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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule no 11 - Témoignages du 20 octobre 2016


OTTAWA, le jeudi 20 octobre 2016

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 10 h 33, dans le cadre de son étude sur les relations étrangères et le commerce international en général (sujet : accords commerciaux bilatéraux, régionaux et multilatéraux : perspectives pour le Canada).

La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Nous nous réunissons aujourd'hui dans le cadre du mandat du comité d'examiner les enjeux soulevés de temps à autre à l'égard des relations étrangères et du commerce international en général. À cette fin, le comité accueille aujourd'hui un témoin qui abordera la question des accords commerciaux bilatéraux, régionaux et multilatéraux ainsi que des perspectives pour le Canada à ce chapitre.

Notre témoin, M. Ari Van Assche, est professeur agrégé et directeur du Département d'affaires internationales, HEC Montréal. Son travail de recherche est axé sur l'organisation des chaînes de valeur mondiales et son incidence sur les politiques commerciales. Il est l'auteur de Global Value Chains and the Rise of the Supply Chain Mindset, publié par l'Institut de recherche en politiques publiques.

Merci d'avoir accepté notre invitation à comparaître devant le comité. Nous nous intéressons particulièrement aux chaînes de valeur mondiales, car c'est la question qui était mentionnée le plus souvent en tant que nouvel enjeu — elles ne sont pas nouvelles en soi, mais on les envisage différemment ces temps-ci —, ainsi qu'à l'impact de la façon dont nous recueillons les données et au fait que nous comprenions bien comment les marchandises et les pièces — y compris les services — entrent au Canada et en sortent. Vous êtes bien placé pour nous donner des conseils et des opinions, en particulier vu les études que vous avez menées.

Nous écouterons avec plaisir votre déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions. Bienvenue parmi nous.

Ari Van Assche, directeur du département et professeur agrégé, Département d'affaires internationales, HEC Montréal : Je vous remercie beaucoup de votre invitation et de vos bons mots. C'est un grand plaisir d'être ici et de parler de mes travaux de recherche ainsi que de ceux que mènent Stephen Tapp et Bob Wolfe à l'égard d'un livre qui s'intitule Redesigning Canadian Trade Policies for New Global Realities. Vous avez déjà accueilli de nombreux témoins qui ont contribué à cette publication, et je suis heureux de pouvoir vous faire part de mes opinions touchant les chaînes de valeur mondiales et les politiques commerciales.

Pour comprendre toute l'importance des chaînes de valeur mondiales, il est utile de revoir notre conception classique du commerce. Pendant des décennies, notre conception du commerce a reposé sur l'idée selon laquelle les processus de production sont concentrés à l'intérieur des frontières géographiques d'un pays : c'est ce que j'appelle le paradigme de la production nationale. Un produit ou un service exporté par le Canada est considéré comme ayant été produit entièrement au Canada; un produit ou un service importé de la Chine est considéré comme ayant été produit en Chine.

Ce paradigme de la production nationale a aidé à façonner les principes fondamentaux sur lesquels repose notre conception de la politique commerciale. L'argument classique est que les artisans des politiques devraient lutter pour un accès accru aux marchés étrangers, car on croit que l'accroissement des possibilités d'exportation qui s'offrent à nos entreprises va renforcer la production et l'emploi au Canada. Parallèlement, on estime que les artisans des politiques devraient imposer certaines restrictions sur l'importation, du fait que celle-ci menacerait nos entreprises et nos emplois. Dans le cadre de négociations commerciales, on fait valoir que les décideurs ne devraient accepter de réduire les restrictions applicables aux importations que s'ils obtiennent un accès accru aux marchés étrangers en retour.

Le paradigme de la production nationale, cependant, n'a jamais été aussi déconnecté de la réalité qu'il ne l'est aujourd'hui. Grâce à la baisse des coûts de communication et de transport, nos entreprises ont depuis longtemps abandonné la pratique consistant à produire des biens et services dans un seul pays. Grâce à l'externalisation et à la délocalisation à l'étranger, elles ont fractionné leurs chaînes d'approvisionnement et dispersé leurs activités de production dans de multiples pays, ce qui a mené à ce que nous appelons les chaînes de valeur mondiales.

Une nouvelle base de données de l'OECD sur les échanges en valeur ajoutée — ou ÉVA — procure de l'information — bien que limitée — qui fait ressortir toute l'importance des chaînes de valeur mondiales pour le commerce du Canada. Un premier point fait comprendre que l'expression « exporté par le Canada » ne signifie pas « fabriqué au Canada ». En effet, des sociétés menant leurs activités au Canada comptent énormément sur des intrants importés pour produire leurs exportations. Par exemple, en 2011, dernière année pour laquelle nous avons des données, seulement les trois quarts de la valeur brute des exportations du Canada ont été fabriqués au Canada, alors que l'autre quart correspond en fait à la valeur des intrants importés.

Un deuxième point, qui est lié au premier, est que le Canada est spécialisé non pas dans des industries complètes, mais dans des secteurs d'une industrie. Par exemple, le Canada n'est pas vraiment spécialisé dans l'industrie de l'aérospatiale; en fait, il est spécialisé à l'égard de certaines activités à valeur ajoutée élevée dans cette industrie, comme le génie aéronautique, la conception d'aéronefs et les essais en vol. Nous voyons des preuves de cette spécialisation dans la base de données de l'OCDE.

Une fois que nous prenons en compte ce qui est effectivement produit au Canada, il est manifeste que notre pays est beaucoup plus spécialisé dans l'exportation de services qu'on ne le croyait auparavant. En 2011, les services comptaient pour 45 p. 100 de la valeur des exportations du Canada lorsqu'on envisage la question sous l'angle de la valeur ajoutée, ce qui est trois fois supérieur au résultat qu'on obtient lorsqu'on s'attache à la valeur brute.

Un troisième point qui ressort de cette base de données est qu'une grande proportion de nos exportations sont consommées au final dans un pays autre que le pays importateur. Par exemple, de nombreuses sociétés canadiennes exportent des biens intermédiaires aux États-Unis, où elles ont un partenaire dans la chaîne de valeur. Ces biens sont intégrés à un produit final, et celui-ci est ensuite exporté partout dans le monde.

D'ailleurs, cela se reflète également dans les données. En 2011, 19 p. 100 de la valeur brute de nos exportations a fini par être intégrée aux exportations d'autres pays. Ce fait en apparence accessoire jette un éclairage légèrement différent sur la question de notre dépendance excessive envers le marché américain.

Enfin, ma propre recherche montre que les chaînes de valeur mondiales sont généralement favorables à la croissance. Elles stimulent la productivité en améliorant l'affectation des ressources d'un pays et en procurant aux entreprises un accès à des intrants moins coûteux et de meilleure qualité, et elles permettent aux sociétés de tirer parti de pochettes de connaissances à l'étranger, ce qui suscite des retombées technologiques et des transferts de connaissances de l'étranger.

Selon mon analyse empirique des données de l'OCDE relatives à l'ÉVA, les pays qui s'intègrent plus rapidement aux chaînes de valeur mondiales tendent à connaître une accélération de leur rendement et de la croissance de l'emploi.

