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POFO - Comité permanent

Pêches et océans

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule 10 - Témoignages - Séance du soir


HALIFAX, le jeudi 29 mai 2014

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 19 h 34, pour étudier sur la réglementation de l'aquaculture, les défis actuels et les perspectives d'avenir de l'industrie au Canada.

Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Je vois que nous avons le quorum, je déclare donc la séance ouverte.

Je tiens d'abord à offrir les condoléances du comité à la famille du chef Lawrence Paul, qui est décédé il y a quelques jours à peine. Je ne l'ai pas connu, mais ceux d'entre vous qui ont eu ce privilège parlent de lui et de ses contributions à la province et à notre pays avec le plus grand bien. Je tiens donc à transmettre les condoléances du comité à sa famille et à ses amis.

Je suis heureux de vous accueillir à cette réunion du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans. Je m'appelle Fabian Manning, sénateur de Terre-Neuve-et-Labrador, et je préside le comité. Avant de donner la parole à notre témoin de ce soir, j'invite les membres du comité à se présenter.

Le sénateur McInnis : Je suis le sénateur Tom McInnis, de la Nouvelle-Écosse.

La sénatrice Lovelace Nicholas : Sénatrice Lovelace, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Poirier : Sénatrice Rose-May Poirier, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Munson : Je suis le sénateur Jim Munson, de l'Ontario.

Le sénateur Mercer : Sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Wells : Bonjour, monsieur Doucette. Je m'appelle David Wells et je suis de Terre-Neuve-et-Labrador.

Le président : Nous avons la chance d'avoir avec nous M. Charles Doucette, qui est directeur des pêches pour la Potlotek First Nation. Merci d'avoir pris le temps de vous joindre à nous, ce soir, pour apporter votre contribution à l'étude spéciale que mène le comité sur la réglementation, les défis actuels et les perspectives d'avenir de l'industrie de l'aquaculture au Canada. Notre journée a été très intéressante jusqu'ici — c'est le moins que l'on puisse dire —, compte tenu de ce que nous avons entendu de nombreux témoins, et nous nous faisons une joie à l'idée de vous écouter, monsieur Doucette. La parole est à vous.

Charles Doucette, directeur des pêches, Potlotek First Nation : Merci. Je m'appelle Charles Doucette et je suis de la Potlotek First Nation. On nous connaît aussi sous le nom de la Chapel Island First Nation. Je suis directeur des pêches. Je dirige aussi les activités d'aquaculture pour le poisson de fond, le crabe et le homard. Enfin, je dirige la stratégie des pêches autochtones, c'est-à-dire la pêche à des fins alimentaires, sociales ou cérémoniales, alors ce que je fais touche à bien des domaines.

Pour ce qui est de mon parcours, disons que j'ai travaillé plusieurs années pour le ministère des Ressources naturelles à veiller à l'application des lois, avant de commencer un travail de gardien. Je suis directeur des pêches de Chapel Island depuis un an et demi.

Plusieurs choses ont été tentées à Chapel Island ou Potlotek dans le domaine des pêches. Il y a eu un élevage de truites dans les années 1970, mais cela n'a pas bien fonctionné et l'on a dû cesser les activités au bout de deux ans à peine. À cette époque, la communauté a aussi tenté de faire l'élevage des huîtres. On utilisait alors le système flottant où les huîtres étaient suspendues à des coquilles de pétoncles, mais ce système n'a pas très bien fonctionné, car il était trop difficile de déloger les huîtres matures des coquilles de pétoncles. Nous nous sommes donc lancés, dans les années 1990, dans le traitement d'huîtres vivantes. Nous avons loué une usine à Louisdale, en Nouvelle-Écosse, et les choses se sont mises à bien fonctionner. Nous achetions les huîtres de bénéficiaires de baux des alentours de Potlotek et d'autres secteurs du Bras d'Or, et les préparions pour le marché.

Cette préparation requiert beaucoup de travail manuel. Les huîtres sont pêchées dans la boue et elles doivent être nettoyées à la main, une par une. Il faut ensuite les classer en fonction de leur taille, les empaqueter et les expédier. Nous livrions plusieurs camions par semaine au marché de Boston, au marché de Toronto et une partie de notre production était destinée à l'Europe. C'est à ce moment que la bande a décidé d'investir dans sa propre usine et d'avoir son propre territoire. L'usine a donc été bâtie et elle a reçu l'approbation de l'ACIA. La bande a reçu des fonds pour acheter un navire de bonne taille, une barge pour se rendre aux parcs à huîtres pour les récoltes de plus grande envergure, ainsi que deux petites embarcations pour aider les bénéficiaires de baux individuels à se rendre à leurs concessions jusqu'à ce qu'ils puissent avoir leur propre navire. Juste après cela, tout était prêt pour aller de l'avant. Eskasoni était en mesure de produire beaucoup de naissains et nous leur en avons commandé environ deux cent mille tonnes, mais ils n'ont jamais été livrés puisqu'ils ont été contaminés par une maladie. La maladie a été constatée dans le secteur de l'île Boom, soit dans la partie nord du lac. La maladie identifiée porte le nom de MSX. Elle s'attaque aux huîtres, mais pas aux humains qui les mangent. À l'époque, on nous a dit que la pêche aux huîtres allait être interdite dans tout le lac, et que nous devions par conséquent renoncer à faire quoi que ce soit avec les huîtres que nous avions dans ces parcs.

