Délibérations du comité sénatorial
permanent
des affaires étrangères
Fascicule 8 - Témoignages
OTTAWA, le mercredi 2 octobre 1996
Le comité sénatorial permanent des affaires étrangères se réunit aujourd'hui, à 16 heures, pour examiner les travaux futurs du comité, qui propose d'étudier l'importance croissante pour le Canada de la région Asie-Pacifique en vue d'en faire rapport.
Le sénateur John B. Stewart (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Honorables sénateurs, je déclare la séance ouverte. Puisque nous n'avons pas encore reçu de mandat du Sénat, je propose que nous examinions, cet après-midi, les relations entre le Canada et la région Asie-Pacifique et que nous établissions un mandat provisoire que nous soumettrons au Sénat.
Le comité étudie actuellement diverses autres questions.
Avec votre accord, je vais demander à nos témoins de nous parler de la région Asie-Pacifique.
M. John Klassen, directeur général, APEC, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international: Nous nous sommes consultés pour voir quelle était la meilleure façon de vous présenter notre exposé, et nous avons décidé de diviser celui-ci en quatre volets. Je vous parlerai d'abord de l'APEC, de ses réalisations et de nos plans pour 1997, année où le Canada assumera la présidence du processus.
Mon collègue, John Bell, est l'ambassadeur de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique, une initiative que nous avons entreprise pour souligner le fait que le Canada accueillera l'APEC, de même que le monde de l'Asie-Pacifique, en 1997. Il vous parlera des activités qui seront organisées dans le cadre de cette rencontre. Son exposé sera suivi de celui de Roger Ferland, directeur de l'Asie du Nord et du Pacifique, et de celui d'Ingrid Hall, directrice générale de l'Asie du Sud et de l'Asie du Sud-Est. Ils vous parleront de façon plus précise de nos liens bilatéraux avec l'Asie-Pacifique et aborderont des questions susceptibles d'intéresser le comité, comme la sécurité, les droits de la personne et l'application des lois.
Nous sommes accompagnés de représentants du ministère qui seront en mesure de répondre de façon plus détaillée aux questions du comité. Nous avons fait distribuer des documents d'information sur l'APEC. Je vous ferai un bref historique de l'organisation, étant donné que nous sommes sur le point d'en assurer la présidence.
L'APEC a vu le jour en 1989, et la première réunion ministérielle a été organisée par l'Australie. Plusieurs groupes de travail ont également été créés à cette occasion. La première réunion des dirigeants économiques de l'APEC a eu lieu en 1993. Cette réunion se tient maintenant tous les ans. Les dirigeants se réunissent au cours de la deuxième moitié du mois de novembre. En fait, cette réunion annuelle est devenue un élément clé du processus.
Comme l'APEC est différente des autres organismes multilatéraux, elle doit pouvoir compter sur l'appui, l'encouragement et la collaboration des dirigeants.
Comme vous le savez, la présidence de l'APEC change tous les ans. En 1993, le forum était présidé par les États-Unis, et en 1994, par l'Indonésie. La réunion de 1994 a donné lieu à la «Déclaration de Bogor», déclaration en vertu de laquelle les dirigeants se sont engagés à instaurer un régime de libéralisation du commerce et des investissements au plus tard en 2010 dans le cas des économies développées, et en 2020 dans celui des économies en développement. L'année 1995 a surtout été consacrée à l'établissement d'un cadre devant permettre de concrétiser la vision énoncée à Bogor. Ces efforts ont mené à l'adoption du Programme d'action d'Osaka, qui sert de plan directeur aux deux grands volets de l'APEC: la libéralisation du commerce et des investissements, et la coopération économique et technique.
Dans le secteur du commerce, par exemple, le programme d'action propose un train de mesures de même que des principes auxquels nous devrions nous conformer. Nous avons tous pris certains engagements que nous sommes en voie d'honorer.
En ce qui concerne la coopération économique et technique, le programme d'action résume plus ou moins les activités des divers groupes de travail. Je vais vous parler brièvement des mesures que nous comptons prendre pour améliorer ce volet.
Cette année, sous la présidence des Philippines, nous avons porté une attention particulière au processus de mise en oeuvre du programme d'action d'Osaka. Côté commerce, nous sommes en train d'élaborer ce que nous appelons des «plans d'action individuels». Ces plans, qui englobent 14 secteurs d'activité -- allant des tarifs à la propriété intellectuelle en passant par les marchés publics --, décrivent les règles en vigueur ainsi que les mesures que nous comptons prendre pour libéraliser davantage nos marchés. Ces plans seront soumis à l'approbation des ministres et des dirigeants à la réunion de Manille, en novembre. Ils entreront en vigueur le 1er janvier 1997.
Sur le plan de la coopération économique et technique, l'APEC s'attache à mieux cibler les activités, à établir les paramètres qui serviront de guide aux groupes de travail, à mieux orienter les travaux. Les résultats seront analysés à la réunion des dirigeants, et ils permettront de fixer les objectifs que nous souhaitons atteindre en 1997, lorsque nous assumerons la présidence du processus.
Pour ce qui est de la structure fondamentale de l'APEC, comme je l'ai mentionné, nous avons la réunion annuelle des dirigeants, de même que la réunion annuelle des ministres des Affaires étrangères et du Commerce, qui a lieu un jour ou deux avant celle des dirigeants. L'APEC compte 10 groupes de travail, quelques groupes additionnels, ainsi que deux grands comités chargés de l'élaboration de politiques. L'organisation est gérée par les hauts-cadres de l'APEC.
L'APEC dispose d'un petit secrétariat, à Singapour, dont les activités sont essentiellement menées par les membres eux- mêmes, ce qui permet de réduire les dépenses au minimum. L'APEC figure parmi les organismes multilatéraux internationaux dont les coûts généraux sont les plus bas.
Il est important de comprendre les principales caractéristiques qui font de l'APEC un organisme unique. Elle préconise comme principes le consensus et l'approche volontaire. Même si les dirigeants se sont engagés à instaurer un régime de libéralisation du commerce et des investissements d'ici certaines dates, nous comptons atteindre cet objectif non pas par la voie de la négociation, comme ce fut le cas avec l'Uruguay Round ou l'OMC, mais plutôt par l'adoption d'une action unilatérale qui reposera sur le consensus et la participation volontaire.
Il importe également de comprendre que l'APEC, à l'encontre de l'ALÉNA et des négociations que nous avons entreprises avec le Chili, n'est pas une zone de libre-échange. Toutes les mesures prises par l'APEC en vue de libéraliser le commerce seront appliquées aux nations les plus favorisées. Autrement dit, si nous décidons d'abaisser les tarifs sur certains produits, tous les pays membres de l'OMC en bénéficieront. Nous ne créerons pas un groupe fermé de nations commerçantes comme c'est le cas avec l'ALÉNA ou l'Union européenne. C'est une erreur que l'on voit encore à l'occasion dans les journaux. Il s'agit là d'une caractéristique fondamentale de l'APEC.
Nous accordons beaucoup d'attention à la facilitation du commerce, un secteur clé dans lequel l'intervention de l'APEC peut contribuer à promouvoir les échanges multilatéraux internationaux. Nous croyons également qu'il existe des moyens d'intégrer les volets facilitation du commerce et coopération économique et technique pour favoriser les échanges mondiaux. Nous comptons mettre l'accent sur ce thème au cours de notre présidence en 1997.
Nous souhaitons également encourager et développer le rôle du secteur privé au sein de l'APEC, notamment par le biais des divers groupes de travail. Certains comptent de nombreux représentants du secteur privé canadien, comme par exemple celui des transports. Entre six et dix entreprises canadiennes de télécommunications participent de façon active aux activités des groupes. Nous devrions encourager le plus possible cette participation. À cet égard, plusieurs colloques ont été organisés dans la région.
