LES RÉACTEURS NUCLÉAIRES
CANADIENS :
QUEL EST LE NIVEAU SUFFISANT DE SÛRETÉ?
Rapport intérimaire
ASPECTS TECHINIQUES DU RELANCEMENT DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE PICKERING A
Dispositifs de sûreté des réacteurs CANDU
Dispositifs particuliers des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A
Remise en service proposée
Modernisation du système darrêt rapide
Dangers sismiques
Limportance des incendies à la centrale nucléaire de Pickering A
Évaluation des risques : Évaluation des risques daccident que présente la centrale nucléaire de Pickering A
Problèmes de santé publique
Une culture axée sur la sûreté
Dispositifs de sûreté des réacteurs CANDU
Le Comité a entendu dire à plusieurs reprises que le réacteur CANDU constitue une solide technologie qui tolère lerreur humaine et la défaillance mécanique. Un témoin la décrit comme la technologie nucléaire la plus sûre au monde.
On na enregistré ni blessure grave ni décès, que ce soit chez les travailleurs ou au sein de la population, en plus de 30 ans dexploitation de réacteurs CANDU au Canada. Des responsables dÉnergie atomique du Canada limitée (EACL), lorganisme fédéral qui conçoit et vend les réacteurs CANDU, attribuent ce bon dossier sur le plan de la sûreté à la conception de ces derniers qui double ou triple leurs dispositifs de sûreté. On a déclaré au Comité quon installe des groupes indépendants, séparés de systèmes pour contrôler la puissance dun réacteur et, si nécessaire, pour arrêter ce dernier et le refroidir après son immobilisation, confiner les émissions de substances radioactives à lintérieur de la centrale et surveiller létat de cette dernière.
Comparativement à la majorité des réacteurs commerciaux construits dans le monde, qui sont des réacteurs à eau [légère] sous pression (REP), les réacteurs à eau lourde CANDU présentent de par leur conception plusieurs avantages sur le plan de la sûreté. Un réacteur CANDU renferme des réserves relativement importantes deau (lourde) et duranium. Si lapprovisionnement en réfrigérant primaire du cur dun réacteur était interrompu pour une raison quelconque, la masse thermique du réfrigérant primaire ralentirait le rythme daugmentation de la température à lintérieur du cur. La séparation de leau de refroidissement et de leau du ralentisseur dans le réacteur CANDU est également perçue comme un avantage sur le plan de la sûreté.
Dun autre côté, la conception du réacteur CANDU fait appel à une quantité relativement importante dalliage de zirconium à lintérieur des grappes de combustible, presque quatre fois la quantité que renferment certains réacteurs à eau légère. Cette réserve importante de zirconium désavantage les réacteurs CANDU sur le plan de la sûreté. Le zirconium réagit vigoureusement et de façon exothermique (produit de la chaleur) au contact de la vapeur aux températures élevées quon enregistrerait durant un accident qui endommagerait le cur dun réacteur CANDU. Cette réaction produit du gaz hydrogène qui peut rapidement atteindre des concentrations explosives dans une enceinte de confinement de réacteur. (Des responsables dEACL ont déclaré au Comité que, pour sattaquer à ce problème, cette dernière a mis au point un recombinateur passif capable de détruire lhydrogène à lintérieur de lenceinte de confinement. On est en train dintégrer cette technologie aux nouveaux réacteurs CANDU et on pourrait ladapter à ceux déjà construits. )
La sérieuse possibilité dun accident qui entraînerait une perte de réfrigérant primaire est un autre sujet dinquiétude. Dans les réacteurs à eau légère, le niveau de puissance diminue en cas de perte deau de refroidissement. Dans le cas des réacteurs CANDU, comme dans celui, autrefois, du réacteur RBMK à Tchernobyl, cependant, les niveaux de puissance augmentent en pareil cas. Un accident qui entraînerait une perte de réfrigérant primaire dun réacteur CANDU et une défaillance de son système darrêt rapide est particulièrement inquiétant. Si le système darrêt rapide faisait défaut, le niveau de puissance pourrait augmenter radicalement. Une perturbation violente du cur du réacteur risquerait de se produire en quatre à cinq secondes et dentraîner la libération de quantités importantes de matières radioactives.
Dispositifs particuliers des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A
Les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A ont été les premiers réacteurs CANDU commerciaux. Il leur manquait donc certains dispositifs de sûreté quon a intégrés aux réacteurs CANDU construits par la suite. On a, par exemple, conçu les réacteurs de façon à les doter dun système darrêt à action rapide qui pourrait les immobiliser en deux secondes et dun système à action lente qui exige plus de dix secondes pour savérer efficace. Lorsquon a délivré un permis pour la centrale nucléaire de Pickering A, on a pensé que son système à action lente était un second moyen darrêt adéquat. La CCEA a cependant plus tard révisé ses conclusions au sujet de la nécessité dun système redondant darrêt rapide. On a intégré à tous les réacteurs CANDU subséquents un second système indépendant darrêt rapide qui peut injecter un liquide absorbant les neutrons pour freiner la réaction nucléaire à lintérieur du cur de chaque réacteur.
Ontario Hydro a, en outre, employé un concept atypique par rapport à la plupart des centrales nucléaires. À la centrale nucléaire de Pickering, huit réacteurs se partagent les mêmes systèmes de sûreté et de soutien. Il y a partage des systèmes à des centrales nucléaires situées ailleurs dans le monde, mais ce partage dans leur cas est généralement dune beaucoup moins grande ampleur.
Les huit réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering se partagent la même enceinte de confinement, qui se compose de huit systèmes pour les réacteurs, dun bâtiment sous vide et dune conduite de sûreté les reliant. Le système est conçu pour absorber lénergie emmagasinée et la chaleur de désintégration radioactive dun réacteur pendant une heure après son arrêt. Comparativement aux réacteurs à eau légère, le système de confinement de Pickering est gros, ce qui offre un avantage sur le plan de la sûreté, cependant annulé par une faible pression nominale et le fait quil sagisse dun système partagé.
Les huit réacteurs se partagent également le système dinjection durgence de réfrigérant. Édifiés durant la construction de la centrale nucléaire de Pickering B, le réservoir de stockage et le bâtiment des pompes peuvent fournir durgence du réfrigérant pour un seul accident à un seul réacteur.
Le relancement proposé des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A soulève des questions. On na jamais jusquici au Canada remis en service après un aussi long arrêt des réacteurs dun tel âge (25 ans). Quelle est limportance du risque daccident que présente le relancement des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A? Comment mesure-t-on ce risque? À quel point les améliorations proposées par OGP aux dispositifs de sûreté savéreront-elles efficaces?
Le Comité a entendu des témoignages dun certain nombre de sources qui, comme cest souvent le cas, ont fourni des réponses contradictoires aux questions dordre général quil leur a posées. Des responsables dOPG ont déclaré quil ny aura aucun danger à relancer les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A lorsque les améliorations aux dispositifs de sûreté et à léquipement auront été apportées. Dautres, y compris des représentants de la Pickering East Shore Community Association, considèrent que le relancement des réacteurs en question pourrait savérer une expérience dangereuse.
Le Comité a demandé à un expert indépendant son avis pour laider à connaître le risque daccident relié au relancement des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A. Il a passé à M. Gordon Thompson de lInstitute for Resource and Security Studies (IRSS), une commande pour quil étudie la question. Les résultats que M. Thompson a fournis dans son rapport détude constituent, avec les déclarations formulées au Comité, le fondement des remarques techniques qui suivent.
OPG prévoit remettre en service le premier des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A à la fin de 2001. Les autres réacteurs seront remis en service un à la fois à des intervalles de six à huit mois. Avant de remettre les réacteurs en service, OPG consacrera, selon ses déclarations, environ un milliard de dollars à des améliorations liées à la sûreté ou à la protection de lenvironnement. Dans la zone entourant immédiatement les réacteurs nucléaires, les améliorations proposées incluent :
- la modernisation des systèmes darrêt durgence;
- le remplacement des pompes et dautres pièces du système dalimentation en eau lourde pour éviter les fuites possibles;
- dautres améliorations aux systèmes de traitement de lair pour réduire les émissions déjà limitées de substances radioactives dans latmosphère;
- laccroissement de la résistance aux dommages sismiques des structures et des systèmes de conduite des réacteurs.
OPG est aussi en train de planifier un certain nombre daméliorations dans des secteurs situés à lextérieur de la zone immédiate des réacteurs, y compris :
- le remplacement des tubes de condenseur en laiton par des tubes en acier inoxydable afin de réduire les rejets dans le lac Ontario de cuivre et de zinc;
- lamélioration des systèmes de détection et dextinction des incendies;
- une meilleure protection contre les déversements pour les installations de stockage de produits chimiques et de mazout;
- de nouveaux systèmes de gestion pour améliorer la performance environnementale.
Malheureusement, OPG na fourni que des renseignements limités au sujet des améliorations proposées dans son rapport dévaluation environnementale davril 2000 sur le relancement des réacteurs. Ce rapport ne renferme pas densemble intégré daméliorations et ne décrit pas non plus laffectation de fonds aux types daméliorations proposées. On ne sait donc pas avec certitude quelle partie du milliard de dollars sera consacrée à des travaux damélioration du matériel, par rapport à des travaux damélioration de fonctions comme la formation, la documentation et la gestion. Il est, en outre, impossible de déterminer dans quelle mesure les améliorations proposées auront une influence sur le risque que présentent les réacteurs. Un document dOPG daté de novembre 1999 fournit des renseignements additionnels, mais ne contient pas dengagement ferme relativement à la mise en uvre de la totalité des améliorations énumérées.
Les sections suivantes du présent rapport sont consacrées à un examen détaillé des améliorations proposées qui ont suscité le plus de discussions durant les audiences et les visites sur place du Comité.
Modernisation du système darrêt rapide
La modernisation du système darrêt durgence constitue la plus controversée des améliorations prévues. Comme il est souligné précédemment, le retrait du service des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A était, en partie tout au moins, attribuable à lincapacité dOntario Hydro de respecter lune des conditions de délivrance de son permis et un délai imposés par la CCEA en 1993. La condition en question était linstallation avant la fin de décembre 1997 dun meilleur système darrêt rapide.
La CCEA a entrepris des discussions avec Ontario Hydro au sujet de la modernisation du système darrêt rapide des réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A après laccident survenu à Tchernobyl en 1990. On na intégré quun seul système darrêt rapide aux réacteurs de la centrale nucléaire de Pickering A, système commandant des barres quil est possible de laisser tomber à lintérieur du cur dun réacteur pour y stopper en deux secondes en cas durgence la réaction en chaîne. On dispose aussi dun second système darrêt qui y stoppe la réaction en déversant leau lourde qui refroidit le cur du réacteur; il faut cependant plus de dix secondes à ce système pour savérer pleinement efficace, raison pour laquelle on lappelle un système à action lente.
De 1986 à 1993, la CCEA et Ontario Hydro ont participé à des discussions à huis clos dans le cadre desquelles les deux « ont négocié la nature de la modernisation éventuelle. » [traduction] Des observateurs ont critiqué le processus, déclarant quil sagissait là dun exemple détroites relations inappropriées entre lorganisme de réglementation et lindustrie quil régit.
La CCEA a finalement approuvé quatre options en matière de modernisation qui allaient de linstallation dun second système entièrement indépendant darrêt rapide, en passant par lajout beaucoup plus simple dun petit nombre de barres de commande aux 21 barres déjà installées et par la division des barres en deux groupes, jusquà lajout également dun ensemble distinct de capteurs et de mécanismes de déclenchement pour chaque groupe. Lun ou lautre groupe de barres pourrait à lui seul arrêter le réacteur. En fait, il suffit dinsérer cinq barres de commande dans le cur du réacteur pour pouvoir arrêter ce dernier. Enfin, en 1993, OPG a décidé de retenir la dernière option, que la CCEA a approuvée.