Or, pour quelque raison que ce soit, les huîtres de notre partie du lac n'ont jamais été touchées par cette maladie au cours des années qui ont suivi cet épisode. C'est un lac ouvert, mais nous n'avions toujours pas le droit de récolter nos huîtres. Un peu plus tard, un protocole a été mis en place pour nous permettre d'en récolter une partie. C'est quelque chose que je n'ai appris qu'au moment de commencer mon travail. Le protocole stipulait que les huîtres ne devaient pas être immergées de nouveau une fois transportées.

À cette époque, il y avait aussi beaucoup de gens qui disaient que c'était à cause des changements climatiques, et notamment du réchauffement de l'eau qui, en fait, accélère la croissance des huîtres. Mais nos lacs sont habités par des crabes verts, ces crabes qui mangent les petites huîtres. Or, nous poursuivions nos expériences, car les huîtres étaient toujours vivantes. Nous avons donc trouvé une façon d'atténuer l'action des crabes verts en mettant les petites huîtres dans des contenants grillagés jusqu'à ce qu'elles soient trop grosses pour que les crabes puissent les manger.

Mais une autre espèce envahissante a fait son apparition entre-temps, le tunicier colonial, qui est l'une des nombreuses sortes de tuniciers qui se déplacent vers le Nord. Les tuniciers coloniaux recouvrent les surfaces naturelles où les huîtres ont l'habitude de frayer. Ils recouvrent les prés marins, les roches, les coquilles et quoi que ce soit que nous mettions en guise de collecteurs de naissains. Nous avons donc dû nous adapter en essayant de capter les naissains grâce à un système spécial. Il faut d'abord attendre que les huîtres fraient. Après deux semaines de frai, lorsque les huîtres sont prêtes à tomber au fond, il faut tendre les collecteurs de naissains, mais en veillant à ce que les tuniciers n'aient pas le temps de s'y attacher.

Voilà où nous en sommes. Nous espérons poursuivre notre projet et nous essayons de remettre notre usine en marche. Et nous suivons tous les protocoles pour éviter la propagation de la maladie au cas où, par malchance, nos huîtres devaient être infectées par le MSX.

Il nous faut toutefois un moyen plus rapide de nous procurer les naissains. Nous avons examiné la possibilité d'avoir une microécloserie, mais nous n'en avons pas les moyens à l'heure actuelle. L'intention est de produire suffisamment de naissains que nous pourrions faire grandir avant que la maladie ne survienne, le cas échéant.

La salinité de notre secteur du lac n'est pas la même que celle d'autres secteurs. La salinité de notre secteur est plus élevée et l'eau est juste un peu plus froide qu'ailleurs. Les autorités croient que c'est ce qui explique pourquoi la maladie ne s'y est pas propagée. Les secteurs comme Whycocomagh et Malagawatch ont des eaux moins profondes et plus chaudes. Cela constitue un avantage pour le frai, mais c'est aussi un désavantage puisque la maladie se propage plus facilement dans ces conditions et qu'elle tue les huîtres plus rapidement.

Alors, voilà où nous en sommes avec les huîtres. Nous n'avons à l'heure actuelle aucune intention de faire quoi que ce soit avec les poissons à nageoires, en raison du coût énorme d'une telle entreprise. Nous avons toujours la barge. À défaut de pouvoir l'utiliser pour la récolte, nous nous en servons dans le cadre d'un rassemblement de catholiques qui a lieu chaque année sur l'île. Ces rassemblements ont commencé en 1972. Nous utilisons l'embarcation pour nettoyer l'île avant et après l'événement, pour enlever les déchets et les eaux usées, car nous ne voulons pas que quoi que ce soit vienne contaminer le lac. Voilà le portrait de notre situation actuelle.

Le président : Merci, monsieur Doucette.

La sénatrice Poirier : Merci d'être ici et merci de votre exposé. D'après ce que je comprends, vous aviez commencé vos activités, et vous commandiez des naissains, mais vous avez dû cesser vos activités parce que vous avez perdu tous les naissains que vous avez reçus en raison d'une maladie. Vous louiez une usine de traitement, puis vous en avez bâti une. Vous l'avez peut-être expliqué et ça m'aura échappé, mais je crois comprendre que vous avez toujours l'usine et le bateau — le navire —, est-ce exact?

M. Doucette : Oui, nous les avons toujours.

La sénatrice Poirier : Avez-vous le permis? Élevez-vous des huîtres présentement ou non?

M. Doucette : Nous gardons notre permis en vigueur. Nous devons le renouveler chaque année.

La sénatrice Poirier : D'accord. Mais vous ne faites pas de culture présentement, n'est-ce pas?

