La santé des Canadiens Le rôle du gouvernement fédéral
Rapport intérimaire
Volume deux - Tendances actuelles et défis futurs
CHAPITRE SEPT
Recherche
en santé
La recherche en santé vise les connaissances nouvelles sur la santé et
sur les soins. Elle peut déboucher sur le développement de pharmacothérapies,
de traitements, d’équipements et de dispositifs médicaux nouveaux ou améliorés;
elle renseigne sur des façons nouvelles d’organiser et d’offrir les soins.
La recherche en santé permet de mieux comprendre l’interaction complexe des
facteurs qui déterminent notre santé et notre sensibilité à la maladie.
Avec la création
des Instituts canadiens de recherche en santé (ICRS), le gouvernement fédéral
a étendu sa définition de la recherche en santé. Elle déborde la recherche
fondamentale et appliquée (surtout biomédicale et clinique) pour couvrir des
disciplines et des éléments très divers. Cette évolution s’inscrit dans
un mouvement général vers une approche de la santé de la population qui préconise
que la santé va au‑delà des soins médicaux. Elle répond à un besoin
croissant d’information basée sur des faits, en vue d’une réforme et
d’un renouvellement efficaces des soins. Le tableau 7.1 résume les
quatre volets de la recherche financée par les ICRS.
TABLEAU 7.1
ICRS ¾ LES QUATRE VOLETS DE LA RECHERCHE EN SANTÉ
|
Recherche
biomédicale |
Vise
les organismes vivants, les organes et les systèmes physiologique.s |
|
Recherche
clinique |
Fait
appel à l’observation directe des patients bénéficiant de soins médicaux. |
|
Recherche
sur les services en santé |
Porte
sur la prestation, l’administration, l’organisation et le
financement des soins. |
|
Recherche
sur la santé de la population |
S’attache
aux grands facteurs qui influencent l’état de santé (conditions
socio-économiques, sexe, culture, éducation, etc.) |
La
recherche joue un rôle essentiel dans le domaine de la santé et des soins.
Le Comité a tenu des séries d’audiences sur ce sujet. Les témoins ont
parlé : 1) du rôle du gouvernement fédéral dans la recherche en
santé; 2) de la recherche génétique et génomique en pleine expansion
et de leurs implications pour la santé et les soins; 3) des retombées
et des défis de la recherche en santé.
7.1
Rôle du gouvernement fédéral dans la recherche en santé
Le
gouvernement fédéral joue un grand rôle d’appui à l’égard de la
recherche en santé effectuée dans les universités, les hôpitaux
d’enseignement et les instituts de recherche (recherche extra‑muros)
ainsi que dans ses propres laboratoires (recherche interne). Selon Kimberley
Elmslie, directrice exécutive adjointe du Secrétariat de la recherche en
santé à Santé Canada, le rôle du gouvernement fédéral dans la recherche
en santé et sur les soins est multiforme et comprend :
·
L’établissement
des priorités de la recherche;
·
L’exécution
de la recherche dans les domaines qui tombent sous sa responsabilité directe
(protection de la santé, gestion des risques, santé des Autochtones, etc.);
·
Le
financement de la recherche extra-muros et de la recherche connexe en sciences
et en génie;
·
Le soutien à
la formation et au perfectionnement des chercheurs (par l’intermédiaire du
Programme des chaires de recherche du Canada, les IRSC et d’autres
organismes subventionnaires);
·
Le
financement des infrastructures de recherche (par l’entremise de la
Fondation canadienne pour l’innovation);
·
Le soutien à
la gestion des systèmes et de l’information (ICIS et Statistique Canada);
·
Le
financement des Réseaux de centres d’excellence (Industrie Canada et Santé
Canada).[1]
Seule une
part relativement faible de la recherche en santé est effectuée dans les
installations fédérales (moins de 20 %). Ces installations se trouvent
à Santé Canada, à Statistique Canada, au Conseil national de recherches, au
ministère du Développement des ressources humaines et à Environnement
Canada (en partenariat avec Santé Canada). La plus grande partie de la
recherche financée par le gouvernement fédéral se déroule extra—muros,
c’est‑à‑dire dans les universités et les hôpitaux (72 %),
dans les organismes privés sans but lucratif (6 %) et dans
l’entreprise privée (1 %)[2].