Le Comité a entendu des témoignages qui mettent en doute la raison pour laquelle on a approuvé cette modernisation en particulier. La CCEA admet que la modernisation en question ne constitue pas, en réalité, un second système indépendant darrêt rapide. Des témoins représentant OPG ont déclaré que :
« Il ny a pas pour linstant deux systèmes darrêt indépendants à Pickering A. Cependant, on est en train den installer léquivalent. »
Des responsables dOPG ont également déclaré au Comité que le fait que les travaux de modernisation de plus grande envergure exposeraient davantage les travailleurs aux radiations constituait aussi un facteur à considérer dans le cadre de la détermination de loption à explorer.
Lexpert-conseil du Comité a résumé la question en déclarant :
« Cet ensemble de correctifs est une option relativement peu coûteuse et ne constituera pas un deuxième système indépendant darrêt rapide. »
Des témoins doutaient également du caractère équivalent de loption de la modernisation et du fait que le coût, plutôt que la sûreté, était le facteur déterminant à considérer dans le cadre de la formulation de la décision finale. Lamélioration approuvée devait coûter environ 30 millions de dollars (de 1995), tandis que le coût des autres options variait de 127 à 352 millions de dollars.
Un témoin a déclaré :
« La population ne peut pas participer au débat ni aux négociations entourant le genre de travaux de modernisation auxquels on procédera, pas plus quà la discussion visant à déterminer si lon est ou nest pas en train, en fait, deffectuer des compromis sur le plan de la sûreté afin déconomiser une partie de lensemble du budget de relancement. » [traduction]
Compte tenu des témoignages formulés :
Recommandation 1 :
Le Comité recommande que la Commission canadienne de sûreté nucléaire "CCSN" maintienne son indépendance par rapport aux services dutilité publique lorsquil est question de conformité à des ordonnances sur des questions cruciales de sûreté.
Recommandation 2 :
Le Comité recommande de documenter autant que possible les discussions de fond comme celles portant sur lamélioration du système de sûreté, de mettre à la disposition du public ces documents et de consulter celui-ci avant de prendre des décisions finales.
Recommandation 3 :
Le Comité recommande que la CCSN exige des vérifications et une surveillance poussées des améliorations apportées au système darrêt de Pickering A après son installation et rende publics tous les rapports sur le rendement du système observé à loccasion des vérifications et dans des conditions réelles dexploitation.
M. Gordon Thompson, lexpert-conseil du Comité, a, en outre, souligné quaucune des améliorations sur le plan de la sûreté promises par OPG na encore fait lobjet, ni été incluse à lintérieur, dune évaluation appropriée des risques. Les répercussions des propositions en question sur lensemble du profil des risques que présente la centrale nucléaire de Pickering nont donc pas été évaluées. Il serait prudent de combler cette lacune avant dapprouver le relancement des réacteurs de la centrale nucléaire.
Le 24 mai 2000, un léger tremblement de terre, le quatrième en 18 mois, a frappé la région de Pickering et les zones environnantes du sud de lOntario. Centré sous le lac Ontario, juste au sud dOshawa, ce tremblement de terre mesurait 3,1 à léchelle de Richter. Les dispositifs de surveillance sismique installés sur les turbo-alternateurs à la centrale nucléaire de Pickering ont enregistré une vibration. Les travailleurs ont vérifié si le séisme avait causé des dommages aux structures, mais nen ont constaté aucun. Six mois plus tôt, un tremblement de terre dune amplitude de 3,8 à léchelle de Richter sétait produit à partir du même endroit dans le lac.
Durant son étude, le Comité a entendu beaucoup de choses au sujet des dangers sismiques à la centrale nucléaire de Pickering. On pourrait diviser les discussions en deux aspects de la question distincts, mais étroitement liés. Un certain nombre de témoins ont traité du débat en cours sur lamplitude dun tremblement de terre auquel on peut raisonnablement sattendre à ou à proximité de la centrale nucléaire de Pickering. Le second aspect est lié à la capacité de la centrale nucléaire de Pickering A de résister aux effets dun tremblement de terre et à la façon dévaluer cette capacité.
Lors de la construction de la centrale nucléaire de Pickering A, on a conçu les immeubles à cet emplacement pour quils dépassent les normes du Code national du bâtiment en vigueur à ce moment-là. LAssociation canadienne de normalisation navait pas encore élaboré la norme de conception sismique quon a appliquée à bien des réacteurs CANDU construits plus tard au Canada. Ontario Hydro a porté les exigences relatives aux structures nucléaires dune charge statique équivalant à 2 % de la gravité à une charge statique équivalant à 5 % de la gravité. Au début des années 70, on considérait que 5 % étaient plus que suffisants pour protéger la centrale nucléaire contre des dommages attribuables à lactivité sismique. LAgence internationale de lénergie atomique, dont le siège social est à Vienne, suggère toutefois maintenant pour les structures nucléaires une norme de conception minimale qui est une charge statique équivalant à 10 % de la gravité.
Le niveau prévu dactivité sismique près de la centrale nucléaire de Pickering reposait sur un examen des données historiques limitées sur les tremblements de terre. Ces données étaient restreintes parce quon a toujours considéré la région mi-continentale en question très stable sur le plan géologique. On navait donc jusque là effectué que des recherches géophysiques limitées.
Au milieu des années 80, OPG a entrepris une série détudes sur les dangers sismiques pour ses installations nucléaires et hydroélectriques à laide dune méthodologie et dune technologie qui avaient été récemment mises au point. Au fil des ans, on a poursuivi les recherches sismologiques et géophysiques et mis à jour les évaluations des risques pour rendre compte des nouvelles conclusions établies. Les résultats de ces études sont devenus un sujet de controverse, les professionnels divergeant dopinions au sujet de linterprétation de certaines conclusions des études en question. La controverse au sujet de lamplitude et de la fréquence possibles de lactivité sismique dans le sud de lOntario paraissait évidente aux yeux des membres du Comité à partir des témoignages contradictoires quils ont entendus.
M. Arsalan Mohajer, Ph.D., un sismologue ayant mené certaines des toutes premières recherches pour OPG dans la région de Pickering, a déclaré au Comité quà la suite de ses travaux initiaux « on a trouvé une faille dans lécorce terrestre directement sous une centrale nucléaire. » La centrale en question est celle de Pickering. Le témoin a décrit comment cinq ou six autres années détude avaient révélé encore davantage de preuves de risque de séisme : « Nous avons découvert quune jeune faille était en train de se former près de la surface » dans la vallée de la rivière Rouge, à quelques kilomètres à louest de Pickering. Il a précisé que lune des lignes de faille traversant le lac Ontario « semble le reflet de la zone de faille du Saint-Laurent -- que lon sait être active »
M. Mohajer a aussi fait état dune discontinuité ou dune irrégularité de la surface de la roche-mère partout en Ontario, quil a repérée à laide de données provenant de puits forés dans toute la province. Il a conclu que cette discontinuité était une indication de lexistence de failles attribuables à lactivité sismique. On a aussi décrit au Comité dautres indications dactivité sismique, y compris des photographies de larges segments de roche brisée sur le lit du lac Ontario.
En réponse à ce témoignage, OPG a soumis au Comité un document détaillé sur les dangers sismiques et sur un modèle de séisme dans lequel le service dutilité publique ontarien contestait nombre des conclusions présentées par M. Mohajer. OPG a souligné que des cartes géologiques détaillées quun groupe dexperts formé de trois scientifiques, se spécialisant en déformation de la glace, en géologie structurale et en dangers sismiques, avait achevé détablir en 1999 avaient montré quune seule des failles repérées, celle de la rivière Rouge, nétait pas clairement dorigine glaciaire. En dautres mots, de lavis de ce groupe dexperts, les failles étaient le résultat de la pression et du mouvement de la glace durant la dernière époque glaciaire. Elles ne sont pas le reflet de failles profondes dans lécorce terrestre à lintérieur de la roche-mère sous-jacente, ce qui indiquerait un danger sismique.
On a effectué des forages à grande profondeur pour évaluer la faille de la rivière Rouge. Ces travaux de forage ayant été achevés en mai 2000, OPG a déclaré au Comité que « des données préliminaires provenant de trous de forage ne révélaient aucune preuve de faille dorigine sismique. » [traduction] Le rapport final du Rouge River Advisory Panel Report, qui a paru en septembre 2000, fournit des explications plus détaillées sur les constatations du groupe consultatif en question et renferme la conclusion suivante :
« Le Groupe est convaincu quon a suffisamment réalisé de recherches dans la vallée de la rivière Rouge pour montrer quil nexiste aucune preuve superficielle dune faille continue liée à un ou à plusieurs tremblements de terre dans la vallée. Les caractéristiques structurales observées à l'intérieur des affleurements de sédiments quaternaires et la roche sous-jacente sexpliquent par des phénomènes liés à la glaciation et nont aucun rapport avec les dangers sismiques dans la région. Notre étude a, entre autres, pour résultat important de prouver quil est extrêmement difficile et, dans certains cas, impossible de faire la distinction entre des caractéristiques structurales dorigine glaciaire et dautres dorigine tectonique, uniquement à partir de traits de déformation de la surface. Cela peut expliquer pourquoi certains examens des caractéristiques de la rivière Rouge ont mené à la conclusion que les traits de déformation étaient probablement liés à des failles attribuables à un ou à plusieurs tremblements de terre. En labsence dune faille continue de dimensions crustales qui apparaîtrait clairement, il faut, pour évaluer des structures mineures comme celles observées à la hauteur des localités de la rivière Rouge, disposer dinformation sur la subsurface afin dobtenir un relèvement dun danger sismique. » [Traduction]
Évaluer leffet quun tremblement de terre aurait sur la centrale nucléaire de Pickering A est aussi important que déterminer la probabilité dune activité sismique dans le secteur de la centrale. En 1993, la CCEA a demandé quOntario Hydro évalue le degré de résistance éventuelle de la centrale nucléaire de Pickering A à un tremblement de terre. Cinq ans plus tard, le service dutilité publique a publié ses conclusions, dont nous traitons dans les paragraphes qui suivent.
La méthode dévaluation choisie par Ontario Hydro a été mise au point par le Power Research Institute des États-Unis et sappelle une évaluation de la marge de sûreté sismique EMSS (seismic margin assessment SMA). La première étape de cette méthode dévaluation consiste à déterminer un tremblement de terre non négligeable ou de référence, ou lamplitude et la fréquence probables de tremblements de terre auxquels on pourrait sattendre à la centrale nucléaire. On détermine donc la capacité de cette dernière de résister à un tel tremblement de terre sans subir de grave accident en examinant la performance de composants clés dinstallations liées à la sûreté qui doivent fonctionner si lon veut que la centrale nucléaire en arrive à sarrêter en toute sécurité. Les composants clés doivent résister au mouvement du sol causé par le tremblement de terre et arrêter le réacteur, refroidir le combustible et confiner la radioactivité.
On considère une EMSS comme une méthode plus simple et moins coûteuse danalyse quune évaluation probabiliste des risques (EPR), PRA en anglais, de séisme. Une EMSS fournit donc moins de données sur la capacité dune centrale nucléaire de surmonter un tremblement de terre. On sinterroge quelque peu sur le degré de précision avec lequel une EMSS permet dévaluer le risque comparativement à la méthodologie plus détaillée dEPR de séisme.
La méthode dEPR de séisme englobe trois étapes fondamentales. On met premièrement au point pour lemplacement en question un ensemble de « courbes de danger sismique », montrant les probabilités annuelles de tremblements de terre (daccélérations du sol) dintensités différentes, à une gamme de niveaux de confiance. On met deuxièmement au point un ensemble de « courbes de fragilité », montrant les probabilités conditionnelles de résultats précisés (comme des dommages graves au cur dun réacteur) pour des tremblements de terre dintensités différentes, à une gamme de niveaux de confiance également. On combine troisièmement les conclusions établies aux deux premières étapes pour montrer les probabilités annuelles des résultats précisés.
