ATTENTES DES CANADIENS ET CONDUITE DES ENTREPRISES
1. Attentes de la collectivité
2. Accès des Canadiens à faible revenu aux services bancaires de base
3. Accès aux succursales
4. Microcrédit
5. Partenariats avec le secteur bénévole
6. Rapport sur les responsabilités envers la collectivité
PARTIE G
ATTENTES DES CANADIENS ET CONDUITE DES ENTREPRISES
1. Attentes de la collectivité
Contexte
Le Groupe de travail signale que les banque ont toujours détenu une position privilégiée dans léconomie canadienne et que cette position les place dans une relation spéciale avec la collectivité. Le Groupe de travail note également que la situation particulière des banques dans notre société les expose à deux types dattente :
On sattend à ce que, au-delà de leurs stricts impératifs commerciaux, les banque jouent un rôle de leadership dans la collectivité. On sattend à ce quelles contribuent à améliorer la qualité de vie des citoyens en sacquittant de leurs responsabilités sociales et en se montrant de bonnes « entreprises citoyennes », en entreprenant des activités qui ne sont pas nécessairement rentables.
On sattend également à ce que les banques appuient la collectivité dans leur comportement économique. On craint que les banques ne refusent parfois daccorder des prêts rentables, dans la collectivité, parce que le rendement ajusté au risque nest pas suffisamment élevé ou que les coûts administratifs sont trop lourds par rapport à dautres solutions qui sont peut-être profitables pour les actionnaires, mais non pour les autres parties prenantes. (Rapport du Groupe de travail, Document dinformation no 4, p. 16)
Recommandations du Groupe de travail
87) La manière dont les institutions financières répondent aux attentes de la collectivité devrait faire lobjet dune meilleure divulgation et de plus de transparence. Les gouvernements, les institutions et les groupes dintérêt public concernés devraient collaborer à la définition et au règlement des questions relatives aux attentes non satisfaites du public à mesure quelles se posent.
Opinions des témoins
Le Comité na guère entendu de témoignages sur cette recommandation. La plupart des commentaires des témoins concernaient les recommandations relatives aux rapports sur les responsabilités envers la collectivité. Ils seront donc traités dans ce contexte.
Conclusions
Le Comité na pas dobservations à faire sur cette recommandation. Les attentes de la collectivité seront considérées dans nos observations sur les recommandations 99 et 100 (rapport sur les responsabilités envers la collectivité).
2. Accès des Canadiens à faible revenu aux services bancaires de base
Contexte
Le Groupe de travail sest penché sur laccès des Canadiens à faible revenu aux services bancaires, cest-à-dire sur leur capacité de « recevoir des fonds et deffectuer des paiements sans sexposer à des coûts ou à des désagréments excessifs ».
Les recherches effectuées pour le Groupe révèlent quune forte majorité de Canadiens estiment quil est essentiel que toute la population ait accès aux services et produits bancaires de base.
Le Groupe de travail signale que les banques et les gouvernements ont pris des mesures pour améliorer laccès des Canadiens à faible revenu aux services financiers :
Les grandes banques se sont entendues avec le gouvernement fédéral sur une politique et des procédures douverture de compte.
Certains gouvernements, à tous les paliers de ladministration publique, ont entrepris daméliorer laccès aux services financiers en recourant davantage au dépôt direct et en concluant des ententes dindemnisation avec les institutions financières. Les programmes de dépôt direct peuvent aider les personnes à faible revenu à ouvrir un compte, tandis que certains accords dindemnisation éliminent la nécessité dimposer un délai dencaissement sur les chèques gouvernementaux des bénéficiaires qui ont un compte. Les accords dindemnisation permettent également aux personnes qui ne possèdent pas de compte dencaisser les chèques émis par le gouvernement lorsquelles produisent les pièces didentité appropriées. (Rapport du Groupe de travail, Document dinformation no 4, p. 25)
Le Document dinformation no 4 mentionne lentente intervenue en février 1997 entre le gouvernement fédéral et les grandes banques pour favoriser laccès des personnes à faible revenu aux comptes et à lencaissement des chèques. Cette entente réduit le nombre de pièces didentité requises pour ouvrir un compte ou pour encaisser un chèque; fait en sorte que lemploi et un dépôt minimum ne soient plus nécessaires pour ouvrir un compte; engage les institutions à former le personnel afin quil suive les politiques des banques en matière de pièces didentité et soit plus sensible aux besoins des personnes à faible revenu. En décembre 1997, le gouvernement fédéral et les banques ont convenu quun rapport de crédit insatisfaisant qui ne révèle pas de comportement malhonnête ou frauduleux ne serait pas un motif pour refuser louverture dun compte.
Le Groupe de travail estime que les grands obstacles qui empêchent daccroître laccès aux services bancaires de base tiennent aux mentalités et à la culture plutôt quaux mécanismes. Malgré la politique officielle des banques, un problème considérable semble persister à la base, dans la prestation de services à une catégorie de clientèle qui risque de ne pas être rentable pour la succursale.
Le Groupe de travail a formulé plusieurs recommandations pour améliorer laccès aux services bancaires de base, mais il nest pas allé jusquà recommander que cet accès fasse immédiatement lobjet dun texte de loi. Le Groupe de travail est prêt à suivre la situation pour voir si des progrès saccomplissent « dans une délai raisonnablement court ». En labsence de progrès, le Groupe de travail est davis que les accords de février et de décembre 1997 devraient être inscrits dans la loi.
Recommandations du Groupe de travail
88) Le Groupe de travail affirme limportance que revêt laccès des Canadiens à faible revenu aux services de transactions de base des banques et des autres institutions de dépôt à titre dobjectif primordial de la politique publique et invite instamment le gouvernement, les institutions financières et les groupes sociaux à continuer de travailler dans un esprit constructif à la réalisation de cet objectif.
89) Les institutions de dépôts réglementée au niveau fédéral devraient donner suite avec détermination aux ententes conclues entre le gouvernement et les grandes banques en février et décembre 1997 concernant louverture de comptes et les autres questions daccès. Les institutions de dépôts réglementées au niveau provincial devraient prendre des mesures au moins aussi efficaces.