Permettez-moi de parler brièvement du thème sur lequel nous mettrons l'accent cette année, soit la libéralisation du commerce et la coopération économique et technique. J'ai déjà parlé des plans d'action individuels, qui sont essentiellement des plans de deux ou trois ans, de sorte que ces documents sont en évolution, si je peux me permettre ainsi. Nous devons constamment encourager nos partenaires à regarder à plus long terme, à se montrer plus ambitieux dans leurs efforts de libéralisation. Il est juste de dire que, dans cette première ronde, c'est la première fois que nous avons essayé d'élaborer des plans d'action individuels qui, dans une large mesure, constituent une compilation des actions et des activités que la plupart d'entre nous avons déjà entreprises ou prévoyons entreprendre, dans bien des cas, aux termes des engagements pris avec l'OMC. Cette initiative, au fur et à mesure qu'elle progresse, nous permettra d'acquérir plus d'expérience et plus de confiance. Côté commerce, divers plans d'action collectifs ont déjà été adoptés et mis en oeuvre.
Pour ce qui est de la coopération économique et technique, comme je l'ai déjà dit, nous voulons mieux cibler nos efforts dans ce domaine. L'APEC, en raison de la façon dont elle est structurée, n'est peut-être pas suffisamment bien encadrée. Il s'agit-là l'une de ses lacunes majeures. En fait, le Canada préside un groupe de travail sur les questions de gestion qui a pour mandat d'examiner le processus de l'APEC, les liens qui existent entre les divers groupes et de formuler des recommandations sur les améliorations à apporter. C'est un thème sur lequel nous nous penchons en 1997.
L'année dernière, à Osaka, les dirigeants nous ont confié un autre mandat: celui d'examiner l'impact du développement économique et de la croissance démographique sur l'alimentation, l'énergie et l'environnement dans la région. Diverses études sont déjà en cours. Elles seront intégrées dans un seul rapport en 1997. Ce rapport sera déposé à la réunion de Vancouver qui sera présidé par le premier ministre, en novembre de l'année prochaine.
Les dirigeants et ministres à Osaka ont également créé un conseil consultatif commercial de l'APEC, étant donné qu'ils estiment important d'intégrer les vues des gens d'affaires dans le processus de l'APEC. Le conseil est composé de quatre supérieurs; il y a trois membres par pays qui se réunissent et qui préparent un rapport qu'ils déposeront à la fin du mois au président Ramos, le président actuel du processus. L'objectif central du conseil est de faire en sorte que l'APEC reflète les priorités et les objectifs des milieux d'affaires du secteur privé. Essentiellement, nous espérons que le conseil nous dira quelles sont leurs priorités, s'il juge notre travail efficace et, dans le cas contraire, les mesures que nous pouvons prendre pour faire en sorte que l'APEC reflète les intérêts du secteur privé. Ce sera un aspect clé de la réunion qui aura lieu à Vancouver en 1997 alors que nous aurons l'occasion de déterminer dans quelle mesure nous avons respecté les recommandations du conseil.
Il est une autre question que nous devons régler cette année: la participation au sein de l'APEC. L'APEC compte maintenant 18 membres. Il en comptait à l'origine 12. Il y a trois ans, elle a décidé d'imposer un moratoire sur les nouvelles adhésions. Ce moratoire prend fin à la fin de cette année et nous devrons nous pencher sur la question suivante: devrions-nous prolonger le moratoire, accepter un ou deux nouveaux pays membres, ou permettre à tous les pays qui figurent sur la liste de nouveaux adhérents à se joindre à l'organisation? Il est juste de dire que la majorité des membres estiment que nous devrons prolonger le moratoire. Toutefois, certains souhaitent qu'on débatte davantage de la question et qu'on accepte peut-être un ou deux nouveaux membres. Les hauts-cadres de l'APEC doivent se pencher là-dessus. Les ministres et les dirigeants devront prendre une décision à la réunion de Manille.
En effet, le premier ministre deviendra, à la fin de la réunion de Manille, le président de facto de l'APEC. Il assumera la présidence jusqu'à la réunion de novembre, à Vancouver. Nous avons l'intention, en 1997, d'insister sur le renforcement de la communauté Asie-Pacifique en ciblant certains secteurs comme l'environnement et le développement durable, le développement des ressources humaines et l'infrastructure, notamment les télécommunications, les transports et l'énergie.
Nous souhaitons également, au cours de l'année, mettre l'accent sur le rôle des petites et moyennes entreprises dans la région Asie-Pacifique, d'accroître la participation des jeunes au sein de l'APEC et, enfin, comme je l'ai déjà mentionné, d'intensifier la participation du secteur privé.
En 1997, nous organiserons trois autres réunions ministérielles au Canada, une sur l'environnement, une sur le transport et une sur les petites et moyennes entreprises. Nous comptons également tenir une réunion sur l'énergie, mais rien n'a encore été décidé à ce sujet. Ces rencontres s'ajouteront à la réunion de novembre que j'ai déjà mentionnée et à laquelle assisteront les dirigeants et les ministres des Affaires étrangères et du commerce.
Nous sommes également très conscients de la nécessité d'assurer la continuité au sein de l'APEC. Jusqu'à cette année pratiquement, les présidents de l'APEC poursuivaient leurs propres objectifs et plans d'action. Il existe une certaine continuité au sein de l'APEC, mais nous croyons être en mesure de la renforcer. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec les Philippines, le président actuel, et nous poursuivons nos discussions sur cette question avec la Malaisie, qui assumera la présidence en 1998. Elle sera suivie de la Nouvelle-Zélande, en 1999.
M. John Bell, ambassadeur de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international: Je reviens de la Malaisie, où j'ai occupé le poste de haut commissariat au cours des quelque trois dernières années. Je m'apprête à assumer mes fonctions d'ambassadeur pour l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique.
Comme John Klassen l'a mentionné, les dirigeants de l'APEC se réuniront à Vancouver, en novembre 1997. Comme le Canada sera également l'hôte de diverses réunions ministérielles, le gouvernement canadien a demandé à la maison Le Groupe Columbia d'effectuer un sondage auprès de quelque 365 entreprises, institutions culturelles et autres organismes. Les résultats de ce sondage sont très positifs et les avantages qu'entraînerait la désignation de 1997 comme l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique suscitent beaucoup d'enthousiasme.
Permettez-moi de vous décrire brièvement certaines caractéristiques de cette initiative. Premièrement, elle s'échelonnera sur toute l'année. Deuxièmement, elle encouragera la participation, nous l'espérons, des Canadiens de toutes les régions. Troisièmement, elle regroupera les 18 pays membres de l'APEC de même que l'Asie du Sud, l'Inde, le Pakistan, le Sri Lanka et l'Indochine. Les activités se dérouleront essentiellement au Canada, ce qui nous permettra d'établir de nouveaux liens et de nouveaux partenariats, et de sensibiliser les intervenants à notre savoir-faire. Cette reconnaissance ouvrira de nouveaux débouchés au Canada dans cette région du monde.
Trois séries de rencontres sont prévues en 1997: la réunion des dirigeants de l'APEC, les réunions ministérielles et les réunions des hauts-cadres. Plusieurs activités spéciales, dont certaines sont encore à l'étape de préparation, auront également lieu. Il y aura entre autres la Conférence mondiale des entrepreneurs chinois à Vancouver, en août 1997, et le sommet du Conseil canadien des chefs d'entreprises à Spruce Meadows, à Calgary, qui mettra l'accent sur la région Asie-Pacifique. Des invitations seront envoyées aux chefs d'entreprises de l'Asie-Pacifique.
Un important sommet de la jeunesse aura lieu à Winnipeg, probablement durant la Semaine de la jeunesse, en mai 1997. John vous a déjà dit que la Malaisie accueillera la réunion des dirigeants des économies de l'APEC en 1998. Le ministre Badawi a pris l'initiative de promouvoir la jeunesse à cette conférence dans l'espoir que le thème demeurera en évidence tout au long de l'année.
La Conférence de Montréal qui, ces deux dernières années, a eu lieu à Montréal aura pour thème, en juin 1997, la région Asie-Pacifique et la productivité. Un groupe de Canadiens y abordera, entre autres, des questions de sécurité particulières à la région.