OPG a conclu à partir de son EMSS que :
« Daprès une inspection, une grande partie des principales structures et des principaux systèmes et composants liés à la sûreté de la centrale nucléaire nécessaires aux fonctions darrêt, de refroidissement, de surveillance et de confinement après un tremblement de terre majeur respecte les critères dévaluation sismique. » [Traduction]
LEMSS a permis de définir certains aspects qui exigeaient une amélioration des mesures de protection parasismiques, y compris lancrage de composants pour éviter leur déplacement, le renforcement de la maçonnerie de béton adjacente à de léquipement lié à la sûreté et le remplacement dun certain nombre de composants. OPG a entrepris dapporter les améliorations avant de relancer la centrale nucléaire de Pickering A.
Le Comité a toutefois entendu des déclarations troublantes dun certain nombre de témoins au sujet dun composant qui nest pas inscrit sur la liste ci-dessus de ceux quon est en train de moderniser. Des groupes dintérêt public de la région de Pickering, y compris Durham Nuclear Awareness, les Pickering Ajax Citizens Together for the Environment, la Liverpool Community Association et la Pickering East Shore Community, ont exprimé des inquiétudes au sujet de graves problèmes possibles avec la conduite de sûreté faisant partie du système de la centrale nucléaire destiné à confiner les gaz radioactifs.
Cette conduite est une grosse structure surélevée, rectangulaire, en béton armé. Dune longueur denviron un demi-kilomètre, elle relie les quatre bâtiments des réacteurs de la centrale de Pickering A et les quatre bâtiments des réacteurs de la centrale de Pickering B à la structure de confinement sous vide. On la conçue pour empêcher laccumulation dun surplus de pression à lintérieur de lun des bâtiments des réacteurs en cas daccident grave et démission de gaz radioactifs qui en découlerait.
Lexpert-conseil du Comité a également fourni des détails sur des inquiétudes au sujet de la conduite de sûreté soulevées dans le cadre dun examen effectué par Acres International en 1999 pour la CCEA de lEMSS de la centrale nucléaire de Pickering A.
« De plus, Acres a émis des réserves dans son examen : Ontario Hydro na pas examiné adéquatement le comportement de la conduite de sûreté pendant le tremblement de terre de niveau non négligeable. Selon lexamen dAcres, les ondes de surface se propageant dans la conduite pourraient provoquer des forces et des déplacements supérieurs à ce qua estimé Ontario Hydro, provoquant ainsi un martèlement des joints de dilatation et menaçant lintégrité de la tuyauterie dinjection du caloporteur durgence aux endroits où celui-ci pénètre dans le bâtiment-réacteur.
En 1995, la CCEA avait acquitté le coût dune analyse de la fragilité sismique de la conduite de sûreté. Le rapport danalyse prédisait un effondrement de la conduite à une accélération maximale du sol de 0,22 g, un tremblement de terre moins grave que celui envisagé dans le cadre de lEMSS.
Des groupes dintérêt public de la région de Pickering ont signalé quOntario Hydro navait modélisé à lintérieur de son évaluation que 10 % de la longueur de la conduite. Ils ont déclaré au Comité que :
« Acres concluait dans son rapport que les résultats dOntario Hydro sous-estimaient probablement les répercussions dun tremblement de terre sur la conduite, parce quon navait pas tenu compte de leffet des ondes de surface sur la longueur entière de la conduite, et y a recommandé den effectuer une étude plus poussée. » [TRADUCTION]
Le Comité a aussi été mis au courant dune autre inquiétude soulevée dans le cadre de lexamen par Acres de lEMSS de la centrale nucléaire de Pickering. Cette inquiétude a trait à la réaction humaine à un événement, comme un tremblement de terre, entraînant une perte limitée de réfrigérant à partir du réacteur. Pour réussir à arrêter le réacteur, il faudrait une intervention humaine. Compte tenu de la confusion qui entourerait un événement grave, il risque dêtre très difficile pour les exploitants de sacquitter de toutes les tâches exigées, à moins quils ne soient bien préparés. M. Thompson a noté que :
« Dans cet examen, Acres souligne que pour suivre une trajectoire sans problème, il faudrait quune série de mesures soient correctement mise en uvre par lexploitant. Par exemple, si un tremblement de terre provoque un petit accident de perte du caloporteur, lexploitant devrait effectuer jusquà 14 interventions pour rester sur la trajectoire sans problème. Pourtant, bon nombre de composantes et de systèmes qui ne sont pas inclus dans la trajectoire sans problème pourraient tomber en panne à cause du tremblement de terre, ce qui pourrait déclencher de nombreuses alarmes et accroître la pression sur les travailleurs de la centrale. Par conséquent, il nest pas garanti que lexploitant soit en mesure de mettre en uvre les mesures nécessaires. Pour tenir compte de ces préoccupations, on devrait intégrer une évaluation du risque sismique dans une PRA portant sur les événements internes. Cela na pas été fait pour Pickering A. »
Ces conclusions causent de graves inquiétudes. Le Comité convient avec son expert-conseil quil y a lieu de douter quOntario Hydro ait correctement évalué dans le cadre de son EMSS la capacité de la centrale nucléaire de Pickering A de surmonter le tremblement de terre non négligeable ou de référence.
Recommandation 4 :
Le Comité recommande quavant le relancement dun réacteur la CCSN ordonne à Ontario Power Generation "OPG" de recalculer les dangers sismiques en effectuant une évaluation approfondie des risques de séisme, y compris du risque lié aux conduites de sûreté, et dapporter les améliorations additionnelles sur le plan de la sûreté qui peuvent être précisées.
Limportance des incendies à la centrale nucléaire de Pickering A
En 1997, léquipe dEIIR a porté une attention particulière aux dangers dincendie aux centrales dOntario Hydro. Une évaluation des systèmes de protection contre les incendies a révélé quun manque de leadership de la part des gestionnaires avait entraîné un mauvais entreposage des matières/matériaux, des déficiences au niveau de la régie interne et létablissement de contrôles inadéquats sur les matières inflammables. Elle a montré quon ne comprenait pas suffisamment sur quels plans les incendies rendaient les centrales vulnérables, comment des feux dans des endroits cruciaux pouvaient influer sur la sûreté nucléaire et où il fallait installer davantage de systèmes de détection et dextinction des incendies. Léquipe dexperts a aussi lancé lavertissement que le feu constituait le facteur qui avait le plus contribué à la fréquence des dommages causés au cur dun réacteur à certaines centrales nucléaires américaines. Il était aussi possible que le feu cause des dommages au cur dun réacteur dOntario Hydro.
Le manque de compréhension des risques que présentent les incendies et le fait de ne pas en évaluer les conséquences sont particulièrement regrettables, compte tenu de la conception des centrales nucléaires dOPG. À lopposé de la centrale nucléaire typique comportant de petits compartiments entourés par des barrières contre le feu, des systèmes de détection et de suppression des incendies, les réacteurs dOPG se caractérisent par une ouverture en expansion destinée à en facilité laccès au personnel luttant contre un incendie avec de léquipement manuel. Ontario Hydro a admis en 1997 quon ne reprendrait pas nécessairement le concept dans les futures centrales si la protection contre les incendies constituait un facteur majeur à considérer.
Lexpert-conseil du Comité a signalé quon a entrepris de mettre au point des techniques analytiques pour considérer dans le cadre des EPR les incendies comme des événements déclenchant des accidents.
« Toutefois, il semble que ces techniques nont pas été appliquées aux centrales CANDU de Ontario Hydro. Ainsi, à Pickering A, la contribution des incendies à la probabilité de dommages graves au cur est inconnue. »
Même si OPG a énuméré parmi les améliorations que ce service dutilité publique a proposées de meilleurs systèmes de détection et dextinction des incendies, il est impossible de savoir dans quelle mesure on réglera les problèmes en labsence de détail sur ces systèmes, de laffectation de fonds à ces derniers et dune évaluation indépendante de leur caractère adéquat.
Évaluation des risques: Évaluation des risques daccident que présente la centrale nucléaire de Pickering A
Durant les premières années dexistence de lindustrie nucléo-électrique, la sûreté et lévaluation des risques étaient axés sur la prévention des accidents « de dimensionnement », avec lesquels la centrale nucléaire était conçue pour composer. On ne tenait pas compte des graves accidents comme des dommages au cur dun réacteur et la libération dimportantes quantités de matière nucléaire dans latmosphère, parce quon pensait quils étaient si improbables quil sagissait dévénements « incroyables ». Dans les années 70, des études ont cependant commencé à montrer que de tels accidents étaient crédibles. Depuis, les événements survenus à Three Mile Island et à Tchernobyl ont prouvé sans lombre dun doute que de graves accidents entraînant des dommages au cur dun réacteur et la libération dimportantes quantités de matières radioactives sont en effet crédibles.
En 1990, la Nuclear Regulatory Commission des États-Unis a publié un rapport détude toujours considéré comme le nec plus ultra de la méthodologie dévaluation des risques que présentent les réacteurs nucléaires. On appelle cette méthodologie la méthode dEPR, évaluation quon peut effectuer à trois niveaux. LEPR donne lieu au premier niveau à une estimation des probabilités détats précisés de dommages au cur dun réacteur, au deuxième, à une estimation également des probabilités et des caractéristiques des émissions possibles de substances radioactives et, enfin, au troisième, à une évaluation des conséquences de ces émissions à l'extérieur des centrales nucléaires.
On neffectue une EPR dans certains cas que pour des événements quon considère inhérents au fonctionnement dun réacteur comme une défectuosité de léquipement et une erreur humaine. On examine dans dautres cas des événements extérieurs au système, comme des tremblements de terre, des tempêtes, des incendies et des explosions. Même si la méthode dEPR peut fournir un cadre valable pour évaluer les possibilités quun réacteur subisse un accident grave, il faut en interpréter avec prudence les résultats.
On exprime dhabitude les conclusions dune EPR sous la forme dun seul chiffre qui rend compte de la probabilité de graves dommages au cur dun réacteur ou de lamplitude dune émission de substances radioactives. On estime, par exemple, la probabilité de graves dommages au cur dun réacteur à la centrale nucléaire de Darlington à 1,5 par 100 000 années de fonctionnement. Bien quon ait toujours dénormes incertitudes, il nest pas rare que les auteurs de rapports dEPR en expriment les conclusions sous la forme dun seul chiffre sans admettre ces incertitudes. Une EPR, par exemple, ne tient pas compte des répercussions derreurs grossières de conception, de construction, dentretien et de fonctionnement ni dactes de malveillance ou de démence. En outre, il nest pas certain quon ait déterminé dans son cadre chaque séquence daccident possible et quon en ait tenu compte. Pour reprendre les mots de M. Thompson, « Une analyse PRA peut être un document précieux, mais seulement entre les mains dun lecteur informé et sceptique. »
En 1995, Ontario Hydro a fait une EPR pour Pickering A (connue en anglais sous le sigle PARA) qui a porté sur les accidents causés par une défaillance du matériel et lerreur humaine. Lors de cette étude, on a examiné la réaction du système de confinement de la centrale aux accidents entraînant de graves dommages au cur du réacteur et fait une estimation de la probabilité dun rejet important de matières radioactives. Il ny a toutefois pas eu estimation de lampleur ni des caractéristiques dimportants rejets radioactifs ou de leurs effets à lextérieur de la centrale nucléaire. Les événements tels que les incendies, les tremblements de terre ou les explosions nont pas non plus été étudiés.