90) Pour assurer laccès aux services bancaires de base :
a) Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient fournir des pièces didentité personnelle peu coûteuse à quiconque le demande afin déliminer les problèmes daccès qui découlent de labsence de pièces didentité satisfaisantes.
b) Les institutions financières, les gouvernements et les groupes sociaux devraient, en collaboration, définir un ensemble de services communs qui feraient partie dun compte de banque standard à offrir par toutes les institutions de dépôts. Le compte de base devrait tenir compte de leffet de la technologie sur les services bancaires de base et, par conséquent, permettre lutilisation dune carte de débit et donner aux détenteurs le droit deffectuer un nombre déterminé de retraits sans frais supplémentaires.
c) Les institutions de dépôts devraient offrir des comptes de base standard moyennant des frais raisonnables. Il nest pas nécessaire de prévoir dans la loi les prix que devraient pratiquer les institutions financières, tant que les comptes de base sont facilement accessibles à prix raisonnable. Le ministre des Finances devrait vérifier de temps à autre les prix exigés pour les comptes de base afin de sassurer quils demeurent raisonnables.
d) Les institutions de dépôts devraient être tenues dafficher bien en vue dans chaque succursale les modalités et conditions applicables à leur compte de transactions le plus économique, ainsi que les pièces didentité exigées pour louverture de ce compte.
e) Pour favoriser laccès aux comptes, les gouvernements devraient recourir au dépôt direct pour tous les programmes publics à prestations périodiques. Des comptes maîtres devraient être prévus le cas échéant. Ces programmes devraient être facultatifs pour ceux et celles qui ne veulent pas du dépôt direct, mais tous les efforts possibles devraient être déployés pour amener les bénéficiaires à y participer.
f) Afin que les institutions financières naient aucune raison valable pour imposer un délai dattente à lencaissement des chèques gouvernementaux quand les bénéficiaires présentent les pièces didentité appropriées, les gouvernements devraient conclure avec les institutions financières des accords dindemnisation en vertu desquels les personnes à faible revenu, quelles soient ou non clientes des institutions, puissent avoir immédiatement accès à leurs fonds. Les institutions financières devraient veiller à ce que les fonds soient immédiatement disponibles une fois quun accord dindemnisation a été conclu.
g) Les institutions financières devraient continuer de travailler, avec les groupes communautaires, à lélaboration et à la mise en uvre de programmes efficaces de formation du personnel, renforcées par des encouragements et des politiques de rémunération appropriées au niveau des succursales, de manière à atteindre les objectifs des ententes de février et de décembre 1997 sur laccès aux services de base.
91) Le Groupe de travail note labsence de données fiables sur le nombre de personnes nayant pas de compte bancaire au Canada et sur les raisons pour lesquelles elles ne participent pas au système. Le ministère des Finances devrait entreprendre immédiatement une enquête approfondie afin dévaluer lampleur et la nature des problèmes daccès, de manière à faciliter lélaboration de la politique publique et à permettre aux institutions financières de mieux répondre aux besoins. Le gouvernement devrait suivre régulièrement les progrès réalisés dans le domaine de laccès par la technique du « client anonyme » et dautres méthodes, et répéter lenquête dévaluation à intervalles réguliers.
92) Le Groupe de travail préférerait que les problèmes daccès soient réglés par la coopération des gouvernements, des institutions financières et des groupes sociaux et communautaires, mais il faut être conscient que, dans une société moderne, laccès aux services financiers est dune importance cruciale. Cest pourquoi, si aucun progrès appréciable nest réalisé dans un délai relativement court pour régler les problèmes daccès, le gouvernement devrait inscrire dans la loi les dispositions des ententes de février et de décembre 1997 et prévoir des sanctions appropriées en cas de non-respect des ententes.
Opinions des témoins
Les témoins qui ont parlé de laccès aux services bancaires de base sont tous intervenus dans le sens des propositions du Groupe de travail. Ils soulignent également limportance de fournir laccès aux services bancaires de base aux Canadiens à faible revenu.
Le Conseil national des femmes du Canada (CNFC) applaudit aux recommandations, mais craint que laccès ne soit vraiment réalisé que par une loi. Elles réclament donc ladoption rapide dun loi. Dans la même veine, le Taskforce of the Churches and Corporate Responsibility (TCCR) insiste sur les critères pour décider de légiférer sur laccès. Le TCCR note que le Groupe de travail MacKay ne définit pas le progrès en cette matière ni nétablit qui jugera de ce progrès. Le TCCR est davis quun organisme public, comme le bureau de lombudsman, devrait avoir la responsabilité de tenir les banques responsables de leurs services à lendroit des Canadiens à faible revenu.
LAssociation canadienne des personnes retraitées affirme quil est dans lintérêt financier de lindustrie bancaire de faire en sorte que les Canadiens à faible revenu aient accès à ses services.
La Canadian Community Reinvestment Coalition (CCRC) soutient que laccord de 1997 entre les banques et le gouvernement na pas fonctionné. Le CCRC affirme que diverses expériences visant à évaluer lefficacité de la politique damélioration de laccès ont fait la preuve que cette entente ne fonctionne pas. Elle réclame des mesures immédiates pour forcer les institutions de dépôts à donner accès aux services bancaires de base et des amendes considérables pour le banques réfractaires. (Duff Conacher, 1er octobre 1998)
LOrganisation nationale anti-pauvreté (ONAP) affirme que la discrimination systématique est la principale raison pour laquelle tant de Canadiens à faible revenu nont pas accès à un compte de banque ou sont privés de la possibilité dencaisser un chèque du gouvernement. Elle note ce qui suit :
De nombreux rapports attestent que des Canadiens à faible revenu se sont vu refuser un service ou se sont fait traiter avec mépris par les banques et dautres institutions financières pour la seule raison de leur classe sociale. Ils sont fréquemment traités de façon impolie, avec condescendance, humiliés, ridiculisés et se font refuser le service. Souvent, leur seul choix possible est la maison dencaissement de chèques qui rançonne les pauvres avec des frais de service usuraires. (Mémoire, 5 novembre 1998, p. 2)
LONAP estime que divers tests réalisés à la suite de laccord de février 1997 font la preuve quil faut des mesures plus vigoureuses que celles proposées par le Groupe de travail.
