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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 19 - Témoignages


OTTAWA, le mercredi 20 septembre 2000

Le comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie auquel est renvoyé le projet de loi C-5, Loi constituant la Commission canadienne du tourisme, se réunit aujourd'hui, à 15 h 50, pour examiner ledit projet de loi.

Le sénateur Michael Kirby (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Honorables sénateurs, nous devons discuter des questions relatives au projet de loi C-5, Loi constituant la Commission canadienne du tourisme.

M. Jim Watson est notre premier témoin.

M. Jim Watson, président, Commission canadienne du tourisme: Je ne peux pas dire que ma déclaration liminaire sera brève, mais je sais que si je parle trop longtemps, vous me le ferez savoir.

[Français]

Je suis ravi d'avoir été invité à prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je suis ici pour vous donner un aperçu de l'évolution de la Commission canadienne du tourisme, du statut d'organisme de service spécial à celui de société d'État.

[Traduction]

Je suis accompagné aujourd'hui par Roger Wheelock, vice-président du marketing de la Commission canadienne du tourisme; il est ravi de se trouver dans l'édifice Victoria, car il vient de Victoria; Irving Miller, conseiller principal à Industrie Canada; Chantal Péan, directrice des affaires internes et de l'industrie de la Commission.

Je vais aborder aujourd'hui très brièvement trois grands points: Les raisons pour lesquelles la Commission a été créée en 1995, la contribution de la Commission au secteur canadien du tourisme au cours des cinq dernières années,...

[Français]

...et enfin, la raison pour laquelle il est opportun d'adopter le projet de loi C-5, faisant de la Commission canadienne du tourisme une société d'État.

[Traduction]

Le contexte de la création de la Commission est le premier point. La semaine dernière, vous l'avez peut-être remarqué, le Ottawa Citizen publiait en première page un article, également publié dans les journaux de Halifax, Calgary, Victoria et Winnipeg, mentionnant que le Canada venait d'être désigné comme la meilleure destination touristique dans le monde par les lecteurs britanniques du magazine Condé Nast Traveller.

Nous avons pris l'habitude, ces dernières années, de recevoir les éloges d'un nombre croissant de visiteurs. Mais les choses n'ont pas toujours été aussi roses. Ainsi, il n'y a pas si longtemps, au début des années 90, l'industrie du tourisme canadien était en mauvaise posture, et ce pour plusieurs raisons. L'Amérique du Nord traversait une récession qui avait entraîné, avec la hausse du chômage et des taux d'intérêt, une détérioration brutale du marché du tourisme en provenance des États-Unis. L'accès limité de notre pays par voie aérienne avait eu un effet négatif sur les marchés naissants de l'Asie et les marchés établis des Amériques et en Europe. Après un boom dans la construction immobilière au cours des années 80, le Canada avait trop d'installations touristiques pour une demande en baisse, avec pour conséquence un faible rendement du capital investi.

Tous les paliers de gouvernement avaient restreint leur appui à l'industrie -- au niveau fédéral, cet appui était passé de 35 millions de dollars annuellement dans les années 80 à 15 millions de dollars en 1992-1993.

[Français]

Ces facteurs sont en partie responsables des grosses pertes d'exploitation enregistrées par l'industrie hôtelière et celle du transport aérien.

[Traduction]

Comme le sénateur Callbeck l'a rappelé aux honorables sénateurs dans sa déclaration de juin sur le projet de loi, avant la création de la Commission, les efforts déployés au Canada pour faire valoir le pays comme une destination touristique étaient fractionnés entre de nombreux agents -- le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux et l'industrie touristique elle-même. N'ayant pas voix au chapitre au niveau des principes directeurs, l'industrie n'était pas disposée à former des partenariats avec le gouvernement fédéral. Par conséquent, il n'y avait aucun programme coordonné de marketing et de développement de produits, ce qui entravait encore plus l'essor du secteur. En 1992, le déficit du tourisme avait atteint près de 6 milliards et demi de dollars annuellement. Cette somme équivalait presque au quart du déficit du compte courant du Canada et le gouvernement précédent et le gouvernement actuel n'y ont certes pas été indifférents.

[Français]

C'est alors que le premier ministre a décidé de nommer l'honorable Judd Buchanan au poste de conseiller spécial en tourisme et l'a chargé de recommander les mesures à prendre pour accroître les recettes touristiques, créer des emplois dans le secteur et réduire le déficit du poste «voyages».

[Traduction]

Après avoir mené des consultations dans l'ensemble de l'industrie, M. Buchanan a conclu que ce qui faisait défaut, c'était une structure permettant à tous les intervenants de contribuer à l'élaboration et à la mise en oeuvre des plans de marketing. Il a également constaté que l'industrie était disposée à contribuer de façon substantielle au financement des activités de marketing si on lui offrait, en contrepartie, la possibilité de participer à la conception et à la mise sur pied de ces activités.

[Français]

Sa recommandation principale était la création de la Commission canadienne du tourisme, dirigée par un conseil d'administration représentant tous les intervenants.

[Traduction]

L'atout principal de la nouvelle Commission serait la participation des représentants de l'industrie en tant que partenaires de plein droit, et l'élaboration et le financement conjoints des programmes. Forte de cette participation, la Commission pourrait servir de catalyseur facilitant la coopération et la collaboration de l'industrie, corrigeant ainsi l'une des grandes lacunes des efforts déployés dans le passé.

Si l'on se penche sur les réalisations du secteur touristique au Canada -- seulement cinq ans après la création de la Commission --, les résultats sont impressionnants. Il n'est évidement pas question d'affirmer que la Commission est à elle seule responsable d'un revirement de l'industrie -- cette évolution est en grande partie attribuable au travail acharné des gens qui mettent les produits sur le marché et à une conjoncture plus favorable dans nos principaux marchés touristiques. Cependant, la Commission a participé directement à l'instauration d'un climat de collaboration à tous les niveaux. Elle a été une source d'inspiration et un catalyseur pour le marketing en coopération et pour la création de nouveaux produits fondés sur la recherche et des analyses solides. Elle a servi de point de convergence des discussions, des renseignements sur l'industrie et de stratégies sensées.

Si l'on compare les chiffres de 1999 à ceux de 1995, juste avant la création de la Commission...

[Français]

Le tourisme est maintenant l'un des principaux secteurs de croissance de l'économie et il progresse, de façon générale, à un rythme plus rapide que le produit intérieur brut.