Quelle est l'incidence sur les politiques commerciales? Une des incidences qui ressortent de la nouvelle réalité des chaînes de valeur mondiales est l'importance des relations. Pour maintenir et renforcer la compétitivité du Canada, les nouvelles politiques commerciales devraient chercher à accroître la capacité de nos entreprises de nouer des relations avec des partenaires étrangers et de la chaîne de valeur — de façon rapide, sûre et fiable — afin que les activités à valeur ajoutée canadiennes soient mieux intégrées aux réseaux de production mondiale.

À cet égard, les artisans des politiques devraient s'attacher non seulement à faciliter les choses du côté des exportations, mais aussi à éliminer les barrières du côté de l'importation. En effet, la productivité du secteur canadien des exportations est étroitement liée à sa capacité de nouer des relations avec les partenaires étrangers les plus concurrentiels dans la chaîne de valeur. L'engagement du gouvernement fédéral à éliminer tous les tarifs sur les intrants manufacturiers qui restent est un pas important dans la bonne direction.

Ensuite, les décideurs devraient se concentrer non seulement sur les obstacles qui existent à la frontière — par exemple, les tarifs —, mais aussi sur les obstacles au-delà de la frontière. Les données empiriques montrent que la qualité de l'infrastructure de transport, des réseaux de communication et de l'environnement réglementaire sont autant de facteurs qui influent positivement sur la capacité des entreprises de s'intégrer aux chaînes de valeur mondiales.

Enfin, les artisans des politiques devraient encourager la conclusion d'accords de libre-échange — lesquels peuvent être bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux — qui favorisent une intégration profonde. La coopération réglementaire, la reconnaissance mutuelle des normes et la libéralisation des investissements sont autant de mesures puissantes pouvant assouplir le fonctionnement des chaînes de valeur internationales.

La mise en œuvre de ces politiques exigera une plus grande coordination des politiques des ministères du gouvernement et une meilleure communication avec le public au sujet des avantages économiques des chaînes de valeur mondiales, mais vu l'importance des retombées d'une meilleure intégration du Canada dans les chaînes de valeur mondiales, l'effort semble justifié.

Merci beaucoup, je répondrai avec plaisir à vos questions.

La présidente : Merci.

La sénatrice Eaton : Vous êtes manifestement un expert des politiques commerciales. Pouvez-vous nous faire part de vos observations sur l'AECG ou l'ALENA? Prenons l'ALENA, car vous avez certainement eu la possibilité de l'examiner. Comment modifieriez-vous l'ALENA, ou que tenteriez-vous d'y incorporer si vous deviez renégocier l'ALENA? Tout dépendant du résultat de l'élection aux États-Unis, nous devrons peut-être renégocier cet accord.

M. Van Assche : Je m'attacherais peut-être davantage à l'AECG, car il suscite une plus grande couverture médiatique actuellement. Un aspect très important à souligner est que l'AECG est un exemple d'accord de libre-échange favorisant l'intégration profonde qui semble mieux aligné sur la nouvelle réalité mondiale, mais il s'éloigne fortement de notre conception classique du commerce.

Dans le cadre de l'AECG, il y a beaucoup de discussions au sujet de la libéralisation du commerce des services, de la libéralisation des investissements et de la protection et de l'acceptation des normes d'autres pays. Or, toutes ces considérations correspondent tout à fait aux aspects qui intéressent les entreprises voulant exercer leurs activités dans plusieurs pays, et ce sont des aspects qui aident vraiment nos sociétés à trouver de meilleurs partenaires pour commencer à ajouter de la valeur.

J'estime que, d'une part... Tous ces aspects sont compatibles avec une nouvelle réalité mondiale, mais comme nous pouvons le constater dans ce qui se passe actuellement — étant Belge, je suis la situation d'un peu plus près —, l'une des particularités de ces accords favorisant une plus grande intégration est qu'il faut faire participer beaucoup plus d'intervenants à la discussion, et je crois que c'est une bonne chose. Cela peut créer de nouveaux problèmes que nous n'avions pas dans le passé.

La sénatrice Eaton : Lorsque la Chine a voulu investir massivement dans notre industrie pétrolière, nous avons étudié très soigneusement certains de ses investissements et décidé qu'ils étaient contraires à l'intérêt national du Canada. Dans cette nouvelle conception des accords commerciaux, y a-t-il une place pour des considérations comme l'intérêt national? Autrement dit, on peut vouloir éviter qu'un autre pays s'empare d'une industrie donnée, comme l'aérospatiale.

M. Van Assche : Je crois qu'il y a une place pour cela, certainement. Un accord de libre-échange est le résultat de négociations, et nous devons tenter de retirer certains avantages de l'accord de libre-échange. L'autre pays a certaines préoccupations et veut également jouir de certains avantages, alors nous devons tenter de comprendre ce qui sert l'intérêt national. C'est là tout le but de la négociation.

Il y a certainement une place pour la prise en compte de l'intérêt national dans ces accords de libre-échange, mais nous devons nous assurer que cela se fait toujours pour les bonnes raisons.

Mais, certainement, on peut voir également dans le texte de l'AECG que nombre de choses différentes ont été ajoutées pour tenter de veiller à ce que des éléments comme la réglementation en matière d'environnement ou de main-d'œuvre soient respectés. Il y a certainement une place pour ces considérations.

La sénatrice Eaton : Merci.

Le sénateur Oh : Monsieur, vous êtes un expert des politiques de l'Asie et de la côte du Pacifique. La sénatrice Eaton vient tout juste de mentionner la CNOOC, qui a fait l'acquisition de Nexen il y a seulement trois ou quatre ans. À l'époque, elle a payé le gros prix : les actionnaires ont réalisé un profit énorme lors de l'acquisition de cette société canadienne par la CNOOC. Maintenant, le prix a chuté, passant de 100 $ à moins de 50 $, et je crois savoir que la CNOOC perd beaucoup d'argent depuis deux ou trois ans. C'était un bon investissement pour notre compagnie et pour les actionnaires de Nexen qui s'en sont sortis au meilleur prix jamais obtenu, lorsque des investisseurs étrangers sont venus au pays.

Alors, le marché dicte en quelque sorte les tendances de l'évolution des prix et de l'investissement de pays étrangers. Pourriez-vous commenter cela?

M. Van Assche : Je crois que peu de gens s'attendaient à ce que le prix du pétrole tombe aussi bas qu'il l'a fait, mais cela s'est avéré au final très avantageux pour les actionnaires.

Il y a beaucoup de préoccupations au sujet de l'investissement direct de la Chine au Canada, surtout par les sociétés d'État. Il y a eu des situations où la crainte était légitime, mais nous devons toujours prendre soin de réfléchir au but d'une politique donnée et de déterminer si un règlement donné permet d'atteindre ce but.

Toute société qui vient au Canada est tenue de se plier aux règles en vigueur au pays, et cela s'applique aux sociétés d'État chinoises comme à toute autre entreprise. Si nous voulons prendre des règlements supplémentaires à des fins de protection de l'intérêt national, nous pouvons certainement décider de le faire; nous devons seulement nous assurer de ne pas faire obstacle à l'ensemble de l'investissement direct étranger au pays. Nous devons faire très attention au moment de décider ce qui est favorable à l'intérêt national du Canada.