Une autre composante est la culture. À cet égard, le groupe Harbour Front de Toronto vient tout juste de visiter 17 pays de la région et il a constaté qu'ils sont très enthousiastes à l'idée de venir au Canada en 1997 pour partager avec nous diverses activités culturelles. La composante culturelle se divisera fort probablement en trois parties interliées. On prévoit tout d'abord de nombreuses activités culturelles. Chaque région du pays formera quelque cinq comités communautaires qui organiseront des festivals ethniques, musicaux, et cetera. Ensuite, des Canadiens, souvent de souche asienne, seront invités à donner des représentations. Enfin, on espère que des artistes de spectacle et d'arts visuels des quelque 17 pays viendront se produire au Canada en 1997.
La composante des communications est, naturellement, extrêmement importante. Le groupe qui a fait l'étude initiale, soit le Groupe Columbia, a été embauché pour aider à la logistique. Le premier ministre est sur le point de choisir un logo pour l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique parmi les 120 dessins présentés par des écoles de dessin et d'art graphique du pays. Le logo sera probablement dévoilé à Vancouver, ce mois-ci. Son dévoilement marquera le lancement du programme officiel de communications de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique.
Également, on annoncera bientôt la formation d'un conseil sur l'Asie-Pacifique composé d'une vingtaine de représentants du milieu des affaires, de la culture et des universités qui aura pour mandat de conseiller le premier ministre en ce qui concerne tant l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique que l'APEC.
J'ai fourni à votre comité un document d'évaluation de concept qui décrit où nous en sommes. Il sera distribué aux 363 personnes qui ont participé au sondage initial ayant pour objet de décider s'il fallait instituer une Année canadienne de l'Asie-Pacifique. Vous trouverez dans ce document une page décrivant nos discussions au sujet de la teneur des communications clés.
Le message central porte sur les possibilités de développement économique et de création d'emplois, compte tenu particulièrement des nombreuses possibilités qu'offre la région.
Il y est aussi question d'entamer un dialogue au sujet de questions comme le changement climatique, la pollution de l'environnement, la paix et la sécurité, le respect des droits de la personne, la préservation des espèces menacées d'extinction, les institutions démocratiques, et cetera, et d'utiliser ce dialogue pour mettre en évidence les valeurs canadiennes.
Notre groupe forme un petit secrétariat au sein du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Il travaille en très étroite collaboration avec les autres ministères intéressés.
L'année promet d'être très intéressante.
[Français]
Roger Ferland, directeur général, Asie du Nord et Pacifique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international: C'est pour moi un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui. J'étais ici, il y a un peu plus d'un an, lorsque on a fait le tour d'horizon des perspectives économiques et commerciales en Asie pacifique. Permettez-moi de vous référer à ce rapport. Je crois qu'il est encore très pertinent aujourd'hui en tsnt que référence.
[Traduction]
La région dont je suis responsable, soit l'Asie du Nord-Est et le Pacifique, est en réalité l'Océanie. Exception faite de la Chine et de la Corée du Nord, elle comprend les économies les plus développées de l'Asie-Pacifique, notamment le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Toutes ces économies sont d'importants partenaires commerciaux du Canada. Nous avons établi d'excellents rapports politiques et commerciaux classiques avec certaines d'entre elles, tant bilatéraux que multilatéraux, particulièrement avec le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et Hong Kong. La région ne manque pas d'éventuels points chauds, par exemple le dossier de la péninsule coréenne, les relations entre la Chine et Taïwan et la mer de Chine méridionale.
J'aimerais aujourd'hui me concentrer sur les relations spéciales que nous entretenons avec trois pays de cette région, le Japon, la Corée et la Chine -- et, lorsque j'aborderai celles de la Chine, je vous parlerai de Hong Kong. Le premier ministre visitera ces trois pays d'ici janvier.
Il existe plusieurs raisons de continuer d'élargir nos relations avec le Japon. À cet égard, j'aimerais vous faire un bref rappel de l'importance de ce pays. Il représente 18 p. 100 du PIB mondial; 70 p. 100 du rendement économique de la région Asie-Pacifique sont attribuables au Japon; enfin, 30 p. 100 du commerce de la région émanent du Japon. Aux yeux du Canada, il demeure la plus grande source mondiale d'aide publique au développement et de soutien financier des Nations Unies. Il est notre deuxième partenaire commercial, un peu plus de 4 p. 100 de nos exportations totales lui étant destinées. Nos échanges commerciaux avec le Japon ont totalisé 24 milliards de dollars en 1995.
Pour vous situer en contexte, les exportations vers la région Asie-Pacifique représentent un peu plus de 10 p. 100 de toutes nos exportations, soit plus que nos exportations vers toute autre région du monde, exclusion faite des États-Unis.
Le Japon est aussi notre deuxième source de placements en portefeuille, évalués à 45 milliards de dollars au 31 mars; il est aussi notre troisième source d'investissements directs étrangers. Son économie se classe au deuxième rang des économies mondiales, après les États-Unis, et il joue un rôle de plus en plus important dans l'établissement du programme économique international. Étant donné son poids économique, le Japon est maintenant de plus en plus disposé à assumer un rôle de leadership, à influer sur les affaires internationales au sein des Nations Unies, par exemple, et à participer aux forces régionales et multilatérales de sécurité et de maintien de la paix.
Il y a 20 ans, nos relations avec le Japon étaient d'une nature presque uniquement commerciale. Depuis lors, elles se sont considérablement élargies. Des consultations périodiques ont eu lieu au niveau du premier ministre et des hauts fonctionnaires concernant l'aide publique au développement et les opérations de maintien de la paix. Nous entretenons un dialogue en matière de tourisme. Nous avons revitalisé nos négociations et nos échanges culturels et nous avons accru nos échanges de jeunes avec le Japon. Nous constatons que, de plus en plus, nos programmes, particulièrement nos programmes internationaux, coïncident. Enfin, nos relations avec le Japon se déroulent en grande partie sans accroc.
Des entreprises canadiennes ont fort bien réussi à s'établir dans le marché nippon. Les petites et moyennes entreprises canadiennes y sont très actives et font de bonnes affaires. Depuis l'an dernier, nous sommes le plus important fournisseur d'habitations en pans de bois au Japon, devançant les fournisseurs américains. Nous sommes aussi une de ses principales sources d'aliments.
Il y a un peu plus d'une semaine, nous avons accueilli le Keidanren, soit la principale association industrielle du Japon. La délégation a visité le Canada et a été très impressionnée par notre programme économique. Certains membres du Keidanren ont parlé de l'émergence d'un nouveau Canada, ce qui est extrêmement encourageant et favorable.
On vous a remis un plan d'action relatif au Japon qui nous permettra d'exploiter à fond les nombreuses possibilités qui s'offrent. Nous avons aussi établi un nouveau mécanisme de dialogue avec le Japon appelé Forum 2000 en vue d'accroître nos consultations bilatérales et de renforcer nos relations, qu'il ne faut pas tenir pour acquises, soit dit en passant. La visite de notre premier ministre au Japon, en novembre prochain, le soulignera.
L'émergence de la Chine comme puissance mondiale est probablement la question centrale en Asie, comme elle devrait l'être pour nous tous. Son étendue, sa croissance annuelle de 6 à 7 p. 100, les réformes économiques dans lesquelles elle s'est engagée et les améliorations qu'elle a apportées au niveau de la transparence et la primauté du droit rendent impératif de continuer d'établir de bonnes relations avec la Chine. Nos échanges avec la Chine mettent directement en jeu nos intérêts économiques et sociaux et notre sécurité.
La Chine est devenue notre cinquième partenaire commercial, se classant immédiatement après l'Allemagne, avec des échanges commerciaux de 8 milliards de dollars. Quand nos échanges avec Hong Kong seront inclus dans nos échanges avec la Chine, celle-ci passera au troisième rang. Depuis 1979, nos exportations en Chine ont augmenté de 13 p. 100 par année, en moyenne. Notre but est de capitaliser sur la taille de son marché, sa libéralisation et sa croissance, et de réduire l'incertitude auxquelles font face les entreprises canadiennes. L'éventuelle intégration de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce y contribuera, naturellement.