[Traduction]

En 1999, les recettes touristiques totales se chiffraient à plus de 50 milliards de dollars, soit une augmentation de 25 p. 100 par rapport à 1995. Le déficit du poste «voyages» a été ramené à 1,7 milliard de dollars, ce qui représente une diminution de près de 50 p. 100 par rapport au déficit de 3,3 milliards de dollars enregistré en 1995. Le tourisme crée de nouveaux emplois plus vite que l'ensemble du secteur commercial.

[Français]

Le tourisme intérieur a progressé de 20 p. 100, ce qui a également permis de réduire le déficit du poste «voyages».

[Traduction]

Malgré une concurrence internationale féroce, nous avons grimpé sur le marché touristique mondial de la onzième à la septième place, selon l'Organisation mondiale du tourisme.

Pour ce qui est de la Commission, la plus récente évaluation effectuée par un organisme tiers, Price Waterhouse, a tiré plusieurs conclusions éloquentes et, j'ai le plaisir de le dire, très flatteuses. Les partenaires sont d'accord sur le fait qu'ils peuvent maintenant entreprendre des choses qu'ils n'auraient autrement pas les moyens de faire et ils estiment que leur association avec la Commission leur donne accès à un public plus large et à une couverture géographique plus étendue.

Ils sont plus à même de rentabiliser leur investissement et peuvent participer à des activités médiatiques et à des programmes qui coûteraient normalement trop cher. La Commission a créé un climat qui permet à des entreprises concurrentes de regrouper leurs produits pour avoir de meilleurs résultats sur les marchés.

[Français]

Grâce aux efforts de la Commission canadienne du tourisme, le Canada est plus présent et mieux connu sur les marchés étrangers.

[Traduction]

Le fait d'être associé à la Commission confère de la crédibilité aux produits et aux organisations moins connues et les petites entreprises bénéficient des ressources de la Commission en matière de renseignements commerciaux et de recherche, de ses compétences en marketing, en relations avec les médias et en gestion des ressources humaines.

La Commission en tant que société d'État est le dernier point que j'aimerais aborder. La Commission a sans aucun doute gagné ses galons pendant sa courte existence en tant qu'organisme de service spécial. J'aimerais maintenant conclure avec quelques observations qui montrent pourquoi il est opportun d'adopter le texte de loi devant vous, qui fera de la Commission une société d'État. Lorsque la Commission a été créée, le premier ministre l'a exhortée à s'organiser et à agir sans attendre. Le moyen le plus rapide pour y parvenir, sans perdre une année sur le marché, consistait à mettre sur pied un organisme de service spécial.

[Français]

Le conseil d'administration et le ministre de l'Industrie, l'honorable John Manley, savaient que ce n'était pas une décision définitive mais simplement la meilleure façon de démarrer.

[Traduction]

Après cinq années d'activité, la Commission doit aujourd'hui disposer d'une marge de manoeuvre financière et stratégique beaucoup la grande pour réagir aux besoins du marché et pour demeurer un partenaire efficace, alors que le secteur du tourisme continue de croître au Canada.

Les lois fédérales qui régissent actuellement les ministères fédéraux et les organismes de service spécial, tels que la Commission, limitent fortement la marge d'action de ces organismes. Ceux-ci sont en effet limités pour ce qui a trait à la passation de contrats, aux partenariats et à la gestion des finances et des ressources humaines. La seule façon d'affranchir la Commission de ces contraintes consiste à en faire une société d'État, dotée par la loi d'un mandat prévoyant un fonctionnement plus efficace, plus efficient et plus souple.

La Commission ne possède ou n'administre aucun établissement touristique. C'est un organisme de marketing. À ce titre, elle doit pouvoir fonctionner en s'appuyant sur des méthodes commerciales modernes et rationalisées afin de pouvoir conclure des contrats de partenariat et gérer les fonds aux fins de la réalisation de projets conjoints. Elle doit également disposer de l'autorité voulue pour reporter ses fonds d'une année à l'autre. Bien qu'il existe des moyens administratifs de le faire, ces méthodes sont peu pratiques pour la Commission et le statut de société d'État offre à cette fin la meilleure solution. La Commission doit pouvoir conserver les recettes qu'elle perçoit pour ses activités de marchandisage. À l'heure actuelle, ces recettes sont versées au Trésor du Canada, alors qu'elles pourraient être réinvesties dans des programmes de marketing touristique.

Elle doit pouvoir ouvrir des comptes en banque, y compris des comptes locaux dans des pays étrangers afin de payer les employés qu'elle engage sur place et les contractuels chargés du marketing. Or, en vertu des contraintes actuelles, ces comptes ne peuvent être réglés que par l'entremise du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ou par des chèques tirés sur des comptes canadiens et libellés en dollars canadiens, ce qui peut entraîner des délais dans les banques étrangères.

J'ai à peine besoin d'insister sur le fait que le succès de la Commission canadienne du tourisme repose essentiellement sur sa capacité de former des partenariats entre les administrations publiques et le secteur privé. Les provinces, les territoires et des centaines d'entreprises ont uni leurs efforts à ceux de la Commission.

[Français]

Les partenaires des secteurs public et privé ont contribué de façon appréciable au financement des activités de la Commission canadienne du tourisme. En fait, leurs contributions ont constamment excédé le financement de base du gouvernement fédéral.

[Traduction]

Le volet secteur privé de la Commission demeure au coeur de ses opérations. Ce sont des comités dirigés par le secteur privé qui sont responsables des programmes.

Monsieur le président, j'aimerais mentionner que le secteur privé et le conseil d'administration de la Commission sont en faveur du projet de loi. Si le projet est adopté, le Conseil du Trésor n'aura plus à mettre en place des instruments spéciaux qui permettent à la Commission de mener ses activités, mais qui créent un précédent.

Le tourisme revêt une grande importance pour chaque province et territoire ainsi que pour la plupart des grandes villes, mais aussi pour de nombreuses petites localités rurales. Ce secteur est évidemment d'un intérêt crucial pour les milliers d'investisseurs et d'exploitants, et pour le demi-million au moins de personnes qu'elle emploie. Compte tenu de l'importance du tourisme pour ces personnes et pour les autres pouvoirs publics, le statut de société d'État fera de la Commission canadienne du tourisme un des acteurs essentiels de l'industrie touristique, un partenaire ayant le mandat, les moyens et les ressources nécessaires pour contribuer à la prospérité globale de l'industrie entière, dans l'intérêt de tous les Canadiens.

En tant que président-directeur général de la Commission canadienne du tourisme, je suis impatient de suivre cette évolution et de voir l'apport positif que continuera d'offrir la Commission en tant que catalyseur pour la création d'emplois et la croissance dans un important secteur en plein essor.

Les représentants de la Commission et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.