Le
principal organisme fédéral subventionnaire pour la recherche en santé est
l’ICRS (voir tableau 7.2). C’est le seul organisme fédéral dont le
budget est entièrement consacré à la recherche en santé. Sa création en
1998 est issue de la fusion du Conseil de recherches médicales du Canada et
du Programme national de recherche et de développement en matière de santé
(PNRDS), principal instrument subventionnaire de Santé Canada pour la
recherche extra‑muros. Santé Canada participe également à de
multiples recherches à l’interne ainsi qu’à la recherche extra‑muros
dans le domaine de la santé. Cependant, d’autres organismes de recherche
financés par le gouvernement fédéral et d’autres partenaires travaillent
exclusivement dans le domaine de la santé. Il s’agit de la Fondation
canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS), de l’Institut
canadien d’information sur la santé (ICIS) et de l’Office canadien de
coordination de l’évaluation des technologies de la santé (OCCETS).
Il existe
plusieurs sources secondaires de financement fédéral pour la recherche en
santé. Le gouvernement fédéral est doté de plusieurs conseils, organismes
et programmes de recherche où une part seulement du budget va à la recherche
en santé. Il s’agit du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie,
du Conseil de recherche en sciences humaines, de la Fondation canadienne pour
l’innovation, des Chaires de recherche du Canada et du Réseau des centres
d’excellence (7 des 18 réseaux financés actuellement font de la
recherche en santé : arthrite, maladies bactériennes, vaccins et agents
immunothérapeutiques pour le cancer et les maladies virales, accidents
cardiovasculaires, application des preuves en santé, maladies génétiques et
génie protéinique).
TABLEAU 7.2
Principales sources de fonds fédéraux pour
la recherche en santé en 2000
|
Source |
Date
d’établissement |
Subvention
fédérale en 2000 ou à peu près |
|
Instituts
de recherche en santé du Canada |
2000 |
402
M$ par an |
|
Fonds
pour l’adaptation des services de santé (Santé Canada) |
1997 |
150
M$ sur 3 ans |
|
Fonds
pour la santé de la population (Santé Canada) |
1999 |
14
M$ par an |
|
Programme
de partenariat pour l’infostructure canadienne de la santé (Santé
Canada) |
2000 |
80
M$ sur 2 ans |
|
Centres
d’excellence pour la santé des enfants (Santé Canada) |
2000 |
20
M$ sur 5 ans |
|
Centres
d’excellence pour la santé des femmes (Santé Canada) |
1996 |
12
M$ sur 6 ans |
|
Fondation
canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) |
1996 |
65
M$ sur 5 ans |
|
Fonds
pour la recherche en sciences infirmières (FCRSS) |
2000 |
2,5
M$ par an (sur 10 ans) |
|
Institut
canadien d’information sur la santé (ICIS) |
1994 |
328
M$ sur 3 ou 4 ans (1999‑2003) |
|
Initiative
sur la santé de la population canadienne (ICIS) |
1999 |
20
M$ sur 4 ans (1999‑2003) |
|
Office
canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la
santé |
1989 |
3,7
M$ (2000), 4,34 M$ par an (2001‑2004) |
Source :
Sonya Norris, Nancy Miller-Chenier et Odette Madore, Financement
fédéral de la recherche en santé,
Capsules d’information pour les parlementaires, 56F, Bibliothèque du
Parlement, 11 décembre 2000.
