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COMM

Sous-comité des communications

 

Au fil du progrès !

Positionnement du Canada dans la révolution technologique mondiale


INTRODUCTION

I. LA TECHNOLOGIE ET SES SYSTÈMES DE DISTRIBUTION
La télédiffusion classique
La câblodistribution
La télévision par satellite
La téléphonie
Les services locaux sans fil
Les fournisseurs d’électricité


INTRODUCTION

La plupart des Canadiens le savent fort bien : l’évolution de leur pays depuis la Confédération a été profondément marquée par l’action conjuguée de la technologie des communications et de leur culture. Au milieu du XIXe siècle, le télégraphe a été instauré pour transmettre l’information aux journaux et revues dans l’ensemble du Canada. Au XXe siècle, des systèmes de télécommunication et de radiodiffusion ont été érigés pour constituer l’infrastructure reliant les régions et pour fortifier la souveraineté nationale.

En facilitant le dialogue social et l’expression culturelle, les systèmes de communication, renforcent notre identité. Ils permettent aussi l’entrée d’informations et de cultures étrangères et, inversement, servent à exporter informations et productions culturelles canadiennes. Aujourd’hui, le Canada peut s’enorgueillir de disposer d’un des systèmes de communication les plus perfectionnés au monde. Notre pays est parmi les plus ouverts aux influences culturelles étrangères, notamment à celle de son voisin américain. Même au Québec, où les œuvres culturelles de langue française sont très prisées en raison de la situation linguistique particulière de cette province, l’influence américaine est appréciable.

Dans le passé, les décideurs canadiens ont tendu à faire preuve d’une attitude défensive face à l’influence envahissante de la culture américaine, notamment sur le marché canadien-anglais. Leurs politiques visaient à établir des monopoles ou quasi-monopoles canadiens — particulièrement dans l’industrie de la radiodiffusion — et à imposer des obligations culturelles aux sociétés canadiennes en échange de profits monopolistiques protégés. Par exemple, les films et les émissions de télévision étaient interfinancés grâce aux profits que les sociétés canadiennes tiraient de l’importation de produits américains. C’est ainsi que la politique touchant à la radiodiffusion et aux produits culturels connexes reposait sur un compromis pragmatique.

Aujourd’hui, l’émergence de technologies puissantes - et notamment d’Internet - pose des défis à la politique culturelle traditionnelle et aux moyens servant à la promouvoir. Pour répondre à ces défis et tirer parti de ces nouvelles technologies, nos institutions et nos politiques doivent s’adapter aux réalités résultant de l’évolution technologique. L’approche devra dorénavant se faire plus proactive. Les vieux réflexes protectionnistes vont devoir être contrebalancés par des politiques faisant la promotion active des biens et contenus culturels canadiens.

Dans son rapport provisoire d’avril 1997, le Sous-comité a posé plusieurs questions, surtout sur l’aspect « matériel » de la révolution technologique. Pour son rapport définitif, le Sous-comité a consacré autant de temps à étudier son contenu et ses enjeux, autrement dit son côté « logiciel ». Il s’est notamment posé la question suivante : Quelle est la meilleure façon de promouvoir la diversité culturelle canadienne face aux nouvelles réalités de la mondialisation des marchés, de la convergence technologique et des nouveaux médias?

Dans les deux premiers chapitres du présent rapport, le Sous-comité sénatorial des communications tente de brosser un tableau concis de la révolution technologique, en examinant les systèmes de distribution actuels et ce nouveau paradigme qu’est Internet. Dans le chapitre trois, il soulève des questions fondamentales touchant aux incidences culturelles de la nouvelle technologie. Le chapitre quatre enfin suggère des initiatives en vue de renforcer la présence canadienne dans les nouveaux médias.

Ce rapport se fonde sur des recherches indépendantes, des missions d’information et des témoignages recueillis en audience par le Sous-comité. Le Sous-comité sait que sur une question aussi complexe et mouvante que celle des technologies de la communication, le débat peut être très pointu. Ce sont néanmoins les Canadiens - comme acteurs et consommateurs - qu’il met au premier plan de ses préoccupations. De plus, vu l’ampleur de la mondialisation, le Sous-comité s’est attaché à garder à l’esprit le contexte international et les grandes questions touchant à la technologie et à la culture.

