LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le jeudi 5 octobre 2017
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit en séance publique aujourd’hui, à 10 h 33, pour étudier les relations étrangères et le commerce international en général (sujet : Les forces géopolitiques de l’Asie), puis à huis clos pour étudier un projet d’ordre du jour (travaux futurs).
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
La présidente : Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit ce matin suivant l’ordre de renvoi général. Nous sommes autorisés à examiner les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général.
En vertu de ce mandat, le comité a invité les prochains témoins à lui donner une séance d’information sur les forces géopolitiques et des intervenants déterminants en Asie, ainsi que sur leurs effets relatifs aux intérêts et aux relations du Canada dans la région.
Vous vous souviendrez que certains membres du comité souhaitaient recevoir des informations générales et de grande portée d’un point de vue canadien. Nous allons donc nous attarder aux enjeux des sous-régions de l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-Est et l’Asie orientale. Les membres du comité s’intéressent aussi particulièrement aux politiques internationales et aux priorités commerciales de puissances régionales comme la Russie, la Chine et l’Inde.
Je suis ravie qu’Affaires mondiales Canada ait accepté sans tarder de venir nous aider à comprendre ces enjeux. Nous allons commencer sans plus tarder, car nous souhaitons procéder efficacement pour entendre vos exposés et ensuite vous poser des questions.
Je suis très heureuse que quatre représentants très compétents d’Affaires mondiales Canada soient venus nous aider aujourd’hui. Nous accueillons notamment Don Bobiash, sous-ministre adjoint de l’Asie-Pacifique. Ceux d’entre nous qui avaient participé à l’étude sur l’Asie de l’Est ont eu la chance d’être accueillis par M. Bobiash. Nous étions tout à fait ravis de l’emploi du temps. C’était long, intense et fort utile. Nous nous en souvenons et souhaitons vous en remercier officiellement.
Ian Burchett, directeur général de l’Asie du Sud-Est, est également avec nous, en compagnie de Sarah Taylor, directrice générale de l’Asie du Nord et de l’Océanie, et de David Hartman, directeur général de l’Asie du Sud.
Bienvenue au comité. Monsieur Bobiash, je crois savoir que vous avez une déclaration liminaire, après quoi les sénateurs pourront vous poser les questions qui les préoccupent sur cette région. Bienvenue. La parole est à vous.
Don Bobiash, sous-ministre adjoint, Asie Pacifique, Affaires mondiales Canada : C’est un honneur et un plaisir d’être ici. J’ai eu la chance de rencontrer un certain nombre d’entre vous précédemment, de sorte que je me réjouis ce matin à l’idée de la séance. Je vous remercie de me donner l’occasion de vous parler aujourd’hui de ce qui est selon moi une des régions les plus dynamiques et intéressantes au monde.
[Français]
J’aimerais m’entretenir avec vous des tendances à long terme dont nous sommes témoins en Asie et de l’intérêt de longue date du Canada à faire partie du tableau.
[Traduction]
Ce qui se produit en Asie a de fortes répercussions sur nous. Nous sommes témoins d’une croissance accrue dans la région, de la chute des niveaux de pauvreté et de la montée de la classe moyenne. L’Asie, avec la Chine et l’Inde au centre, s’efforce déjà, et ce, plus que jamais, à définir l’ordre du jour mondial. Ces changements ont d’importantes répercussions sur le Canada.
Le Canada est un pays de l’Asie-Pacifique et nos liens, tant économiques qu’interpersonnels, continuent de s’étendre. Ces relations sont fondées sur des liens historiques solides.
[Français]
Le premier produit que le Canada a exporté en Chine était le ginseng en 1716, et les premiers colons chinois sont arrivés au Canada un peu plus tard au cours de ce siècle, à savoir en 1788. Notre premier diplomate a été envoyé en Australie en 1895, il y a de cela déjà plus de 120 ans.
[Traduction]
Aujourd’hui, nos gens et notre économie sont de plus en plus liés. Le chinois, dans tous ses dialectes, est la langue non officielle la plus parlée au Canada, la République des Philippines est le pays d’origine le plus commun des nouveaux Canadiens, et presque 50 p. 100 de tout le trafic de conteneurs en provenance et à destination du port d’Halifax se fait avec l’Asie. Ces liens témoignent d’une présence asiatique en pleine croissance partout sur la planète.
Nous constatons des niveaux effarants de croissance partout en Asie, où le taux de croissance surpasse celui de la plupart des régions du monde. Le taux de croissance de la Chine était de 6,7 p. 100 cette année, celui de l’Inde était de 6,8 p. 100, alors que le taux combiné des 10 pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, ou ANASE, était de 5,3 p. 100.
[Français]
Dans de nombreux pays de la région, mais pas tous, nous assistons à une diminution des taux de pauvreté. En 2002, en Asie du Sud, plus de 550 millions de personnes vivaient sous le seuil de la pauvreté de 1,90 $ par jour. Plus de 10 ans plus tard, ce nombre avait diminué de moitié tandis que la population avait continué de croître.
[Traduction]
Nous avons également assisté à certains progrès au chapitre de l’inégalité. Le revenu des 40 p. 100 les plus pauvres de la population de la Chine, de la Thaïlande, du Vietnam et de l’Indonésie croît plus vite que celui du reste de la population. En effet, la Chine et l’Inde comptent aujourd’hui par millions les gens qui se situent dans la classe moyenne. D’ici 2022, près de 76 p. 100 des consommateurs urbains chinois se situeront dans la classe moyenne. En 2000, seulement 4 p. 100 avaient atteint ce rang. La domination de l’Asie sur la planète prend de l’essor dans l’ensemble des organisations multilatérales et des lieux de réunion mondiaux.
Je vais parler de la Chine un instant. Comme le comité le sait, la Chine est au cœur de nombreux changements sur le continent.
[Français]
Comme le comité le souligne à juste titre, la Chine est au cœur de nombreux changements.
[Traduction]
Par exemple, l’initiative récente chinoise « La Ceinture et la Route » a attiré l’attention mondiale. Le modèle est fondé sur le système de flux économiques centré sur la Chine, structuré en étoile et soutenu par un réseau intégré d’infrastructures, de grappes industrielles et de zones de libre-échange le long des corridors terrestres et océaniques qui s’étendent dans l’Asie, au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est et en Europe. Les 14 et 15 mai, le Canada était représenté par la secrétaire parlementaire Pamela Goldsmith-Jones, à l’occasion du Forum de « La Ceinture et la Route » qui s’est tenu à Beijing, où le gouvernement a préconisé l’application de cette initiative à l’échelle internationale.
Cette nouvelle route de la soie est en construction et s’inscrit dans la mouvance de la Chine, qui délaisse le modèle axé sur les exportations pour adopter un modèle axé davantage sur la consommation nationale, un virage qui présente de nouvelles possibilités emballantes pour les Canadiens.
Comme vous le savez déjà, le premier ministre a confié le mandat au ministre du Commerce international d’augmenter les liens commerciaux du Canada avec la Chine. Le Canada est donc déterminé à poursuivre un dialogue continu avec la Chine. Le Canada a organisé deux visites consécutives de dirigeants en 2016, puis a appuyé une myriade de visites ministérielles, provinciales, du gouverneur général et de maires en Chine.