Dans
l’ensemble, le gouvernement fédéral joue un rôle important dans le
financement de la recherche en santé au Canada. Le graphique 7.1 indique
qu’en 1998, près de 350 millions de dollars fonds fédéraux y ont été
affectés. C’était avant la création des ICRS. Cependant, la proportion
des fonds de recherche provenant du gouvernement fédéral a diminué
graduellement d’un sommet de 28 % en 1992 à 16 % en 1998. Depuis
1994, l’industrie pharmaceutique est la première source de fonds pour la
recherche en santé. Le gouvernement fédéral estime que sa position
subventionnaire s’améliorera grandement grâce à la mise sur pied des ICRS
et à d’autres investissements annoncés dans le budget de février 2000
et dans l’énoncé économique et la mise à jour budgétaire d’octobre 2000.
Le gouvernement fédéral a également accordé une subvention additionnelle
de 140 millions de dollars en février 2001 à Génome Canada, ce
qui porte son budget total à 300 millions de dollars.
L’ensemble
du milieu de la recherche médicale a accueilli avec satisfaction cette
infusion de fonds fédéraux. Ainsi, le Dr Barry D. McLennan,
président de la Coalition pour la recherche biomédicale et en santé (CRBS),
a affirmé ce qui suit :
Le gouvernement fédéral a
fait sa part au cours des dernières années. Il a créé un nouvel organisme
de financement moderne de la recherche en santé, lancé un vaste éventail de
nouveaux programmes de financement à l’intention des chercheurs en santé,
annoncé l’octroi de subventions pour les infrastructures pour faire en
sorte que les établissements de recherche favorisent l’innovation, et élaboré
des politiques de nature à attirer au Canada une recherche et des chercheurs
de calibre mondial. Toutes ces initiatives sont dignes d’éloges parce
qu’elles témoignent d’une grande prévoyance et parce qu’elles ont donné
un puissant élan à la recherche en santé au Canada[3].
On a expliqué au Comité que, même si l’augmentation des fonds fédéraux
représente un soutien important pour la recherche, il ne place pas pour
autant le Canada en position favorable dans le monde. En 1997, le Canada ne
consacrait que 1 % de ses dépenses totales en santé à la recherche médicale
et figurait au sixième rang derrière la Grande-Bretagne (6,5 %), la
France (3,7 %) le Japon (2,4 %) les États‑Unis (1,7 %)
et l’Australie (1,4 %). Cette année‑là, le Canada occupait le
cinquième rang parmi huit pays de l’OCDE pour les dépenses globales en
recherche en santé, exprimées en PPA par habitant[4].
En outre, la contribution du gouvernement central au financement de cette
recherche, exprimée en PPA par habitant, était beaucoup plus forte aux États‑Unis,
en Grande-Bretagne, en France et en Australie qu’au Canada. Ainsi, le
gouvernement américain consacre quatre fois plus d’argent à la recherche
en santé, par habitant, que le gouvernement canadien avant la création des
IRSC.
Les témoins ont recommandé à l’unanimité que la contribution fédérale
aux dépenses totales de recherche en santé passe de 0,5 % (niveau
actuel) à 1 % des dépenses totales au titre des soins de santé. À
leur avis, ce doublement rendrait la contribution fédérale plus conforme
à celle des gouvernements centraux d’autres pays. Selon le Dr Allan
Bernstein, président des IRSC, cet investissement de la part du gouvernement
fédéral est essentiel si l’on veut conserver au secteur de la recherche
sont caractère dynamique, novateur et d’avant-garde :
Les
soins de santé représentent la plus importante industrie du savoir au
Canada. Si j’étais PDG de Santé Canada inc. et que je vous disais que
nous allons doubler nos dépenses de façon à consacrer 1 % de notre
budget total à la recherche, vous me congédieriez sur-le-champ, du moins si
vous faisiez partie du conseil d’administration. Vous me diriez qu’une
proportion de 1 % est ridicule pour l’industrie du savoir. Malgré les
problèmes qu’elle éprouve, la société Nortel et toutes les entreprises
de haute technologie du pays consacrent 20 à 40 % de leurs revenus à la
recherche. Quel autre moyen y a‑t‑il de demeurer à la fine pointe
de la technologie?[5]
7.2
Génétique et génomique
Des témoins
nous ont dit que la recherche en santé, au Canada et dans le monde, vit
actuellement une révolution scientifique, alimentée par les progrès actuels
en génétique et en génomique (voir tableau 7.3 pour certaines définitions).
