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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international

 

Délibérations du comité sénatorial permanent
des affaires étrangères

Fascicule 30 - Témoignages


OTTAWA, le jeudi 10 avril 1997

Le comité sénatorial permanent des affaires étrangères et le comité des affaires étrangères et du commerce international de la Chambre des communes se réunissent ce jour à 15 h 21 pour s'entretenir avec le premier ministre du Liban.

Le sénateur John B. Stewart et M. Bill Graham (coprésidents ) président.

[Traduction]

Le coprésident (sénateur Stewart): Honorables sénateurs, mesdames et messieurs les députés de la Chambre des communes, nous avons le grand plaisir cet après-midi de recevoir lors de cette réunion conjointe de nos comités M. Rafik Al-Hariri, le premier ministre du Liban. Je demanderais à mon collègue de la Chambre des communes, M. Graham, de dire quelques mots de bienvenue au nom des députés de la Chambre des communes.

Le coprésident (M. Graham): Monsieur le premier ministre, j'ai l'honneur de vous souhaiter la bienvenue devant nos collègues du Sénat et de la Chambre des communes. Comme vous ne devez certainement pas l'ignorer, il y a beaucoup de Canadiens d'origine libanaise qui ont contribué à l'enrichissement de notre pays. À Toronto, il y a non seulement ces merveilleux restaurants libanais mais également des hommes d'affaires libanais qui ont très bien réussi. Il y a beaucoup de Libano-Canadiens qui contribuent à notre épanouissement. Un des députés que vous avez rencontrés est né dans votre région. Nous sommes tous ravis de pouvoir discuter avec vous des questions touchant votre région. Au nom de mes collègues, et au nom de tous les Canadiens, je vous souhaite la bienvenue, et nous sommes tous impatients de vous entendre.

Son Excellence Rafik Al-Hariri, premier ministre de la République du Liban: Je vous remercie de nous avoir offert cette occasion de vous rencontrer pour discuter des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre région et pour explorer les moyens de renforcer les relations entre le Canada et le Liban.

Renforcer nos relations historiques nous intéresse vivement. Le Canada a participé plusieurs fois à des missions de maintien de la paix dans notre région. Nous avons énormément de respect pour la société canadienne et nous vous remercions d'avoir accueilli nos ressortissants pendant ces temps difficiles.

Le coprésident (M. Graham): Je sais qu'il y a des sénateurs et des députés qui voudront poser des questions. Je suppose que vous êtes prêt à y répondre même si elles sont délicates.

Je demanderais à un de nos collègues du Sénat, le sénateur De Bané, d'ajouter un mot ou deux.

[Français]

Le sénateur De Bané: Monsieur le premier ministre, soyez le bienvenu au Parlement canadien. Je salue à travers vous et à travers votre personne la terre du Liban et le peuple libanais. C'est la première fois dans l'histoire de notre pays que nous avons l'honneur de recevoir le premier ministre du Liban.

Voilà près de cent ans que les premiers Libanais sont arrivés au Canada, au développement duquel ils ont apporté une contribution exceptionnelle. Presque dans chacune des municipalités canadiennes, il y a une présence libanaise.

Nous trouvons aujourd'hui des Libanais dans presque tous les domaines: l'enseignement universitaire, les professions libérales, le commerce, l'industrie, et la politique.

Par un heureux retour des choses, au Liban même, il y a aujourd'hui 50,000 Canadiens; 50,000 personnes qui détiennent le passeport canadien. Je voudrais également rappeler que c'est un chirurgien canadien d'origine libanaise qui a dirigé l'équipe qui a sauvé la vie du premier ministre du Québec, lorsqu'il était atteint d'une maladie foudroyante qui a mis sa vie en danger.

[Traduction]

Je souhaite également vous féliciter, monsieur le premier ministre, de vos réalisations personnelles. Votre pays n'a jamais déclaré la guerre à une autre nation, mais a été au contraire la victime d'un conflit qui l'a ravagé pendant 17 ans. Personnellement, vous n'avez jamais relâché vos efforts pour atténuer les souffrances de votre peuple. Vous avez une réputation de philanthrope. Vous avez fondé plusieurs organismes de charité et par l'intermédiaire de la Fondation Al-Hariri, vous avez financé les études de plus de 30 000 jeunes Libanais dans les universités de pays occidentaux dont le Canada. En reconnaissance de vos nombreuses réalisations, pendant votre séjour au Canada deux universités canadiennes réputées vous conféreront des doctorats honorifiques, l'Université d'Ottawa et l'Université de Montréal.

De plus, vous avez accepté la responsabilité d'être à la fois président du Conseil et premier ministre de votre pays dans des circonstances difficiles, ayant accepté le défi de reconstruire votre pays après une guerre de 17 ans.

J'aimerais, monsieur le premier ministre, vous poser les questions suivantes: voudriez-vous nous expliquer la stratégie générale que vous avez suivie jusqu'à présent pour reconstruire votre pays, les principaux défis que doit relever votre pays et, enfin, quels sont vos plans pour les années qui viennent?