M. Doucette : Nous avons des baux, et ces baux contiennent des huîtres, mais nous ne sommes pas en mode traitement — je ne parlerais pas de culture.

La sénatrice Poirier : Donc, à l'heure actuelle, votre usine ne produit rien et n'exporte rien.

M. Doucette : C'est exact.

La sénatrice Poirier : Dans combien de temps croyez-vous être en mesure de reprendre la production?

M. Doucette : Eh bien, comme je l'ai dit, j'ai commencé il y a un an et demi. À partir d'un naissain, il faut environ quatre ans aux huîtres pour atteindre la taille souhaitée pour être vendues. Si nous pouvions nous procurer plus de naissains, nous pourrions faire davantage. Nous pourrions commencer le traitement et l'expédition, toujours en conformité avec les protocoles.

La sénatrice Poirier : Outre la difficulté de vous procurer autant de naissains que vous le souhaitez, y a-t-il d'autres problèmes dont vous aimeriez nous faire part?

M. Doucette : Nous avons un grave problème avec nos baux, un problème que certains appellent le « braconnage ». Nous nous sommes adressés au secteur concerné du ministère des Pêches et des Océans et nous leur avons expliqué ce qu'il se passait. Les responsables nous ont répondu qu'il n'y avait pas de pêche récréative dans le Bras d'Or. Je leur ai dit que j'en avais vu de mes propres yeux. Ils ont répondu : « Oh, vos baux ont été délimités par des panneaux. » Oui, c'est vrai, mais les panneaux n'indiquent rien d'autre qu'un chiffre. Or, à moins d'être vous-même un producteur d'huîtres, ce panneau et ce chiffre ne vous diront absolument rien. Alors, les gens continuent de prendre tout ce qui commence à pousser, car ils sont convaincus qu'il s'agit d'une activité récréative. Personne ne leur a expliqué ce que ces panneaux signifient.

La sénatrice Poirier : Vous servez-vous des cages flottantes?

M. Doucette : Nous espérions pouvoir les essayer. Les nôtres sont tout au fond du parc.

Le sénateur Wells : Monsieur Doucette, merci de vous être déplacé.

Si j'ai bien compris, il y a six bénéficiaires de baux?

M. Doucette : Non, il y en a à peu près 30.

Le sénateur Wells : Trente? Vous devez mettre votre site web à jour.

M. Doucette : Notre site web a effectivement besoin d'une mise à jour.

Le sénateur Wells : Pour avoir un bail, faut-il investir ou s'agit-il tout simplement d'acheter un permis? Quelles sont les exigences?

M. Doucette : Vous devez vous adresser à la province, laquelle fera une demande de bail. La demande porte sur un secteur. Cela prendra de trois à quatre ans, car les autorités doivent vérifier s'il y a des propriétaires adjacents qui s'opposent à l'octroi d'un bail dans ce secteur ou des pêcheurs qui verraient la chose d'un mauvais œil, comme les pêcheurs de homard pour ne nommer que ceux-là.

Le sénateur Wells : Alors, cela ne se fait pas par l'intermédiaire de la bande, mais plutôt par l'entremise du ministère des Pêches et des Océans?

M. Doucette : Non, cela se fait par l'entremise de la province.

Le sénateur Wells : Il me semble que trois ou quatre ans sont une très longue période. S'il y avait un entrepreneur qui voulait investir — pas vous, mais en général —, je crois qu'il faudrait veiller à ce qu'il n'y ait pas tant de règlements. En fait, je comprends la nécessité des règlements, mais il faudrait réduire le temps d'attente pour cet investissement. Ce délai me semble bien long. Êtes-vous de cet avis?

M. Doucette : Oui, c'est long. Certains qui avaient des baux ont voulu déménager ailleurs à cause des activités de braconnage qui se produisaient dans leur secteur, mais il leur a fallu attendre tout aussi longtemps, même s'il ne s'agissait que d'un transfert.

Le sénateur Wells : Est-ce parce qu'ils doivent se plier au processus une nouvelle fois?

M. Doucette : Oui.

Le sénateur Wells : Vous arrive-t-il de travailler avec des bénéficiaires de baux dans leurs démarches? En tant que directeur des pêches, travaillez-vous avec ces bénéficiaires de baux pour les aider à répondre à toutes les formalités administratives?

M. Doucette : Oui. En fait, il n'est pas rare que nous le fassions en leur nom, car certains ne sont pas aussi instruits que d'autres.

Le sénateur Wells : Avec quel ordre de gouvernement le gros des démarches se fait-il, avec le gouvernement fédéral ou le gouvernement provincial?

M. Doucette : Ils font affaire avec le gouvernement provincial, mais ils doivent aussi traiter avec le gouvernement fédéral. Ça va de l'un à l'autre.

La sénatrice Lovelace Nicholas : Soyez le bienvenu.

Qui sont ceux qui font du braconnage?