Le sénateur Oh : Une délégation très en vue d'un club d'entrepreneurs chinois fait actuellement une tournée du Canada. Certains témoins ont mentionné que la récente mission du premier ministre Trudeau en Chine avait ouvert la porte aux entreprises canadiennes dans ce pays, et les Chinois viennent plus souvent en Amérique du Nord. Par exemple, l'entreprise locale Graphite Software a reçu 8 millions de dollars de financement de la part d'investisseurs chinois en juin.

Pensez-vous que cette politique d'ouverture va dans les deux sens, sur le plan commercial, dans tout cela?

M. Van Assche : Ma position personnelle est que je suis très heureux de voir le gouvernement actuel faire quelque chose qui semble presque aux antipodes de ce que font notre voisin du Sud, ou bien souvent, l'Europe, en ce sens qu'il déploie beaucoup d'efforts pour améliorer notre commerce. C'est très important, car la performance du Canada au chapitre du commerce au cours des dernières années n'a pas été très bonne. Pour un pays comme le nôtre qui dépend beaucoup du commerce, il importe de chercher activement de nouvelles façons d'améliorer nos échanges.

La Chine est un très bon exemple. Ce pays a beau connaître un ralentissement de sa croissance, au cours des deux ou trois dernières années, il a compté pour à peu près la moitié de la croissance du PIB mondial. Alors, la Chine est toujours un joueur très important, et il est essentiel pour nos entreprises que le gouvernement tente de trouver des façons de dynamiser la relation entre les pays sur le plan du commerce et de l'investissement direct étranger.

Les relations politiques entre les pays influent énormément sur ce qui se passe sur le terrain du côté des entreprises, et c'est particulièrement le cas en Chine. En effet, le Club des entrepreneurs de Chine est actuellement ici, et c'est une chose très importante. Ces gens peuvent aller à bien des endroits dans le monde. Cette année, ils ont décidé de venir au Canada. Il est fantastique pour eux d'être exposés à ce qui se produit ici, et il est fantastique pour nous de voir en quoi la Chine d'aujourd'hui est très différente de la Chine d'il y a 10 ou 15 ans.

Le sénateur Oh : Vous êtes un expert de l'économie chinoise. Que pensez-vous de l'état actuel de la croissance économique de la Chine?

M. Van Assche : Il y a de nombreux défis. La Chine a bénéficié d'un coup de pouce démographique important, et c'est terminé maintenant. Aujourd'hui, le vieillissement de la population en Chine se fait beaucoup plus rapidement que ce que nous avons vu au Canada et en Europe. C'est un très gros défi.

Ensuite, elle est passée de pays à faible revenu de pays à revenu intermédiaire, et cela s'est fait surtout par le rattrapage. Maintenant, elle doit relever le défi de passer de pays à revenu intermédiaire à pays industrialisé, et pour y arriver, elle doit soudainement se transformer : au lieu d'être simplement capable de devenir plus efficiente, son économie doit en fait devenir innovante, et c'est là un défi de taille. C'est ce que certains appellent le piège du revenu intermédiaire. Alors, la Chine doit trouver une façon d'encourager les sociétés à faire cette transformation. C'est un gros défi à relever.

Elle doit composer avec d'autres difficultés liées au système financier, entre autres, mais si nous regardons à long terme, son principal défi sera de faire cette transformation et de gravir les échelons de la chaîne de valeur.

La sénatrice Cordy : Merci beaucoup d'être ici.

Je m'intéresse aux chaînes de valeur mondiales. La croissance des échanges — qui a une incidence favorable sur le Canada — est une bonne chose, et je crois que les chaînes de valeur mondiales contribuent de façon importante à cela.

Cependant, j'ai entendu des gens qui étaient préoccupés par le fait que le Canada vend ses matières premières à un autre pays — habituellement les États-Unis, puisque c'est notre plus proche voisin — lequel obtient une valeur ajoutée en transformant les matières premières et en les exportant vers d'autres pays du monde. Est-ce que cela devrait nous préoccuper, ou est-ce seulement comment le monde fonctionne?

Je me souviens d'une réunion tenue en Allemagne il y a quelques années. Je ne me rappelle plus s'il s'agissait du ministre allemand du Commerce, mais on nous avait fait comprendre que si une découverte ou une innovation avait lieu dans leur pays, ils voulaient la prendre en charge et la garder à l'intérieur des frontières allemandes et exporter les résultats vers d'autres pays, pas envoyer l'innovation ailleurs.

M. Van Assche : C'est une question fantastique.

Notre but n'est pas de commercer; notre but est de veiller à ce que notre économie roule mieux et à ce que notre population soit plus prospère. Au final, notre but est d'attirer et de maintenir des activités offrant une meilleure valeur ajoutée afin de stimuler notre productivité et d'améliorer notre rendement.

Toutes choses étant égales par ailleurs, nous préférons les activités à valeur ajoutée élevée aux activités à valeur ajoutée faible.

Le gouvernement devrait surtout s'attacher à faire en sorte que tous les incitatifs soient en place, que nous puissions compter sur une population active très forte et instruite, que nous possédions les compétences qui importent, et cetera.

Toutefois, la question qui s'impose à l'esprit, lorsqu'il est question de politique commerciale, est la suivante : étant donné ce que nous avons déjà et les choses que nous faisons bien, comment pouvons-nous mieux attirer et conserver ces activités à valeur ajoutée élevée? À cet égard, il faut se demander si le fait d'exiger qu'on fasse quelque chose dans un pays donné est vraiment la meilleure façon de le faire.

J'ai des vues légèrement différentes à ce chapitre. À mon avis, si nous voulons nous assurer d'être en mesure de conserver les activités à valeur ajoutée élevée, une des façons d'y parvenir est de s'assurer que les entreprises axées sur ces activités à valeur ajoutée élevée sont en mesure de nouer des relations avec les partenaires voulus au Canada ou ailleurs, et ce, de façon souple, rapide et sûre. Cela pourrait en fait avoir un effet incitatif encore plus fort pour ce qui est de maintenir ces activités au pays.

Mais vous avez absolument raison. Nous ne sommes pas très intéressés à exporter les activités à faible valeur ajoutée; nous devrions surtout nous attacher aux activités à valeur ajoutée élevée.

La sénatrice Cordy : Cela répond à ma question.

La présidente : J'aurais une autre question. Vous avez parlé de liens à l'intérieur du Canada et de liens autres. Pourriez-vous nous donner un exemple? Est-ce lié à nos politiques commerciales ou à la notoriété des sociétés? Quels sont les obstacles à l'établissement rapide de relations dans le système d'aujourd'hui?

M. Van Assche : Il y a de nombreux obstacles. Les deux que vous mentionnez sont très importants. Le premier est qu'il y a de nombreuses barrières commerciales. Pour moi, le commerce englobe non seulement les biens, mais aussi les services, et l'information fait qu'il est plus difficile de nouer des relations avec des fournisseurs ou des acheteurs étrangers que de nouer des relations avec des fournisseurs ou des acheteurs locaux. C'est la première chose.