M. Al-Hariri: Je vous remercie infiniment de ce que vous avez dit sur moi et sur le Liban.

Messieurs les présidente, il y a quatre ans et demi, je suis devenu premier ministre. L'économie s'était dégradée et la livre libanaise était instable. Nous avons lancé un programme pour rétablir la confiance dans le pays; à la fois la confiance des Libanais en eux-mêmes et dans leur pays et la confiance du monde envers le pays. Depuis, la livre libanaise a continué de se stabiliser et de se renforcer. L'inflation qui était de 120 p. 100 est aujourd'hui d'environ 10 p. 100. Les réserves de la banque centrale étaient inférieures à 400 millions de dollars. Nous avons maintenant des réserves d'environ 6 milliards de dollars. Le déficit budgétaire était de 90 p. 100. Nous en sommes aujourd'hui à moins de 40 p. 100, à environ 38 p. 100. Nous espérons atteindre cet objectif en 1997.

Nous avons augmenté les salaires; nous avons augmenté la participation sociale. Notre programme est redoutable. Pour commencer, il faut renforcer l'unité parmi les Libanais eux-mêmes et c'est l'élément le plus important. Deuxièmement, il faut reconstruire l'infrastructure du pays pour encourager le secteur privé à investir; troisièmement, il faut assurer la sécurité du pays en renforçant l'armée libanaise et les forces de sécurité; et il faut encourager les investisseurs libanais, arabes et étrangers, à travailler et à investir dans le pays.

La situation actuelle est la suivante: nos importations se montent à environ 7 milliards de dollars par an et nos exportations à environ 1 milliard de dollars. Néanmoins, la balance des paiements est positive et il y a un excédent. C'est parce qu'il y a entrée de capitaux d'investissements dans le pays. Il y a beaucoup de gens qui veulent investir dans notre économie.

Comme vous le savez, nous sommes une démocratie. Nous avons une société démocratique et une économie libre. Cependant, nos lois nous posent de nombreux problèmes et dernièrement, nous avons procédé à de nombreux changements. Afin d'encourager des investissements, nous avons réduit l'impôt sur les sociétés; désormais c'est un taux forfaitaire de 10 p. 100. Nous nous sommes fixé comme programme pour les cinq prochaines années le renforcement des petites et moyennes industries ainsi que de l'agriculture et des industries liées à l'agriculture. Nous espérons faire du Liban le centre financier, commercial et tertiaire du Moyen-Orient.

Pour ce qui est de l'éducation, avant la guerre, le Liban n'a jamais dépassé une scolarisation de 35 p. 100 de la population. Pendant la guerre, cette proportion est descendue à presque 10 p. 100. Nous l'avons ramenée à 35 p. 100 et nous avons un programme qui devrait nous faire arriver à 85 p. 100. Nous examinons les programmes. Nous voulons les actualiser. Pour garantir l'unité nationale, nous étudions le système d'éducation civil et nous avons publié un nouveau livre qui permettra de renforcer le sentiment d'unité nationale chez les Libanais.

Toutefois, le processus de paix continue à nous poser un gros problème. Une partie de notre pays est occupée. Nous sommes allés à Madrid pour encourager les Israéliens à appliquer la résolution 425, ce que les Israéliens ont jusqu'à présent refusé de faire. Comme vous le savez, le processus de paix est gravement menacé. Nous sommes un peuple qui a beaucoup souffert de la guerre. Je ne crois pas du tout à la guerre. Je ne crois pas à la violence. Je ne crois pas que la guerre résolve les problèmes. Notre pays a payé un tribut très élevé à la guerre.

Nous voulons garantir l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. C'est la raison pour laquelle nous voulons la paix dans la région. Nous voulons participer à cette paix. Nous nous préparons pour la paix. Nous savons très bien que le Liban ne pourra que profiter de la paix. Notre pays a payé un tribut très lourd à cause du manque de sécurité et de paix dans la région, mais notre pays, qui est un petit pays, veut participer et assumer sa part de la paix qui s'en vient.

Ce qui se passe aujourd'hui est effrayant. Nous contactons tous les pays du monde et nous en faisons la tournée. Je demande à tous les dirigeants du monde de convaincre les nouveaux dirigeants d'Israël que la voie qu'ils suivent ne mène pas à la paix. Elle réduira à néant le petit capital de confiance qui s'est constitué au cours des cinq dernières années, et c'est très mauvais.

Nous devrons tous joindre nos efforts pour convaincre les dirigeants israéliens des avantages de la paix aussi bien pour les Israéliens que pour les Arabes. C'est notre destin. Nous devrons vivre ensemble. Nous n'avons pas d'autre choix. Essayer de s'imposer par la force est une mauvaise solution. Cela ne mène nulle part. Cela conforte uniquement les extrémistes et les fondamentalistes, et nous en souffrirons tous.

Je tiens à profiter de cette occasion pour vous dire combien nous croyons à la paix, combien nous aspirons à la paix dans la région, et combien nous avons besoin de votre aide et de l'aide de tout le monde pour convaincre Israël que la meilleure chose est de vivre en paix ensemble et d'avoir des relations normales entre tous les pays de la région. C'est le dialogue et rien d'autre qui nous permettra de résoudre tous nos problèmes.