M. Doucette : Ce sont des gens ordinaires, mais disons qu'il existe aussi un marché noir pour les huîtres. Ces gens n'observent pas le protocole et ils risquent de propager la maladie. Ils voient le numéro d'un bail situé dans un secteur sain et le mettent sur leur permis d'exportation.

La sénatrice Lovelace Nicholas : Alors, personne ne surveille les braconniers?

M. Doucette : C'est ce qu'on serait porté à croire. Nous avons signalé le problème aux agents de Pêches et Océans Canada de notre région. Je connais les difficultés que cela représente, car j'ai travaillé comme agent de conservation pour le ministère des Ressources naturelles et je sais qu'il faut vraiment prendre les contrevenants en flagrant délit pour arriver à faire quoi que ce soit. Je leur ai dit qu'ils devaient patrouiller durant les jours les plus calmes. En effet, les braconniers attendent ces jours-là pour opérer, car c'est le moment où ils peuvent distinguer les huîtres au fond du parc.

La sénatrice Lovelace Nicholas : Les jeunes de la communauté s'intéressent-ils à l'aquaculture? Le cas échéant, avez- vous des programmes de formation?

M. Doucette : Nous n'avons pas de programme de formation, mais certains jeunes en suivent d'autres. La plupart des jeunes sont incités à poursuivre des études supérieures, s'ils le peuvent. Plusieurs de nos diplômés du secondaire s'en vont en génie parce qu'ils sont vraiment forts en mathématiques. Mais ce type d'activité — le traitement des huîtres — est plutôt axé sur le travail manuel. Si cela les intéresse, pour peu que notre projet se mette en marche, nous pourrions leur montrer comment faire, mais, d'ici là, nous n'avons aucun exemple à leur donner.

Le sénateur Mercer : Merci d'être ici, monsieur Doucette. Nous vous sommes très reconnaissants de votre collaboration.

J'aimerais poursuivre sur la question du braconnage et des plaintes que vous avez adressées au ministère des Pêches et des Océans. Vous dites que vous lui avez demandé de faire un suivi, mais il semble que cela n'ait mené nulle part. Vous avez dit que certains des braconniers prennent le produit et l'exportent en se servant du numéro de quelqu'un d'autre.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur Mercer : Il semble que les marchandises destinées à l'exportation doivent passer à travers un ou plusieurs points de vérification des services frontaliers avant de sortir du pays. N'y aurait-il pas une façon de les intercepter au bout de ce processus, de les attraper à ce moment-là? Rien n'arrêtera les braconniers aussi rapidement que de les mettre sur la paille. Y a-t-il une façon de les intercepter à la frontière?

M. Doucette : Je serais porté à croire que oui, mais je crois que les braconniers savent comment contourner ces mécanismes, car certains des acheteurs — et nous savons qui ils sont...

Le sénateur Mercer : Les acheteurs savent-ils qu'ils achètent des huîtres braconnées?

M. Doucette : Bien sûr, car ils participent à toutes sortes d'autres activités douteuses. En fait, lorsque j'ai dit au MPO qu'ils prenaient des huîtres du Bras d'Or — et pas seulement de notre secteur — pour les entreposer dans les eaux d'un secteur qui n'avait pas été touché par le MSX, j'ai su tout de suite qu'ils connaissaient ces gens, qu'ils étaient déjà au courant.

Le sénateur Mercer : Ils ont pris un air étonné, mais ils n'ont rien fait?

M. Doucette : Ils n'ont rien fait.

Le sénateur Mercer : Oui, c'est évidemment préoccupant.

Dites-moi, quelle est la population de l'île Chapel?

M. Doucette : Elle est légèrement supérieure à 600 habitants.

Le sénateur Mercer : C'est bien ce que je pensais.

M. Doucette : Elle compte 1 800 acres de terrain, plusieurs îles et de nombreuses berges. Environ un tiers des sites d'aquaculture à bail se trouvent sur les terres de la réserve.

Le sénateur Mercer : D'accord.

La pêche aux coquillages est pratiquée dans le lac Bras d'Or depuis longtemps. Elle est pratiquée depuis des années; malheureusement, vous semblez avoir joué de malchance ou avoir mal choisi votre moment. Je ne sais pas lequel des deux cas s'applique. Avez-vous songé à passer à la pêche aux poissons?

M. Doucette : Oui, nous avons examiné cette possibilité, mais les frais de démarrage sont exorbitants.

Le sénateur Mercer : Vos sites d'aquaculture à bail pourraient-ils être convertis pour passer de la culture des huîtres à la culture des poissons?

M. Doucette : Les sites se trouvent dans des eaux peu profondes, et les poissons à nageoires doivent être élevés dans des eaux plus profondes.

Le sénateur Mercer : Oui, exactement.

M. Doucette : Notre expérience nous a appris que les huîtres vivent dans une zone allant de 12 pieds de profondeur à quelques pouces de la surface de l'eau, mais qu'elles peuvent aussi survivre dans certaines zones ayant jusqu'à 22 pieds de profondeur. Les poissons à nageoires auraient besoin d'eaux plus profondes, d'eaux d'une profondeur de 40 pieds et plus.