De plus, l'intégration de la Chine au sein des institutions mondiales, sa participation aux dialogues mondiaux et en matière de sécurité, en font aussi un important partenaire du Canada. Nous visons à favoriser la stabilité, la transparence et la primauté du droit, à encourager la non-prolifération des armes et l'instauration de la confiance, à appuyer un processus décisionnel démocratique et à encourager le respect des droits de la personne qui, comme vous le savez, fait partie de la politique étrangère canadienne.
J'aimerais m'écarter du sujet un peu et vous parler des droits de la personne et comment la politique en la matière doit témoigner des valeurs et des intérêts canadiens tout en tenant compte du droit international. L'essentiel consiste, en règle générale, à trouver le moyen le plus efficace de promouvoir le respect des droits de la personne. Dans le cas de la Chine, le Canada aurait pu se tenir à l'écart et se contenter de la critiquer. Il a préféré reconnaître que la politique d'engagement était une approche plus efficace. Nous avons amorcé un dialogue franc avec de hauts fonctionnaires chinois au sujet du respect des droits de la personne, en faisant appel à l'expertise canadienne pour aider à favoriser un plus grand respect de la primauté du droit au sein des institutions chinoises. Cette initiative a été appuyée par un programme très novateur de l'ACDI qui fait appel aux institutions canadiennes pour exposer la Chine à des modèles plus contemporains d'exercice des pouvoirs en mettant l'accent sur la magistrature et l'appareil judiciaire chinois.
Nous n'avons pas hésité à profiter de nos dialogues de haut niveau avec les dirigeants chinois pour signaler l'importance qu'accordent les Canadiens au respect des droits de la personne et pour faire valoir que l'adoption, par la Chine, de meilleures pratiques sur ce plan ne peut qu'améliorer nos relations bilatérales.
Passons maintenant à la question de la sécurité. La croissance et la stabilité de la Chine ont beaucoup d'importance dans la région. Elles ont aussi une influence sur la viabilité de Hong Kong qui est, en grande partie, un des moteurs de la croissance économique régionale et chinoise. Il est essentiel, si nous voulons maintenir la confiance et la viabilité, que le retour de Hong Kong au continent se fasse sans accroc, selon le principe d'un pays à double régime. Notre objectif consiste à appuyer la transition sans accroc, ainsi que nos intérêts canadiens à Hong Kong.
Le Canada compte un demi-million de Canadiens venus de Hong Kong, 10 000 citoyens canadiens vivant à Hong Kong et une très forte présence commerciale ainsi que des échanges bilatéraux d'une valeur de 2,5 milliards de dollars. Nous cherchons à protéger ces intérêts durant la période de transition grâce à une protection consulaire, au maintien de nos flux d'immigration et, certes, à la gestion des répercussions politiques que cela entraîne pour nos 500 000 Canadiens originaires de Hong Kong. Vous comprendrez alors, comme je l'ai dit plus tôt, que des intérêts canadiens en matière de sécurité économique et sociale sont directement en jeu quand il est question de nos relations avec la Chine.
Nous nous intéressons à la Corée parce que nous souhaitons maintenir la stabilité dans la péninsule et rehausser nos relations bilatérales, qui sont importantes et croissantes. Nous appuyons fermement les efforts déployés par la Corée du Sud en vue d'améliorer ses relations avec la Corée du Nord et de désamorcer les tensions dans la péninsule. Cet intérêt réciproque sur le plan de la paix et de la stabilité a été énormément mis en valeur par nos importantes relations commerciales et économiques, qui continuent de s'intensifier. La Corée a une population de 42 millions et se classe au onzième rang mondial des échanges commerciaux.
Nos relations commerciales avec la Corée du Sud continuent de prendre de l'essor. Les échanges bilatéraux ont atteint 6 milliards de dollars presque en 1995. La Corée est le troisième débouché des exportations canadiennes dans la région Asie-Pacifique et notre sixième débouché dans le monde.
Lors du sommet de l'APEC en 1993, le premier ministre Chrétien et le président Kim ont eu l'idée de créer un partenariat spécial entre les deux pays. Le partenariat est maintenant bien engagé; il reconnaît que le Canada et la Corée pourraient avoir un rôle important à jouer dans la région Asie-Pacifique en tant que puissances intermédiaires. Nous cherchons à l'intensifier. Nous prévoyons accroître notre part du marché coréen, étant donné que l'économie de la Corée croît à un rythme de 6 à 8 p. 100 chaque année. Nous aimerions que nos échanges commerciaux totalisent 10 milliards de dollars d'ici l'an 2000 et que la Corée demeure notre troisième partenaire commercial en Asie. Il est à espérer qu'au rang mondial, elle s'imposera comme un important partenaire commercial du Canada.
Nous cherchons aussi à intensifier notre coopération industrielle et technologique. Nous venons tout juste d'amorcer un processus grâce auquel nos milieux d'affaires se réuniront pour parler de coopération, particulièrement en ce qui concerne les échanges technologiques et la commercialisation de la technologie. Nous prévoyons aussi élargir et renforcer notre coopération dans le domaine politique et sur le plan de la sécurité. Comme je l'ai dit plus tôt, la sécurité et la stabilité dans la péninsule coréenne nous intéressent au plus haut point. Notre participation soutenue au KEDO (pour Korean Economic Development Organization) est essentielle à cette fin. Enfin, nous aimerions faire en sorte d'accroître sensiblement les relations humaines: nous aimerions que double le nombre de touristes coréens au Canada de manière à atteindre 250 000 d'ici à l'an 2000.
Le principal dossier bilatéral avec la Corée du Sud est essentiellement l'accès au marché. C'est pourquoi le groupe de partenariat spécial a été établi. On espère, par l'intermédiaire de ce groupe et du comité de coopération industrielle et technologique, faciliter l'accès au marché coréen. Équipe Canada se rendra en Asie -- en Corée, aux Philippines et en Thaïlande -- en vue de faciliter la réalisation de ces objectifs.
[Français]
Mme Ingrid Hall, directrice générale, Asie du Sud et Asie du Sud-est, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international: Il me fait grand plaisir d'être ici cet après-midi. Ma proposition est un peu différente. Elle consiste à ne pas discuter des pays un à un, mais région par région, sinon nous serions ici jusqu'à minuit.
[Traduction]
Le Canada entretient des relations avec les dix pays d'Asie du Sud-Est depuis longtemps. Le début de ces relations remonte en fait à la traditionnelle relation donateur-bénéficiaire du plan Colombo durant les années 50. Nous sommes actuellement en train d'accroître les partenariats économiques. Le Canada a d'excellentes relations avec la plupart des pays de la région. Les seuls avec lesquels il n'entretient pas de relations diplomatiques permanentes sont la Birmanie et le Laos.
Dans ses relations avec l'ANASE, soit l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est -- organisme régional fondé en 1967 et regroupant le Brunéi, l'Indonésie, la Fédération de Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam --, le Canada met l'accent sur le partenariat politique et économique. On prévoit que la Birmanie, le Laos et le Cambodge adhéreront à l'ANASE sous peu. L'association a amorcé le dialogue avec certains pays en 1972. Le Canada est devenu un partenaire à ce dialogue en 1977.
[Français]
L'Asie du Sud sera une des régions du monde la plus dynamique au cours de la prochaine décennie. Ce marché est à la fois très prometteur et stratégique. Une croissance économique soutenue servira d'engin à l'expansion de l'infrastructure et une croissance marquée de potentiel pour nos exportateurs canadiens.
Les exportations de l'Asie du sud est ont augmenté de 65 p. 100 au cours des cinq dernières années pour atteindre 2,7 milliards. Nos importations de cette région ont par ailleurs augmenté de 157 p. 100 pour atteindre 5,1 milliards en l995, créant un surplus de 2,4 milliards en 1995 en faveur de l'Asie du Sud-est.
[Traduction]
De plus en plus, nous insistons sur le climat commercial en Asie du Sud-Est où l'on sent une certaine ouverture à la suite de la libéralisation partielle du commerce dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce, de l'APEC, centrée à Singapour, et de l'accord de libre-échange proposé par l'ANASE elle-même, soit le ZLÉA, qui prévoit le libre-échange entre pays membres d'ici à l'an 2003.