M. Keith Martin: Je vous remercie beaucoup, monsieur le premier ministre, de comparaître devant ce comité mixte, et de votre vibrant plaidoyer pour la paix au Moyen-Orient. Nous sommes tous profondément attristés par les événements au Moyen-Orient, surtout dernièrement.

J'ai trois petites questions à vous poser: premièrement, où en sont les négociations sur la zone de sécurité israélienne au sud du Liban? Quelle assurance le Hezbollah donnera-t-il à Israël d'une cessation des actes de violence?

Deuxièmement, vous avez dit vouloir donner la priorité à l'industrie agricole. L'approvisionnement en eau potable va bientôt devenir un problème pour le Liban ainsi que pour les autres pays du Moyen-Orient. Quelles mesures avez-vous prises pour combattre ce problème? Quel rôle le Canada peut-il jouer pour faciliter l'approvisionnement en eau de votre région?

Enfin, des mesures ont-elles été prises par le Liban de concert avec M. Assad en Syrie, acteur très important dans le processus de paix au Moyen-Orient? Votre pays et la Syrie ont-ils uni leurs efforts à ceux des Palestiniens pour aborder collectivement avec les Israéliens les nombreux problèmes qui se posent à tous les pays de cette région?

M. Al-Hariri: J'ai avec moi une carte du Liban. C'est la partie dont nous parlons. C'est ce qui s'appelle la «zone de sécurité», mais sécurité pour qui? Ce n'est pas une zone de sécurité. C'est une partie du territoire libanais occupée par les Israéliens. Israël est ici. Voici la frontière internationale d'Israël. Les Israéliens occupent une partie de notre pays depuis 1978. En conséquence, les Nations Unies, y compris les États-Unis et le Conseil de sécurité, ont adopté la résolution 425 demandant à Israël de se retirer inconditionnellement de notre territoire.

Depuis, Israël continue à occuper ce territoire. À l'époque, il y avait des Palestiniens chez nous. En 1982, Israël a envahi le Liban et atteint Beyrouth. Les Palestiniens ont quitté le pays. En chemin pour Beyrouth, la capitale, les Israéliens ont tout détruit sur leur passage. Ils se sont ensuite retirés mais ils ont laissé des forces dans la partie sud du pays. Ils la qualifient de zone de sécurité ou de ceinture de sécurité. En fait, c'est un territoire libanais occupé par Israël. Nous leur demandons de se retirer de notre territoire.

Après 1982, après l'invasion, les Israéliens ont commencé à se retirer. Lorsqu'un pays est occupé, n'importe où dans le monde, il y a de la résistance. C'est l'histoire de l'humanité. Actuellement, la résistance est dirigée par un parti connu sous le nom d'Hezbollah. Le Hezbollah a une idéologie que nous ne partageons pas, mais il se bat contre l'occupant exactement comme les Français l'ont fait pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La Résistance française s'est battue contre l'occupant nazi. La majorité des résistants étaient membres du Parti communiste. Le président de Gaulle et le premier ministre Churchill ont envoyé des armes, de la nourriture, des médicaments et de l'argent aux communistes parce qu'ils se battaient contre les occupants. Cependant, à la libération de la France, ce n'est pas le Parti communiste qui a pris le pouvoir.

Nous sommes aujourd'hui dans cette situation. Je suis arrivé au pouvoir et la situation était telle que je l'ai expliquée tout à l'heure. Nous sommes occupés par les Israéliens et la résistance est menée par le Hezbollah. Ils sont au Parlement et ils sont dans l'opposition. Nous ne sommes pas en bons termes. Ils s'opposent à tout ce que je fais. Nous ne sommes pas d'accord. Nous n'avons pas de programme politique commun, mais ils sont là et ils se battent contre l'occupant.

De temps en temps, les Israéliens disent: «Pourquoi ne désarmez-vous pas le Hezbollah?» Sous-entendant que nous devrions désarmer ceux qui ne nous rendent pas la vie facile et les laisser occuper le pays et continuer à l'occuper sans notre accord. Nous leur avons répondu plusieurs fois: «Pourquoi n'appliquez-vous pas la résolution 425? Ce serait alors à nous de garantir la sécurité à l'intérieur de nos frontières». Ils refusent d'appliquer cette résolution. C'est un cercle vicieux. Le Hezbollah se désarmera-t-il le premier ou les Israéliens perdront-ils quelque chose les premiers?

L'évolution actuelle du processus de paix n'encourage personne à faire confiance à qui que ce soit, et c'est ce que j'ai voulu faire comprendre au début de mon intervention. Grâce à Oslo et grâce aux Jordaniens, un petit capital de confiance s'est constitué. La population souhaite une fin heureuse à cette situation mais les événements actuels mènent exactement dans le sens contraire.

Le premier ministre M. Nétanyahu veut absolument construire des logements pour les colons dans la partie est de Jérusalem. Qu'est-ce que la partie est de Jérusalem? Vous savez ce que c'est? C'est un tout petit bout de terre qui a été donné à Bethléem. Si cette colonie juive est installée, le premier ministre coupera Jérusalem de Bethléem. C'est un quartier chrétien; les propriétaires sont chrétiens. S'il le fait, il coupera Jérusalem de Bethléem. C'est la raison pour laquelle il insiste sur la construction de ces logements.