Le sénateur Mercer : Outre le braconnage, votre problème principal est-il le naissain?

M. Doucette : Le naissain est...

Le sénateur Mercer : Et votre naissain provient de Whycocomagh?

M. Doucette : Non, d'Eskasoni.

Le sénateur Mercer : Eskasoni se trouve de l'autre côté du lac.

M. Doucette : Oui, mais les fournisseurs ont fermé complètement leurs portes en raison de la maladie. En fait, bon nombre de leurs huîtres sont mortes.

Le sénateur Mercer : Donc, où vous procurez-vous votre naissain maintenant?

M. Doucette : C'est là toute la question; nous devons tenter de produire notre propre naissain.

Le sénateur Mercer : Vous devez produire votre propre naissain.

M. Doucette : Le problème qui se pose est celui lié aux crabes verts et aux ascidies que je vous ai indiqué que nous avions.

Le sénateur Mercer : Et, bien entendu, comme les autres l'ont mentionné, du début à la fin, le processus exige quatre années. Peu de gens sont disposés à attendre quatre années avant que leur investissement génère des bénéfices.

M. Doucette : Oui.

Nous possédons des huîtres qui ont été inspectées par des biologistes. Nous conservons de grosses huîtres que nous appelons « les mères » et qui sont âgées de 80 à 100 ans. Je veux dire, elles sont grosses, et elles n'ont pas été touchées par la maladie. Les gens ont été avisés de ne pas les pêcher, car elles produisent beaucoup d'œufs.

Le sénateur Mercer : Comment votre production de naissain avance-t-elle? Croyez-vous qu'elle fonctionne? Pensez- vous que vous apercevrez un jour une lumière au bout du tunnel?

M. Doucette : Eh bien, nous espérons pouvoir accélérer le processus d'une manière ou d'une autre, mais tout dépend des conditions météorologiques. Par exemple, si l'été est chaud, le naissain sera plus abondant, mais, s'il pleut beaucoup, la température de l'eau baissera, et le naissain sera presque inexistant.

Le sénateur Mercer : La Nouvelle-Écosse a connu de nombreuses journées froides cette année.

M. Doucette : Oui. Je pense que la pluie nous touche davantage, car elle modifie la salinité de notre lac. On dit qu'il faut environ 17 ans pour renouveler complètement l'eau du lac Bras d'Or. Contrairement à l'océan, le niveau de l'eau, ici, ne fluctue pas en fonction des marées. L'eau circule surtout dans la direction du vent. Si le vent souffle du nord au sud, le niveau du lac baissera.

Le sénateur Mercer : Maintenant, la participation de la province dans le domaine des pêches est plus importante ici parce qu'il s'agit d'un lac plutôt que d'une nappe d'eau libre?

M. Doucette : Oui, nous pêchons dans le lac.

Le sénateur Mercer : Si vous pêchiez en eau libre de l'autre côté, vous ne traiteriez pas avec le gouvernement provincial; vous traiteriez avec le gouvernement fédéral.

M. Doucette : Oui, leurs eaux sont plus froides, mais elles contiennent moins d'huîtres.

Le sénateur Mercer : C'est un enjeu très complexe. Merci beaucoup.

Le sénateur Munson : Je vous remercie beaucoup de votre présence, et j'ai quelques questions à vous poser.

Nous avons recueilli aujourd'hui des documents et une foule de témoignages apportés par des experts qui vont des scientifiques de l'Université Dalhousie aux producteurs de naissain, en passant par des représentants de Cooke Aquaculture. Êtes-vous affiliés à n'importe laquelle de ces organisations, ou est-ce que les scientifiques de l'Université Dalhousie travaillent avec les Premières Nations et leur prodiguent des conseils? Tous les intervenants semblent collaborer et savoir ce que font les autres, et je me demande quel genre d'interaction votre nation ou les Premières Nations ont avec ces gens.

M. Doucette : Oui, nous rencontrons de temps en temps les membres de l'Aquaculture Association of Nova Scotia et aussi les membres d'un autre groupe appelé l'Unama'ki Institute of Natural Resources. Ils s'efforcent d'organiser des réunions et de coordonner des renseignements et, avant mon entrée en fonction, mon prédécesseur tentait de négocier une entente avec l'Université du Cap-Breton. Un professeur là-bas a élaboré une façon de débarrasser les huîtres de la maladie, et il espérait utiliser notre établissement d'élevage à cet effet.

Le sénateur Munson : Vous parlez du collège du Cap-Breton?

M. Doucette : Oui, le collège du Cap-Breton. Je ne sais pas ce qu'il en est des gens de l'Université Dalhousie. Je les ai peut-être rencontrés.

Le sénateur Munson : Je me demande simplement si vous avez l'impression que vos collectivités obtiennent leur juste part. Il est clair que certains exploitants en aquiculture de votre province réalisent des profits, et je me demande si vous avez l'impression que la collaboration dans votre industrie est suffisante et que les règles du jeu sont suffisamment équitables.