Il y a les barrières commerciales et les tarifs à la frontière, et cetera. C'est une partie très mineure de cela. Mais il faut composer avec de nombreux autres obstacles, comme le suivant : vous fabriquez une certaine composante et voulez la vendre dans quatre pays différents; pour y arriver, vous allez peut-être devoir obtenir quatre certificats différents. Il est très compliqué pour une entreprise de faire cela. C'est un obstacle très important en soi, et les barrières commerciales de ce genre sont bien réelles.

Le deuxième obstacle, cependant, est en effet un problème d'information, et le gouvernement joue un rôle important à ce chapitre. Une entreprise montréalaise qui fabrique une composante donnée ne possède pas nécessairement toute l'information sur les sociétés — pas seulement au Canada, mais dans le monde — qui pourraient être intéressées à se procurer son produit. C'est donc une question qui peut fortement limiter la capacité d'une entreprise de bien s'intégrer dans les chaînes de valeur mondiales.

La présidente : Est-ce que le gouvernement jouerait un rôle de facilitation en s'affairant à cerner et à éliminer ces barrières et à fournir de l'information, une base de données différente?

M. Van Assche : Absolument. Les délégués commerciaux peuvent jouer un rôle très important à ce chapitre. Des organismes comme Export Québec ou d'autres peuvent aussi jouer un rôle fructueux à cet égard. Faciliter le commerce, ce n'est pas seulement le fait de prendre des mesures pour simplifier les procédures douanières; cela va beaucoup plus loin. Si vous allez en Chine et voulez trouver des partenaires éventuels, il n'y a pas de grande base de données qui vous permettra de déterminer si ces partenaires sont très fiables, par exemple. Il faut pouvoir obtenir cette information rapidement. Les délégués commerciaux et d'autres organismes jouent un rôle crucial sur ce plan.

La sénatrice Cordy : Dans votre réponse à la question de la sénatrice Andreychuk, vous avez mentionné les barrières à la frontière. Je crois que vous avez parlé de transport. Pourriez-vous nous parler un peu plus des barrières au-delà de la frontière? Parlez-vous de barrières à l'intérieur d'un autre pays? De quelle façon le Canada pourrait-il agir sur de telles barrières commerciales à l'étranger?

M. Van Assche : On peut dire au-delà ou derrière les frontières. Les deux termes s'appliquent.

Ce n'est pas le genre de situation où tout se déroule à merveille une fois la frontière franchie. Il faut acheminer le produit à la frontière, et c'est souvent très coûteux. Une fois qu'on a franchi la frontière, il faut accéder à l'infrastructure de transport.

Je vais vous donner un exemple qui montre en quoi cela peut vraiment poser problème. J'ai mené une étude avec Jacques Roy, qui est aussi à HEC Montréal, où nous nous sommes penchés sur le transport aérien dans l'industrie de l'aérospatiale. Nous regardions les données. Une chose que nous avons constatée est que de nombreuses sociétés aérospatiales au Canada, lorsqu'elles vendent leurs produits en Europe ou en Asie, ne vont pas fabriquer le produit ici et utiliser un aéroport local pour le livrer. En fait, elles transportent le produit par camion et elles l'acheminent de Montréal, Toronto ou ailleurs à Chicago ou à New York, d'où il est transporté par voie aérienne vers un autre endroit.

Nous avons jeté un coup d'œil aux exportations de l'industrie de l'aérospatiale en 2008-2010, et 6 p. 100 de la valeur totale des exportations de l'industrie quittait le Canada par camion à destination d'aéroports américains. Cet exemple témoigne de l'incidence que peut avoir l'infrastructure aéroportuaire sur les coûts que doivent assumer nos entreprises lorsqu'elles commercent à l'étranger.

Il y a d'autres indications. Chaque année, la Banque mondiale produit un indice de performance logistique. De fait, le Canada s'en tire relativement bien : nous occupons le neuvième rang par rapport à cet indice. Le problème, c'est que nous sommes un peu en deçà des États-Unis et que, sur le plan de l'infrastructure, nous sommes souvent en concurrence avec les États-Unis. Un des aspects à l'égard desquels le Canada accusait un retard particulièrement marqué concernait la capacité de suivre et de repérer des expéditions; à ce chapitre, nous étions apparemment un peu en retard. L'autre lacune concernait l'efficience du dédouanement.

Toutes ces choses ajoutent un petit montant aux coûts assumés par les entreprises, mais si vous suivez et expédiez de nombreux produits dans une année, ces petites choses peuvent vraiment avoir une incidence sur votre productivité.

La sénatrice Cordy : Merci.

La présidente : Juste par curiosité : je sais que lorsqu'on expédiait de la potasse et des céréales vers nos ports et que ceux-ci n'avaient pas la capacité — tout d'abord, il y avait des lacunes au chapitre de l'infrastructure ferroviaire dans le port —, alors les marchés étaient passés avec les États-Unis. Pourquoi l'industrie de l'aérospatiale enverrait-elle ses produits à Chicago afin de les faire livrer par voie aérienne à partir de cet endroit? Est-ce le prix? Est-ce le coût à l'aéroport?

M. Van Assche : Dans notre étude, deux raisons différentes sont ressorties. La première était le prix. Vous devez avoir des données sur le coût d'expédition par voie aérienne. Nous avons fait un exercice où nous examinions le même ensemble de biens à Montréal, à Toronto, à Chicago et à New York et tentions de déterminer l'écart de prix pour l'expédition de cet ensemble de biens à partir de ces différentes destinations. L'expédition était de 20 p. 100 plus coûteuse à Montréal qu'à Chicago et à New York, et à Toronto, elle était de 10 p. 100 plus coûteuse. C'était en 2008-2010. Voilà la première raison.

La deuxième, bien sûr, c'est la capacité. À l'aéroport de Montréal, les appareils sont souvent plus petits, car il ne s'agit pas d'une plaque tournante comme les aéroports de Chicago ou de New York. Beaucoup de produits de l'aérospatiale doivent être transportés dans le ventre de l'appareil, alors si les gros morceaux ne peuvent y être placés, alors il faut trouver d'autres façons de le faire.

Ce sont les deux raisons. Je donne seulement cet exemple pour démontrer à quel point il importe de penser à l'infrastructure et à quel point elle constitue un élément important de toute discussion que nous pouvons avoir au sujet de notre capacité commerciale, car cet obstacle, même s'il ne joue pas à la frontière, mine directement notre capacité de commercer.

Le sénateur Housakos : J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit au sujet de l'infrastructure, car, bien entendu, l'infrastructure est à la base d'un commerce efficace et efficient.

Vous avez parlé des aéroports. Un comité sénatorial a récemment mené une étude au sujet des aéroports et a conclu que le gouvernement fédéral utilise nos aéroports pour générer des revenus plutôt que comme base pour propulser l'activité économique dans les localités. Les autorités aéroportuaires américaines, bien souvent, sont beaucoup plus dynamiques au chapitre de la promotion des aéroports auprès du milieu des affaires que comme vache à lait pour la trésorerie des administrations locales.

