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BORE

Sous-comité de la Forêt boréale

 

SOUS-COMITÉ SÉNATORIAL DE LA FORÊT BORÉALE

RÉALITÉS CONCURRENTES : LA FORÊT BORÉALE EN DANGER


CHAPITRE 2

LES RÉALITÉS ÉCOLOGIQUES
La forêt boréale au Canada
Le changement climatique et la forêt boréale
Aperçu de la forêt boréale aujourd’hui
La "forêt fonctionnelle"
Tableau 1: Propriété, concessions et zones protégées – forêt boréale de l’ouest
Pratiques forestières
Pratiques sylvicoles
Usines et pollution
Approvisionnement ligneux et taux de coupe
Impacts cumulatifs de l’activité humaine
Tableau 2: Agents d’application de la
Loi sur les pêches - 1998
Aménagement durable de la forêt fonctionnelle
La forêt « oubliée »
La forêt « protégée »
Territoires provinciaux protégés
Parcs
Les territoires protégés protégeront-ils ce qui compte?

RECOMMANDATIONS


LES RÉALITÉS ÉCOLOGIQUES

Aujourd’hui, à peine un cinquième des forêts sont encore « intactes » ou non perturbées dans le monde. Les forêts boréales de l’Alaska, de la Russie et du Canada comptent pour la moitié d’entre elles(8). Au Canada, ces forêts vierges se trouvent essentiellement dans le nord de la région boréale. En 1999, on évaluait qu’elles comptaient pour moins de 35 pour cent de la forêt boréale du Canada.(9)

En Scandinavie, où l’industrie forestière est active depuis plus d’un siècle, il reste très peu de forêt boréales intactes (5 pour cent en Suède)(10). On y pratique une sylviculture intensive, qui a permis de rétablir la production de fibres, mais a déstabilisé l’écosystème, où les espèces introduites causent de nombreux problèmes(11). Quelque 1 500 espèces forestières sont considérées comme menacées en Suède. En Scandinavie, les gouvernements tentent à grands frais de rétablir la forêt naturelle et sa faune.(12)

En Russie, la forêt boréale est concentrée en Sibérie. L’exploitation intensive a surtout porté sur les conifères à maturité de grande valeur, décimant peu à peu ce type de forêt. Il ne s’y fait aucun aménagement et les espèces en péril ne sont pas protégées(13)

 

La forêt boréale au Canada

Le Canada est le gardien d’environ le quart des forêts boréales dans le monde(14). Au Canada, la forêt boréale est la plus septentrionale et constitue de loin la forêt la plus abondante. Elle occupe plus des trois quarts de la superficie boisée totale du Canada et est répartie dans l’ensemble des provinces et des territoires sauf l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse.

D’un bout à l’autre du pays, la forêt boréale est variée, mais sa caractéristique distinctive demeure la prédominance des conifères (résineux) comme l’épinette, le pin, le mélèze et le sapin. Les espèces décidues (feuillus), lorsqu’elles sont présentes, comprennent essentiellement le peuplier et le bouleau. On peut aussi y trouver bien des espèces arbustives feuillues comme le saule. À cause du sol, du climat et d’autres facteurs, la composition des essences varie d’est en ouest et du nord au sud. Dans le sud, les feuillus y sont plus abondants et portent, dans la zone d’argile des trois provinces des Prairies, du nord-est de la Colombie-Britannique et du Québec, le nom de « forêt boréale mixte » parce que le peuplier et l’épinette en sont les espèces dominantes(15). Dans l’est, la forêt boréale se confond avec d’autres types de forêt, alors que dans le nord, elle prend l’aspect d’une forêt à lichens de densité légère, plantée de conifères dont la taille diminue à mesure qu’on s’approche de la limite septentrionale de croissance.

Personne ne sait combien la forêt boréale compte de lacs, mais on évalue leur nombre à quelque 1,5 million(16). Les régions boréales comptent parmi les plus grands cours d’eau et marais au Canada, tels le bassin des fleuves Churchill et Nelson et le delta des rivières de la Paix et Athabasca.

Vue des airs, la forêt boréale est un agencement complexe d’espèces différentes. Certains endroits ne sont peuplés que d’une seule espèce, alors que d’autres combinent plusieurs espèces. Certains peuplements sont du même âge (tous d’âges voisins) et d’autres sont d’âges différents (âges mixtes). De nombreuses variétés d’arbustes, d’herbes, de mousses et de lichens peuvent former une ou plusieurs couches sous le couvert des arbres. On trouve un nombre considérable d’arbres morts, debout ou tombés, dans divers états de décomposition.

Les conditions du milieu et les perturbations naturelles telles que les feux de forêt et les épidémies d’insectes et les maladies ont façonné la forêt. La végétation de la forêt boréale s’est adaptée à ces perturbations, se rétablissant à partir des racines et des graines ayant survécu aux perturbations(17). En général, les feuillus héliophiles sont les premiers à se rétablir, suivis par les résineux sciaphiles qui poussent plus lentement.(18) Dans la forêt boréale de l’ouest, à cause de la fréquence de récurrence relativement élevée des feux de forêt, les peuplements de conifères ayant atteint un « âge avancé » sont devenus rares.(19)

Cette végétation forestière variée constitue l’habitat d’une faune diversifiée. Certaines espèces animales ne vivent que dans des forêts de certains types et de certains âges, alors que d’autres, plus ubiquistes, habitent des milieux plus variés. Les vieux peuplements constitués de grands arbres, d’arbres morts debout et d’arbres tombés en décomposition, ainsi que de nombreuses espèces arbustives et herbacées, constituent un important habitat pour toute une gamme d’espèces animales telles que la martre(20), le lynx, le grand polatouche(21), certaines espèces d’oiseaux(22) et les chauve-souris.(23) Dans la forêt boréale mixte, on a constaté que les vieux peuplements abritent le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux, de mammifères et de plantes avasculaires.(24)

Certaines espèces animales comme le carcajou (jugée « vulnérable » dans l’ouest et « menacée » dans l’est) et l’ours grizzly ne peuvent habiter que dans de grandes régions de forêt boréale vierge. Le cougouar de l’est est une autre espèce menacée qui vit dans la forêt boréale.

Le caribou des forêts, espèce « vulnérable » dans certaines provinces, ne peut survivre l’hiver que dans de grandes étendues de forêt à lichens; dans le centre-ouest de l’Alberta, lorsque la neige est abondante, il doit se réfugier dans les peuplements vieux de plus de 150 ans(25). La martre des pins, espèce « menacée » à Terre-Neuve, vit aussi dans les vieux peuplements.(26) Des recherches sont en cours sur l’habitat indispensable à ces espèces et à d’autres espèces « sensibles » qui habitent la forêt. Ce sont dans les grandes étendues marécageuses de la forêt boréale de l’ouest que nichent quelque 40 pour cent des canards qui fréquentent les étangs des Prairies au printemps(27).

L’activité d’une forêt boréale se déroule en grande partie dans le sol, où de nombreuses espèces recyclent les éléments nutritifs. Nous savons peu de choses sur ces organismes et leurs fonctions. Le Service canadien des forêts évalue que les forêts canadiennes renferment quelque 140 000 espèces vivantes, dont la moitié environ n’ont pas encore été classées(28). Les plantes et les vertébrés ne constituent que 5 pour cent environ des espèces de la forêt boréale, alors que les invertébrés, les champignons et les organismes microbiens en constituent plus de 90 pour cent(29). On en sait beaucoup moins sur les propriétés pharmaceutiques des organismes que sur les forêts tropicales. On commence à peine à étudier les phénomènes comme l’écoulement de l’eau et la recharge des nappes dans les sols, et les relations qui existent entre les plantes.