Le premier ministre Chrétien assistera à la réunion de l'APEC à Manille, en novembre, comme vous l'a dit M. Klassen, et le ministre Eggleton prendra part à la réunion de l'OMC qui doit avoir lieu à Singapour, en décembre. M. Pettigrew visitera le Vietnam, en octobre, dans le cadre de son voyage en Chine en vue d'encourager les relations commerciales et de renforcer l'importance qu'accorde le Canada à la Francophonie. Le premier ministre dirigera aussi une mission d'Équipe Canada à Séoul, à Manille et à Bangkok en janvier 1997.
Les violations des droits de la personne en Birmanie, en Indonésie et au Vietnam continuent de nous préoccuper au plus haut point. Le Canada a fait connaître sa position par les voies bilatérales et multilatérales et cherche à obtenir une réforme par les efforts qu'il déploie au sein d'organismes comme les Nations Unies et le Haut-commissariat pour les réfugiés. Nous abordons souvent des cas particuliers durant des rencontres de haut niveau, ce que nous appelons «se parler entre quatre yeux». Dans le cas de l'Indonésie, le Canada a préconisé la coopération entre les commissions nationales de respect des droits de la personne des deux pays. Le Canada appuie aussi la tenue de pourparlers parrainés par les Nations Unies entre l'Indonésie et le Portugal et le dialogue global sur le Timor portugais en vue de trouver une solution au problème.
Les plus récentes mesures de répression prises par le régime militaire en Birmanie illustrent encore une fois le besoin, pour la communauté internationale, de se concerter en vue d'encourager les dirigeants militaires de ce pays à s'engager concrètement dans la voie de la réconciliation nationale et de la réforme démocratique. Le Canada a proposé la création d'un groupe de contact sous les auspices des Nations Unies, par exemple, comme moyen éventuel de sortir le régime birmanais de son isolement. Le Canada a aussi soutenu, par l'intermédiaire de l'ACDI, une réforme administrative et judiciaire au Vietnam.
En 1993, le Forum régional de l'ANASE (l'ARF) a été lancé. On y traite de préoccupations géopolitiques et, de plus en plus, de questions de sécurité régionale et internationale. Des assemblées annuelles ont lieu depuis trois ans. En plus des membres de l'ANASE et des partenaires au dialogue, y participent les pays ayant le statut d'observateur au sein de l'ANASE, soit la Birmanie, le Cambodge, le Laos et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Hors du cadre de l'ARF, le Canada copréside, avec le Japon, le groupe de travail du conseil pour la coopération en matière de sécurité dans la zone Asie-Pacifique qui est chargé d'accroître la coopération en matière de sécurité dans le Pacifique Nord et, par l'intermédiaire de l'ACDI, il aide à financer des tables rondes sur la sécurité régionale organisées par l'ASEAN-ISIS, ainsi qu'une série d'ateliers sur la mer de la Chine méridionale dont l'hôte est l'Indonésie.
Il existe un programme de déploiement annuel de navires dans la région, appelé Westploy. Le ministère de la Défense a dépêché des experts techniques au Centre cambodgien de déminage en vue de prêter main-forte.
En janvier, le premier ministre sera à la tête de la troisième mission commerciale Équipe Canada dans la région de l'Asie- Pacifique, qui regroupe des dirigeants des provinces et des territoires. Cette mission comprendra une délégation commerciale. Elle fait suite à la mission Équipe Canada de janvier 1996 en Inde, au Pakistan, en Indonésie et en Malaisie, mission qui s'est traduite par une augmentation importante des exportations.
Je passerai maintenant à l'Asie du Sud. Il s'agit d'une région énorme, complexe et extrêmement diversifiée. Les relations du Canada avec cette région ont été surtout axées sur l'allégement de la pauvreté, l'élargissement du partenariat économique et l'amélioration des relations politiques. Nous entretenons de bonnes relations avec tous les pays de l'Asie du Sud à l'exception de l'Afghanistan avec lequel nous n'avons aucun lien diplomatique depuis 1979.
Bien que la situation en Asie du Sud-Est soit stable et que cette région connaisse une croissance économique, la plupart des pays de l'Asie du Sud ont traversé des périodes d'instabilité politique au cours des cinq dernières années. Au cours des deux dernières années, des élections démocratiques en Inde, au Népal, au Bangladesh et au Sri Lanka ont amené une plus grande stabilité bien que l'instabilité politique persiste au Pakistan. Quant à l'Afghanistan, il est aux prises avec une guerre civile.
[Français]
Les populations de l'Asie du Sud sont extrêmement variées et de ce fait pose de sérieux défits aux gouvernements respectifs tant sur les plans régionaux, linguistiques, ethniques que religieux. Le système de caste en Inde ajoute à ces complexités.
La plupart des gouvernements de l'Asie du Sud accordent une importance prioritaire aux réformes économiques, notamment à la réduction de la pauvreté et à l'atténuation des disparités économiques. L'Inde, le Pakistan, le Sri Lanka et le Bangladesh ont tous amorcé une restructuration économique axée sur la libéralisation du commerce et la privatisation de leurs industries.
[Traduction]
C'est un mouvement que nous constatons dans les secteurs privés de chaque pays.
En 1995, le premier ministre, à la tête de la mission Équipe Canada, s'est rendu en Inde et au Pakistan. Ces visites ont été axées sur le développement d'alliances stratégiques plutôt que sur la relation donateur-bénéficiaire.
Les secteurs prioritaires pour cette région sont entre autres l'électricité et l'énergie, les télécommunications, l'environnement, le transport, l'agroalimentaire et l'informatique. Nous nous attendons à ce que le savoir-faire de calibre mondial des entreprises canadiennes dans ces secteurs permettra de nous tailler une place sur le marché de l'Asie du Sud au cours des cinq prochaines années.
L'Inde demeure la puissance prédominante. Les autres pays ont tendance à se sentir éclipsés par l'Inde et par la Chine. Le nouveau gouvernement de l'Inde est en train de faire des ouvertures bilatérales à chacun de ses voisins en signe de bonne volonté. Nous nous réjouissons de cette initiative.
Le Cachemire demeure au centre des tensions qui existent entre l'Inde et le Pakistan, qui possèdent tous deux une capacité nucléaire. Nous espérons que l'Inde et le Pakistan signeront le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
La guerre civile au Sri Lanka se poursuit et ces dernières semaines, l'activité militaire s'est intensifiée. Nous espérons un règlement pacifique de ces conflits.
Tous les pays de l'Asie du Sud se sont rendus coupables de violation des droits de la personne. C'est en Afghanistan et en Birmanie que l'on recense les pires cas de violation. Viennent ensuite les régions aux prises avec des dissensions civiles, y compris le Cachemire et le Sri Lanka. Au Panjab, la situation s'est résolument améliorée ces dernières années au point où nous envisageons d'ouvrir un bureau à Srinagar au début janvier.
On nous a indiqué que vous auriez aimé que nous fassions certains commentaires à propos de la main-d'oeuvre enfantine. Cet après-midi, le ministre Axworthy fera une déclaration devant un autre comité. Des copies de sa déclaration seront disponibles.
Sur le plan de l'aide, le Bangladesh est le plus important bénéficiaire d'aide, suivi de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie, du Pakistan, des Philippines et du Vietnam. Tous les programmes subiront des compressions par suite de la volonté du gouvernement de réduire le déficit.
Sur le plan de l'immigration, les principales sources d'immigration sont Hong Kong, puis l'Inde et le Sri Lanka. Nous sommes effectivement en train de devenir un pays de plus en plus asiatique, comme en témoigne notre diversité démographique. Cet aspect sera souligné par l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique et par la tenue du sommet de l'APEC à Vancouver. Au cours des mois à venir, nous travaillerons tous les quatre en étroite collaboration.
Le président: Monsieur Klassen, lorsque vous avez parlé de continuité, vous avez mentionné entre autres les Philippines. Une question a immédiatement surgi dans mon esprit. Cela me rappelle l'expression, «la Couronne», que nous utilisons dans notre langage constitutionnel et qui nous amène souvent à nous demander: de qui ou de quoi parlez-vous? En ce qui concerne les Philippines par exemple, de qui ou de quoi parlez-vous? C'est important sur le plan de la continuité. Est-ce que vous parlez des politiciens en place, qui peuvent changer, ou est-ce que vous parlez d'une bureaucratie solidement implantée? Est-ce que la situation varie tellement d'un pays à l'autre qu'il est impossible de répondre de façon générale?