Avez-vous d'autres exemples de situations où, selon vous, le gouvernement canadien peut agir de façon plus stratégique et améliorer notre infrastructure afin de mieux servir nos entreprises commerçantes?

En outre, quelles infrastructures pouvons-nous mettre en valeur afin de promouvoir le commerce international? À voir les stratégies du Canada, je trouve que le pays s'assoit un peu sur ses lauriers. Notre commerce est axé sur les produits de base. C'est facile à faire, d'autant plus que notre monnaie est dévaluée de temps à autre. À cause de cela, je crois que nous n'avons pas agi de façon stratégique en mettant nos infrastructures en valeur ou en cherchant de nouvelles façons de promouvoir les entreprises du secteur des services ou d'autres secteurs que nous ne percevons pas nécessairement comme des locomotives économiques.

M. Van Assche : Ce sont des points intéressants.

Je n'ai pas beaucoup étudié les aéroports et leur fonctionnement au Canada, mais je dirais que la chose la plus importante, c'est que nous sortions des sentiers battus. Nous devons tenir compte de la nouvelle réalité mondiale à laquelle nous faisons face, et nous devons envisager l'infrastructure — par exemple — à la lumière de cette nouvelle réalité. L'important pour nos entreprises est de s'intégrer dans les chaînes de valeur mondiales, où le réseau est important. Nous devrions commander des études et faire des efforts pour nous assurer de mieux comprendre le rôle que jouent les aéroports et l'infrastructure dans cette nouvelle réalité. Nous devrions déterminer s'il y a lieu de revoir la façon dont nous structurons les choses. Je crois que c'est vraiment ce qui importe

L'autre aspect que nous devrions prendre en considération est le fait que nous devrions envisager les aéroports et les ports — et tout le reste — selon une perspective nord-américaine. Le fait de livrer certaines choses à partir de Chicago n'est pas une mauvaise chose en soi, si c'est la façon la moins coûteuse de le faire. C'est seulement que si nous ignorons que cela se produit, nos politiques ne sont pas le fruit d'un processus éclairé.

Le sénateur Housakos : J'aimerais parler aussi de capital de risque. Bien entendu, la mise en valeur de certains secteurs exige un apport de capital pour être efficace et efficiente. Lorsqu'on commerce partout dans le monde, il faut un investissement d'amorçage énorme suivi d'investissements continus. J'ai entendu un certain nombre de personnes issues de divers secteurs canadiens dire que les banques au pays ne sont pas assez souples. Nous avons entendu récemment, lors d'un voyage en Argentine, qu'EDC a vraiment reculé au fil des ans pour ce qui est de sa participation à la promotion et au soutien du commerce. De façon générale, le capital de risque, surtout dans ma province — le Québec — est rare. Que pouvons-nous faire? Quel est l'obstacle qui a créé une telle impasse et un tel goulot d'étranglement au chapitre de l'entrée du capital de risque au Canada, par rapport à nos concurrents dans le monde?

M. Van Assche : Cela rejoint beaucoup le commentaire de la sénatrice Cordy. Nous devons essayer d'attirer les activités à valeur ajoutée élevée et être en mesure de les maintenir. Or, la capacité de faire cela tient en grande partie au fait de s'assurer que les idées intéressantes sont créées, développées et menées à bien.

Ces choses sont très importantes, surtout dans un contexte international. Vous avez déjà entendu les commentaires de Bev Lapham et d'autres personnes qui se sont attachées au fait que le commerce international occasionne des coûts fixes énormes. Pour les grandes sociétés, ces coûts fixes ne sont pas un problème, car elles ont suffisamment de ressources internes pour commencer à exporter. Les petites entreprises, en revanche, n'ont pas nécessairement les ressources voulues pour surmonter l'obstacle lié aux coûts fixes. C'est à ce chapitre que des programmes de capital de risque ou autres peuvent jouer un rôle crucial pour ce qui est d'aider les entreprises à s'attaquer à ces coûts fixes.

Je crois effectivement que nous devons travailler un peu plus à comprendre quel argent peut être investi de la façon la plus efficiente. Je parle davantage des organismes gouvernementaux ici. Le terme « coûts fixes » est vague. Nous devons chercher à comprendre quels sont les plus grands obstacles pour les sociétés qui font du commerce. À cette fin, au-delà des statistiques détaillées sur le commerce, nous devons parler davantage aux sociétés pour déterminer exactement quels sont les plus gros obstacles pour elles.

La présidente : On nous a dit que le Canada a prêté attention aux entreprises en démarrage et que si votre entreprise est petite, nous l'encourageons. Si vous devenez un peu plus gros et voulez-vous lancer à l'étranger, alors il n'y a pas d'argent. Nombre d'entreprises cherchent de l'argent à l'étranger : elles vendent à un client, et celui-ci s'empare de l'entreprise. Est-ce que l'un des problèmes que nous avons est l'absence de croissance? C'est un peu comme ce que nous faisions avec l'aide. Nous aidions les moins développés. Maintenant, nous savons qu'il faut s'occuper davantage des pays qui sont déjà sur la bonne voie et aider ceux-ci. Je vois un parallèle dans ce que vous dites.

M. Van Assche : Absolument. Cela correspond exactement à ce que je disais au sujet du fait de savoir quels sont les coûts fixes assumés par les entreprises et ce qui peut être fait. J'ai entendu la même histoire au sujet d'entreprises canadiennes. Au Québec, à Montréal, on ne manque pas nécessairement de ressources pour lancer un projet, mais lorsque l'entreprise atteint un certain point, elle connaît soudainement plus de problèmes. Il faut discuter de cela et examiner la situation plus soigneusement. C'est un élément clé qui est étroitement lié à la politique commerciale. Tous ces aspects sont interreliés.

Le sénateur Housakos : Sommes-nous suffisamment stratégiques dans la négociation de nos accords commerciaux actuellement? Le premier pacte commercial d'importance a été l'accord de libre-échange avec les États-Unis. Il s'est avéré très fructueux. Il nous a procuré de grandes choses sur le plan de la rentabilité et des résultats. Depuis lors, nous avons énergiquement cherché à conclure des accords commerciaux. Nous partons du principe que tout accord commercial est un bon accord commercial. Toutefois, les statistiques montrent que nos échanges avec des pays dont la monnaie est dévaluée — comme le Mexique et d'autres pays avec lesquels nous avons conclu des accords — ont mené à une perte nette au chapitre des retombées pour le Canada. Devons-nous systématiquement chercher à étendre les échanges commerciaux? Est-il utile de consacrer du temps et des efforts à étendre le commerce avec des économies dont les principes fondamentaux ne sont pas alignés sur les nôtres et dont la monnaie est considérablement dévaluée par rapport à la nôtre?

En outre, le Canada est géographiquement isolé par comparaison à la plupart des blocs commerciaux. Nous avons également des difficultés au chapitre des communications interpersonnelles. Le Canada, bien qu'officiellement bilingue, compte parmi les pays plutôt unilingues du monde par comparaison à certains de ses concurrents commerciaux.