 

Le changement climatique et la forêt boréale

Comme le gaz carbonique joue un rôle important dans le réchauffement du climat et que les régions boréales constituent un énorme réservoir pour le carbone dans le monde, le Service canadien des forêts fait actuellement de la recherche sur le bilan du carbone dans les forêts et les sols forestiers du Canada. Pendant la photosynthèse, les arbres produisent de l’oxygène et transforment le dioxyde de carbone (un « gaz à effet de serre ») en matière ligneuse et en feuilles, emprisonnant le carbone pendant des décennies, voire des siècles, jusqu’à ce que les arbres brûlent, se décomposent ou sont utilisés à d’autres fins. Une partie du carbone des feuilles et des débris de bois est emmagasinée dans le sol des forêts(30). Les tourbières des forêts boréales constituent également des puits de carbone(31). Selon des études récentes, les forêts boréale de la planète constituent d’importants puits de carbone, éliminant ce dernier au rythme de 0,2 gigatonnes par année(32). Des témoins ont dit au Sous-comité que, pour atténuer l’effet du changement climatique, il faut surtout préserver la complexité écologique et la capacité de récupération de l’écosystème de la forêt.

Non seulement les forêts influent sur le climat, mais l’inverse vaut également. On a prévu que la forêt boréale sera la plus touchée par le changement climatique – et elle l’est. Le Sous-comité a appris du Service de l’environnement atmosphérique d’Environnement Canada que le Canada subit actuellement un changement climatique, surtout au Yukon et dans la région du Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest(33). Depuis le siècle dernier, la température a monté de 1,4 degrés  Celcius dans l’ensemble de la région boréale occidentale et de 1,7 degrés Celcius dans la région du Mackenzie(34). La température a surtout monté depuis les années 70. Le Sous-comité a appris que le réchauffement planétaire pourrait causer un plus grand nombre de feux de forêt(35). Le nombre de feux dans la forêt boréale et la superficie brûlée ont augmenté sensiblement depuis 1960. (36)

De 1970 à 1989, les nombreux feux de forêt et autres perturbations naturelles ont transformé la forêt boréale canadienne : du « puits de carbone » qu’elle était, elle est devenue « source de carbone »(37). Toutefois, elles redeviendra un puits de carbone après une certaine période dont la durée dépendra du rythme des perturbations futures et d’autres facteurs.(38)

Le directeur de la Division de la recherche sur l’adaptation environnementale du Service de l’environnement atmosphérique a dit au Sous-comité que le changement climatique au cours des deux prochains siècles sera plus important qu’il ne l’a été depuis 10 000 ans. Le climat évoluera plus rapidement que les arbres, laissant l’écosystème forestier en déséquilibre avec le climat et exerçant ainsi d’énormes contraintes sur les arbres. Le doublement du CO2 entraînerait une progression de 900 km.

« La forêt boréale tentera de migrer vers le nord, mais sa progression sera entravée par les sols pauvres ou l’excès d’eau. »(39)

Même si les précipitations devraient être plus abondantes, l’évaporation sera encore plus forte à cause de l’élévation de la température.

« Ce qui est très inquiétant… c’est que les modifications que subiront les régimes de perturbation [incendies, insectes ravageurs et maladies] pourraient être suffisamment importantes pour altérer ou détruire des écosystèmes forestiers existants. »(40)

Le témoin a poursuivi en disant que, pour réduire les impacts du changement climatique, il faut surtout préserver la complexité écologique et la capacité de renouvellement [de la forêt].(41)

Le réchauffement climatique devrait également faire baisser le niveau d’eau dans les lacs de la forêt boréale et modifier la distribution tant de l’eau de surface que de l’eau souterraine(42). Dans l’est, bien des lacs boréaux ont été acidifiés par les émissions d’oxyde de soufre et d’azote, portant atteinte aux poissons et aux invertébrés qui y vivent. Lors de sa visite en Suède, le Sous-comité a appris que ce pays connaissait un grave problème d’acidification par les pluies chargées des émissions de dioxyde de soufre des autres pays européens. Le réchauffement climatique et l’acidification des lacs retardent le rétablissement de ces derniers dans les régions boréales de l’est du Canada(43). Les incendies de forêt, les coupes à blanc, l’acidification et l’épuisement de la couche d’ozone de la stratosphère ont tous le même effet : ils éliminent le carbone organique présent dans les bassins versants. Il s’ensuit une baisse de nourriture pour les organismes aquatiques ainsi qu’une perte de coloration de l’eau. Cette coloration protège les organismes aquatiques contre le rayonnement UV qui s’intensifie dans les régions boréales.(44)

 

Aperçu de la forêt boréale aujourd’hui

La "forêt fonctionnelle"

Développement

Le Sous-comité a entendu de nombreux témoignages concernant le nombre et l’ampleur des activités industrielles et autres qui sont menées dans la forêt boréale. Dans plusieurs provinces, presque tout le bois marchand disponible a été attribué à l’industrie forestière. Ainsi, en Ontario, toutes les zones de forêt boréale à l’extérieur des parcs ont été attribuées.(45)

Dans l’est, cela fait longtemps que les forêts boréales ont été réparties en concessions à des sociétés forestières; dans l’ouest, l’attribution de grandes concessions à l’industrie forestières est un phénomène plus récent. Ainsi, en Alberta, deux compagnies gèrent à elles seules des zones forestières d’une superficie comparable à celle de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, la plus partie de la forêt boréale a été concédée à long terme(46) (voir le tableau 1)

« Examinons comment l’attribution se fait au pays. Les provinces ont concédé aux compagnies forestières d’immenses territoires. Après le fait, le reste du monde – ichtyologistes, zoologistes, groupes de défense de l’environnement, populations, gestionnaires de zones protégées, Fonds mondial pour la nature – essaient de forcer un retour en arrière. Depuis longtemps, nous gérons par la contrainte… C’est vraiment un système conflictuel où deux parties se disputent la même lot… Ce n’est pas de la gestion préventive. »(47)

 

Tableau 1: Propriété, concessions et zones protégées – forêt boréale de l’ouest

 

Manitoba

Saskatchewan

Alberta

       

Propriété (hectares)1

     

fédérale

306,020

339,511

3,632,654

autochtone

156,079

85,486

173,419

provinciale

27,555,273

27,945,309

33,262,955

municipale

109,511

---

23,609

privée (non industrielle)

1,772,317

354

---

privée (non précisée)

---

1,281,365

2,554,061

non classée

---

584,883

1,661,073

       

TOTAL

29,899,200

30,236,908

41,307,771

 

Territoire forestier transformé ou très dégradé (urbanisation, agriculture, etc.)

1,881,828

1,281,699

4,238,743

 

Terres publiques concédées à l’exploitation forestière (%)

62.8

34.3

70.2(5)

 

Zone à l’abri de l’exploitation forestière, minière et hydroélectrique (% de la superficie terrestre)

4.0(2,3)

6.8(4)

9.4(6,7)

Source: D. Soprovich, écologiste travaillant pour le Sous-comité, 1999

 

  1. K. Power, Service canadien des forêts. À l’exclusion des grands plans d’eau.
  2. Base de données du World Wildlife Fund.
  3. B. Watkins, Richesses naturelles du Manitoba. À l’exclusion des sites candidats.
  4. N. Cherney, Gestion de l’environnement et des ressources de la Saskatchewan; base de données du World Wildlife Fund.
  5. Une part importante de la forêt boréale non concédée se compose de territoires à faible volume ligneux (taïga ou forêt clairsemée).
  6. Base de données du World Wildlife Fund; and Alberta Special Places, "Progress of Special Places" site Web (mis à jour le 19 janvier 1999).
  7. Se trouve presque exclusivement dans la forêt boréale nordique (taïga), constitué presque entièrement par le parc national de Wood Buffalo.