Il y a de nombreux problèmes à résoudre avant. Le premier ministre israélien doit trouver au plus vite des solutions aux problèmes avec les Palestiniens, avec les Syriens et avec nous.

Pour ce qui est de l'eau potable, nous avons de l'eau au Liban. Il neige et il pleut en ce moment. Nous avons donc suffisamment d'eau. Nous avons besoin d'eau parce que nous avons beaucoup de villages qui ont besoin d'eau potable et d'eau d'irrigation. Cependant, nous avons aussi besoin d'investissements pour nous aider à mieux utiliser notre eau. Les compagnies canadiennes peuvent jouer un rôle important en nous y aidant.

M. Sarkis Assadourian: Le Canada est différent du Liban sous certains aspects, mais sous de nombreux autres nous sommes très analogues. Nous sommes un pays multiculturel. Je suis né en Syrie et mon collègue est né au Liban. Il y a beaucoup de députés qui sont nés dans différentes régions du monde.

M. Al-Hariri: Vous êtes tous Canadiens.

M. Assadourian: Oui, nous sommes tous Canadiens. Nous sommes tous arrivés sur des bateaux différents mais nous voguons maintenant tous ensemble et nous devons tenir le cap.

J'étais au Liban en 1967. Ma femme est libanaise. J'y suis retourné après 1994, après 17 années de guerre civile. J'ai vu les destructions, c'était horrifiant. Je ne peux le décrire. Je n'avais jamais été auparavant dans une zone de guerre mais c'était terrible. Les représentants du gouvernement m'ont dit que la reconstruction allait bon train. Pouvez-vous nous dire où en sont les activités de reconstruction au Liban?

Je suis sûr que vous aviez une bonne raison de venir au Canada. Ce n'était probablement pas pour nous rencontrer. Nous en sommes heureux, mais je suis certain qu'il y a une autre raison à votre visite. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

Que peut faire notre pays pour promouvoir des relations avec le Liban, et qu'attendez-vous de nous? Air Canada n'a pas de vols sur le Liban. Quelle est la possibilité d'une liaison directe entre le Canada et le Liban? La communauté libanaise ici est importante. Nous sommes fiers d'elle. L'ambassadeur fait du bon travail, mais il faudrait que nous prenions position au sujet d'Air Canada et des lignes du Moyen-Orient.

M. Al-Hariri: Pour commencer, en quatre ans j'ai fait plus de 100 voyages et plusieurs fois le tour du monde. Pendant la guerre, le Liban a disparu de la carte des destinations. Nous devons lui faire retrouver sa place à la fois sur la carte internationale et sur l'échiquier politique. Le Liban a beaucoup d'amis et il nous faut raviver ces amitiés. C'est une des raisons de ma venue au Canada.

Deuxièmement, les relations économiques et les Libano-Canadiens vivant ici peuvent servir de pont entre le Canada et non seulement le Liban, mais aussi le monde arabe. Les échanges économiques entre votre pays et le Liban sont minimes. Les échanges commerciaux représentent de 50 à 60 millions de dollars. Nous achetons des marchandises canadiennes et le Canada nous achète pour environ 5 millions de dollars de marchandises. J'espère que cette visite encouragera les hommes d'affaires canadiens et les Libano-Canadiens à augmenter les relations économiques entre le Canada et le Liban. Nous espérons signer plusieurs accords qui mettent fin à la double imposition et encouragent les investissements réciproques, entre autres. C'est le genre d'accords que nous signons avec tous nos amis.

Demain, nous parlerons peut-être de ce problème de vols d'Air Canada sur le Moyen-Orient afin de faciliter les déplacements des gens du Moyen-Orient. Nous y tenons beaucoup. Nous voulons être ouverts au monde entier et voir le drapeau libanais flotter partout.

Nous sommes un petit pays. Nous avons besoin de nos amis. Nous venons pour encourager ces amitiés. En outre, ces accords renforceront les liens économiques entre nos deux pays.

Pour revenir à votre question sur la reconstruction du Liban, une grande partie des infrastructures est déjà en place, comme l'électricité. La plupart des routes ont été reconstruites et la première phase de la construction de l'aéroport sera terminée cette année. Il faudra deux ans de plus pour mener tous les travaux à terme. Dans le district central de Beyrouth qui a été pratiquement détruit, le travail est en bonne voie. Ceux qui ont connu ce quartier auraient du mal à le reconnaître aujourd'hui. Les chantiers progressent selon les plans.

Pour ce qui est du Canada, nous avons le sentiment d'avoir beaucoup de points en commun. Nous sommes heureux d'être venus ici aujourd'hui. En fait, nous aurions dû le faire plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais.

Le sénateur Carney: Monsieur le premier ministre, nous vous savons gré d'avoir pris le temps de nous rencontrer. Vos commentaires sont très éclairants et très instructifs.