Le président: Monsieur Watson, j'aimerais d'abord vous poser une question d'ordre général au sujet du conseil. Mis à part vous et le président, le conseil se compose essentiellement de neuf représentants dits du «secteur privé» et de sept représentants nommés par les gouvernements provinciaux et territoriaux.

Est-ce que les sept représentants nommés par les gouvernements provinciaux et territoriaux sont choisis suivant les régions? A-t-on l'intention, par exemple, de choisir deux représentants de la région de l'Atlantique, un du Québec, un de l'Ontario, deux de l'Ouest et un du Nord?

M. Watson: Oui, c'est ce qu'on a l'intention de faire. Par exemple, l'actuel sous-ministre du Tourisme de l'Île-du-Prince-Édouard agit en qualité de représentant de la région. Il y aura au sein du conseil un représentant du secteur public de cette province, et un exploitant d'une entreprise touristique du secteur privé de la Nouvelle-Écosse.

Le président: Donc, vous auriez, pour les provinces de l'Atlantique, par exemple, deux représentants du secteur public et deux du secteur privé, soit un par province. Vous dites que votre objectif est d'avoir un représentant par province.

M. Watson: Oui. En fait, nous avons un représentant de chaque province dans l'Atlantique. Il y a les sous-ministres du Tourisme de Terre-Neuve et de l'Île-du-Prince-Édouard, et un exploitant du secteur privé et du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Le président: Des neuf représentants du secteur privé, sept sont choisis suivant la région. Qui sont ces personnes?

M. Watson: Il y a, entre autres, le président d'Inniskillen Wines, en Ontario, et des représentants de compagnies aériennes de transport non régulier et régulier. Personne ne représente pour l'instant Air Canada.

Le sénateur Banks: Le siège d'Air Canada est vacant?

Le président: Vous ne devez pas prendre l'avion aussi souvent que nous, car des sièges vacants, il n'y en a pas ces jours-ci à bord des avions d'Air Canada. Mais c'est un sujet d'étude pour un autre comité.

Le sénateur LeBreton: Monsieur Watson, je tiens à vous féliciter pour votre nomination. Ceux, parmi nous, qui sont de la région d'Ottawa savent fort bien que vous faites preuve d'un enthousiasme débordant quand vous entreprenez un projet, et que vous vous y engagez à fond.

Comment exactement comptez-vous travailler avec le secteur privé? Comment allez-vous éviter que certains, pour ainsi dire, «ne jouent du coude»? Certains organismes du secteur privé vont peut-être penser qu'ils n'ont pas à intervenir dans un domaine en particulier parce que c'est la Commission canadienne du tourisme qui va se charger de faire la promotion du tourisme dans celui-ci. Comment allez-vous répartir les responsabilités entre votre organisation, les provinces et le secteur privé?

M. Watson: Nous n'avons eu aucune difficulté à attirer des représentants du secteur privé, et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, nous leur avons confié un rôle déterminant dans le processus décisionnel. En effet, plus de la moitié des membres du conseil viennent du secteur privé. Plus important encore, les divers comités de la CCT sont tous composés de représentants du secteur privé.

Pour vous donner un exemple, nous avons mis sur pied des comités en fonction de nos programmes de marketing axés sur les régions géographiques.

Nous avons un comité européen et un comité asiatique, dont les membres viennent tous du secteur privé. Ils y siègent de leur plein gré ou à notre demande. Par conséquent, les décisions concernant les dépenses publicitaires pour l'Europe, l'Asie, les États-Unis ou le Canada sont prises par ces comités et soumises au conseil d'administration. Nous n'avons pas trop de difficulté à amener les partenaires des secteurs privé et public à s'entendre.

Ensuite, et je vais être très franc avec vous, nous apportons de l'argent à la table. Quand les provinces veulent entreprendre une campagne de marketing, nous collaborons avec elles. Elles bénéficient non seulement de nos compétences dans les domaines de la recherche et de la publicité, mais également des fonds fédéraux que nous investissons dans un programme provincial -- par exemple, en Nouvelle-Écosse, au Québec ou en Colombie-Britannique.

Le sénateur LeBreton: Concernant la stratégie de marketing que vous avez établie pour attirer des touristes au Canada, combien de visiteurs arrivent encore par voiture ou autocar? Compte tenu de ces chiffres, est-ce que les provinces et le secteur privé ciblent davantage les marchés du Nord des États-Unis, où il y a un grand bassin de population?

M. Watson: Nous allons trouver ces chiffres. La grande majorité des recettes touristiques au Canada proviennent de Canadiens qui voyagent à l'intérieur de leur propre pays. Bien entendu, les États-Unis représentent le deuxième marché touristique en importance du Canada. Nous ne savons pas, pour l'instant, combien de personnes viennent au Canada en voiture, en train ou en avion.

Le sénateur LeBreton: Est-ce que la Commission s'intéresse à ce genre de détails? Est-ce que vous recueillez ces données de concert avec le secteur privé, ou est-ce ce dernier et les provinces qui se chargent de les compiler? Est-ce que ce sont eux qui vous fournissent ces données, ou est-ce la Commission qui concentre ses efforts sur un marché particulier afin d'attirer des visiteurs au Canada?

M. Watson: C'est un effort concerté. Nous collaborons de près avec Statistique Canada en vue de recueillir des données sur les personnes qui entrent au Canada, ce qui nous permet d'avoir une idée exacte du nombre de personnes qui franchissent les frontières. Ces chiffres nous sont fournis en partenariat. En fait, nous participons au financement de cette étude. Les données sont ensuite transmises aux provinces et au secteur privé, et les décisions de marketing sont fondées sur les résultats des recherches. Nous avons également, si je ne m'abuse, des bureaux dans 12 pays qui nous fournissent également des données. Je suis fier de dire que nous jouons un rôle de chef de file dans le domaine des études de marché, car nous avons été en mesure de travailler avec Statistique Canada -- qui est considéré comme un leader mondial par la communauté internationale -- et de fournir des renseignements précis sur le nombre de personnes qui traversent la frontière. Nous pouvons vous dire de façon précise combien de personnes viennent d'un pays particulier, et à quel moment de l'année. Si nous constatons que nous accueillons beaucoup plus de visiteurs de l'Allemagne en juillet et en août et que ceux-ci semblent se diriger vers le grand Nord, nous pouvons procéder à une analyse de la situation. Plus important encore, nous pouvons, en analysant les chiffres, déterminer à quel moment le nombre de visiteurs en provenance d'un pays en particulier est à la baisse, et modifier notre stratégie de marketing en conséquence.