 

L’exploitation forestière n’est pas la seule activité industrielle pratiquée dans la forêt. L’exploitation minière est une activité importante, surtout dans l’est. Dans l’ouest, la prospection et la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières ont exigé l’aménagement d’un réseau de routes et de lignes sismiques de plus en plus étendu dans la forêt depuis quelques décennies. Dans la forêt boréale albertaine, il y a maintenant plus de 88 000 puits de pétrole et de gaz, et une route mène à chaque site(48). Dans une zone de forêt boréale mixte de 250 km sur 225 km dans le sud de l’Alberta, on a relevé que le déboisement progressait au rythme de 192 km2 par année(49). On continue d’abattre des arbres pour faire place à des pâturages et à des champs de foin dans le sud de la forêt boréale de l’ouest. Ces activités non forestières prennent à la forêt presque autant de superficie que n’en rasent les papetières dans la province(50). Le Sous-comité a appris que moins de 9 pour cent de la forêt boréale de l’Alberta a été épargnée par les routes, les pipelines ou les zones de coupe.(51)

Le Sous-comité a aussi appris que la limite de l’exploitation forestière se déplace inexorablement vers des zones où la croissance des arbres est de plus en plus lente.

« Nous commençons à manquer de forêts dans le sud du Manitoba, et les sociétés forestières continuent simplement à se déplacer vers le nord.»(52)

Dans l’est, les coupes dans le nord atteignent maintenant le 52 e parallèle  dans les très vieilles forêts à croissance lente du territoire de la baie James, dans le nord du Québec. On y déboise 500 km2/année, essentiellement sur des territoires de chasse familiaux des Cris(53). Bien des gens s’inquiètent de la fragilité des écosystèmes du Nord vers lesquels se déplacent les coupes forestières, notamment au Labrador et au Yukon. En Ontario, on prévoit étendre les permis d’exploitation dans des zones au nord du 51e parallèle(54). Le caribou des forêts se replie vers le nord à la limite septentrionale des zones de coupe comme cela s’est produit ailleurs.(55)

L’accès aux nouvelles forêts attire en général un nombre accru de chasseurs, de pêcheurs, de plaisanciers et de véhicules hors route. Cela favorise le dérangement des animaux par l’homme et les feux de forêt.

« Le principal problème que posent ces industries est qu’elles ménagent un accès à la forêt boréale encore intacte. Beaucoup d’autres activités suivent les industries dans cette forêt, et cela sonne le glas de la forêt naturelle telle que nous la connaissons. »(56)

Aucune évaluation environnementale fédérale des activités forestières n’a été effectuée lorsque de vastes territoires ont été concédés à l’industrie ou que de nouvelles zones partagent un même bassin versant, comme aux limites du Manitoba et de l’Ontario(57). Le gouvernement fédéral a même fait appel d’une décision récente ordonnant d’évaluer l’impact des activités de coupe et non seulement l’impact de la construction d’un pont pour permettre la coupe(58). Le Sous-comité s’est fait dire que la façon dont le gouvernement fédéral applique la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale « est une des causes de la déforestation ».(59)

« Nous avons mis la charrue devant les bœufs et fait des attributions importantes partout dans la province sans faire ce que les scientifiques nous auraient dit de faire avant d’autoriser de telles activités. Jour après jour, nous abattons quelque 100 000 arbres sans doute. Pendant combien de temps cela peut-il durer à une époque où nous n’avons pas encore adopté de balises, de mesures de protection ou d’autres valeurs. »(60)

Deux provinces seulement, la Saskatchewan et le Manitoba, exigent des évaluations environnementales pour tout aménagement forestier. Le Sous-comité a toutefois appris que les décisions du Manitoba à cet égard ne sont pas exécutoires pour le ministre et ne sont aucunement contraignantes légalement.(61)

 

Pratiques forestières

Les coupes à blanc comptent pour un peu plus de 80 pour cent de toutes les activités de récolte au Canada, mais elles cèdent la place à de nouvelles méthodes plus acceptables(62). Elles favorisent en général la repousse d’espèces héliophiles comme le peuplier à moins que le sol soit préparé mécaniquement et planté de conifères. Pour établir un peuplement de conifères, il faut parfois recourir à des herbicides pour enrayer les espèces concurrentes comme le peuplier faux-tremble et les graminées.(63)

Actuellement, 60 à 70 pour cent des coupes pratiquées dans la forêt boréale sont réalisées dans des vieux peuplements.(64) Certaines provinces exigent que les vieux peuplements soient coupés en premier. La plupart des provinces limitent maintenant la superficie des coupes à blanc à 40 hectares.

Même si, globalement, seulement 30 pour cent des forêts canadiennes ont été exploitées(65), la cadence s’est grandement accélérée depuis l’époque de la scie à chaîne. De 1981 à 1995, 13,91 millions d’hectares ont été récoltés.(66)

« Il fut un temps où nous pouvions toujours aller jusqu’à la colline suivante pour trouver d’autres arbres. Or, nous sommes arrivés à cette dernière colline. Nous avons découvert la dernière forêt vierge originale et elle sera déboisée au cours des 20 prochaines années. »(67)

L’échelle actuelle des coupes dans la forêt boréale a été comparée à un grand solde de liquidation(68). Selon bien des témoins, les coupes à blanc ont compromis la diversité de la forêt en termes d’espèces d’arbres, d’âge des arbres (qui sont maintenant plus jeunes) et de structure (bois debout et bois tombé)(69). Le directeur de la Gestion forestière du ministère des Ressources naturelles de l’Ontario a souligné que, au cours des 80 dernières années, la lutte contre les feux de forêt a modifié la composition des espèces arboricoles et la répartition par classe d’âge de la forêt(70). Même si ces deux facteurs devraient s’équilibrer, le Sous-comité a aussi appris que, malgré les efforts pour lutter contre les incendies de forêt, la superficie brûlée est souvent égale et parfois supérieure à la superficie coupée.

