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POFO - Comité permanent

Pêches et océans

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule nº 5 - Témoignages du 31 mai 2016


OTTAWA, le mardi 31 mai 2016

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 17 h 3, pour étudier les activités de recherche et sauvetage maritimes et les défis et possibilités qui y sont associés.

La sénatrice Elizabeth Hubley (vice-présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La vice-présidente : Bonsoir. Je m'appelle Elizabeth Hubley, sénatrice de l'Île-du-Prince-Édouard. J'ai le plaisir de présider la séance de ce soir. Avant de donner la parole aux témoins, j'aimerais inviter les membres du comité à se présenter.

Le sénateur McInnis : Tom McInnis, de la Nouvelle-Écosse.

La sénatrice Poirier : Rose-May Poirier, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Raine : Nancy Greene Raine, de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, de l'Ontario.

La vice-présidente : Le comité poursuit son étude des activités de recherche et sauvetage maritimes et des défis et possibilités qui y sont associés. Nous sommes heureux d'accueillir Randy Strandt, président national de la Garde côtière auxiliaire canadienne, et Pat Quealey, chef de la direction du Royal Canadian Marine Search and Rescue. Au nom des membres du comité, je vous remercie d'être venus nous voir aujourd'hui. Je crois savoir que vous avez des remarques préliminaires. Donc, pour permettre le maximum de discussion possible dans le temps qui nous est imparti, les exposés préliminaires ne doivent pas dépasser une douzaine de minutes au total. Veuillez commencer.

Randy Strandt, président national, Garde côtière auxiliaire canadienne : Merci, madame la sénatrice. Je serai bref.

Je suis président national de la Garde côtière auxiliaire canadienne. C'est une fonction bénévole. Durant les heures ouvrables, je suis comptable agréé et directeur financier d'une petite entreprise de Vancouver. Je suis bénévole dans les eaux de Vancouver-Nord et je suis actif depuis de nombreuses années.

Je vais faire passer les diapositives et vous donner quelques commentaires à chaque fois. Si vous avez des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre.

La Garde côtière auxiliaire canadienne est composée de cinq organismes répartis dans tout le pays. Je vous montrerai une carte dans un moment, où vous verrez la division géographique des 4 000 bénévoles qui consacrent du temps, chaque semaine et chaque mois, à des activités de recherche et sauvetage. Ils suivent une formation et interviennent en cas d'incident comme le fait la Garde côtière. Ils sont rapides et efficaces et ils sont actifs dans les collectivités côtières de tout le pays. S'il y a une collectivité quelque part, il est probable que nous y avons des gens, des équipes et des installations. Les bateaux peuvent être des navires communautaires d'intervention, donc des bateaux de sauvetage. Il peut s'agir à l'occasion de bateaux privés ou même de bateaux de pêche locaux quand c'est plus logique et qu'ils peuvent fournir ce soutien. Je peux vous garantir que les bénévoles comptent beaucoup pour le système de recherche et sauvetage maritime, terrestre ou aérien du pays, mais ce n'est pas ce dont je vous parlerai aujourd'hui. Ils comptent beaucoup dans les résultats obtenus en matière de recherche et sauvetage au Canada.

Les cartes sont divisées en régions d'ouest en est : la région du Pacifique ou RCM SAR; la région centrale et l'Arctique, qui couvrent une zone très vaste; la région du Québec; la région de Terre-Neuve-et-Labrador; et la région des Maritimes. Chacune d'elles fonctionne un peu différemment, mais elles offrent toutes le même niveau de service et la même formation.

Cette carte, qui est très petite sur les diapositives, montre les lieux des installations. Pour vous donner une idée du contexte, quand il y a une collectivité avec une certaine population, il y a des chances qu'il y ait une station de la Garde côtière auxiliaire. Nous avons inclus celle de la C.-B. de façon plus détaillée, mais c'est probablement trop petit pour que vous puissiez la voir clairement sur vos cartes. On voit qu'il y a ce genre de bateaux dans toutes les collectivités éloignées et les grandes villes de la C.-B. et du pays.

Il faut dire qu'il devient difficile de placer des bénévoles là où il n'y a personne. On ne paie pas les gens; il est donc peu probable que, s'ils ne vivent pas là, on puisse installer une station ou une ressource et offrir un service efficace. Dans les petites collectivités, il devient difficile de maintenir la capacité d'intervention.

La diapositive suivante montre des images de ce qui pour vous pourrait être une ressource auxiliaire. Cela pourrait être un bateau de la Garde côtière, un bateau de sauvetage, un bateau de pêche ou un bateau privé venu à votre secours. L'équipage sera entraîné, professionnel et efficace, mais il pourrait avoir différentes ressources selon la région.

La diapositive suivante montre la structure et la façon dont nous nous inscrivons dans le programme de recherche et sauvetage. C'est important de constater que nous faisons partie du programme, tout comme la Garde côtière, qui est notre partenaire. Nous intervenons à l'appel du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage, qui reçoit les appels et nous envoie sur les lieux des incidents. Si vous êtes en difficulté dans un bateau sur l'eau, vous nous appelez de la même façon que vous appelleriez la Garde côtière. Nous sommes une ressource nationale, et on nous demande d'intervenir rapidement. Nous travaillons aussi avec beaucoup d'autres organismes, dont le ministère de la Défense nationale, les services policiers et les services de lutte contre les incendies, ainsi que les organismes locaux de nos collectivités pour répondre à leurs besoins.

Voici la diapositive sur la Garde côtière. Elle est évidemment un partenaire clé à l'échelle fédérale, et c'est elle qui finance nos opérations. C'est l'organisme avec lequel nous travaillons très étroitement la plupart du temps pour les sauvetages maritimes. Nous avons un but commun : sauver des vies en zone maritime. Les Canadiens bénéficient d'une coordination efficace des services de sauvetage et obtiennent des résultats efficaces.

La diapositive suivante est intitulée « Unité des efforts ». C'est fondamental pour nous. Les représentants de la Garde côtière en ont parlé quand ils sont venus ici. C'est un effort commun. Selon l'endroit, les bénévoles peuvent jouer un rôle important, mais c'est aussi le travail de la Garde côtière, de la Défense nationale et des groupes communautaires qui rend le système efficace. Il n'y a pas qu'un seul niveau d'organisation qui garantit que la personne en détresse dans une zone maritime reçoit du secours rapidement et efficacement.

Nous partageons les risques. L'environnement maritime peut être dangereux, et nous intervenons quand les autres se mettent à l'abri. Nous faisons le maximum, avec la Garde côtière, pour donner une formation commune et pour appliquer une politique garantissant que nos équipes ne prennent pas trop de risques quand elles portent secours à quelqu'un.

La collaboration entre organismes est fondamentale pour nous. Évidemment que la Garde côtière est importante, mais d'autres organismes le sont aussi, notamment les organismes locaux. Dans une petite collectivité, la police, les pompiers et les équipes terrestres de recherche et sauvetage deviennent des interlocuteurs clés dans cette collaboration.

Si je devais vous laisser un message aujourd'hui, ce serait cette diapositive. Nos membres sont des citoyens canadiens qui, pour une raison ou une autre, ont décidé d'offrir beaucoup de temps et d'efforts pour faire ce qu'ils font. Sans ces 4 000 bénévoles ou plus, il n'y aurait pas de programme bénévole de recherche et sauvetage, et Pat et moi ne serions pas ici aujourd'hui à vous parler. Ils font cela tous les jours. Ils sont prêts à intervenir 24 heures sur 24, 7 jours par semaine. Ces gens représentent le meilleur de la mentalité canadienne et de l'esprit de bénévolat de nos concitoyens.

Je tiens à rappeler, au sujet de la diapositive sur la formation, que ce sont des équipes entraînées. On croit parfois que les bénévoles sont des équipes spéciales ou des équipes qui se présentent quand elles le veulent. Rien de moins vrai. Nos bénévoles sont très entraînés et efficaces. Ils consacrent beaucoup de leur temps à leur formation et aux interventions qu'ils doivent faire. Tous ceux qui portent secours sont des professionnels entraînés à vous sortir de l'eau. À chaque fois. Cela demande beaucoup de dévouement et de temps.

J'ai parlé de nos interventions tout à l'heure. Les bénévoles de ce pays effectuent environ 2 000 sauvetages par an, soit environ 25 p. 100 de l'ensemble des incidents. Lorsqu'il se produit un incident maritime et que quelqu'un appelle à l'aide, une fois sur quatre, c'est une équipe bénévole qui portera secours. On ne compte pas toutes les heures, mais les bénévoles ont donné 170 000 heures de leur temps l'année dernière, et 97 p. 100 des personnes en danger ont été secourues, ce qui est un jalon important.

Les catastrophes et les urgences prennent la forme de bateaux incendiés, de naufrages et de gens perdus ou désorientés. C'est là que nous intervenons.

Il faut dire que le bénévolat est le modèle de fonctionnement classique et que, dans bien des régions du monde, c'est le seul. En Europe, la plupart des pays s'appuient presque entièrement sur un système de bénévoles. Et c'est comme cela depuis des siècles. Ce sont des groupes très efficaces et très entraînés qui sont considérés comme ce qu'il y a probablement de mieux dans le monde en matière de sauvetage. C'est sur eux que nous prenons exemple.

Voici quelques images pour illustrer ce que je dis. La première série ne concerne pas le Canada : ce sont des bateaux du Royaume-Uni, de Suède, de Hollande et de Nouvelle-Zélande, et ces équipes sont des bénévoles qui effectuent des opérations de sauvetage professionnelles et efficaces.

C'est ce modèle que nous avons adopté ici jusqu'à un certain point. La page suivante montre des bateaux de la région de Pat. Ce sont des bateaux de sauvetage. Vous ne verriez pas la différence par rapport à un bateau ordinaire de la Garde côtière en dehors du logo sur le côté. Une formation de niveau professionnel accompagne cela. Elle doit être normalisée dans tout le pays pour que les équipes qui utilisent ces bateaux fonctionnent de la même façon partout.

On a parlé de valeur, et c'est difficile à quantifier, mais la Garde côtière a calculé, il y a plus de 10 ans, ce que pourrait vous coûter ce service si vous aviez à le payer. Le résultat a été de 37 $ pour chaque dollar investi si on devait payer ce niveau de service à travers le pays.

Mais, pour nous, la valeur est plus que financière. Ce sont les 200 vies et plus qui sont sauvées tous les ans, ces gens arrachés à l'eau qui auraient été perdus s'il n'y avait pas eu d'équipe de sauvetage prête à intervenir.

Nous sommes heureux que le gouvernement ait reconnu la valeur des bénévoles voués aux sauvetages terrestres, maritimes et aériens il y a deux ans en prévoyant un crédit fiscal. À chaque fois que nous remplissons notre déclaration d'impôt, ma femme et moi, nous apprécions le fait qu'un petit montant de 400 $ revienne à notre famille pour les heures de travail bénévole qu'offrent les Canadiens.

Le comité nous a demandé de parler de nos défis et possibilités. Les difficultés actuelles sont le programme en cours et son soutien, et puis, plus largement, le moyen d'élargir notre mandat. Les contrats que nous avons avec la Garde côtière limitent parfois notre capacité à offrir des services qui sont de l'ordre des activités de la Garde côtière. Plusieurs de nos bénévoles et nos organismes peuvent et veulent faire plus dans leurs collectivités, et c'est parfois difficile à réaliser avec les budgets que nous avons ou les exigences à respecter en matière d'assurance.

Il y a aussi l'évolution : nous savons très bien maintenir le statu quo, mais cela devient difficile quand on cherche de nouvelles façons de fonctionner, qu'on parle de technologie, de formation ou d'interopérabilité avec les autres organismes. C'est plus difficile de réaliser ces objectifs et d'aller de l'avant que nous l'espérions

Je ne pense pas que quelqu'un viendrait à Ottawa et ne parlerait pas de financement. C'est un problème pour nous aussi. C'est le gouvernement fédéral qui nous finance par l'intermédiaire de la Garde côtière à raison d'environ 5,2 millions de dollars. C'est stable depuis les 10 années de ma participation. Au cours de cette période, l'inflation et d'autres difficultés se sont accumulées, et c'est de plus en plus difficile, d'année en année, de maintenir le niveau de service que nous offrons avec le même budget.

La plupart des groupes font des collectes de fonds. Vous les verrez dans les collectivités en train de recueillir des fonds, de faire appel aux organismes de bienfaisance et, dans le cas de la C.-B., de demander l'aide de la province pour acheter des bateaux et des ressources. Je précise qu'aucune des ressources que vous avez vues n'est financée grâce à cet accord de contribution. Nous n'avons pas le droit d'utiliser cet argent pour cela. Ça doit seulement servir aux opérations, dont au carburant, à l'entretien et à la formation, mais pas à l'équipement que vous voyez. Qu'on parle d'un VFI ou d'un gilet de sauvetage, d'un bateau de sauvetage ou d'une autre ressource, c'est financé par la collectivité.

