette capacité de nous joindre. On est conscients aussi que pour certains, c'est important d'avoir un certain revenu, notamment pour des lignes internet, sauf pour la mobilité où maintenant, en Afrique, c'est devenu accessible.

On vise un public beaucoup plus large et on vise un public canadien, en plus. On n'avait pas accès au public canadien. Vous savez, nous on se plaît à dire que le fait de s'adresser aux Canadiens d'origines diverses est important, notamment quand il y a des événements tels ceux de l'affaire Shafia. Nous, à Radio Canada International, on s'est dit que si la famille Shafia était venue fréquenter le site de Radio Canada International qu'on a maintenant, ils auraient pu comprendre les valeurs canadiennes et ce que c'est que d'habiter au Canada.

On a, dans la section Découvrir le Canada, une section complète sur le système démocratique canadien. Je ne vous l'ai pas montré, mais tout le système parlementaire aussi y est décrit. Nous avons une mission en termes d'éducation au niveau des Canadiens et pour les non Canadiens de découvrir ce qu'est le Canada et il nous faut nous adresser à toute cette population.

[Traduction]

M. Lacroix : J'aimerais que vous reteniez de l'intervention de Mme Parent que, auparavant, nous ne pouvions pas parler de la RCI aux Canadiens qui se trouvaient au Canada. On ne pouvait pas leur raconter ce qui se passait. Les gens qui viennent au Canada et décident d'y vivre ont maintenant accès à nous par ce canal car ils peuvent maintenant naviguer sur Internet et découvrir le Canada et ils approfondissent leur connaissance de ce pays et en deviennent des citoyens notamment par l'entremise de la RCI.

La sénatrice Unger : Est-ce que la radio de la SRC est facilement accessible à l'extérieur du Canada? Je me demandais également combien de personnes dans des régions opprimées écoutaient cette radio. Qui sont-elles? Dans quels pays se trouvent-elles principalement?

M. Lacroix : Vous voulez savoir où se trouvait Radio-Canada auparavant?

[Français]

On pourrait donner une idée de nos ondes courtes, à savoir dans quels pays nous étions diffusés.

Mme Parent : Vous avez une carte géographie dans vos dossiers à savoir où nous étions diffusés.

[Traduction]

M. Lacroix : Si vous regardez la carte, vous le verrez.

La sénatrice Unger : Merci beaucoup.

Le sénateur Housakos : Je vous félicite de cette initiative et de votre exposé. J'aimerais d'abord faire une observation. Vous pourrez vous prononcer là-dessus. Je vous poserai ensuite une question.

C'est incroyable de voir à quel point vous êtes devenus innovateurs et efficaces alors que vous avez 80 p. 100 moins d'argent et que vous avez perdu un tiers de vos employés. Vous avez réussi à communiquer en utilisant des technologies contemporaines. Au cours de la dernière décennie, cette technologie s'est établie comme la voie de l'avenir. Il faut cependant se poser la question suivante : pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps?

D'autre part, à titre de parlementaires et de contribuables, nous souhaiterions que nos sociétés d'État tentent de trouver des initiatives qui leur permettraient d'être le plus efficaces et le plus rentables possible sans pour autant que les gouvernements soient obligés de mettre en vigueur des mesures draconiennes pour forcer les sociétés d'État — qu'il s'agisse de VIA Rail ou de la Société Radio-Canada — à mettre en œuvre des initiatives qui généreront des économies. Voilà donc un exemple de la façon dont une compression budgétaire importante et draconienne a permis de créer des résultats positifs et innovateurs. C'est une observation.

J'aimerais vous poser une autre question. Pardonnez mon ignorance, mais combien de radios à ondes courtes ont été vendues au Canada l'année dernière? De combien de radios à ondes courtes se sont dotés les Canadiens qui habitent au Moyen-Orient, en Europe de l'Est ou ailleurs?

M. Lacroix : Pour être franc, je n'en ai pas la moindre idée. Je ne peux pas répondre à cette question.

Le sénateur Housakos : La dernière fois que je suis allé à Future Shop ou même à un autre magasin qui vend des produits électroniques, il ne semblait pas vendre de radios à ondes courtes.

M. Lacroix : Ils ne pourraient pas nous entendre ici, alors ça ne serait pas utile.

Revenons à la question qui nous demandait pourquoi on n'avait pas créé de telles initiatives au préalable. Pour cela, il faudrait reconnaître une chose. Il y a cinq ans, aviez-vous des iPad? Étiez-vous dotés des widgets que vous tenez entre vos mains en ce moment? Non. C'est comme cela que la technologie moderne nous a aidés. C'est pour cette raison. Nous n'aurions pas pu faire cela il y a quelques années. Oui nous l'envisagions et nous réfléchissions à la technologie, mais ce que nous faisons maintenant à CBC/Radio-Canada et le virage numérique que nous avons adopté provient de là. Cela permet d'expliquer comment nous en sommes arrivés à la stratégie 2015 et à ce troisième virage qui nous a permis d'être aussi importants dans le monde numérique actuel. C'est un exemple de ce que nous pouvons faire dans ce genre d'environnement.

J'aimerais aussi vous rappeler que pour survivre à CBC/Radio-Canada, nous devons être plus efficaces tous les ans. Les chiffres que nous avons indiquent que nous n'avons pas reçu plus de fonds depuis 1973. Nous nous débrouillons avec ce que nous avons afin de pouvoir offrir des services aux Canadiens. La technologie aide, ainsi que leur efficacité; nous diminuons la superficie de nos locaux. Par exemple, nous allons réduire la superficie du Centre de radio-télévision à Toronto et de la Maison Radio-Canada à Montréal. Nous avons de nouveaux locataires; nous nous sommes réorganisés. À Halifax, par exemple, nous avons deux édifices que nous allons quitter pour emménager dans un espace que nous louons. Nous abandonnons les locaux qui nous appartiennent.

Je peux vous assurer, sénateur Housakos, que CBC/Radio-Canada entame chaque année en misant sur l'efficacité et travaillant à partir de cela.

[Français]

Le président : Monsieur le président, madame Parent, merci beaucoup de votre présentation; je n'ai plus d'autres questions. Si vous le permettez — cela va prendre quelques secondes —, nous allons passer à huis clos, je vais poser quelques questions et nous irons ensuite vous saluer.

(La séance se poursuit à huis clos.)


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