Après avoir visionné des diapositives et visité des sites, le Sous-comité a pu constaté combien le sol était érodé après avoir été lessivé par les pluies dans des coupes à blanc. On a souligné comment le lessivage du sol dénudé, le privant de ses éléments nutritifs, constituait un problème(71). On a ainsi soulevé le problème du dessèchement du sol et de la couverture végétale dans les coupes à blanc.(72)

Même si les provinces limitent maintenant la superficie de chaque coupe à blanc (souvent à 40 ha), il n’en va pas de même pour la superficie cumulée de coupes à blanc plus ou moins voisines. L’effet cumulé des coupes à blanc aurait « des effets profonds sur la diversité biologique ». Un représentant d’Environnement Canada a affirmé que la récolte d’une large zone forestière peut modifier le microclimat au point où, par endroits, le microclimat modifié n’est plus à même de soutenir la croissance des arbres.(73)

Concernant les vieilles forêts, le Sous-comité a appris que les étendues de vieux peuplements diminuent rapidement et que l’habitat des espèces qui en dépendent pourrait disparaître à long terme. On ne connaît pas la superficie des vieux peuplements qui subsistent dans la forêt boréale parce que, dans les inventaires, on ne répertorie pas les peuplements par classe d’âge de façon à pouvoir distinguer les vieux peuplements(74). On évalue la superficie totale des forêts matures, vieilles ou d’âges variées à 102,23 millions d’hectares, après une diminution de 1,65 million d’hectares entre 1981 et 1995, en supposant qu’il n’y a eu aucune conversion de territoires boisés à d’autres fins.(75)

Bien des compagnies tentent maintenant d’effectuer des coupes à blanc imitant le feu, principale perturbation naturelle qui a cours dans la forêt boréale de l’ouest. En conséquence du feu, la végétation est diversifiée et variée en âge. Des travaux récents du Réseau de l’aménagement forestier durable révèlent que la fréquence et l’intensité des incendies ont beaucoup varié dans la forêt boréale mixte nord-américaine depuis 6 000 ans. Les pyrocycles courts (50-100 ans) sont reproduits par les cycles de coupes contemporains; les pyrocycles longs (> 300 ans) sont également « normaux ». Durant les cycles courts prédominent des feuillus intolérants, espèces pionnières de la succession; durant les cycles longs, les conifères de fin de succession prédominent. La diversité maximale des paysages se produit entre ces deux extrêmes.(76)

Pour mieux évaluer les résultats variables des incendies de forêt sur les peuplements et les paysages et ainsi maintenir la biodiversité, certaines compagnies modifient maintenant leurs pratiques de coupe à blanc(77). Ces modifications consistent à aménager des parcelles de coupe de forme courbe et irrégulière; à laisser des arbres morts debout, de petits îlots d’arbres vivants et du matériel ligneux au sol;(78) à épargner de vieux conifères comme arbres semenciers pour améliorer la diversité génétique. Au Québec et ailleurs, l’équipement utilisé protège les petits conifères.(79)

Le Sous-comité a entendu des témoignages divergents sur la comparaison entre une coupe à blanc et un incendie de forêt : certains prétendent qu’il y a moins de diversité après un coupe à blanc qu’après un incendie, car un incendie sévit en général à des intensités variables(80). De plus, un incendie laisse derrière lui beaucoup plus de fibres sous forme d’arbres sur pied et d’arbres morts au sol(81). En Ontario, l’Abitibi Consolidated a dit au Sous-comité qu’elle avait choisi d’imiter non pas les incendies de forêt mais la méthode d’autrefois où on utilisait des chevaux, en laissant sur place les arbres de petit diamètre dans les forêts boréales(82). En procédant ainsi, elle a réduit l’âge d’exploitabilité de 120 à 80 ans, ce qui a permis de presque doubler la possibilité annuelle de coupe.

 

Pratiques sylvicoles

La sylviculture, c’est-à-dire la théorie et la pratique régissant l’établissement, la composition, la croissance et la qualité des peuplements forestiers afin d’atteindre les objectifs biologiques et économiques de l’aménagement forestier(83), est rarement pratiquée de façon intensive au Canada, en particulier dans l’Est, où la régénération naturelle des espèces désirables est plus facile que dans l’Ouest. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, plus de 85 pour cent de la régénération est naturelle, et très peu de parterres de coupe nécessitent de plantation.(84)

Cependant, dans l’Ouest, les peupliers et les plantes herbacées se réinstallent facilement dans les parterres de coupe. Pour accueillir l’épinette blanche, les sites nécessitent généralement une préparation mécanique, à l’aide de grosses débroussailleuses ou d’autres équipements. On utilise parfois des herbicides, comme au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique, pour réprimer les espèces concurrentes au départ(85), alors qu’on ne les utilise pas à l’échelle des opérations ailleurs, comme en Alberta et en Saskatchewan. Le Québec prévoit les éliminer d’ici l’an 2000(86). L’Alberta applique des normes de sylviculture intensive pour contrer la présence des feuillus dans les peuplements de conifères(87). Des témoins s’inquiètent de la toxicité des vecteurs, qui sont les constituants inertes des herbicides, et de l’effet de la suppression de certaines espèces sur la fertilité du sol.(88)

Il n’existe pas encore de méthodes sylvicoles acceptables pour la forêt boréale nordique.

« C’est parce que les conditions environnementales ne s’y prêtent pas. Le sol est peu profond, ce qui fait que le gel va déraciner les jeunes plants. On a un taux de mortalité élevé. La couche de neige pour protéger ces semis contre le vent n’est pas très épaisse, et par conséquent il y a une dessiccation considérable. »(89)

« Nos expériences en foresterie — et je parle ici au nom de la communauté scientifique et non pas en mon nom personnel — montrent que planter des arbres dans le nord ne donne aucun résultat la plupart du temps. »(90)

On a expliqué au Sous-comité que la plantation dans le nord de spécimens issus de parents provenant du sud ne risque guère de réussir et que les semences devraient être prélevées dans le nord.

 

Usines et pollution

Il s’est construit beaucoup d’usines de pâte, sans compter l’infrastructure connexe, dans les provinces des Prairies durant les années 80. À la même époque, de nouveaux règlements fédéraux ont obligé l’aménagement d’installations de traitement secondaire dans toutes les usines du pays(91). Au Québec, entre 1993 et 1995, il s’est dépensé près de 1,5 milliard pour aménager des installations de traitement secondaire dans 60 usines de papier.(92)

On a dit au Sous-comité que la pollution des cours d’eau se poursuit dans le nord-ouest de l’Alberta malgré les règlements de plus en plus stricts sur les effluents des usines de pâtes et papiers imposés dans les années 1990 par le gouvernement fédéral et la province.(93)

Le Sous-comité a visité l’usine de pâtes de Millar Western à Meadow Lake en Saskatchewan. On y produit de la pâte chimico-thermomécanique blanchie (PCTMB) à raison de 280 000 t par année, dans un circuit fermé qui récupère les eaux usées et ne rejette aucun effluent liquide dans les cours d’eau(94). Selon l’Association canadienne de pâtes et papiers, il y avait en 1998 trois usines à effluents nuls au Canada, et la quantité d’eau utilisée par l’ensemble des usines de pâtes et papiers diminue constamment(95). Il est plus difficile de fermer le cycle de l’eau dans certains types d’usines que dans d’autres et le gouvernement fédéral finance des recherches dans ce domaine.(96) En Finlande, on utilise le système en circuit fermé depuis 15 ans.

Tembec Inc. a expliqué au Sous-comité qu’elle lutte contre la pollution d’une autre façon, en récupérant les sous-produits de la pâte afin de produire de l’éthanol et des sulfates, ainsi que des produits dérivés.(97)

Les usines émettent également du gaz carbonique. L’industrie papetière est passée des combustibles fossiles à la biomasse, en utilisant des déchets de bois comme combustibles. Cela a réduit de 15 pour cent les émissions de CO2 par ce secteur depuis 1990.(98)

 

Approvisionnement ligneux et taux de coupe

Des témoins ont affirmé qu’il faut couper la forêt à un rythme trop rapide pour maintenir l’alimentation des usines.