Croyez-vous avoir été traités équitablement compte tenu des événements?

M. Doucette : Je pense que si nous avions été informés plus tôt de la marche à suivre pour déplacer les huîtres, nous aurions pu commencer à atténuer les problèmes de production de naissain et de naissain libre et être beaucoup plus avancés. À l'heure actuelle, nous espérons toujours être en mesure d'utiliser les connaissances que nous avons acquises au cours des dernières années et de trouver un moyen de créer une écloserie, comme les autres l'ont fait. Eskasoni possède une écloserie, mais elle ne peut pas nous faire parvenir de naissain. Par conséquent, nous devons trouver notre propre source de naissain ou produire notre propre naissain. Nous avons investi tellement d'argent dans cette entreprise qu'il serait dommage de gaspiller cette occasion.

Le sénateur Munson : Lorsque vous parlez de vos investissements, d'où proviennent les fonds que vous investissez? S'agit-il de subventions?

M. Doucette : Oui, une grande partie des fonds proviennent de subventions, mais la bande engage des travailleurs saisonniers afin qu'ils nous viennent en aide, cherchent des œufs et des façons de les produire.

Le sénateur Munson : Je me demande également si Millbrook, Whycocomagh, Eskasoni, l'île Chapel — les associations d'aquaculture semblent organiser constamment des réunions et mettre en commun des pratiques exemplaires. Rencontrez-vous d'autres groupes des Premières Nations afin d'organiser, disons, une réunion de fin de semaine visant à mettre en commun des idées novatrices, êtes-vous en mesure d'inviter des scientifiques afin qu'ils vous exposent les études scientifiques dont nous avons tant entendu parler aujourd'hui? Je veux dire, ces experts semblent former un groupe incroyable qui fait avancer l'industrie, et j'ai comme l'impression que vous ne tirez peut-être pas parti de cet élément moteur.

M. Doucette : Non, nous tentons tous d'être indépendants et, pour y parvenir, il ne faut pas que d'autres prennent le contrôle de votre territoire. C'est un peu ce qui se produirait si, comme je l'ai mentionné, Whycocomagh souhaitait se joindre à nous. Ils souhaiteraient prendre le contrôle, et les détenteurs de baux ne veulent pas céder le contrôle de leurs baux à quelqu'un d'autre. Le même principe s'applique à Eskasoni; ils nous fournissent de nombreux renseignements dont nous leur sommes reconnaissants, mais, en ce qui concerne, par exemple, l'infrastructure requise pour faire démarrer cette entreprise, nous devons nous efforcer de l'acquérir nous-mêmes.

Le sénateur Munson : Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant de vos réponses. Bien.

Le sénateur McInnis : Cet après-midi, nous avons entendu un autre témoin, soit Robin Stuart, d'Atoqwa'su Farms Limited qui fait partie de l'écloserie de St. Peter's. Le connaissez-vous?

M. Doucette : Oui, je connais Robin.

Le sénateur McInnis : En fin de compte, je pense que c'est ce à quoi le sénateur Munson voulait en venir. Permettez- moi de lire simplement ses conclusions :

En appuyant ces petits acteurs à ce stade, nous stimulerons la croissance de cette occasion en or qu'est la conchyliculture dans un plus grand nombre de collectivités côtières. Nous devons commencer à soutenir davantage les petits producteurs. Si nous l'avions fait dans le passé, la Nouvelle-Écosse aurait joué un rôle plus important dans le secteur de la conchyculture. Nous savons qu'il y aura des échecs, mais il y aura aussi de grandes réussites qui exigeront probablement l'investissement de sommes moins importantes dans l'ensemble dans un secteur de l'aquaculture plus vaste et plus diversifié. Comme dans toute industrie, les chances de réussite des petites entreprises augmenteront si elles sont en mesure de croître à long terme. Les petits acteurs pourraient devenir de grands acteurs dans les années à venir.

Je pense que cela en dit long à cet égard, étant donné qu'il a déclaré aujourd'hui qu'ils avaient fermé le lac.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur McInnis : Et vous dites que la maladie n'a pas touché votre région en raison de la température de l'eau.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur McInnis : Il s'agissait donc d'une fermeture générale. Vous avez dit que Pêches et Océans Canada vous avait forcés à fermer vos portes, et non l'ACIA.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur McInnis : Plus tôt cette semaine, nous étions à Terre-Neuve, et nous avons entendu des représentants d'une autre bande, établie près des rivières Conne et James, qui éprouvaient de nombreuses difficultés. Ils ont remboursé la majeure partie de leurs dettes, et ils espèrent être en mesure de prospérer dans les années à venir. Même si vous produisiez du naissain, vous ne seriez pas autorisés à poursuivre vos activités, n'est-ce pas?