Le sénateur LeBreton: Il n'est donc pas exagéré de dire que vous pourriez assumer un rôle de leadership en analysant les tendances et en montrant à l'industrie -- le secteur privé et les provinces -- la voie à suivre. Vous voyez les tendances qui s'établissent, et vous assumez un rôle déterminant au lieu de tout simplement réagir aux suggestions ou aux mythes qui sont véhiculés. Vous pouvez en fait utiliser les données de Statistique Canada. Vous établissez la marche à suivre au lieu d'y réagir.

M. Watson: C'est exact. Le vice-président du marketing aurait peut-être quelque chose à ajouter à ce sujet.

J'ai oublié de mentionner un point quand j'ai répondu à votre question sur les dépenses. Nous partons du principe que les dépenses que nous effectuons doivent être faites en partenariat avec le secteur privé. Bien que gouvernement fédéral nous octroie environ 75 millions de dollars par année, l'an dernier, nous avons recueilli, si je ne m'abuse, grâce à ce partenariat, 82 millions de dollars -- que ce soit sous forme de fonds, de paiements en nature, ou en participant à des campagnes de marketing. Nous en sommes très fiers, puisque cela nous permet de faire plus avec nos 75 millions de dollars.

Le sénateur Banks: J'espère, monsieur le président, que vous ne regrettez pas trop votre poste de maire.

M. Watson: Je trouvais que les gens commençaient à croire que j'étais dépassé.

Le sénateur Banks: Je note que la Commission a pour mission, entre autres, de veiller à la prospérité et à la rentabilité de l'industrie canadienne du tourisme. Je présume qu'elle aura surtout recours au marketing pour y arriver. Je présume aussi que vous avez eu l'occasion de lire les dispositions du projet de loi C-27, qui concerne les parcs nationaux, et d'entendre certains des arguments qui ont abouti à la nouvelle définition de l'«intégrité écologique». Vous avez sans doute entendu les réserves qui ont été formulées, dont certaines par des membres de votre conseil, au sujet de la question de savoir si vous aurez quelque chose à commercialiser. Je trouve ces propos exagérés, mais j'aimerais vous citer le rapport de la Commission sur l'intégrité écologique des parcs nationaux du Canada, qui recommande que Parcs Canada mette fin au marketing des parcs comme des produits de consommation, de même qu'à celui ayant pour but d'accroître l'utilisation globale des parcs ou de faire dévier la demande au profit des parcs dits «sous-utilisés», et qu'il concentre plutôt ses efforts sur le marketing social, le marketing de politique et le «démarketing» en ciblant les auditoires appropriés.

Le rapport précise en outre que les gens sont informés au sujet des parcs nationaux et des lieux historiques nationaux de toutes sortes de façons et que, fort heureusement, se rendre sur place n'est plus la seule manière de se familiariser avec leurs panoramas et leurs environnements sonores.

Je me pose des questions au sujet de la main gauche et de la main droite. Je ne crois pas que le ministre ait l'intention de commencer à dépouiller les parcs nationaux de l'Ouest de leurs attractions -- installations et autre chose du genre. Toutefois, si c'était le cas, comment réagiriez-vous? Comment réagirait le conseil à l'idée de recourir au démarketing -- le fait de convaincre les gens de ne pas venir ici?

M. Watson: En tant qu'organisme de marketing, nous rejetterions ce concept -- le démarketing du réseau des parcs nationaux. Pendant des années, en fait pendant des décennies, les parcs ont servi à attirer non seulement les visiteurs étrangers, mais également les Canadiens, ce qui est très important pour l'industrie touristique canadienne.

Nous sommes très fiers du fait que, la semaine dernière, l'édition américaine de la revue Time comportait un article de deux pages sur l'écotourisme qui se pratiquait surtout en Colombie-Britannique, mais aussi dans le Parc Algonquin. Je présume qu'à un moment donné, on va nous demander de prendre position là-dessus. C'est une question qui divise indubitablement la collectivité. Certains soutiennent que les parcs devraient être admirés de loin. Or, les parcs emploient littéralement des dizaines de milliers de personnes, et les retombées -- qu'il s'agisse de Banff ou Jasper -- apportent beaucoup à l'économie de ces régions. Le conseil, si on lui demandait de se prononcer officiellement sur la question, ne serait pas d'accord avec l'idée de décourager les gens de visiter les parcs.

Le sénateur Banks: Aucun être sensé n'oserait endommager les parcs. Tous ceux qui ont visité nos parcs nationaux reconnaissent que certains d'entre eux sont «surdéveloppés». Personne n'aime cela, surtout pas moi. Il faut peut-être avoir recours au démarketing, mais je me pose des questions au sujet des conflits que cela créerait. Je suppose que je vous demande de me donner votre avis là-dessus.

Si Parcs Canada décidait d'avoir recours, à tout le moins, au démarketing pour réduire le nombre de visiteurs dans certaines parties des parcs nationaux, comment arriveriez-vous à concilier cette démarche avec les intérêts de votre conseil?

M. Watson: On serait peut-être obligé de faire appel à un médiateur de l'ONU parce que cette question entraînerait la division. J'aimerais demander à M. Wheelock, le vice-président du marketing, de nous dire ce qu'il en pense parce que, comme je l'ai déjà mentionné, quand un organisme de marketing comme le nôtre entend le mot «démarketing», cela soulève chez lui des inquiétudes.

M. Roger Wheelock, vice-président, Marketing, Commission canadienne du tourisme: Oui, cette question constitue pour nous un véritable défi, mais nous collaborons pour l'instant sur ce point avec Parcs Canada. Son mandat consiste, entre autres, à assurer le maintien de l'intégrité écologique, qui est essentielle à la préservation de cette merveilleuse ressource. Toutefois, Parcs Canada a également d'autres mandats, dont celui qui consiste à commémorer cette intégrité écologique. Le Canada offre aux visiteurs la possibilité de vivre des expériences uniques, et cet attribut est reconnu partout dans le monde. Les parcs constituent pour nous un emblème.

Nous devons éviter de surutiliser les parcs, surtout les parcs principaux, notamment pendant la haute saison. Nous collaborons avec Parcs Canada dans le but de pratiquer un marketing plus raisonnable. Nous voulons mettre l'accent sur les voyages d'apprentissage, qui sont fort populaires pour l'instant, dans le but non pas d'éliminer le marketing des parcs, mais de cibler un auditoire qui saura les respecter et assurer leur pérennité.

Cette question ne concerne pas uniquement les parcs, étant donné que nous avons tendance à diriger notre attention sur ceux-ci en raison de leur fragilité, mais également les sites historiques nationaux. Certains de ces sites tireront parti d'un marketing plus ciblé, mais aussi d'un marketing plus vaste qui s'étend sur toutes les saisons.