Quelle est lutilité de cette étude pour déterminer le risque daccident grave que les plans de remise en service posent? La CCEA en a fait un examen critique et lexpert-conseil du Comité a formulé des remarques supplémentaires.
Selon la CCEA, si lEPR pour Pickering A est utile sur le plan qualitatif, on ne peut accorder quun faible confiance à ses résultats quantifiés. Le rapport de la Commission en arrive à la conclusion suivante :
« Comme il a été mentionné dans plusieurs rapports et présentations faits à Ontario Hydro et par les consultants externes indépendants, on estime qu'il est nécessaire de refaire l'étude PARA, afin d'en corriger les lacunes. Cette nouvelle évaluation devrait chercher à corriger autant que possible les excès de prudence et d'optimisme, et produire un modèle qui pourrait être modifié et recalculé rapidement par le personnel de la centrale. On pourrait alors l'utiliser pour l'exploitation de la centrale et pour les décisions de nature réglementaire. »
Lexpert-conseil du Comité fait remarquer que parmi les leçons importantes que la CCEA a tirées de lanalyse de lEPR pour Pickering A, trois le sont particulièrement en ce qui regarde la remise en service de cette centrale.
« En premier lieu, les systèmes de sûreté à Pickering A ont un degré d'interdépendance (et donc deffets d'interaction) plus grand que ce qui est caractéristique des réacteurs CANDU ultérieurs, ce qui se traduit par une probabilité relativement élevée de dommages graves au cur. En deuxième lieu, il y a de nombreuses séquences d'accidents dans lesquelles, à la suite d'un seul événement déclencheur d'accident de dimensionnement, une seule défaillance d'une composante ou une erreur humaine pourrait se traduire par des dommages graves au cur. Cette situation est contraire au principe de défaillance unique de la CCEA. Enfin, dans de nombreuses séquences d'accidents, on se fie beaucoup aux interventions des opérateurs pour empêcher des dommages graves au cur, à la suite d'un événement déclencheur d'accident de dimensionnement. »
Le personnel de la CCEA a dit à OPG de corriger les lacunes de lEPR pour Pickering A et de se servir de lévaluation révisée pour remédier aux faiblesses que présente la centrale Pickering A sur le plan de la sûreté. Il a également été souligné que les EPR offrent une méthodologie tenant compte des incendies comme événement déclencheur dun accident mais quOPG ne la pas appliquée, de sorte quon ne sait quelle est la part des incendies dans la probabilité que le cur du réacteur de Pickering A subisse de graves dommages.
Létude de 1995 a été menée en fonction dune centrale théorique (du dimensionnement) et non pour la centrale Pickering A réelle. Les nombreuses et importantes lacunes dans l'exploitation qui ont été constatées en 1997 dans le rapport dévaluation indépendante et intégrée du rendement (EIIR) ne sont pas prises en compte dans lEPR pour Pickering A telle quelle se présente actuellement.
M. Thompson sest également montré critique au sujet des conclusions auxquelles en est arrivée lEPR pour Pickering A en ce qui regarde la très faible probabilité de rejets importants de matières radioactives dans latmosphère à la suite dun accident endommageant gravement le cur. Il écrit :
« Létude PARA a calculé que la probabilité d'un rejet important (grave) de substances radioactives par Pickering 'A' dans l'environnement est de 6,3 par 1 milliard d'années-réacteurs. Cette faible probabilité n'est pas crédible. Il est probable que la probabilité réelle d'un tel rejet serait supérieure à 1 par 100 000 années, ce qui dépasse les propres limites de probabilité dOPG. Des études additionnelles s'imposent afin de calculer cette probabilité. »
LEPR pour Pickering A retient comme hypothèse que
lenceinte de confinement est suffisamment robuste pour demeurer intacte au moment
dun accident endommageant le coeur du réacteur, quel quen soit ou presque le
niveau de gravité. M. Thompson souligne quune explosion dhydrogène pourrait
éventuellement créer une importante brèche dans lenceinte de confinement au
début dune séquence daccidents. Il rappelle également quil y a un
important volume de zirconium dans le cur dun réacteur CANDU. Au moment
dun accident causant de graves dommages au cur, le zirconium réagirait avec
la vapeur pour produire dimportantes quantités d'hydrogène. Laugmentation de
la pression qui en résulterait pourrait rapidement créer une brèche dans
lenceinte de confinement à Pickering. Il conclut que cette possibilité non
négligeable a une influence majeure sur le profil de risque des réacteurs à Pickering A
et devrait faire l'objet d'une analyse plus rigoureuse que celle faite dans lEPR.
EACL a plus récemment mis au point une nouvelle technologie destinée à résoudre le
problème de laccumulation dhydrogène et, si elle est mise en application à
Pickering A, lanalyse de ses effets sur le profil de risque devra faire partie de
toute nouvelle EPR.
Les éventuels accidents touchant plusieurs réacteurs sont un autre aspect du risque dont lEPR pour Pickering A ne tient pas compte. Lun des résultats possibles dun tel accident multi-réacteurs est le déclenchement dun incendie, un type dévénement exclu de létude. Certains systèmes de sécurité, dont la conduite de décompression et le bâtiment de confinement sous vide, sont communs aux huit réacteurs de Pickering A et Pickering B. Ces ouvrages sont conçus pour absorber la surpression découlant dun grave accident survenant dans un seul réacteur à nimporte quel moment. Un accident multi-réacteurs « menacerait lintégrité du système de confinement. »
Ainsi que nous lavons déjà mentionné, lEPR pour
Pickering A a été effectuée en ne tenant compte que dévénements déclencheurs
internes. Des études menées aux États-Unis ont montré que si on fait une EPR de
troisième niveau, englobant les événements déclencheurs externes, les incendies et les
secousses sismiques accroissent la probabilité de dommages graves au cur dans une
proportion similaire à celle attribuable à des événements déclencheurs internes.
Cette conclusion fait ressortir limportance deffectuer une EPR complète pour
Pickering A, de troisième niveau, en la faisant porter tout aussi bien sur les
événements déclencheurs externes que sur les événements déclencheurs internes.
Recommandation 5 :
Le Comité recommande que la CCSN exige dOPG quelle fasse une évaluation probabiliste des risques qui soit globale et de troisième niveau pour Pickering A.
La sûreté nucléaire et ses répercussions sur la santé publique ont été mentionnées à maintes reprises durant cette étude. Lexposé des représentants du service de santé de la CCEA (CCSN) débutait par une question pertinente : Pourquoi lincidence du cancer dans les environs des installations nucléaires est-elle au centre des préoccupations même si les preuves évaluées par les principales organisations scientifiques ne permettent pas de prédire de tels effets? Il est vrai que certaines personnes sinquiètent fréquemment des effets du rayonnement sur leur santé. Daprès les témoignages que le Comité a entendus, cela na rien détonnant puisque le rayonnement ionisant est un cancérogène connu. Si nous connaissons les effets de doses relativement élevées de rayonnement sur la santé grâce aux survivants japonais de la bombe atomique, nous comprenons beaucoup moins les effets de doses très faibles de rayonnement ionisant.
Selon les témoignages présentés au Comité, il est important de comprendre que le rayonnement existe sous diverses formes et provient de différentes sources qui ne sont pas toutes anthropiques. Le rayonnement est partout. Chaque jour, nous sommes exposés au rayonnement cosmique provenant de lespace et au rayonnement terrestre provenant des roches et du sol. Daprès la CCEA, pour une personne qui habiterait à la limite dune centrale nucléaire 24 heures par jour et qui consommerait leau et les produits locaux, 1 % du rayonnement quotidien quelle reçoit proviendrait de son exposition à la centrale. Les 99 % restants proviendraient du rayonnement naturel. Cela expliquerait pourquoi il est si difficile de déterminer les effets sur la santé de lexposition au rayonnement provenant uniquement dune centrale nucléaire.
Pourquoi donc les gens sont-ils si inquiets? Au cours des années 80, on a entrepris une série détudes portant sur lincidence du cancer chez les personnes habitant près dinstallations nucléaires, et leurs résultats sont venus alimenter les craintes du public. Ainsi, une étude menée au Royaume-Uni en 1983 a révélé une incidence de la leucémie infantile plus élevée que prévu au sein de la population habitant près de lusine de retraitement de combustible usé de Sellafield. De même, en 1991, la CCEA a mené une étude pour comparer lincidence de la leucémie infantile au sein de la population de lOntario et au sein des communautés habitant près de centrales nucléaires. Ces résultats ont démontré une incidence plus élevée que la moyenne à Pickering et à Ajax. Ces résultats ont inquiété encore davantage le public, mais les épidémiologistes de la CCEA ont déclaré au Comité que des concentrations de cas de cancer similaires ont aussi été découvertes dans des régions où il ny a pas dinstallations nucléaires. La CCEA a conclu quil nexistait aucune preuve statistique permettant dattribuer la différence à autre chose que la variation naturelle de lincidence de la maladie.
Dans une lettre transmise au Comité, le Dr Philippe Duport, directeur du Centre international de recherche sur les faibles doses de radiation de lUniversité dOttawa, a expliqué que des études sur les mammifères ont révélé à la fois une diminution et une augmentation de lincidence du cancer à la suite dune exposition à de faibles doses de rayonnement ionisant pendant de longues périodes de temps. Les études menées chez lhomme ne donnent pas non plus de résultats probants quant aux dommages causés par le rayonnement à ces doses. Le Dr Duport a suggéré dexaminer simultanément lexposition à de faibles doses de rayonnement ionisant et dautres facteurs comme linstabilité inhérente de lADN. Il a déclaré quil nexiste pas de relation linéaire simple entre de faibles doses de rayonnement et le risque dêtre atteint dun cancer.
Malgré ces conclusions, les effets du rayonnement des centrales nucléaires sur la santé demeure une source dinquiétudes pour certains résidents de la région de Durham, en Ontario. Environ 185 000 résidents de cette région habitent à moins de 10 kilomètres des centrales nucléaires de Pickering ou de Darlington. Depuis 1983, la région surveille les effets des centrales nucléaires sur la santé par le truchement du programme Radiation and Health in Durham Region. La région sest servi de données courantes sur la santé pour publier en 1983, 1985 et 1988 un recueil de statistiques sur la santé de la population des régions adjacentes aux centrales, de plusieurs agglomérations avoisinantes et de lensemble de lOntario. Un nouveau recueil est prévu pour 2001. Ses auteurs se sont surtout penchés sur des statistiques précises sur la santé comme certains types de cancer et danomalies congénitales liés au rayonnement ionisant.
Les représentants de la région de Durham se sont présentés devant le Comité pour expliquer le contenu de leur rapport de 1996 intitulé Radiation and Health in Durham Region, dans lequel ils résumaient les résultats de leurs dépouillements et de toutes les études disponibles sur la question. Ils ont conclu que les indicateurs de la santé observés ne montraient aucune tendance constante laissant supposer que le rayonnement des centrales nucléaires avoisinantes nuit à la santé des résidents de Durham. Ils ont cependant ajouté que les résultats des études suscitent des questions et quil faudrait étudier davantage les incidences de la leucémie, du cancer thyroïdien, du myélome multiple, du cancer de la prostate et du syndrome de Down. Comme il est mentionné plus haut, on analyse actuellement les données postérieures à 1991, et le prochain rapport est prévu pour 2001.