Plusieurs ministres et parlementaires canadiens se sont rendus au Liban, y compris notre ministre du Commerce, Art Eggleton, qui vous a rencontré il y a quelques semaines. Que peut faire le Canada pour vous aider encore plus?

Les deux Chambres du Parlement ont approuvé il n'y a pas longtemps un accord de libre-échange entre le Canada et Israël. Avez-vous étudié la possibilité d'une entente de libre-échange avec le Canada? Est-ce le genre d'initiative qui pourrait vous aider?

M. Al-Hariri: Nous discutons avec l'Europe de la signature d'un accord de libre-échange. Cet accord ne concernera pas uniquement l'Europe mais le reste du monde et le Canada sera tout en haut de la liste.

Le sénateur Carney: Est-ce que ce genre de mesure vous sera utile?

M. Al-Hariri: Oui.

Le sénateur Carney: Quelles autres mesures pourraient vous aider? Quels sont vos besoins?

M. Al-Hariri: Nous avons cruellement besoin d'assistance technique. Il nous faut aussi construire des collèges techniques pour nos enfants. Toute relation économique est la bienvenue mais avant tout nous avons besoin d'assistance technique.

Le coprésident (sénateur Stewart): Avez-vous bien dit que vous étiez en train de négocier une entente de libre-échange avec l'Union européenne?

M. Al-Hariri: Oui.

Le coprésident (sénateur Stewart): Comment cela peut-il impliquer le Canada?

M. Al-Hariri: C'est un accord analogue. Nous discutons en ce moment avec l'Union européenne la signature d'un accord de libre-échange. Nous ne voulons pas qu'il soit uniquement consigné à l'Europe. Nous voulons l'étendre au monde entier. Le Canada serait tout, en haut de cette liste.

Le coprésident (sénateur Stewart): Vous seriez prêts à signer avec nous même si l'Europe se faisait un peu attendre?

M. Al-Hariri: Je crois que nous aboutirons dans le cas de l'Europe.

Le coprésident (M. Graham): Votre accord avec l'Union européenne suit-il les mêmes lignes que l'accord de la Turquie avec l'Union européenne? Est-ce une espèce d'accord d'association?

M. Al-Hariri: Non, c'est différent.

Le coprésident (M. Graham): C'est plus un accord de libre-échange standard?

M. Al-Hariri: Les Turcs veulent entrer dans l'union. Il y a beaucoup de complications. Ils ont des problèmes de droits de l'homme et de législation de travail. Nous n'avons pas les mêmes problèmes.

[Français]

M. Philippe Paré, député, Chambre des Communes: Depuis l'élection du premier ministre Nétanyahu, qui a eu comme effet de ralentir sinon de bloquer complètement le processus de paix, le Canada a signé un accord de libre-échange avec Israël.

Nous, de l'opposition, sommes d'avis qu'il eût été préférable de rendre l'application de cet accord conditionnel à la reprise et à l'aboutissement du processus de paix. Sans vouloir vous mettre mal à l'aise, pourriez-vous me donner une impression par rapport à cela?

M. Al-Hariri: Vous savez, les Israéliens et les Palestiniens ont signé un accord à Oslo, en 1993, je crois, en septembre 1993. Cet accord était recevait l'appui de certains et d'autres y étaient opposées. Et après, ils ont signé un autre accord avec les Jordaniens. La discussion a commencé entre les Israéliens et les Syriens. Et juste après une longue discussion entre les Syriens et les Israéliens, Rabin a été assassiné. Peres est devenu premier ministre et il a annoncé que les procédures de paix étaient plus importantes que l'élection. Après trois mois ou quatre mois, il a annoncé exactement le contraire. Il a annoncé une élection. Après, il a perdu l'élection et Nétanyahu est devenu premier ministre.

Le premier ministre Nétanyahu a fait exactement le contraire. Il a dit qu'ils veulent la sécurité avant la paix. Tout le monde voudrait la sécurité. Il a bloqué la discussion avec les Syriens, et aussi avec les Libanais. Il a commencé à parler, plus ou moins, avec les Palestiniens, et soudainement il a ouvert le tunnel, le fameux tunnel, et tout le West Bank de Gaza a été pratiquement bloqué, et après quelque temps, il a commencé à dire qu'il voulait se retirer de Hébron.

Ils ont réussi à signer un accord qui était déjà signé. En fait, il a changé l'accord fait avec Peres et Arafat.

Et beaucoup de gens disent: bon, maintenant, Nétanyahu est devenu pragmatique; il a commencé à faire quelque chose et il faut l'encourager. Après quelques semaines, il a commencé la construction de Har Homa, qui a créé des problèmes énormes dans le monde arabe. Vous remarquerez que quelques chefs d'États arabes modérés, et c'est ce qui est le plus grave ici, Arafat, le président Moubarak et le roi Hassan II du Maroc, qui ne sont pas des durs, qui sont modérés, veulent vraiment avoir un accord avec Israël.

Considérez que le président Hosni Moubarak, président de l'Égypte, qui a conclu un accord avec Israël depuis 20, ou plus ou moins 18 ans, pratiquement, critique Nétanyahu publiquement alors qu'il n'a jamais fait cela. Il a eu beaucoup de problèmes avec Israël, mais il n'a jamais critiqué le premier ministre israélien comme il le fait maintenant.

