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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule no 38 - Témoignages du 8 février 2018


OTTAWA, le jeudi 8 février 2018

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui à 10 h 34 pour étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada ainsi que leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes.

La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Mesdames et messieurs, nous sommes prêts à commencer la séance du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Nous éprouvons des difficultés techniques qui font en sorte que tous les sénateurs et les sénatrices doivent porter leurs écouteurs, car l’audio ne fonctionne pas correctement. Normalement, nous ne les utilisons que pour l’interprétation, mais vous en aurez besoin pour les deux langues. J’enfile donc les miens, et vous devrez faire de même, car ce n’est qu’ainsi que nous pourrons entendre notre invité de ce matin.

Je suis la sénatrice Andreychuk, présidente du comité. Je demanderai aux sénateurs et aux sénatrices de se présenter, en commençant à ma droite.

Le sénateur Greene : Je suis le sénateur Greene, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Housakos : Leo Housakos, de Montréal.

Le sénateur Oh : Victor Oh, de l’Ontario.

[Français]

La sénatrice Saint-Germain : Raymonde Saint-Germain, du Québec.

Le sénateur Massicotte : Sénateur Paul Massicotte, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Bovey : Sénatrice Bovey, du Manitoba.

[Français]

Le sénateur Dawson : Dennis Dawson, du Québec.

[Traduction]

La présidente : Merci. Nous entendrons aujourd’hui M. André Lewis, directeur artistique du Canada’s Royal Winnipeg Ballet.

Le comité a été autorisé par le Sénat à étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada ainsi que leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes. Dans le cadre de ce mandat, nous sommes enchantés de recevoir M. André Lewis, directeur artistique du Canada’s Royal Winnipeg Ballet.

M. Lewis témoigne depuis Winnipeg par l’entremise d’une vidéoconférence. Monsieur Lewis, nous ne faisons pas référence à la biographie, car elle est longue et très exhaustive. Les sénateurs et les sénatrices en ont une copie, et nous ne voulons pas empiéter sur le temps que nous avons avec vous. Vous avez été informé à propos de notre étude. Nous sommes ravis que vous soyez un de nos premiers témoins. Les sénateurs adorent poser des questions; nous vous en poserons donc après votre exposé. Merci de comparaître devant nous. Vous avez la parole.

André Lewis, directeur artistique, Canada’s Royal Winnipeg Ballet : Merci beaucoup. C’est avec grand plaisir que je témoigne. Je m’appelle André Lewis et je suis directeur artistique du Canada’s Royal Winnipeg Ballet. On nous a proposé, il y a quelques jours, de participer à cette séance importante. Nous sommes honorés de témoigner devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.

Le Royal Winnipeg Ballet collabore avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international depuis de nombreuses décennies et est donc bien placé pour donner son avis sur l’importance de la culture dans ce ministère.

La culture constitue un des trois piliers d’un ministère des Affaires étrangères et du Commerce international fort.

Permettez-moi d’abord de vous fournir des renseignements de base sur le Royal Winnipeg Ballet. L’organisation, fondée en 1939, est le plus ancien corps de ballet du Canada et figure parmi les plus anciens en Amérique du Nord. En 1953, il a reçu sa charte royale, la première accordée dans le Commonwealth par la Reine Elizabeth II.

Depuis les années 1950, le RWB est un ambassadeur culturel du Canada. La compagnie s’est rendue dans 44 pays et 581 villes du monde. Elle représente depuis longtemps le Canada et ses valeurs à l’étranger, travaillant avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Fort de ce soutien, le Royal Winnipeg Ballet a quelques premières canadiennes à son actif, étant le premier corps de ballet canadien à traverser le Rideau de fer et à donner des spectacles en Israël, à Cuba et en Amérique latine. Toujours grâce à ce soutien, il a visité de nombreux pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et bien d’autres.

Le Royal Winnipeg Ballet s’est également associé aux gouvernements fédéral et provincial dans le cadre de missions commerciales aux États-Unis, en Chine, au Japon et dans d’autres pays. Notre présence a agi à titre de catalyseur pour la tenue de réunions, la prise d’engagements et la création de liens.

Avec la réduction du soutien du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le RWB s’est fié de plus en plus à ses propres moyens pour maintenir sa présence à un taux malheureusement moindre. La situation est intenable. À ce jour, toutefois, nous maintenons cette tradition de longue date en représentant le Canada et en faisant connaître Winnipeg, le Manitoba et le Canada.

Le soutien du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international nous a donné l’occasion d’offrir des spectacles dans d’autres pays et de faire venir des artistes, des chorégraphes et des étudiants talentueux dans notre ville, notre province et notre pays, faisant ainsi connaître la culture canadienne.

Le RWB est recherché de bien d’autres manières également. On nous demande régulièrement de travailler avec des corps de ballet étrangers, dont, récemment, ceux de Hong-Kong, de Nice, d’Orlando, d’Athènes, de Marseille et de Florence. Ces partenariats internationaux ne se limitent pas à l’exportation du ballet et incluent la création de nouvelles œuvres. Nous coproduisons actuellement deux nouveaux grands ballets avec le West Australia Ballet et le Queensland Ballet.

C’est grâce à l’impact profond et véritable des arts que nous avons pu obtenir des résultats exemplaires dans le monde de la danse. Cette dernière transcende la langue et jette des ponts entre les pays et les économies. Nous réunissons des gens, et ces liens nous permettent de créer des possibilités, des collaborations et des relations nouvelles.

Le RWB est fier d’être canadien. Les intérêts du Canada et notre identité, et nos valeurs canadiennes voyagent avec nous. En retour, nous observons un intérêt international à l’égard du Canada et nous sommes connus pour faire venir le monde à Winnipeg, au Manitoba et au Canada.

Des artistes étrangers que nous invitons à se joindre au RWB décident de rester au Canada. Nous avons observé d’autres résultats positifs. La Royal Winnipeg Ballet School est un établissement de formation renommé pour ceux qui aspirent à une carrière d’artiste ou de professeur. Depuis cinq ans, les étudiants étrangers des quatre coins du monde forment de 18 à 22 p. 100 des étudiants de la division professionnelle de la RWB School. Cela s’explique en partie par le fait que nous avons visité leurs pays.

Des Canadiens connaissent le succès à l’étranger également, comme Reid Anderson, directeur artistique du Stuttgart Ballet; Matthew Golding, danseur principal du Royal Ballet, qui a été formé dans notre école; Liam Redhead, du Royal Danish Ballet, et bien d’autres artistes qui travaillent dans le monde de la danse.

Nous félicitons le gouvernement d’avoir renouvelé son engagement à l’égard des arts dans le cadre de ce qui est une sorte de Renaissance. Nous recommandons fortement le rétablissement du financement des arts et de la culture d’Affaires étrangères, et des efforts visant à reconstruire le réseau profond d’attachés culturels dans le monde.

En dépit de la réduction de ces systèmes de soutien cruciaux il y a plus d’une décennie, nous avons continué d’agir à titre d’ambassadeurs culturels et artistiques du Canada parce que nous croyons, dur comme fer, que les arts contribuent à favoriser les affaires et le commerce. Nous avons observé les résultats de nombreuses missions commerciales culturelles entreprises au fil des ans. Le RWB a pris part à la délégation commerciale qui s’est rendue en Chine en 1999, à une mission commerciale du Manitoba en 2013 et à bien d’autres initiatives. Ces deux missions ont été suivies par des tournées en Chine.