« Nous avons une capacité de transformation du bois beaucoup trop importante par rapport au nombre d’arbres dans les forêts et à la capacité de nos forêts de les approvisionner. Nous sommes donc coincés, car tout ce que nous pourrions tenter de faire pour établir la biodiversité ou protéger l’intégrité écologique dans le cadre des plans de gestion des boisés, ou pour tenter de protéger d’autres valeurs, par exemple en créant des zones protégées, tout cela ne ferait qu’exacerber le problème.(99)»

Le gestionnaire de l’usine de Millar Western exprime cette idée en partant d’un point de vue opposé :

« On aurait pu construire une plus grosse usine, mais on ne l’a pas fait et je pense que c’est une bonne chose parce que cela nous donne plus de latitude pour l’avenir… On ne veut pas être acculé au mur parce que… les gens vont vouloir protéger des parcelles de territoire(100)

Le taux de coupe permet d’établir s’il y aura des ruptures d’approvisionnement.

« Dans la majeure partie des Prairies, le taux auquel on coupe la forêt est tel que lorsqu’il sera nécessaire de récolter les peuplements régénérés dans 60 à 80 ans, les arbres seront seulement bons pour la pâte. Il y aura donc pénurie de bois de sciage et des grands arbres nécessaires pour maintenir l’habitat et la biodiversité.»(101)

À la place, les auteurs ont recommandé une coupe semi-naturelle partielle.(102)

Certains témoins affirment qu’il est trop tard dans de nombreux endroits pour appliquer les directives provinciales d’aménagement du territoire, par ailleurs excellentes, à cause de l’ampleur de l’abattage qui a déjà eu lieu.(103)

Des ruptures de stock temporaires ont lieu dans certaines provinces et sont prévues dans d’autres, même par les sources les plus optimistes.

« Quant à la demande projetée, on prévoit une pénurie de bois à cause de la rareté des arbres d’âge intermédiaire.(104)

Certaines provinces prévoient des pénuries régionales. Ainsi, certaines régions de la Saskatchewan sont en rupture de stock pour certaines espèces(105). Il y a ou il y aura des déficits de résineux par rapport à la capacité à Terre-Neuve, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique.(106)

À l’échelle du pays, environ 180 à 190 millions de m3 sont récoltés par rapport à une possibilité annuelle de coupe (PAC) de 230 à 235 millions de m3, selon l’Association canadienne des pâtes et papiers(107). Cependant, il n’y a pas de normes nationales de calcul de la PAC et celle-ci n’est pas calculée de la même façon dans toutes les provinces(108). Elle est basée sur un rendement soutenu calculé à partir de nombreux critères, dont l’inventaire forestier et l’effet prévu du régime sylvicole utilisé(109). Ces critères ne sont pas toujours transparents et certains témoins qualifient la démarche d’irréaliste. Ainsi, le Nouveau-Brunswick ne tiendrait pas compte, dans son calcul de la PAC, d’éventualités comme les maladies qui pourraient survenir d’ici 80 ans(110). En outre, la PAC ne considère pas la qualité de la fibre : ainsi, il risque de ne pas y avoir de rendement soutenu pour le bois de sciage.(111)

On a également mentionné des problèmes au niveau des inventaires forestiers. Certains inventaires provinciaux n’ont pas été mis à jour depuis des dizaines d’années et ne reflètent donc pas les coupes et les incendies qui ont eu lieu depuis. Les restrictions budgétaires n’ont pas permis de faire un bon échantillonnage de la croissance des arbres. Toutes les provinces sont à revoir ou ont revu récemment leur système d’inventaire forestier.(113)

Les éléments non ligneux, comme la protection des habitats, le tourisme et les activités de loisir, ont un impact sur l’approvisionnement en bois : les réserves diminuent si on retire superficies destinées à l’exploitation forestière ou si celles-ci sont restreintes par des mesures comme les directives sur la protection de l’habitat de la martre dans les forêts de pins en Ontario(114). En outre, les coûts de production devraient augmenter, si les codes de pratique et les autres règles deviennent plus restrictifs.

« Si on met de côté une aire quelconque et qu’on la soustrait à l’activité forestière, il y aura un coût. Nous pouvons tenter d’améliorer l’aménagement forestier dans certains endroits et commencer à faire de la foresterie intensive pour contrebalancer ce coût. Nous faisons surtout de la foresterie extensive au Canada ».(115)

 

Impacts cumulatifs de l’activité humaine

Il faut envisager l’ensemble des interventions humaines dans la forêt boréale. L’élimination du couvert forestier par la coupe industrielle, la construction de routes d’accès aux chantiers forestiers et pétrochimiques, les lignes séismiques et les olioducs, et le déboisement à des fins agricoles dans la partie sud de la forêt boréale, tout cela a des effets.

Les données initiales indiquent que sept espèces d’oiseaux et une espèce de chauve-souris ont vu leur aire de distribution restreinte d’au moins 50 pour cent à cause des pertes d’habitat dues à l’exploitation de la forêt boréale.(116)

Le morcellement du paysage forestier, c’est-à-dire celui des éléments de l’écosystème forestier, est une menace pour la santé de l’écosystème ».(117)

Plusieurs espèces ne traverseront pas les clairières créées par les parterres de coupe et seront donc confinées. Des chercheurs albertains ont constaté que des corridors boisés incitent les oiseaux forestiers à traverser les clairières(118). Quand les parcelles se retrouvent de plus en plus isolées, le risque s’accroît que des espèces disparaissent localement. Ces disparitions peuvent se produire longtemps après le morcellement lui-même.(119)

Dans certaines parties du territoire traditionnel de la Première nation de la rivière Halfway, dans le nord-est de la Colombie-Britannique, la densité des routes, des lignes séismiques et des olioducs atteint 1 km/km2(120). Aux États-Unis, on essaie en général de limiter la densité des routes à 0,6 km/km2 en milieu forestier selon la sensibilité de la faune.(121)

Si la gestion de l’exploitation forestière est de responsabilité provinciale, la protection de l’habitat du poisson est, elle, du ressort du gouvernement fédéral. On a dit au Sous-comité que la construction de routes et les déblais de mines menacent les poissons(122) L’application de la loi sur la protection de l’habitat du poisson d’eau douce a longtemps relevé des provinces(123), mais leur capacité à cet égard a été amoindrie par les restrictions budgétaires. Il n’y a que 60 agents fédéraux pour faire appliquer cette loi dans tout le Canada, comme on le voit au tableau 2.

 

Tableau 2: Agents d’application de la Loi sur les pêches - 1998

 

PROVINCIAUX

FÉDÉRAUX

     

Ontario

215

15

     

Alberta

130

 

Saskatchewan

170

 

Manitoba

136

 

Total – Prairie et Nord

436

12

     

Québec

0

8

Atlantique

0

9

Pacifique et Yukon

0

16

Source: Sous-comité permanent de l’environnement et du développement durable de la Chambre des communes Appliquer les lois canadiennes sur la pollution: L’intérêt du public doit primer, 1998, p.6; and G. Swanson, op. cit., p. 3:13

 

Le ministère des Pêches et des Océans a dit au Sous-comité qu’il pourrait déléguer l’autorisation de certains projets qui concernent l’habitat du poisson aux provinces(124). Cela nous inquiète, parce que le public pourrait perdre le recours de demander une évaluation environnementale en vertu de la Loi sur les pêches.

On mène certaines recherches sur l’impact des opérations sur la qualité de l’eau. Repap nous a dit qu’elle participe à des travaux sur l’effet de la coupe et de la construction routière sur la qualité de l’eau au Nouveau-Brunswick(125). Une compagnie s’est plaint d’un manque de coordination dans la recherche qu’effectuent les divers gouvernements. Plusieurs témoins que les zones tampons très étroites qui protègent les abords des cours d’eau de la coupe sont souvent victimes de chablis.