L'utilisation est un enjeu important. C'est un problème récurrent pour nous. On met beaucoup de temps et d'effort dans la formation de bénévoles, et eux en font autant, mais, s'ils ne sont pas utilisés, on les perd. Les gens peuvent faire du bénévolat ou donner du temps ailleurs, et, s'ils ont l'impression qu'on n'utilise pas leurs compétences et leur expérience, on les perd. C'est important de veiller à les utiliser comme il faut dans tout le pays.

Il y a des problèmes plus larges dans l'ensemble du pays et au-delà du domaine maritime : le système de recherche et sauvetage n'est pas intégré à l'échelle nationale et on en revient à la question des moyens de regrouper les activités maritimes, terrestres et aériennes. Les services fonctionnent très bien indépendamment les uns des autres, mais, quand il faut qu'ils soient interopérables, cela devient plus difficile, et ce serait une amélioration.

On utilise souvent les bénévoles de la recherche et sauvetage et les professionnels de la sécurité publique de façon ponctuelle à travers le pays. Si tout cela était plus cohérent et intégré, on aurait un meilleur niveau de service. La souplesse est aussi un élément important pour qu'il y ait interopérabilité avec le secteur privé et d'autres organismes sans but lucratif, ce qui permettrait d'élargir les activités et la collaboration. On pourrait s'améliorer. Si c'était possible, nos interventions seraient plus efficaces.

Pour ce qui est d'élargir notre mandat, on pourrait intervenir en cas de catastrophe naturelle, qu'on parle de tremblements de terre ou d'accidents à grande échelle, et on pourrait suivre une formation pour cela. Il y a un groupe de bénévoles compétents qui pourraient être très utiles au gouvernement et aux collectivités locales si on les utilisait de cette façon.

C'est ce qui m'amène aux possibilités, et c'est plus important pour nous. Il y a beaucoup de possibilités. Nous avons souligné l'expansion du service des bénévoles. Je pense qu'on devrait utiliser les bénévoles plus largement et investir pour en multiplier le nombre dans le pays. C'est un moyen rentable d'accroître la capacité, si on en manque. L'Arctique est un exemple parfait. On sait qu'il manque de capacité dans cette région, et nous sommes en train d'investir de l'argent pour accroître la capacité d'une façon assez rentable dans les petites collectivités.

Concernant le manque de ressources, si d'autres ressources payées sont utilisées ailleurs, la disponibilité de bénévoles sur place peut atténuer le risque d'en manquer, et c'est une bonne occasion de faire appel aux bénévoles.

J'ai parlé de la possibilité d'utiliser des bénévoles aptes et entraînés à intervenir dans le cadre de catastrophes naturelles dans leurs collectivités. La catastrophe récente à Fort McMurray, où des gens du monde entier sont venus apporter leur aide, est un excellent exemple. On a besoin d'aide dûment entraînée. Les bénévoles du secteur maritime, en l'occurrence, sont formés à la gestion des incidents et aux premiers soins, mais ils ont aussi toutes les compétences qu'on peut souhaiter, comme les communications et la radio, et ils sont prêts à intervenir. Ce sont des ressources immédiatement utilisables, des gens qui peuvent intervenir rapidement à ce genre d'urgence, et peut-être qu'on ne les utilise pas assez dans ce pays. Ils sont formés, ils ont de l'expérience et ils sont capables d'intervenir.

Je terminerai avec les deux dernières diapositives. J'ai parlé de l'intégration des activités de recherche et sauvetage. Si les activités terrestres, maritimes et aériennes de recherche et sauvetage étaient mieux intégrées régulièrement, on serait mieux préparé à faire face aux incidents majeurs.

Du point de vue des interventions environnementales, qui est une nouveauté pour nous, on pourrait utiliser les bénévoles pour atténuer certains risques à venir.

Pour ce qui est de réduire les risques dans nos collectivités, on peut le faire en ayant sur place des bénévoles entraînés, que ce soit pour le domaine maritime ou ailleurs.

J'ai parlé tout à l'heure de la collaboration avec le secteur privé. On gagnerait en efficacité en créant des partenariats avec le secteur privé et d'autres organisations non gouvernementales du Canada et de l'étranger dotées de compétences et de technologies auxquelles nous pourrions avoir accès.

Pour en revenir à ce que je disais tout à l'heure, vous avez là un groupe de bénévoles compétents et passionnés qui adorent ce qu'ils font. Ils offrent leur temps et leur énergie, et cela a de la valeur à leurs yeux, mais encore plus aux yeux de ceux qu'ils aident. Nous sommes des partenaires en matière de recherche et sauvetage et en matière de sécurité publique. C'est la vraie valeur de l'identité canadienne : redonner si on peut redonner. Nos membres incarnent visiblement ces valeurs. C'est aussi un modèle d'innovation. J'ai parlé des bénévoles et de ce qu'ils font, et des innovations qu'ils ont apportées en matière de recherche et sauvetage. Ils réfléchissent à de nouveaux moyens de faire ce que nous faisons tous les jours dans ce pays.

Voilà ce que je pense. Merci encore de m'avoir invité.

La vice-présidente : Avant de passer aux questions, monsieur Quealey, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?

Pat Quealey, chef de la direction, Royal Canadian Marine Search and Rescue : Non. Nous avons fait ce travail ensemble. Randy a très bien exprimé nos idées. Je serai heureux de répondre à vos questions.

La vice-présidente : Madame la sénatrice Poirier, vous avez la parole.

La sénatrice Poirier : Merci d'être parmi nous, messieurs. Ma première question vise à comprendre un peu mieux la situation. J'examinais les cinq régions pendant votre exposé. Il y a aussi cinq régions pour la Garde côtière, n'est-ce pas?

M. Strandt : C'est exact.

Je dois préciser qu'il y a trois régions aujourd'hui. Il y en avait cinq, les mêmes que les nôtres, mais cela recouvre les mêmes zones en fait.

La sénatrice Poirier : Je crois savoir que vous êtes un organisme sans but lucratif et que vous travaillez avec des bénévoles partout où on a besoin d'eux. Qui est le premier répondant? Est-ce que c'est la Garde côtière qui fait appel à vous en cas d'urgence si elle a besoin d'aide supplémentaire? Est-ce que la collectivité s'adresse d'abord à vous pour avoir des bénévoles avant de s'adresser à la Garde côtière? Où intervenez-vous?

M. Strandt : L'intervention est identique à celle d'une ressource de la Garde côtière. Une personne qui demande des secours ne voit pas de différence. L'appel peut être fait à un centre de coordination des secours ou au 911. Il est acheminé à un centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage. De là, on appelle l'équipe locale ou on lui envoie un message par téléavertisseur, et cela peut être une ressource de la Garde côtière ou un bénévole qui prendra le bateau pour intervenir. La personne qui a appelé au secours ne saura pas où a été acheminé l'appel ni qui intervient. Pour elle, c'est la Garde côtière qui aura envoyé de l'aide. Tous les appels passent par la Garde côtière.

La sénatrice Poirier : Si un intervenant part, l'autre saura automatiquement qu'il est en route.

M. Strandt : Oui.

M. Quealey : Je peux peut-être ajouter quelque chose. Vous vous rappelez peut-être ce qu'ont dit des témoins antérieurs sur le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage. C'est le même centre qui confie des tâches à nos ressources. C'est un contrôleur de la Garde côtière affecté à ce centre conjoint qui prend la décision en fonction des ressources disponibles, de leur adéquation à la tâche et de toutes sortes de facteurs qu'il connaît très bien. Comme l'a expliqué M. Strandt, c'est en fonction de cette évaluation que le contrôleur choisit la ressource qui convient pour intervenir.

La sénatrice Poirier : Ma deuxième série de questions porte sur le financement. Vous avez dit au sujet d'une diapositive que le montant que vous avez reçu pendant 15 ans, mais il y a aussi les 500 000 $ pour la région de l'Arctique. Est-ce que c'était une allocation supplémentaire ponctuelle ou est-ce que cela s'ajoutera tous les ans?

M. Strandt : C'est une allocation récurrente destinée à financer les opérations qui prennent de l'expansion dans l'Arctique.

La sénatrice Poirier : Votre diapositive montrait des images des différentes ressources que vous utilisez. Si j'ai bien compris, vous avez dit qu'il y a aussi des bateaux d'autres pays, pas seulement d'ici. C'est bien cela?

M. Strandt : Il y avait une diapositive montrant un modèle international.

La sénatrice Poirier : La collecte de fonds dans la collectivité sert à financer la formation et à acheter du matériel, c'est bien cela?

M. Strandt : C'est exact. La plupart des activités de formation sont financées par le biais de notre pacte de contribution à la Garde côtière. Tout le matériel est acheté grâce à la collecte de fonds dans la collectivité.

La sénatrice Poirier : Est-ce que les provinces de vos régions vous financent? Avez-vous des fonds d'origine provinciale?

M. Strandt : Oui. Je vais passer la parole à M. Quealey parce que sa région, plus que tout autre, en bénéficie.

M. Quealey : L'exemple de la Colombie-Britannique, et je ne sais pas comment cela se passe dans toutes les autres provinces, est un bon modèle coopératif du point de vue du soutien fédéral, provincial et local. Royal Canadian Marine Search and Rescue bénéficie d'un programme provincial appelé Community Gaming Grants, qui est administré par le ministère des collectivités, des sports et du développement culturel dans la province. C'est effectivement le produit de cette relation par l'intermédiaire de la société des loteries. Des fonds sont réservés à des activités précises. C'est dans ce contexte que de l'argent est mis de côté pour les projets de sécurité publique.

Notre organisme bénéficie énormément de cette façon de faire dans la province de la Colombie-Britannique. Car cela nous permet d'acheter les bateaux que vous avez vus, pas dans la diapositive sur le modèle international, mais celle qui décrit le potentiel du Canada. Vous remarquerez qu'on y parle de financement provincial et de collecte de fonds locale.

Dans le cadre de ce programme, l'argent ne vient pas seulement de la province. Comme l'a expliqué Randy, nos stations, qui sont plus de 40 en Colombie-Britannique, organisent leurs propres collectes de fonds. Les collectivités contribuent également. Comme l'a expliqué Randy, cela contribue simplement au sentiment collectif d'aider un organisme local.

La sénatrice Poirier : Est-ce que d'autres provinces du Canada font cela aussi, le savez-vous?

M. Quealey : J'imagine qu'il existe des programmes du même genre, mais je ne peux pas en parler en connaissance de cause.

M. Strandt : Les autres provinces apportent effectivement un soutien, mais pas dans la même mesure.

La sénatrice Poirier : Est-ce qu'il y a des donateurs et des commanditaires qui aident régulièrement votre organisme?

M. Strandt : Oui, à l'échelle locale et régionale. Il arrive aussi que des entreprises ou des personnes nous aident à l'échelle nationale.

La sénatrice Poirier : Quelle est votre principale difficulté? Vous avez parlé de plusieurs problèmes ici. Est-ce que le plus important est de trouver le nombre de bénévoles dont vous avez besoin ou est-ce que c'est plutôt de trouver les fonds nécessaires à l'achat du matériel dont vous avez besoin et au financement de la formation? Est-ce que c'est plutôt de faire en sorte que vos bénévoles entraînés restent suffisamment actifs dans la collectivité? Est-ce que le soutien de la collectivité est suffisant pour que vous puissiez faire intervenir les bénévoles entraînés de façon prioritaire en fonction des besoins?

M. Strandt : Vous demander quelle est la principale difficulté. Le financement est évidemment une question centrale. Compte tenu de mon rôle, je serais enclin à dire que c'est le financement, parce que je suis comptable agréé et que je pense d'abord à l'argent et aux moyens de pouvoir continuer à faire ce qu'on fait. L'utilisation des bénévoles est également importante. Il faut beaucoup de temps et d'énergie pour former un bénévole. Cela n'arrive pas du jour au lendemain. Quand on les forme, qu'on les garde actifs et engagés, on veut les garder. C'est important de les garder actifs et intéressés. On fait un excellent travail de ce côté-là, mais c'est un problème constant. À chaque génération, on a des moteurs différents, des objectifs différents, et c'est important de rester attentif à ce que les gens veulent faire. Jusqu'ici, on a réussi, mais je ne pense pas qu'on puisse se permettre de baisser la garde non plus.

La sénatrice Stewart Olsen : Je tiens à dire pour mémoire que je vous comprends et qu'on aurait besoin d'intégrer à l'échelle nationale les opérations de recherche et sauvetage maritimes, terrestres et aériennes. Cela me préoccupe. Je suis contente que vous ayez soulevé la question parce que je crois que nous devons nous pencher sur ce problème.

Pouvez-vous me dire comment je pourrais devenir une bénévole?