Le Canada’s Royal Winnipeg Ballet est profondément honoré de représenter son pays, et de participer à titre de délégué au Comité mixte Canada-Chine sur la culture et à une mission commerciale de l’industrie créative qui aura lieu en avril prochain.

Au final, notre mission consiste à enrichir l’expérience humaine en enseignant, en créant et en exécutant des danses extraordinaires. Cette mission, qui fait fi des frontières, a le potentiel de créer des occasions économiques illimitées et d’établir des liens à l’échelle mondiale.

Je dirai, en guise de conclusion, que ces observations ne concernent pas que le Royal Winnipeg Ballet, mais toutes les facettes de la mosaïque culturelle canadienne. Les arts et la culture contribuent à l’édification d’un monde et d’un Canada meilleurs. Or, pour atteindre ces objectifs, le domaine des arts et le gouvernement doivent investir et s’investir. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international devrait jouer un rôle clé à l’appui de la présence de la culture et des arts canadiens à l’étranger.

La présidente : Merci de votre exposé.

Le sénateur Massicotte : Merci, monsieur Lewis. Je dois admettre que je suis peut-être en situation de conflit, car il y a bien des années, peut-être avant votre naissance, j’ai été vérificateur pour le Royal Winnipeg Ballet pendant plusieurs années. Je connaissais donc fort bien l’organisation. J’ai également travaillé pour Les Grands Ballets Canadiens de Montréal.

Notre étude porte sur la diplomatie culturelle. Autrement dit, nous voulons utiliser nos éléments, nos avantages et nos organisations culturels afin d’établir notre marque, si l’on veut, et faire connaître le Canada de par le monde. Cet objectif égoïste vise à influencer favorablement ce que les gens pensent de nous pour qu’ils nous fassent plus confiance et accroissent peut-être leurs échanges commerciaux avec nous. Nous voulons établir une meilleure relation avec le reste du monde.

Vous avez fait référence à de telles démarches. Pourriez-vous être plus précis? Vous avez indiqué que vous vous étiez rendus à l’étranger et que votre corps de ballet avant remporté du succès. Donnez-moi des exemples de la manière dont vous avez contribué à façonner la manière dont les gens considéraient ou pourraient considérer le Canada, et comment vous avez appuyé la marque du Canada grâce à vos interventions. Pourriez-vous nous fournir un peu plus d’information à ce sujet?

M. Lewis : Je le ferai avec plaisir. C’était intéressant. Nous avons participé à une mission commerciale en 1995, avec le gouvernement provincial, il me semble. L’idée que les gens se faisaient du Canada se limitait essentiellement à la neige et aux moustiques, et ils ne connaissaient pas toute l’étendue des possibilités artistiques que notre pays peut offrir.

Vous avez entendu bien des gens dire qu’ils associent principalement le Canada à la neige. Mais cette mission a certainement permis de leur faire comprendre ce que le Canada a à offrir, outre les caractéristiques de base que nous connaissons peut-être tous.

Je me souviens d’avoir parlé à l’époque avec un des délégués canadiens, qui était enchanté que la mission ait un tel effet de catalyseur. Les délégués ont conclu des ententes au cours de la pause. C’est à ce moment-là qu’ils abattent les obstacles et nouent des liens entre les délégués, discutant de commerce et de sujets de cette nature. Je me souviens fort bien de cette mission.

Je me rappelle aussi une mission aux États-Unis, à laquelle participait le premier ministre Doer. Là encore, nous avons pu faire comprendre que le Canada ne se limite peut-être pas aux caractéristiques qui sautent aux yeux. Je me souviens qu’à l’époque, le premier ministre Doer était ravi de l’influence du RWB et de sa capacité d’ouvrir des portes.

La sénatrice Bovey : Merci, Monsieur Lewis, de témoigner aujourd’hui. Le Centre national des arts est actuellement couvert d’affiches du RWB, témoignages d’une diplomatie culturelle interprovinciale.

Je sais que le RWB est la première compagnie de danse à traverser le Rideau de fer et, comme vous l’avez souligné, à se rendre en Israël et à Cuba. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez accepté de vous rendre là-bas et comment vous considérez que ces tournées ont influencé les relations internationales?

De plus, Affaires mondiales offrait des programmes maintenant abolis, et nous en sommes à une étape où nous pourrions peut-être instaurer une nouvelle structure dans le domaine de la culture dans ce ministère. Quelle forme cette structure devrait-elle prendre, à votre avis? Faudrait-il affecter des attachés culturels partout dans le monde, ou existe-il de meilleures façons d’aider des compagnies comme la vôtre à établir des liens?

M. Lewis : Merci, sénatrice Bovey. Merci de m’avoir invité à prendre la parole devant le comité.

Je pense que du point de vue des affaires étrangères, nos voyages en Russie dans les années 1960 et à Cuba avaient comme principal objectif de favoriser la détente et ont eu une incidence positive. Pour le RW, la détente était agréable, mais ce n’était certainement pas au cœur des préoccupations des danseurs à l’époque.

Mon professeur, David Moroni, s’est rendu en Russie. Ce qui l’a vraiment fasciné, c’est l’échange d’idées, de pensées et de méthodes de danse avec les Russes. L’initiative a également permis de présenter ce que le Canada peut être et de montrer que nous avons quelque chose à offrir. Nous avons quelque chose dont nous devrions être extrêmement fiers. Je ne parle pas que du Royal Winnipeg Ballet, bien entendu, mais nous sommes les premiers à être allés en Russie et à Cuba. Je me souviens du voyage que la compagnie a effectué en Australie. Ce voyage a suscité un fol enthousiasme et a fait connaître le nom du Canada parce que nous portons le nom de Canada’s Royal Winnipeg Ballet. Ce voyage a été important à cet égard, car il a éliminé certains obstacles entre les pays. Je pense qu’une telle initiative pourrait encore le faire.

Récemment, nous avons monté Dracula, que nous présenterons au Centre national des arts en avril, il me semble. Nous venons de présenter ce spectacle aux États-Unis, où je commençais les représentations en prononçant quelques mots sur l’amitié formidable qui unit le Canada et les États-Unis. Nous avons visité tous les États et la plupart des grandes villes, au grand plaisir des Américains.

Selon moi, ces initiatives où la parole cède le pas au mouvement porteur d’émotions ont un effet profond et permettent de jeter des ponts. Dans notre cas, cela a extrêmement bien réussi.

En ce qui concerne votre deuxième question sur les processus grâce auxquels nous pouvons aider, sachez que le ministère des Affaires étrangères, que nous appelions MAECI, quand j’étais un jeune danseur, disposait autrefois de ressources de financement substantielles. J’ai demandé à mes collègues s’ils avaient des chiffres à ce sujet, et je pense que nous pouvions compter sur 350 000 $ plusieurs années à l’avance pour préparer une tournée. Plusieurs organisations pouvaient se prévaloir de ces fonds, mais nous savions qu’ils étaient à notre disposition. Nous recevions essentiellement des fonds aux trois ans, et pendant de nombreuses années, nous avons ainsi pu nous rendre à l’étranger et vraiment faire connaître les valeurs et la société canadiennes de par le monde.