Le Sous-comité croit - comme il l’a déjà dit dans son rapport provisoire - Au fil du progrès - qu’il faut empêcher que ne se crée un fossé entre les privilégiés des nouvelles technologies et les autres. Les nouvelles technologies ne doivent pas non plus favoriser la dominance de certaines cultures au détriment de la pleine expression des autres. Bref, les politiques devraient promouvoir un accès universel aux nouvelles technologies de communication et permettre à toutes les formes d’expression culturelle et linguistique d'être « visibles ». Le Sous-comité s’est donc inspiré de deux grands principes. Tout d’abord, il faut encourager la concurrence entre les systèmes de communication afin de maximiser le nombre de points de distribution des œuvres culturelles canadiennes. Ensuite, il faut ouvrir aux produits culturels canadiens d’importantes possibilités de financement afin qu’ils puissent occuper une place d’honneur sur le marché national et se positionner favorablement pour pénétrer les marchés et les publics étrangers. Ces diverses considérations fondamentales ont amené le Sous-comité à formuler des recommandations d’orientation. Celles-ci figurent dans le corps du texte et sont reprises en annexe.


I. LA TECHNOLOGIE ET SES SYSTÈMES DE DISTRIBUTION

La révolution technologique marque une rupture entre les « anciens » médias (traditionnels) et les « nouveaux » (contemporains). Les médias traditionnels, comme la radio et la télévision, ont des caractéristiques qui leur sont propres. Les politiques qui les régissent ont été élaborées en partie en fonction de leurs possibilités et de leurs limites. De même, les nouveaux médias — comme Internet — ont leur propres caractéristiques. Toute nouvelle politique doit être consciente des différences fondamentales entre les anciens et les nouveaux médias qui coexistent aujourd’hui, phénomène baptisé de « convergence technologique ».

Les caractéristiques des vieux médias sont assez bien connues : spectre de fréquences limité, réglementation étatique, portée géographique limitée et propriété publique. Ces notions appellent des précisions. D’abord, sur le plan technique, la radio et la télévision sont asservies aux contraintes du spectre, les ondes ne pouvant admettre qu’un certain nombre de stations de radio ou de chaînes de télévision. Deuxièmement, la rareté des fréquences a incité les États à affirmer leur rôle dans l’attribution de ces fréquences. Troisièmement, les vieux médias ont des contraintes géographiques du fait des limites techniques des ondes, qui ne peuvent se propager que dans un rayon déterminé. Enfin, la propriété publique des vieux médias est le modèle dominant dans la plupart des pays, à l’exception des États-Unis.

L’émergence de « nouveaux médias » a été facilitée par les innovations technologiques et leurs applications commerciales. Par exemple, l’utilisation d’ordinateurs personnels à logiciels puissants a fait du World Wide Web sur Internet un phénomène de masse. Il y a cependant toujours plus de postes de télévision que d’ordinateurs, ce qui a incité à trouver une façon d’accéder au Web par la télévision, surtout avec l’arrivée de produits électroniques de masse comme le Web TV. Aussi, les vieux médias - radio, télévision, téléphone - sont en train de fusionner avec les ordinateurs au sein d’une plate-forme unique. On prévoit que les fonctions de la télévision, du téléphone et de l’ordinateur seront bientôt réunies dans le même appareil. D’où l’emploi du mot « convergence » pour désigner ce phénomène.

Comme l’a expliqué un témoin de la compagnie de téléphone albertaine Telus :

Nous parlons de convergence depuis la fin des années 80, mais c'est grâce à Internet que nous commençons réellement à voir une certaine convergence se matérialiser sur le marché, dans les opérations bancaires, les achats et les nouvelles applications médiatiques par Internet. Tous ces instruments, tous ces changements font de la convergence une réalité.

Comme les vieux médias, les médias modernes ont leurs caractéristiques spécifiques : énorme capacité, portée illimitée, souplesse de réglementation et absence de propriété publique. Ici encore, des précisions s’imposent. Premièrement, la compression numérique permet un nombre presque illimité de chaînes — transmises sur le Web sous forme de « bits » électroniques — qui sont acheminées dans les foyers par câble ou par satellite. Deuxièmement, les médias modernes comme la télévision par satellite et Internet sont affranchis des contraintes géographiques, d’où l’expression « abolition de la distance ». Troisièmement, comme les médias modernes n’ont pas de territoire, l’État a beaucoup plus de mal à les réglementer que les vieux médias. Enfin, les États peuvent difficilement prétendre avoir un rôle légitime dans la propriété des médias modernes principalement en raison de leur capacité illimitée.