Elle formule notamment les recommandations suivantes :
- quon ajoute la condition sociale comme motif de discrimination interdit dans la Loi canadienne sur les droits de la personne;
- quon présente une loi exigeant que des institutions financières ouvrent un compte à toute personne qui fournit suffisamment dinformation;
- que chaque banque offre au moins un compte économique, sans solde minimum requis, sans frais mensuels et autorisant un minimum de huit transactions par mois;
- quune loi exige des institutions financières quelles encaissent sans frais tous les chèques du gouvernement, que le client y détienne ou non un compte;
- que la loi interdise les retenues sur les chèques du gouvernement, à condition quon présente des pièces didentité suffisantes;
- que la loi fixe le temps de retenue maximal que les institutions financières peuvent utiliser pour les chèques qui ne sont pas du gouvernement;
- que le ministère des Finances fasse un contrôle semestriel du rendement des institutions financières en matière daccès des clients à faible revenu aux services bancaires de base et quon impose des amendes si ce rendement nest pas satisfaisant. (Mémoire, 5 novembre 1998, p. 13)
Le directeur général de la Banque de Nouvelle-Écosse estime lui aussi que laccord de 1997 na pas aussi bien fonctionné quil aurait dû. Il appuie lidée dun compte de banque non discriminatoire et bon marché. Cependant, il préférerait une solution acceptable à toutes les parties en cause plutôt quune loi pour régir laccès. (Peter Godsoe, 7 octobre 1998)
Conclusions
Laccès aux services bancaires de base pour les Canadiens à faible revenu est une chose fondamentale pour le Comité. Dans une société moderne laccès aux services financiers est une quasi-nécessité.
LONAP a signalé au Comité des pratiques discriminatoires des institutions financières à lendroit des Canadiens à faible revenu, comme faire attendre en ligne à lextérieur dune succursale des bénéficiaires de laide sociale qui veulent encaisser un chèque du gouvernement ou refuser dencaisser des chèques certains jours. Le Comité déplore ces pratiques.
Le Comité sait également que les tournées de « magasinage anonyme » effectuées par le Groupe de travail, des organismes de consommateurs et lAssociation des banquiers canadiens pour tester lapplication de laccord de février 1997 sur laccès aux comptes de banque et à lencaissement des chèques révèle que celle-ci na pas donné les résultats escomptés. Le scepticisme du Groupe de travail à ce sujet est bien documenté dans le rapport.
Nous croyons que les principaux obstacles à la réalisation de nouveaux progrès tiennent à la culture et à lattitude des institutions, et non aux processus en place. Il semble que, malgré la politique affichée par les banques et quelques exemples concrets de bonne application de cette politique, il y ait encore beaucoup de problèmes « sur le terrain » lorsquil sagit de servir une catégorie de consommateurs qui risque de ne pas être rentable pour les succursales. La tendance croissante de toutes les institutions financières à concentrer davantage leurs ressources et leur attention sur les clients rentables est amplifiée dans ce cas par les stéréotypes culturels qui jouent au détriment des personnes à faible revenu. Il sagit malheureusement dun problème qui concerne non seulement certains employés de banque, mais notre société de façon plus générale. (Rapport du Groupe de travail, p. 189)
Le problème se pose de la même façon au Comité, quau Groupe de travail : comment faire en sorte que les comptes de base soient mis à la disposition des gens à faible revenu qui en veulent, et comment garantir que ces clients soient traités avec courtoisie et respect.
On a recommandé au Comité que des comptes de base bon marché fassent lobjet dune loi, à titre de droit pour tous les Canadiens. Cependant, la recherche signalée dans le Document dinformation no 4 montre que les comptes de base à prix raisonnable sont disponibles dans la plupart des grandes banques.
Certains témoins veulent quon légifère immédiatement sur laccès aux services bancaires de base; dautres sont prêts à attendre pour voir si un effort concerté des institutions financières, du gouvernement et des groupes sociaux et communautaires produit des résultats.
À cette étape, le Comité estime que la meilleure façon dobtenir laccès aux services bancaires de base est par lengagement constant des institutions, au niveau de leur haute direction, la collaboration, la formation des employés et le contrôle des progrès accomplis. Le dépôt direct des paiements versés en vertu des programmes gouvernementaux aidera également à cet égard. Les programmes de dépôt direct devraient, cependant, être facultatifs pour ceux qui ne veulent pas y participer.
Le Comité appuie donc les recommandations du Groupe de travail relatives à laccès aux services bancaires de base. Le ministre des Finances devrait suivre de près les progrès en ce sens. Si ceux-ci ne se réalisent pas rapidement, alors le gouvernement fédéral devrait légiférer en matière daccessibilité.
Contexte
Le public se préoccupe des fermetures de succursales. Les consommateurs ont beaucoup tendance à sidentifier à leur succursale bancaire. Comme le note le Groupe de travail dans le Document dinformation no 4 :
La succursale représente un maillon important entre linstitution financière et la collectivité desservie. Aux yeux de bien des clients, elle offre des services bancaires personnalisés avec lesquels ils se sentent familiers et à laise. La succursale donne aux emprunteurs la possibilité détablir une relation qui peut se révéler cruciale, dans bien des cas, pour obtenir une source de crédit stable. Elle est de plus en plus une source de conseils pour les investisseurs, à un moment où le choix ne cesse de sélargir entre les différents mécanismes de placement. Toutes ces relations sont menacées quand la succursale ferme. (Groupe de travail, notes dinformation no 4, p. 34)
Le public veut encore avoir le choix deffectuer ses opérations bancaires dans une succursale et cela, en dépit des nombreux progrès qui ont marqué les transactions électroniques et téléphoniques.
Selon le Groupe de travail, la fermeture des succursales par les institutions financières soulève deux questions de politique publique :
- Le gouvernement devrait-il intervenir dans les décisions douvrir ou de fermer des points de service?
- Est-ce que les institutions financières qui ferment des succursales ou les gouvernements ont la responsabilité datténuer les difficultés associées à la transition dans les collectivités touchées?
Selon la politique gouvernementale actuelle, une institution de dépôts qui souhaite fermer une succursale a pour seule obligation dinformer les clients de ladresse de la succursale où leurs comptes sont transférés. Certaines institutions financières font cependant plus pour maintenir une certaine forme de services financiers dans la collectivité.
Le Groupe de travail signale que la perte dune succursale peut être atténuée de plusieurs façons.