Je ne pense pas que ce genre de financement de base existe aujourd’hui. Nous ne connaissons pas les chiffres, car cela remonte à l’époque où les vidéos étaient principalement enregistrées sur des bandes huit pistes. Tout est donc consigné dans des dossiers papier. Nous devrons trouver l’information, car nous n’avons pas eu le temps de le faire. Mais nous la trouverons.

Il importe que nous ayons ce financement de base pour commencer à planifier et savoir où nous allons. Alors maintenant, bien entendu, nous menons des campagnes de financement. Quand nous nous sommes rendus en Chine, en Israël et dans d’autres pays dernièrement, nous avons essentiellement dû trouver les fonds nous-mêmes. Le danger, c’est que si le financement n’est pas suffisant, nous pourrions aller là-bas y perdre notre chemise. Une organisation ne peut survivre ainsi qu’un certain nombre d’années.

J’ignore donc comment nous pourrions obtenir un soutien de base avec lequel commencer. Il faudrait que je réfléchisse à la question, mais je serais ravi de poursuivre la discussion.

La sénatrice Bovey : Dans le cadre de vos collaborations et de vos nouvelles œuvres, comme le grand ballet tiré du roman intitulé La Servante écarlate, fruit d’une collaboration inspirée de l’œuvre d’une auteure canadienne, vous faites encore ce genre de travail pour faire connaître le Canada à l’étranger?

M. Lewis : Oui. Nous montons aussi une création avec le chorégraphe du ballet de Hong-Kong. J’ai présenté Roméo et Juliette à Hong-Kong et nous avons établi un lien. Nous avons également noué des relations avec le Washington Ballet, le Pittsburgh Ballet et le West Australian Ballet. Il faut créer des alliances stratégiques, et nous travaillons en ce sens, mais cela ne suffit pas à établir un modèle viable. C’est comme si on proposait de ne plus verser de subventions pour quoi que ce soit. L’industrie s’effondrerait essentiellement.

Mais ces collaborations à l’extérieur et, parfois, à l’intérieur de nos frontières sont très utiles, car elles permettent de jeter des ponts entre les pays pour en favoriser essentiellement la santé.

La présidente : Monsieur Lewis, vous avez touché une corde sensible quand vous avez évoqué le MAECI et les anciens systèmes que nous utilisions. C’est aussi de mon temps. La manière dont nous franchissons les frontières a beaucoup évolué. J’ai trouvé intéressant que vous disiez vouloir réfléchir à ce que nous pourrions et devrions faire. Je veux vous encourager à réfléchir à la question et à nous faire part du fruit de vos réflexions par écrit ou à transmettre des suggestions à notre greffière. Cela nous serait fort utile. Nous commençons notre étude avec vous.

Pour continuer dans la même veine, il fut un temps où les affaires et la culture étaient des domaines distincts, mais de nos jours, il se brasse beaucoup d’affaires culturelles. Je trouve intrigant que vous collaboriez davantage avec d’autres corps de ballet, alliez dans d’autres pays et organisiez des ateliers et d’autres activités. Les modes de financement évoluent-ils dans les pays que vous visitez, ou y offre-t-on du soutien gouvernemental traditionnel? Le savez-vous?

M. Lewis : Eh bien, je dirais que je connais certains des modèles de financement. J’ai parlé à quelqu’un en Hollande où la tournée du Ballet national des Pays-Bas bénéficie d’un grand soutien. Je sais que c’est similaire en France et dans beaucoup de pays européens où on est en mesure de se rendre à l’étranger. Chose certaine, pour ce qui est de la France, je me souviens d’avoir parlé à l’ambassadeur, et c’est un moyen de promulguer la langue française et les arts de la France à l’étranger.

Je sais qu’il y a un soutien accru, mais pour ce qui est des détails, je serai heureux de me pencher là-dessus et de déterminer ce qu’il en est.

La présidente : Y a-t-il eu une incidence sur votre façon de collaborer? Nous savons qu’il y a des subventions directes dans certains pays et un soutien du milieu des affaires dans d’autres. Il y a parfois la vente créative de thèmes. Avant, on achetait un billet, tandis que maintenant, on achète beaucoup plus. On peut en apprendre plus. Je peux voir le Royal Winnipeg Ballet lorsqu’il est de passage en Saskatchewan, où je vis, mais il existe aussi de nouvelles façons de suivre ses activités.

Dans le cadre des collaborations, a-t-on recours aux technologies modernes? Les entreprises participent-elles davantage à cet égard?

M. Lewis : On tend certainement la main au milieu des affaires pour avoir des commanditaires, des supporteurs ou, essentiellement, un souscripteur à une production ou à une partie d’une production, ce genre de choses. C’est beaucoup plus commun. Je le vois dans l’ensemble des troupes de danse du Canada. Nous ne sommes plus isolés lorsque nous créons quelque chose au sein de notre organisation. C’est plus de travail. C’est plus difficile. Une plus grande planification est nécessaire, mais c’est une façon d’aider.

C’est possible grâce à toutes ces choses. Au bout du compte, il faut que le milieu des affaires, la communauté artistique et des organismes de financement apportent une contribution. Il faut également tenir compte des réalités régionales du Canada. Nous allons au-delà d’un simple concept fondamental pancanadien. La mise en commun de tous ces éléments permet de créer une œuvre d’art qui laisse un legs durable en montrant ce que le Canada a à offrir.

Le sénateur Oh : Merci, monsieur Lewis.

Le multiculturalisme fait la force du Canada. Nous avons au pays des centaines de communautés ethniques. Certaines de ces communautés collaborent-elles avec vous dans le cadre de vos initiatives internationales?

M. Lewis : Votre question porte donc sur la représentation des ethnies? Est-ce bien ce que vous demandez?

Le sénateur Oh : Oui, je parle de la représentation des communautés ethniques d’un bout à l’autre du pays, du multiculturalisme et de la diversité de notre pays.

M. Lewis : J’ai toujours pensé que le monde du ballet, certainement le Royal Winnipeg Ballet, n’a pas d’appartenance ethnique et que c’est bien ainsi. Il doit représenter tant les personnes qui vivent au Canada que celles qui vivent à l’étranger.

Je vais vous donner le parfait exemple. Il est maintenant sénateur. Le juge Murray Sinclair, qui est maintenant sénateur, a joué un rôle déterminant dans la création de notre pièce intitulée Going Home Star : Truth and Reconciliation qui porte sur l’histoire des pensionnats autochtones, sur laquelle se sont penchés les gens de la Commission de vérité et réconciliation. Cela n’avait jamais été fait auparavant, et nous étions d’avis que ce segment de la population était sous-représenté.

Cela ne s’appuie pas sur l’appartenance ethnique, mais sur le fait que le pays compte différents groupes de personnes. Il a énormément changé, et nous voulons refléter cette diversité. Je pense que les organismes subventionnaires nous demandent maintenant ou nous suggèrent de représenter la réalité du Canada d’aujourd’hui, pas du Canada d’il y a 30 ans.

Le sénateur Housakos : J’ai une question complémentaire.

La présidente : Monsieur Lewis, voulez-vous ajouter quelque chose?

M. Lewis : Oui. Je voulais juste dire que nous avons également au sein de notre organisme une diversité de danseurs d’autres continents, dont l’Asie, l’Europe, l’Amérique du Sud ou l’Amérique continentale. Ce n’est donc pas un groupe homogène de danseurs.