Je regarde les résultats des ententes relatives à la mobilité des jeunes. Au cours des dix dernières années, notre gouvernement a cherché à conclure de telles ententes partout dans le monde, avec des pays comme Taïwan, ou des pays européens et d'autres encore. Malheureusement, ces initiatives ne sont pas bénéfiques pour tout le monde. Des gens de partout dans le monde sautent sur l'occasion de venir au Canada faire leurs études et apprendre une deuxième langue. Le nombre de Canadiens quittant le pays pour aller à des endroits où nous avons conclu des ententes est négligeable. Le Canada est très insulaire en comparaison de ses concurrents de l'Europe ou de l'Asie. Si vous êtes une jeune personne talentueuse venant de Taïwan, du Japon, de la Corée du Sud, de l'Italie ou de l'Europe, votre réflexion est de faire vos études et vos études supérieures aux États-Unis, en Angleterre ou en Allemagne. Le Canada est plus bas sur la liste, mais il y figure. Par contre, les Canadiens ne font pas cela.

M. Van Assche : Concernant l'AECG, le PTP et le possible accord de libre-échange avec la Chine, il s'agit en fait d'accords commerciaux très importants. Il n'y a eu essentiellement aucune croissance réelle des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis au cours des dernières années. Toute la croissance que nous avons vue est liée à nos échanges avec le reste du monde. Par conséquent, la diversification dans d'autres régions est très importante pour nous assurer de stimuler quelque chose qui aura effectivement le potentiel d'accroître notre productivité.

Je n'ai pas besoin de consacrer beaucoup de temps à l'Europe. C'est un gros marché. L'Europe est notre deuxième partenaire commercial en importance à l'heure actuelle, alors cela semble plutôt évident.

Je ne vais pas passer en revue tous les aspects du PTP, mais de façon générale, il est fantastique pour le Canada d'en faire partie. Cet accord permettra au Canada de jouir d'un accès privilégié à une très grosse partie du monde.

La négociation avec la Chine sera très difficile. Toutefois, le Canada a clairement avantage à multiplier ses échanges avec celle-ci. Nous devons veiller à ce que les pertes occasionnées... parce que les exigences de la Chine ne vont pas les compenser. Les économies canadienne et chinoise se complètent à bien des égards. Ces accords sont très importants pour le Canada.

Pour ce qui est de l'éducation, il est merveilleux que beaucoup de jeunes viennent d'autres pays pour étudier au Canada. Nombre d'entre eux restent ici. Le capital intellectuel vient ici et accroît notre dynamisme. Quant à ceux qui retournent dans leur pays d'origine, il est notoire que ceux-ci sont plus susceptibles de commercer avec nous dans l'avenir parce qu'ils ont une certaine affinité avec nous.

Dans un mois, je me rends en Chine avec 20 étudiants du MBA. Nous allons visiter de nombreuses entreprises du Québec et du Canada dont le conseil d'administration est constitué de Chinois qui ont obtenu leur diplôme à Montréal ou dans d'autres universités.

Il est à espérer que davantage de Canadiens veuillent aller à l'étranger. Peut-être ne le font-ils pas parce qu'ils aiment l'éducation qu'ils reçoivent ici. Je crois effectivement qu'on devrait s'attacher davantage à sensibiliser les gens aux avantages d'étudier à l'étranger.

Nous faisons face à une concurrence musclée de la part des États-Unis et de l'Europe. Le marché universitaire, surtout pour les étudiants participant à un programme d'échanges, est devenu extrêmement concurrentiel au cours des 20 dernières années et il ne suffit plus de dire : « Nous avons 10 places, veuillez venir ici. » Nous devons vraiment annoncer ces choses et convaincre les étudiants qu'il vaut bien mieux aller à Toronto ou à Montréal qu'à Boston ou à Chicago. Il faut que le Canada soit perçu comme un endroit concurrentiel s'il veut attirer des gens talentueux et faire en sorte qu'il s'établissent ici.

Le sénateur Housakos : Est-ce qu'un pacte commercial peut être mauvais? De toute évidence, le PTP, l'AECG et l'ALENA sont de gros marchés pour nous. Il y a une tonne de bonnes raisons de nouer ces relations. La question que je me pose, c'est si nous devrions conclure des ententes avec le Honduras, la Corée du Sud et peut-être l'Argentine? Ces pays présentent clairement des différences au chapitre des principes fondamentaux et des différences techniques par rapport à notre économie. Il serait très difficile pour des produits canadiens de faire concurrence sur un pied d'égalité. Devrions-nous signer de tels accords? Jusqu'à maintenant, le résultat à court terme des accords conclus avec certains de ces pays est un déficit commercial.

M. Van Assche : À mon avis, l'AECG, le PTP et l'accord éventuel avec la Chine s'inscrivent dans une catégorie très différente. Il y a un danger à tenter de conclure de nombreux accords commerciaux avec de nombreux pays différents, car en faisant cela, vous indiquez qu'ils n'auront pas un très bon impact sur l'économie, dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, il est très important de reconnaître que cela pourrait en fait miner notre capacité de faire passer des choses au sein de l'Organisation mondiale du commerce. C'est un autre aspect crucial. Bob Wolfe a déjà présenté son point de vue à ce sujet. Il croit — et je crois aussi — que l'Organisation mondiale du commerce a toujours un rôle important à jouer. Chaque fois que nous tentons de trouver la solution censément facile en créant des accords de libre-échange avec la coalition des pays disposés, nous minons lentement l'influence de l'Organisation mondiale du commerce, alors nous devons également tenir compte de cet aspect lorsque nous réfléchissons à notre stratégie.

La sénatrice Andreychuk : J'aimerais poursuivre dans cette voie. Il y a des professeurs et des spécialistes du commerce qui disent tout à fait le contraire, que plus nous signons d'accords commerciaux et fixons une norme internationale, plus il sera facile de devenir membre de l'OMC parce que nous atteignons lentement les normes, et les coalitions de pays disposés sont particulièrement bien placées pour fixer la norme. Si l'Europe, le Canada et les États-Unis conviennent d'une certaine norme et que nous pouvons amener la Chine à y adhérer, alors on a essentiellement une OMC qui s'établit indirectement.

M. Van Assche : Je crois que c'est le cas pour les accords d'envergure. Pour les accords plus modestes, je n'en suis pas si certain. Si on cesse de penser à l'Organisation mondiale du commerce, on risque de la voir perdre de son importance; et si tout le monde fait cela, alors l'organisation mondiale du commerce se retrouvera en état de siège.

Par conséquent, il importe d'établir une stratégie qui envisage la conclusion d'accords de libre-échange, d'une part, mais qui, d'autre part, tient compte de l'interaction avec l'Organisation mondiale du commerce et du rôle que celle-ci pourrait jouer dans l'avenir ou de la voie à prendre pour veiller à ce que cette transition ait effectivement lieu. Il faudrait songer à toutes ces choses dans le même contexte.

La présidente : Devant l'inaction de l'OMC, notre comité a en fait publié un rapport où il disait que l'OMC doit passer en premier, mais, par frustration, sur le plan régional ou...