Nous croyons que le dialogue est la seule façon de renforcer les liens économiques et la seule façon de se bâtir une compréhension commune des questions parfois complexes sur le plan politique, de sécurité et des droits de la personne. Nous investissons donc des capitaux diplomatiques supplémentaires dans de nouveaux mécanismes bilatéraux afin de parler de la politique étrangère et de la primauté du droit, de même que de notre relation économique.
Toutefois, la Chine ne représente pas l’ensemble de l’Asie. D’ici cinq ans, l’Inde deviendra la cinquième puissance économique et la deuxième nation en importance pour la population; elle joue d’ailleurs un rôle de plus en plus important dans la région et au-delà. Ce potentiel est bien réel. Compte tenu de son revenu par habitant qui équivaut au cinquième de celui de la Chine, et de ses pauvres qui se comptent par millions, l’Inde doit créer des emplois pour sa population de jeunes, diversifier ses sources d’énergie, améliorer la sécurité alimentaire, combler son déficit en matière d’infrastructures et plus encore.
Parallèlement, l’Inde peut se targuer d’avoir l’économie la plus florissante du monde et de partager avec le Canada un profond engagement à l’égard d’un ordre international fondé sur des règles, de principes démocratiques et d’une capacité à évoluer dans une fédération complexe. Ce n’est guère étonnant que le Canada ait également conclu une série d’ententes relatives à l’investissement et au commerce avec l’Inde, entre autres.
[Français]
Après la Chine, c’est probablement l’Inde qui affiche le plus grand potentiel quant à l’augmentation des ventes de produits et de services canadiens au cours des 10 prochaines années.
[Traduction]
J’aimerais maintenant parler de la terrible crise qui frappe le Myanmar. Ce pays traverse la crise la plus profonde sur les plans sécuritaires et humanitaires de l’Asie. Lundi dernier, j’ai d’ailleurs eu le privilège d’en discuter avec le Comité sénatorial permanent des droits de la personne et certains d’entre vous.
Depuis le 25 août 2017, plus d’un demi-million de Rohingyas ont fui le Myanmar en direction de son voisin, le Bangladesh. Affaires mondiales Canada demeure profondément préoccupé par la crise actuelle qui frappe l’État de Rakhine, la violence et le déplacement massif de ce peuple vulnérable.
Le premier ministre a exprimé ses vives préoccupations à l’égard de la situation du Rakhine lors d’un entretien téléphonique avec la conseillère d’État Aung San Suu Kii le 13 septembre dernier. Au cours de cet appel, le premier ministre a insisté sur le fait que les dirigeants militaires et civils du Myanmar doivent de toute urgence adopter une position ferme pour mettre fin à la violence, protéger les civils et donner un libre accès aux Nations Unies et aux intervenants humanitaires internationaux.
Le gouvernement du Canada travaille également en étroite collaboration avec les membres de la communauté internationale. Au cours des trois dernières semaines, la ministre des Affaires étrangères s’est entretenue avec plusieurs de ses homologues et des personnes les plus influentes de la région, notamment la Norvège, la Suède, le Bangladesh, l’Allemagne, l’Union européenne et les États-Unis, ainsi qu’avec Kofi Annan. Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue bangladais, la ministre Freeland a remercié le gouvernement du Bangladesh d’avoir accueilli tous les arrivants demandeurs d’asile.
Hier, l’honorable Marie-Claude Bibeau, ministre du Développement international et de la Francophonie, a annoncé un financement additionnel de 3 millions de dollars pour aider à désamorcer la crise humanitaire qui frappe le nord de l’État de Rakhine, au Myanmar, et qui se répercute sur son voisin, le Bangladesh. Ces nouveaux fonds canadiens contribueront à répondre à la demande d’aide supplémentaire lancée par les Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge. À ce jour, en 2017, le Canada a donné une aide humanitaire de 12,18 millions de dollars à des partenaires du Myanmar et du Bangladesh afin de répondre aux besoins relatifs à la crise.
Je vais maintenant prendre une minute pour parler de l’ANASE, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est. Au nombre des membres de l’ANASE, citons les puissances régionales du Vietnam et de l’Indonésie, la plaque tournante économique asiatique de Singapour, les Philippines, mais aussi des pays plus petits et plus pauvres, comme le Laos et le Cambodge. En tant que centre d’influence de la puissance douce asiatique, l’ANASE joue un rôle clé dans le maintien de la paix, de la prospérité et de la sécurité.
Le Canada, conscient de ce rôle, a déployé de nouvelles ressources pour renforcer son engagement dans la région. Le Canada a maintenant un ambassadeur dédié au sein de l’ANASE, une représentation diplomatique dans les 10 pays de l’association et des programmes économiques et de développement à long terme. Le Canada cherche activement à participer à la réunion élargie des ministres de la Défense de l’ANASE ainsi qu’au Sommet de l’Asie de l’Est présidé par l’association.
Dans le cadre de l’engagement accru du Canada, j’ai présidé la réunion des hauts fonctionnaires de l’ANASE et de la fonction publique du Canada, qui s’est tenue en mai dernier à Ottawa, qui a été suivie de la participation de hauts fonctionnaires canadiens à la réunion des hauts fonctionnaires chargés de l’économie Canada-ANASE, qui a eu lieu en juillet aux Philippines. En août, la ministre Freeland a assisté à la Conférence postministérielle ANASE-Canada et à la réunion régionale des ministres des Affaires étrangères de l’ANASE, à Manilla, pour promouvoir la coopération régionale et la stabilité des institutions multilatérales. Au cours de sa visite, la ministre a annoncé, au nom de l’honorable Marie-Claude Bibeau, que le Canada accorderait 10 millions de dollars sur cinq ans aux étudiants postsecondaires et aux professionnels en milieu de carrière de l’Asie du Sud-Est pour qu’ils puissent faire des études au Canada. Les bourses et les échanges étudiants pour les initiatives de développement permettront aux habitants des États membres de l’ANESA, en particulier aux femmes, de faire une demande d’études ou de recherches à court terme au Canada.
Pendant les consultations du Canada avec les ministres de l’ANASE à Manille le mois dernier, la secrétaire parlementaire Pamela Goldsmith-Jones et ses homologues ont annoncé le lancement de discussions exploratoires en vue d’examiner la conclusion d’un éventuel accord de libre-échange Canado-ANASE. Ils ont également convenu de réaliser conjointement une analyse de faisabilité complète sur un tel accord.
Le Forum de coopération économique Asie-Pacifique, ou APEC, joue également un rôle crucial dans la région.
[Français]
Le Canada était l’un des membres fondateurs en 1989 et, depuis, il a contribué à l’évolution de son objectif global d’intégration économique régionale.
[Traduction]
Notre premier ministre et nos ministres participent à chaque année dans un souci de promouvoir la liberté du commerce et des investissements, et plus récemment, ils ont mis l’accent sur l’autonomisation économique des femmes et des peuples autochtones.
Le prochain sommet de l’APEC aura lieu au Vietnam en 2017, et le thème sera « Créer un nouveau dynamisme, cultiver un avenir commun ». Fortement appuyées par le Canada, les quatre priorités progressives sont : favoriser une croissance durable, novatrice et inclusive; approfondir l’intégration économique régionale; renforcer la concurrence et l’innovation des microentreprises et des petites et moyennes entreprises à l’ère numérique; améliorer la sécurité alimentaire et l’agriculture durable.