Dautres institutions peuvent prendre pied sur le marché pour combler le vide; les clients peuvent se familiariser avec dautres moyens daccès aux services financiers; on peut aussi aider les emprunteurs à établir de nouvelles relations avec les prêteurs. Les banques peuvent nouer des relations dagence pour faciliter létablissement de succursales « à temps partiel » ou, comme le font actuellement certaines institutions, prévoir des visites régulières de leur personnel dans les petites localités non desservies par une succursale. Nous estimons que la transition pourrait être facilitée si linstitution financière travaillait en collaboration avec les autorités locales ainsi quavec les organismes locaux tels que les chambres de commerce ou les clubs de service. (Groupe de travail, note dinformation no 4, p. 39)
Le Groupe de travail conclut quil ne convient pas dempêcher les banques de fermer des succursales ou de les soumettre à un règlement à ce sujet. Cependant, il estime quil faut un certain pour permettre aux personnes touchées de sadapter, et que les institutions qui prévoient fermer des succursales devraient être tenues de donner un préavis raisonnable.
Recommandations du Groupe de travail
93) Afin de donner aux clients et aux collectivités touchées un délai raisonnable pour sadapter et chercher des solutions de rechange lorsque la succursale dune institution de dépôts doit être fermée :
a) Les institutions de dépôts réglementées au niveau fédéral devraient être tenues de fournir un préavis dau moins quatre mois avant de fermer une succursale. Lavis devrait être affiché bien en vue dans les succursales, communiqué à tous les clients et aux autorités locales compétentes et publié dans les journaux locaux.
b) Linstitution financière devrait chercher de manière proactive, de concert avec la collectivité touchée, des solutions de rechange et des moyens de faciliter la transition.
c) Le Groupe de travail incite vivement les provinces à envisager dimposer une règle analogue aux institutions de dépôts constituées au niveau provincial.
Points de vue des témoins
Le Comité a entendu beaucoup de témoignages sur limportance des succursales. Fait particulièrement intéressant à noter, une bonne partie de ces témoignages proviennent des institutions financières elles-mêmes.
Le P.D.G. du Canada Trust affirmé catégoriquement que les transactions bancaires électroniques et téléphoniques ne remplaceront pas les succursales.
On ne saurait pourtant nier limportance des succursales. Dailleurs, à cet égard, nous réfutons lhypothèse de certains commentateurs selon laquelle lélectronique et les autres canaux de distribution tendraient à faire disparaître les succursales. Notre expérience nous indique le contraire, et nous sommes bien placés pour en juger. En effet, toute proportion gardée, le nombre de clients et de services bancaires par Internet de Canada Trust est supérieur à celui de beaucoup de banques. Par notre stratégie, nous nous sommes efforcés de voir à quel point nous pourrions promouvoir ces services, ce qui nous permettrait de savoir si les succursales sont importantes ou non. Nous avons vu quelles le sont.
Essentiellement, cest à partir des succursales que les banques attirent de nouveaux clients. Selon notre expérience, les services bancaires électroniques servent de complément aux opérations en succursale. À ce sujet, il est intéressant de noter que le client de nos services bancaires électroniques utilise davantage notre réseau de succursales que notre client moyen. (Ed Clark, 7 octobre 1998)
Le P.D.G. de la Banque de Nouvelle-Écosse a exprimé un point de vue semblable.
Lorsquon parle de la mort dune succursale, cela me fait penser à Mark Twain, qui a déjà affirmé que sa mort avait été grandement surestimée lorsquil a lu son article nécrologique dans un journal. La plupart des banques de détail les plus importantes du monde, comme la Lloyds, seraient daccord avec ce commentaire. Devons-nous rationaliser? Avons-nous recours à la technologie pour réduire nos coûts? La Banque de Nouvelle-Écosse peut-elle augmenter de 10 p. 100 son efficacité au cours des deux, trois ou quatre prochaines années sans fusion? Bien entendu. Nous sommes payés pour cela. Cependant, nous effectuons la plupart de nos nouvelles ventes grâce à nos succursales, et entretenons avec elles la plupart des meilleures relations. Les deux tiers de nos clients nous perçoivent toujours comme une succursale. Évidemment, 80 ou 85 p. 100 des transactions sont effectuées par voie électronique, mais il ne sagit que de transactions. (Peter Godsoe, 6 octobre 1998)
Le P.D.G. de la Banque Nationale soutient pour sa part quil ny a pas trop de succursales, mais quelles occupent de trop grandes superficies au total.
Cependant, lInstitut Fraser exprime une opinion contraire, affirmant que parce que la technologie est en voie de supplanter la succursale classique, on na plus autant besoin de la présence physique des succursales bancaires dans chaque localité. (Mémoire, 18 octobre 1998)
Plusieurs témoins se sont dit préoccupés des fermetures de succursales et de la diminution des heures douverture. Le Task Force on the Churches and Corporate Responsibility estime que si une succursale réduit ses heures ouvrables, ou accepte des dépôts au comptant seulement certains jours, elle est à toutes fins utiles fermée. Cet organisme sinquiète de la tendance générale qui semble aller dans le sens de la réduction de lactivités où il y a interaction avec les gens.
LAssociation CARP a insisté sur leffet des fermetures de succursale dans les campagnes, les petites villes, les quartiers pauvres des grandes villes et sur les aînés. Le ministre des Petites entreprises, du Tourisme et de la Culture de la Colombie-Britannique a parlé au Comité de limpact de la fermeture dune succursale dans un village de sa province.
À Peachland, dans la vallée de lOkanagan, on a lexemple dune succursale bancaire qui a fermé. Il ny a plus de banque en ville et les gens doivent parcourir 12 km pour se rendre à Westbank. Les gens ont dit au Groupe de travail quils avaient perdu quelque chose chez eux. Cela nous fait mal, car les gens vont magasiner ailleurs : cela enlève de lactivité commerciale dans notre localité. Voilà un exemple de la façon que les fermetures de succursale font du tort aux petites localités, pour des raisons alléguées defficacité. (Ian Waddell, 28 octobre 1998)
Les fermetures de succursales dans les quartiers pauvres inquiétent particulièrement lONAP.
Dans la collectivité, les succursales bancaires jouent souvent un rôle assez différent des commerces qui vendent des biens et services de consommation. Dans les collectivités à faible revenu, les succursales bancaires ont une influence sensible sur la santé et le bien-être actuel et futur des individus et de la population en général. Elles sont comme le robinet à lextrémité dun pipeline qui permet à largent darriver dans la collectivité. Retirer les succursales, cest comme fermer le robinet, et causer une sécheresse financière qui prive une population de sa sève.
Les gens des milieux pauvres ont peu doptions financières... Ces gens sont souvent des aînés à faible revenu qui en plus dêtre en bute aux obstacles technologiques,sont très réticents à changer de banque. (Mémoire, 5 novembre 1998, p. 8)
Le Conseil national des femmes du Canada a demandé au gouvernement de travailler avec les institutions financières pour garder les services de succursale disponibles jusquà ce quil devienne évident que ceux-ci ne sont plus viables.