M. Strandt : Voilà une bonne question. Cela dépendrait probablement de l'endroit où vous habitez. Mais, en tout premier lieu, vous devez habiter près de la mer, où nous avons des stations, ou à un endroit où existent des ressources communautaires. Si vous remplissez ces conditions, il faut vous adresser à l'organisme local ou régional et lui faire savoir que vous souhaitez devenir bénévole. On va vous évaluer pour déterminer si vous convenez et mesurer votre état de santé et vos compétences. Cela dit, ils vont vous enseigner ce que vous avez besoin de savoir, mais ils évalueront votre degré d'engagement et détermineront si vous avez le temps et l'énergie pour faire ce travail. Une fois ce processus terminé, ils vous inscriront à un programme de formation. Le programme de formation comprend aussi une évaluation. Certaines personnes ne vont pas jusqu'au bout du programme ou s'aperçoivent qu'elles n'aiment pas cela comme elles l'auraient cru. Si vous allez jusqu'au bout et que vous répondez aux exigences minimales, ils vous placeront dans une équipe de bénévoles.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce que vous les formez sur place ou à la station?

M. Strandt : Les deux. Je dirais que la formation a lieu à 90 p. 100 à l'échelle locale. Les membres des stations forment d'autres membres de leur station. Ils ont des années d'expérience, bien sûr, et les programmes de formation qu'ils appliquent sont ceux que nous fournissons à ces stations. Cela dit, il y a des programmes de formation régionaux lorsque les équipes sont plus expérimentées et que vous voulez qu'elles aient certaines compétences pour assurer la responsabilité d'un bateau et progresser.

M. Quealey : Pour ajouter aux remarques de Randy, compte tenu de mon expérience du Royal Canadian Marine Search and Rescue en Colombie-Britannique, je dirais qu'on devient bénévole dans n'importe quel organisme de la même façon qu'on devient bénévole dans n'importe quel groupe d'organisations vouées à la protection du public. Ce qui joue, c'est votre sentiment d'engagement et de vocation.

Bien sûr que nous avons des normes et bien sûr que vous serez évaluée en fonction de ces normes, et le but est d'amener les gens à ces niveaux. À cause du sentiment d'engagement dont parlait Randy, ce qui fait les bénévoles de longue date, c'est ce sentiment de vocation et d'engagement envers la collectivité, et c'est comme cela que nous réussissons.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce qu'ils travaillent de la même façon que les pompiers bénévoles? Il y a un appel, et tout le monde reçoit l'appel et arrive à la rescousse?

M. Quealey : Il y a un aspect intéressant du bénévolat, c'est que c'est le résultat final qui compte. Pour clarifier, prenons l'exemple de la Colombie-Britannique : il est entendu que toutes les équipes en disponibilité doivent être prêtes, à 30 minutes d'avis, à embarquer sur le bateau et à intervenir à la demande du GRCC. Pour obtenir ce résultat, le programme est assez souple pour tenir compte de la collectivité, de son organisation, de la démographie et de la proximité. Dans les stations, le chef de station a le pouvoir de décider de cette configuration, mais il doit remplir des normes minimales. Le résultat est que les normes sont respectées.

Au sujet de la question sur la formation, le Royal Canadian Marine Search and Rescue est sur le point de transformer son approche de la formation dans le sens que, oui, nous insistons sur le leadership d'une station, et c'est crucial non seulement pour la formation strictement technique, mais aussi pour le développement de la cohésion de l'unité et de l'esprit d'équipe.

Ce qui est vraiment important dans ce qui constitue le réseau des activités de recherche et sauvetage, c'est que nous travaillons en collaboration étroite avec la Garde côtière pour la formation et que l'esprit d'équipe passe aussi par une formation commune et une approche intégrée. Nous bénéficions des cours qu'elle donne, par exemple le cours de manœuvre des embarcations pneumatiques à coque rigide, qui se donne à Bamfield, en C.-B.

Le tournant dont je parle fait aussi qu'on pense à centraliser la formation. Nous venons de terminer notre centre de formation régionale à East Sooke, en Colombie-Britannique, et ça ouvre une nouvelle possibilité, non seulement pour la RCM SAR, mais aussi pour d'autres partenaires, qui pourront venir s'entraîner avec nous et partager notre expertise et la leur. Il y a des tas de possibilités, et je n'ai donné que l'exemple de notre région. Il y en a d'autres, évidemment.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce que c'est la collectivité qui décide qu'elle a besoin d'une station et qui fait le nécessaire pour en créer une et collaborer avec tout le monde, ou qui décide qu'il y a un besoin?

M. Strandt : Ce serait la région, la Garde côtière auxiliaire et la Garde côtière du Canada qui décideraient qu'on a besoin d'une ressource.

La sénatrice Stewart Olsen : Par « région », vous voulez dire que le Nouveau-Brunswick estime avoir besoin d'une station?

M. Strandt : Exactement. C'est une décision qui en principe serait prise par la Garde côtière, qui fait sa propre analyse des besoins et conclura qu'on a besoin ici ou là de plus de ressources et qui viendra annoncer à la collectivité ou au secteur qu'elle voudrait installer une autre ressource. Dans les faits, jusqu'ici c'était l'inverse qui se passait. Une collectivité estimait qu'elle avait besoin d'une ressource, regroupait ses forces et mettait un bateau en service. Plus récemment, cela se passe de façon plus coordonnée par le biais de la Garde côtière et de nos régions, et une station n'est plus créée sans l'approbation de la Garde côtière et l'approbation régionale.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce qu'il y en a assez?

M. Quealey : Je sais que mon collègue Clay Evans était ici il y a quelques semaines et je dois dire que, au sujet du travail d'équipe, les collègues de la Garde côtière font partie de cette équipe. Pour faire suite à ce que disait Randy, on effectue une évaluation opérationnelle lorsqu'il y a des lacunes potentielles ou lorsqu'on se demande comment faire mieux, et nous appuyons l'analyse de la Garde côtière en ce sens. Ce qu'il y a d'unique dans le bénévolat, et je pense que c'est ce que vous voulez dire, c'est qu'on ne peut pas dire aux bénévoles où ils doivent vivre ni savoir ce que sera la capacité de la collectivité à les soutenir. Donc on s'occupe d'un autre aspect, et c'est l'évaluation de la capacité de la collectivité et de ce qu'elle peut créer. Je ne parle pas de structure officielle, mais simplement de l'effet obtenu. En fin de compte, c'est la collectivité qui décide de contribuer ou non. Nous avons beaucoup de chance, en C.-B., d'avoir plus de 40 collectivités qui ont relevé le défi sous toutes sortes de formes et ont créé des stations dans ce but.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci.

La vice-présidente : Bienvenue à la sénatrice Frum, qui s'est jointe à nous ce soir.

Le sénateur Enverga : Merci de votre exposé. Vous nous avez parlé de choses différentes de ce que nous avons entendu la dernière fois concernant la Garde côtière. Sauf erreur de ma part. Vous aviez 40 minutes, mais vous êtes plus rapide et vous en avez pris 30, c'est excellent.

Ma principale question porte sur ce que vous avez dit dans votre exposé au sujet du manque d'intégration des opérations de recherche et sauvetage à l'échelle nationale. Pourriez-vous nous donner un exemple de difficulté à ce sujet? Est-ce que cela vous préoccupe? Quel genre de difficulté avez-vous eue à cause du manque de coordination?

M. Strandt : C'est difficile à préciser. Le meilleur exemple qui me vienne à l'esprit, c'est les équipes de recherche et sauvetage terrestres. La raison pour laquelle c'est plus évident est que ces opérations relèvent des autorités provinciales et que cette responsabilité est généralement déléguée au service de police. Nous avons un système dont le mandat est national, puisqu'on parle de la Garde côtière et des opérations de recherche et sauvetage maritimes, et nous travaillons dans le cadre d'un système dont le mandat est provincial.

Ce sont des appels interface. Si une personne se trouvant sur une île ou dans un lieu difficilement accessible est blessée et ne peut pas prendre la route, on a besoin d'une ressource maritime. On pourrait mieux intervenir dans ce genre de cas où il faut intégrer les ressources maritimes et terrestres et coordonner les activités, et peut-être qu'il faudrait une formation commune, peut-être même une direction nationale organisant les opérations pour que des ressources maritimes soient affectées aux appels terrestres, alors que, actuellement, notre mandat principal est d'ordre maritime et qu'on ne met pas vraiment l'accent sur l'assistance humanitaire.

M. Quealey : C'est uniquement mon avis personnel et non pas l'expression de l'opinion de mon organisme, mais j'ai aussi de l'expérience dans ce domaine et je peux aider.

Comme l'a expliqué Randy, les opérations de recherche et sauvetage couvrent les trois principaux éléments : maritime, aérien et terrestre. Je dois préciser que les centres conjoints de coordination des opérations de sauvetage tels qu'ils fonctionnent actuellement, les aspects maritimes et aériens étant reliés, font un excellent travail de coordination. Il faut dire aussi, compte tenu de la situation en Colombie-Britannique, que l'organisme provincial de gestion des urgences assure une coordination étroite et unifie ses opérations avec ses collègues fédéraux.

On peut donc dire que beaucoup de ces filières juridictionnelles sont reliées compte tenu des relations entre les directions. C'est très efficace parce qu'un collègue connaît un autre collègue et qu'ils travailleront en collaboration parce que nous sommes tous dans le même bateau.

Du point de vue de la compétence et de la gouvernance, il y a le secrétariat national de recherche et sauvetage et le programme national de recherche et sauvetage, mais cela ne donne pas à cette organisation, qui est passée du ministère de la Défense nationale à Sécurité publique Canada, le pouvoir de diriger le programme, de normaliser les niveaux de formation à l'échelle du pays, ni d'adopter une approche plus programmatique et systématique susceptible de donner lieu à des résultats plus efficaces à l'échelle nationale. Il y a là une possibilité d'amélioration et on devrait tous y réfléchir.

Le sénateur Enverga : Au sujet des mesures d'amélioration, nous avons parlé à des représentants de la Garde côtière il y a quelques semaines, et ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas de demande particulière en termes de matériel. Je sais que vos équipes travaillent très fort, que vous avez porté secours à des milliers de gens et que vous avez sauvé beaucoup de vies. De quelle sorte de matériel avez-vous besoin? Je sais que vous avez besoin d'argent, mais cela pourrait être pour autre chose. Est-ce que vous auriez une liste de souhaits qui, si nous l'exaucions, vous permettrait d'être plus efficace et d'aider vos amis?

M. Quealey : Monsieur le sénateur, nous n'avons qu'une heure devant nous.

M. Strandt : J'ai une longue liste dans la tête. Il y a le financement, évidemment. Comment l'utiliserait-on? Sûrement pour des ressources, et pas seulement pour en acheter, mais pour les entretenir. Des bateaux, ça coûte cher à entretenir et à garder en état de marche. Vous le savez si vous en avez déjà eu un. Comment faire durer les ressources? C'est une chose de les acquérir, mais il faut ensuite des fonds pour être encore là dans 10, 15, 20 ans.

Nous avons parlé de quelques moyens d'agir à l'intérieur du mandat actuel, si on veut, mais il faudrait élargir ce mandat et trouver d'autres moyens d'utiliser les bénévoles. Les bénévoles du domaine maritime comme les autres pourraient améliorer le niveau de service et de participation, et on pourrait trouver plus de gens compétents, ce qui permettrait d'intéresser et de garder des gens.

La sensibilisation est un élément du problème, aussi bien au gouvernement que dans la population : on ne parle pas assez de ces bénévoles et de ce qu'ils font. Cela alimente tout le reste. Cela alimente le recrutement, la rétention et même, peut-être, la possibilité d'obtenir plus de dons et de recueillir plus de fonds. La sensibilisation, c'est donc central pour nous.

Le sénateur Enverga : On parle beaucoup de l'Arctique en ce moment. Est-ce que vous avez un problème du côté des bénévoles dans l'Arctique et le Nord?

M. Strandt : On est en train d'élargir nos activités là-bas en ce moment.

Le sénateur Enverga : Les Inuits?

M. Strandt : Oui. Nous cherchons des endroits où installer des ressources en ce moment. Je dirais que c'est toujours difficile quand c'est une zone éloignée. Cela peut être dans l'Arctique, en C.-B. ou à Terre-Neuve. Quand une collectivité est petite ou éloignée, c'est difficile. Parce que c'est loin et parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens. On s'organise pour que cela marche, mais plus la collectivité est petite et éloignée, plus c'est difficile pour nous, évidemment. Il y a une limite où c'est trop petit pour qu'on puisse faire quelque chose parce qu'il n'y a pas assez de gens pour maintenir le système. Mais cela marche dans beaucoup de petites collectivités de l'Arctique et de beaucoup d'autres endroits au Canada.

Le sénateur Enverga : Et les bénévoles des collectivités autochtones et inuites? Est-ce qu'ils ont des difficultés ou est- ce qu'on accepte qu'ils soient là?

M. Strandt : Non. Je viens de C.-B., je parle donc de cette expérience-là. Nous avons des collectivités autochtones fantastiques, comme vous l'avez vu, où il y a des intervenants. Ils prennent soin non seulement de leurs propres collectivités, mais des zones environnantes. Je pense à plusieurs de ces équipes qui travaillent en C.-B., mais il y en a d'autres sur d'autres côtes également.