J’ai mentionné quelques-unes des dynamiques d’intérêt particulier pour le comité, mais je veux également faire mention des liens que nous avons dans d’autres parties de l’Asie et qui façonnent la présence et le potentiel du Canada. Le Japon est notre quatrième partenaire commercial en importance, un partenaire de recherche clé en sciences et en technologie et un confrère du G7. La Corée du Sud, avec qui nous avons conclu un accord de libre-échange très fructueux, est notre sixième partenaire commercial en importance, connaissant un essor accru en matière de commerce et de coopération dans le domaine de la recherche.
[Français]
L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des alliés et des partenaires commerciaux de longue date, et nous continuons d’entretenir des liens étroits sur les plans économique, politique et de la sécurité.
[Traduction]
Le Canada a également mis en œuvre d’importants programmes de développement dans l’ensemble de l’Asie, lesquels totalisaient 1,1 milliard de dollars en 2015-2016, y compris des programmes majeurs en Afghanistan, au Pakistan, au Bangladesh, au Sri Lanka et au Vietnam, entre autres. Nous déployons aussi des efforts diplomatiques en vue de promouvoir la paix, les droits de la personne et la gouvernance démocratique, dans la mesure de nos capacités.
Au chapitre du commerce, nous avons des liens économiques croissants, non seulement avec les grandes puissances, mais aussi avec les pays qui cherchent à éradiquer la pauvreté grâce au développement économique. Il est intéressant de noter que les échanges commerciaux du Canada avec le Bangladesh ont plus que doublé au cours des dix dernières années : nous faisons plus d’exportation au Bangladesh maintenant qu’avec la plupart des pays européens.
Cette situation s’apparente à celle du Pakistan. Au cours des trois dernières années seulement, nos exportations au Pakistan sont celles qui ont connu la croissance la plus rapide. Le volume de nos échanges commerciaux avec le Cambodge affiche une tendance parallèle : à 1,2 milliard de dollars par année, ce marché est désormais plus important que celui de notre partenaire de longue date, la Nouvelle-Zélande.
[Français]
Permettez-moi de faire un retour sur ce que je disais plus tôt. Le potentiel économique, la stabilité politique et le développement durable de l’Asie sont des enjeux importants pour le Canada.
[Traduction]
Ils sont importants parce que nous voyons dans l’Asie un potentiel de prospérité et de santé économique mondiales, y compris de nouveaux emplois et un commerce élargi pour les Canadiens. Ils sont importants parce que les gains pour la prospérité et la paix en Asie nous rapprochent des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
[Français]
Ils sont importants parce que le Canada, c’est chez nous, et parce que ce le sera également pour les nouveaux Canadiens qui trouvent leurs origines dans cette partie du monde si vaste et si complexe.
[Traduction]
Ce fut un honneur de m’adresser à vous ce matin, et j’ai hâte de répondre à vos questions.
La présidente : Merci. Vous avez certainement abordé de nombreux enjeux.
Le sénateur Woo : Merci. Je veux commencer par vous saluer et vous remercier tous les quatre, non seulement d’être ici aujourd’hui, mais aussi d’avoir dévoué votre carrière aux affaires étrangères, en particulier à l’Asie. Je sais que vous avez travaillé dans de nombreuses régions de l’Asie pendant des années, et que vous avez multiplié les efforts pour promouvoir les intérêts du Canada là-bas.
Monsieur le sous-ministre adjoint Bobiash, vous avez démontré de façon convaincante l’importance de l’Asie dans le monde, et plus particulièrement pour le Canada. J’ai été particulièrement étonné d’apprendre que nous exportons plus vers le Bangladesh que vers la plupart des pays de l’UE.
De toute évidence, le poids de l’Asie et ses répercussions sur le Canada sont très importants, mais on a l’impression que le poids de l’objectif ne se reflète pas dans les priorités gouvernementales canadiennes, si l’on compare l’Asie au reste du monde.
Je me souviens de l’allocution historique qu’a prononcée la ministre Freeland au Parlement il y a quelques mois, avant la pause estivale, où elle a formulé une sorte de manifeste pour la politique étrangère du Canada. C’était très réfléchi et généralement très bien reçu partout dans le monde, mais on avait l’impression que l’Asie était négligée dans ce discours. La région n’y était pas très présente. En fait, je ne suis pas certain qu’elle ait été mentionnée, peut-être une ou deux fois tout au plus.
La question que je veux vous poser, monsieur Bobiash, et d’autres témoins peuvent intervenir s’ils le veulent, c’est comment le gouvernement et AMC — ou vous pouvez parler du gouvernement en général — tiennent-ils compte de l’importance de l’Asie pour le monde entier et pour le Canada dans les priorités gouvernementales des ministères, des organismes et de l’ensemble de l’appareil gouvernemental pour que cet état de fait fasse partie intégrante de nos pratiques plutôt que de simplement prononcer de belles paroles?
M. Bobiash : J’aimerais répondre à cette question sous plusieurs angles. Premièrement, je pense que dans une certaine mesure, les gestes sont plus éloquents que les paroles. Si vous regardez notre relation avec des organismes clés tels que l’ANASE, je peux vous fournir une longue liste de mesures précises que le gouvernement a prises au cours des dernières années pour mieux nous faire connaître dans cette région.
J’en ai mentionné quelques-unes dans mon exposé. Nous avons maintenant un ambassadeur attitré à cet organisme. Nous avons de nouvelles ressources diplomatiques. Nous avons annoncé un nouveau programme de bourses. Nous envisageons de conclure un accord de libre-échange avec la région. Ce sont là des mesures concrètes prises sur le terrain que nous offrons avec l’ANASE.
Dans le cas de la Chine, à la suite de la visite du premier ministre Trudeau en 2016, il y a eu une nouvelle série de nouveaux mécanismes bilatéraux entre le Canada et la Chine, qui ont été mis en œuvre dans un éventail de secteurs, notamment l’économie et les finances, le développement et la bonne gouvernance, et de nombreux autres.
Même s’il ne reçoit peut-être pas beaucoup d’attention des médias, le gouvernement prend des mesures concrètes dans ses relations clés et auprès des organismes régionaux pour renforcer notre présence dans la région.
Du côté de la Chine, je demanderais peut-être à ma collègue, Mme Taylor, de vous fournir une plus longue liste des initiatives que nous prenons parce que c’est vraiment une relation importante.
Sarah Taylor, directrice générale, Asie du Nord et Océanie, Affaires mondiales Canada : Comme vous le savez, le gouvernement a une nouvelle politique d’engagement envers la Chine. Elle se traduit, comme M. Bobiash l’a mentionné, en une série de nouveaux mécanismes bilatéraux de haut en bas, en commençant avec un dialogue annuel des dirigeants. Ce mécanisme a été lancé par la visite du premier ministre Kequiang Li au Canada l’automne dernier. Cette visite nous a permis d’avoir une foule d’échanges. Nous continuons d’élaborer et d’élargir ces mécanismes.
Outre quelques-uns des dialogues existants avec les ministres des Affaires étrangères, les ministres de l’Environnement, le ministre du Commerce international, le ministre des Finances, le conseiller en matière de sécurité nationale, et leurs homologues chinois, nous examinons actuellement de nouveaux secteurs où nous pourrions appliquer de nouveaux mécanismes et renforcer le mécanisme bilatéral au chapitre de la santé, de la culture, et cetera.