De l’avis
des témoins, la révolution de la recherche médicale peut être un moteur
puissant de changement dans le système de soins de santé canadien :
·
Ainsi, la
recherche génétique offre de nouveaux moyens pour prévoir, des dizaines
d’années d’avance, qui est vulnérable à une maladie donnée. Cette prévision
est rendue possible par l’identification des gènes qui causent certaines
maladies ou prédisposent un individu à l’avoir. Le Dr Bernstein
a dit au Comité que nous avions déjà les moyens de prévoir entre 5 et 10 %
de tous les cancers du sein et du colon, des cas de maladie d’Alzheimer et
d’autres maladies moins courantes. Grâce au diagnostic précoce, qui
conduit souvent à de meilleurs résultats à moindre coût, les experts de la
recherche médicale prévoient que d’ici 10 à 20 ans, on verra s’opérer
un virage dans la prestation des soins de santé, du traitement des maladies
à la prévention.
TABLEAU 7.3
LEXIQUE GÉNÉTIQUE DE BASE
|
Cellules humaines |
Tous
les organismes vivants sont composés d’une ou de plusieurs
cellules. Ce sont les unités à partir desquelles sont constitués
les tissus du corps. Le corps humain compte quelque 100 billions
de cellules. |
|
ADN |
Abréviation
d’acide désoxyribonucléique, bloc chimique constitutif des gènes. |
|
Chromosome |
Unité
discrète du génome qui porte de nombreux gènes et se compose de
protéines et d’une très longue molécule d’ADN enroulée en hélice.
Les cellules humaines (à l’exception des cellules reproductrices et
des globules rouges) portent 23 paires de chromosomes, un
chromosome de chaque paire provenant de chaque parent génétique. |
|
Gène |
Unité
du matériel héréditaire, fondement physique de la transmission des
caractères des organismes vivants d’une génération à l’autre.
Les gènes sont composés d’ADN et occupent une place précise sur
le chromosome. |
|
Génome |
L’ensemble
du matériel héréditaire ou génétique contenu dans une cellule,
incluant à la fois l’ADN nucléaire et l’ADN mitochondrial. Le
Projet du génome humain est l’ensemble des activités de R‑D
qui visent la cartographie et le séquençage de la totalité du génome
humain. |
|
Cellule souche |
Cellule
primitive indifférenciée apte à devenir n’importe quel type de
cellule. Elle a été identifiée chez les embryons, les fœtus, les
enfants et les adultes, mais les cellules souches embryonnaires
seraient celles qui ont le plus grand potentiel de différenciation,
en n’importe quel type de cellule ou de tissu. |
|
Génétique |
La génétique
est l’étude des traits (gènes) qui sont transmis des parents aux
enfants et de la variation de ces traits chez les individus. |
|
Génomique |
Étude
des gènes et de leur rôle dans la structure de l’organisme, sa
croissance, sa santé et ses maladies. La génomique est distincte de
la génétique parce qu’elle reconnaît que la manifestation d’une
maladie dépend rarement uniquement de la présence d’un seul gène.
Plus souvent, la maladie fait intervenir plusieurs gènes, est parfois
aggravée par l’absence d’un autre, et influencée par des
facteurs environnementaux apparemment aléatoires qui sont difficiles
à définir. |
|
Biotechnologie |
Technologie
de la manipulation des organismes vivants afin d’obtenir des
produits pour l’usage de l’homme. Dans le domaine de la santé et
des soins, la biotechnologie sert à la surveillance des maladies, au
diagnostic, au traitement et à la prévention. Elle permet
d’identifier les agents pathogènes là où les moyens classiques ne
le peuvent pas, permet de mieux suivre ces agents, facilite un dépistage
plus précoce de la maladie et fournit des produits et des procédés
thérapeutiques. La biotechnologie est également utilisée comme
source de produits dans le secteur de la santé, et comme technologie
dans les sciences médicales. |
Source : Bibliothèque du Parlement. Adapté du National Human Genome Research Institute, National Institute of Health (U.S.), Genetics – The Future of Medicine (www.nhgri.nih.gov); Industrie Canada, La biotechnologie internationale (http://strategis.ic.gc.ca/SSG/bo01376e.html), et Kimball R. Nill, Glossary of Biotechnology Terms, (http://biotechterms.org).