M. Klassen: Lorsque je parlais de continuité, je parlais en fait de la continuité dans la gestion des dossiers. Par exemple, cette année, les Philippines ont surtout mis l'accent sur le développement durable comme thème important de l'APEC. Ce pays a été l'hôte d'une réunion ministérielle sur le développement durable en juillet. Nous nous sommes occupés en étroite collaboration avec eux des préparatifs de cette réunion, de l'établissement de l'ordre du jour et avons participé à la réunion même. Elle sera suivie d'une réunion ministérielle sur l'environnement dont nous serons les hôtes au Canada en 1997. À l'occasion de cette réunion, nous développerons les nombreux thèmes auxquels il a été décidé d'accorder la priorité lors de la réunion de Manille. Nous discuterons bientôt avec les Malaisiens, qui nous suivront, de l'importance de poursuivre ce genre de politique.
Comme je l'ai mentionné, nous traitons avec les dirigeants qui assistent aux réunions des dirigeants et avec les participants à l'assemblée annuelle des ministres des Affaires étrangères et du Commerce. Cependant, ces autres réunions ministérielles centrales continuent à donner l'impulsion nécessaire à l'APEC, en ce sens qu'elles permettent d'en déterminer l'orientation politique et de continuer à établir les priorités que l'APEC doit se fixer à bien des égards. Les représentants des divers pays membres s'occupent des préparatifs de ces événements, de façon quotidienne.
Est-ce que cela répond à votre question?
Le président: Oui, ces renseignements sont utiles.
Le sénateur Carney: J'ai une requête et deux questions. Comme je viens de Vancouver, je suis extrêmement consciente que nous sommes un pays du Pacifique. Comme mes collègues le savent, dans certaines parties de Vancouver, 25 p. 100 de la population est asiatique; 80 p. 100 des enfants d'âge scolaire parlent une langue asiatique et je crois que nous avons la plus importante population coréenne en dehors de la Corée.
Le sénateur Grafstein: Et Toronto?
Le sénateur Carney: Je crois que nous avons la plus importante collectivité coréenne.
Vous pourriez peut-être nous fournir de la documentation sur la démographie du Canada, qui indiquerait les langues qui y sont parlées et la composition de notre population canadienne d'origine asiatique afin que nous puissions nous rendre compte qu'il s'agit d'un enjeu intérieur et non uniquement d'un enjeu sur le plan du commerce et de l'investissement. Nous pourrions alors indiquer au sénateur Grafstein l'endroit où les Canadiens d'origine coréenne sont les plus nombreux.
Ma première question se rapporte au fait que dans la documentation que vous nous avez remise et dans certains comptes rendus des médias, on ne cesse de nous qualifier de participants «timorés» -- que la participation du Canada en Asie est timorée. Certains d'entre vous possédez une vaste expérience de l'Asie. Pourquoi sommes-nous perçus ainsi?
M. Bell: Il se trouve que je viens moi aussi de Vancouver. J'ai été impressionné par une publication de la Asia Pacific Foundation l'année dernière intitulée Canada's Hidden Advantage, Its Asian Population, qui renferme de nombreuses statistiques sur la population asiatique. En fait, l'un des thèmes de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique est de miser sur la présence de notre population asiatique pour étendre nos relations.
Quant au fait que la participation du Canada dans la région soit qualifiée de timorée, je pense que certains de nos partenaires avaient l'impression, surtout au niveau de l'aide au développement, des programmes du Plan Colombo et ainsi de suite, que nous étions là pour donner un coup de main. Cependant, comme nos relations ont changé, nous sommes devenus beaucoup plus dynamiques. Nous avons établi nos objectifs et décidé de ce qui est dans l'intérêt du Canada. Nous avons des contrats, des arrangements, des intérêts que nous voulons faire valoir et nous avons mis beaucoup plus d'énergie à atteindre nos objectifs. J'estime personnellement que nous sommes de moins en moins timorés. C'est l'une des raisons pour laquelle nous avons décidé que 1997 serait l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique.
Le sénateur Carney: Ma deuxième question est la suivante: que peut faire le comité sénatorial pour vous aider dans le cadre de cette Année du Pacifique? Je peux déclarer, sans craindre d'être contredite par le président, que ce comité fait du bon travail. Nous venons de terminer une étude sur l'Europe et nous devons étudier la politique monétaire économique de la Communauté européenne. Notre comité est très actif. Que pouvons-nous faire pour donner une plus grande visibilité à cette région afin d'y intéresser d'autres milieux que les milieux d'affaires proprement dits? Des aspects culturels profonds et parfois inquiétants s'y rattachent. Vous pourriez peut-être réfléchir à ce que notre comité pourrait faire pour attirer l'attention sur certaines des questions que vous aimeriez voir abordées. Je n'ai pas discuté de cette question avec notre président.
Le président: Notre groupe de témoins pourrait peut-être réfléchir à cette question et nous faire part de sa réaction.
Mme Hall: Comme certains d'entre vous le savent peut-être, j'ai été ambassadrice du Canada en Indonésie de 1989 à 1992. Mon expérience m'a permis de me rendre compte à quel point il est important que la population de notre propre pays comprenne ce qui se passe en Asie et les possibilités qui y sont offertes. Nous devons déterminer comment nous pouvons nous engager nous-mêmes, nos collectivités, nos écoles, nos universités, nos jeunes à regarder de l'autre côté du Pacifique. Je parle non seulement des régions très dynamiques de Vancouver, de Calgary et d'Edmonton, mais également de Toronto, de Montréal, des provinces de l'Atlantique y compris Terre-Neuve. Nous devons démystifier l'Asie. Nous ne devons pas considérer l'Asie comme un continent mystérieux mais comprendre comment les pays asiatiques coopèrent, comment les économies de l'Asie se développent et quelles sont les possibilités qu'ils peuvent nous offrir, à nous Canadiens maintenant et dans les années à venir.
Le président: Le sénateur Carney a fait remarquer qu'on dit parfois des Canadiens qu'ils sont timorés face à l'Asie-Pacifique. On a répondu que nous n'étions plus timorés. De qui parlez-vous lorsque vous dites cela? Est-ce que vous parlez du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ou est-ce que vous parlez des entreprises canadiennes?
Lorsque nous étions en Europe, même si on n'a pas utilisé l'expression «timorés», il était du moins implicite que nous étions tellement accaparés par nos relations avec les États-Unis que les entreprises canadiennes ne faisaient pas le genre d'efforts qu'elles auraient dû pour pénétrer le marché de l'Union européenne.
Serait-il exact de dire que la situation est la même en ce qui concerne l'Asie-Pacifique -- c'est-à-dire que les entreprises canadiennes pour bien des raisons, y compris l'obstacle des langues, ne sont pas aussi dynamiques sur ce marché que, disons, certaines entreprises américaines? Qu'en pensez-vous?
M. Ferland: En ce qui concerne notre rôle dans la région, qui est maintenant plutôt axé sur les partenariats commerciaux que sur le développement, le Canada jouit d'une grande crédibilité au sein de l'APEC de même qu'au sein de l'ARF. J'ai mentionné nos liens avec le Japon et la position commune que nous adoptons souvent dans les affaires internationales. Je dirais que nous sommes un interlocuteur crédible sur le plan politique.
Soixante-dix pour cent des entreprises qui sillonnent notre région sont des PME. Il s'agit surtout de moyennes entreprises mais certaines petites entreprises se débrouillent extrêmement bien. Vous pourriez traverser toute la région et vous rendre dans pratiquement chaque grand pays et constater la présence de petites et moyennes entreprises. Elles ne représentent peut-être pas le gros des échanges commerciaux mais elles sont actives. Les maisons à ossature en bois que nous fournissons au Japon en sont un important exemple. Nos affaires marchent bien partout.