Le sénateur Housakos : Je vais poursuivre dans la même veine que le sénateur Oh, mais ma question ne porte pas sur la diversité représentative culturelle au sein du Royal Winnipeg Ballet. Je veux plutôt savoir si des efforts ont été déployés pour communiquer avec les différentes communautés culturelles. Il faut parfois faire un effort supplémentaire pour nouer le dialogue avec elles parce que la communication n’est pas toujours — surtout dans le cas des nouveaux venus — aussi simple lorsqu’on a recours aux principaux moyens de communication anglais et français dans un pays diversifié comme le nôtre.

Quels sont les efforts déployés pour familiariser ces communautés avec les œuvres magnifiques du Royal Winnipeg Ballet et pour collaborer avec elles dans le cadre des diverses activités canadiennes organisées par les plus grandes d’entre elles, que ce soient certaines des plus vieilles, comme la communauté italienne, ou certaines des plus récentes, comme la communauté sud-asiatique?

Deuxièmement, avez-vous suffisamment consulté ces communautés afin qu’elles contribuent à ouvrir des portes à l’échelle internationale pour votre organisation et d’autres organismes culturels? C’est une question que je me suis toujours posée. De toute évidence, les communautés culturelles du Canada servent de ponts pour le commerce avec leurs pays d’origine. Elles servent d’intermédiaires pour nouer des relations politiques. Je ne pense toutefois pas que la communauté artistique canadienne en fait assez pour en tirer parti et établir ainsi d’autres ponts.

Je ne sais pas si cela faisait partie de la question du sénateur Oh, mais pourriez-vous en dire plus long sur ces différents points?

M. Lewis : À propos du premier point, c’est somme toute une question de message dans une certaine mesure. De toute évidence, le ballet ne cherche pas à ne représenter qu’une seule ethnie. Il en représente une multitude. Pour mener les gens vers le monde du ballet, nous essayons de transmettre un message, mais nous avançons à petits pas. Nous avons encore beaucoup à faire. Pour y parvenir, il faut évidemment des ressources et du temps. Il faut du temps. Le Royal Winnipeg Ballet croit qu’il est important d’attirer les gens ou de tirer parti de membres de l’organisation pour transmettre ce message.

En ce qui a trait à Going Home Star, de nombreux membres de la communauté autochtone sont venus voir le spectacle. Nous avons dû leur tendre la main étant donné que ce n’est pas nécessairement ce qu’ils auraient pensé faire à première vue. Dans les années 1970, nous avions une œuvre formidable intitulée The Ecstasy of Rita Joe, qui s’inspirait d’une pièce que la Fraternité des Indiens du Manitoba avait demandé au Royal Winnipeg Ballet de produire. L’idée est de s’adresser à toutes les personnes intéressées à voir cette forme d’art et de présenter — c’est ce qu’on souhaite — différents messages et différentes œuvres qui rendent compte de la mosaïque canadienne.

Je ne sais pas si cela répond à toutes vos questions, mais c’est notre point de vue.

La présidente : Pour donner suite au deuxième point abordé par le sénateur Housakos, lorsque vous tendez la main à d’autres pays, que vous faites une collecte de fonds et ainsi de suite, il faut se rappeler que notre énorme milieu des affaires pourrait avoir des contacts dans différents pays, par exemple la Chine, ce qui pourrait être une ressource utile pour vous. Avez-vous déjà recouru à ce genre d’approche en commençant par demander à vos concitoyens au Canada comment ils peuvent vous aider lorsque vous voulez vous rendre dans un autre pays et nouer des liens avec une communauté plus vaste qui serait utile à votre compagnie de ballet dans ce pays et dans le nôtre? Cela revient en quelque sorte à combiner tous les aspects de la politique étrangère.

M. Lewis : On veut toujours commencer parce que nous avons chez soi pour ensuite prendre de l’expansion. Nous parlons de la ministre Joly qui participera à une mission commerciale en Chine. Nous avons des danseurs d’origine chinoise qui ont des liens étroits avec la communauté chinoise de Winnipeg, du Manitoba et d’ailleurs au Canada. On s’adresse aux différents gens d’affaires. Au bout du compte, c’est avant tout une question de contacts et de réalisation du travail.

On veut sans aucun doute nouer des liens à tous les niveaux possibles. On ne veut pas se fier uniquement au gouvernement. Cependant, je crois qu’il incombe au gouvernement d’être un partenaire dans ce dossier, qu’il ne faut pas se limiter au milieu des affaires ou aux organismes de financement.

La présidente : Puis-je m’engager sur une voie un peu différente? J’ai été pas mal enchantée de voir diverses parties de la communauté des arts et de la culture s’adapter aux temps modernes en se dotant de nouveaux outils. Je fais maintenant des visites virtuelles de musées ou de galeries d’art où je devais me rendre auparavant. Je peux voir le Metropolitan Opera dans nos salles de cinéma. Avant, je devais me rendre à Minneapolis pour voir l’opéra ou à New York pour visiter le Metropolitan Museum of Art, ce qui était très contraignant. Je peux maintenant me réserver un billet et voir les spectacles ici dans un cinéma.

On se sert d’outils d’aide, de livres et d’accessoires, dans les expositions itinérantes. C’est une façon de communiquer avec les gens et de continuer de nouer des liens avec beaucoup de monde.

Avez-vous déjà eu à vous adapter, à changer et à être créatif pour maintenir votre soutien de base? Il serait intéressant de savoir comment vous avez procédé. Faut-il traverser les frontières ou le travail se fait-il encore surtout au Canada?

M. Lewis : Je vais d’abord dire que le ballet est un art de la scène, et l’expérience en direct en est évidemment la meilleure partie. C’est la plus forte, mais il doit y avoir d’autres moyens de nouer des liens avec les gens. Dans vos observations, vous avez mentionné l’opéra. Nous voyons le Metropolitan Opera ici au cinéma. C’est une expérience formidable, mais ce n’est pas exactement la même chose.

Nous devons être de notre temps, et il y a maintenant la diffusion continue en direct. Nous nous engageons dans cette voie en mettant en ligne nos répétitions et nos performances ainsi qu’en numérisant le mentorat et la mise en scène. C’est une réalité qu’on observe dans toutes les autres industries, comme en médecine où on a recours aux opérations numériques. C’est maintenant beaucoup mieux ancré en nous.

Nous devons aussi nous rappeler que le ballet est une forme d’art vieille de 200 ans qui prend essentiellement appui dans le moment présent. Cependant, les choses changent, et je dirais que tous mes collègues partout au Canada, aux États-Unis et à l’étranger doivent se concentrer davantage là-dessus. C’est ce que nous faisons. Nous examinons des approches pédagogiques au moyen d’Internet, ou d’une autre tribune du genre, et de tous les liens que nous créons. C’est certainement une priorité pour nous.

La sénatrice Saint-Germain : Merci, monsieur Lewis. Je suis heureuse d’apprendre que vous êtes québécois, que vous êtes né à Gatineau. En tant que Québécoise, je vous félicite pour votre excellent travail.

Vous avez dit il y a quelques minutes que le gouvernement doit également apporter une contribution, pas seulement les organismes de financement. J’aimerais vous entendre davantage à ce sujet. Que peut faire ou que doit faire le gouvernement, surtout sur le plan de l’innovation, pour promouvoir les arts et la culture?