Une partie du problème tient à la période d'ouverture des parcs. Si les parcs et certains de nos sites historiques restaient ouverts plus longtemps, nous pourrions mieux répartir la charge, au profit de tout le monde, et, conformément à notre mandat, faire du marketing sur quatre saisons.

Le sénateur Banks: Cette démarche pourrait être efficace, même dans les parcs des Rocheuses, qui sont déjà ouverts 365 jours par année.

J'aimerais attirer votre attention sur des statistiques impressionnantes concernant le nombre de personnes qui viennent au Canada dans le but de participer à des manifestations culturelles. Je vous encourage à tirer parti de cette situation. Même si la plupart des villes canadiennes ne le savent pas, le Canada attire des gens qui souhaitent participer à des manifestations culturelles de tout genre. J'espère que le marketing culturel fera partie intégrante des efforts que vous déploierez à l'échelle mondiale.

M. Watson: Je suis tout à fait d'accord avec vous, sénateur. Il existe un sous-comité sur le tourisme culturel au sein de la Commission canadienne du tourisme. En fait, un des membres du personnel m'a indiqué, la semaine dernière, que la Fédération canadienne des municipalités, un organisme que je connais, souhaite vivement promouvoir la culture comme outil touristique, que ce soit par le biais de festivals comme le Festival international de jazz de Montréal, ou celui qui se tient à Ottawa. La population vieillit de plus en plus et consacre plus de temps et d'argent à ce genre d'activités. Nos partenaires sont également conscients des avantages qu'offre cette situation.

J'ai trouvé les statistiques que souhaitait avoir le sénateur LeBreton. Le nombre de voyages effectués en automobile par des non-résidents en provenance des États-Unis atteignait, jusqu'en juin 1999, 3,6 millions. Le nombre de voyages effectués en avion s'élevait à 475 000; en autocar, à 218 000; en train, bateau et autres modes de transport, à 227 000. Je ne sais pas ce qu'on entend par «autres modes de transport».

Le sénateur LeBreton: Ils sont incroyablement nombreux à venir en voiture ou en autocar -- 3,6 millions et 218 000.

Le sénateur Callbeck: Je vous félicite, monsieur Watson, pour votre nomination en tant que président.

J'ai trois questions à poser. Une évaluation du Conseil du Trésor datée de 1997 a permis de conclure qu'il fallait continuer à accroître la participation des petites entreprises aux programmes de la Commission. Si je soulève ce point, c'est parce que dans ma province de l'Île-du-Prince-Édouard, j'ai entendu dire qu'il est très difficile pour les petits exploitants d'entreprises touristiques de participer de quelque façon que ce soit aux travaux de la Commission.

Quels efforts ont été déployés depuis 1997 à cet égard?

M. Watson: Plusieurs choses ont été faites. Tout d'abord, notre conseil d'administration a reconnu l'importance des petites et moyennes entreprises -- les PME -- dans l'industrie du tourisme, parce qu'elles représentent la grande majorité des possibilités d'affaires dans le domaine du tourisme dans notre pays. Par conséquent, le conseil a créé un comité PME permanent composé de représentants de ce secteur. Ils doivent d'ailleurs nous présenter un rapport lors de la prochaine réunion du conseil, qui doit se tenir à Moncton, en octobre, ainsi qu'une série de recommandations et de suggestions sur la façon dont nous pouvons améliorer l'aide à apporter aux petites et moyennes entreprises.

Nous avons également mis au point un réseau informatique, appelé CTX, qui permet essentiellement aux petites entreprises d'établir des partenariats entre elles. C'est un réseau national qui a été très bien accueilli par les petites et moyennes entreprises.

Nous nous efforçons également d'avoir des représentants des petites et moyennes entreprises au sein de chaque comité de marketing du conseil. Nous avons, par exemple, comme je l'ai déjà dit, le sous-ministre du Tourisme de l'Île-du-Prince-Édouard qui est certainement bien au courant des préoccupations de vos électeurs, et qui peut nous aider à mieux réagir dans l'avenir. Je crois que nous avons pris des mesures concrètes à cet égard.

C'est un défi très difficile à relever. Par exemple, les priorités d'une grande chaîne hôtelière multinationale ou nationale sont profondément différentes de celles d'un propriétaire de chambres d'hôtes ou de l'exploitant d'une petite marina. Nous devons être sensibles à ces préoccupations. Nous essayons de publier plus d'articles sur les PME dans notre bulletin, Communiqué, qui est distribué à 24 000 entreprises. Nous avons également des «clubs de produits», innovation qui permet aux petites entreprises de s'unir et de voir comment elles peuvent créer des partenariats. Par exemple, l'industrie vinicole de l'Okanagan et de la région du Niagara, en Ontario, ont mis au point un club de produit pour que les petits établissements vinicoles puissent s'unir et travailler avec la Commission canadienne du tourisme afin de commercialiser des excursions vinicoles. L'industrie du golf, très importante pour l'Île-du-Prince-Édouard, est un autre club de produit. Les petits terrains de golf ne pourraient pas à eux seuls assurer une bonne commercialisation, alors qu'ils peuvent le faire lorsqu'ils travaillent en tandem et avec la CCT.

Le sénateur Callbeck: Monsieur Watson, vous avez dit que vous avez des représentants des petites entreprises au sein des comités. Un des problèmes qui se posent à cet égard, c'est que l'on demande aux représentants de siéger au sein de ces comités, alors que leurs frais de déplacement ne sont pas remboursés. J'ai déjà posé la question aux membres de la Commission au moment où l'on m'a renseignée au sujet de ce projet de loi. D'après l'explication que j'ai reçue, selon les lignes directrices des comités de la CCT -- approuvées par le conseil d'administration de la CCT, en octobre 1997 -- c'est à la discrétion du président du comité que les membres du comité peuvent être remboursés pour leurs frais de déplacement en vue de participer aux séances de comité.

Pourquoi la politique ne prévoit-elle pas de les rembourser?

M. Watson: Eh bien, c'est avant tout une question de coût. La Nova Scotia Tourism Association et le sous-ministre du Tourisme que j'ai rencontrés il y a deux semaines ont soulevé ce point. Le comité PME qui vient rencontrer en octobre notre conseil a également posé la question. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse commence à subventionner les Néo-Écossais qui siègent au sein des comités, pour qu'ils puissent avoir voix au chapitre.

C'est sans aucun doute une question difficile pour nous, simplement parce que les petites et moyennes entreprises n'ont évidemment pas le même genre d'allocations pour frais qu'une grande société. Si, par exemple, le président de Fairmont Hotels souhaite se rendre à une séance de comité, il n'a pas à y réfléchir à deux fois, tandis que pour le petit propriétaire de chambres d'hôtes à Victoria, se rendre à une séance de comité peut représenter une grosse dépense. C'est la raison pour laquelle nous essayons d'avoir un roulement et de déplacer nos comités dans tout le pays.