Il est plus facile de comprendre la mutation profonde due au passage des anciens aux nouveaux médias en examinant les différents systèmes de distribution et la façon dont ils ont été touchés par la révolution technologique et par l’émergence d’Internet, et son prolongement commercial, le Web.

 

La télédiffusion classique

La télévision classique est un média « passif » — qu’on appelle couramment une « arme de distraction massive ». Comme le spectre est limité, les gouvernements de la plupart des pays ont fortement réglementé les ondes, notamment pour réaliser des objectifs de politique publique — éducation, contenu culturel, droit de réplique, codes touchant la violence, émissions pour enfants, et ainsi de suite.

L’avènement d’Internet constitue une menace pour les diffuseurs classiques, surtout parce que le Web arrache les téléspectateurs à leur petit écran pour les attirer vers leur écran d’ordinateur où ils ont accès à différentes formes de contenu. Les enfants et les adolescents, par exemple, passent moins de temps devant le petit écran et davantage de temps sur Internet que les gens plus âgés. Une enquête américaine menée en 1998 a révélé que plus on passe de temps devant l’ordinateur de la maison, moins on en consacre aux autres médias électroniques. Quelque 18 p. 100 des Américains ont répondu qu’ils lisent moins de revues à cause d’Internet. Environ 18 p. 100 ont dit qu’ils consacrent moins de temps à la lecture de livres, et 11 p. 100 lisent moins les journaux. Du total des répondants, 78 p. 100 négligent la télévision pour naviguer sur Internet. En gros, ces statistiques s’appliqueraient au Canada.

Les radiodiffuseurs, dont les revenus dépendent de la publicité, s’inquiètent des répercussions du Web sur leurs résultats, et leurs craintes semblent justifiées. Proctor and Gamble, une des compagnies qui fait le plus de publicité télévisée dans le monde, a récemment tenu une série de rencontres stratégiques sur l’avenir des usagers de la publicité. Leur objectif était d’évaluer les possibilités commerciales d’Internet. Certains grands radiodiffuseurs américains, comme le réseau NBC, ont déjà constitué des associations avec des sociétés fondées sur le Web comme Microsoft et ont investi dans des moteurs de recherche. Au Canada, la plupart des réseaux de télévision, y compris la SRC qui appartient à l’État, sont très présents sur le Web. On peut s’attendre à ce que les radiodiffuseurs classiques redoublent d’ardeur pour se tailler une place dans le secteur des services accessibles par Internet. Ceci, afin de limiter les effets négatifs, sur leur position concurrentielle, de la convergence technologique qui, graduellement, estompe la distinction entre télévision et ordinateur.

 

La câblodistribution

Apparue à la fin des années 40, la câblodistribution est demeurée marginale pendant une vingtaine d’années. Au Canada, on a d’abord vu la câblodistribution comme une menace pour la souveraineté culturelle canadienne, surtout parce que les systèmes de câblodistribution offraient aux auditeurs canadiens des signaux américains non réglementés. En outre, les radiodiffuseurs classiques, comme la SRC et CTV, se sentaient menacés par les câblodistributeurs parce que ceux-ci offraient à leurs abonnés canadiens de nombreuses chaînes concurrentes américaines. Dans les années 70, le CRTC a toutefois décidé d’encourager le développement de la câblodistribution en tant que monopole, en échange de concessions en matière de politique culturelle — notamment la distribution obligatoire des chaînes canadiennes et l’obligation pour les diffuseurs d’investir dans des émissions canadiennes.

Dès les années 80, la câblodistribution était devenue le principal mode de radiodiffusion au Canada, atteignant quelque 70 p. 100 des ménages canadiens. Pour les téléspectateurs, la câblodistribution a signifié une forte fragmentation du paysage télévisuel. Alors que dans le passé ils ne pouvaient capter que quelques chaînes d’intérêt général, le « câble » leur offrait maintenant des douzaines de chaînes spécialisées. Dans les années 90, l’émergence de la télévision « à créneaux » s’est rapidement accélérée au Canada et dans bien d’autres pays.

Jusqu’au début de la décennie, l’industrie de la cablôdistribution en Amérique du Nord était un monopole auquel aucun autre système de distribution ne faisait concurrence. L’avènement de la télévision numérique par satellite a toutefois joué pour beaucoup dans l’apparition de ce qu’on appelle « l'univers à 500 chaînes ». La télévision numérique par satellite représente aujourd’hui une concurrente de taille pour l’industrie de la cablôdistribution.