[Français]

M. Lewis : Bien qu’on m’ait demandé de m’exprimer en anglais à cause des problèmes techniques, j’aimerais continuer en français, si c’est possible, puisque c’est ma langue maternelle.

[Traduction]

La présidente : À notre comité, vous pouvez parler dans la langue de votre choix, si c’est possible sur le plan technique. Aucune des langues n’est écartée. Veuillez choisir celle avec laquelle vous vous sentez à l’aise.

[Français]

M. Lewis : L’innovation est quelque chose de très important, et c’est quelque chose que nous faisons chaque jour. Pourriez-vous préciser un peu plus votre question?

La sénatrice Saint-Germain : Vous avez dit plus tôt, en réponse à la deuxième question du sénateur Housakos, que le gouvernement devait être un partenaire...

[Traduction]

Le gouvernement doit également apporter une contribution, pas seulement les organismes de financement.

[Français]

Ce sont vos mots. J’aimerais en savoir davantage sur la nature de ce partenariat avec le gouvernement, particulièrement en 2018, dans une perspective d’innover, de faire les choses autrement, et de tenir compte de la compétitivité et des nouvelles technologies, comme l’a d’ailleurs souligné la présidente du comité.

M. Lewis : Outre le fait de simplement donner de l’argent, il y a l’appui des ambassades lorsque nous allons dans d’autres pays, et cela est très important. Il faut aussi entrer en contact avec la communauté de ces pays, où, à ce moment-là, on peut faire des démarches pour obtenir davantage d’appui. Parfois, il est plus facile de dire que telle ou telle compagnie vient ici, comme le Royal Winnipeg Ballet, le publier sur votre site web, vous engager avec les gens et faire de la diffusion en continu. Ce sont des choses qui ne coûtent pas tellement cher, qui sont importantes et qui peuvent aider. Ce ne sont pas des choses difficiles à faire monétairement, mais, encore une fois, j’aimerais avoir l’occasion d’y réfléchir, parce qu’il faut tout de même du temps pour penser à tout cela.

La sénatrice Saint-Germain : Je suis certaine que Mme la présidente vous invitera à le faire, parce que c’est très intéressant. Je comprends aussi que vous voulez le soutien du réseau diplomatique canadien pour la promotion, l’ensemble du démarchage et le réseautage. Merci de vos précisions.

[Traduction]

La sénatrice Bovey : Si je peux me permettre, je veux poursuivre dans la même veine. J’ai moi-même travaillé dans le domaine, et nous avons fait avec les moyens que nous avions. Lorsque nous les avons perdus, c’était un peu comme des sables mouvants. Je ne sais pas si vous avez vécu ce que j’ai vécu au fil des ans. À l’époque, la somme versée par le ministère des Affaires étrangères n’était pas importante, mais ces fonds servaient néanmoins de base à l’organisation pour obtenir la participation d’autres contributeurs. Une fois à l’étranger, les attachés culturels étaient vraiment importants. Comme l’a dit la présidente, nous vivons maintenant dans une autre époque. Les partenariats sont établis différemment.

Ce que je veux savoir — et si vous ne pouvez pas me répondre maintenant, j’aimerais vraiment connaître votre avis à ce sujet, car vous voyagez beaucoup —, c’est si le même modèle convient à tout le monde? Devrions-nous recommander aux Affaires étrangères de revenir au concept des attachés culturels dans tous les cas? Sinon, puisque vous vous êtes rendus à Cuba, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Australie, pensez-vous que différents mécanismes s’imposent à différents endroits pour tenir compte des moyens à la disposition des gens pour établir des liens avec vous?

Nous essayons de déterminer comment aller de l’avant. Vous avez discuté des répercussions, du contenu, des portes ouvertes et de la diplomatie d’influence. Comment pouvons-nous procéder de manière à accroître ces répercussions, les retombées et les connaissances sur le Canada? Comment pouvons-nous progresser?

M. Lewis : Les solutions universelles ne me rendent jamais à l’aise. Auparavant, les attachés culturels étaient essentiels. Je serais ravi de prendre part à une discussion plus approfondie sur la façon d’aller de l’avant. J’ai fait des tournées. Pendant les 40 dernières années, j’ai participé à ce processus continu. Je le connais bien, et je me sens à l’aise lorsque j’y prends part. À mon avis, je pourrais certainement donner beaucoup de commentaires à ce sujet et fournir un cadre.

Cela dépend essentiellement des objectifs du gouvernement du Canada. Le soutien proviendrait d’un ministère, qui a donc probablement des objectifs à atteindre. La façon exacte de procéder consisterait à établir des liens avec des initiatives stratégiques du gouvernement.

Je ne suis certainement pas en mesure aujourd’hui de vous en parler longuement, mais je peux dire que je sais que les attachés culturels ont fait du bon travail. Il pourrait toutefois y avoir de meilleures façons de procéder de nos jours — de communiquer et d’établir des liens au moyen de la diffusion en continu afin que les gens soient au courant de nos déplacements. C’est ensuite une question de mesures. Il faut mesurer les répercussions pour savoir si cela fonctionne.

Nous étions récemment de passage aux États-Unis pour présenter Dracula et nous avons fait salle comble. Les gens sont partis avec une opinion très favorable. Nous avons pris des mesures de base. Nous avons fait la même chose au Canada pour ce qui est de Going Home Star. Nous avons essayé de nous faire une idée. Le gouvernement devrait quant à lui se demander si c’est avantageux pour le Canada dans son ensemble.

À mon avis, les efforts que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et nous avons déployés ont eu des répercussions très positives sur le Canada, les Canadiens, les arts au pays ainsi que sur la perception du Canada comme excellent endroit où vivre et faire des affaires.

La sénatrice Bovey : M. Brault, du Conseil des arts du Canada, a dit que les attachés culturels font un excellent travail, mais qu’il faut peut-être adopter d’autres moyens à différents endroits. À mon avis, il serait très bénéfique pour notre travail et Affaires mondiales que vous vous inspiriez d’expériences vécues et de certaines particularités propres à Cuba, et pas à Paris, lorsque vous vous rendez dans ce pays. Ces deux endroits sont évidemment très différents. Nous aimerions connaître votre point de vue, car vous faites partie d’un organisme voué aux arts qui parcourt continuellement le monde.

M. Lewis : Je veux juste confirmer que nous allons vous faire parvenir des observations. Nous sommes dans les tranchées. Nous faisons souvent ce genre de tournées. Nous les connaissons. Je crois que notre réponse concernant la façon d’aller de l’avant pourrait certainement être utile aux affaires étrangères.

La sénatrice Cools : Je remercie notre témoin d’être généreux de sa personne et de nous révéler certains aspects des arts, notamment les arts qui se rapportent au corps humain et à la forme humaine, ce qui est vraiment le cas pour la danse. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles tant de personnes aiment danser. Je tiens à vous dire qu’à ma retraite, je veux apprendre à danser le tango comme il se doit, très bien, comme les Argentins.

Le sénateur Massicotte : Pourquoi pas le ballet?

La sénatrice Cools : J’en ai fait quand j’étais jeune.