La sénatrice Raine : Pour en revenir à la dernière question, dans le Nord, est-ce que vous travaillez avec les gardes forestiers pour coordonner les activités? Ils s'occupent de surveillance environnementale et de choses comme cela.

M. Strandt : Jusqu'ici, non. Nous collaborons et travaillons, bien sûr, avec eux quand les secours exigent une base terrestre ou une intervention commune. Ils n'interviennent pas pour nous dans les opérations maritimes pour l'instant, mais je sais que, pour l'expansion de nos activités dans l'Arctique, ce serait un modèle à envisager.

La sénatrice Raine : Certains des postes de garde forestier ont des ressources maritimes.

M. Strandt : En fait, nous sommes une ressource et nous pouvons intervenir, comme la Garde côtière. N'importe quelle ressource peut être sollicitée. Il y a beaucoup d'exemples où le centre des opérations de sauvetage ne fait pas appel à la Garde côtière ou à la Garde auxiliaire. Comme je vous l'ai dit, nous intervenons dans 25 p. 100 des cas. La Garde côtière n'intervient pas dans les 75 autres. Bien souvent, c'est le bateau de passage qui intervient. Cela pourrait être une ressource communautaire qui a été formée. On peut évidemment leur demander de l'aide, que ce soit une ressource auxiliaire ou de la Garde côtière.

M. Quealey : Si vous permettez, j'aimerais ajouter que les gardes forestiers interviennent à la demande du ministère de la Défense nationale. Donc leur système de commandement et de contrôle passe nécessairement par le MDN.

Jusqu'ici, comme l'a expliqué Randy, parce que les gardes forestiers vivent souvent dans de petites collectivités, les intervenants se connaissent les uns les autres, et, en fait, non seulement cela, mais c'est souvent la même personne qui assume plusieurs responsabilités dans ces organisations.

Pour vous donner une perspective juridictionnelle, les opérations seraient coordonnées par le commandant de la force opérationnelle interarmées, qui est le MDN. Dans bien des cas, cette personne, le commandant de la Défense nationale, est aussi le commandant de la région des opérations de recherche et sauvetage. C'est ce qui se passe, par exemple, en C.-B. et dans les provinces de l'Atlantique. Cette personne peut aussi choisir les ressources qui sont employées par le MDN dans cette région.

Dans notre perspective, nous pouvons nous voir aux côtés des gardes forestiers et travailler ensemble de façon unifiée, mais les juridictions sont séparées. Mais, à l'échelle communautaire, il y a des gens qui se connaissent et qui ont généralement l'habitude de travailler ensemble. Ce qui est extrêmement efficace dans ce modèle, c'est la base communautaire. D'après moi, les gardes forestiers sont un élément clé de cette approche.

La sénatrice Raine : Ma principale question est la suivante : il y a eu des changements dans la Garde côtière en C.-B. depuis la fermeture de Comox et Tofino. Est-ce que cela fonctionne? Ou non? Évidemment, quand quelqu'un appelle à l'aide, il faut que quelqu'un l'entende. Il peut y avoir des problèmes à cause du relief montagneux et de fréquences radio irrégulières. D'après votre expérience, est-ce que la transformation du système de la côte de la Colombie- Britannique est efficace? Est-ce qu'elle soulève des problèmes? Est-ce que cela va marcher? À quelle étape de la transition en est-on? Est-ce que la réouverture de la station de Kitsilano, qui est bien sûr en zone urbaine, aidera? Pourriez-vous nous donner simplement un aperçu, dans votre perspective de bénévole, de la situation actuelle?

M. Quealey : Merci, madame la sénatrice. J'en reviens à cette idée de partenariat. C'est vraiment comme cela qu'il faut concevoir les interventions. Évidemment que la Garde côtière fait sa propre évaluation des besoins opérationnels et du matériel et de la technologie nécessaires. Je ne suis pas un expert et je ne peux pas proposer de meilleure façon de faire. Je pense que vous voulez parler des SCTM, par exemple.

Sur le plan opérationnel et des répercussions sur notre capacité à fournir ce service à la Garde côtière et à appuyer son mandat, je ne peux pas dire que j'aie vu de réduction, mais je n'ai pas fait d'évaluation personnelle.

Ce que je peux dire, c'est que, dans toutes les collectivités ou les stations qui interagissent avec la Garde côtière, la perspective du leadership de notre organisation, et donc la perspective du leadership à l'échelle des stations, tout le monde travaille en collaboration et de façon unifiée avec les membres de la Garde côtière. Ils sont nos partenaires. Évidemment, si la Garde côtière obtient d'autres ressources et les attribue aux opérations de recherche et sauvetage maritimes, nous en serons reconnaissants, parce que, pour les Canadiens et pour les gens de la Colombie-Britannique, c'est du renfort. Toutes les ressources supplémentaires que vous jugerez valables seront les bienvenues.

Je voudrais justement souligner aussi le fait que nous ne sommes pas en rivalité. Nous sommes là pour appuyer le mandat de la Garde côtière. Un des atouts de l'organisation des bénévoles est que nous pouvons apporter notre aide là où ils déterminent qu'il y a une lacune ou un besoin.

La sénatrice Raine : Quand vous avez dit qu'il fallait tout le temps recueillir des fonds pour développer les ressources de vos équipes, est-ce qu'il y a des moyens technologiques que vous aimeriez avoir et que vous n'avez pas les moyens d'acquérir? Par exemple, je sais que, quand vous obtenez une série de radios, tout à coup on a de meilleures radios. Il ne s'agit pas d'acheter une radio, mais un grand nombre de radios. Est-ce que ce genre de choses est toujours problématique?

M. Quealey : Absolument. Concernant la liste de souhaits, je n'ai rien mentionné, mais je reviendrais sur ce qu'a dit Randy au sujet du financement. Nous avons bien réussi à développer notre flotte de bateau en Colombie-Britannique, mais il faut savoir que cela s'est fait sur le dos des bénévoles qui ont donné du temps pour faire fonctionner cette flotte. Je compte sur trois bénévoles qui s'occupent du développement de notre flotte, qui s'occupent d'assurance de la qualité quand les bateaux sont construits et qui participent directement à la mise en œuvre. Je leur tire mon chapeau. C'est grâce à eux que le système fonctionne en Colombie-Britannique par exemple.

Si on parle des activités à venir et des complexités de ce matériel, c'est du haut de gamme. Évidemment que des fonds supplémentaires seraient les bienvenus, c'est sûr, car cela nous permettrait d'élargir notre approche de façon plus systématique et plus approfondie.

Randy a expliqué les limites des modèles de financement. L'accord de contribution que nous avons avec la Garde côtière en ce moment nous permet d'utiliser ces fonds seulement pour les immobilisations. Là encore, nous comptons sur un système de subventions tirées des loteries et sur les collectes de fonds de nos stations. C'est plutôt fragile comme méthode.

La sénatrice Raine : Est-ce que vous savez comment cela fonctionne en Europe et dans les pays où il existe un système bénévole de recherche et sauvetage?

M. Strandt : Il y a plusieurs modèles. Au Royaume-Uni, par exemple, c'est probablement une des organisations de bienfaisance les plus importantes. Des dizaines de millions de livres sont recueillies tous les ans : c'est une organisation largement reconnue là-bas. Dans d'autres pays, on utilise un modèle d'affiliation qui permet de recueillir des fonds grâce aux cotisations. Dans tous les cas, c'est une collecte de fonds ou une offre de services de nature charitable. Dans le modèle d'affiliation, ils fournissent un service aux affiliés, et cela marche très bien. Différents modèles sont appliqués dans différents pays, mais ils arrivent très bien à recueillir des fonds, c'est certain. Ils n'ont pas seulement du succès dans leurs opérations de sauvetage, mais aussi dans leurs collectes de fonds de classe internationale.

La sénatrice Raine : Passons à un tout autre sujet. Tous les membres du comité en sont très conscients. Pourriez-vous nous parler de l'interface entre votre organisation et les phares et les gardiens de phare? Nous croyons savoir qu'ils n'ont plus les bateaux de sauvetage qui servaient aux stations de phare. Est-ce que cela influe sur la rapidité d'intervention?

M. Strandt : Je ne peux pas vraiment vous répondre. Je n'ai pas eu à vivre ce genre de situation. Même à l'échelle régionale, je ne crois pas que nous ayons eu ce genre de problème. Probablement que vous ne vous adressez pas aux bonnes personnes à ce sujet.

La sénatrice Raine : Il n'arrive jamais qu'une station de phase soit une station de recherche et sauvetage?

M. Strandt : Pas à ma connaissance.

La sénatrice Raine : Est-ce que ce serait une possibilité d'après vous? Ces stations de phare sont des ressources valables et elles sont toujours situées dans des zones où des gens peuvent se trouver en difficulté dans l'océan. Cela semblerait être un élément naturel de collaboration.

M. Quealey : Pour répondre à votre première question, je ne sais pas non plus. Je sais que la Garde côtière s'organise de façon plus souple pour que ses ressources puissent remplir aussi des rôles secondaires. Nous avons tous, comme vous le savez, un rôle secondaire à remplir en vertu du droit de la mer. Si un phare ou une station de phase a la capacité de faire quelque chose en mer, ce ne serait pas nécessairement un rôle secondaire. Mais, pour répondre à votre question, je ne sais pas quel impact cela peut avoir à ce sujet.

M. Strandt : J'ajouterais qu'un de nos problèmes est que nous n'envoyons pas d'équipe composée de moins de deux personnes. Nous préférons en envoyer plus que deux, mais en tout cas il y en a toujours au moins deux sur le bateau.

Le sénateur McInnis : C'est intéressant. Évidemment, comme l'a dit le sénateur Enverga, notre étude a pour but de déterminer comment les services pourraient être améliorés et d'analyser certaines de vos difficultés. Et bien sûr que, pour beaucoup d'entre nous, c'est aussi un apprentissage. Je me place moi-même dans cette catégorie.

Selon une étude intéressante effectuée par Pêches et Océans, chaque dollar investi dans les bénévoles des opérations de recherche et sauvetage maritimes rapporte 37 $ au ministère et à la population canadienne. Cela ne devrait pas être si difficile de trouver de l'argent.

Je voudrais vous demander : à quoi ressemble votre budget? Quelles sont vos dépenses? J'imagine que l'entretien des bateaux est une dépense. Le carburant aussi.

M. Strandt : Sur les 5,2 millions de dollars que nous recueillons dans tout le pays — c'est un chiffre approximatif —, un bon tiers va à l'administration de l'organisation, autrement dit au personnel proprement dit, et M. Quealey en est un exemple. Un autre tiers va aux opérations, essentiellement au financement des stations, pour la formation et pour chaque opération. Tout l'entretien est fait par les stations. Elles utilisent les fonds que nous leur donnons pour entretenir les bateaux et elles doivent recueillir leurs propres fonds pour le reste. Un autre tiers va aux opérations en dehors des interventions en cas d'incident. Donc un tiers à la formation, un tiers aux opérations et un tiers à l'administration.

L'argent est remis soit au propriétaire du bateau, soit à la station communautaire responsable de l'entretien du bateau, du paiement du carburant, et cetera. On ne règle jamais directement de factures d'entretien ou de paiement de carburant. L'argent est remis à quelqu'un qui s'occupera de régler les factures.

Le sénateur McInnis : À qui appartient le bateau?

M. Strandt : Les bateaux appartiennent à la collectivité ou à des propriétaires privés.

Le sénateur McInnis : Ils prêtent leur bateau.

M. Strandt : C'est cela.

Le sénateur McInnis : Magnifique! Et combien y en a-t-il?

M. Strandt : Autour de 4 000.

M. Quealey : En Colombie-Britannique, le système est un peu différent à cause de la subvention tirée des loteries. Les bateaux appartiennent à des sociétés. Pour expliquer le lien, dans nos collectivités, nous avons des stations qui sont le bras opérationnel du Royal Canadian Marine Search and Rescue. Elles sont appuyées par des sociétés qui sont membres du RCM SAR, qui fournit un soutien en coulisses en recueillant des fonds et en demandant des subventions, par exemple. Ces activités font partie du partenariat indispensable à la collecte de fonds pour les bateaux. Comme je l'ai dit, une partie seulement est couverte par les subventions tirées des loteries.

Pour répondre à la question de la répartition des dépenses, dans notre région, nous recevons environ 1,3 million de dollars par an de la Garde côtière dans le cadre de notre accord de contribution, et cela finance un certain nombre d'activités. Nos livres comptables sont accessibles sur Internet. Les fonds vont à l'administration, aux opérations de recherche et sauvetage, à la formation et aux interventions en mer. Une petite partie du budget est réservée à la sensibilisation aux activités de recherche et sauvetage et à la sécurité de la navigation. Par exemple, on utilise les événements de participation communautaire pour sensibiliser la population à la sécurité et à la prudence sur l'eau et aux moyens d'éviter les incidents.