Le roi Hassan, qui était le premier architecte de la relation arabo-israélienne, critique publiquement le premier ministre Nétanyahu et il le considère comme un homme qui essaye de détruire le processus de paix.

C'est-à-dire que ces gens-là sentent que les moments que l'on vit maintenant sont des moments difficiles et qu'il faut faire quelque chose. On ne parle pas de chefs arabes qui peut-être sont durs, qui peut-être ne croient pas dans la paix: on parle de gens modérés, qui vraiment voudraient avoir un accord avec Israël.

Même le roi Hassan a adressé une lettre très, très dure à Nétanyahu à cause de la position que le premier ministre israélien a prise.

M. Philippe Paré: Si vous me permettez, monsieur le premier ministre; à la lumière de tout cela, est-ce que c'était le bon moment pour le Canada de signer un accord de libre-échange avec Israël? Est-ce que l'on n'a pas donné un signal ambigu à Israël? Je sais que ma question est embarrassante, mais j'aimerais que vous tentiez de nous donner quand même, très simplement, votre appréciation là-dessus.

M. Al-Hariri: Vous savez, le Canada peut savoir ce qu'il faut faire. Mais qu'est-ce que nous demandons nous-mêmes? Nous sommes un pays qui voudrait avoir la paix, et nous demandons à nos amis de parler clairement avec Israël. Israël ne peut pas continuer ce genre de politique et avoir la même relation avec les pays amis. Nous laissons à nos amis le soin de trouver les moyens pour leur faire comprendre.

Mais il n'est pas normal que Israël soit critiqué par tout le monde entier, et qu'après, tout le monde continue la même politique et la même relation avec Israël.

[Traduction]

Le sénateur Grafstein: J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre distingué invité, et le féliciter de son remarquable travail de rénovation et de reconstruction de l'économie dans des circonstances très difficiles et très complexes. Notre comité des affaires étrangères du Sénat s'intéresse aux questions commerciales et je m'intéresse personnellement à une idée qui avait été lancée il y a quelques années, et qui a refait surface dans le contexte des difficultés actuelles du processus de paix: la constitution d'un bloc commercial régional au Moyen-Orient. La théorie étant que les échanges commerciaux favorisent et confortent la paix. Lorsque les peuples commercent, ils ne se tirent pas dessus; ils commercent. Que pense le gouvernement libanais d'une promotion éventuelle des échanges commerciaux avec la Syrie, par exemple? Y a-t-il des relations commerciales actives entre le Liban et la Syrie et sont-elles bénéfiques pour le Liban?

M. Al-Hariri: Il y a des échanges commerciaux entre le Liban et la Syrie, mais ce n'est pas suffisant parce que nos régimes sont différents. Nous avons des relations très fortes avec la Syrie, nous sommes voisins, mais nos régimes sont différents et les échanges commerciaux ne sont pas à la hauteur de nos relations politiques. En fait, monsieur le sénateur, il faut admettre que dans le monde arabe nous avons un problème. Nous n'avons pas résolu nombre problèmes économiques existant entre nous. Le monde des arabe importe pour près de 35 milliards de dollars de produits alimentaires. Alors que certaines parties des pays arabes manquent de tout, d'autres produisent tout. Certaines parties doivent se fournir à l'extérieur alors que d'autres n'ont pas de marché où vendre leurs produits. Nous avons ce problème. Il n'est pas facile à résoudre à cause de divergences politiques.

Le sénateur Grafstein: J'ai pu voir dans les renseignements qu'on nous a communiqués sur les exportations que les produits agricoles occupaient un rang élevé. Je suppose qu'un des moyens d'augmenter vos échanges commerciaux est de vendre vos produits agricoles à vos voisins qui manquent de produits agricoles.

M. Al-Hariri: La Syrie n'en manque pas.

Le sénateur Grafstein: Non?

M. Al-Hariri: Non, la Syrie est un producteur agricole. Elle doit exporter. Pour des raisons politiques, elle ne le peut pas.

Le sénateur Grafstein: Prenons votre autre voisin, la Jordanie. Quelles sont vos relations commerciales actuelles avec la Jordanie?

M. Al-Hariri: Les Jordaniens ont commencé à produire eux-mêmes. Dans certaines régions, ils produisent au-delà de leurs besoins. Parfois c'est nous qui achetons leurs produits, parfois c'est l'inverse. Le plus gros marché est l'Irak qui fait l'objet d'un blocus et les États du Golfe où nous expédions une grande partie de notre production.

Le sénateur Grafstein: À supposer que le processus de paix reparte sur ses rails...

M. Al-Hariri: Espérons-le.

Le sénateur Grafstein: Supposons-le. Je suppose que cela se fera. Les sages finissent par prendre de bonnes décisions et le peuple finit lui aussi par devenir sage. Cela leur prendra peut-être un peu de temps, mais ils finiront par y arriver. Je crois savoir qu'il y a actuellement des échanges commerciaux -- un marché gris, si vous voulez -- entre Israël et le Liban. Est-ce exact?