M. Doucette : Comme je l'ai indiqué, nous devons suivre des protocoles. Nous pouvons cueillir nos huîtres et les faire tremper ailleurs. Elles doivent être expédiées directement dans les marchés, mais non dans les marchés de certaines régions. Nous ne pouvons pas les envoyer au Nouveau-Brunswick, parce que la province n'est pas touchée par la maladie, et il y a un risque que des huîtres se retrouvent dans leurs eaux. Le « X » qui figure dans le nom de la maladie MSX représente l'« inconnu ». Les scientifiques n'ont pas été en mesure de découvrir pourquoi des huîtres placées d'un côté d'un aquarium peuvent développer la maladie, alors que les huîtres de l'autre côté de l'aquarium ne sont pas infectées. Voilà à quel point cette maladie est mystérieuse. Par conséquent, on ne peut pas prendre le risque de déménager nos huîtres dans des régions comme le Nouveau-Brunswick ou l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur McInnis : Mais vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit dans le lac Bras d'Or?

M. Doucette : Non, nous ne sommes pas autorisés à déménager nos installations hors de notre région.

Le sénateur McInnis : Quelque chose m'échappe dans cette histoire. Permettez-moi de vous interroger davantage.

Lorsque nous étions en Colombie-Britannique, nous avons entendu des membres de la communauté autochtone. Bon nombre d'entre eux détenaient des baux. Je pense que la société mère d'un grand nombre de ces exploitations était en Norvège et qu'il s'agissait de véritables partenariats. On n'observait pas autant d'intégration verticale là-bas. Nous nous sommes rendus à la baie de Clayoquot et à l'île Meares, et nous avons fait une promenade en bateau. Le navigateur autochtone et son père possédaient trois ou quatre bateaux qui amenaient les gens là-bas et les ramenaient. Ils détenaient aussi des baux. Ils travaillaient en partenariat avec la société et employaient des Autochtones et d'autres personnes.

Vous avez accepté de comparaître devant notre comité ce soir. Comment pouvons-nous vous aider, vous et votre collectivité autochtone, à tirer parti de ce que l'on considère comme une future solution miracle et source d'emplois pour les collectivités rurales? Qu'est-ce que notre comité peut faire pour vous? Quelle recommandation pouvons-nous émettre?

M. Doucette : En ce moment, nous nous efforçons de trouver un moyen, comme vous dites, de produire suffisamment de naissain pour nous approvisionner nous-mêmes, parce que notre ancien plan qui consistait à faire appel aux pêcheurs des autres régions du lac Bras d'Or n'est pas faisable. Nous devons donc produire suffisamment de naissain pour permettre à notre établissement d'élevage de reprendre ses activités. Il est opérationnel; il satisfait à toutes les exigences de l'ACIA, et cetera. Nous nous assurons qu'il roule, mais il n'est pas suffisamment productif en ce moment pour poursuivre ses activités. Toutefois, nous entretenons l'infrastructure physique. Comme je l'ai indiqué, nous envisageons, entre autres choses, d'établir une microécloserie, parce que chaque huître produit 27 millions de larves, je crois. Par conséquent, vous n'avez pas besoin d'un grand nombre d'huîtres pour lancer une écloserie, mais vous devez sans cesse les déplacer pour maintenir votre biodiversité. Si, d'une manière ou d'une autre, nous sommes en mesure de lancer cette entreprise — de réunir suffisamment de larves qui deviendront du naissain et, par la suite, un produit commercialisable, à savoir l'huître —, nous pourrons survivre à cette épreuve. Auparavant, nous tentions de recueillir les larves dans les endroits où les huîtres se reproduisent naturellement, puis il nous a fallu changer d'approche et tenter de collecter les larves en employant différentes méthodes. Il faut que nous relancions cette production d'une façon ou d'une autre.

Les gens avaient l'habitude de simplement ratisser les zostères à l'automne qui étaient parsemées de larves. Ensuite, ils prenaient toutes les zostères et en extrayaient le naissain qu'ils utilisaient dans leurs sites d'aquaculture à bail. Mais ils ne peuvent plus faire cela — je pense vous en avoir parlé —, parce que les zostères sont couvertes d'ascidies coloniales, des créatures marines envahissantes. Nous devons donc procéder de manière plus mécanique. Je pense que nous élèverons toujours des huîtres, mais leur nombre ne fournira peut-être pas suffisamment de travail pour que les gens en tirent leur subsistance, parce que le travail est saisonnier. Notre lac gèle l'hiver.

Le sénateur McInnis : J'aimerais simplement vous faire une suggestion. L'union fait la force. J'oublie son nom exact, mais il y a l'union des Micmacs de la Nouvelle-Écosse, la Nouvelle-Écosse continentale et le Cap-Breton.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur McInnis : Et vous avez accès à de vrais experts, des gens comme Danny Christmas de la Première Nation Membertou et un certain nombre d'autres personnes qui jouissent d'une grande crédibilité. J'ai la conviction que vous devriez vous consacrer à l'aquaculture, un point c'est tout. Vous devriez traiter avec les chefs et travailler ensemble. Comme votre bande participe à l'industrie ostréicole, j'en conclus qu'elle est pour l'aquaculture?