Nous sommes peut-être timorés. Notre présence en Asie n'est peut-être pas aussi importante que celle des États-Unis. Il ne fait aucun doute que c'est un aspect à améliorer. Nous devons comprendre le profil des entreprises qui ont du succès en Asie et nous devons publiciser leur réussite. C'est une initiative que nous pourrions entreprendre conjointement et non strictement en tant que représentants officiels.
Le sénateur Grafstein: Comme vous, mes collègues du comité s'intéressent de très près à cette région. Certains d'entre nous y avons passé pas mal de temps. J'ai passé beaucoup de temps en Chine. Nous abordons cette région avec des idées préconçues et nous nous demandons, monsieur le président, si nous ne sommes pas en train de nous charger d'une tâche beaucoup trop énorme pour nous en raison de la diversité des territoires en question. Comme l'a mentionné Mme Hall, nous pourrions consacrer tout notre temps à étudier la Chine, le Japon ou l'Indonésie et ce serait en soi une entreprise de taille.
Premièrement, pour faire suite à la requête du sénateur Carney, j'aimerais connaître la démographie de Toronto. J'ai l'impression, et je ne dis pas ça par parti pris régional, que Toronto compte la plus importante communauté asiatique, qu'elle soit chinoise, japonaise, coréenne, philippine ou autres, en chiffres absolus. Si tel est le cas, je constate en examinant les activités organisées pour faire connaître l'APEC, que la seule activité prévue à Toronto sera la tenue d'une semaine communautaire de la musique. J'aurais espéré la tenue d'événements plus ciblés à Toronto en prévision du sommet de l'APEC.
Deuxièmement, il serait utile, monsieur le président, que nous obtenions du ministère une analyse de l'effectif affecté aux divers marchés. Par exemple, j'aimerais savoir l'effectif que nous avons aux Affaires extérieures à Ottawa; quelle est la proportion de cet effectif qui est affectée sur le terrain, en ce qui concerne l'Union européenne, en ce qui concerne l'Asie et en ce qui concerne les États-Unis.
Nous savons que le ministère traverse une période extrêmement stressante en raison de la compression des effectifs mais je crois que cela ne durera pas longtemps. Je constate deux régions importantes où nous ne sommes même pas représentés. Il serait utile que nous ayons cette analyse afin de déterminer si les autorités constituées ont analysé la situation avec la même perspicacité et la même attitude éclairée dont j'estime que nous avons fait preuve lors de notre dernière étude et dont nous ferons preuve, du moins je l'espère, lors de celle-ci. J'ai l'impression que nous n'attribuons pas correctement les ressources aux secteurs de croissance.
Troisièmement, j'aimerais que l'on procède à une ventilation selon la langue. J'aimerais savoir combien de personnes au ministère, que ce soit ici ou sur le terrain, parlent des langues asiatiques, plus précisément, le mandarin, le cantonais, le japonais, l'indonésien, et cetera. J'ai l'impression que nous n'avons pas diversifié nos ressources au sein du ministère en fonction de ces marchés en expansion.
Dernièrement, qui est notre meilleur partenaire de travail au sein de l'APEC? Ce sont les Australiens qui ont eu l'idée d'établir l'APEC. Qui sont nos meilleurs partenaires de travail dans le cadre de cette initiative? Je suppose que nous nous sommes lancés dans une entreprise très compliquée. Le Canada assumera la présidence, donc je pars du principe que nous devrons entretenir des relations de travail très bonnes et très étroites pour parvenir à faire des percées décisives au niveau des organisations structurelles qui nous permettront d'améliorer le commerce et les investissements canadiens. Qui considérez-vous être nos meilleurs partenaires de travail dans ce domaine? Ai-je raison de croire que pour l'instant ce sont les Australiens?
M. Klassen: En ce qui concerne l'aspect commerce et investissements, ceux dont les vues se rapprochent le plus des nôtres et avec qui nous coordonnons les réunions bilatérales sont les Australiens, les Néo-Zélandais et les Américains. Hong Kong est extrêmement active et nous avons de très bonnes relations avec elle. Elle compte des représentants très compétents au sein du comité du commerce et des investissements. Singapour a également d'excellents représentants au sein de ce comité et nous traitons avec elle.
Nous avons de nombreux contacts bilatéraux avec des personnes de même opinion. Cette année, nous avons contribué à organiser une petite réunion à trois, une sorte de troïka, avec le président sortant, le président actuel et le prochain président de l'APEC, soit le Japon, les Philippines et nous-mêmes. Nous avons essayé de nous rencontrer en marge des réunions de hauts fonctionnaires afin que le président sortant puisse nous signaler certains pièges et certaines idées dans un souci de continuité. Nous voulons continuer à bâtir sur les acquis et à assurer une continuité dans la gestion des politiques. L'Australie est un participant important puisque ce pays a joué un rôle déterminant dans la création de l'APEC et s'est montré pendant un certain temps presque possessif à l'égard de l'APEC. Comme les États-Unis, ses priorités sont surtout axées sur le commerce et les investissements. Les Asiatiques ont tendance à mettre davantage l'accent sur la coopération économique et technique. Ils participent au programme commercial mais nombre d'entre eux aimeraient qu'il y ait plus d'efforts et de progrès au niveau de la coopération économique et technique.
Nous tâcherons d'établir un équilibre lorsque nous assumerons la présidence de l'APEC. Nous n'avons nullement l'intention d'abandonner le programme commercial. Nous avons certaines idées pour relancer l'aspect commercial ou lui redonner un plus grand dynamisme tout en mettant un peu plus l'accent sur la coopération économique et technique dans certaines régions.
Le sénateur Prud'homme: Bien que je ne fasse pas partie du comité, j'aimerais vous poser quelques questions.
[Français]
Monsieur le président, on m'avait demandé à la Chambre des Communes d'écrire un rapport sur les Associations parlementaires.
[Traduction]
Depuis que je suis au Parlement, j'en suis venu, au fil des années, à reconnaître l'importance des associations parlementaires et je crois que le Canada a un créneau favorable dans l'Asie-Pacifique à cet égard. Je recommanderais donc que l'on mette de côté les crédits requis pour une association parlementaire du genre même si l'idée n'a pas bonne presse. Je peux m'attaquer aux médias quand ils le voudront, publiquement, en privé ou autrement parce que je crois profondément que les parlementaires doivent intervenir sur la scène internationale.
Je reconnais l'importance des échanges parlementaires de même que d'une association parlementaire dans la région Asie-Pacifique. Elles comptent là-dessus mais nous semblons hésiter. En fait, la plupart des peuples asiatiques veulent que leurs parlementaires participent à toutes sortes de délégations ou missions spéciales. Il n'est pas nécessaire que le représentant soit un ministre qui a parfois un horaire très chargé; la fonction peut être confiée à un bureaucrate. Je dois dire que la plupart des séances d'information données par les bureaucrates ou parlementaires sont très utiles. Je n'ai jamais entendu de plaintes. Si nous n'obtenons pas toute l'information dont nous avons besoin, c'est habituellement parce que nous n'avons pas su poser les bonnes questions. Ce qui manque à mon avis, c'est une réunion de compte rendu qui permettrait de vérifier tout simplement la somme des connaissances acquises au cours de nos réunions. Au fil de mes 33 années d'expérience, il m'est parfois arrivé d'avoir l'impression que nous nous affrontons comme si nous étions des ennemis plutôt que d'être comme les doigts de la main. J'ai déjà fait part de cette préoccupation aux trois ministres en cause.
[Français]
M.Bell: Est-ce que je peux dire deux mots, monsieur le président. Le sénateur Prud'homme parlait d'un échange entre les parlementaires qui avait un impact très important sur nos relations.
[Traduction]
Le sénateur Carney a demandé ce que le comité pourrait faire pour participer davantage au dialogue Asie-Pacifique. L'une des choses dont nous avons discuté avant de venir ici, c'est la création d'autres associations parlementaires entre le Canada et les pays de l'Asie-Pacifique. Un important forum parlementaire Asie- Pacifique aura lieu à Vancouver, du 6 au 10 janvier. Il s'agit de la première et de la plus importante des initiatives mises de l'avant par le Canada au cours de l'Année canadienne de l'Asie- Pacifique.