La Canadian Community Reinvesetment Coalition est daccord avec la recommandation du Groupe de travail mais réclame en plus la divulgation des profits, des pertes et des revenus nets de la succursale pendant les années qui précèdent une fermeture.
Pour ce qui est de la fermeture des succursales, nous sommes daccord avec le Groupe de travail pour quon effectue des consultations publiques et que lon prévoit un préavis de quatre mois pour toute fermeture de succursales. Cependant, nous estimons que pour que la collectivité reçoive toute linformation concernant les raisons pour lesquelles une succursale est fermée, les succursales devraient être tenues de divulguer leurs profits, pertes ou revenus nets pour les années précédentes. Les banques justifient souvent la fermeture dune succursale en disant quelle nest pas rentable. Cette recommandation les obligerait à le prouver. (Duff Conacher, 1er octobre 1998)
Le Conseil canadien du commerce de détail a témoigné longuement sur limportance des succursales locales pour les détaillants.
Premièrement, il y a le dépôt des espèces et des chèques qui, malgré les grands progrès électroniques, représente encore plus de 50 p. 100 des paiements déposés quotidiennement par les détaillants. Il faut souvent effectuer le dépôt dans la journée pour sassurer que le compte est encore suffisamment garni pour pouvoir payer les chèques arrivés à la banque le même jour.
Deuxièmement, après la fermeture de la banque, les magasins qui sont ouverts tard le soir doivent pouvoir disposer dun trésor de nuit.
Troisièmement, le détaillant doit se rendre à la succursale pour négocier tous les services électroniques auxquels nous faisons référence les services de gestion des fonds, les lettres de crédit qui peuvent maintenant être établies électroniquement, le service de carte de débit Interac et les services électroniques pour les cartes de crédit. La technologie ne remplace pas les avantages quil y a à rencontrer quelquun à son bureau pour négocier le prix et la qualité de ce service.
Le quatrième exemple est la négociation dun emprunt. Il y a de grands progrès dans le domaine des téléconférences et des vidéoconférences, mais cela ne remplace pas la présence quotidienne dans la ville du directeur de la succursale locale ou dun représentant local de la banque. Cette personne connaît la situation de léconomie locale, quelles entreprises sont ou non en grève et quel est le taux exact de chômage. Elle peut rencontrer le détaillant en comprenant très précisément les influences qui sexercent sur son entreprise et elle peut négocier les modalités des lignes de crédit. (Ken Morrison, Octobre 27, 1998)
De nombreux témoins appuient lidée dune période de préavis avant la fermeture dune succursale. Rares sont ceux qui envisagent lidée de forcer les institutions à garder les succursales ouvertes bien quun témoin pense quil faudrait considérer des restrictions à la fermeture de la dernière succursale dune localité.
Conclusion
Le Comité appuie la recommandation 93 selon laquelle les institutions réglementées au niveau fédéral devraient être tenues de donner un préavis de quatre mois avant de fermer une succursale.
Cela ne veut pas dire que le Comité croit que le gouvernement devrait intervenir dans la décision daffaires que constitue la fermeture dune succursale. Il reconnaît quavec les changements technologiques et les nouveaux moyens de fournir les produits et services, certaines fermetures sont inévitables. Le Groupe de travail a noté quentre 1991 et 1996, 119 succursales ont fermé leurs portes.
Les témoignages présentés au Comité attestent de limportance des succursales pour les entreprises et les consommateurs. Dans certaines situations, la fermeture dune succursale peut entraîner des difficultés considérables. Pour le Comité, la question crucial consiste à déterminer comment atténuer les difficultés que pose la fermeture.
Le Comité est davis quun préavis de quatre mois aidera à réduire les perturbations. Ce nest pas là une exigence onéreuse pour les institutions financières. En fait, une grande institution a signalé au Comité quelle avait déjà adopté le préavis de quatre mois pour les fermetures de succursales.
Le Comité croit également que laccès aux services financiers peut être maintenu en dépit des fermetures si les institutions utilisent de nouvelles avenues pour fournir les services. Pour atténuer les perturbation causées par les fermeture, les institutions financières devraient envisager des partenariats avec les détaillants et les petits magasins généraux dans les régions rurales (nous nous sommes fait dire que cela se fait à certains endroits), les bureaux de poste, les pharmacies, les supermarchés et les épiceries.
Contexte
Dans le Document dinformation no 4, le Groupe de travail définit le microcrédit comme les petits prêts accordés à des particuliers qui se lancent à leur compte ou démarrent une très petite entreprise. Selon le rapport, il ny a pas de définition généralement acceptée du microcrédit, bien que les personnes connaissant bien la question considèrent que les prêts en question dépassent rarement 7 000 $. (Groupe de travail, Document dinformation no 4, p. 41)
Le Groupe de travail signale que le marché du microcrédit nest généralement pas servi directement par les institutions classiques, même si beaucoup de propriétaires reçoivent en fait des prêts de ces institutions en finançant leur microentreprise par leur carte de crédit.
Plusieurs programmes de microcrédit ont été établis au Canada depuis 10 ans à lintention des personnes qui ne peuvent obtenir des petits prêts dune institution financière. Ces programmes sont habituellement parrainé par des organismes privés comme la Fondation Calmeadow et lAssociation des prêts communautaires de Montréal. Le microfinancement est également offert par certains programmes fédéraux : Agence de promotion économique du Canada-Atlantique (APECA), Développement des ressources humaines Canada, Sociétés de financement des Autochtones dIndustrie Canada, Banque de développement du Canada (BDC). Certaines provinces ont aussi des programmes de microfinancement.
Le Groupe de travail reconnaît la contribution des programmes de microcrédit qui aident des individus à obtenir du crédit dautres sources. Il est davis quil y a place pour le développement des programmes existants de microcrédit et pour de nouveaux programmes.
Recommandations du Groupe de travail
94) Le Groupe de travail recommande que les gouvernements, les institutions financières et les groupes communautaires forment des partenariats afin de promouvoir des programmes de microcrédit qui aident les particuliers à lancer et à développer des entreprises, contribuant ainsi au travail autonome.