Je sais que les membres de notre comité qui représentent les PME se sont réuni à Whitehorse à un moment donné, ce qui a empêché la participation de plusieurs personnes, uniquement à cause du coût. C'est une des recommandations que le comité PME va présenter. Notre conseil débattra de la question, mais je ne peux pas vous dire quel en sera le résultat. Toutefois, je peux certainement vous assurer que les représentants du comité PME partagent votre point de vue.

Le sénateur Callbeck: D'après vos statistiques sur les grands marchés, la part de l'Asie a augmenté -- cette augmentation dépasse de 3 p. 100 celle de la France, par exemple. Avez-vous dépensé beaucoup plus en Asie l'année dernière que l'année précédente? Ces chiffres sont-ils le reflet de la promotion et de la publicité qui ont été effectuées?

M. Watson: Je vais demander à Roger Wheelock de répondre, au sujet du marketing. Cela reflète plusieurs autres choses, comme le redressement de l'économie asiatique. De toute évidence, il y a deux ans, elle s'était considérablement dégradée à cause de ce qu'on a appelé la «grippe asiatique». Toutefois, M. Wheelock va vous donner des renseignements sur les dépenses faites en Asie pour le marketing. Je crois que vous citez la feuille de rendement touristique de 1999.

M. Wheelock: Oui, le ralentissement économique en Asie nous a particulièrement touchés et en fait, nous avons retiré une partie du financement, tout en décidant de maintenir notre présence et de réorienter ce financement, tout comme beaucoup d'entreprises privées l'ont fait, vers le marché américain, plus vaste.

Nous avons reçu des fonds supplémentaires l'année dernière et avons pu réinjecter un million de dollars dans ce programme. Les présidents de nos comités font des recommandations au conseil, et tous les présidents de comité, comme l'a indiqué M. Watson, appartiennent au secteur privé. Ils recommandent l'affectation des ressources à chacune des zones de marketing et vous avez raison de dire que la croissance en Asie est particulièrement forte. Elle a toutefois connu des jours sombres et elle est en train de regagner du terrain. La part du marché français, par contre, a augmenté considérablement, 3 p. 100 en plus de la croissance composée -- et le R.-U. affiche le même genre de croissance en plus de la croissance composée. Depuis quelque temps, ces marchés sont très forts.

Le sénateur Keon: Monsieur Watson, permettez-moi de vous féliciter; je sais que notre pays va tirer énormément avantage de votre nomination. À mon avis, vous êtes la personne la mieux placée pour occuper ce poste.

Vous avez déjà répondu en partie à ma question. Depuis quelques années, en tant que participant à l'organisation de rencontres internationales de scientifiques, je me suis rendu compte qu'il y avait un écart énorme entre l'industrie des congrès et l'industrie du tourisme. Si l'on avait fait un peu de travail initial, ces deux industries en seraient sorties gagnantes. Toutefois, les gens qui participent à ces congrès ne sont pas bien informés des atouts de certaines régions du Canada. Par exemple, Vancouver offre beaucoup d'excursions en bateau et la campagne environnante est très belle.

Pourriez-vous dire comment, d'après vous, on pourrait aboutir à une synergie et ce que vous pourriez faire pour améliorer une telle synergie?

M. Watson: Je vais demander à M. Wheelock de répondre à la deuxième partie de votre question, en particulier.

L'industrie des congrès est extrêmement importante pour notre pays et pour l'essor économique des grandes villes surtout, puisque ce sont elles qui attirent les congrès -- Toronto, Vancouver, Montréal et, à un moindre degré, d'autres villes qui n'ont pas de grands centres des congrès. Nous dépensons près de quatre millions de dollars, assortis de quatre ou cinq millions de dollars complémentaires du secteur privé, pour le marché américain des affaires. Selon nous, c'est de toute évidence notre marché le plus lucratif, puisqu'il est géographiquement le plus proche. Nous essayons d'attirer les gens pour les congrès ainsi que pour les programmes voyages de motivation qui sont très lucratifs aux États-Unis. Ces sociétés offrent des incitatifs à leurs employés ou à leurs clients en contrepartie de leur loyauté à l'égard d'un produit, à l'égard de la société, et cetera.

Nous remarquons bien sûr que les participants à des congrès dépensent beaucoup plus d'argent dans une ville donnée au Canada que les touristes d'agrément, puisqu'ils ont des comptes de frais et voyagent pour affaires. Nous constatons que les gens qui viennent ici et qui goûtent à la beauté, à la nature, à l'efficacité, à la propreté et à la sécurité de nos villes veulent revenir. Nous devons bien sûr faire un meilleur travail pour encourager ces gens à revenir avec leurs familles comme touristes une fois qu'ils ont passé trois ou quatre jours dans une ville pour affaires.

Je vais demander à M. Wheelock de prendre la parole, car il peut vous donner un peu plus de renseignements au sujet du programme de marketing des voyages reliées aux réunions et aux congrès de la Commission canadienne du tourisme. Nous mettons davantage l'accent sur ce dossier particulier et y affectons plus d'argent car, selon nous, il offre un potentiel de croissance.

Nous avons quelques inquiétudes au sujet des villes qui ne disposent pas des installations voulues pour accueillir des congrès importants -- Ottawa étant l'une d'elles. Nous sommes vraiment limités à deux ou trois villes -- Vancouver, Montréal et Toronto -- où de grands congrès peuvent se dérouler. Vous êtes allé à des congrès qui ne pouvaient pas avoir lieu dans votre propre ville ni non plus à Winnipeg peut-être ou dans une autre municipalité, uniquement à cause d'un manque d'installations.

M. Wheelock: Je crois que M. Watson a répondu à la question, mais nous avons des problèmes de capacité en ce qui concerne le marché des congrès et des voyages de motivation. Nous aimerions, par exemple, faire beaucoup plus dans le domaine des voyages de motivation en provenance de l'Asie. Toutefois, à partir du moment où il s'agit d'un très grand congrès, les questions d'infrastructure se posent, comme l'a indiqué M. Watson; ainsi, il n'y a qu'un certain nombre de villes canadiennes qui peuvent accueillir une manifestation comme notre propre vitrine d'exposition «Rendez-vous Canada».

D'après la recherche que nous avons effectuée, le tourisme devrait poursuivre sa forte croissance jusqu'en l'an 2010. Certaines villes devront certainement s'efforcer d'avoir les installations voulues si elles veulent rester concurrentielles sur la scène mondiale.