Le président: Le temps passe et nous n'avons pas d'ordre de renvoi du Sénat. En prévision d'une discussion portant sur un ordre de renvoi, j'ai préparé un document. Presque tous les renseignements de fond contenus dans l'ébauche ont été fournis par le sénateur Carney dans une lettre qu'elle m'a fait parvenir. Je demanderais que l'on distribue maintenant cette ébauche pour que les membres du comité y jettent un coup d'oeil. Je demanderais aussi aux témoins du ministère de l'examiner au cas où il leur faudrait attirer notre attention sur des changements quant au thème.
Je demanderais au sénateur Carney de nous faire part de ses observations vu qu'il se peut très bien qu'elle veuille faire une suggestion pour l'améliorer.
Le sénateur Carney: Je crois que l'ébauche d'ordre de renvoi que nous avons est meilleure que celle que je vous avais proposée parce qu'on y remplace l'expression «dans le contexte de l'APEC» par la phrase «en mettant l'emphase sur la prochaine conférence de la Coopération économique en Asie-Pacifique». Je crois que cela donne une plus grande marge de manoeuvre au comité.
Je propose que nous ajoutions, à la fin du premier paragraphe, les mots «l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique» de sorte qu'il se lirait: «Que le comité sénatorial permanent des affaires étrangères soit autorisé à étudier et à faire rapport sur l'importance croissante pour le Canada de la région Asie-Pacifique, en mettant l'emphase sur la prochaine Conférence pour la coopération économique en Asie-Pacifique, qui aura lieu à Vancouver à l'automne 1997, l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique.» Cela indiquerait au moins à nos collègues du Sénat que cette question aurait une certaine priorité.
Le président: Nous devrions mettre la majuscule à «Année canadienne de l'Asie-Pacifique» et ajouter une virgule après «1997».
Y a-t-il d'autres commentaires?
Le sénateur Grafstein: Monsieur le président, deux de nos témoins ont soulevé la question et nous avons un excellent rapport sur les nouveaux problèmes de sécurité dans cette région. À ce que je crois comprendre, l'APEC ne s'attache pas du tout à la sécurité, son principal intérêt étant le commerce. C'est la raison pour laquelle, je suppose, Taïwan, Hong Kong et la Chine sont assis ensemble autour de la table. Cela dit, je crois qu'il nous incombe de nous attacher aux problèmes de sécurité tels qu'ils se rattachent au Canada. À cet égard, peut-être devrions-nous ajouter la sécurité de même que l'économie, le commerce, et cetera à notre mandat de sorte que nous puissions être précis. Je crois que cela peut se révéler un énorme problème pour à peu près la prochaine décennie et nous devrions au moins avoir une petite idée des problèmes. Notre étude à cet égard n'a pas besoin d'être poussée, mais nous devrions au moins l'amorcer.
Le président: Je peux peut-être vous expliquer pourquoi je propose de modifier le libellé qu'avait proposé le sénateur Carney. En tant que sénateur libéral, j'ai entendu des rumeurs au sujet d'élections générales. J'ai entendu dire qu'on pourrait les tenir en juin ce qui signifie que, après le mois de mars, nous aurons quitté les lieux. Je n'ai pas de boule de cristal ou d'information spéciale. Je n'ajoute toutefois pas foi à ces rumeurs parce que je crois que les élections auront lieu plus vraisemblablement à l'automne. Cependant, je crois que nous devons user de prudence et que, vu que la conférence aura lieu en 1997, au cours de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique, j'aimerais que le comité soit en mesure de présenter un rapport provisoire sur la conférence de l'APEC, disons, d'ici la fin mars. Cela n'épuiserait pas l'ordre de renvoi. Alors qu'au début nous mettrions l'accent sur les questions commerciales, et cetera, nous pourrions certes nous intéresser à la sécurité. Je croyais que la sécurité, cette deuxième ligne d'action, était comprise dans l'importance croissante de la région Asie-Pacifique, non seulement son importance économique mais aussi en ce qui a trait à la sécurité.
Si quelqu'un à la Chambre me dit que la sécurité n'entre pas dans le mandat du comité, j'essaierai de réfuter cet argument.
Le sénateur Carney: Pour compléter ce qu'a dit le président, c'est la raison pour laquelle je dis que le libellé du sénateur Stewart est meilleur que le mien qui s'attachait beaucoup plus à l'APEC. La substitution de l'expression «dans le contexte de l'APEC» par les mots «en mettant l'emphase sur l'APEC» permet d'inclure ces autres questions.
Le sénateur Grafstein: Je m'en remettrai à notre président. S'il dit que l'importance croissante de l'Asie-Pacifique englobe les questions de sécurité, je le croirai sur parole.
Le sénateur Prud'homme: Est-ce qu'il doit s'agir de deux questions complètes ou d'une seule? Est-ce que je dois comprendre que vous n'incluez pas le mot «sécurité» dans l'ordre de renvoi? J'ai peur que mon estimé collègue puisse aller dans une voie différente de celle que vous voulez vraiment emprunter.
Le président: Je crois que les mots importants sont «l'importance croissante» et cela revêt deux aspects dont l'un serait accentué au départ, à savoir, la conférence et l'Année de l'Asie-Pacifique. Quant à l'autre, il s'agirait de la question de la sécurité qui, à mon avis, revêt une grande importance.
Le sénateur Stollery: Monsieur le président, je ne contesterai pas l'ordre de renvoi, mais je dois dire que l'acronyme «APEC» et le concept de l'APEC m'échappent. Je me souviens d'avoir passé 45 jours à traverser l'océan Pacifique il y a de nombreuses années. C'est une région d'une incroyable complexité et nos témoins viennent tout juste de consacrer la presque totalité de la séance à nous expliquer la diversité qui en résulte. Je ne dis pas cela pour critiquer. Le concept m'échappe et je crois qu'il sera très difficile de le diffuser.
Les paragraphes 1 et 3 de la page 2 du rapport que nous a remis le sénateur Carney résument mon point de vue. On y dit que si ce regroupement était utilisé les régions seraient la Chine, le Japon, l'Asie du Sud-Est et l'Asie du Sud. Je conviens qu'il s'agit là de régions très différentes. Je suis tout à fait d'accord pour dire que deux pays continuent de s'imposer dans le cadre de toute étude de la région: la Chine et le Japon.
Je vais bien sûr appuyer l'ordre de renvoi, mais je crois que APEC est un concept bizarre. Cela n'existe tout simplement pas. C'est une gigantesque région du monde avec laquelle nous souhaitons tous faire du commerce. Personne ne contesterait cela, et l'idée que nous venons tout juste de la découvrir est ridicule. J'étais dans la région dans les années soixante et d'autres Canadiens s'y trouvaient aussi. Les Britanniques y sont venus en 1825. Je ne crois pas qu'on ait rien découvert.
De toute façon, je vais certes appuyer l'ordre de renvoi.
Le président: Nous sommes prêts pour une motion.
Le sénateur Carney: Monsieur le président, en tenant compte de la discussion qui a lieu autour de cette table, je propose que l'ordre de renvoi soit adopté en y ajoutant les mots «l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique».
Le président: Les sénateurs sont-ils d'accord?
Des voix: D'accord.
Le président: Nous avons le quorum et le comité a décidé d'accepter l'ébauche d'ordre de renvoi modifiée; la motion est adoptée.
Avant de lever la séance, je vous rappelle que, comme l'a dit le sénateur Carney, nous avons eu un très bon rapport sur les répercussions de l'intégration européenne sur le Canada. Nous avons reçu des réponses détaillées de deux ministres dont vous voudrez vous servir, j'en suis convaincu. Je ne crois pas qu'on vous les ait les ait distribuées.
Nous recommandions de rencontrer des gens du ministère à intervalles réguliers. Comme nous avons fait cette recommandation, nous devons être disponibles pour ces réunions.
[Français]
Le sénateur Prud'homme: Monsieur le président, je ne vois pas grand chose pour l'Est du Canada. Je ne vois personne du Québec là-dessus.
[Traduction]
Le président: Je remercie nos témoins du ministère car leur témoignage de cet après-midi nous a été très utile.
La séance est levée.