95) Le gouvernement devrait participer au secteur du microcrédit en fournissant une aide de base, en matière de démarrage et dinfrastructure, à des programmes pilotes de microcrédit à condition quils reposent de façon démontrable sur des plans valables et quils ne puissent obtenir ailleurs un financement pour leurs fonctions administratives. Le gouvernement ne devrait pas financer les prêts relevant des programmes de microcrédit.
96)Les gouvernements devraient réexaminer tous les programmes daide sociale pour veiller à ce que les microprêts nentraînent pas une réduction des prestations sociales, ce qui aurait un effet désincitatif sur les personnes qui cherchent à accéder à leur autonomie en obtenant du microcrédit.
97) Les banques et les autres institutions financières devraient être encouragées à établir des partenariats avec des programmes de microcrédit offerts au niveau local. Par exemple, les institutions prêteuses pourraient mettre leur savoir-faire et leurs ressources administratives au service dentreprises de microcrédit pour élaborer des systèmes, par exemple des procédures dévaluation de demandes de prêt, ou encore pour financer les frais fixes du programme.
Opinions des témoins
Lorsquils traitaient de microcrédit, les témoins et les mémoires endossaient avec enthousiasme les recommandations du Groupe de travail.
Le Conseil national des femmes du Canada (CNFC), qui signale que le microcrédit a fait beaucoup dans la lutte contre pauvreté dans les pays sous-développés, est heureuse que le Groupe de travail appuie son développement au Canada.
Le professeur Colin Dodds de lUniversité St. Marys prétend que le microcrédit a été essentiel à la promotion du démarrage et du développement des PME. Il affirme quil était important de trouver des modes de financement innovateurs pour ces entreprises.
Le P.D.G. de la Banque Royale du Canada a dit au Comité que sa banque et la Banque de Montréal étaient actives dans le microcrédit au Canada par le biais dun partenariat avec la Fondation Calmeadow.
Dans son mémoire adressé au Comité, Martin Connell, président de Calmeadow, décrit le marché du microcrédit comme destiné aux travailleurs autonomes canadiens qui :
- nont pas dantécédents de crédit;
- nont pas de nantissement ou de chèque de paie régulier;
- ont un antécédent de crédit qui nest pas irréprochable
- manquent de confiance dans leur entreprise et seraient mal à laise daborder une banque;
- ont déjà connu une faillite dentreprise. (Martin Connell, mémoire,4 novembre 1998, p. 2)
M. Connell a dit au Comité que parce que le microcrédit présente des coûts de transaction élevés et beaucoup dintermédiaires sociaux, il ne convient pas aux banques et aux autres institutions financières structurées. Il affirme également que le microcrédit nest pas pour le gouvernement, étant donné que les emprunteurs de la microentreprise craignent le gouvernement et ont tendance à considérer les prêts comme des subventions..
M. Connell suggère un plan pour encourager le microcrédit.
Ce que les banques, les institutions financières structurées et les gouvernements peuvent faire cependant, cest dappuyer des dizaines de petites entreprises communautaires de microcrédit, au niveau de la base.
Plutôt que de traiter directement, un à un, avec cette myriade de microprêteurs... il serait peut-être logique de créer un fonds national indépendant, avec quelques bureaux régionaux, pour analyser les demandes de lorganisme local de microcrédit, fournir des conseils et de laide technique, ainsi que du capital et des subventions à lexploitation aux organismes sélectionnés. (Martin Connell, mémoire, 4 novembre 1998, p. 4)
Conclusion
Le Comité estime que le microcrédit peut contribuer à créer des emplois et à produire des bénéfices sociaux aux individus participant et à la collectivité en général.
Il reconnaît le rôle important que jouent les programmes de microcrédit dans le financement fourni aux personnes qui ne peuvent en obtenir ailleurs.
À partir du rapport du Groupe de travail et des témoignages présentés devant le Comité, il semble que les gouvernements ne devraient pas participer directement aux microprêts. Ils devraient cependant encourager le microcrédit dautres façons. Le Groupe de travail formule plusieurs recommandations à cet égard et le Comité les endosse entièrement. Ce dernier exhorte également les institutions financières à établir des partenariats avec les programmes de microcrédit dans les collectivités locales.
5. Partenariats avec le secteur bénévole
Contexte
Le Groupe de travail reconnaît que le secteur bénévole est une force importante dans les collectivités canadiennes. Le rapport signale que les cinq grandes banques font les plus gros dons de charité. Le Groupe de travail estime que les dirigeants des institutions financières devraient examiner les façons nouvelles de servir les Canadiens avec les dirigeants du secteur bénévole.
Le Groupe de travail souhaite le début des conversations entre les dirigeants des deux secteurs, avec laide du gouvernement au besoin, et que celles-ci débouchent sur la mise en place rapide de projets pilotes. Il estime que les initiatives devraient venir des dirigeants des deux secteurs, mais que le gouvernement devrait songer à parrainer une table ronde pour discuter des dossiers, des problèmes et des possibilités, si cela était utile au lancement de la démarche.
Recommandations du Groupe de travail
98) Les institutions financières devraient mettre au point, avec le secteur bénévole, des formes nouvelles et innovatrices de partenariats qui aideraient à bâtir une société plus forte, plus saine et plus compatissante. Les dirigeants des institutions financières et du secteur bénévole devraient collaborer à cette fin en commençant par des projets pilotes innovateurs.
Opinions des témoins
LAssociation of Canadian Law Foundations souscrit à la recommandation 98. Mais en général, rares sont ceux qui ont parlé au Comité des partenariats avec le secteur bénévole.
La Société du crédit agricole estime que son récent programme de relations communautaires respecte lesprit de la recommandation 98.
Dans la veine de la recommandation 98, la SCA a reconnu que la relation quelle a établie avec les communautés quelle sert est plus étendue que les transactions elles-mêmes. Pour renforcer ces partenariats avec des localités un peu partout au Canada, la SCA a récemment lancé ce que nous appelons notre « programme de relations communautaires », en vertu duquel la société contribue 1 p. 100 de ses revenus nets à la satisfaction des besoins des activités et programmes communautaires philanthropiques, et sans but lucratif. (John Ryan, 26 octobre 1998)
Conclusions
Le Comité ne formule aucune recommandation sur la question des partenariats avec le secteur bénévole. Cependant, il reconnaît le besoin et limportance dune participation des institutions financières à ce secteur.