C’est un très vaste éventail d’activités. Comme les membres du comité le savent sans doute, nous venons de terminer des discussions exploratoires sur des négociations possibles sur le libre-échange avec la Chine. Le Cabinet devra rendre une décision sur quelles seront les prochaines étapes à suivre, mais je pense que ces discussions exploratoires ont déjà été fructueuses pour examiner de part et d’autre les intérêts et les possibilités d’élargir les échanges commerciaux.
Nous allons également de l’avant avec un certain nombre d’autres initiatives qui seront mises en œuvre au cours des prochaines années. L’année prochaine plus particulièrement, en 2018, marquera l’année du tourisme Canada-Chine. Vous demandiez ce que cette année signifiera concrètement. Dans la pratique, nos collègues à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ont élargi leur réseau de centres de demandes de visa qui permettent aux citoyens chinois de présenter une demande de visa localement au Canada. Ils ont élargi ce réseau en ouvrant sept nouveaux centres de demandes de visa cette année. Nous enregistrons déjà une hausse importante du nombre de touristes chinois qui viennent au Canada. Nous espérons en accueillir encore plus en 2018 pour marquer cette année.
Ce ne sont là que quelques exemples. Il y en a bien d’autres. Je pourrais continuer longuement, mais je vais vous épargner tous ces détails. Beaucoup d’efforts sont déployés pour élargir et approfondir notre relation avec la Chine.
M. Bobiash : Je voulais ajouter une autre observation. À mesure que nous allons de l’avant, l’un des secteurs les plus importants sera d’élargir les liens avec les jeunes en Asie, surtout par l’entremise d’une coopération accrue en éducation. L’incidence des étudiants asiatiques au Canada a été considérable au cours de la dernière décennie.
On compte maintenant plus de 140 000 étudiants de la République populaire de Chine au Canada. À l’Université de Toronto, il y a plus de 10 000 étudiants de la Chine. Je pense que ce sont là de merveilleux chiffres. Nous avons reçu des rapports de nos sections de visas à nos missions à New Dehli selon lesquels les bureaux des visas sont submergés de demandes de visas d’étudiants en provenance de ce pays.
Nous examinons de près l’éducation. Je pense que la question des jeunes est l’un des thèmes que nous devrons aborder dans le cadre de nos relations futures avec l’Asie.
Le sénateur Woo : Permettez-moi de poursuivre avec une question sur une mesure simple, pour ainsi dire, de la priorité que nous accordons à l’Asie au sein d’Affaires mondiales Canada. Pouvez-vous me donner une idée des ressources qui sont allouées aux travaux liés à l’Asie au sein du ministère par rapport aux travaux en lien avec d’autres régions du monde, comme les États-Unis et l’Union européenne?
Vous avez déjà mentionné qu’à bien des égards, l’Asie en tant que marché d’exportation est en train de devenir plus importante que la majorité des pays de l’Union européenne. Ce n’est pas pour dénigrer d’autres parties du monde, mais c’est pour harmoniser nos ressources avec les priorités de notre pays. Expliquez-nous ce qui se fait au ministère.
M. Bobiash : Je pense que plusieurs mesures sont prises de diverses façons. L’une est que nous avons renforcé, par exemple, notre présence commerciale en Chine de façon considérable au cours de la dernière décennie. Nous avons maintenant 10 bureaux commerciaux dans un certain nombre de villes en Chine, qui n’existaient pas auparavant. Comme je l’ai mentionné, nous avons accru notre présence diplomatique dans la région et l’organisation de l’ANASE. Nous accordons une plus grande priorité au ministère à ce que nous appelons les compétences asiatiques, comme des formations en langues asiatiques.
Il y a eu un déplacement vers l’Asie. Le monde est évidemment limité par des considérations budgétaires directes, notamment, mais je pense que l’Asie a reçu plus de ressources dans un certain nombre de secteurs ces dernières années.
Le sénateur Woo : Puis-je demander, dans la mesure du possible, une estimation des ressources financières allouées aux diverses régions géographiques pour avoir une idée générale de la façon dont le ministère distribue ses ressources à la lumière des priorités?
M. Bobiash : Je n’ai pas ces chiffres sous les yeux, mais je peux peut-être fournir une réponse écrite plus tard.
La présidente : Je pense que ce serait utile. Nous parlons d’Affaires mondiales, si je ne m’abuse. Je pense que le personnel et le budget seront utiles, sachant que nous savons que des activités sont menées sur la scène internationale par l’entremise d’autres ministères également.
Nous allons fournir ces renseignements aux fins du compte rendu, mais nous allons nous concentrer sur Affaires mondiales.
La sénatrice Ataullahjan : Merci de votre déclaration.
J’ai quelques questions. L’une porte sur le corridor entre la Chine et le Pakistan. La majorité des gens estiment qu’il changera la donne. Je ne sais pas à combien de milliards de dollars le projet s’élève, puisque le chiffre a augmenté, mais il est intéressant de savoir que certaines personnes étaient consternées de voir des affiches en chinois le long de la route. Lors d’une crise survenue récemment, la Chine a envoyé des éboueurs pour ramasser les ordures à Karachi. Dans quelle mesure la Chine interviendra-t-elle au Pakistan?
Je sais que le Pakistan est connu pour le terrorisme, mais si vous regardez les rapports de Bloomberg de l’an dernier, on signalait que c’était l’une des économies les plus sous-estimées. L’Allemagne et les Philippines sont arrivées au premier rang de ce classement dans le passé.
Les États-Unis parlent sans cesse de redéfinir leur relation avec le Pakistan. Un jour, c’est positif, l’autre, négatif. Nous avons entendu dire qu’ils allaient en quelque sorte mettre fin à leur alliance avec le Pakistan. Or, le ministre des Affaires étrangères du Pakistan était à Washington la semaine dernière. Des communiqués de presse positifs ont été diffusés à la suite de cette visite.
Je suis très perplexe. Je sais qu’ils sont en train de changer les alliances. La seule chose qui n’a pas changé, c’est l’amitié entre la Chine et le Pakistan. En fait, leurs relations sont très solides.
Que se passe-t-il? Le ministre des Affaires étrangères par intérim du Pakistan, Sartaj Aziz, a pris la parole à Londres l’an dernier. Il a dit que la plus grosse erreur que le Pakistan a commise, selon lui, lorsque le pays a été fondé a été de s’allier avec les États-Unis. Que pensez-vous de cette affirmation?
M. Bobiash : Il y a un certain nombre de questions ici, mais permettez-moi de répondre à différents points qui ont été soulevés.
Premièrement, en ce qui concerne M. Sartaj Aziz, le ministre des Affaires étrangères par intérim du Pakistan, je suis allé dans ce pays il y a quelques mois et j’ai eu le privilège d’avoir une rencontre avec lui.
Durant la conversation, qui était très chaleureuse, il a mentionné qu’il avait travaillé avec Lester Pearson au début des années 1970. Lester Pearson a réalisé une importante étude sur l’aide étrangère pour la Banque mondiale et M. Aziz était l’un des économistes chargés des recherches. Je me suis dit qu’il y a peu de personnes dans le monde qui peuvent affirmer avoir travaillé avec Lester Pearson de nos jours, mais il l’a certainement fait.
Bref, le Canada a des liens historiques étroits avec le Pakistan. Depuis qu’il a acquis son indépendance, nous sommes l’un de ses partenaires en matière de développement les plus importants. Les Pakistanais sont tous au courant de la contribution du Canada à leur pays. Un important barrage, le barrage Warsak, a été financé par le Canada. Il est important pour la production d’électricité et d’autres projets de développement au Pakistan. Nous entretenons des relations très étroites et chaleureuses depuis des années.