Ce que j’essaie de vous dire, c’est que parmi toutes les formes d’art, je crois que la danse est celle qui interpelle le plus les gens, et le plus facilement. Quand j’étais jeune, j’ai eu le grand privilège de voir la performance de personnes comme Galina Ulanova, Nureyev et Margot Fonteyn. Je les ai tous vus. C’étaient les géants de l’époque, mais je sais également que, pendant de nombreuses années, des personnes comme Celia Franca ont travaillé fort pour implanter le ballet. Je mentionne son nom pour qu’on ne l’oublie pas. De nombreuses personnes l’ont maintenant oubliée.

J’ai une question pour vous. Il est loin d’être facile de s’entraîner pour en arriver à une maîtrise de son corps qui vous permettra d’exécuter tous les mouvements souhaités. Je me demandais si vous ne pouviez pas nous parler un peu des techniques que vous employez pour apprendre à vos danseurs à mieux utiliser leur corps.

La présidente : Je ne sais pas s’il est possible de répondre brièvement à une question semblable, mais peut-être pouvez-vous nous donner seulement un aperçu. Merci.

La sénatrice Cools : Il faut des aptitudes et un réel talent.

M. Lewis : Je serai bref. Bien évidemment, la formation de base des danseurs de ballet n’a pas beaucoup changé. Il faut encore travailler en studio pour perfectionner l’en-dehors, la pirouette et l’arabesque, tous des mouvements très importants.

En revanche, il y a évolution dans la façon dont le message est transmis et la formation est dispensée. Nous avons recours aujourd’hui à des méthodes qui n’existaient pas à l’époque où les Celia Franca, Gweneth Lloyd et Betty Farrally ont fondé leurs compagnies respectives.

Mais il y a effectivement certaines façons de faire les choses. Par ailleurs, il faut respecter le fait que le ballet est une forme d’art qui a le corps comme instrument.

La présidente : C’est une excellente note en guise de conclusion. Merci, sénatrice Cools, et merci, monsieur Lewis. Je crois que nous avons amorcé avec vous une conversation que nous vous invitons à bien vouloir poursuivre. Si vous avez d’autres réflexions à ce sujet, n’hésitez pas à les transmettre à notre greffière. Il est possible que nous communiquions avec vous pour vous consulter encore une fois.

Au nom des sénateurs membres du comité, je vous remercie de nous avoir fait part de vos points de vue et de nous avoir fait bénéficier de votre perspective depuis Winnipeg.

Au bénéfice de notre nouveau témoin, je rappelle que je suis Raynell Andreychuk, présidente de ce comité. Je vais demander à mes collègues sénateurs de se présenter à tour de rôle en commençant par ma droite.

Le sénateur Green : Stephen Greene, Nouvelle-Écosse.

[Français]

Le sénateur Housakos : Sénateur Leo Housakos, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Oh : Victor Oh, Ontario.

[Français]

La sénatrice Saint-Germain : Sénatrice Raymonde Saint-Germain, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Cools : Anne Cools, Toronto.

[Français]

Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Bovey : Patricia Bovey, du Manitoba.

Le sénateur Dawson : Dennis Dawson, Québec.

La présidente : Est-ce que notre témoin peut nous entendre?

[Français]

Julie-Anne Richard, directrice générale, Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis : Oui. Je vous entends, mais avec un décalage.

[Traduction]

La présidente : Nous vous prions de nous excuser. Nous éprouvons aujourd’hui quelques difficultés techniques que nous allons tenter de surmonter dans toute la mesure du possible.

Je suis ravie que le comité ait reçu l’autorisation de procéder à cette étude sur l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie de notre pays ainsi que sur leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes. C’est dans le cadre de ce mandat, que je me réjouis d’accueillir aujourd’hui via vidéoconférence, pour autant que cela fonctionne, Julie-Ann Richard, directrice générale du Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis.

Notre comité a pour politique de ne pas fournir de données biographiques sur les témoins. Nous essayons de remettre ces données à l’avance aux sénateurs de manière à pouvoir consacrer le plus de temps possible à nos invités.

Madame Richard, vous avez la parole. Après la contribution que vous ne manquerez pas d’apporter à notre étude, les sénateurs auront des questions à vous poser. Je vous souhaite la bienvenue.

[Français]

Mme Richard : Merci beaucoup, madame la présidente. Je suis nouvellement directrice générale, depuis juillet dernier, de RIDEAU, le Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis.

Nous avons 170 membres au Québec et dans la francophonie canadienne. Les membres que nous représentons sont principalement des diffuseurs pluridisciplinaires, des lieux de diffusion qui regroupent des disciplines de danse, de musique, de chanson et de théâtre. Nous sommes maintenant 170; c’est une bonne représentation.

L’organisation que je représente est aussi composée de différents réseaux territoriaux qui s’occupent de la diffusion et de la circulation de spectacles québécois, canadiens et internationaux principalement au Québec. Je vous exposerai plus tard comment nous diffusons aussi à l’international par l’intermédiaire de différentes associations avec des réseaux internationaux.

RIDEAU est actuellement membre de plusieurs regroupements, coalitions et associations qui viennent positionner et structurer son travail à l’international et son travail de promotion de la circulation des arts. Nous sommes membres de la Coalition La culture, le coeur du Québec (CCCQ), pour un meilleur financement des arts et de la culture à Québec, et de la Coalition canadienne des arts, qui a un mandat similaire. Nous sommes également membres de l’ARDAS, l’Alliance des réseaux de diffusion des arts de la scène, qui compte 14 membres à travers le Canada, et nous sommes membres fondateurs de l’AREA, l’Association des réseaux d’événements artistiques.

L’AREA, puisqu’il s’agit ici de politique étrangère, est composée de sept membres essentiellement de la francophonie européenne et canadienne : un réseau belge, deux réseaux suisses, un réseau de diffusion de spectacles pluridisciplinaires de France, ainsi que trois réseaux canadiens que sont RADAR en Acadie, Coup de cœur francophone, qui comprend plusieurs lieux de diffusion à travers les provinces, et la Bourse RIDEAU, dont nous sommes directement le promoteur et qui se tient à Québec chaque année depuis 30 ans.

Pour vous parler un peu de la Bourse RIDEAU, c’est par l’entremise de cet événement que nos activités internationales se tiennent. La Bourse RIDEAU constitue le plus important congrès des arts de la scène au Canada et le plus grand congrès francophone en Amérique. Ces rencontres réunissent l’ensemble des artistes, des producteurs de spectacle et des tourneurs, à la fois du Québec, du Canada et de l’international. Pour vous donner une idée, cette année, nous allons accueillir près de 50 représentants et délégués internationaux issus de 10 pays, dont le Japon, Haïti, la Chine, le Royaume-Uni, la francophonie européenne et les États-Unis.

Puisqu’il s’agit des liens entre l’industrie et les relations internationales, je tiens d’abord à saluer, d’une part, le programme tout juste annoncé à l’automne, le cadre stratégique du Canada créatif de Patrimoine canadien, qui a un effet significatif sur notre capacité d’accueillir des représentants internationaux. Nous sommes passés d’environ une trentaine de représentants à 50, et c’est directement grâce à ce programme que nous avons pu étendre notre capacité d’accueil, notamment d’une dizaine de représentants venus de la Chine. Il s’agit, pour cet événement particulier de la Bourse RIDEAU qui se tiendra la semaine prochaine, de la plus importante délégation de représentants de réseaux de diffusion culturelle de Chine à venir au Québec et, forcément, au Canada. C’est donc une expression assez directe et concrète de ce qu’un investissement de cet ordre peut apporter.