Pour ce qui est du marché des voyages de motivation en provenance de l'Asie, par exemple, nous sommes confrontés au problème du nombre de places disponibles dans les avions. Si 3 000 personnes sont attendues, il n'est pas facile pour quelque société aérienne que ce soit de fournir ce nombre de places. Pour ces genres de marchés, il faut s'organiser longtemps à l'avance. Les planificateurs doivent simplement être au courant à l'avance.

Sur une note positive et pour répondre aux préoccupations du sénateur Callbeck au sujet des petites et moyennes entreprises, nous remarquons une tendance de plus en plus marquée pour les aventures de plein air.

Nous avons utilisé avec succès l'écotourisme et le tourisme d'aventure pour attirer les petits congrès. Nous disons aux participants que nous avons un excellent produit au Canada et qu'ils devraient venir en faire l'expérience. Ainsi, nous avons travaillé avec le programme récréatif national, le programme récréatif américain, pour attirer ces clients. Je pense que nous faisons des progrès à cet égard.

Le sénateur Fairbairn: Si vous déployez le même genre d'énergie à la CCT qu'à la Ville d'Ottawa, le tourisme canadien va certainement faire des étincelles.

J'ai examiné le conseil et la façon dont se répartissent les membres. Ce qu'il y a de très bien au sujet d'une institution canadienne -- nationale -- qui s'occupe du tourisme, plutôt qu'une institution régionale ou provinciale seulement, c'est qu'il est possible d'attirer l'attention sur certaines régions du Canada qui sont uniques en leur genre. Je me demande pourquoi nous n'avons pas de représentant qui s'intéresse essentiellement aux régions nordiques du Canada, puisque ces régions offrent beaucoup d'attrait aux personnes de l'étranger, notamment aux européens. En ce qui concerne la représentation régionale, nous avons une personne pour la province de l'Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le nouveau territoire du Nunavut. Le Yukon est bien sûr rattaché à la Colombie-Britannique.

Je me trouvais la semaine dernière dans les Territoires du Nord-Ouest et j'ai été frappée, comme toujours, de voir comment le Nord peut être différent d'une région à l'autre. J'ai pensé qu'il faudrait peut-être mettre davantage l'accent sur ces régions.

M. Watson: Votre observation est juste; vous avez tout à fait raison. La composition du conseil d'administration remonte à la création de la CCT il y a environ cinq ans et les mesures législatives proposées ne changent rien à la composition ni aux catégories, et cetera. Nous avons des représentants des territoires du Nord au sein d'un certain nombre de nos comités -- le comité de la recherche, le comité du marketing au Canada, le comité de développement des produits et de l'industrie et aussi le comité du marché américain des voyages d'agrément. Nous estimons, malgré l'importance du conseil et des décisions finales qu'il prend, que l'établissement des priorités comme la destination des fonds que nous dépensons en commercialisation, notre secteur d'intervention principal, appartient véritablement aux comités et nous y avons des représentants.

J'ai dit que nous nous sommes réunis dans le Nord -- nous avons tenu une réunion du comité des petites et moyennes entreprises à Whitehorse. Je vais assister à l'assemblée générale annuelle de la Yukon Tourism Association à Whitehorse. Nous essayons, dans ces régions qui se partagent en fait un membre au sein du conseil, de faire alterner les membres. Ainsi, lors de l'expiration du mandat d'un représentant de l'Île-du-Prince-Édouard et du secteur public, l'arrangement fait en sorte que nous passerons le flambeau à la Nouvelle-Écosse. Ainsi, le représentant de la Nouvelle-Écosse représentera le secteur public et le représentant de l'Île-du-Prince-Édouard, le secteur privé. À un certain moment au cours du cycle de renouvellement de nomination, il y aura un représentant soit du Yukon soit du Nunavut. Je ne peux vous dire quand cela arrivera parce que les titulaires actuels seront nommés de nouveau pour un mandant d'un an pendant la période de transition qui fera de nous une société d'État. Le comité des candidatures du conseil fera alors des recommandations en ce qui a trait à sa composition de sorte que certains membres seront nommés pour trois ans et d'autres pour un an. Nous aurons ainsi un système de roulement et de nouvelles personnes siégeront au conseil.

Cela ne répond pas à votre question. Notre conseiller juridique pourrait peut-être vous dire si le ministre est habilité à augmenter le nombre de membres au sein du conseil ou si cela doit se faire par voie législative.

Le sénateur Fairbairn: Ça va. L'idée c'est de se renseigner au sujet du fonctionnement des comités. Différentes choses se passent dans le Nord -- plus particulièrement au cours de la dernière année avec les projets d'exploitation des mines de diamant -- une très belle région qui offre tellement de possibilités. Je comprends les contraintes qui vous sont imposées, mais il faudrait dire aux gens de ne pas oublier que les territoires existent.

M. Watson: J'ai reçu aujourd'hui d'un employé un courriel où il est dit qu'une émission de Martha Stewart, filmée entièrement au Yukon, sera diffusée le 6 octobre 2000 et portera sur la cuisine au Yukon.

Le sénateur Fairbairn: La moindre petite chose compte.

M. Watson: L'émission est assez populaire et dans les Territoires du Nord-Ouest il se fait des choses créatrices et audacieuses. Par exemple, cet été, Whitehorse accueille toutes les semaines trois avions remplis de touristes allemands. Ces gens veulent faire l'expérience des grands espaces et admirer la faune et la flore. Un certain nombre de touristes japonais voyagent aussi dans le nord du Canada.

M. Wheelock: Les Japonais ont découvert que c'est un endroit populaire pour observer les aurores polaires et ont organisé des visites qu'ils appellent «Observation d'aurores polaires». Les territoires sont utiles à nos comités et font la promotion également de ces produits. Nous avons tenu une réunion extraordinaire du comité des voyages de motivation à l'initiative du Yukon. En février, des gens ont participé à un voyage de motivation et ont participé à toute la panoplie d'activités hivernales -- camping sur la glace, navigation sur les rivières, et cetera. Dès qu'il y a un débouché commercial, nous en entendons parler. Si le marché met au point un produit, nous allons essayer de travailler avec la grappe de produits pour faire en sorte qu'elle soit immédiatement commercialisable. Nous utilisons ensuite divers programmes pour en faire la commercialisation dans les régions que le produit intéresse.

Le sénateur Fairbairn: L'Allemagne plus particulièrement s'intéresse énormément aux cultures autochtones -- du nord et du sud.