Il y a aussi les subventions tirées des loteries. Cette année, nous avons eu la chance de recevoir 3 millions de dollars de la province de la Colombie-Britannique, ce qui nous a permis de développer notre flotte. Ces subventions permettent aussi de financer les opérations. Le quartier général du Royal Canadian Marine Search and Rescue est financé par ces subventions.

Le troisième volet de notre financement est ce qui nous vient de donateurs qui consultent notre site web et constatent que c'est une organisation de bienfaisance valable, sans but lucratif, qui sauve des vies. Ils contribuent donc directement. Ce volet dépend beaucoup de la capacité des gens et des organismes à nous financer.

Le sénateur McInnis : Permettez que j'aborde un autre aspect. J'essaie de comprendre quand votre intervention est déclenchée. Disons qu'une personne est en détresse. Est-ce que c'est le Centre conjoint de coordination des opérations qui décide de vous envoyer ou d'envoyer la Garde côtière? Qui décide?

M. Strandt : C'est le contrôleur du Centre conjoint de coordination des opérations. Le contrôleur maritime, qui est un employé de la Garde côtière, choisit la ou les ressources qui conviennent le mieux. Dans beaucoup de cas, on envoie plus d'un bateau, selon la situation. C'est lui qui décide de la façon dont il faut intervenir.

Le sénateur McInnis : Dans ma ville natale, il y a un système de recherche et sauvetage. Ils ont un bateau, mais il n'est pas relié à votre organisation. C'est une organisation bénévole.

M. Strandt : Nous ne couvrons pas beaucoup les eaux intérieures. Nous avons parlé tout à l'heure de nos limites. Nous sommes limités aux eaux côtières ou aux eaux navigables, comme les appelle la Garde côtière je crois. Notre financement se limite à cela. Nous ne pouvons pas intervenir sur les lacs, à moins que ce soit un des Grands Lacs, ni sur des rivières ou d'autres cours d'eau éventuellement dangereux, et c'est certain qu'il y des gens qui sont blessés ou ont des accidents à ces endroits. Il y a bien une station de la C.-B. située sur un lac, mais c'est un exemple rare. C'est difficile pour nous de maintenir le financement de nos opérations et de les garantir dans le cadre de l'accord de contribution. Ces équipes de recherche et sauvetage terrestres sont responsables des lacs, et c'est pour cela qu'elles ont généralement des bateaux. Elles peuvent aller en mer aussi, mais elles ne dépendent pas de nous. La Garde côtière peut certainement faire appel à elles, le Centre conjoint de coordination des opérations aussi, mais ce serait fonction de leur présence sur place et du fait d'une situation immédiate dont elles auraient connaissance, mais elles ne font pas partie du programme comme tel.

Le sénateur McInnis : Mais elles seraient dans les ports. Environ 75 p. 100 de vos bénévoles sont des pêcheurs.

M. Strandt : Cela dépend où, mais oui, c'est vrai. Dans les Maritimes et à Terre-Neuve, on parle de presque 95 p. 100. Sur la côte Ouest, ce serait moins de 5 p. 100. Cela varie selon l'endroit. À l'échelle du pays, on parle peut-être de 50/50.

Le sénateur McInnis : Excellent. Merci.

La vice-présidente : Monsieur Strandt et monsieur Quealey, au nom des membres du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans, merci d'être venus nous parler du travail important de la Garde côtière auxiliaire canadienne.

M. Strandt : Merci de nous avoir accueillis.

La vice-présidente : Le comité poursuit son examen des activités de recherche et sauvetage maritimes et des difficultés et possibilités qui y sont associées. Accueillons maintenant Hank Williams, chef des opérations chez Cougar Helicopters Inc, Rick Banks, gestionnaire du Programme de recherche et sauvetage, et Steve Reid, conseiller consultatif en recherche et sauvetage.

Au nom des membres du comité, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. Je crois que vous avez des remarques préliminaires. Donc, pour permettre la discussion la plus large possible dans le temps qui nous est imparti, je vous prie de ne pas dépasser 12 minutes autant que possible. Merci.

Hank Williams, chef des opérations, Cougar Helicopters Inc. : Aucun problème. Merci, madame la présidente.

Merci à tous de nous permettre de vous parler d'un sujet important pour nous et pour tous les Canadiens : les opérations de recherche et sauvetage. Je voudrais commencer par féliciter les témoins qui nous précèdent, les auxiliaires et les centaines de bénévoles. Tous les Canadiens en sont fiers, c'est certain.

Le siège social de Cougar Helicopters est situé à St. John's, à Terre-Neuve. Nous nous occupons de recherche et sauvetage depuis plus de 20 ans. Je travaille pour Cougar Helicopters depuis 20 ans. C'est une longue période. Avant mon temps, Cougar Helicopters collaborait avec le ministère des Pêches et Océans (MPO), à partir de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, où l'entreprise s'occupait de surveillance et de certaines opérations de recherche et sauvetage spéciales.

Je crois que nous sommes vraiment entrés dans les opérations de recherche et sauvetage en 1997, quand l'entreprise d'exploitation pétrolière et gazière ExxonMobil nous a confié les services de transport de passagers vers les plates- formes pétrolières installées au large de Terre-Neuve. L'une des conditions du contrat était que nous devions aussi être premiers répondants de la zone d'exploitation, le 103e escadron à l'époque. On partait de Gander avec l'avion du Labrador. Nous avions besoin de quelque chose de local et rapide pour intervenir en cas d'incident pour le secteur pétrolier et gazier. Nous exploitons actuellement 11 aéronefs sur la côte Est du Canada. Deux d'entre eux sont en Nouvelle-Écosse et le reste se trouve sur notre base de St. John's.

Nos moyens en matière de recherche et sauvetage ont évolué depuis 20 ans. À une certaine époque, je parlais de nos capacités passives, mais, depuis 2010 et notre évolution vers un mode d'intervention amélioré, nous avons des cellules dédiées, des spécialistes en recherche et sauvetage dédiés et des heures de formation réservées.

Bien entendu, dans le type d'environnement où nous intervenons, la capacité dépend largement du genre d'aéronef utilisé. On n'est pas sous le soleil de Miami. On est sur la côte Est du Canada.

Notre principal aéronef est le Sikorsky S-92. C'est un hélicoptère tous temps, à quatre accès, à pilote automatique, à double palan, doté d'un système de vision nocturne et d'un système infrarouge à balayage frontal. Nous avons maintenant un simulateur de vol de niveau D à St. John's, où nous pouvons donner beaucoup de formation. Nous profitons également de l'expérience de membres d'équipage de l'ARC passés dans le civil. Non seulement nous avons beaucoup de techniciens de sauvetage, mais aussi du personnel navigant et quelques mécaniciens aéronautiques ayant une expérience militaire.

Nous avons un centre de contrôle opérationnel qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est le centre de régulation des vols. Quand je parle de service aérien de type D ou de régulation des vols en coresponsabilité, cela correspond en gros à la façon dont fonctionne un appareil à voilure fixe, où un pilote et un répartiteur dressent un plan de vol et s'entendent sur ce plan et en assument ensemble la responsabilité avant de le suivre.

Avant de parler plus en détail de Cougar, je voudrais parler des deux personnes qui sont avec moi. J'estime que ce sont des experts des activités de Cougar. Rick travaille avec moi depuis un certain temps, et je n'ai jamais vu deux hommes plus passionnés de recherche et sauvetage et plus dévoués à leur mission de sauver des vies. Ils sont toujours en train de se demander comment faire mieux pour les Canadiens.

Pour vous expliquer un peu la situation, la participation de Cougar aux opérations de recherche et sauvetage est entièrement prévue par mandat et contrat avec les entreprises d'exploitation pétrolière et gazière qui nous ont confié la tâche de protéger leurs biens et leurs effectifs sur le terrain. C'est tout un défi pour nous. Nous collaborons de près avec les JRCC, plus précisément à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et c'en est presque au point que nous avons des contacts quotidiens. Nous veillons à ce qu'ils connaissent nos ressources et nos moyens et ils font de même. S'il y a une mission dans une autre partie de la province ou du territoire, ils vérifient où sont nos ressources pour savoir sur quoi ils peuvent compter en cas d'urgence.

Pour nous, comme je l'ai dit tout à l'heure, le défi est que nos ressources sont mises entièrement à la disposition de l'entreprise pétrolière et gazière. Pour effectuer une opération civile ou une opération demandée par un JRCC, je dois obtenir l'autorisation des entreprises pétrolières pour libérer des ressources. Nous sommes liés par contrat, mais comment dire non? Nous avons fait un bon nombre de missions depuis des années et nous n'avons jamais dit non, mais ces ressources ne sont pas toujours disponibles.

Les entreprises pétrolières et gazières estiment que, lorsqu'elles n'ont pas accès à leurs moyens de recherche et sauvetage dédiés, si nous les emportons dans un autre secteur de la région, c'est un risque massif pour leur personnel, leurs effectifs et leurs biens en mer. Donc, c'est un peu un problème pour nous.

Nous avons une idée de ce que nous aimerions faire. Quand on parle de disponibilité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, on parle de délai d'intervention à 20 minutes d'avis 365 jours par année. Notre infrastructure à St. John's est construite comme une caserne de pompiers. Nos techniciens, nos mécaniciens et nos équipages dorment sur place pour pouvoir agir dans un délai de 20 minutes.

Nous voulons devenir un fournisseur de services de recherche et sauvetage aéronautiques reconnu par le gouvernement fédéral, offrant des services et moyens à valeur ajoutée à titre de complément, et j'insiste sur ce mot, à la mission et au programme de recherche et sauvetage d'aujourd'hui à l'échelle nationale.

Steve et Rick le savent bien : si on examine la répartition des ressources du programme à l'échelle nationale, le Nord est très exposé. J'ai parlé avec beaucoup de gens dans des endroits comme Iqaluit, compte tenu de l'ouverture du Passage du Nord-Ouest et de la circulation de navires de croisière dans cette zone. Nous pensons qu'il faut reconsidérer le modèle concernant l'offre de ce genre de services.

Je ne prendrai pas plus de temps à vous expliquer qui nous sommes et ce que nous sommes. Nos moyens sont aujourd'hui très solides. J'aimerais passer la parole à Steve et Rick pour qu'ils vous parlent de ce qui est important pour eux.

Rick Banks, gestionnaire, Programme de recherche et sauvetage, Cougar Helicopters Inc. : Merci au comité de nous avoir invités.

Je voudrais faire un peu d'histoire. Notre entreprise a une expérience profonde des opérations de recherche et sauvetage, et cela couvre trois continents. Je pense que nous sommes d'accord là-dessus. Il n'y a pas que le Canada. Nous avons des compétences et des moyens qui se sont structurés au cours des dernières années.

Pour ce qui est des régions où nous intervenons, il n'y a pas que la côte Est. Nous sommes allés à Barrow, en Alaska. Nous avons fait partie des opérations d'installation de ressources de recherche et sauvetage pour nos clients sur le versant nord de l'Alaska. Nous avons eu des contrats à Tuktoyaktuk et à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest; nous avons deux bases à Ilulissat et à Nuuk, au Groenland; il y a aussi le golfe du Mexique, jusqu'à Galliano, en Louisiane, depuis un certain nombre d'années.

Pour vous donner une idée plus précise, ce n'est pas seulement pour les entreprises pétrolières et gazières que nous allons dans ces endroits. Nous allons si loin que les centres conjoints de coordination des opérations de sauvetage connaissent nos moyens, ils connaissent nos niveaux d'intervention et ils savent que nous sommes sur place. Nous sommes une ressource tangible, qu'on peut solliciter, et on nous a confié de nombreuses opérations de recherche et sauvetage civiles dans tous ces endroits. Cela comprend de l'assistance humanitaire, qu'on parle d'un randonneur égaré, d'un touriste victime d'une crise cardiaque en pleine toundra ou de personnes embarquées pour être soignées. Il y a toutes sortes de situations. Quand on est sur place, c'est fou comme on nous considère comme faisant partie de la maison.

Hank a dit que c'était un peu compliqué parce que nous sommes sous contrat et que nous travaillons pour une entreprise. On veut intervenir et on est fier de le faire, et les gars sont toujours prêts, mais c'est toujours un peu difficile. Nous aimerions être reconnus comme fournisseur de services de recherche et sauvetage par le gouvernement fédéral, et nous pensons que c'est effectivement notre avenir. Nous en avons les moyens et les compétences.

Quant à moi, j'ai été technicien en matière de recherche et sauvetage pour l'ARC pendant 20 ans, et plusieurs de mes collègues viennent de ce groupe. Environ 85 p. 100 de nos effectifs actuels sont d'ex-militaires de l'ARC que nous avons sélectionnés à leur sortie de l'armée. On a eu de la chance. On ne leur court pas après. Nous savons qu'ils quittent l'armée, et je pense que c'est une excellente transition pour eux.