Plusieurs témoins ont parlé de la nature de la concurrence éventuelle dans la câblodistribution. Un témoin de l’Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists (ACTRA) la voit ainsi :

La concurrence dans le secteur de la câblodistribution sera plus décisive. Elle viendra des compagnies de téléphone et peut-être aussi des sociétés de communications par satellite. Ce sera beaucoup plus instructif. Même avant que la télévision à haute définition ait des répercussions réelles sur notre industrie, vous verrez les effets de la distribution par l'Internet et les technologies informatiques. Ce sont les facteurs qui vont sans doute entraîner le plus de bouleversements, de changements, de menaces et de débouchés dans notre secteur.

Aujourd’hui, après de nombreux retards, les câblodistributeurs commencent à investir dans la technologie numérique de manière à accroître leur capacité de transmission et à concurrencer la télévision par satellite et leurs autres rivaux. Les câblodistributeurs misent sur leur infrastructure de câbles coaxiaux en vue d’offrir le système le plus efficace et le plus convivial qui soit pour donner un accès ultra-rapide à Internet. Au Canada, les grands câblodistributeurs offrent un service d’accès ultra-rapide au Web moyennant un forfait mensuel. C’est le cas de Rogers et Shaw avec @Home et de Vidéotron avec son propre service d’accès à Internet. Actuellement, la plupart des Nord-Américains branchés sur le Web ont accès à Internet par des lignes téléphoniques. Si le service @Home par câble se répand, il pourrait représenter une nouvelle source de recettes importante pour les câblodistributeurs.

 

La télévision par satellite

La radiodiffusion par satellite remonte à la fin des années 60. Mais commercialement, la télévision directe par satellite n’a vraiment commencé que dans les années 90, avec le lancement de systèmes entièrement numériques comme DirecTV aux États-Unis. La télévision par satellite a un avantage énorme par rapport à la câblodistribution parce que son signal, qui balaie la largeur d’un continent et exploite la technologie de la compression vidéo-numérique, permet de diffuser des centaines de chaînes sur des territoires étendus sans qu’il soit nécessaire de construire un réseau de câbles coûteux. Cependant, les abonnés doivent au départ acheter une antenne parabolique.

Deux exploitants de services de télévision par satellite — StarChoice et ExpressVu — offrent leurs services au Canada depuis 1997. Les deux appartiennent à de grands monopoles. StarChoice est contrôlé par une société de câblodistribution de Calgary, Shaw Communications, et ExpressVu, par Bell Canada Enterprises. Pour le moment, la télévision par satellite ne semble pas faire une grande concurrence à la câblodistribution au Canada — en partie parce que StarChoice appartient à un câblodistributeur. Au Canada, la câblodistribution compte environ 8 millions d’abonnés, tandis que StarChoice et ExpressVu en comptent à peu près 250 000 chacun. Aux États-Unis, les exploitants de services de télévision par satellite comme DirecTV, avec ses quelque 5 millions d’abonnés, font une concurrence plus vive aux câblodistributeurs. La télévision par satellite connaît aussi beaucoup de succès en Europe. À Londres, le Sous-comité a souvent entendu parlé de l’influence du service par satellite BSkyB sur l’industrie de la télévision en G.-B. Concurrent énergique, BSkyB a transformé le marché des sports à la télévision, fait grimper le prix des droits de reproduction des manifestations sportives à la télévision et rendu uniquement accessibles par abonnement, certains services jadis offerts gratuitement par la voie des ondes. BSkyB a aussi accru le contenu étranger des émissions de télévision diffusées en G.-B.

La diffusion par satellite n’occupe pas encore une part importante du marché de consommation sur Internet. Cependant, des créneaux pourraient être exploités. Selon Shaw Communications :

Nous aimerions que les automobilistes puissent avoir accès à Internet par voie audio. Nous ne voyons pas ce qui les en empêche.

 

La téléphonie

Au début, le système canadien de téléphonie était constitué d’une série de monopoles locaux privés qui ont par la suite été regroupés sous la forme de systèmes régionaux dont certains sont contrôlés par le gouvernement provincial (comme en Saskatchewan). Aux États-Unis, une décision judiciaire du début des années 80 a forcé la fragmentation du grand monopole de la téléphonie AT&T en une seule compagnie de téléphone interurbain et plusieurs petites sociétés régionales (« Baby Bells »).