·
La découverte des mécanismes moléculaires qui président à la plupart
des maladies développera nos connaissances en pathologie. Cela changera la façon
de diagnostiquer et de traiter les maladies, ainsi que la conception des médicaments.
Une génération nouvelle de médicaments, sans doute plus efficaces et présentant
moins d’effets secondaires mais plus coûteux, sera conçue en fonction de
la pathologie moléculaire. Ces changements auront beaucoup d’impact sur le
système de soins de santé au Canada.
·
La recherche
génétique fera passer la médecine d’une approche générale à une
approche personnalisée. À l’heure actuelle, les pratiques cliniques et les
formulaires pharmaceutiques provinciaux postulent que la maladie est uniforme.
Grâce aux progrès de la recherche, les soins pourront être adaptés au cas
particulier du malade.
·
Les travaux
concernant les cellules souches sont un autre exemple de l’impact potentiel
de la recherche sur la santé et sur les soins. À l’heure actuelle, le
milieu est plein d’espoir face aux possibilités des cellules souches, en
particulier les cellules embryonnaires. On prévoit que ces travaux déboucheront
sur des traitements de maladies graves comme celle de Parkinson et
d’Alzheimer. On estime également que la technologie permettra de produire
n’importe quel tissu ou organe à partir de ces cellules, à des fins de
transplantation. La recherche récente a permis de reprogrammer des cellules
souches indifférenciées pour qu’elles produisent de l’insuline, fonction
assurée seulement par les cellules des îlots du pancréas. Si ce traitement
devait faire ses preuves contre le diabète, il s’agirait d’une cure qui
permettrait d’améliorer quantité de vies et d’économiser beaucoup en
frais de traitement de la maladie primaire et de ses complications secondaires.
Le gouvernement fédéral a dévoilé, dans ses projets sur la procréation
assistée, un document législatif qui autoriserait la recherche sur
l’embryon, notamment sur les cellules souches. Ces propositions, qui
comprennent la réglementation de cette recherche, font présentement
l’objet d’un examen de la part du Comité permanent de la santé de la
Chambre des communes.
Les découvertes
génétiques et génomiques soulèvent des questions d’ordre éthique,
juridique et social. Comme le précise clairement le Dr Bernstein :
La
possibilité de prévoir la maladie, des dizaines d’années d’avance, a
des implications profondes quant à la façon dont nous percevons notre vie et
prenons des décisions à son égard. Comment cette nouvelle information génétique
influera‑t‑elle sur la décision d’avoir ou non des enfants, et
sur ce que nous devrions leur dire? Que devraient-ils nous dire? Les
employeurs et les agents d’assurance ont‑ils le droit d’accéder à
notre information génétique?[6]
Dans la même
veine, Mme Elmslie fait remarquer ce qui suit :
Nous
assistons à des progrès récents dans le domaine des sciences et de la
technologie, et ces progrès suscitent l’enthousiasme. Cependant, nous ne
pouvons pas perdre de vue les enjeux sociaux et éthiques qu’ils soulèvent
pour nous, à titre de société et de population. À titre d’exemple, la
recherche qui nous fait avancer sur la voie de la génétique et de la génomique
doit s’accompagner d’un vigoureux programme de recherche sur les aspects
éthiques et sociaux de même que sur les répercussions de la recherche en
question. L’objet d’un tel programme n’est pas d’empêcher la
population de bénéficier des avantages de la recherche. Il consiste plutôt
à déterminer les impacts de la recherche sur les valeurs chères à la société
et les mécanismes que nous devons metre en place pour que les Canadiens
soient en mesure de comprendre les options qui s’offrent à eux et
d’effectuer des choix éclairés[7].