La Chine exerce une influence incroyable dans le pays. Ce n’est rien de nouveau. Cette situation perdure depuis de nombreuses décennies. J’étais au Pakistan récemment et j’ai remarqué, comme la sénatrice l’a mentionné, l’influence de la Chine, surtout pour construire des projets d’infrastructure. Un grand port sera construit. La Chine investit également dans les voies ferrées et d’autres secteurs des transports. La Chine a une grande influence dans le pays.
De toute évidence, je pense que cela fait contrepoids à la rivalité entre la Chine et l’Inde dans le passé. C’est un facteur qui entre en ligne de compte également.
En ce qui concerne la nouvelle position des États-Unis concernant le Pakistan, ils adoptent manifestement la ligne dure à la suite des efforts et de la campagne de lutte contre le terrorisme, mais je ne pense pas que cette position nuit vraiment aux relations entre le Canada et le Pakistan pour l’instant.
La sénatrice Ataullahjan : J’ai une question sur l’Afghanistan. Je sais que chaque fois que quelque chose se produit en Afghanistan, le blâme est rejeté sur le Pakistan. Je sais que les organismes du renseignement ont dû avoir leur mot à dire sur ce qui s’est produit, mais la guerre en Afghanistan n’est pas une guerre que le Pakistan voulait. Cette guerre lui a été imposée en raison de sa position géographique.
L’Afghanistan se prépare pour des élections. Nous avons Ashraf Ghani. Je ne veux pas en parler, mais nous avons vu le type de dirigeant qu’il était. Nous avons maintenant Gulbudin Hekmatyar qui est de retour, ce qui m’inquiète beaucoup. Juste si on lit entre les lignes, il va probablement se présenter à la présidence de l’Afghanistan, à l’instar d’Abdullah Abdullah, d’Ashraf Ghani et de nombreux autres joueurs.
Que pensez-vous de la nouvelle tentative de Gulbudin Hekmatyar de faire un retour dans la politique en Afghanistan?
M. Bobiash : C’est une question très intéressante.
Ma première affectation diplomatique a été au Pakistan au début des années 1990. J’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux dirigeants moudjahidines à l’époque, mais pas M. Hekmatyar, par contre.
C’est un problème que le Canada a étudié très attentivement car la relation entre l’Afghanistan et le Pakistan est essentielle pour assurer la paix dans la région. Lorsque j’ai visité l’Afghanistan il y a quelques mois, il y avait une délégation de parlementaires et une délégation de militaires pakistanais qui venaient rencontrer leurs homologues en Afghanistan.
Je le mentionne pour souligner que le gouvernement afghan comprend à quel point il est important d’entretenir de bonnes relations avec le Pakistan pour son avenir. Les gouvernements essaient, par l’entremise de diverses filières non officielles et d’autres négociations, d’améliorer ces relations, ce qui est un bon signe, à mon avis.
Par ailleurs, et cet enjeu n’a pas été beaucoup médiatisé au Canada, le gouvernement de l’Afghanistan a lancé un processus de paix dirigé par les Afghans intitulé le processus de Kaboul. C’est une initiative positive. En fait, des représentants canadiens assistaient à une réunion aujourd’hui à Kaboul pour discuter du développement en Afghanistan et de la contribution du Canada.
Bref, la relation entre l’Afghanistan et le Pakistan est importante pour le Canada. C’est quelque chose que nous surveillons très attentivement, mais au cours des derniers mois, on a enregistré des progrès positifs à cet égard.
La sénatrice Bovey : C’est très intéressant et je vous remercie infiniment. Mais je dois dire que c’est davantage une observation et peut-être une question.
Je suis ravie de voir que l’on met l’accent sur les jeunes et les échanges universitaires. Je l’ai remarqué ces dernières années. Je sais qu’ils apprennent beaucoup, mais je sais également qu’ils apportent une contribution importante au Canada, de même qu’à la portée et à l’ampleur de ce que font nos universités.
Je serais également curieuse, madame Taylor, de vous entendre sur le fait d’allonger la liste de sujets à aborder dans les discussions bilatérales. Personne autour de cette table ne sera surpris de ce que je vais dire, surtout lorsque vous avez mentionné la culture.
Le mois dernier, une importante délégation de professionnels des musées se sont rendus en Chine. Ils m’ont invitée à y prendre part, et je regrette de ne pas avoir pu y aller. Je crois savoir qu’une entente a été conclue entre le secteur des musées en Chine et celui au Canada. Nous pouvons nous attendre à accueillir une importante délégation de muséologues chinois à la conférence de l’Association des musées canadiens qui aura lieu à Vancouver en avril prochain. Je suis ravie de voir toutes ces initiatives, et je sais que nos établissements participent à des échanges culturels et à des échanges d’artistes depuis de nombreuses années.
J’aimerais savoir quel est le rôle d’Affaires mondiales pour encourager ces discussions et ces échanges entre divers secteurs de la société, que ce soit en ce qui a trait aux universités ou à la culture. Participez-vous à tous ces secteurs? Je m’interroge simplement à ce sujet. Que fait-on sur le terrain?
J’ai assisté à une réunion hier où l’on m’a posé cette question. J’ignorais que je pourrais l’adresser à quelqu’un aussi rapidement.
M. Bobiash : Les relations avec les milieux universitaires et culturels sont un aspect important de nos relations avec l’Asie en général. J’ai mentionné notre nouveau programme de bourses pour la région de l’ANASE. Quelques-unes de vos questions portaient plus précisément sur la Chine.
La sénatrice Bovey : J’en ai discuté à Victoria hier même, alors c’est frais dans ma mémoire.
M. Bobiash : La culture est un élément important de nos tentatives d’élargir nos relations avec la Chine. Je vais demander à Sarah Taylor, notre directrice générale pour la Chine, de nous en dire davantage sur certains de ces projets.
Mme Taylor : Vous demandez si nous sommes au courant de tout ce qui se passe. Je suis certaine que ce n’est pas le cas. Il se passe toujours énormément de choses en Chine. Une grande partie de notre travail consiste à essayer de rester au courant des divers éléments de cette relation.
De notre point de vue, je dirais qu’il y a de nombreux points d’entrée par rapport à cet aspect de la relation qui est en croissance et qui est très important, y compris des domaines comme ceux que vous avez mentionnés relativement à des échanges dans le secteur des musées. Cela s’explique en partie par l’énorme croissance au cours des dernières années de l’infrastructure dans le secteur des musées et des établissements culturels en Chine.
La Chine compte maintenant un très grand nombre de nouveaux musées, de nouveaux théâtres et de nouvelles salles de concert, mais elle cherche très souvent du contenu pour ses établissements. Une certaine synergie naturelle s’établit avec le Canada en la matière, notamment dans le secteur des musées où nous jouissons d’une excellente renommée.
C’est évidemment Patrimoine canadien qui coordonne bon nombre de ces échanges, et nous appuyons sans réserve son travail. La ministre Joly s’est justement rendue plus tôt cette année en Chine. D’autres collègues et moi l’avons conseillée avant son voyage, puis notre ambassade et nos missions en Chine l’ont évidemment soutenue durant son séjour.
Je dirais que nos points d’entrée proviennent en partie de nos discussions ici avec nos collègues de Patrimoine Canada et nos institutions culturelles, mais nos missions sur le terrain sont également très actives.