Dans certaines provinces, les opérations forestières font l’objet d’un examen de rendement tous les 5 à 10 ans, et le renouvellement du permis dépend du résultat(126). En Ontario, un bureau d’examen indépendant effectue des audits environnementaux des compagnies forestières tous les cinq ans, au moment du renouvellement du permis d’exploitation, afin de vérifier que les opérations en respectent les conditions(127). Le public a accès aux audits de rendement dans la plupart des provinces.(128)

 

Aménagement durable de la forêt fonctionnelle

Comme on l’a dit dans l’introduction, les gouvernements, les forestiers, l’industrie et les groupes écologistes se sont attachés à la notion d’aménagement de la forêt « fonctionnelle » pouvant procurer tous ses avantages à la société. Une coalition de tous ces intervenants a élaboré et signé depuis ce temps deux stratégies forestières. On prépare présentement les indicateurs permettant de mesurer l’application des stratégies. Les provinces sont à modifier leurs lois et directives sur la forêt; les forestiers professionnels, les provinces et les compagnies adoptent des codes de pratiques visant le développement durable.

Le Réseau sur la gestion durable des forêts, un des réseaux canadiens de centres d’excellence ayant son siège à l’Université de l’Alberta, effectue de la recherche interdisciplinaire sur les pratiques, les politiques et les institutions de l’aménagement forestier durable. Les principales recherches ont porté sur les perturbations naturelles de la forêt boréale; sur la mise au point et l’évaluation de méthodes pratiques pour protéger la biodiversité et l’intégrité écologique; et sur l’analyse du cycle de vie pour minimiser les effets sur l’environnement. Le budget de cinq millions de dollars/an du réseau provient de nombreuses sources, dont le gouvernement fédéral qui a fourni trois millions de dollars en 1997-98. Un des cofondateurs du réseau a souligné le besoin pressant de traduire les résultats de la recherche en méthodes pratiques d’aménagement durable.(129)

Un autre effort de solution est le programme des forêts modèles. Cette initiative est née d’un engagement de la Coalition pour la Stratégie nationale sur les forêts à « créer des modes fonctionnels d’aménagement durable des forêts dans toutes les régions du Canada qui seraient des laboratoires voués à l’avancement des connaissances et des pratiques à l’échelle tant nationale qu’internationale ». Sous la surveillance du SCF, onze forêts modèles auxquelles participent quelque 250 organismes ont été établies au Canada. Les organismes partenaires, forts de la diversité de leurs valeurs forestières, travaillent en équipe à mettre au point des méthodes innovatrices adaptées à leur région.

 

La forêt « oubliée »

Environ huit pour cent de toutes les terres produisant du bois d’œuvre sont de propriété privée(130). Ces forêts privées ne relèvent pas du gouvernement et sont parfois appelées « les forêts oubliées »(131). Même si les lots privés ne constituent qu’un petit pourcentage de l’ensemble de la forêt, ils sont très productifs et fournissent environ 19 pour cent du bois rond marchand, incluant le bois de pâte(132). La Fédération canadienne des propriétaires de boisés estime qu’il y a plus de 410 000 propriétaires de lots forestiers au Canada, et que leurs ventes annuelles totalisent environ 1,5 milliard(133). Outre le bois d’œuvre, les lots boisés produisent des arbres de Noël, du bois de chauffage et bien d’autres produits destinés à la vente ou à l’utilisation par le propriétaire; ces forêts peuvent également être utilisés à des fins récréatives ou autres. (134)

Il y a beaucoup plus de boisés privés dans l’est de la forêt boréale, en particulier au Québec et en Ontario, que dans l’Ouest. L’industrie est également propriétaire de certaines forêts en particulier au Nouveau-Brunswick mais aussi au Québec et en Ontario.(135)

La coupe du bois dans les lots privés est souvent sélective, ou encore se fait à blanc sur de petites parcelles. L’entretien des peuplements et le reboisement sont courants et des éléments non ligneux comme la faune sont protégés. Le financement de la restauration des forêts privées provient d’un programme fédéral-provincial aujourd’hui caduc.

Le Sous-comité s’est fait dire qu’au Nouveau-Brunswick, les offices de commercialisation du bois des boisés privés, qui faisaient la promotion des pratiques sylvicoles, ont perdu leur pouvoir de négociation face aux usines parce que le gouvernement a changé les règles. Les petits propriétaires ne peuvent plus faire de sylviculture et générer des profits; pendant ce temps, les entrepreneurs et les acheteurs peuvent faire des coupes à blanc sans restriction sur les terres privées, vendre le bois aux usines puis s’en aller ailleurs(136). Partout au pays, on s’est plaint au Sous-comité de la liquidation des parcelles privées pour alimenter les usines de l’extérieur de la province, durant les périodes de pénurie de bois.

Divers témoins ont indiqué que les lots privés jouent plusieurs rôles importants. D’abord, comme les plantations, ils peuvent répondre à la demande de bois d’œuvre. Plusieurs témoins proposent la conversion de terres agricoles marginales en plantations afin d’augmenter l’apport en bois.(137)

Deuxièmement, les lots boisés contribuent à la biodiversité. Bien des propriétaires savent où sont les lieux de grande valeur écologique sur leurs terres et sont prêts à les protéger(138). Le gouvernement et certaines compagnies forestières ont créé des programmes éducatifs sur la mise en valeur des divers éléments du milieu forestier pour les propriétaires de boisés. Entre 1992 et 1996, le gouvernement fédéral a mis des fonds à la disposition des programmes d’intendance. On réclame qu’ils soient restaurés(139). À l’heure actuelle il n’y a ni indemnisation ni dégrèvement fiscal pour les propriétaires qui protègent leurs terres de cette façon.

Troisièmement, on a affirmé que le reboisement des terres agricoles abandonnées pourrait constituer une solution partielle au besoin de séquestrer du carbone, même si cela ne se ferait qu’à court terme et qu’il n’y a pas assez de terres disponibles pour constituer une solution complète.(140)

La Fédération canadienne des propriétaires de boisés a dit au Sous-comité que plusieurs mesures fiscales et légales découragent l’intendance des lots privés. Ainsi, parce que la plupart des parcelles sont trop petites pour que le propriétaire puisse en tirer un revenu suffisant, celui-ci y travaille à temps partiel et ne peut déduire les dépenses sylvicoles de ses revenus non forestiers(141). En outre, comme les arbres mettent des dizaines d’années à pousser, le revenu peut se faire attendre pendant des décennies, tandis que Revenu Canada s’attend à ce qu’une entreprise génère des profits au moins une fois de temps en temps(142). À 65 ans, les avantages des personnes âgées sont retranchés de leurs revenus, ce qui pousse certains propriétaires à abattre et à vendre leur bois à 64 ans, ou à tout couper durant une seule année d’imposition.