L'autre question que je poserais tient au fait que nous concluons parfois des accords commerciaux plus petits pour deux raisons, l'une d'elles étant le désir d'appuyer l'une de nos régions qui aurait besoin de cet accord commercial, situation où nous ne réfléchissons peut-être pas suffisamment aux répercussions négatives éventuelles sur le reste du pays... Je parle de ma région, qui est axée sur l'agriculture, et qui s'aventure dans un marché où un accord commercial s'impose. J'ajouterais en outre que tous les autres joueurs signent des accords commerciaux et que nous nous mettons en position de désavantage si nous ne le faisons pas aussi.

Que pensez-vous de cela? Le Canada a souvent participé à des accords commerciaux afin de ne pas se retrouver exclu, y compris à l'ALENA. En effet, cet accord était une initiative du Mexique et des États-Unis, et la discussion a tourné autour des avantages de participer et des avantages de s'abstenir, mais aussi des inconvénients. Au final, le gouvernement de l'époque a choisi d'être assis à la table au lieu d'être un spectateur dans une dynamique qui allait nous toucher. Il y a matière à conjecture, j'en suis certaine; quelqu'un quelque part est en train de rédiger un article selon lequel nous n'aurions pas dû le faire. Voilà l'autre aspect.

Je suis en discussion avec les chercheurs au sujet du fait qu'on ne peut pas vraiment savoir : si nous ne concluons pas un accord commercial, nous ne pouvons pas savoir ce qui se serait produit si nous ne l'avions pas fait. Ce ne serait que conjecture. Nous savons exactement quels sont les avantages et les inconvénients de ces accords, mais il n'y a pas de façons de mesurer le résultat de notre abstention. C'est une décision politique, et alors vous ne jouez plus.

M. Van Assche : Ce sont tous d'excellents points. Je ne crois pas que nous soyons vraiment en désaccord. Je suis d'avis que les accords de libre-échange ont un rôle important à jouer. La seule chose que nous devons nous assurer de faire, c'est de tenir compte du contexte d'ensemble, où nous savons que le fait de signer de nombreux accords de libre-échange — ce que nous faisons parce que nous voyons une importante complémentarité — peut avoir une incidence à long terme sur le rôle de l'Organisation mondiale du commerce dans le système commercial. Nous devons tenir compte de cela. Cette considération devrait certainement faire partie de toute analyse de la situation actuelle. Bob Wolfe essaie de faire valoir cela et de démontrer clairement le danger de multiplier les accords, mais il cherche aussi à démontrer que l'Organisation mondiale du commerce peut jouer un rôle important.

La sénatrice Cools : Je tiens à souhaiter la bienvenue à notre invité aujourd'hui, à notre témoin. Je sais que vous venez de la Belgique, mais je suppose que vous êtes flamand.

M. Van Assche : Oui.

La sénatrice Cools : Merveilleux. Vous savez très bien que la Flandre est une grande partie de la Belgique. La Flandre est une région superbe du monde, avec ses belles et glorieuses villes, comme Gand et Bruges. La Belgique est également un lieu où reposent de nombreux Canadiens morts au combat. Je rappelle aux sénateurs que le Canada a des attaches très profondes avec la Belgique.

Nous avons accueilli des témoins hier soir, lesquels représentaient pour la plupart Deloitte. Autrefois c'était Deloitte Touche, mais c'est seulement « Deloitte » maintenant. J'ai trouvé leurs conclusions un peu stupéfiantes. Je me demande si vous êtes au courant du document que Deloitte a produit. Il s'intitule L'avenir appartient aux plus audacieux : le Canada a besoin de plus de courage. Je le répète : le Canada a besoin de plus de courage. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a peut-être des lâches parmi nous, mais que nous devrions non pas nous en prendre à eux ni les contrarier, mais plutôt les encourager.

Nous parlons de richesse et de création de richesse. Le mieux que nous puissions accomplir, en tant que sénateurs, c'est d'aider à créer des conditions qui permettront aux personnes très talentueuses et douées, qui sont en fait des créateurs de richesse, de créer de la richesse. La richesse d'une collectivité et d'un pays, au fond, est créée par un petit groupe de personnes très spéciales. J'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs, et je viens d'une famille d'entrepreneurs. Dans le milieu où j'ai grandi, il fallait créer soi-même son gagne-pain pour assurer sa subsistance. Alors, il fallait bâtir sa propre entreprise, peu importe le domaine. Certaines de ces personnes étaient extrêmement prospères et avaient une existence très confortable. Mais c'était la mentalité que nous avions. Vous alliez peut-être devenir le serviteur d'une autre personne si vous ne preniez pas des mesures pour assurer votre subsistance.

Ce à quoi je veux en venir, c'est que l'argent craint le risque et fuira toute situation où règne l'adversité, l'agitation civile ou le désordre. C'est la nature de l'argent.

Ce que j'aimerais savoir, donc, c'est si vous avez vu ce document et si vous souscrivez aux propos qu'il contient? Eh bien, je ne devrais peut-être pas vous demander si vous êtes d'accord. Ce n'est pas une bonne façon de poser la question. Je vous demanderais plutôt ce qui suit : que pensez-vous de ce document, et que pensez-vous des conclusions de l'auteur?

M. Van Assche : Je n'ai pas lu le document, mais je serais peut-être en mesure de deviner les choses qu'on essaie de mettre en relief.

La sénatrice Cools : Oh, parfait.

M. Van Assche : On entend souvent dire, dans de nombreuses sphères du monde des affaires, que, par rapport aux entreprises des États-Unis ou d'ailleurs, nous sommes plus frileux lorsqu'il est question de se lancer sur la scène internationale. C'est quelque chose qu'on entend très souvent. Je n'ai jamais vu un seul article contenant des données probantes à cet égard, mais c'est un lieu commun.

Si c'est le cas, c'est un aspect important. En effet, s'il y a effectivement des occasions qui se présentent et que les entreprises n'en tirent pas parti, alors ces occasions sont perdues. Mais nous devons certainement chercher à comprendre cela un peu mieux.

Nous devons aussi faire attention de ne pas pécher dans le sens contraire. J'ai déjà mentionné que le commerce international s'assortit de coûts fixes élevés, et il est souvent très difficile de quantifier ces coûts fixes à l'avance. Alors, si vous incitez de petites entreprises à s'internationaliser parce que c'est ce que font les gens courageux, alors on court le risque de voir des entreprises qui se lancent trop tôt ou trop vite, ce genre de choses.

Dans le livre produit sous la direction de Steve Tapp, Bob et moi-même, il y a un chapitre rédigé par Steve Tapp et Sui Sui, de l'Université Ryerson. En fait, ils arrivent à la conclusion que, sur les marchés émergents, nombre de petites entreprises repartent après environ un an parce qu'elles n'ont pas réussi à s'imposer.

Ce que je dis ici, c'est que le fait d'être courageux ou d'être disposé à prendre un risque est une question très importante, car cela peut vraiment avoir une incidence ou non. Mais nous devons comprendre beaucoup mieux cet aspect, car les choses peuvent aller dans les deux sens.