Nous avons une section de la diplomatie ouverte très active dans notre ambassade de Pékin et les autres missions du réseau chinois. Cette section collabore avec divers secteurs et réalise une partie du travail pour rendre le tout possible. Par exemple, nous avons récemment signé un accord sur la coproduction cinématographique avec la Chine et nous sommes aussi en pourparlers en vue de conclure un accord sur la coproduction télévisuelle. L’infrastructure de gouvernement à gouvernement permet les échanges et soutient certains de ces liens entre les institutions. Par exemple, le TIFF, soit le Festival international du film de Toronto, entretient des liens continus et utiles avec le Festival international du film de Pékin. Nous soutenons de telles activités et des événements comme des tournées par des auteurs canadiens.
Nos missions disposent d’un fonds. Nous avons ce que nous appelons un fonds d’initiative de la mission qui permet aux missions de faire venir des personnalités culturelles canadiennes. Nous collaborons au sujet de certains éléments, mais nous sommes conscients que c’est un très vaste secteur d’activités.
La sénatrice Bovey : Je suis aussi bien au courant des fortes relations entre le Canada et le Japon dans le domaine culturel. Je sais aussi qu’il y a actuellement des développements dans le domaine télévisuel en Inde entre le gouvernement et des organismes britanniques. J’ai trouvé intéressant de voir notre place dans certains de ces nouveaux marchés qui s’ouvrent.
L’autre pays est le Vietnam, et j’aimerais parler des échanges universitaires, jeunesses et culturels. Ai-je raison de présumer que les relations canado-vietnamiennes sont aussi en croissance dans ces secteurs?
Ian Burchett, directeur général, Asie du Sud-Est, Affaires mondiales Canada : Absolument, sénatrice. Nous sommes très satisfaits des relations croissantes qu’entretiennent les Canadiens et les Vietnamiens. Cette année, comme vous le savez, le Vietnam sera l’hôte en novembre de la réunion de l’APEC à Da Nang, et cette rencontre contribuera à un grand nombre de discussions multilatérales.
Un nombre croissant d’étudiants vietnamiens choisissent de venir étudier au Canada. Par ailleurs, de plus en plus de petites et moyennes entreprises se tournent vers le Vietnam pour de nouveaux débouchés économiques. C’est évidemment un domaine dans lequel nous continuons d’accroître le soutien que notre ambassade à Hanoï et notre consulat général à Hô Chi Minh-Ville offrent à ces entreprises.
Le sénateur Marwah : Merci encore une fois, monsieur Bobiash. Vous nous avez fait un exposé très utile et très instructif sur la région de l’Asie-Pacifique.
J’ai une question sur l’Inde. J’entends parler des accords de libre-échange, des accords commerciaux ou peu importe le nom que vous leur donnez. Les accords commerciaux avec l’Inde sont beaucoup plus vastes et remontent déjà à un certain temps. J’ai commencé à me pencher sur le sujet dans ma précédente vie dans le milieu financier il y a sept ou huit ans, mais cela ne semble jamais susciter suffisamment d’attention dans l’ensemble.
Compte tenu du programme nettement favorable aux entreprises du gouvernement Modi, comme vous l’avez mentionné dans vos commentaires au sujet de l’émergence de l’Inde comme force économique, j’imagine que nous aurions tout intérêt à nous montrer plus agressifs à cet égard. Est-ce une priorité pour nous ou ne l’est-ce pas? Y a-t-il des obstacles à ce chapitre?
M. Bobiash : Le ministre du Commerce international, le ministre Champagne, a rencontré son homologue indien et a essayé de faire progresser les négociations en vue de conclure un accord de libre-échange. Il a tenté d’accélérer la conclusion d’un accord sur la protection des investissements étrangers, accord que nous négocions depuis pratiquement plus de 10 ans. Honnêtement, les négociations commerciales sont un lent processus, mais c’est une priorité politique du gouvernement et c’est un message que transmet le ministre du Commerce international.
Le sénateur Marwah : Avez-vous l’impression que cela intéresse aussi le gouvernement indien ou le Canada n’est-il pas une priorité pour lui?
M. Bobiash : Je crois que nous le sommes. Le premier ministre a eu un entretien téléphonique il y a trois semaines, et il a certainement mentionné ces éléments de la relation et en a fait la promotion.
[Français]
La sénatrice Saint-Germain : J’aimerais vous amener à l’enjeu de la sécurité. Il est évident que le potentiel économique et commercial de coopération avec les pays de l’Asie du Sud-Est, la Chine et l’Inde en particulier, est formidable et exponentiel.
Par contre, avec le commerce et les relations se posent différents enjeux ou risques en matière de sécurité, que ce soit la cybersécurité, la sécurité financière, les droits de la personne, le droit maritime en général ou la protection du territoire. Le Canada n’est plus membre, à son grand regret, du Conseil de sécurité des Nations Unies, et je salue vos efforts pour qu’il le redevienne. Je parle également de vos relations internes avec d’autres acteurs gouvernementaux, notamment le conseiller national en matière de sécurité, auquel Mme Taylor a fait référence.
Notre réunion est télédiffusée en ce moment. Je comprends donc qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas nous dire. Cependant, j’aimerais vous entendre parler de vos priorités, des défis et de votre gestion de ces enjeux de sécurité nationale liés à nos relations. Ces enjeux peuvent avoir un impact négatif sur la qualité des relations commerciales et économiques du Canada, y compris pour ses entreprises et ses citoyens, et pour l’Asie du Sud-Est.
Mme Taylor : Je pourrais répondre, surtout en ce qui a trait à ma région, qui comprend un certain nombre de pays où la sécurité joue un rôle très important. Je parle de la Chine, bien sûr, et de la Corée du Nord, et également des pays avec lesquels on travaille très étroitement, mais davantage à titre d’allié, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon.
Peut-être que mes collègues aimeraient parler des autres questions de sécurité qui se posent en Afghanistan et au Pakistan.
En ce qui concerne la Chine, c’est une relation très complexe qui comporte plusieurs aspects différents. Il faut donc toujours discuter avec la Chine d’un éventail de sujets, et ce, avec les yeux ouverts. À titre d’exemple, en matière de sécurité nationale, nous tenons un dialogue avec la Chine sur la sécurité nationale, la gouvernance et le droit. Sous cette bannière, nous avons plusieurs groupes de travail qui discutent avec leurs homologues chinois de questions de droit, de criminalité, d’immigration, y compris l’immigration illégale, et cetera.
Il y a tout un éventail de sujets qui se posent dans le cadre de cette série de dialogues. Je citerai également, par exemple, en matière de criminalité, les problèmes de drogue. Une certaine quantité du fentanyl qui se retrouve dans les rues des grandes villes canadiennes, à notre très grand tort, provient de la Chine. Je sais qu’il y a un dialogue très étroit entre la GRC et ses homologues chinois à ce sujet.
En ce qui concerne les questions liées aux droits de la personne, nous en discutons beaucoup avec la Chine à plusieurs niveaux, à l’échelle, bien sûr, du premier ministre, mais aussi de façon plus poussée par l’intermédiaire de nos ministres des Affaires étrangères respectifs.
La sénatrice Saint-Germain : Dans les enjeux liés au commerce et les discussions bilatérales, avez-vous des échanges sur la contrefaçon, sur la présence au Canada de produits qui ne respectent pas notamment les droits de production ou les droits d’auteur? Cette question a-t-elle précisément été abordée?