Même si les études antérieures semblent indiquer que les centrales nucléaires nont pas deffets nocifs sur la santé des résidents locaux, la CCSN continue détudier la question. Les résultats de lune des plus récentes études ont ainsi été publiés en août 2000. Elle avait en effet demandé à Santé Canada détudier lincidence du cancer dans les environs de Port Hope (ancien emplacement dune usine de fabrication de combustible dEldorado nucléaire). Les chercheurs ont dépouillé les données du registre de lOntario sur le cancer et comparé lincidence de certains types de cancer dans la région de Port Hope et dans le reste de la province. Ils ont découvert des incidences statistiquement élevées de certaines formes de cancer, mais ces différences pourraient être attribuées aux fluctuations normales du nombre de cas de maladies rares, ainsi quà la présence dune gamme de substances cancérogènes dans la région, mais à des taux qui ne devraient pas causer le cancer. Dans lensemble, lincidence se compare à celle du reste de la province. La CCSN a adopté une attitude proactive à légard de ces résultats et a proposé de créer un groupe officiel chargé des études sur la santé, pour représenter les intérêts de la collectivité, évaluer les résultats des études, en collaboration avec les scientifiques, et recommander les mesures de suivi nécessaires.
Les représentants de la CCSN ont aussi déclaré au Comité que leur organisme établirait un programme permanent de surveillance du cancer en collaboration avec Santé Canada et le Laboratoire de lutte contre la maladie. Les chercheurs vont surveiller lincidence du cancer dans les environs de toutes les installations nucléaires au Canada, notamment les réacteurs de recherche, les mines duranium, les installations de raffinage et de conversion duranium, et les centrales nucléaires. Cette approche constitue une mesure préventive pour dissiper les préoccupations de la population et déceler toute contradiction avec les preuves actuelles voulant quil ny ait pas de relation de cause à effet entre les faibles doses de rayonnement ionisant des installations nucléaires et lincidence du taux de cancer. Irene Kock, du groupe Durham Nuclear Awareness, a souligné la nécessité de concevoir ce programme de manière à pouvoir vérifier précisément sil existe une relation de cause à effet entre lexposition et lincidence du cancer. Elle a ajouté quelle souhaitait que le public participe à la conception du programme.
Le projet pilote pour la nouvelle étude sera mené dans la région voisine de la centrale de Pickering pour déterminer la meilleure approche, et la CCSN a assuré le Comité que les intervenants clés de la collectivité (Durham Region Health Unit) seront consultés pour sa conception. Létude devrait séchelonner sur une période de trois ou quatre ans.
Mais les scientifiques ne sont pas tous daccord avec la CCSN lorsquelle affirme que les études nindiquent pas de relation de cause à effet entre les faibles taux de rayonnement ionisant et la maladie. Dans des travaux présentés au Comité par le groupe Durham Nuclear Awareness, le professeur émérite David G. Hoel, de la Medical University of South Carolina, affirme que létude de la CCEA sur la leucémie infantile ne suit pas les bonnes méthodes statistiques pour analyser les données épidémiologiques sur le cancer causé par le rayonnement. Il ajoute que si les données sont étudiées comme il se doit, les résultats démontrent un taux de leucémie supérieur statistiquement significatif. Il souligne aussi que la CCEA avait obtenu deux opinions dexpert sur cette nouvelle analyse, une qui lappuyait, lautre qui la rejetait.
Dre Rosalie Bertrell, de lInternational Institute of Concern for Public Health, a déclaré au Comité que les effets du rayonnement à faible dose sont très complexes. Elle a expliqué que dans le cas du rayonnement ionisant, il nexiste pas de relation linéaire entre laugmentation des doses et laugmentation des dommages. On atteint un plateau où le processus de réparation se poursuit toujours. Le cancer peut se développer au-delà de ce plateau, mais avant quil y ait assez de dommages pour tuer la cellule. Dre Bertrell est davis que certains chercheurs nexaminent que la période où il y a plateau et déclarent que le rayonnement ionisant ne cause pas le cancer.
Dre Bertell a également critiqué la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) qui établit les normes dexposition au rayonnement. Elle a déclaré au Comité quil sagit dun groupe fermé de physiciens et de radiologistes qui sautoperpétue et qui ne fait pas appel aux compétences des épidémiologistes et des oncologues. Dr Philippe Duport a contesté cette allégation dans la lettre quil a envoyée au Comité et qui a déjà été mentionnée.
Dre Bertell nest pas non plus daccord avec la façon dont les normes de la CIPR sont exprimées. Au lieu de représenter un niveau sous lequel on estime quune exposition au rayonnement est sûre, les normes de la CIPR indiquent un niveau au-dessous duquel les avantages, par exemple de radiographies diagnostiques, l'emportent sur les risques.
Les représentants de la CCSN ont aussi déclaré au Comité que les normes canadiennes dexposition générale et professionnelle au rayonnement sont fondées sur les normes recommandées par la CIPR, et quon adopte maintenant les normes de 1992 dans la réglementation canadienne. Il semble déraisonnable davoir attendu presque dix ans pour adopter les normes les « plus récentes », ce qui amène la recommandation suivante :
Recommandation 6 :
Le Comité recommande que la CCSN ou une autre autorité responsable prenne les mesures nécessaires pour accélérer ladoption des normes les plus récentes de la Commission internationale de protection radiologique "CIPR" au Canada.
Une culture axée sur la sûreté
Au cours des trois dernières années, en réaction aux critiques formulées dans le rapport dEIIR, Ontario Hydro (remplacée par OPG) a tenté dinculquer une culture axée sur la sûreté dans ses installations nucléaires. Une culture axée sur la sûreté est une attitude mentale ancrée une attitude qui amène tous les travailleurs et tous les membres de léquipe de gestion à placer la sûreté au premier rang de leur ordre de priorités dans toutes leurs actions et toutes leurs décisions. Sans une telle culture fortement intégrée, le fonctionnement des installations nucléaires ne peut être tout à fait sûr. Un témoin a souligné que la CCSN a accepté détablir ce lien entre la culture dentreprise et la sûreté. Il a fait remarquer que
« L'autorité de réglementation [ ] vient de découvrir, il y a quelques années, que la culture de l'organisation, la façon dont elle conçoit son rôle, est le facteur clé en matière de sécurité dans l'exploitation des centrales nucléaires. »
Les observations du rapport dEIIR sur les centrales nucléaires dOntario Hydro sont fortement critiques de pratiquement tous les aspects de la gestion et de la performance opérationnelle, tout particulièrement en ce qui a trait à laffaiblissement graduel dune culture fortement axée sur la sûreté ou à labsence dune telle culture. Bon nombre des lacunes qui ont été constatées « constituent en fait des dérogations par rapport au concept de défense en profondeur qui est la pierre angulaire de lindustrie nucléaire. Ces dérogations entraînent un effritement inacceptable de la marge de sécurité offerte au public et aux employés ». Le rapport dEIIR fait ensuite remarquer que « la direction ne fixe pas de normes élevées pour elle-même, pas plus quelle nexige le meilleur de la part des autres services, et le personnel na pas intégré une culture axée sur la sûreté adéquate dans ses activités normales ». Le rapport conclut plutôt quOntario Hydro a adopté une « culture principalement axée sur la production ».
Les auteurs de lEIIR ont fait remarquer qu« il y a de sérieux problèmes de culture organisationnelle auxquels il faudra sattaquer » et ont observé certains comportements qui viennent appuyer cette évaluation sévère.
« Prendre chemin le plus court est acceptable, mais faire des vagues ne lest pas. Ceux qui ont fait des vagues ont été congédiés ou renvoyés à des tâches secondaires. Le messager porteur de mauvaises nouvelles se voit chargé de régler le problème. Il importe davantage de faire le travail que de prêter attention aux détails. Le non-respect des engagements tient lieu de norme. Une seule personne ne peut rien changer. »
Les membres du Comité ont interrogé léquipe de direction dOPG au sujet de ces critiques et des mesures qui ont été prises pour corriger la situation. Les cadres supérieurs dOPG ont admis quil y avait eu des difficultés dans le passé et ont fait part dune série de changements apportés au cadre organisationnel de la société qui devraient, espèrent-ils, permettre de les résoudre.
La nouvelle approche consiste à sassurer que les fonctions, les responsabilités et les pouvoirs sont clairement définis et que les activités sappuient sur des politiques, des attentes et de façons de procéder nettement définies également. On favorise aussi une surveillance étroite de la part des gestionnaires et une incitation à lautocritique, à ladoption dune attitude de remise en question. OPG a en outre établi de nouveaux objectifs en matière de gestion et de leadership : une orientation claire et cohérente, une place prépondérante à la sécurité dans lordre des priorités, une communication bidirectionnelle réelle et la promotion dune attitude de remise en question.
En outre, on fait prendre conscience à tout le personnel de limportance dacquérir une culture axée sur la sûreté. Le message comprend les éléments suivants :
- La sûreté nucléaire est la toute première des priorités;
- Il faut prêter attention au cur du réacteur;
- Les décisions et les actions doivent toutes se fonder sur le maintien de la sûreté nucléaire;
- Il faut adopter une attitude de questionnement, maintenir des communications bidirectionnelles;
- Il faut adopter une démarche rigoureuse et prudente;
- Le personnel doit être formé et qualifié pour exécuter les tâches qui lui sont confiées;
- Il faut constamment apporter des améliorations, avoir un sens de lautocritique;
- On doit tirer des leçons de lexpérience.
De quelle façon peut-on savoir si les objectifs définis par OPG sont réellement mis en application? En mesurant les progrès réalisés par OPG depuis1997, lAssociation mondiale des exploitants de centrales nucléaires (WANO) a fourni quelques éléments de réponse. Le Comité a visité le siège social de la WANO, à Atlanta, où lorganisme mis sur pied par des entreprises de services publics offre un forum au sein duquel les exploitants peuvent de façon confidentielle faire part de leurs expériences respectives, y compris en ce qui regarde les problèmes qui se sont posés, la façon dont ils ont été résolus, les méthodes qui se sont révélées fructueuses et celles qui nont pas donné les résultats voulus. La WANO offre également des évaluations détaillées par les pairs et fait des recommandations visant à améliorer le fonctionnement des centrales. Lorganisme a également mis au point une série dindicateurs de performance à partir desquels les exploitations nucléaires de toutes les entreprises de service public membres sont classées. Huit des onze indicateurs ont trait à la sécurité.
En ce regarde les classements attribués par la WANO aux centrales dOPG en service (ce qui ninclut pas Pickering A) les représentants dOPG ont dit au Comité que :
« Chacun de ces huit indicateurs montre que la sécurité s'est beaucoup améliorée au cours des deux dernières années, ou qu'elle s'est maintenue . Nous obtenons la note maximale pour cinq des huit indicateurs de la sécurité. »
Le président-directeur général dOntario Power Generation a également dit ce qui suit au Comité :
« Je vais vous donner une idée des progrès que nous avons réalisés. L'indice de notre rendement nucléaire global, qui combine les 11 indicateurs, est passé de 58 %, ou 58 points sur 100, à la fin de 1997, à 83 % à la fin du deuxième trimestre de la présente année. Ce sont évidemment des progrès intéressants, mais nous avons encore beaucoup à faire . Nous nous comparons à l'industrie nucléaire nord-américaine. La norme de cette industrie est constamment à la hausse. Actuellement, aux États-Unis, l'indice de rendement des centrales nucléaires américaines est, en moyenne, d'un peu plus de 90 %. Le nôtre est de 83 %, par rapport à un peu plus de 90 % ».
Il est impossible dobtenir une évaluation indépendante des classements de la WANO puisque tous ses rapports demeurent confidentiels. Le commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de lOntario a statué quOPG doit transmettre certains documents antérieurs de la WANO aux personnes du grand public qui en font la demande, mais la WANO a contesté cette décision devant les tribunaux. À Atlanta, on a dit aux membres du Comité que sans lassurance dune confidentialité totale, il serait impossible damener tous les exploitants de centrales nucléaires du monde à adhérer à lorganisme. La WANO est maintenant la seule organisation internationale qui participe aux programmes dinspection, dévaluation et damélioration de pays tels que lInde et le Pakistan par exemple. Ladhésion à la WANO est la seule façon pour eux dobtenir des conseils et de laide en matière de sécurité.