La sénatrice Cools : Avez-vous un exemplaire du document? Pourrions-nous lui prêter un exemplaire du document?

La présidente : Je crois qu'il serait injuste de prêter le document à une personne et de s'attendre à ce qu'elle puisse le parcourir très rapidement.

La sénatrice Cools : J'allais citer l'exemple d'une étude de cas mentionnée dans le document. Je viens de Toronto. Je m'efforce de connaître l'histoire de Toronto et de ses grands entrepreneurs — les Timothy Eaton et les Hart Massey et tout ce groupe de personnes — qui étaient des personnes exceptionnelles. Nombre d'entre eux étaient méthodistes, soit dit en passant, et à l'époque, cette religion avait un certain sens.

Quoi qu'il en soit, l'étude de cas en question portait sur Loblaws. Voici un extrait :

En 2013, [le] propriétaire de la chaîne de supermarchés Sobeys [...] a acheté Safeway pour la somme de 5,8 millions de dollars, intensifiant considérablement la concurrence au sein du marché de l'épicerie au Canada. Au même moment, des détaillants comme Walmart et d'autres acteurs non traditionnels entreprenaient une expansion dans le secteur de la vente au détail d'aliments frais.

Confrontée à une concurrence croissante dans un secteur déjà impitoyable, Loblaw a ressenti le besoin d'agir. En juillet 2013, Loblaw a fait l'acquisition de la chaîne de pharmacies Pharmaprix pour la somme de 12,4 milliards de dollars, un geste imprévu et provocateur qui avait obtenu l'aval du président-directeur général de l'entreprise, Galen Weston Jr.

Vous n'êtes pas sans savoir que la famille Weston a fait ses débuts dans le domaine du pain. Elle produisait du pain. Avec le temps, elle a étendu ses activités spécialement vers les supermarchés de détail.

Mais ce qu'il importe de savoir au sujet de Loblaw et de Galen Weston, qui est vraiment un grand homme, c'est qu'ils subissaient les pressions de Walmart. J'ignore si vous le savez — je suis certaine que je ne vous apprends rien —, mais Walmart est un négociant extrêmement impitoyable, alors les Weston se sont lancés dans la vente de vêtements et de tout le reste dans leurs magasins. Ils ont dû faire cela parce que leur concurrent était, au bout du compte, Walmart.

Je suis pour ma part épatée par ce qu'ils ont accompli et par le fait qu'ils ont réussi à conserver une position très solide dans le secteur des supermarchés.

Voici un autre extrait :

À l'instar de ses autres démarches audacieuses, telles que le lancement des Services financiers le Choix du Président en 1998 et l'établissement en 2006 du détaillant de vêtements Joe Fresh, Loblaw a connu une croissance importante grâce à l'acquisition de Pharmaprix. Le bénéfice net de Loblaw a augmenté de 117 p. 100 en 2015, une hausse que les analystes attribuent à l'acquisition de Pharmaprix.

J'ignore quels outils d'analyse les auteurs ont utilisés. J'ignore quelles sont leurs méthodes. Je ne comprends pas vraiment comment ils ont constitué leurs échantillons. Rien de tout cela n'est expliqué. C'est une déclaration très large qui — selon moi, dans le cas de Loblaw — est très judicieuse, mais cela ne veut pas dire grand-chose pour les autres qui — avouons-le — n'ont pas autant de capital à leur disposition.

Je me demande si, à la lumière de tout cela, vous pourriez formuler un commentaire qui m'aiderait à comprendre. Tout le monde peut bien parler de créer de la richesse, mais très peu peuvent effectivement le faire. L'essence d'une entreprise commerciale réussie dans toute collectivité tient au fait que les responsables au sein de la collectivité — ceux qui prennent des règlements et adoptent des lois et des règles — créent des lois et des règles qui facilitent et aident et qui sont utiles à ce genre d'environnement, où il peut y avoir de la croissance et de la richesse, et la richesse peut s'accroître.

J'ai grandi au sein d'une famille où on parlait beaucoup de la création de richesse. Je tiens à ce que vous le sachiez.

La présidente : Madame la sénatrice Cools, si le témoin pouvait répondre...

La sénatrice Cools : Je ne vous demande pas de commenter leur travail, mais j'aimerais que vous nous fassiez part de vos réflexions à l'égard de ce genre de chose.

La présidente : Peut-être sur le sujet plutôt que sur le rapport, puisque vous êtes désavantagé du fait de ne pas avoir...

La sénatrice Cools : ... avoir lu le rapport, oui.

La présidente : Je crois qu'il serait très injuste de vous demander de répondre sans que vous ayez pu lire le rapport et entendu le témoignage d'hier. Peut-être pourriez-vous alors répondre à la question de façon générale, si c'est possible.

M. Van Assche : Je n'ai pas lu le rapport. Toutefois, si je comprends bien, les auteurs utilisent des cas précis pour illustrer certaines choses.

La présidente : Je devrais vous dire, si vous allez avancer une réponse, que les auteurs ont en fait interviewé environ 1 200 organismes sans but lucratif, organismes à but lucratif et sociétés privées, et cetera, dans toutes ces catégories, au moyen d'un questionnaire. Ils essayaient de cerner les facteurs qui mènent à la réussite des entreprises selon eux. Ils en sont arrivés à environ cinq indicateurs. Je suis sûre que je ne leur fais pas justice avec ce résumé, mais ils ont tenté de cerner les facteurs qui mènent au succès global dans une situation donnée.

M. Van Assche : Nous avons certainement besoin de beaucoup d'études de ce genre, justement pour la raison que j'ai mentionnée plus tôt. Nous savons que les coûts fixes existent. Nous savons, à la lumière des données, que le comportement des sociétés est fortement aligné sur l'existence de coûts fixes. Mais au-delà des données, nous devons vraiment chercher à savoir exactement ce que les entreprises perçoivent comme étant les plus gros obstacles. Ce genre d'études est intéressant justement parce qu'elles nous permettent d'aller au fond des choses et de mieux comprendre les priorités et les aspects qui importent le plus.

Je crois que ces études — combinées avec des études des mégadonnées, que j'ai moi-même menées aussi — sont un outil précieux pour nous aider à mieux comprendre les facteurs qui empêchent les entreprises de prospérer ou de s'internationaliser.

La présidente : Merci. Nous n'avons plus de temps. Vous avez été très généreux avec le vôtre et vous nous avez beaucoup aidés, particulièrement sur la question des chaînes de valeur mondiales. Vos observations nous seront extrêmement utiles lorsque nous rédigerons notre rapport.

Si vous désirez nous faire part de réflexions supplémentaires sur la question, je vous invite à les communiquer à la greffière. C'est précisément ce que nous voulons faire. Nous ne nous penchons pas sur un accord commercial particulier; nous examinons les concepts et les enjeux qui doivent être pris en compte. Dans le contexte des accords commerciaux pour le bien du milieu des affaires et de la prospérité du Canada.

Merci beaucoup de nous avoir fait part de vos observations et des résultats de vos études. Je vous prie de poursuivre votre travail, car je crois qu'il est très important pour le Canada. Merci d'être venu aujourd'hui.

(La séance est levée.)

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