Les compagnies de téléphone, qui doivent rivaliser avec d’autres systèmes de distribution, sont tributaires de leur infrastructure de fils de cuivre relativement inefficace, qui n’est pas idéale pour la transmission d’images vidéo et pour l’accès à Internet. Cependant, de nouvelles technologies comme le système « LNPA » (ligne numérique à paire asymétrique) pourraient aider les compagnies de téléphone à surmonter quelque peu ces obstacles. On pense que certaines compagnies de téléphone — en particulier celles spécialisées dans les communications interurbaines — vont acheter des systèmes de câblodistribution pour avoir « pignon sur rue » localement  et concurrencer les services fusionnés de télévision et de téléphone. Il n’y a pas eu de prise de contrôle de ce genre au Canada, mais, aux États-Unis, AT&T a récemment pris le contrôle de Tele-Communications Inc., un des plus gros câblodistributeurs américains.

Au Canada, certaines compagnies de téléphone - comme Telus (Alberta), Bell Canada (Ontario et Québec) et NB Tel (Nouveau-Brunswick) - ont annoncé qu’elles avaient l’intention de faire directement concurrence aux câblodistributeurs dans la prestation de chaînes de télévision à domicile. Des compagnies de téléphone se sont lancées sur le marché de l’accès à Internet, comme Bell Canada sous la marque Sympatico, concurrençant ainsi d’autres fournisseurs de services Internet (FSI) qui dépendent des lignes de Bell pour servir leur clientèle. Bell Canada s’est aussi attaquée au marché du contenu multimédia en investissant dans des entreprises canadiennes comme Digital Renaissance.

 

Les services locaux sans fil

Les services locaux sans fil sont entièrement numériques et peuvent offrir à la fois un service de télévision et un service de téléphonie, de même que des services d’accès à des données et à Internet. Sur le plan technique, ils fonctionnent à peu près comme des radiodiffuseurs à la différence près que leurs signaux sont transmis à partir de « relais » placés au sommet d’édifices et de tours, et reçus au moyen d’antennes de type parabolique reliées au bureau ou au domicile de l’abonné.

Comme les systèmes sans fil locaux viennent à peine d’apparaître sur le marché commercial au Canada, il est difficile de dire s’ils auront un impact important sur la câblodistribution et sur les systèmes téléphoniques. Une société, Look TV, semble bien placée pour concurrencer la câblodistribution en Ontario et au Québec. Deux autres, MaxLink Communications et Connexus, semblent se concentrer davantage sur les télécommunications et les services à forte valeur ajoutée comme les conférences vidéo. Comme l’a dit le témoin de MaxLink au Sous-comité :

Les télécommunications sans fil sont une solution de rechange prometteuse dans le domaine de la concurrence... Vous avez besoin de larges bandes, éléments dont nous disposons dans le secteur des télécommunications sans fil.

Lancés à la fin de 1998, les systèmes locaux sans fil ne pourront probablement pas réaliser leur plein potentiel commercial avant 2000-2005.

 

Les fournisseurs d’électricité

Les services d’électricité pourraient concurrencer éventuellement les systèmes traditionnels qui offrent des services vidéo et téléphoniques. Jusqu’ici, les fournisseurs d’électricité fonctionnaient en général comme des monopoles. En raison de la déréglementation et des privatisations, ils sont obligés de rechercher d’autres débouchés.

Le secteur des communications est un débouché logique pour les services d’électricité, ces derniers possédant déjà une vaste infrastructure et rejoignant par fil pratiquement tous les ménages. Ils ont aussi des « emprises » sur les réseaux de transmission et de distribution. Et ils facturent déjà directement presque tous les ménages sur leur territoire.

La disponibilité universelle des services d’électricité est une des raisons pour lesquelles les compagnies de communications interurbaines cherchent à s’associer avec eux pour s’attaquer au marché local de la téléphonie. Au Canada, Ontario Hydro semble sur le point de faire son entrée dans le secteur des télécommunications. Il faut s’attendre à ce que, dans un proche avenir, des alliances stratégiques se nouent entre les services publics et les sociétés de télécommunications établies.

Tous ces systèmes de distribution ont évolué dans des mondes complètement séparés et ont effectivement été réglementés comme des secteurs distincts. Avec l’arrivée de nouvelles technologies comme la compression numérique, ces systèmes autrefois séparés sont soit en train de converger, soit en train de rivaliser entre eux. Bientôt, probablement, ils offriront tous des services de télévision, de télécommunications et d’autres services à valeur ajoutée.

Le point le plus important sans doute, c’est que tous ces systèmes de distribution soient actuellement en train de revoir leurs stratégies d’affaires pour tirer parti de l’explosion d’Internet.


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