Des représentants de la Power Workers Union, qui regroupe la majorité des employés des centrales nucléaires, ont également déclaré quune attention renouvelée était portée à la mise en valeur dune culture axée sur la sûreté. Ils ont fait remarquer que depuis la mise en uvre du programme damélioration du rendement dans les centrales nucléaires en 1997-1998, ils ont modifié leur attitude à légard des questions ouvrières-patronales. Ils ont dit au Comité quils cherchaient des moyens visant à « améliorer les choses et accroître la collaboration entre nous ». Le meilleur exemple de ce nouvel esprit de collaboration est lentente de partenariat que le syndicat a signé avec la Society of Energy Professionals de lOntario et la direction dOPG. Les représentants du syndicat ont dit ce qui suit :
« Il s'agit d'une entente de partenariat visant à prévoir par écrit les principes régissant les nouveaux rapports qui existent entre le PWU, la Society of Energy Professionals et la société. Le PWU a signé cet accord parce que nous sommes convaincus que toutes les parties avaient l'intention d'atteindre ces objectifs et voulaient saisir l'occasion de réorganisation qui se présentait dans l'industrie de l'électricité de l'Ontario pour instaurer, dans la nouvelle compagnie, une culture fondée sur ces valeurs. Nous ne l'aurions pas signé si nous ne nous étions pas sentis en mesure de faire appliquer équitablement l'intention et l'esprit de l'accord. Nous mentionnons cet accord de partenariat parce que nous estimons qu'il est essentiel pour atteindre notre double objectif de sûreté et de performance d'exploitation. »
Il semble bien quOPG a parcouru un bout de chemin vers létablissement dune culture axée sur la sûreté dans ses centrales nucléaires, mais il est également évident que les efforts doivent de poursuivre si cet objectif dune importance vitale doit être atteint.
Le programme de vérification de laptitude à exercer ses fonctions est un autre aspect dune culture axée sur la sûreté qui a été analysé lors de létude du Comité. Il consisterait à faire un dépistage de la consommation de drogues ou dalcool afin de déterminer si les personnes qui travaillent en des endroits sensibles des centrales sont en mesure dexercer leurs fonctions. Des preuves dune telle consommation à la centrale de Pickering ont été dévoilées au public en 1996 après quun groupe de citoyens, recourant à la Loi sur laccès à linformation et la protection de la vie privée de lOntario, eut obtenu des rapports sur cinq incidents signalés à la CCEA montrant que des canettes de bière vides, une bouteille de spiritueux, un attirail pour la consommation de drogues et de la marijuana avaient été trouvés à lintérieur de la centrale. Il nexistait alors et il nexiste toujours aucun programme de dépistage obligatoire dans les centrales nucléaires canadiennes.
Des représentants de la Power Workers Union ont dit au Comité que
« le syndicat est favorable à un dépistage de la consommation de drogues et dalcool qui se conforme aux lois applicables en la matière, cest-à-dire qui assure aux employés une protection de leur vie privée et un respect de leurs droits humains (comme en ont tous les citoyens) et qui fasse partie dun programme plus vaste de traitement axé sur la résolution des problèmes réels qui se posent en milieu de travail. Il ne peut légalement appuyer une politique quelconque qui violerait les lois en vigueur sur la protection des droits de la personne ».
Le syndicat a fait mention dune décision récente de la Cour dappel de lOntario dans laquelle le tribunal énonce les interdictions de dépistage de drogues sur le lieu de travail découlant des lois sur les droits de la personne.
« Dans laffaire Entrop c. Imperial Oil, la Cour dappel a statué que tant les tests de dépistage de drogues préembauche que les tests de dépistage au hasard des employés constituent une violation du Code des droits de la personne de lOntario, qui à cet égard ne diffère pas de la Loi canadienne sur les droits de la personne. »
La Cour a soutenu que les tests de dépistage de consommation de drogues ne mesurent pas nécessairement une déficience sur le moment puisquils peuvent aussi détecter une consommation antérieure, tandis que les tests de dépistage de consommation dalcool pourraient être autorisés si un test positif nentraînait pas un congédiement automatique et si de laide était par la suite offerte aux personnes souffrant de dépendance en la matière. Il semble bien quen dépit de limportance des tests visant à déterminer la capacité dune personne dexercer ses fonctions les lois actuelles limitent considérablement les mesures qui peuvent être prises.
Recommandation 7 :
Le Comité recommande quau nom de la sécurité du public le le gouvernement de lOntario et gouvernement fédéral examinent la possibilité dapporter aux lois sur les droits de la personne des modifications qui permettraient de soumettre à des tests de dépistage de la consommation dalcool et de drogues les personnes qui travaillent dans des domaines où la sécurité du public est en jeu. En attendant, le Comité recommande que les représentants syndicaux et patronaux à OPG donne la priorité à la création dun programme de dépistage de la consommation dalcool et de drogues qui ne contrevienne pas aux lois en vigueur.
LOIS FÉDÉRALES: LA LOI SUR LA RESPONSABILITÉ NUCLÉAIRE
La Loi sur la responsabilité nucléaire, qui est entrée en vigueur en 1976, impute la responsabilité des dommages nucléaires à lexploitant des installations nucléaires. Le niveau de couverture requis en vertu des dispositions de la Loi est de 75 millions de dollars. La Loi prévoit également la création dune Commission des réparations des dommages nucléaires chargée dexaminer les demandes dindemnisation dans les cas ou le gouvernement fédéral en viendrait à la conclusion que les dommages totaux découlant dun accident nucléaire quelconque vont vraisemblablement être supérieurs à 75 millions de dollars. On sattend à ce que ce soit le gouvernement qui verse les indemnités réclamées. Bien que les entreprises de service public aient payé des primes depuis 25 ans, aucun assureur na effectué un paiement pour des dommages.
La couverture de 75 millions de dollars exigée aux termes de la Loi sur la responsabilité nucléaire, selon ce qua entendu le Comité, est terriblement inadéquate en regard des normes internationales. Des hauts fonctionnaires de Ressources naturelles Canada ont dit au Comité quen tenant compte de linflation, 250 millions de dollars courants constitueraient un montant équivalent à ce que prévoyait la loi au moment où elle a été adoptée et que pour répondre à la norme internationale il faudrait porter cette somme à environ 650 millions de dollars canadiens.
Des représentants de la Nuclear Insurance Association of Canada ont signalé quau Royaume-Uni et aux États-Unis (pour des centrales déterminées) la limite est denviron 300 millions de dollars (canadiens). Aux termes de la Convention de Paris, dont la plupart des gouvernements européens sont signataires, la limite recommandée est de 600 millions de dollars. Le Comité a demandé pourquoi le Canada accuse un retard aussi prononcé alors quau cours des délibérations du comité parlementaire précédant ladoption de la Loi, en 1976, il avait été recommandé que la Loi soit révisée tous les cinq ans. Vingt-cinq ans plus tard, elle na pas encore été mise à jour.
Des fonctionnaires de ressources naturelles Canada ont relaté les événements entourant la révision de la Loi sur la responsabilité nucléaire. Celle-ci a été adoptée en 1970 mais na été promulguée quen 1976, après la conclusion dune entente avec un groupe maintenant connu sous le nom de Nuclear Insurance Association of Canada (NIAC) au sujet de la couverture de la responsabilité. Six ans après la promulgation de la Loi, en 1982, la Commission de contrôle de lénergie atomique (CCEA) a chargé un groupe de travail interministériel de faire la révision recommandée. En 1984, le groupe de travail a présenté un document de travail pour obtenir des avis du public. En 1990, des recommandations ont été transmises au ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources. Cependant, en 1987, lorganisme Enquête énergétique, la ville de Toronto et Mme Rosalie Bertell ont contesté la constitutionnalité de la Loi, si bien que le gouvernement a mis de côté les plans visant à la modifier. En 1994, la Cour a rendu un jugement favorable au gouvernement. Les demandeurs ont interjeté un appel mais lont retiré en 1996 en raison dun manque de fonds.
En 1995, un nouveau comité d'examen interministériel a amorcé une autre fois lélaboration de propositions de modification à la Loi, en consultation avec les diverses parties intéressées. Pendant quatre ans, des fonctionnaires ont peaufiné les modifications proposées et les ont de nouveau transmises aux parties intéressées afin dobtenir leur avis. On a dit au Comité que le processus de révision, qui est axé sur une bonification de lindemnisation des victimes, une plus grande précision des principales dispositions, une définition plus claire des responsabilités fédérales et une amélioration des aspects techniques est presque terminé. Toutefois, les témoins de Ressources naturelles Canada ont été incapables de dire au Comité à quel moment la Loi devant modifier la Loi sur la responsabilité nucléaire pourrait être présentée. Ils ont dit quils espéraient « soumettre des propositions au ministre avant la fin de l'été ». (Les récentes élections fédérales ont entraîné un délai supplémentaire dans le processus. Puis, en février 2001, le Ministre a reçu les recommandations visant à modifier la Loi. Sa décision est toujours attendue.) Le Comité est consterné de cette lenteur à agir.
Recommandation 8 :
Le Comité recommande que le gouvernement procède immédiatement à la modification de la Loi sur la responsabilité nucléaire et qu'il maintienne et augmente la protection garantie par l'assurance que doit détenir l'exploitant, du montant actuel de 75 millions de dollars au montant recommandé dans les Conventions de Paris et Vienne et se situant "à plus de 600 millions de dollars".
PICKERING A ET LE PROCESSUS FÉDÉRAL D'ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE
Contexte
Quel est le genre dévaluation qui convient à la situation?
Déroulement du processus dévaluation
Le Comité a entendu des opinions très fermes et dans plusieurs cas contradictoires au sujet de la validité de lévaluation environnementale fédérale de la remise en service de Pickering A qui a récemment pris fin. Alors que les dirigeants dOPG ont soutenu que lexamen a été plus poussé que ne lexigeait la loi pour une remise en service, des groupes de citoyens, des conseils municipaux et dautres ont soutenu que le processus a souffert de graves lacunes.
- Les principales critiques ont porté sur les aspects suivants :
- lévaluation na comporté aucune analyse dun éventuel accident grave pouvant survenir à Pickering A ou des conséquences dun tel accident à lextérieur du site de la centrale;
- les solutions de rechange pour répondre à la demande délectricité nont pas été étudiées;
- aucun examen indépendant et complet par une commission na été ordonné;
- la CCSN na que médiocrement satisfait aux obligations que lui confère la Loi canadienne sur lévaluation environnementale.
Il se trouve que lévaluation environnementale faite pour Pickering A constituait un test sur le genre dexamen des questions environnementales qui peut ou devrait être mené lorsque des réacteurs sont arrêtés pendant une longue période et que des modifications majeures y sont apportées.
En vertu de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, la Commission canadienne de sûreté nucléaire émet tous les permis dexploitation de réacteurs nucléaires au Canada et, à linstar dautres organismes fédéraux, la Commission doit se conformer à la Loi canadienne sur lévaluation environnementale lorsque la délivrance dun permis exige une telle évaluation. Avant dexaminer une demande de permis, la Commission doit déterminer si les installations nucléaires sont susceptibles davoir des effets environnementaux négatifs importants et établir un plan daction approprié à la situation.
Jusquà récemment, aucune centrale nucléaire navait fait lobjet dune évaluation environnementale fédérale. Certains aspects de lindustrie ont été évalués et des projets réalisés dans certaines centrales ont été examinés. Aucune centrale dans son ensemble navait cependant été soumise à un processus dexamen. Tous les permis actuellement détenus ont été accordés pour la première fois avant 1995, soit lannée où la Loi canadienne sur lévaluation environnementale est entrée en vigueur. Bien que le Cabinet fédéral ait établi les lignes directrices visant le Processus dévaluation et dexamen en matière denvironnement (PEEE) en 1984, soit avant la mise en service de bon nombre de réacteurs de centrales nucléaires canadiennes, le décret du Cabinet na pas été appliqué à ces réacteurs. Il nétait pas jugé obligatoire de les soumettre à un tel processus jusquà ce que cette exemption soit contestée devant les tribunaux. Des commissions établies en vertu des lignes directrices sur le PEEE ont mené des examens sur le concept dévacuation en profondeur des déchets de combustible nucléaire, sur des projets d'exploitation de mines d'uranium dans le nord de la Saskatchewan et sur les sites de stockage de résidus dextraction duranium dElliot Lake.