Bien sûr, c’est une première approche, mais nul doute que cela permettra de développer et de resserrer des liens d’affaires et de mieux comprendre les réseaux de diffusion chinois qui, comme vous le savez sans doute, sont en ce moment en pleine explosion. Il y a un important échange d’expertise que nous serons en mesure de faire avec nos collaborateurs chinois, puisque le Québec et le Canada détiennent une expertise en matière de structuration de réseaux de diffusion sur un vaste territoire. Il est important pour nous de pouvoir collaborer à ces échanges d’expertise pour consolider le marché de la diffusion et de l’exportation des œuvres canadiennes et québécoises.

Je dois vous interroger sur la prospérité économique que peut apporter l’industrie culturelle ainsi que sa contribution aux valeurs sociales. Il est, sans aucun doute, une évidence pour nous que la culture est génératrice d’importantes retombées économiques. Malheureusement, il arrive souvent qu’elle ne soit pas considérée à sa juste valeur en matière de retombées économiques et d’importance économique. À titre d’exemple, la culture contribue à la création de valeur directe par l’intensité de la main-d’œuvre de l’industrie de l’information, de la culture, des arts, des spectacles et du loisir. Je me permets de citer une étude qui indique que le ratio de la valeur ajoutée de cette industrie est particulièrement élevé lorsqu’on la compare à d’autres industries. Il faut également souligner l’importance des exportations de biens et de services culturels dans le cadre du rayonnement du Canada partout dans le monde.

La culture est également créatrice indirecte de valeur. Elle est, de par sa nature, mobilisatrice et ses effets indirects sont donc importants. Nous pensons notamment au secteur récréotouristique, qui repose largement sur la production culturelle. Par exemple, les festivals, dont la portée est la plupart du temps internationale, vont animer toute une activité économique et sont souvent une porte d’entrée pour des relations diplomatiques et économiques avec les pays qui s’y produisent. Ils constituent donc un lien important au commerce de détail, à la restauration, à l’hôtellerie, et j’en passe. Je dois vous avouer que j’aurais aimé approfondir cette question davantage. J’ai eu peu de temps pour me préparer et faire le tour de la question.

En ce qui concerne les cadres nationaux et internationaux qui peuvent favoriser ou limiter l’utilisation de la diplomatie culturelle, une amélioration de la politique fiscale serait envisagée. Je voudrais vous référer au mémoire que CAPACOA a soumis au Comité permanent des finances nationales de la Chambre des communes en juillet 2017. Cet organisme coordonne le groupe sur la fiscalité des arts de la scène et a fourni neuf recommandations à cet égard pour favoriser une meilleure fiscalité qui appuierait l’exportation, l’importation et la circulation des arts, partout au Canada.

La culture et les arts canadiens devraient nécessairement être considérés comme un pilier de développement, soit le quatrième pilier de développement durable des créateurs de valeur. Il fait partie de notre mission de travailler avec nos homologues à l’international, et ces activités font en sorte que, régulièrement, plusieurs personnes se rendent dans des festivals, y tissent des liens, rencontrent des troupes et font la promotion de nos événements artistiques au sein de ces différents réseaux.

Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.

[Traduction]

La présidente : Nous sommes désolés pour le court préavis, mais nous tenions à obtenir votre aide pour mettre notre étude en marche. Vous avez fait un excellent travail. Vous m’avez certes ouvert les yeux sur des questions et des possibilités auxquelles je n’avais même pas songé. Si vous venez à peine d’entrer en fonction, je ne sais pas comment vous avez pu en accomplir autant en si peu de temps. Je vous remercie donc vivement. De nombreux sénateurs souhaitent vous poser des questions et je vais donc céder la parole sans plus tarder au sénateur Dawson.

[Français]

Le sénateur Dawson : Je comprends que vous avez été convoquée tardivement. Sentez-vous bien à l’aise de compléter votre présentation par écrit à la lumière des interventions des témoins qui seront invités à nos prochaines séances. Vous pourrez transmettre vos commentaires au greffier du comité.

Dans le mémoire que vous avez présenté de concert avec le gouvernement du Québec la semaine dernière, j’aimerais savoir si votre financement actuel — et je ne parle pas seulement du financement consacré à la diffusion internationale et à la diplomatie culturelle — provient du Québec, du gouvernement fédéral ou des deux. Vient-il de Patrimoine canadien ou de sources philanthropiques?

Mme Richard : Nous avons plusieurs sources de financement consacrées au fonctionnement. Il faut distinguer le financement au fonctionnement des financements de projets. Au fonctionnement, nous recevons une subvention du Conseil des arts et des lettres du Québec et nous sommes financés dans le cadre du Fonds du Canada pour la présentation des arts par Patrimoine canadien.

Nous avons aussi plusieurs projets en développement qui sont financés par différentes ressources, comme le Plan numérique du Québec. Nous espérons aussi l’obtenir pour le Plan numérique du Canada. À ce moment-là, il s’agit du Conseil des arts du Canada, mais le financement consacré au fonctionnement provient de Patrimoine canadien.

Le sénateur Dawson : Avez-vous un volet international? Notre objectif est d’essayer d’utiliser le monde de la culture pour augmenter la présence du Canada dans le monde au niveau culturel. Je comprends que vous travaillez surtout au Québec, mais vous soutenez la francophonie canadienne et internationale, et vous avez mentionné tout à l’heure la Belgique. Y a-t-il des associations internationales qui vous soutiennent ou est-ce que le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire des Affaires étrangères, vous vient en aide?

Mme Richard : Dans le cadre de la subvention qui provient de Patrimoine canadien, il y a un état de tous les déplacements que nous faisons à l’international. RIDEAU et ses membres, nous nous déplaçons cinq à sept fois par année chez nos partenaires internationaux.

En fait, exceptionnellement cette année, et j’espère que ce sera de façon pérenne, Patrimoine canadien a consenti des fonds par le truchement de la Statégie pour les exportations créatives, qui nous ont permis d’accueillir une délégation à la Bourse RIDEAU, cette année, et probablement peut-être de participer à encore plus de missions chez d’autres collaborateurs. Une partie importante du travail se fait auprès des réseaux internationaux de la France, de la Belgique et de la Suisse. Nous avons aussi des partenaires au Royaume-Uni. En outre, nous espérons pouvoir développer nos liens d’échange et d’expertise avec la Chine au cours des prochaines années, et pour cette raison, la subvention de Patrimoine canadien a été très bien accueillie. Ça a été un très bon moment.

Le sénateur Dawson : Au-delà du financement, est-ce que vous avez des relations avec les ambassades et les consulats du Canada? Que ce soit à Paris ou dans la francophonie en général, y a-t-il des gens avec qui vous avez des relations de travail privilégiées?

Mme Richard : Nous contactons les gens des consulats. Certains se déplacent aussi pour assister à nos événements et, souvent, la déléguée du Québec à Paris sera présente. Par contre, je trouve que ce lien avec les diplomaties étrangères aurait avantage à être accru. Il y a une occasion de diplomatie qui mériterait d’être saisie par les gens des ambassades et des diplomates canadiens.