Mme Taylor : Oui, tout à fait. Justement, nous avons eu ce premier dialogue sur la possibilité d’un accord de libre-échange. Dans ce cadre, nous avons tenu des discussions non seulement avec nos homologues chinois, mais aussi avec un grand nombre de compagnies et de citoyens canadiens.Il y a beaucoup de discussions, du côté commercial, sur les aspects comme la contrefaçon et sur la sécurité en matière d’informatique. Les questions des droits de la personne ont aussi été soulevées.Ce sont certainement des questions qui seront prises en compte dans ces discussions et dans le cadre d’une décision éventuelle sur la possibilité de négocier un accord de libre-échange.
Cependant, avec ou sans accord, dans nos relations commerciales régulières avec la Chine et dans notre engagement envers elle, il faut faire l’équilibre entre la promotion du commerce — parce que nous voyons beaucoup d’opportunités — et les risques, et nous en sommes bien conscients. Nous avons mis en place certaines mesures, comme les contrôles à l’exportation de certains biens, qui nous permettent de gérer ce genre de risque.
Très brièvement, j’ajouterais que l’autre grande question liée à la sécurité dans la région, c’est bien sûr la Corée du Nord, où nous nous sommes engagés avec les alliés de façon très dynamique et où nous avons mis en oeuvre tout un éventail de mesures de sanction.
La sénatrice Saint-Germain : J’aurais une dernière question complémentaire à poser, madame la présidente.
[Traduction]
La présidente : Je vous inscris sur la liste pour la deuxième série des questions.
Le sénateur Gold : Je suis ravi que ma collègue, la sénatrice Saint-Germain, ait traité d’enjeux qui vont au-delà du commerce et que vous ayez touché à la question des droits de la personne dans vos réponses.
Les échanges commerciaux sont très importants pour les Canadiens et les habitants de tous les pays avec lesquels vous travaillez. Au risque de sembler naïf, je crois que le produit canadien le plus important est les valeurs libérales et démocratiques et la primauté du droit qui sous-tendent notre système de gouvernement.
J’avoue être très inquiet de la remise en question de la primauté du droit et des valeurs libérales et démocratiques qui semble être en progression dans le monde et même très près de chez nous. Il n’y a pas très longtemps, nous pensions que les valeurs libérales et démocratiques gagnaient en influence. Je ne crois pas que nous puissions encore le dire.
Il y a eu des mesures bilatérales pour soulever ces enjeux dans tous les secteurs où vous êtes présents. Cependant, comment le Canada peut-il plus efficacement faire la promotion des valeurs relatives à la démocratie, à la primauté du droit et aux droits de la personne?
[Français]
Permettez-moi de demander si on rêve en couleur.
[Traduction]
Pouvons-nous vraiment faire plus que seulement les soulever, tandis que nous cherchons à tirer profit au Canada de ces importantes possibilités économiques? Pouvez-vous nous conseiller sur la manière dont nous pouvons mieux exporter notre plus important produit?
M. Bobiash : Je ne peux peut-être pas vous conseiller sur la façon de le faire mieux, mais je peux vous décrire ce que nous essayons de faire actuellement en ce qui concerne la promotion des valeurs canadiennes et des droits de la personne en Asie.
Je pourrais commencer par décrire ce que nous faisons dans des pays comme le Myanmar. C’est un excellent cas d’espèce, parce que c’est un pays avec un piètre bilan en matière de droits de la personne. C’est aussi un pays qui a été dirigé durant des décennies par un régime militaire et qui est maintenant plus démocratique.
Dans le cadre de notre Programme d’aide au développement, nous avons élaboré divers projets en vue de promouvoir un plus grand respect des droits de la personne et un meilleur système de gouvernance pour renforcer la démocratie dans le pays. Nous avons un intéressant projet financé à hauteur de 5 millions de dollars en collaboration avec le Forum des fédérations au Canada pour expliquer le fédéralisme à des personnes d’influence au Myanmar : ce que représente le fédéralisme, ce que les valeurs représentent pour les Canadiens, sa contribution au développement du Canada au fil des décennies et sa contribution à la démocratie en faisant en sorte que le gouvernement soit plus près du peuple et que les intérêts régionaux soient respectés.
Ce printemps, une délégation du Myanmar, y compris ASSK, est venue rencontrer des maires canadiens, des représentants du gouvernement, des universitaires et des organismes de la société civile pour parler du fédéralisme, de ses liens avec les droits de la personne et la participation démocratique, et cetera. De telles initiatives d’aide au développement sont une très bonne façon de promouvoir très concrètement les valeurs canadiennes dans de nombreux pays asiatiques où il y a un besoin.
Au sein de l’ANASE, nous avons eu des projets de renforcement des capacités en vue de promouvoir les droits des travailleurs migrants et les droits des travailleuses de la région de l’ANASE. Ces initiatives ont été réalisées grâce à des organismes onusiens, mais je crois que notre aide au développement est probablement l’un de nos moyens les plus efficaces de promouvoir les valeurs canadiennes dans la région, en particulier dans les pays qui n’ont pas un bon bilan en matière de droits de la personne.
Mme Taylor : Si vous permettez très brièvement d’ajouter quelque chose, c’est particulièrement vrai par rapport à la Chine, mais le débat a tendance à opposer les intérêts économiques aux droits de la personne, à savoir que, si nous poursuivons nos intérêts économiques, cela se fait au détriment des droits de la personne.
Je voulais faire valoir quelques points, parce que je crois que c’est une mauvaise interprétation de la situation. À Affaires mondiales, nous entretenons notamment un dialogue avec le milieu au sujet de la responsabilité sociale des entreprises. Nous collaborons avec des entreprises canadiennes pour les encourager à être les meilleures actrices et les meilleures représentantes du Canada à l’étranger qui soient. C’est un domaine dans lequel nous concilions les deux aspects.
Par ailleurs, particulièrement en ce qui concerne le contexte chinois, je dirais qu’il y a la surveillance de l’évolution de la primauté du droit en Chine. Nous avons encore évidemment plusieurs préoccupations à cet égard, mais l’un des éléments qui ont forcé de manière pragmatique les Chinois à améliorer leur système juridique et judiciaire est les exigences relatives à une semi-économie de marché. En fait, de notre point de vue, les entreprises canadiennes qui font affaire en Chine comptent parmi celles qui profitent concrètement le plus du système juridique et judiciaire amélioré en Chine.
Les entreprises canadiennes ont tout intérêt à ce que la primauté du droit s’améliore et qu’une bonne gouvernance s’installe en Chine. Cela fait donc évidemment partie intégrante de toute discussion ayant trait à l’augmentation de nos échanges commerciaux et économiques. À mon avis, vous pouvez voir beaucoup plus ces deux éléments comme deux aspects communs dans la relation plutôt que des éléments qui nous tirent dans des directions différentes.
La présidente : Il reste encore deux sénateurs sur ma liste pour la première série, puis j’en ai trois pour la deuxième. Nous avions prévu environ une heure avec nos témoins. Si nos témoins veulent bien faire preuve d’indulgence à notre égard et rester un peu plus longtemps, je crois que je vais inscrire les deux derniers intervenants sur la liste, et les sénateurs qui ont demandé à être inscrits sur la liste pour la deuxième série pourraient vérifier s’il est toujours nécessaire de poser leurs questions.