Nous aimons le Nord canadien et nous sommes des spécialistes de ce genre d'installations. Nous avons eu la chance de donner des moyens à ces gens, parce que c'est une zone très vaste, non seulement du point de vue maritime, mais du point de vue terrestre.

Merci de nous avoir invités aujourd'hui.

Steve Reid, conseiller consultatif, Recherche et sauvetage, Cougar Helicopters Inc. : Je vous remercie, moi aussi, de nous avoir invités. Je suis heureux également d'apporter mon appui à Cougar Helicopters. Je vais expliquer un peu mon rôle.

Je considère que je fais partie de l'équipe de Cougar Helicopters, bien que je ne sois pas un employé de l'entreprise. Je collabore avec Cougar depuis quelques mois pour comprendre exactement le but de l'étude du comité, qui est de déterminer les possibilités d'amélioration qui permettraient de concrétiser l'objectif national en matière de recherche et sauvetage. J'étais pilote d'hélicoptère dans l'ARC, j'ai 20 ans de service comme officier et j'ai commandé l'un des premiers escadrons de recherche et sauvetage, et c'est la raison pour laquelle Cougar m'a demandé de mettre mon expérience à contribution et de contribuer à l'analyse de certaines des difficultés actuelles et à la recherche des moyens de régler certains problèmes de façon cordiale, compatible, organisée et efficace.

On peut tous comprendre que le Canada a probablement le plus de problèmes au monde quand il s'agit de fournir des services de recherche et sauvetage. Notre secteur de responsabilité est énorme. Je partage les sentiments exprimés par les témoins précédents. Ils ont très bien expliqué la nécessité d'une approche concertée. Les partenariats sont importants, et il faut mettre en commun la valeur ajoutée de chacun et tirer parti des possibilités d'offrir les services que les Canadiens attendent et méritent. Cela ne peut arriver que par la collaboration, le partenariat, la création et le développement des relations pour que les gens sachent que, quand ils appellent à l'aide, on enverra le genre de ressource qui convient et qui les tirera d'affaire. Ils se fichent de savoir si c'est un bateau jaune, bleu ou blanc ou si c'est un bénévole ou un professionnel. Tout ce qu'ils savent, c'est que, à ce moment-là, ils ont besoin d'aide.

Durant les 10 années où j'ai commandé le 103e escadron de recherche et sauvetage, j'ai collaboré avec Cougar pour garder des liens solides. Pendant ce temps-là, ils me piquaient des gens de valeur et me mettaient au défi de remplir mon mandat, et c'est certainement l'une des difficultés du système canadien de recherche et sauvetage, surtout du côté aéronautique. Nous sommes ici pour parler d'opérations de recherche et sauvetage maritimes, mais c'est important d'examiner les trois volets de ces opérations comme un tout parce qu'ils sont intégrés et qu'il faut une approche intégrée.

Quand on veut mesurer le rendement et calculer la valeur et le rendement sur investissement que nous obtenons de notre système — autrement dit : est-ce qu'il est efficace, est-ce qu'il est là où il doit être —, eh bien, il est très difficile de s'en faire une idée sans un mécanisme ou un organisme principal qui permette d'établir une politique nationale et de poursuivre des objectifs nationaux.

Il faut redire qu'il y a le volet aérien, le volet maritime et le volet terrestre. Si on remonte l'histoire, on sait que les opérations de recherche et sauvetage ont commencé dans les années 1940, après la Seconde Guerre mondiale, quand la collectivité internationale a reconnu que, à l'échelle globale, il fallait faire face aux tendances émergentes en aviation et qu'on a décidé qui enverrait les équipes de recherche dans les eaux fédérales, les océans et les eaux navigables des Grands Lacs pour nous. À l'époque, le gouvernement avait accepté d'en prendre la responsabilité, mais il avait aussi précisé que tout ce qui ne concernait pas un avion en détresse ou un incident dans les eaux fédérales devrait être réglé par les provinces et territoires.

Cinquante ans plus tard, les moyens sont probablement supérieurs à ce qu'on entrevoyait à l'époque, notamment du côté des hélicoptères. Aujourd'hui, on parle plus de sauvetage que de recherche. C'est ce qui compte de nos jours. Quand on a des entreprises comme Cougar Helicopters qui peuvent offrir ce genre de moyens, il faut en tirer parti.

Leur problème, c'est que, jusqu'ici, il n'y a qu'un seul fournisseur de services de recherche et sauvetage aéronautique reconnu par le gouvernement fédéral, c'est la force aérienne. Durant ses 70 années d'activité, la force aérienne a produit une norme de sécurité, parce que cela peut être dangereux. J'ai vécu des choses terribles et j'ai perdu des amis dans un accident d'avion qui nous a fait vraiment comprendre l'importance de s'assurer que nous avons des gens capables, bien formés et équipés pour intervenir et répondre aux besoins des Canadiens.

La force aérienne a fait de l'excellent travail, mais peut-être que la demande dépasse les moyens aujourd'hui et qu'il faut envisager d'autres façons de tirer parti des possibilités, mais d'une manière logique. On ne peut pas espérer avoir un hélicoptère dans chaque ville ni même peut-être dans chaque province — cela coûte très cher à exploiter —, mais on peut s'organiser de façon intelligente et logique à l'avantage des Canadiens.

C'est pour cela que je suis ici, pour offrir de l'aide. Je suis heureux de pouvoir donner mon avis ou de l'information.

La vice-présidente : Merci beaucoup. La première question sera posée par la sénatrice Stewart Olsen.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci, messieurs, d'être parmi nous et merci de vos exposés. Qui vous appellerait en cas d'urgence?

M. Williams : Les CCCOS. Quand on dit que nous sommes des premiers répondants, on sait que toutes nos ressources sont destinées aux entreprises pétrolières, qu'on parle d'un bateau d'approvisionnement, d'un hélicoptère, et cetera. Notre centre de régulation des vols le saurait immédiatement, mais c'est un exercice de déclenchement simultané.

La sénatrice Stewart Olsen : Donc ils sauraient qu'ils n'ont pas de ressource disponible et ils vous appelleraient?

M. Williams : C'est cela.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce que vous êtes payés pour les missions que vous faites pour eux?

M. Williams : Nous n'avons jamais rien facturé jusqu'ici.

La sénatrice Stewart Olsen : Comment se passe la formation de vos équipes à bord? Je suppose que vous avez un pilote d'hélicoptère et peut-être un copilote. Combien avez-vous de membres dans l'équipe?

M. Banks : Notre équipe ressemble à ce qui se passe dans l'armée actuellement. Nous avons deux pilotes — un commandant et un copilote —, un opérateur de palan et deux secouristes. Comme nous couvrons de grandes distances, nous ne partons jamais avec deux à l'arrière parce qu'il faut une réserve si un des hommes a des difficultés.

Nos systèmes actuels suivent des normes similaires à celles de l'armée. Nous essayons de notre mieux de respecter ces normes parce qu'elles ont fait leurs preuves. La formation est approfondie et compte plusieurs niveaux. On nous donne 60 heures par mois pour nous entraîner. Notre quart de jour est généralement aérien, à raison d'une heure et demie d'entraînement par jour, que cela soit au-dessus de l'océan, sur un bateau ou en pleine mer. Ceux qui travaillent sur l'eau avec des canots peuvent être sur des lacs ou en forêt pour expérimenter des situations de difficulté et d'atterrissage dans des zones exiguës et ce genre de choses. Nous devons faire face à toutes sortes de situations. Même si les opérations maritimes forment l'essentiel de notre travail sous contrat, nous avons des activités dérivées qui nous permettent de maintenir nos compétences dans tous les domaines.

En général, chaque quart de jour et de nuit compte une heure et demie de formation, et on passe aux lunettes de vision nocturne, et les équipes passent du jour à la nuit durant leurs quarts. Il y a un quart de jour de 12 heures suivi d'un quart de nuit de 12 heures. Comme je l'ai dit, c'est comme un programme de caserne de pompiers.

Nous avons une fenêtre de lancement ou un délai de 20 minutes, mais nous sommes généralement dans les airs en 11 minutes. Nous avons réduit ce délai et atténué les risques grâce à une gestion et une évaluation approfondies des risques, et nous avons construit un hangar en 2012 pour assurer la transition et faciliter l'intervention avec des gens qui se trouvent dans le gymnase ou dans la section médicale.

Nous avons des compétences médicales approfondies sous la surveillance d'un médecin praticien. Nous faisons des interventions que votre ambulancier ne ferait pas. Nous faisons des intraveineuses et administrons des narcotiques pour soulager la douleur. Nous pouvons procéder à des décompressions thoraciques et pratiquer toutes sortes d'autres manœuvres d'urgence au besoin. Quand on arrive près de la personne en détresse, ce n'est déjà plus l'heure d'or. On doit pouvoir la ramasser au pire moment et la ramener. On a donc besoin de compétences approfondies pour atténuer les traumatismes que nous constatons.

Là encore, nos pilotes, d'un bout à l'autre du spectre, ont une formation approfondie, eux aussi. Nous avons du matériel de formation pour les pilotes. Il y a un simulateur de vol qui leur permet de s'entraîner au sol, puis ils peuvent s'entraîner dans les airs et ensuite à des opérations de recherche et sauvetage. C'est plus intensif qu'on penserait. C'est beaucoup plus approfondi que ce qu'on exige d'un pilote en mer transportant des passagers. Il y a plus de critères à remplir pour faire faire de cette équipe sélecte.

La sénatrice Stewart Olsen : Quand vous êtes en vol, est-ce que vous êtes en communication constante avec le quartier général ou avec ceux qui vous ont envoyés? Comment est-ce que cela se passe?

M. Williams : Comme je l'ai expliqué, nous avons un centre opérationnel et un système de régulation et de suivi des vols qui fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Notre hélicoptère est suivi à chaque étape du vol depuis le centre de régulation et par satellite de communication entre l'hélicoptère et le répartiteur. S'il y avait une urgence durant le vol ou sur un bateau, le répartiteur activerait le système d'intervention.

La sénatrice Stewart Olsen : Je suis désolée de prendre du temps supplémentaire. Donc, si vous êtes en vol et que vous avez secouru quelqu'un, qui contactez-vous? Votre répartiteur ou directement?

M. Williams : Un jour, un CCCOS nous a demandé de faire une intervention civile, exactement. Notre répartiteur a communiqué avec le CCCOS. Dans une situation réelle, les deux pourraient être là. Nous pourrions être là comme premiers répondants, et ensuite — comme Steve le sait bien — il y aurait les communications de l'hélicoptère, mais vers les centres de régulation de chacun.

M. Reid : Il n'y a pas vraiment de différence entre une intervention de Cougar et une autre en termes de communications et de coordination. Quand le système fédéral demande de l'aide, on est sur la même longueur d'onde en termes d'efficacité. Il n'y a pas vraiment de différence.

La sénatrice Stewart Olsen : Donc c'est plutôt homogène.

M. Reid : Oui.

M. Banks : Je voudrais ajouter que, pour qu'il y ait cette homogénéité, on fait un exercice annuel avec nos homologues militaires de l'ARC. Quand ils sont à St. John's pendant une semaine pour leur exercice, nous passons presque deux jours avec eux. Nous invitons les CCCOS. Nous faisons quelques simulations, et les exercices se font de nuit et de jour, toujours en zone maritime. Donc on utilise le treuillage à partir d'un bateau que nous louons et nous lançons des opérations dans des délais différents en faisant semblant qu'ils arrivent de Gander, et ensuite ils entrent en jeu. Il y aura la passerelle de communications pour le commandant sur place pour qu'il n'y ait pas d'erreur, et, quand les choses arrivent réellement, tout le monde sait jouer son rôle.

La sénatrice Poirier : J'ai quelques questions. L'une d'elles fait suite à ce que ma collègue a demandé. Si j'ai bien compris, vous êtes un organisme sans but lucratif. Vous êtes une entreprise, n'est-ce pas?

M. Williams : C'est exact.

La sénatrice Poirier : Et vous avez un contrat avec une entreprise d'exploitation pétrolière et gazière en mer.

M. Williams : C'est cela.

La sénatrice Poirier : Vous avez dit à ma collègue que vous intervenez gratuitement quand le CCCOS vous demande de l'aide, c'est bien cela?

M. Williams : D'accord. La plupart des missions ou des choses que nous faisons font partie de notre domaine d'activité. J'ai parlé de risque tout à l'heure. Donc, si on nous demande d'aller porter secours à un pêcheur à 30 milles de St. John's, nous ne faisons pas courir de risque à nos effectifs en mer. On peut encore intervenir pour eux également. Une ressource peut être orientée dans un sens ou dans l'autre.

La difficulté, c'est quand on nous appelle en dehors de notre région. L'hélicoptère doit alors être exclu du contrat avec les entreprises pétrolières parce qu'il n'est plus disponible.

C'est une organisation en coulisses très compliquée. L'équipage et les mécaniciens qui se préparent ne le voient pas. C'est comme le canard sur l'eau. Personne ne voit ses pattes, mais il se déplace très gracieusement.