M. Doucette : Oui, certaines personnes parlent maintenant d'une entreprise qui souhaite promouvoir la production terrestre de flétans, mais je ne sais pas ce qu'en pensent notre chef et notre conseil. Le projet inspire quelques doutes, mais il est aussi légèrement prometteur. Toutefois, je mentionne encore une fois qu'il exige un investissement important.

Le sénateur McInnis : Quoi qu'il en soit, vous devez saisir le pouvoir, car personne ne vous en fera cadeau. Ce qui me frappe, c'est qu'il y a des personnes très compétentes qui jouent un rôle dans la communauté autochtone, des Autochtones qui pourraient vous être très utiles.

La sénatrice Poirier : J'ai une précision à vous demander. Je pense connaître la réponse à la question que je vais vous poser, mais les 30 permis d'aquaculture dans le lac que vous détenez appartiennent-ils tous à des membres des Premières Nations de votre collectivité?

M. Doucette : Oui, ils appartiennent à des membres de la bande ou à la coopérative de pêche qui exportait les huîtres dans le passé.

La sénatrice Poirier : Des personnes autres que des membres des Premières Nations détiennent-elles des permis d'aquaculture dans le lac? Y a-t-il d'autres permis qui s'ajoutent aux 30 que vous détenez?

M. Doucette : Lorsque la maladie MSX a frappé, bon nombre de gens ont abandonné leur permis. Ils s'attendaient à ce que les huîtres meurent simplement. La plupart des détenteurs, même ceux qui ne sont pas autochtones, ont abandonné leur permis, car il faut verser des frais annuels pour les conserver.

La sénatrice Poirier : Lorsqu'une personne renonce à son permis, ce permis est offert à quelqu'un d'autre?

M. Doucette : Quelqu'un peut présenter une autre demande pour cette région, mais il doit suivre le même processus.

La sénatrice Poirier : À nouveau le même processus?

M. Doucette : Oui.

La sénatrice Poirier : Vous avez dit que vous tentiez de cultiver vos propres naissains et que c'est un long processus. Ne pouvez-vous pas en acheter?

M. Doucette : Non, non.

La sénatrice Poirier : Ce n'est pas possible pour vous?

M. Doucette : La maladie n'est pas présente dans notre région. Si nous en achetons ailleurs, nous risquons d'introduire la maladie dans notre région.

La sénatrice Poirier : D'accord, je comprends.

Le sénateur Mercer : Eskasoni ne fait pas la culture des huîtres? Non?

M. Doucette : Non, ils ont la capacité...

Le sénateur Mercer : Mais ils ont la maladie. Qu'en est-il de Whycocomagh?

M. Doucette : Whycocomagh est dans la même région.

Le sénateur Mercer : C'est donc la même situation.

M. Doucette : La région de Whycocomagh a été parmi les premières touchées.

Le sénateur Mercer : D'accord. Donc, le seul endroit encore en activité, c'est Chapel Island?

M. Doucette : Oui, c'est le seul endroit qui n'est pas contaminé.

Le sénateur Mercer : Et c'est une bonne nouvelle.

M. Doucette : Mais ils tentent toujours de mettre au point une huître résistante à la maladie qu'ils pourraient mettre plus rapidement sur le marché.

Le sénateur Mercer : Ce qui est désolant, évidemment, c'est que les collectivités autochtones riveraines du lac ont été reconnues pour leurs huîtres pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que la maladie frappe.

M. Doucette : Oui.

Le sénateur Mercer : Et elle est dévastatrice. Les affaires allaient bien à Eskasoni et à Whycocomagh sur le plan de la culture des huîtres. On n'en produit plus du tout?

M. Doucette : Non.

Le sénateur Mercer : Vous avez maintenant une usine de transformation. Pouvez-vous y traiter autre chose que des huîtres?

M. Doucette : Oui, du homard.

Le sénateur Mercer : Est-ce que vous y faites la transformation du homard?

M. Doucette : Pas actuellement. Nous vendons tout notre homard à un autre transformateur.

Le sénateur Mercer : D'accord. Vous avez vos propres bateaux, pour le homard?

M. Doucette : Oui, nous avons deux bateaux qui pêchent dans la baie de St. Peter's et nous louons un autre permis à un membre de notre bande qui pêche le homard dans le lac Bras d'Or. Nous louons aussi un autre permis à un non- Autochtone dans la région de Glace Bay.

Le sénateur Mercer : Les Premières Nations ont également une pêche viable dans la région de Glace Bay, n'est-ce pas?

M. Doucette : Oui. La bande de Membertou loue tous les siens.

Le sénateur Mercer : Mais pas Whycocomagh? Ce n'est pas aussi loin, n'est-ce pas?

M. Doucette : C'est un peu plus loin, vers la région d'Ingonish.

Le sénateur Mercer : Merci beaucoup; c'est très instructif.

Le président : Merci, monsieur Doucette. Vous nous avez fait voir la situation en Nouvelle-Écosse sous un autre angle. Je vous remercie d'avoir pris le temps de vous joindre à nous ce soir.

(La séance est levée.)


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