Au début de 1999, Ontario Power Generation a fait part de son intention de remettre les quatre réacteurs de Pickering A en service. En juillet de la même année, le personnel de la CCSN a déterminé que la remise en service proposée des réacteurs exigeait une évaluation environnementale et a amorcé un examen préalable du projet le plus bas des trois niveaux dévaluation environnementale aux termes de la Loi canadienne sur lévaluation environnementale. Les municipalités de Toronto et de Pickering ainsi que de nombreux groupes de défense de lintérêt public ont exprimé lavis quun examen préalable du projet ne convenait pas à la situation. Ils ont demandé quil y ait une évaluation complète par une commission dexamen le processus dévaluation environnementale le plus ouvert, le plus exhaustif et le plus long prévu dans la Loi.
À nimporte quel moment au cours du processus, la CCSN avait le pouvoir de demander au ministre de lEnvironnement de renvoyer le projet à une commission dexamen ou à un médiateur. Elle a choisi de ne pas le faire. Le 5 septembre 2000, des membres du personnel détat-major de la CCSN ont fait savoir aux membres de la Commission que leur analyse du Rapport dexamen environnemental préalable les avait amenés à conclure que la remise en service des réacteurs nétait pas susceptible davoir des effets environnementaux négatifs importants. Ils ont recommandé que la Commission évalue le demande de remise en service des réacteurs dOntario Power Generation selon les dispositions de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. Le 16 février 2001, les membres de la Commission ont accepté cette recommandation.
Lautorité fédérale nétait cependant nullement épuisée dans ce processus. Le ministre de lEnvironnement aurait pu exercer son pouvoir de renvoi du projet à un médiateur ou à une commission dexamen. La CCSN devait encore décider si un permis dexploitation de Pickering A devait être accordé. Le personnel de la Commission percevait le processus de délivrance dun permis et de vérification de la conformité comme un moyen de sassurer que le suivi requis à lévaluation environnementale serait appliqué. (Depuis que le Comité a terminé ses audiences, la CCSN a tenu des audiences sur loctroi dun permis les 18 janvier et 8 mars 2001. Le 30 mars, il annonçait sa décision finale doctroyer pour Pickering A un permis dexploitation dune durée de deux ans se terminant le 31 mars 2003.)
Quel est le genre dévaluation qui convient à la situation?
La Loi canadienne sur lévaluation environnementale est entrée en vigueur en janvier 1995 après cinq ans de consultations publiques, y compris deux ans détudes minutieuses par le Parlement. La nouvelle loi ne prévoit toutefois pas les situations telles que celle qui sest produite dans le cas des centrales nucléaires dOntario Hydro. La loi établit que certains projets sont susceptibles davoir des effets environnementaux négatifs importants et les règlements pris en vertu de la Loi dressent une liste de ces types de projets qui exigent une étude approfondie.
Dans le domaine nucléaire, le règlement mentionne huit types de projets dans les secteur de lextraction duranium, de la production délectricité, du stockage de combustible épuisé et de lélimination de substances irradiées. Des projets de construction, dagrandissement, de mise hors service ou dabandon touchant des douzaines dinstallations au Canada ont été désignés comme devant faire lobjet dune étude approfondie. La liste détude approfondie ninclut pas larrêt dun réacteur de centrale nucléaire alors que du combustible demeure en place, pas plus quelle ne mentionne la remise en état et la remise en service proposées dune centrale nucléaire, comme dans le cas de la modification et de la remise en service au coût de 1 milliard de dollars de Pickering A.
Une étude approfondie exige, en sus dun examen environnemental, un examen des solutions de rechange viables sur les plans technique et économique. En outre, lorsquune étude approfondie est effectuée, cest le ministre de lEnvironnement plutôt que la Commission canadienne de sûreté nucléaire qui doit décider si le projet peut aller de lavant.
Au cours des dernières années, des études approfondies ont été menées sur des projets tels que la création dune aire dentraînement militaire au parachutisme, la construction dune canalisation deau, la construction de routes et louverture de carrières. Pendant ce temps, dans la région de Pickering, des examens environnementaux moins rigoureux ont été menés pour la réparation dun pont sur un terrain de golf, la reconstruction dun passage à niveau et la démolition de granges à divers endroits. Étant donné limportance relative de la remise en état de Pickering A et les conséquences environnementales éventuelles à long terme de lutilisation de lénergie nucléaire, le Comité ne peut quen arriver à la conclusion que la non-inclusion dun tel projet sur la liste détude approfondie a été une erreur malheureuse.
Recommandation 9 :
Le Comité recommande que le Règlement sur la liste détude approfondie adopté en vertu de la Loi canadienne sur lévaluation environnementale soit modifié de façon à inclure dans la liste la remise en service dun réacteur de centrale nucléaire après un arrêt prolongé ou dimportantes modifications au réacteur ou à la centrale.
Non seulement la liste détude approfondie exclut-elle larrêt et le remise en service de Pickering A, mais Ontario Power Generation a soutenu que le projet se classait dans les types de projets mentionnés dans la liste dexclusion dune évaluation environnementale des projets dont les effets environnementaux sont insignifiants. Lentreprise de service public a obtenu deux avis juridiques dans ce sens. La Commission de contrôle de lénergie atomique a exprimé son désaccord.
Ayant établi, en juillet 1999, que le processus fédéral dévaluation environnementale sappliquait à la remise en service, le personnel de la CCEA avait à prendre une décision sur le type dexamen qui convenait au projet. Létude approfondie étant écartée, il restait trois possibilités un simple examen préalable, un examen qui avait les caractéristiques dune étude approfondie ou une demande au ministre de lEnvironnement de renvoyer lexamen à un médiateur ou une commission dexamen. La Commission a choisi lexamen préalable, jugeant alors que ni les effets environnementaux prédits ni le niveau dinquiétude du public ne justifiait un renvoi.
Eu égard au dossier bien documenté sur linquiétude du public dont il a pu prendre connaissance, le Comité trouve cette décision étonnante. En 1994, le député fédéral, le député provincial et le conseil municipal de la région ont tous demandé un examen indépendant du renouvellement du permis dexploitation de la centrale de Pickering aux termes des Lignes directrices du processus fédéral dévaluation et dexamen en matière denvironnement, remplacées ultérieurement par la Loi canadienne sur lévaluation environnementale. La ville de Toronto, la ville dOshawa et plus de 200 autres intervenants ont également demandé un examen fédéral approfondi, ce que la CCEA a refusé. Trois ans plus tard, au cours des élections municipales de 1997, plus de 17 000 habitants quelque 87 % des électeurs ont appuyé un référendum demandant quune évaluation environnementale provinciale ait lieu avant le remise en service de Pickering A. Les municipalités dAjax et de Whitby, le canton dUxbridge et la municipalité régionale de Durham ont également demandé une telle évaluation, ce que le gouvernement de lOntario a refusé.
Plus récemment, la décision de la CCEA dordonner un examen a fait surgir des demandes dévaluation complète par une commission dexamen de la part des villes de Pickering et de Toronto ainsi que de Nuclear Awareness Project, un organisme composé de citoyens de la région de Durham dont Pickering fait partie. Une équipe de scientifiques de luniversité de Toronto et de luniversité McMaster, embauchée par la ville de Pickering et financée par OPG pour examiner le plan dévaluation, a également recommandé de donner plus dampleur à lexamen de façon à ce quau minimum il sapproche davantage dune étude approfondie.
Un porte-parole de Nuclear Awareness Project a dit ce qui suit au Comité :
« Nous avons officiellement demandé que le ministre de l'Environnement renvoie la question à une commission d'examen, et nous avons pour cela de bons motifs. Le premier concerne la procédure suivie et la façon dont l'affaire a été traitée par la CCEA jusqu'à maintenant. Le deuxième concerne la portée étroite de cette étude. »
Sur un plan positif, la CCEA a exigé ce quOntario Power Generation a appelé un examen renforcé. Les dirigeants dOPG ont dit quils sétaient engagés, en juillet 1999, à mettre en oeuvre un vaste programme de consultation, à sattaquer à quelque 160 problèmes qui avaient été dégagés lors dune consultation précédente auprès de la collectivité et à financer un examen indépendant de rapports par des pairs. La Commission sest de son côté engagée à tenir une ou deux réunions dans la municipalité de Pickering pour examiner le rapport dévaluation environnementale. Les engagements ont été pris en juillet mais, selon le personnel de lorganisme fédéral de réglementation, ce nest que le 10 août 1999 quOPG a été officiellement notifiée quune évaluation était exigée.
Alors que du point de vue dOPG ses efforts allaient bien au-delà des exigences de la loi en matière dexamen environnemental, pour certains critiques les négociations privées entre OPG et lorganisme de réglementation étaient inconvenantes et constituaient une raison de plus pour demander que lexamen soit renvoyé à une commission indépendante. Un témoin a dit au Comité :
« Nous en avons conclu que la CCEA ne gère pas correctement l'évaluation environnementale. Nous estimons que la formule de l'examen par une commission indépendante est essentielle si l'on veut obtenir des résultats d'évaluation crédibles. »
Lorganisme de réglementation a délégué à Ontario Power Generation une grande partie de laspect technique de lévaluation et de la consultation auprès du public, une pratique courante dans le domaine des évaluations environnementales. La Commission sest cependant réservé la détermination de la portée de lexamen, cette portée devenant elle-même un objet de controverse. Dans de nombreuses présentations faites à la CCEA, des critiques ont été formulées en raison de la portée de lexamen jugée trop limitée sur les plans géographique et temporel, du fait quon n'y examine ni la possibilité quil se produise un grave accident nucléaire ni les solutions de rechange possibles au projet.
Déroulement du processus dévaluation
Le Comité a également entendu des critiques au sujet de la période de 30 jours prévue pour les observations du public, jugée trop courte étant donné lampleur du projet et la nécessité de prendre connaissance des données techniques pour être en mesure de faire des observations éclairées. La critique au sujet de la brièveté des périodes prévues pour les observations a refait surface en mai 2000 quand lorganisme de réglementation a distribué la version préliminaire du massif rapport d'examen préalable en fixant cette période à 60 jours. On a dit aux membres du Comité que ce délai de 60 jours plaçait les groupes et les municipalités qui souhaitaient réagir sous une pression énorme.
Le Comité a reçu de la documentation sur les échanges hebdomadaires qui ont eu lieu entre OPG et les dirigeants de la CCEA sur la portée de lexamen, y compris sur la façon de réagir en ce qui touchait certains aspects du projet qui, pour des groupes de défense de lintérêt public, ne devaient pas être exclus de lexamen. Le Comité a également reçu de la CCEA des documents montrant que des problèmes se sont posés en ce qui regarde la tenue du registre public exigé par la Loi, dont labsence de certains documents et des délais dans le traitement des demandes. On a également dit aux membres du Comité que la CCEA avait accordé des reports de la date limite à certaines organisations qui en avaient fait la demande mais avait refusé den accorder à dautres.
Lors de la visite du Comité à Pickering, des groupes dintérêts locaux ont également critiqué le fait que le processus dexamen ne prévoyait pas de financement pour les intervenants. Les groupes voulaient recourir aux services de spécialistes de lextérieur pour la préparation de leurs présentations ce qui aurait exigé un financement que la CCEA accorde lorsquune commission est chargée deffectuer un examen complet.