La sénatrice Cools : Je tiens à remercier les témoins de leur excellent témoignage et les féliciter du type de travail et de l’excellence du travail qu’ils font dans ces régions du monde.
Chers collègues, comme vous le savez, je connaissais des gens qui connaissaient le Dr Norman Bethune. J’avais des amis plus vieux que moi, et je suis maintenant assez vieille. Ils le connaissaient très bien. Peu de Canadiens ont conscience du grand effet qu’il a eu en Chine et de l’immense respect que les Chinois ont encore pour lui.
J’ai vécu à une époque où M. Trudeau s’affairait à établir des relations avec la Chine. C’était un projet colossal et important à l’époque. Je suis ravie de voir que vous vous êtes sans cesse appuyés sur les bases qui ont été jetées il y a de nombreuses années; je trouve cela encourageant. Je vous encourage à poursuivre dans cette voie, parce que je crois que les Chinois en sont vraiment reconnaissants.
Je me demandais comment il se fait que la plupart des Canadiens ne soient pas au courant du travail extraordinaire que vous faites, et ce que nous pourrions faire pour corriger la situation. Par exemple, il y a environ 10 ans, ici même à Ottawa, nous avons accueilli un ambassadeur chinois. Si je me rappelle bien, il s’appelait Lu Shumin. Il avait été auparavant l’un des tout premiers étudiants à participer au programme d’échange dans les années 1970. C’était déjà suffisant pour le rendre très réceptif à l’idée de rencontrer des parlementaires, notamment.
Je pense que nos relations avec la Chine ont fait un pas de géant en quelques années, vraiment, quand on sait à quel point il est difficile de bâtir des relations stables. J’aimerais vraiment que plus de jeunes gens, plus de Canadiens, sachent que vous ne vous tournez pas les pouces en vous disant que vous êtes ambassadeur. Un solide programme est en place pour resserrer nos liens et bâtir la confiance. En fin de compte, la confiance est le socle sur lequel les relations grandissent ou s’effondrent.
Je ne sais plus s’il y a une question dans tout cela, mais c’est sans importance. Le programme se déroule bien, mais je me demande si vous avez d’autres commentaires, car Norman Bethune demeure encore aujourd’hui un grand homme aux yeux de bien des Chinois.
Je me demande si vous avez une réponse courte à ce qui s’est révélé un très long commentaire.
M. Bobiash : Vous avez souligné un point intéressant. J’ai essayé d’y faire référence dans ma déclaration liminaire. Nos liens avec la Chine et l’Asie remontent à très longtemps. Ce sont les contributions personnelles d’illustres Canadiens comme Bethune qui font que la Chine et d’autres pays asiatiques nous prêtent une oreille attentive. J’aimerais aussi souligner le travail de nos missionnaires en Chine, en Corée, et ailleurs. Les gens parlent encore aujourd’hui, soit bien des générations plus tard, de la présence des missionnaires dans ces pays.
J’aimerais simplement ajouter un commentaire général, à savoir qu’il est très important de mettre l’accent maintenant sur les jeunes et sur l’éducation. Si nous voulons changer l’idée que se font les Canadiens de l’Asie, nous devons travailler concrètement avec les jeunes étudiants canadiens en leur offrant des programmes d’échange et des bourses. Tout le monde trouve un peu frustrant de voir tant de jeunes étudiants asiatiques venir au Canada, alors que les Canadiens ne sont pas aussi nombreux à faire de même, même s’il existe toutes sortes de programmes d’échange bilatéraux. C’est un domaine où il faut déployer plus d’efforts.
La présidente : Ce n’est pas le cas seulement en Asie. Nous avons constaté dans nos études que nous attirons beaucoup d’étudiants étrangers, mais que les étudiants canadiens ne sont pas aussi nombreux à souhaiter aller étudier à l’étranger. Nous l’avons souligné dans notre rapport précédent. Nous continuons de le souligner.
Le sénateur Ngo : J’ai deux questions. La première porte sur la sécurité.
Je pense à un autre aspect de la sécurité. Je parle de la mer de Chine méridionale. Il y a des chevauchements entre ce que la Chine et d’autres pays comme le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie, et cetera, revendiquent. De plus, la Chine refuse carrément le processus d’arbitrage des Nations Unies.
Premièrement, que peut faire le Canada pour exercer son influence et tenter de trouver une solution pacifique dans la région?
Deuxièmement, vous parlez de commerce avec d’autres pays. Où en sommes-nous avec Taïwan concernant la FIFA? Taïwan est l’un des cinq principaux pays avec qui nous commerçons.
Voilà mes deux questions, essentiellement.
M. Bobiash : Permettez-moi de répondre en premier à la dernière partie de la question sur Taïwan. Il y a deux jours, j’étais l’hôte d’une délégation de Taïwan pour discuter de nos relations économiques. Comme vous l’avez mentionné à juste titre, nous avons une relation commerciale colossale avec Taïwan, plus de 5 milliards de dollars par année. C’est notre onzième partenaire en importance, et notre cinquième en Asie. Cette relation commerciale a fait beaucoup de progrès.
Pour répondre à la première partie de la question, je vais demander à notre spécialiste de l’Asie du Sud-Est de vous répondre.
M. Burchett : Nous continuons de participer à des discussions bilatérales et multilatérales sur les questions touchant la mer de Chine méridionale. Notre principal objectif est d’éviter qu’en raison de la montée des tensions provoquée par les ambitions de la Chine et de ses partenaires dans la région, le sujet ne devienne explosif.
Nous cherchons également des façons pour le Canada de favoriser le dialogue. Nous voulons en arriver à une résolution pacifique du conflit et trouver une solution équilibrée pour l’avenir.
Le sénateur Ngo : Le Canada a-t-il discuté également avec le Vietnam, l’Indonésie, Bolan et la Malaisie pour connaître leurs positions, afin de pouvoir influencer la Chine et trouver une solution pacifique?
M. Burchett : Oui, nous continuons de soulever la question bilatéralement et multilatéralement au sein de l’ANASE et dans nos rencontres avec ces pays. À titre d’exemple, en juillet dernier, le Canada a organisé des consultations de sous-ministres avec le Vietnam ici, à Ottawa. Nous avons abordé la question de la mer de Chine méridionale à cette occasion, et il en a été de même avec l’Indonésie lors de nos discussions avec ce pays.
L’expertise du Canada peut être aussi très utile dans d’autres dossiers comme les pêches et d’autres ressources.
Le sénateur Ngo : Merci.
La présidente : Nous avons dépassé le temps, mais il restait encore les sénateurs Ataullahjan, Woo et Saint-Germain sur des questions de suivi. De toute évidence, nous sommes heureux d’avoir entamé des discussions avec Affaires mondiales Canada. Nous allons réfléchir à l’idée de vous inviter à nouveau sur des questions plus précises à un autre moment.
Je vois cela comme une première occasion de faire le point. Nous devrions avoir plus souvent des mises au point sur le travail que vous faites afin de bien choisir les sujets que nous voulons ou devons étudier.
Comme vous avez pu le constater, les questions ne manquent pas, tout comme l’intérêt. Nous devons continuer de faire le point sur les perspectives du Canada. Monsieur Bobiash, madame Taylor, monsieur Burchett et monsieur Hartman, je vous remercie de votre présence.
Nous allons demander à nos invités de quitter la salle prestement pour avoir une brève réunion à huis clos de cinq minutes.
(La séance se poursuit à huis clos.)