La plupart de nos missions, depuis des années, ont été effectuées dans notre région, et nous n'avons aucun problème à faire des recherches dans le secteur où nous faisons notre entraînement. Il est arrivé quelques fois que nous soyons appelés en dehors de notre région, et, jusqu'ici, nous n'avons rien facturé pour cela.

La sénatrice Poirier : Vos finances ou votre budget d'entreprise viennent de vos contrats avec des entreprises pétrolières et gazières?

M. Williams : Oui. Je dois dire que nos clients du secteur pétrolier et gazier paient le prix fort pour avoir ces ressources, ces gens et tout cela, et ils nous encouragent à travailler selon certains paramètres avec la force aérienne. Parce que, comme je le disais : comment refuser? On ne peut pas. Il faut donc avoir un certain cadre.

Je pense que la difficulté, pour moi, comme chef des opérations est que nous faisons cela de façon très informelle, et nous voulons rendre cela plus formel pour savoir exactement ce que nous faisons et connaître nos limites.

J'ai dit que nous avons les moyens et tout cela, mais il faut avoir des ressources où on peut embarquer ces pilotes et ces mécaniciens. Je n'ai pas toujours ce qu'il faut, parce que la ressource est ailleurs et fait ce qu'elle doit faire selon le contrat conclu et payé.

La sénatrice Poirier : Comme entreprise, vous effectuez aussi des opérations à l'étranger et dans d'autres régions du Canada. Est-ce que ces opérations sont également liées au secteur pétrolier et gazier?

M. Williams : Oui, en effet.

La sénatrice Poirier : Quand vous faites ce genre de travail pour le secteur d'exploitation pétrolière et gazière en mer, est-ce que vous avez besoin de matériel particulier comparativement à d'autres opérations maritimes? Est-ce que vous avez besoin de matériel différent?

M. Williams : En général, quand on reçoit une demande de proposition pour des opérations au Groenland, par exemple, les entreprises pétrolières doivent préciser le niveau de recherche et sauvetage dont elles ont besoin. Il y a différents niveaux de capacité. On parle de LimSAR ou capacité limitée, un treuil sur un hélicoptère. Sur la côte Est du Canada, nous sommes engagés pour des opérations complètes de recherche et sauvetage : cela inclut le système de vision nocturne et le système infrarouge à balayage frontal, la formation, et tout le reste.

Un contrat classique dans ce cas indiquera le niveau de recherche et sauvetage dont l'entreprise a besoin. Par exemple, certains opérateurs diront : « J'ai seulement besoin d'opérations de vol à vue. » On ne lancera donc pas de programme de lunettes de vision nocturne. Le niveau de service dans la région est déterminé par le contrat et ses stipulations.

La sénatrice Poirier : Merci.

Le sénateur McInnis : Merci, messieurs. Est-ce que vous pensez que Cougar pourrait jouer un rôle plus important en matière de recherche et sauvetage?

M. Williams : Tout à fait. Je peux parler en tant que citoyen canadien ou en tant que représentant de Cougar, mais je pense que ces deux messieurs en ont parlé. Ils connaissent l'Arctique et y sont allés pour des opérations de sauvetage quand ils étaient à Terre-Neuve et dans différents endroits. Il faudrait développer un modèle pour fournir des ressources dans cette région, et Cougar aimerait faire partie de ce modèle.

Dans mes remarques préliminaires, j'ai parlé d'être un complément de la force aérienne canadienne, parce que j'admire tout ce qu'ils font, mais nous avons parlé de la région qu'ils doivent couvrir. Nous envisageons un modèle permettant de travailler en complément et en collaboration.

Vous avez parlé de programmes de formation, de normes, de formation de personnel. Nous avons un excellent programme de formation. Nous avons aussi un simulateur de vol S-92 actuellement à Terre-Neuve. Qui aurait dit que nous aurions cet appareil ici? Eh bien, c'est fait. Les moyens de formation dont nous disposons, si nous collaborons étroitement... quand je parle de ressources, je parle de matériel et je parle de personnel.

Je crois que vous avez dit que quelques-uns de vos membres sont venus vers nous, mais nous avons fait très attention de ne pas appauvrir le centre du 103e escadron à Gander, parce qu'ils nous fournissent des services également. Nous avons fait très attention quand nous avons ramené les gens.

Je pense qu'il y a matière à collaboration et qu'on peut imaginer un modèle permettant de se compléter dans certaines régions.

Le sénateur McInnis : Et peut-être prendre en charge une partie de ce que font actuellement les militaires.

M. Reid : Nous avons élaboré une stratégie qui serait une solution complémentaire, compte tenu d'un rôle de sous- traitance auprès de la force aérienne pour ajouter de la capacité, une valeur ajoutée. Comme le Canada est immense, si on n'a pas de modèle de durabilité à l'appui d'une ressource une fois qu'elle est affectée, jusqu'à la fin de sa mission, et ensuite régénérée, cela ne marchera pas. Le Canada est trop vaste pour cela. Il faut ajouter certaines pièces au puzzle, il faut ajouter d'autres pièces au puzzle. Cela coûte moins cher d'ajouter une pièce que de la séparer complètement et de s'attendre ensuite à ce qu'une entité fournisse le service. Il y a là une possibilité, et nous espérons ouvrir le dialogue avec la force aérienne.

M. Williams : Je pense à ce que disait Steve, je crois, au sujet d'une juridiction comme le Nunavut, où la responsabilité est à la fois fédérale et territoriale, et où ils doivent collaborer et partager les ressources ou les moyens que vous mettrez à la disposition de la région. Il faut que ce soit terrestre, maritime et aéronautique. Cela n'aurait pas de sens de séparer les opérations.

Le sénateur McInnis : L'armée procède de cette façon, n'est-ce pas?

M. Reid : Non, l'armée ne s'occupe pas d'opérations de recherche et sauvetage territoriales ou provinciales. C'est une lacune. C'est différent dans chaque province. Certaines provinces ont plus de moyens que d'autres pour effectuer des opérations terrestres avec une intervention aéronautique, mais les difficultés sont extraordinaires. Terre-Neuve, le Nord et la Colombie-Britannique ont des problèmes énormes, et, malheureusement, ce sont les pires situations où il n'y a pas d'alignement ou encore que les moyens sont insuffisants pour répondre aux besoins. C'est à ce moment-là qu'on peut demander l'aide du gouvernement fédéral et qu'une ressource de l'ARC peut être demandée par le biais du CCCOS. Mais, jusque-là, c'est la province ou le territoire qui est censé se débrouiller pour intervenir avec son propre système de recherche et sauvetage aéronautique. Le problème est qu'il n'y a pas de norme civile permettant à une organisation d'hélicoptères Cougar de produire ce genre de moyen parce que la norme de service, de formation et de développement est celle de la force aérienne.

Ce serait une amélioration bienvenue si un gouvernement territorial pouvait dire, par exemple, qu'il a besoin d'une ressource d'intervention aéronautique dans un certain endroit du Nord pour répondre aux besoins terrestres et s'il pouvait approcher une entreprise d'hélicoptères Cougar pour lui proposer un contrat le chargeant d'offrir ce service. La force aérienne pourrait alors dire : « Puisque vous êtes sur place, nous ferons appel à vous également. »

En fait, il y a trois types de demandes de services de recherche et sauvetage : les incidents aériens, les incidents maritimes et les incidents terrestres. Cela ne semble pas très logique de passer contrat pour une ressource concernant un volet seulement. On peut penser qu'il faut prévoir les trois puisqu'on atteindra ainsi le maximum d'efficacité et le maximum de rendement sur investissement.

Du point de vue de la coordination, l'organisation qui a toute l'expertise nécessaire pour la coordination des opérations aéronautiques est la force aérienne, et elle remplit très bien son rôle. Le fait qu'il y ait un seul no de téléphone à appeler pour obtenir une intervention aéronautique dédiée, qu'on parle de Halifax, de Trenton ou de Victoria, est extrêmement efficace. Il n'y a aucune raison de ne pas avoir une capacité à valeur ajoutée dans d'autres endroits sur le même modèle. C'est simplement une entité civile, et le système de recherche et sauvetage du Canada s'appuie énormément sur les partenariats civils. La seule organisation dans ce système qui ne soit pas civile est la force aérienne.

Le sénateur McInnis : En quoi y a-t-il valeur ajoutée?

M. Reid : Au sens où on ajoute des moyens dans un endroit où il n'y a pas de protection actuellement, mais le même traitement. Si un incident se produit, on va solliciter cette ressource comme si c'était le même genre d'escadron de la force aérienne qui existe ailleurs. Ce sont les mêmes personnes, les mêmes moyens, mais c'est une question de communications et d'alignement.

Le sénateur McInnis : Sous le contrôle de la force aérienne, n'est-ce pas?

M. Reid : En effet. La coordination ne change pas, et elle ne devrait pas changer. La force aérienne a également, sur le plan stratégique, un système fantastique de coordination et d'intervention en cas de besoin. Elle a beaucoup de ressources à mettre en œuvre si une catastrophe se produit. Si une ressource n'est pas disponible, elle peut faire appel à une autre. Même si cela s'écarte d'un mandat strict de recherche et sauvetage, elle peut offrir du transport aérien. Il y a les hélicoptères et elle peut aussi faire appel à la Marine. Du point de vue de la coordination, son expérience est fabuleuse.

Le sénateur McInnis : Donc vous vous orientez déjà dans cette direction, n'est-ce pas?

M. Williams : C'est ce que nous aimerions faire.

M. Reid : Nous avons demandé à la force aérienne de l'envisager et d'ouvrir le dialogue pour voir s'il est possible, en réfléchissant hors des sentiers battus et sans priver ni menacer personne, d'ajouter aux systèmes existants, de leur ajouter de la valeur.

M. Banks : Il faut comprendre que nous venons de ce monde et que nous l'avons vu plusieurs fois. Steve et moi avons vécu dans le Nord et y avons fait ces missions. Le simple éloignement et quelques-uns des risques que nous avons constatés en enfilant nos parachutistes dans le Grand Nord, 27 heures avant qu'un hélicoptère puisse atteindre le lieu de l'incident, tout cela les expose au danger également, il n'y a pas que les victimes. On peut organiser quelques-uns de ces secteurs éloignés, on peut réduire considérablement le délai d'intervention et on peut fournir des ressources aux gens du Nord pour éviter d'envoyer dans le Nord des ressources qui doivent rester dans le Sud pour continuer de remplir leur mandat. Il y a toutes sortes de solutions.

Le sénateur McInnis : Le Nord est effectivement un problème dont on nous a parlé à quelques reprises.

Le sénateur Enverga : Merci de votre exposé. Vous étiez là quand j'ai demandé aux témoins précédents ce qu'ils souhaiteraient, et j'espérais qu'ils parlent de Cougar.

Ma question est la suivante : si on envisageait d'intégrer Cougar au système de recherche et sauvetage, de quel ordre de grandeur serait la valeur en dollars? Est-ce que ce serait aussi rentable ou plus rentable que ce que nous avons actuellement, comme la force aérienne? Est-ce que cela coûterait moins cher à exploiter?

M. Williams : Ce serait une expansion de ce qui existe déjà. On ne parle pas de supprimer quoi que ce soit. C'est une expansion. Oui, il y a une valeur en dollars associée à cela. Nous vous avons parlé de la plate-forme S-92. Je pense que Cougar peut tirer parti des ressources réservées à ses clients des entreprises pétrolières et gazières en mer pour le transport de passagers. Nous avons 11 hélicoptères sur la côte Est du Canada. Nous avons pour environ 30 millions de dollars de pièces de rechange pour ces appareils. Si nous placions un ou deux appareils dans des endroits stratégiques, ils pourraient être appuyés par l'infrastructure déjà en place. Il n'est pas nécessaire de construire toute une infrastructure pour appuyer une base — notre centre de régulation, nos équipes d'entretien, nos programmes de formation et la disponibilité de pièces de rechange.

J'aimerais ajouter une chose : le programme de recherche et sauvetage que nous fournissons actuellement aux entreprises pétrolières et gazières affiche des statistiques de fiabilité magnifiques, et c'est parce que nous n'apportons pas des éléments ou quoi que ce soit à l'appui d'un ou deux appareils, mais de 11 ou 12 appareils dans une même région. La disponibilité d'appareils est magnifique.

Le sénateur Enverga : Je sais que votre délai d'intervention est plus rapide de 10 minutes, passant de 30 à 20. Est-ce que vous pensez pouvoir garder ce délai d'intervention de 20 minutes sur tout le littoral canadien?

M. Williams : Rick a parlé de quelque chose d'important au sujet des petites choses que nous faisons. Nous avons construit un hangar de 18 pieds plus profond pour pouvoir y relier un remorqueur 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour éviter de perdre deux minutes à relier un remorqueur qui remorquera l'appareil à l'extérieur. Il faut une installation adaptée pour arriver à un délai de 20 minutes. Tu ne crois pas, Rick?