M. Watson: À l'article 11 du projet de loi, il est question de la composition et de la nomination des membres du conseil. Il y est dit en partie que sept au plus sont des exploitants d'entreprises touristiques dont le nombre est réparti entre les provinces et les territoires et neuf au plus sont des représentants du secteur privé, aucune restriction quant à leur provenance n'étant imposée. La loi s'applique à tous et ils sont nommés par le ministre de l'Industrie. Nous pouvons transmettre au ministre la question que vous avez soulevée ou vous voudrez peut-être en discuter avec lui.

Le sénateur Callbeck: À ce qu'il paraît, le sénateur Christensen serait mise en vedette dans l'émission de Martha Stewart.

Le sénateur Kennedy: Monsieur Watson, un merveilleux défi vous attend.

La commission peut conclure une entente avec le gouvernement de n'importe quelle province ou territoire pour atteindre ses objectifs. Quelle a été votre expérience par le passé? Est-ce que c'est une première pour la commission ou dans quelle mesure cela fait-il maintenant partie de votre travail?

M. Watson: La dynamique de notre relation avec toutes les provinces est très bonne, sans exception. Plus vous vous éloignez du Canada, plus il est difficile de vendre une province ou une ville de sorte que nous vendons plutôt le pays. Nous avons des relations très positives avec toutes les provinces en ce qui a trait à la commercialisation des produits. Je vous l'accorde, je ne suis ici que depuis environ quatre semaines et je n'ai assisté qu'à une réunion du comité de direction du conseil d'administration où nous rencontrons les sous-ministres de différentes provinces. Les relations sont très cordiales et très positives parce que nous visons le même objectif -- nous voulons attirer davantage de touristes et encourager les Canadiens à dépenser davantage dans leur pays. Notre conseil d'administration doit donc décider si nous devons conclure des ententes pluriannuelles ou continuer sur une base bilatérale, comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant.

C'est une question qui est en quelque sorte une source de division étant donné que l'atout de l'organisme jusqu'à maintenant a été de confier tous les plans de commercialisation au comité du secteur privé, qui fait des recommandations au conseil sur la façon de dépenser l'argent. Le conseil prend la décision finale. Je pense que M. Wheelock a quelque chose à dire en ce qui concerne certaines statistiques relatives à la question que vous avez soulevée.

M. Wheelock: C'est une question importante, mais en fait nous faisons de grands progrès même sans le protocole d'entente officiel. En 1997-1998, les provinces ont contribué à hauteur de 7 millions de dollars au programme conjoint de commercialisation avec la CCT. En 1998, elles ont presque doublé leur participation qui a atteint 13 millions de dollars. En 1999 et pour l'année en cours, nous atteignons presque 27 millions de dollars. Cela est en partie attribuable au fait que les provinces ont augmenté sensiblement leur propre budget de commercialisation et qu'elles peuvent contribuer davantage. Cependant, elles se rendent compte que l'accord tripartite entre le CCT, leurs propres organismes de commercialisations provinciaux -- qu'il s'agisse de services opérationnels du gouvernement ou d'organismes de services spéciaux -- et l'industrie, peut créer la masse critique nécessaire pour vendre le pays efficacement. Par exemple, le gouvernement australien à lui seul a engagé à peu près l'équivalent des montants globaux que nous avons investis dans la commercialisation. La concurrence est forte tout comme le besoin est énorme d'amasser ces ressources. Cependant, avec ou sans protocole d'entente, les provinces collaborent grandement à tous nos programmes de commercialisation.

Le sénateur Kennedy: Monsieur Watson, vous avez parlé de la nouvelle structure qui vous permet d'ouvrir des comptes de banque dans d'autres pays où vous exercerez vos activités. Connaissez-vous, à l'heure qu'il est, le budget dont vous disposerez pour cela? La seule logique, selon moi, est de se rendre là où les gens sont pour les inviter. Comment allez-vous mettre en balance ce placement à l'étranger en temps et en efforts pour faire passer votre message?

M. Watson: C'est la recherche effectuée par la Commission qui sert à établir nos marchés prioritaires. Nous pouvons fournir aux membres du comité une ventilation de nos dépenses dans les différents secteurs. Par exemple, en Asie-Pacifique cette année, notre budget de base est de 9 millions de dollars et de 9 millions en partenariat avec l'entreprise privée, pour un total de 18 millions. En Europe, nous parlons de 10 millions pour ce qui est du budget de base et de 19,7 millions en partenariat. Dans les voyages d'agrément américains, le budget de base est de 18 millions et de 31 millions en partenariat, et cetera.

Par conséquent, nous croyons disposer d'une formule efficace. L'expérience a certes été positive étant donné le nombre de touristes qui ont visité le pays -- des personnes qui ont choisi le Canada comme destination touristique. Nous sommes en contact constant avec les provinces pour examiner leurs priorités. Par exemple, la priorité des provinces de l'Atlantique, ce sont les États de la Nouvelle-Angleterre en raison de la proximité de leur frontière.

Le sénateur Kennedy: Le projet de loi dispose que le conseil d'administration se réunira deux fois par année. Est-ce suffisant d'après vous?

M. Watson: Je ne suis pas en mesure de vous répondre étant donné que je n'ai pas encore assisté à ma première réunion du conseil. Le pouvoir et l'autorité du conseil sont assumés par le comité exécutif qui se réunit plus fréquemment. C'est le conseil d'administration qui décidera au bout du compte s'il est souhaitable que nous réunissions plus souvent. Le président du conseil d'administration s'est fixé comme objectif d'essayer de tenir des réunions quatre fois l'an.

Le sénateur Kennedy: Cela me semble plus raisonnable.

M. Watson: D'après l'ébauche d'ordre du jour que m'a remis Mme Péan la réunion sera longue et chargée. Cela est dû au fait que notre dernière réunion remonte à plusieurs mois, à Calgary. Il est évident que si le conseil multipliait ses réunions, il pourrait prendre des décisions plus souvent. En attendant, le comité exécutif du conseil, d'après nos règles et règlements, assume le pouvoir du conseil.

Le sénateur Kennedy: Je vous souhaite bonne chance.

Le président: Monsieur Watson, puis-je vous dire, pour terminer, que votre maîtrise du sujet est impressionnante. Cela augure bien pour l'avenir de la Société d'État.

Nous allons procéder à l'étude article par article. Quelqu'un peut-il proposer une motion?

Le sénateur Banks: Je le propose.

Le président: Quelqu'un peut-il proposer que nous passions outre à cette étude?

Le sénateur Carstairs: Je le propose.

Le président: Quelqu'un peut-il proposer que je fasse rapport du projet de loi au Sénat sans amendement?

Le sénateur LeBreton: Je le propose.

La séance est levée.


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