M. Al-Hariri: Non. Dans cette région, à cause de l'occupation et parce que les Libanais qui y vivent n'ont pas d'autre solution, ils commercent avec les Israéliens et les Israéliens commercent avec eux, mais il s'agit d'un tout petit bout de territoire avec une toute petite population.

Le sénateur Grafstein: Au-delà du processus de paix actuel, envisagez-vous la création d'un bloc commercial réunissant la Syrie, la Jordanie, Israël et le Liban? Tout comme au Canada nous avons pris la décision pour de bonnes raisons de former un bloc commercial avec les États-Unis et le Mexique parce qu'ils sont voisins, votre gouvernement songe-t-il à former un bloc commercial régional qui donnerait des forces supplémentaires à vos fournisseurs et à vos fabricants locaux dans l'optique éventuelle de relations de libre-échange avec le reste du monde?

M. Al-Hariri: En fait, une entente a été signée entre les pays arabes afin d'éliminer toutes les barrières douanières entre eux, à compter du début de 1998. Personnellement, je ne crois pas que cela se concrétisera. Je pense qu'ils vont tenter de le faire, et cela est très important, mais je pense qu'ils auront beaucoup de mal à le faire.

Le coprésident (sénateur Stewart): Monsieur le premier ministre, je ne connais pas vos obligations en ce qui concerne le temps que vous pouvez nous consacrer. Seriez-vous prêt à répondre encore à deux ou trois autres questions?

M. Al-Hariri: Certainement.

Le coprésident (sénateur Stewart): Le sénateur De Bané, attend patiemment.

Le sénateur De Bané: Monsieur le premier ministre, avant la guerre, le Liban était le principal centre financier au Moyen-Orient. À votre avis, est-il possible que le Liban reprenne sa place à cet égard, et quelles politiques adoptez-vous pour tenter de reprendre cette position au Moyen-Orient?

Si vous me le permettez, j'aimerais vous poser mon autre question tout de suite. Comme vous le savez, le plus gros volume d'échanges commerciaux entre deux pays dans le monde se fait entre le Canada et les États-Unis. Le volume des échanges entre nos deux pays représente plus de 1 milliard de dollars par jour, 365 jours par année. Un tel volume d'échanges commerciaux bilatéraux ne se voit nulle part ailleurs. Le Canada a un excédent commercial avec les États-Unis. Cela montre jusqu'à quel point les Canadiens sont productifs.

Comme vous le savez, le Canada appuie l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban; le Canada a été très actif dans le processus de paix au Moyen-Orient; le Canada préside par exemple le groupe de travail pour les réfugiés et le groupe que vous avez vous-même dirigé à Washington le 16 décembre. Notre ministre des Affaires étrangères a accordé des montants considérables de crédit. Je sais que vous allez rencontrer des gens d'affaires canadiens à Montréal dans quelques jours. À votre avis, le Canada va-t-il jouer un rôle substantiel dans les projets de reconstruction d'une valeur de 30 milliards de dollars qui seront entrepris au Liban au cours des prochaines années?

M. Al-Hariri: En ce qui a trait à votre deuxième question, tout dépend des investissements que les gens d'affaires canadiens voudront faire au Liban. Comme vous le savez, notre pays est un pays libre, et notre économie est une économie libre. N'importe quelle entreprise peut investir au Liban sans problème. La seule restriction concerne la propriété. Puisque le pays est très petit, la propriété pour les étrangers est très limitée. À part cela, n'importe qui peut mettre sur pied une entreprise ou une succursale et fonctionner et être traité exactement comme les Libanais.

Comme je l'ai dit au début de mes observations, les impôts sont très bas: des impôts uniformes de 10 p. 100. De notre côté, nous invitons tous les gens d'affaires canadiens à venir au Liban pour exploiter leurs entreprises, et nous faisons de notre mieux pour qu'ils viennent chez nous. C'est maintenant aux gens d'affaires canadiens de jouer.

En ce qui a trait à votre question concernant le centre financier, bon nombre de pays ont tenté de supplanter le Liban pendant la guerre. Je vais vous raconter une anecdote personnelle. En 1978, j'étais en affaires. J'ai tenté d'établir une syndication dans un des États du Golfe. Je suis allé signer l'entente à laquelle de nombreuses banques internationales participaient. Je crois qu'une des banques canadiennes a également participé. Tous les représentants étaient Libanais.

Le coprésident (sénateur Stewart): La conclusion, par conséquent, est évidente.

M. Al-Hariri: Le fait est que le Liban a un avantage non seulement pour ce qui est de son emplacement géographique, qui est important, mais aussi sur le plan de l'infrastructure, c'est-à-dire les routes, les hôtels, et cetera, et sur le plan des ressources humaines. Quiconque veut venir se lancer en affaires au Liban peut venir seul. Il trouvera toutes sortes de professionnels dans notre pays, comme certains d'entre vous le savent.