M. Banks : Il faut évaluer les risques. Il faut des méthodes de gestion du changement. Il faut faire les choses de telle façon qu'on est sûr. Nous sommes passés d'un délai d'une heure à 45 minutes, puis 30, puis 20, et je pense que c'est la limite. Même si on arrive parfois ou presque tout le temps à faire moins, il faut fixer un chiffre et dire : « C'est une zone sûre et on n'acceptera rien de moins. » Mais je pense que, aujourd'hui, nos équipes ont fait la preuve que c'est efficace, sûr et sans risque et que c'est dû à la façon dont c'est organisé. On peut faire la même chose dans n'importe quel endroit stratégique.

M. Williams : Le facteur le plus important dans la réduction du délai d'une heure à 30 ou 20 minutes, ce sont les équipes sur place. Il faut imiter le fonctionnement d'une caserne de pompiers pour arriver à un délai d'intervention de 20 minutes. On peut perdre 20 minutes simplement à sortir du lit. Ces 20 minutes englobent beaucoup de choses, mais, à mon avis, au départ il doit y avoir une installation adaptée où l'équipe est sur place. La combinaison est sur place.

Le sénateur Enverga : Vous avez dit que vous avez déjà du matériel, mais en quoi est-ce que vous êtes comparable à la force aérienne? Qu'est-ce que vous avez qu'elle n'a pas? Est-ce que vous êtes mieux équipés que la force aérienne?

M. Reid : La raison pour laquelle je tiens à répondre à cette question est que, il y a trois mois, on m'a demandé des conseils et on m'a posé la question : Pourquoi sommes-nous différents? En quoi sommes-nous différents? Quelles sont nos difficultés? Pourquoi ne pouvons-nous pas gagner du terrain comme solution comparable ou réputée pour ajouter de la valeur au système de recherche et sauvetage?

J'ai commencé par refuser parce que je n'avais pas envie d'être celui qui expose les différences entre cette organisation et une organisation de la force aérienne. Je connais bien ces différences. J'ai passé beaucoup de temps dans la force aérienne. J'ai écrit un article intitulé 30-minute Continuous Readiness Posture Force Generation Analysis quand je travaillais dans les Forces canadiennes comme conseiller stratégique en matière de recherche et sauvetage, ici au quartier général de la Défense nationale. J'ai vraiment réfléchi aux conditions de durabilité d'un système de recherche et sauvetage aéronautique. Je suis retourné les voir par la suite et je leur ai dit : « Finalement, je vais le faire et je vais vous donner les conseils que vous avez demandés parce qu'il y a vraiment de belles possibilités ici, mais vous devez savoir quelles sont les différences pour les reconnaître, apporter certaines modifications et savoir exactement ce qu'il faut pour offrir le même niveau de service que ce qui est demandé et que la force aérienne offre. » C'est cela le va- et-vient des trois derniers mois.

Il y a des difficultés, et d'abord le fait qu'il n'y a pas de normes civiles permettant de produire et de construire leurs propres ressources. Qu'on le veuille ou non, la force aérienne est reliée au système civil de recherche et sauvetage pour les prochaines années, et on ne peut pas faire autrement que de demander aux gens de cette organisation de partager leur expérience parce qu'il n'y a rien qui ressemble à une licence SAR au Canada. Il existe une licence de pilote de transport aérien et diverses catégories de services aéronautiques civils, mais il n'y a pas de licence reconnue en matière de recherche et sauvetage dans le civil. C'est un gros problème.

L'autre difficulté importante au Canada est que, lorsqu'un appareil de recherche et sauvetage est sollicité, il peut avoir à parcourir 1 000 milles avant d'arriver sur les lieux de l'incident. Il y a beaucoup de difficultés à surmonter sur un parcours de 1 000 milles, dont le fait de garantir que la ressource peut tenir sur une période de 24 heures. Par exemple, est-ce qu'il peut y avoir échange d'équipe si l'appareil tombe en panne en cours de route? Est-ce qu'on peut acheminer des pièces de rechange et du personnel pour que le système reste fonctionnel? C'est ce que la force aérienne a en abondance. Elle peut garantir un appui, pas seulement avec une ressource, mais avec une équipe de ressources. Que ce soit deux hélicoptères ou un bateau de la Garde côtière ou de la Garde côtière auxiliaire, l'équipe travaille en collaboration pour obtenir le résultat nécessaire.

Pour que Cougar soit un atout dans le système de recherche et sauvetage aéronautique ou terrestre, il ne faut pas l'envisager en propre, car elle ne peut le faire toute seule. Il faut une collaboration, sinon cela ne marchera pas. Mais il y a une petite différence. Je vais vous donner un exemple. Grâce aux spécialistes en sauvetage qui utilisent le palan pour descendre les techniciens le long du câble, dans la force aérienne, cette personne est reconnue comme mécanicien d'entretien ou mécanicien à bord. Donc, quand l'appareil se pose en dehors de sa base, cette personne peut s'occuper de la rotation au sol et apporter les rectificatifs pour que l'appareil puisse décoller le lendemain et rentrer à sa base. Dans le civil, le responsable est seulement opérateur de palan, et, si l'appareil s'éloigne de sa base, il n'y a personne pour certifier son utilisation le lendemain. Il faut donc embarquer quelqu'un d'autre pour ce travail, et cela devient très peu rentable.

Il y a des différences, et nous les avons identifiées et envisagé des solutions. Nous avons imaginé des moyens de rendre tout cela fonctionnel, parce que je crois que les possibilités sont infinies. Et je crois que beaucoup d'autres gens pensent comme moi.

M. Williams : On peut facilement surmonter les difficultés grâce au partenariat. On peut tous faire partie d'un modèle qui fonctionne.

Je suis d'accord avec Steve, mais, quand on examine les différences et certaines de nos difficultés, on se rend compte qu'on ne peut pas le faire tout seuls, mais que la solution d'avenir passe absolument par un partenariat avec la force aérienne et l'utilisation de ce qui existe déjà en y ajoutant notre part complémentaire.

Le sénateur Enverga : Vous êtes déjà sur place, donc la force aérienne n'a pas grand-chose à faire de ce côté-là. Cela pourrait être intéressant. De plus, cela coûterait moins cher que ce soit vous et non la force aérienne qui crée un autre organisme.

M. Williams : Pour épargner leurs propres ressources, en effet.

M. Reid : Si la force aérienne devait créer un nouvel escadron quelque part dans le Nord, par exemple, la logistique et les difficultés seraient énormes. Cougar offre un service de navette, et, si vous voulez créer une infrastructure quelque part, on peut y acheminer très rapidement votre personnel et vos ressources. Il y aura aussi probablement des gens d'expérience de l'ARC dans ces cockpits et ces « parties arrière ». Vous recueillerez le fruit d'un investissement antérieur de la force aérienne dans ces gens qui sont peut-être passés à autre chose entre-temps.

Il est intéressant de récupérer de l'efficacité et de produire de nouveaux moyens. Il y a beaucoup de possibilités.

Le sénateur Enverga : Vous pourrez employer du personnel à la retraite de la force aérienne, c'est ce que vous voulez dire?

M. Reid : Ce serait certainement à envisager.

M. Banks : Beaucoup de ces retraités nous arrivent à l'âge de 38 ou 39 ans. Ils valent de l'or. Nous les sélectionnons un par un. J'ai entre 50 et 60 curriculum vitae à la fois sur mon bureau, mais nous avons la possibilité de les choisir et de prendre les meilleurs.

M. Williams : J'ai parlé tout à l'heure du secteur pétrolier. Les entreprises pétrolières appliquent des critères stricts aux équipages. Un pilote de transport doit respecter les normes minimales établies par Transports Canada, mais les entreprises pétrolières ont leurs propres normes, elles sont plus exigeantes. Non seulement cela, mais nous faisons l'objet de vérifications en fonction de ces normes tous les ans, parfois tous les six mois. Cela arrive très souvent. Nous apprécions le fait d'être tenus à des normes et de faire l'objet d'un contrôle. Les entreprises pétrolières qui relèvent de l'OGP, l'Organisation internationale des producteurs de pétrole et de gaz, ont certaines règles très strictes concernant le personnel navigant.

Le sénateur Enverga : Je dois regarder trop de films, mais est-ce que vous êtes équipés, par exemple, pour porter secours à un bateau attaqué par des pirates ou des terroristes? Ou est-ce que vous devez appeler la force aérienne?

M. Reid : Cela pousserait très loin notre mandat.

M. Banks : Je ne pense pas que ce serait l'ARC non plus; ce serait plutôt la FOI.

La sénatrice Raine : Très intéressant. J'ai quelques questions. Combien de temps faut-il pour obtenir l'autorisation de l'entreprise pétrolière si vous devez aller en mission de recherche et sauvetage?

M. Williams : En fait, nous y allons et nous l'informons, mais en fonction de certains critères généraux.

Je suppose que vous connaissez tous l'Office Canada-Terre-Neuve des hydrocarbures extracôtiers, qui est l'organisme de réglementation du secteur pétrolier. Pour transporter des passagers entre la terre et les plates-formes pétrolières, il faut respecter un délai de 20 minutes. Les entreprises pétrolières doivent respecter cette exigence de l'Office. Si c'était une question de vie ou de mort, par exemple, si on venait d'envoyer un appareil sur une plate-forme en mer, il y resterait et ne reviendrait pas avant que notre ressource soit disponible. Il y a maintenant des protocoles et des directives à appliquer. Certains producteurs ont même annulé des vols et dit qu'ils garderaient l'appareil au sol. Faites votre mission. Il y a des protocoles pour éviter les retards à cause de cela.

La sénatrice Raine : Il me semble que, pour les Canadiens, les choses marchent bien actuellement, surtout que vous n'avez rien facturé jusqu'ici. J'imagine que cela ne peut pas vraiment durer, surtout si vous pensez aller plus loin au Nord. Vous voulez développer une sorte de relation contractuelle ou d'urgence avec la force aérienne pour ce genre de mission de recherche et sauvetage, et peut-être que, si vous aviez ce contrat, vous pourriez acheter un autre appareil qui vous donnerait un peu plus de capacité, c'est cela?

M. Williams : Nous avons parlé d'un petit secteur. En fait, c'est dans la péninsule d'Avalon, à Terre-Neuve, que nous utilisons nos ressources actuelles. Pour les opérations plus vastes que nous souhaitons pour l'avenir, nous n'avons pas de ressources.

Il y a deux éléments dans ce scénario, et je ne veux pas éclipser nos activités actuelles à Terre-Neuve. La perspective plus vaste vise à intégrer Cougar au programme de recherche et sauvetage. Nous nous débrouillons avec cette ressource entièrement réservée aux entreprises pétrolières et payée par elle, mais ce n'est pas facile. Parfois, elle n'est pas disponible. Si un avion envoyé à 200 milles des côtes est de retour, nous ne pouvons pas envoyer notre ressource à l'extérieur de notre région parce que ce serait contraire à la réglementation de l'Office. Nous devons en tenir compte, et nos obligations contractuelles passent avant. Si j'ai donné l'impression que c'était toujours disponible, non, ce n'est pas le cas. Nous nous en servons pour des cas isolés.

La sénatrice Raine : Je pense que la situation a évolué de façon incroyable et je comprends que vous vouliez la formaliser un peu. Il y a les pêcheurs que vous avez sauvés ou secourus parce qu'ils se trouvaient là où vous étiez vous- mêmes. C'est une chose. Mais, si vous voulez aller plus loin, il faut élaborer des plans pour faire partie d'une perspective plus large. Est-ce que c'est ce que vous essayez de faire avec la force aérienne?

M. Williams : C'est cela. On ne pourrait pas envoyer notre appareil, par exemple, à St. Anthony, dans la péninsule, ou dans un endroit comme cela, parce que ce serait en dehors de notre région et qu'il n'y aurait plus de service pour les plates-formes en mer, donc on ne respecterait pas les conditions de notre contrat avec les entreprises.

Terre-Neuve-et-Labrador n'est qu'un petit secteur. Notre vision est beaucoup plus large et englobe le Canada, où nous pouvons installer une base de service pour appuyer et compléter le programme de recherche et sauvetage actuel.

La sénatrice Raine : Je pense que c'est un excellent modèle pour tous les volets de notre système de recherche et sauvetage. Évidemment, il vaut toujours mieux que les gens soient occupés ailleurs et interrompent leurs activités pour porter secours à quelqu'un au lieu d'attendre assis qu'il y ait quelqu'un à secourir. Il ne peut pas y avoir de système dans ce cas. Je vous félicite pour ce que vous faites. Merci beaucoup.

La présidente : Monsieur Williams, monsieur Banks, monsieur Reid, merci beaucoup d'être venus nous voir ce soir et de nous avoir parlé des opérations de Cougar Helicopters. Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans vous remercie et vous souhaite bonne chance.

M. Reid : Merci beaucoup.

(La séance est levée.)

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