Après discussions entre la Fédération canadienne des propriétaires de boisés et le ministère des Finances, il semble que les lots boisés pourraient être traités comme des exploitations agricoles sous peu. En fait, l’honorable Ralph Goodale, ministre des Ressources naturelles, a noté récemment des progrès à cet égard. Il a indiqué que le Groupe de travail sur le traitement fiscal des boisés privés du Conseil canadien des ministres des Forêts avait conclu que les demandes des propriétaires de boisés pouvaient être satisfaites par la publication d’un bulletin d’interprétation révisé saur les boisés. Selon le Groupe de travail, une nouvelle mesure législative n’est pas nécessaire(143). Des règles de perte agricole restreinte s’appliqueraient si le boisé n’est pas la principale source de revenu pour son propriétaire. Les propriétaires estiment qu’il y a encore des problèmes découlant de période d’application : les pertes agricoles limitent à un certain montant les déductions applicables à un autre revenu, avec des pertes additionnelles déductibles contre les profits du lot boisé seulement, et applicables jusqu’à trois ans avant ou dix ans après.(144)

L’Ontario s’est aussi attaquée à certains de ces problèmes fiscaux dans son programme d’incitatifs aux forêts aménagées. En 1998, les propriétaires de parcelles boisées qui mettaient en valeur des éléments non ligneux des forêts pouvaient, après avoir déposé un plan d’aménagement, se prévaloir d’un dégrèvement fiscal.(145)

 

La forêt « protégée »

À partir de 1980, on a commencé à reconnaître le besoin de protéger certains territoires forestiers de l’activité humaine. En 1991, les parlementaires canadiens, dans une motion unanime de la Chambre des communes, ont convenu d’achever le réseau de territoires protégés représentatif des 400 régions naturelles du pays d’ici l’an 2000. Toutes les provinces et territoires, puis les 600 000 Canadiens signataires de la Charte des régions sauvages du Canada, ont également endossé cet objectif(146). En ratifiant la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique en 1992, le Canada s’est engagé en outre à établir un réseau de territoires protégés dans lesquels des mesures spéciales protégeront la diversité biologique. Pour progresser dans cette direction en dépit des embûches, le Sous-comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles a tenu des audiences dans tout le pays et recommandé des actions.

La Stratégie nationale sur les forêts précise, et l’Accord canadien sur les forêts réitère, que les provinces, le fédéral et les autres signataires comptent compléter un réseau de territoires protégés représentatif des forêts du pays, qui servira de référence écologique, protégera des territoires uniques au point de vue biologique et favorisera le maintien des forêts anciennes à titre de trésors nationaux.(147)

 

Territoires provinciaux protégés

Les provinces sont plus ou moins avancées dans l’établissement de leur réseau de territoires protégés représentatifs. Certains ont fait part au Sous-comité de leurs craintes que certaines provinces ne respectent pas leurs engagements : avec les travaux en cours dans les forêts, on abandonne la protection prévue de certains territoires. Le World Wildlife Fund du Canada dépose un rapport annuel sur la situation des territoires protégés au pays, selon sa propre norme – qui exclut la coupe forestière, les mines, la construction de barrages hydroélectriques et les travaux pétroliers et gaziers. Selon son rapport le plus récent (mars 1999), les provinces où domine la forêt boréale présentent les taux suivants de territoires protégés, comprenant les parcs et réserves fédérales et provinciales : Alberta, 9,8 pour cent; Saskatchewan, 6 pour cent; Manitoba, 8,1 pour cent; Ontario, 8,8 pour cent; Québec, 4,2 pour cent. (148)

Les participants au programme ontarien Lands for Life ont informé le Sous-comité des consultations publiques sur l’utilisation et la gestion de 46 millions d’hectares de terres publiques en Ontario. L’industrie, le gouvernement et les organismes sont tombés d’accord sur les superficies forestières à protéger, ce qui a donné lieu à la signature de l’Accord forestier ontarien de 1999. La protection des territoires est liée à l’approvisionnement ligneux et à son coût. Les territoires protégés atteindront plus de 9,5 millions d’hectares et constitueront au moins 12 pour cent du territoire; cela ne devrait entraîner ni perte nette d’approvisionnement ligneux, à cause du coût du bois, ni perte d’emplois. L’exploitation minière sera permise dans les territoires désignés comme protégés qui présentent un potentiel minéralogique intéressant pour la province. Le choix des territoires forestiers aménagés de façon intensive sera mutuellement acceptable, et l’expansion de l’exploitation forestière au nord du territoire de planification ne pourra avoir lieu qu’« avec l’accord plein et entier des Premières nations touchées ». Un conseil consultatif a été créé pour mettre en œuvre l’accord. (149)

Un représentant métis nous a dit que : «  De l’avis de l’ontarien, il n’y a pas de localités métisses dans la province, et s’il y en a, ceux qui y vivent et s’appellent Métis n’ont aucun droit.(150)

Le développement industriel n’est pas exclu des territoires protégés dans toutes les provinces.

L’Ontario permet l’exploitation minière, l’Alberta autorise la poursuite des travaux pétroliers et gaziers déjà en cours dans les territoires qu’elle protège selon son programme Special Places 2000. Il y a dix ans, avant qu’une injonction d’un tribunal ne l’interdise, les entreprises forestières ont été autorisées à couper une bonne partie du plus vieux peuplement d’épinettes blanches en Alberta, qui comptait les plus gros arbres. Cette pessière se trouvait dans le parc national de Wood Buffalo.(151)

De nombreux témoins nous ont parlé de la nécessité d’une protection provisoire pour les sites candidats. Certaines compagnies forestières qui ont signé l’Accord canadien sur les forêts nous ont dit ne pas appuyer les décisions de protéger des territoires.

 

Parcs

Une partie de la forêt boréale est protégée dans les parcs nationaux. Parmi les neuf parcs actuels situés en zone boréale, quatre sont très importants au point de vue écologique. Nahanni, Wood Buffalo et Gros Morne font partie des sites du patrimoine mondial et Riding Mountain est une réserve de la biosphère de l’UNESCO.

Au total, quatorze régions naturelles du Canada sont situées en forêt boréale et six ne sont pas encore représentées dans des parcs(152). Elles sont situées au Manitoba, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Labrador et à Terre-Neuve. On a dit au Sous-comité que plusieurs ministères fédéraux ont mis en péril certains sites candidats en émettant des permis de coupe forestière et autres, par simple méconnaissance du dossier(153). Dans certains cas, les dommages sont irréparables.

Élément des grands écosystèmes, les parcs subissent les effets des activités qui ont lieu hors de leurs limites. Selon Parcs Canada, les coupes forestières pratiquées à proximité ont un impact écologique important sur six des parcs nationaux situés en forêt boréale.(154)

« Si les parcs sont des étalons pour mesurer l’impact de l’activité humaine sur les écosystèmes naturels, alors nos parcs nationaux indiquent clairement que l’exploitation forestière a un impact négatif sur les paysages canadiens.(155)

Les parcs ne sont pas toujours synonymes de protection, À Wood Buffalo, la coupe forestière a été pratiquée pendant de noubreuses années.(156)

Environ 23 millions d’hectares de forêt sont désignés comme « forêt patrimoniale » et protégées dans leur état naturel en vertu de la loi. Environ 27 millions d’hectares sont des « forêts de conservation » protégées de la coupe par les politiques.

 

Les territoires protégés protégeront-ils ce qui compte?