6. Rapport sur les responsabilités envers la collectivité
Contexte
Le Groupe de travail reconnaît limportance des institutions financières dans les localités quelles desservent mais constate quil ny a pas pour elles de moyen reconnu de communiquer leur rendement en matière de responsabilité sociale, ce qui pourrait être au départ dun débat public sur les besoins et les attentes de la population. (Rapport du Groupe de travail, Document dinformation no 4, p. 52)
Le Groupe de travail propose que toutes les institutions de dépôts et compagnies dassurance-vie à réglementation fédérale soient tenus de produire chaque année un rapport sur leurs responsabilités envers la collectivité. Ce rapport informerait le public sur la contribution sociale de linstitution, par des activités du genre suivant :
- les investissements dans le développement communautaire ou les causes philanthropiques;
- lappui apporté aux activités communautaires et les partenariats établis avec les collectivités locales;
- la participation des employés de linstitution à la prestation de services communautaires;
- le nombre demplois fournis;
- les impôts et les taxes versés aux administrations publiques à tous les paliers; et
- toute autre question jugée pertinente..
Le Groupe de travail propose de laisser à linstitution le choix du fond et de la forme du rapport.
Recommandations du Groupe de travail
99) Toutes les institutions de dépôts et sociétés dassurance-vie réglementées au niveau fédéral devraient être tenues de rendre public et de déposer auprès du ministre des Finances un ou plusieurs rapports annuels sur les responsabilités envers la collectivité afin de décrire leur contribution à la collectivité et de définir les nouveaux besoins locaux auxquels elles se proposent de répondre. Le ministre devrait déposer tous ses rapports devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Les rapports sur les responsabilités envers la collectivité serviraient de base à un dialogue permanent entre les dirigeants des institutions financières et les collectivités.
100) Les gouvernements provinciaux devraient envisager dimposer des exigences analogues aux institutions financières relevant de leur compétence.
Opinions des témoins
Plusieurs témoins ont commenté favorablement les recommandations du Groupe de travail sur les rapports sur les responsabilités envers la communauté.
De nombreuses institutions financières en appuient le principe. Elles accueillent favorablement la possibilité de communiquer leur participation à la vie communautaire.
Au sujet de ces responsabilités sociales, le P.D.G. de la Banque Royale du Canada avait ceci à dire :
Nous convenons tout particulièrement avec le Groupe de travail que les Canadiens croient que les banques ont de plus grandes responsabilités envers le public que les autres entreprises et quils sattendent aussi à ce que les banques jouent un rôle de chef de file dans la collectivité. À la Banque Royale, nous sommes fiers de notre bilan de participation à la collectivités et nous souscrivons à la recommandation du Groupe de travail selon laquelle toutes les institutions de dépôts et sociétés dassurance-vie réglementées au niveau fédéral devraient être tenues de déposer un rapport sur leurs responsabilités envers les collectivités auprès du ministre des Finances.
À lappui de ce concept de rapport sur les responsabilités envers les collectivités, nous sommes disposés à aider à bâtir un processus ouvert, global et transparent de consultations avec divers groupes communautaires pour élaborer ensemble un bilan des responsabilités concernant les attentes de la collectivité (John Cleghorn, 29 septembre 1998).
Ce témoin a également parlé dune sorte de carte de pointage pour les responsabilités envers la collectivité.
Lorsque je parle dun bilan des responsabilités, je veux parler dune chose à laquelle on arriverait avec les différentes collectivités. Au lieu de dire ce quil faudrait faire exactement, le Groupe de travail MacKay définit certains critères, sur lesquels nous serions daccord. Il dit également que ce nest pas uniquement pour les banques. Cela sappliquerait aussi à dautres participants du secteur des servies financiers, ce qui est juste.
On a limpression que les banques nen font peut-être pas assez, contrairement à dautres... Il doit y avoir une espèce de bilan commun, même si ça na pas été essayé ici, pour pouvoir faire une comparaison utile.
Je nai pas grand-chose à ajouter à ce qui est dit dans le Rapport MacKay, cest-à-dire à la liste des divers secteurs qui devraient être couverts, mais il ne faudrait pas que ce soit uniquement les prêts. Il pourrait sagir, par exemple, de partenariats dans le microcrédit... Un autre secteur serait celui de laide aux bénévoles, de la part des employés de linstitution elle-même.
Nous nous sommes aperçus que le bilan pour Toronto pourrait être différent de celui de Charlottetown. Il est important que les collectivités aient leur mot à dire sur ce qui compte dans leur région et sur ce qui devrait figurer, daprès elles, dans le bilan. Nous voulons parler ici dun bilan local par opposition à un autre qui serait le même pour tout le monde, de Terre-Neuve à lîle de Vancouver.
Un témoin a suggéré que les rapports de responsabilité fournissent de linformation sur la disponibilité du crédit auprès des grandes et des petites entreprises, par région, ainsi que de linformation sur le niveau de concurrence par région. (Terry Norman, 20 octobre 1998)
Le professeur Jean Roy estime que les propositions du Groupe de travail sont louables mais placent néanmoins les grandes institutions canadiennes dans une position difficile vis-à-vis leurs concurrents.
Dune part, on leur demande de jouer un rôle social, de lautre le nouvel environnement financier risque de les mettre en concurrence avec divers types de compagnies financières qui ne sont pas soumises aux mêmes obligations. (Jean Roy, 23 octobre 1998)
Certains témoins craignent que les rapports de responsabilité envers la collectivité soient de la poudre aux yeux, un exercice de relations publiques, ou un renforcement annuel de lego. Ainsi, la CARP félicite les banques de ces dons de charité substantiels, mais craint que les rapports ne deviennent un exercice de relations publiques.
Le P.D.G. de la Maritime, Compagnie dassurance-vie appuie la recommandation du Groupe de travail mais craint que les rapports puissent donner loccasion de se vanter. Il craint que « les gens perdent de vue la raison dêtre de ces activités, cest-à-dire renforcer les collectivités dans lesquelles nous vivons et travaillons ». (William Black, 21 octobre 1998)
Le Canada Trust a formulé une inquiétude différente au sujet des rapports sur les responsabilités envers la collectivité. Il craint que ceux-ci deviennent un exercice onéreux pour les petites institutions, et donc un obstacle à leur arrivée sur le marché. À partir de son expérience aux États-Unis, il a exprimé des doutes sur lefficacité dune approche légale.