Pour sa part, OPG a dit au Comité que le processus dévaluation environnementale était plus quadéquat.
« Nous avons effectué un examen très exhaustif des impacts environnementaux possibles associés à la remise en service des réacteurs. Nous avons précisé les mesures à prendre pour atténuer les dommages . La consultation du public a été considérable et, en général, elle a été plus importante que ce qui est exigé par la loi ».
OPG a donné au Comité, dans un document de sept pages, une description détaillée de la consultation menée auprès de son personnel, de hauts fonctionnaires fédéraux et provinciaux et des habitants des collectivités locales au moyen de bulletins, de journées daccueil, dexpositions et dun site Web. La société a également donné une description des consultations menées auprès de dirigeants détablissements de santé et de conseils municipaux locaux, de députés fédéraux et provinciaux et de groupes consultatifs communautaires.
Le président dOPG a dit ce qui suit :
« Dans le cadre du programme de visites de quartier, les employés de l'Ontario Power Generation se sont portés volontaires pour faire du porte-à-porte dans les quartiers de Pickering et d'Ajax pour discuter du projet de relance de la centrale nucléaire de Pickering A . En tout, nos employés ont frappé à plus de 16 000 portes dans les localités de Pickering et d'Ajax. Je dois avouer que nous sommes extrêmement satisfaits de l'accueil favorable que nous ont réservé la plupart des propriétaires ».
Le Comité note lampleur hors de lordinaire du processus de consultation et dinformation mené par Ontario Power Generation à lintérieur des limites géographiques prescrites par la CCEA pour un examen environnemental préalable. De façon évidente, lentreprise de service publique était prête à consentir un effort considérable au plan local pour expliquer son point de vue sur le projet. Cet effort présente un contraste frappant avec les restrictions imposées par lorganisme fédéral de réglementation sur la portée de lexamen et avec les possibilités offertes pour dautres observations du public, par des personnes ou des organismes dailleurs ou souhaitant présenter des analyses spécialisées de la portée de lévaluation et du rapport dexamen préalable.
À lintérieur du cadre limité dexamen quil sest lui-même imposé, le personnel de la CCSN en est arrivé à la conclusion que, compte tenu des mesures datténuation appropriées qui devront être prises, la remise en service de Pickering A nétait pas susceptible davoir des effets environnementaux négatifs importants. En outre, la Commission a conclu que les inquiétudes du public exprimées avant septembre 2000 ne justifiaient pas que laffaire soit soumise au ministre de lEnvironnement afin quil la renvoie à un médiateur ou une commission dexamen.
Les membres du Comité croient que la question de linquiétude du public est dune importance particulière. Lun des membres a avancé lidée que les citoyens ne veulent pas recevoir plus dinformations par le biais de bulletins et de séances de consultation publique. Ils éprouvent plutôt une terreur à légard de lindustrie nucléaire et veulent en savoir davantage sur le risque quil se produise un grave accident. Le président dOPG a répondu ce qui suit :
« Ce que je n'admets pas toutefois, c'est qu'il existe, selon vos termes, une terreur du nucléaire dans ces localités. Nous avons frappé à 16 000 portes au cours des cinq derniers mois et tous ceux qui sont présents à cette table ont joué un rôle dans cette tournée. Je ne comprends pas que des gens puissent être extrêmement polis envers nous et ne nous disent pas ce qu'ils pensent vraiment. Nous leur avons demandé ce qu'ils pensaient, nous leur avons demandé de nous faire part de leurs inquiétudes. Effectivement, il y en a qui sont très inquiets. Nous l'acceptons, mais je ne parlerais pas de terreur généralisée -- c'est tout à fait le contraire. Nous sommes satisfaits des résultats. »
Dans un mémoire présenté à la CCSN, lorganisme Durham Nuclear Awareness cite un sondage dopinion sur les attitudes du public à légard dOPG qui a révélé que plus de 8 000 familles vivant dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale déménageraient probablement si Pickering A était remise en marche.
Le Comité a également posé des questions au sujet des critères utilisés pour déterminer si le niveau dinquiétude du public justifiait le renvoi à une commission dexamen. Un dirigeant a répondu que la Commission tiendrait compte des éléments suivants :
- le niveau et la nature de linquiétude du public à propos du projet;
- le lien entre les sujets dinquiétude du public et les éventuels effets environnementaux importants ainsi le lien entre ces sujets dinquiétude et les matières relevant de la compétence fédérale;
- toute information scientifique ou technique ayant rapport au projet;
- la capacité probable dune commission dexamen éventuellement désignée de terminer ses travaux et de contribuer à résoudre les problèmes qui sont des sujets dinquiétude pour le public.
Le Comité aurait eu une plus grande confiance dans toute décision prise exclusivement par la Commission sur le sujet si cette dernière :
- avait tenu compte dès le début du niveau dinquiétude démontré par le public;
- avait mené elle-même la consultation auprès du public au lieu de déléguer cette responsabilité à OPG, promotrice du projet;
- sétait maintenue davantage à distance dOPG dans la détermination de la portée du projet;
- avait inclu dans lexamen des aspects pour lesquels les organisations ayant fait des observations sur la portée de lexamen avaient demandé une telle inclusion;
- avait mieux tenu le registre public à partir duquel le public aurait pu obtenir des informations;
- navait pas arbitrairement reporté les dates limites pour certaines organisations tout en refusant de le faire pour dautres.
Étant donné les circonstances, le Comité croit que le ministre de lEnvironnement aurait dû accorder une plus grande attention à cette affaire et examiné la possibilité dexercer le pouvoir que lui conférait la Loi canadienne sur lévaluation environnementale de la renvoyer à une commission dexamen en se fondant sur linquiétude manifeste du public.
Le Comité note que deux passages du guide fédéral sur la Loi canadienne sur lévaluation environnementale sont tout à fait pertinents à cet égard :
« Les autorités responsables ne devraient pas nécessairement sen remettre à des nombres pour juger de lampleur des inquiétudes du public. Même quelques lettres ou quelques appels peuvent exprimer ces inquiétudes, particulièrement sils proviennent de gens qui seront directement touchés par le projet. »
Puis :
« les solutions de rechange au projet sont des façons fonctionnellement différentes datteindre les mêmes fins. Par exemple, les solutions de rechange à une centrale nucléaire incluent limportation délectricité, la construction de centrales hydroélectriques, la conservation de lénergie et le recours à des sources dénergie renouvelables. Lexamen des solutions de rechange au projet est à la discrétion des autorités responsables sil sagit dun examen préalable, du Ministre en consultation avec les autorités responsables sil sagit dune étude approfondie, dune médiation ou dune commission dexamen. »
Pour éviter que les difficultés qui ont surgi dans lévaluation environnementale de la remise en service de Pickering A ne se reproduisent dans des situations similaires, le Comité fait la recommandation suivante :
Recommandation 10 :
Le Comité recommande que la CCSN canadienne de sûreté nucléaire veille à ce que le public ait confiance dans le processus fédéral dévaluation environnementale par les moyens suivants :
- mener elle-même le processus de consultation du public au lieu den déléguer la responsabilité à un promoteur de projet;
- fixer des dates limites plus réalistes et plus équitables pour la présentation dobservations de la part du public en tenant compte du volume des documents à analyser et des connaissances techniques requises pour le faire;
- déterminer la portée des évaluations indépendamment de lavis des promoteurs de ces projets;
- améliorer sa tenue du registre public quexige la Loi canadienne sur lévaluation environnementale;
- élaborer des lignes directrices pour que les parties intéressées aient accès à l'aide financière aux intervenants.
e Comité aimerait que les ministres concernés répondent le plus tôt possible aux recommandations contenues dans le présent rapport. Il estime que leur mise en uvre touchera plusieurs aspects importants de la sûreté des réacteurs nucléaires. Dans un an, il reverra la question et examinera ce qui a été fait pour mettre en uvre les recommandations. Face à limportance que revêt le nucléaire dans la production délectricité dans le monde et aux conséquences internationales que pourraient avoir des manquements en matière de sûreté, le Comité entend sinspirer de la présente étude pour approfondir éventuellement la question de la réglementation internationale de la sûreté des réacteurs nucléaires de puissance. Cette étude comportera des réunions avec des représentants de l'Agence internationale de l'énergie atomique à Vienne et de l'Agence de l'énergie nucléaire à Paris.
Recommandation 1 :
Le Comité recommande que la CCSN maintienne son indépendance par rapport aux services dutilité publique lorsquil est question de conformité à des ordonnances sur des questions cruciales de sûreté.
Recommandation 2 :
Le Comité recommande de documenter autant que possible les discussions de fond comme celles portant sur lamélioration du système de sûreté, de mettre à la disposition du public ces documents et de consulter celui-ci avant de prendre des décisions finales.
Recommandation 3 :
Le Comité recommande que la CCSN exige des vérifications et une surveillance poussées des améliorations apportées au système darrêt de Pickering A après son installation et rende publics tous les rapports sur le rendement du système observé à loccasion des vérifications et dans des conditions réelles dexploitation.
Recommandation 4 :
Le Comité recommande quavant le relancement dun réacteur la CCSN ordonne à OPG de recalculer les dangers sismiques en effectuant une évaluation approfondie des risques de séisme, y compris du risque lié aux conduites de sûreté, et dapporter les améliorations additionnelles sur le plan de la sûreté qui peuvent être précisées.
Recommandation 5 :
Le Comité recommande que la CCSN exige dOPG quelle fasse une évaluation probabiliste des risques qui soit globale et de troisième niveau pour Pickering A.
Recommandation 6 :
Le Comité recommande que la CCSN ou une autre autorité responsable prenne les mesures nécessaires pour accélérer ladoption des normes les plus récentes de la CIPR au Canada.
Recommandation 7 :
Le Comité recommande quau nom de la sécurité du public le le gouvernement de lOntario et gouvernement fédéral examinent la possibilité dapporter aux lois sur les droits de la personne des modifications qui permettraient de soumettre à des tests de dépistage de la consommation dalcool et de drogues les personnes qui travaillent dans des domaines où la sécurité du public est en jeu. En attendant, le Comité recommande que les représentants syndicaux et patronaux à OPG donne la priorité à la création dun programme de dépistage de la consommation dalcool et de drogues qui ne contrevienne pas aux lois en vigueur.
Recommandation 8 :
Le Comité recommande que le gouvernement procède immédiatement à la modification de la Loi sur la responsabilité nucléaire et qu'il maintienne et augmente la protection garantie par l'assurance que doit détenir l'exploitant, du montant actuel de 75 millions de dollars au montant recommandé dans les Conventions de Paris et Vienne et se situant "à plus de 600 millions de dollars".
Recommandation 9 :
Le Comité recommande que le Règlement sur la liste détude approfondie adopté en vertu de la Loi canadienne sur lévaluation environnementale soit modifié de façon à inclure dans la liste la remise en service dun réacteur de centrale nucléaire après un arrêt prolongé ou dimportantes modifications au réacteur ou à la centrale.
Recommandation 10 :
Le Comité recommande que la Commission canadienne de sûreté nucléaire veille à ce que le public ait confiance dans le processus fédéral dévaluation environnementale par les moyens suivants :
- mener elle-même le processus de consultation du public au lieu den déléguer la responsabilité à un promoteur de projet;
- fixer des dates limites plus réalistes et plus équitables pour la présentation dobservations de la part du public en tenant compte du volume des documents à analyser et des connaissances techniques requises pour le faire;
- déterminer la portée des évaluations indépendamment de lavis des promoteurs de ces projets;
- améliorer sa tenue du registre public quexige la Loi canadienne sur lévaluation environnementale;
- élaborer des lignes directrices pour que les parties intéressées aient accès à l'aide financière aux intervenants.