De plus en plus, les parcs et les réserves deviennent des îlots de nature entourés de zones exploitées. Cela rend d’autant plus important le raccordement des territoires protégés, plus important que la protection d’un certain pourcentage de territoire(157). On nous a dit que si un type de paysage peut permettre la survie du caribou et de l’ours brun, par exemple, on peut conclure que la majeure partie de la biodiversité forestière aura été protégée. Il est important de connaître, puis de protéger, les corridors utilisés par les grands mammifères.(158)

En l’absence de raccordement, la superficie à protéger peut faire problème. Ainsi, protéger un effectif de 1 000 grizzlis dans le piedmont albertain (objectif déclaré du gouvernement provincial), il faut mettre en réserve 22 pour cent de cette région naturelle. Or, le gouvernement vise 1,94 pour cent de superficie protégée(159). Un représentant de la Fédération canadienne de la nature a donné un autre exemple

« En 1983, on a créé un grand parc provincial de 1 500 km2 dans le nord de l’Ontario. Il devait protéger le caribou et une part représentative de la forêt boréale. Pendant dix années d’existence du parc, on a appris que la plus grande harde de caribou de l’Ontario était mise péril par toutes les activités de coupe forestière autour du parc. Celui-ci n’était pas assez grand pour représenter le territoire, ni pour permettre la survie du caribou, ni pour maintenir le régime des feux requis. Les Autochtones, les environnementalistes, le gouvernement et les entreprises se sont réunis pour négocier, après 10 ans et 1,5 million de dollars, la création d’un parc qui est maintenant dix fois plus grand. »(160)

Les parcs et les réserves ne sont peut être pas la seule solution. Des représentants du patronat et des groupes environnementaux ont dit au Sous-comité que la « forêt fonctionnelle » doit être entièrement aménagée pour la biodiversité.

« Si on accepte la réalité écologique que… les composantes des écosystèmes sont en fait dispersées dans tous les paysages, dans toute la forêt, et que celle-ci change constamment en raison des forces écologiques, telles la succession et les perturbations naturelles…, la protection de la diversité biologique, d’une perspective écologique, exige alors de gérer tous les paysages. »(161)

« Bien des choses que vous avez mentionnées [protection des espèces menacées, divers types de forêts] pourraient être le résultat d’un bon aménagement forestier autant que de la protection des territoires »(162)

 

RECOMMANDATIONS

  • Afin de concilier toutes les demandes concurrentes sur la forêt boréale, le Sous-comité recommande qu’on envisage sérieusement un régime forestier fondé sur les paysages et reconnaissant trois catégories dans la forêt boréale. La première, pouvant atteindre 20 pour cent du territoire de la forêt boréale, serait aménagée intensivement pour la production de bois. La deuxième, comptant pour la plus grande partie du territoire, serait aménagée moins intensivement à diverses fins, mais viserait essentiellement à préserver la biodiversité. La troisième, pouvant atteindre jusqu’à 20 pour cent du territoire, serait constituée en zones protégées pour en préserver la valeur hautement écologique et culturelle.
    • Que, pour conserver son caractère sauvage à la forêt boréale, ressource canadienne précieuse et en voie de disparition, on complète au plus tard en 2002 le réseau de zones protégées, dont le parachèvement était prévu avant la fin de 2000.
    • Que le gouvernement fédéral s’empresse de délimiter, de créer et de protéger entre temps six nouveaux parcs nationaux dans la zone de forêt boréale.
    • Que le gouvernement fédéral n’émette pas de permis de coupe ou autres dans les zones prévues pour des parcs, coordonne ses ministères pour que chacun sache où se trouvent ces zones et encourage les provinces à en faire autant.
    • Que, une fois créés, les parcs nationaux et provinciaux soient vraiment protégés contre toute activité industrielle.
    • Que le gouvernement fédéral commence à négocier avec les provinces un accord officiel engageant les parties à gérer écologiquement les parcs et leurs environs.
    • Qu’on crée et applique des normes limitant la densité des routes et des sentiers en fonction de l’endroit, dans la forêt boréale.
    • Que des zones tampons soient prévues entres les aires de coupe et les parcs pour ne pas perturber les écosystèmes des parcs.
    • Que, dans les zones protégées et les forêts aménagées, les gouvernements veillent à la préservation de l’habitat des grands mammifères en tenant compte de leurs besoins de superficie minimale et de contiguïté de territoires.

 

  • Le gouvernement fédéral doit utiliser son pouvoir constitutionnel en matière de droits autochtones, de pêche, d’espèces menacées, d’oiseaux migrateurs, d’eaux navigables et d’évaluation environnementale pour jouer pleinement son rôle à l’égard des forêts boréales du Canada.
    • Que le Canada se dote d’une Loi sur les espèces en péril rigoureuse reconnaissant l’importance de protéger l’habitat dont dépend la survie de ces espèces, comme le font les États-Unis depuis les années 60.
    • Que, dans la partie de la forêt boréale située près de la ligne des arbres, pour laquelle il n’y a pas encore de bonnes méthodes sylvicoles, on interdise la coupe.
    • Que, pour protéger la forêt boréale, le gouvernement fédéral applique rigoureusement la Loi sur les pêches et la Loi sur les oiseaux migrateurs, et utilise ses pouvoirs d’évaluation environnementale pour empêcher l’exploitation non écologiques des forêts et traiter des impacts interprovinciaux.
    • Qu’on limite les coupes dans les vieux peuplements de la forêt boréale, qui sont essentiels à la préservation de la biodiversité, en limitant la coupe.

 

  • Que le régime fiscal soit adapté pour favoriser un aménagement durable des forêts.
    • Que des avantages fiscaux soient accordés aux propriétaires de boisés qui renoncent à couper leur bois pour protéger les espèces menacées ou leur habitat.
    • Que des avantages fiscaux soient accordés pour favoriser le reboisement des terres agricoles marginales.
    • Que les propriétaires de petits boisés ne soient plus imposés sur le potentiel commercial du bois sur pied, mais uniquement une fois le bois coupé et les recettes réalisées.
    • Que les propriétaires de petits boisés puissent verser les recettes de l’exploitation de leur bois dans des comptes en fidéicommis portant intérêt, à l’abri de l’impôt, jusqu’à cet argent soit retiré et utilisé à des fins autres que l’aménagement durable des boisés.
    • Que le gouvernement fédéral examine le traitement fiscal des boisés transmis de génération en génération au sein d’une famille. Actuellement, certains propriétaires de boisés prétendent devoir exploiter leur bois pour pouvoir payer l’impôt sur ces transactions familiales, au mépris de la conservation des boisés familiaux.
    • Qu’on revoie les conditions d’admissibilité au supplément de revenu garanti des personnes âgées qui sont propriétaires de boisés et qui, dans la situation actuelle, peuvent être incitées ou forcées à « liquider » leur actif forestier.
    • Que le gouvernement fédéral modifie le traitement des dépenses d’aménagement forestier des propriétaires de petits boisés, qui prennent parfois des décennies à rapporter. Revenu Canada maintient toujours que de telles dépenses doivent produire régulièrement des revenus sur un horizon de plusieurs années pour démontrer qu’il y a « espoir raisonnable de profit ». En foresterie, l’horizon doit être plus long.
    • Que le ministre des Finances envisage de modifier le régime des pertes agricoles restreintes pour tenir compte qu’il faut plus de temps pour réaliser un profit en foresterie.
    • Que les gouvernements encouragent les entreprises à investir dans la fabrication de produits à valeur ajoutée à partir du bois canadien.
    • Que le gouvernement fédéral finance un inventaire national exhaustif des forêts, des sols forestiers et des organismes du sol.
    • Que des données sur les écosystèmes soient recueillies et versées dans la Base nationale de données sur les forêts. Le Sous-comité a eu de la difficulté à étudier certaines questions parce que les données sont en général soit nationales, soit provinciales. Les données spécifiques sur la forêt boréale sont difficiles à trouver.
    • Que toute utilisation d’herbicides et de pesticides chimiques dans la forêt boréale soit progressivement éliminée dans les plus brefs délais.

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