Nous avons fait lexpérience des deux mondes puisque nous avons exercé nos activités aux États-Unis, où il existe un régime légaliste. Nous exerçons également nos activités au Canada, où cest le régime du bon citoyen qui sapplique. Aux États-Unis, nous avons des conseils indépendants avec lesquels nous nous réunissons. Les Américains disaient : « À nos yeux, il est clair que le régime légaliste est moins avantageux pour le consommateur que le régime du bon citoyen. » Lorsque, en effet, on crée dans une organisation une atmosphère en vertu de laquelle on doit faire ce quil faut pour se conformer à la loi, cest on ne sen rend pas compte mais cest ce qui arrive aux États-Unis le contraire qui se produit. On évite alors de faire quoi que ce soit qui puisse contrevenir à la loi parce quon est déjà confronté à un fardeau réglementaire. Dès lors, on doit littéralement se conformer aux critères employés par la loi et on dégage les dirigeants dentreprises de leur responsabilité morale de faire ce qui est juste. LÉtat a déclaré son intention de prendre les décisions morales qui simposaient. Il vous assujettit à un ensemble de règlements très complets.
En un sens, nous avons été consternés de constater comment lindustrie fonctionnait. On ne nous demandait pas : Quel est lesprit de la loi? Quattendent-ils de nous? Aux États-Unis, nous venions au premier rang des institutions financières au chapitre du réinvestissement communautaire. Pourquoi? Parce que, dans le domaine du réinvestissement communautaire, nous avons adopté aux États-Unis une attitude canadienne, et non américaine. Le Conseil a été stupéfié de nous voir emprunter cette voie. Ses membres ont demandé : « Pourquoi faire cela? La loi ne vous oblige pas et vous ne devriez faire que ce que prescrit la loi. »
En agissant de la sorte, vous feriez reculer le pays et vous me dégageriez, en tant que dirigeant dentreprise, de toute responsabilité morale quant à la façon dont je me comporte. (Ed Clark, 7 octobre 1998)
Dautres témoins ont proposé que le gouvernement fédéral adopte une loi semblable à la Community Reinvestment Act des États-Unis. Cest le cas de la Canadian Community Reinvestment Coalition (CCRC). En réponse aux recommandations du Groupe de travail, elle recommande que les rapports sur la responsabilité envers la collectivité indiquent le nombre de plaintes reçues par les succursales de linstitution, le règlement de ces plaintes, le nombre de poursuites par et contre linstitution, lissue des poursuites, et les tendances dans louverture et la fermeture des succursales.
La CRCC a également réclamé la définition de chaque collectivité, par consultations publiques, et des rapports de présentation uniforme. Enfin, elle suggère que les rapports soient examinés par le gouvernement, avec consultations du public, et quil évalue la performance des institutions.
Conclusions
Le Comité est daccord avec le fait que les institutions financières doivent être responsables envers les collectivités quelles desservent. Il appuie lobjectif des recommandations du Groupe de travail sur les rapports sur les responsabilités envers la collectivité et estime désirable une forme de comptabilité annuelle. Cependant, il nest pas daccord avec la proposition faite par le Groupe de travail pour atteindre cet objectif, pour les raisons suivantes :
Dabord, les recommandations du Groupe de travail sont vagues. Celui-ci ne cherche pas à définir la collectivité, mais laisse plutôt cette tâche aux institutions elles-mêmes. Cette collectivité est-elle géographique, économique, sexuelle ou ethnique?
Le format et le contenu des rapports devrait également être laissé à la discrétion des institutions. Le Groupe de travail propose des éléments quil conviendrait dinclure dans les rapports, mais il en laisse la responsabilité du contenu aux institutions. En outre, il ne sest pas arrêté longtemps à la façon de présenter linformation. Ici encore, parce que cette présentation est laissée à la latitude des institutions, les comparaisons pourraient être difficiles et le public pourrait avoir de la difficulté à faire le lien entre linformation et ce qui est pertinent pour lui.
Deuxièmement, ces rapports pourraient coûter cher aux petites institutions et constituer un obstacle à leur arrivée sur le marché, et donc à la concurrence.
Troisièmement, les rapports risquent de devenir un exercice de relations publiques de valeur douteuse pour la population et coûteux pour le consommateur qui en assumera le coût en bout de ligne.
Quatrièmement, le Comité craint un peu que les rapports entraînent les institutions financières à faire ce quelles pensent « avoir à faire » pour respecter les recommandations du Groupe de travail plutôt que de faire ce quelles « devraient faire » pour aider les collectivités où elles se trouvent. Le gouvernement ne peut pas adopter une loi sur la responsabilité morale : le désir de servir et dêtre responsable envers la société doit venir des institutions elles-mêmes.
Certes, le Comité ne soppose en rien à ce quune institution financière émette de plein gré un rapport sur ses responsabilités envers la collectivité. Il estime cependant quil faut réfléchir davantage pour en arriver à une bonne méthode de divulgation par laquelle les institutions de dépôts et les compagnies dassurance-vie soumises à la réglementation fédérale feraient un compte rendu annuel de leurs activités communautaires. Nous exhortons donc le gouvernement fédéral à étudier la question et à présenter les options avant la fin de 1999. Dans cette étude, il conviendrait de garder à lesprit les coûts de ce compte rendu et la nature de linformation pouvant être vraiment utiles aux consommateurs.
Enfin, le Comité aimerait dire un mot de la Community Investment Act (CRA) des États-Unis. Certains témoins ont réclamé une loi analogue au Canada. Entre autres choses, cette loi exige que les banques répondent aux besoins de services et de crédit du milieu où elles se trouvent. Les banques sont tenues de divulguer leurs prêts, leurs investissements et leurs services et sont évaluées par lAgence de réglementation. Les résultats de tout cet exercice sont rendus publics.
Le Comité remarque que la CRA a été adoptée aux États-Unis pour contrer une discrimination généralisée à lendroit des populations à faible revenu. Les institutions refusaient de prêter dans les quartiers pauvres des villes mais utilisaient les dépôts en provenance de ces quartiers pour prêter aux habitants des quartiers plus riches. Cette mesure est connue sous le nom anglais de « redlining » parce que les institutions traçaient véritablement une ligne rouge sur la carte pour délimiter les quartiers pauvres. (Groupe de travail, Document dinformation no 4, p. 50)
Le Comité est daccord avec le Groupe de travail qui note quon na pas fait la preuve quil existe au Canada des conditions semblables, justifiant une approche coercitive. Le Comité estime également que la voie de la CRA constituerait un fardeau réglementaire coûteux et dispendieux pour les institutions financières.