Pendant la guerre, ce genre de force s'est enrichie. Bon nombre de Libanais sont allés à l'étranger pour étudier et travailler pendant la guerre. Si on va dans n'importe quelle institution financière dans le monde, il est difficile de ne pas y trouver un Libanais dans un poste supérieur ou dans un poste clé. Les Libanais reviennent au Liban parce qu'il y a du travail. Les impôts sont peu élevés et les salaires sont acceptables. Bon nombre de professionnels peuvent gagner plus de 100 000 $ par an, presque libres d'impôt. Vivre au Liban ne coûte pas cher.

Le coprésident (sénateur Stewart): L'environnement et le climat sont excellents.

M. Al-Hariri: C'est exact.

M. Charlie Penson: Monsieur le premier ministre, vous avez parlé précédemment de l'occupation d'une partie de votre pays par Israël dans ce qu'on appelle la zone de sécurité. Quelle est la plus grande menace à la sécurité dans la région? Est-ce l'absence d'un processus de paix entre les Palestiniens et les Israéliens? Est-ce une menace de la Syrie? Qu'est-ce qui menace Israël et qui fait en sorte qu'ils aient besoin d'une zone de sécurité dans votre pays?

M. Al-Hariri: Par le passé, Israël a occupé cette partie de notre pays lorsque les Palestiniens étaient là. Lorsque je dis les Palestiniens, je veux parler de l'OLP. Après avoir été chassés de Jordanie en 1970, ils sont venus au Liban pour s'y établir. Voilà ce qui s'est passé.

En 1978, Israël a décidé de venir occuper une partie du pays, ce qu'ils ont fait. Le Conseil de sécurité a adopté la résolution 425, demandant à Israël de se retirer inconditionnellement du Liban. Les Israéliens n'ont pas respecté cette résolution.

En 1982, étant donné que cette occupation ne rimait à rien, et parce que la sécurité n'était pas assurée, le gouvernement israélien, un gouvernement likoud mené par Menahem Begin et Ariel Sharon, qui était alors ministre de la Défense, a ordonné l'invasion du Liban. Ils sont arrivés à Beyrouth et ont chassé l'OLP, et Yasser Arafat en particulier, et les Palestiniens sont allés en Tunisie. Ils ont commencé à quitter le pays. La résistance a commencé et les Israéliens ont gardé ce qu'ils appellent maintenant la zone de sécurité.

Cette zone de sécurité n'assure pas la sécurité d'Israël. Ils disent que s'il n'y avait pas cette zone de sécurité, le Hezbollah les atteindrait. En fait, le Hezbollah existe parce que les Israéliens sont là. En réalité, les Israéliens renforcent le Hezbollah; en bloquant le processus de paix, ils renforcent le Hamas. Si vous connaissez la politique locale, Hamas est le groupe fondamentaliste islamique.

Ensuite il y a Yasser Arafat. Quelle est sa situation? Il faiblit. Qui l'affaiblit? Nétanyahu. Chez les Palestiniens, ce sont les fondamentalistes qui prennent de la force. Ce genre de politique renforce le fondamentalisme, ce qui est absolument mauvais. C'est pourquoi vous entendez un président comme Moubarak critiquer Nétanyahu. C'est parce que Nétanyahu, à cause de sa politique, renforce le fondamentalisme en Égypte ainsi qu'au Maroc, en Jordanie et ailleurs. Voilà le danger de cette politique.

Le coprésident (M. Graham): Monsieur le premier ministre, je pense que vous deviez rester avec nous jusqu'à 16 heures. Vous êtes resté jusqu'à 16 h 15. Nous avons abordé toutes les questions que nous tenions à éclaircir avec vous, et même davantage.

Au nom de nos collègues de la Chambre des communes, nous vous remercions de votre comparution aujourd'hui. Bon nombre d'entre nous sont allés au Liban. J'y suis allé en 1960 pour la première fois, lorsque j'étais jeune et que je vivais à Vancouver. Au nom de nos membres, je vous remercie de vos efforts personnels pour restaurer l'une des plus belles villes dans l'un des plus beaux pays au monde. Il s'agit certainement de l'un des centres financiers qui a le plus de succès au monde, même si c'est plutôt une diaspora ces jours-ci. Nous vous souhaitons bonne chance, et merci.

M. Al-Hariri: Messieurs les présidents, nous voulons renforcer nos liens avec le Canada. Nous voulons que vous compreniez notre point de vue. Nous sommes un peuple pacifique. Nous voulons la paix. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour que cela se réalise. Cependant, nous ne pouvons pas le faire seul. Nous avons besoin de votre aide pour persuader les Israéliens que la politique qu'ils préconisent n'est pas une politique qui mènera à la paix.

Par ailleurs, nous aimerions qu'un plus grand nombre de gens d'affaires canadiens viennent au Liban participer à la reconstruction et au développement de notre pays. Merci beaucoup.

Le coprésident (sénateur Stewart): Cela a été une rencontre très utile pour nous, et nous le devons à l'honnêteté avec laquelle vous avez répondu aux questions que nous vous avons posées. Nous vous sommes très reconnaissants d'être venu nous rencontrer. Nous apprécions votre sincérité. Nous apprécions également la présence de vos ministres. Nous espérons le retour de la paix dans votre région et partout dans le monde. Merci beaucoup.

La séance est levée.


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