Nous tenons des événements-contacts où sont présents des invités internationaux. Même dans les endroits où je me suis déplacée jusqu’ ici, je trouve que les diplomates canadiens auraient avantage à être plus présents afin que nous puissions les rencontrer et accroître notre collaboration.

Le sénateur Dawson : Nous aurons peut-être le privilège de vous recontacter afin d’obtenir davantage d’information. Merci beaucoup.

La sénatrice Bovey : Merci, madame Richard. Votre travail est très important et je vous félicite de vos réalisations.

[Traduction]

Vous avez indiqué que la culture devait être considérée comme le quatrième pilier du développement durable. D’autres en ont traité également.

Comme cette fonction de pilier exige une solidité certaine, j’admire vraiment votre travail avec les associations francophones à l’échelle internationale. Je vous remercie de vos efforts pour les échanges d’expertise. Le Canada peut certes jouer un rôle utile auprès d’autres pays dans des domaines comme le leadership artistique, la pratique des arts, l’innovation et le développement culturel.

Si vous permettez, je vais vous demander de vous projeter vers l’avenir. Je ne m’attends pas nécessairement à une réponse aujourd’hui; vous pouvez y réfléchir et nous répondre ultérieurement, car je sais que le temps est limité. Quelle serait selon vous la meilleure forme de partenariat possible avec Affaires mondiales Canada pour faire rayonner votre travail à l’étranger et profiter de concert avec vos homologues internationaux des possibilités qui se présentent?

Vous avez indiqué établir des contacts diplomatiques. Avec quelles ambassades et quels consulats? Comment ces gens-là peuvent-ils vous aider, que ce soit financièrement ou d’une autre manière? Comment espérez-vous voir ces relations évoluer pour consolider notre pilier culturel? Vous pourrez transmettre votre réponse à notre greffière, car je sais qu’il peut être difficile de répondre à brûle-pourpoint à une question aussi chargée.

[Français]

Mme Richard : Je vais vous répondre du mieux que je le peux. Je travaille avec des consulats et des diplomates et, d’une part, nous gagnerions à mieux connaître notre travail mutuellement, mais il est tout de même important de préciser que, pour pénétrer un marché et être capable de trouver des contacts dans différents endroits du monde, la diplomatie canadienne serait une bonne porte d’entrée.

Par exemple, pour ce qui est de la Chine, on a utilisé les contacts des représentants des ambassades qui y sont situés afin de consolider les échanges. Lorsqu’il y a des langues étrangères, il pourrait être utile d’offrir des accompagnements, d’identifier les personnes clés au sein des gouvernements, des associations. Il est très important de pouvoir être orienté et d’avoir un lien afin d’être en mesure de poser des questions.

Je pourrais vous dire que l’argent est le nerf de la guerre, mais au-delà des fonds, il s’agirait de trouver rapidement les possibilités pour pouvoir échanger les connaissances. Je pense que notre diplomatie étrangère détient cette clé du pays d’accueil. C’est à cela qu’ils servent, nous orienter rapidement sur les manières de faire, les us et coutumes, qui sont importants. Cela demeure très important pour l’avenir. C’est ce que je pourrais souhaiter. Donc, il s’agirait de nous aider à mieux connaître cet élément de notre environnement politique qu’est la diplomatie canadienne au sens très large. Cela demeure encore un peu obscur pour moi, mais peut-être que ça viendra.

[Traduction]

La sénatrice Bovey : Voilà une excellente réponse qui m’impressionne beaucoup. Je vous remercie énormément pour le travail que vous accomplissez et la façon dont vous vous y prenez.

La présidente : J’aimerais obtenir un éclaircissement. Je crois que vous avez fait référence dans vos observations préliminaires à un rapport formulant certaines recommandations d’ordre financier à l’intention du Comité des finances.

[Français]

Mme Richard : Oui. Ce sont nos collègues de CAPACOA qui ont déposé un mémoire...

[Traduction]

La présidente : Si vous pouviez nous en fournir un exemplaire ou nous indiquer où nous pouvons nous le procurer, je pense que ce rapport pourrait nous être fort utile. Vous n’avez qu’à communiquer les coordonnées nécessaires à notre greffière.

[Français]

Mme Richard : Oui, bien sûr.

[Traduction]

La présidente : Vous avez abordé de nombreux nouveaux enjeux que nous devrions sans doute chercher à approfondir. Il est notamment bon que nous sachions qu’il y a de nouvelles façons de faire les choses en matière de diplomatie culturelle. Il y a un aspect qui m’intéresse tout particulièrement. Auparavant, tout passait par un attaché culturel, mais nous entendons dire de plus en plus que les différents regroupements culturels, artistiques et autres ont leurs propres contacts à l’étranger. Vous avez dit qu’il fallait comprendre l’environnement. Je trouve donc intéressant que vous parliez de la nécessité d’en savoir davantage au sujet des pays que vous visitez, et qu’il vous serait utile que nous facilitions les relations avec, non pas un attaché culturel, mais un contact politique ou un délégué commercial. Vous voulez mieux comprendre la réalité et les points sensibles des différents pays ciblés, et j’ai l’impression que c’est justement la chose à faire.

Estimez-vous qu’il vous serait surtout utile de savoir avec qui vous devez entrer en contact dans un pays donné pour en savoir plus long sur son mode de fonctionnement sur la scène culturelle ainsi que sur ses particularités politiques et culturelles? Est-ce bien ce que vous êtes en train de nous dire?

[Français]

Mme Richard : En fait, je pense que le diplomate et les gens avec qui il travaille sont bien placés pour nous informer. Comme je le dis, il s’agit de personnes qui occupent des postes stratégiques, mais aussi, parfois, et vous serez d’accord avec moi, il y a des règles plus implicites et plus tacites. C’est cette connaissance qu’il est intéressant d’avoir lorsqu’on est en lien avec les ambassades ou les diplomates qui habitent dans ces endroits.

Par exemple, je suis déjà allée en Russie. Je sais très bien qu’il y a une façon de faire qui est officielle et une autre qui est officieuse. Les diplomates étaient capables de nous orienter dans nos projets, sur des façons réelles de faire. Il est intéressant d’être accompagné de cette manière et de savoir par où passer. Il y a sûrement toutes sortes de programmes que les artistes méritent de connaître et qu’ils ne connaissent pas. C’est un peu de cet accompagnement dont je parle. Je ne dis pas qu’il n’existe pas, mais je crois qu’il est encore possible de mieux le faire connaître.

[Traduction]

La présidente : C’est très intéressant, car je crois que vous avez tout à fait raison. La diplomatie consiste à comprendre les règles, mais aussi la manière dont elles sont appliquées et la façon dont les gens les perçoivent. Je pense que c’est ce qui doit guider notre réflexion. Nous en sommes arrivés à la fin de notre séance. Nous avons pu amorcer un dialogue que j’espère bien pouvoir poursuivre. Je vous invite à réfléchir à la contribution que notre étude pourrait apporter pour vous-mêmes et pour votre organisation. Je vous prie de nous excuser pour les difficultés techniques que nous avons éprouvées avec notre vidéoconférence aujourd’hui. Je tiens toutefois à vous assurer que votre apport nous sera d’une grande utilité et que nous espérons bien pouvoir maintenir ce dialogue. Merci.

(La séance est levée.)

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