Pour ce qui
est des cellules souches, la Coalition pour la recherche biomédicale et en
santé souligne dans son mémoire la nécessité de protéger les droits
humains fondamentaux et met en garde contre les torts causés à long terme à
la vie et à l’environnement. La Coalition propose un organe national de
surveillance relevant des IRSC pour assurer l’examen éthique de toute
recherche financée par l’État ou par le secteur privé qui fait appel à
l’embryon humain ou au tissu fœtal, notamment la recherche sur les cellules
souches embryonnaires. Un examen éthique complet devrait inclure celui du
comité de déontologie local et de l’organe national de surveillance.
7.3
Retombées et défis de la recherche en santé
Les retombées
de la recherche en santé sont importantes. La recherche en santé conduit à
l’amélioration de la pharmacothérapie, du diagnostic et de la prévention,
et à un traitement plus ciblé. Elle favorise la création d’emplois dans
le domaine du savoir et contribue à endiguer l’exode des cerveaux. Le Comité
s’est fait dire que la recherche en santé améliore la santé des Canadiens
et leur bien‑être économique :
La
recherche en santé procure à la société des retombées énormes sur les
plans économique, social et des soins de santé. Les emplois créés par ces
investissements sont des emplois de grande qualité, bien rémunérés et qui
font appel à la matière grise et procurent au Canada une reconnaissance
mondiale. Ces investissements favorisent par ailleurs le renouvellement des établissements
universitaires partout au pays. Ils aident à former de nouveaux
professionnels aux plus récentes techniques et technologies et apportent un
soutien important au système de soins de santé canadien. Enfin et surtout,
les résultats de ces activités entraînent directement une amélioration du
traitement des patients, contribuant ainsi à une population en meilleure santé
et plus productive.[8]
Le Dr Pat
Armstrong, du Centre d’excellence pour la santé des femmes, a affirmé
devant le Comité que la recherche en santé est importante pour la découverte
de nouveaux traitements et pharmacothérapies, et qu’elle est essentielle
pour façonner l’avenir du système de soins de santé au Canada et
l’impact des changements sur les femmes, les hommes et les enfants dans leur
contexte physique, économique, social et culturel particulier partout au
pays. À son avis, il faudrait tenir compte des différences culturelles,
sociales et physiques entre les sexes dans la recherche. À défaut de cela,
elle sera partiale et au mieux très incomplète :
Ainsi,
il est de plus en plus clair que certaines interventions médicales dans les
événements naturels de la vie des femmes, comme la grossesse,
l’accouchement et la ménopause, sont coûteuses et inutiles. D’autres
sujets importants, comme l’étendue et l’impact de la violence et du
stress sur la santé des femmes, ont été minimisés ou mis de côté.
Les
femmes sont souvent sous-représentées dans les essais cliniques des
traitements et des médicaments nouveaux. Cela est vrai même quand le produit
ou la thérapie à l’étude est destiné à traiter des états comme la
maladie cardiaque, première source de décès chez les Canadiennes. Les
nouvelles thérapies sont souvent approuvées sans qu’on ait bien compris
l’effet différent qu’elles ont sur les femmes et sur les hommes[9]..
Mme Elmslie
a dit au Comité que : « La recherche est un outil important, mais
l’outil ne vaut guère plus que l’utilisation qu’on en fait. Sans
investir dans le transfert de connaissances (…), nous risquons de rater
l’occasion qui nous est donnée de produire des résultats positifs sur la
santé de la population[10] ».
Les résultats de la recherche en santé doivent être mis à la disposition
des décideurs, des soignants et du public.
Le Dr
Bernstein a dit au Comité que les IRSC réaliseront un projet polyvalent de vulgarisation du savoir. Il a expliqué
qu’un site Web appelé Research Net sera mis à la disposition de tous les
Canadiens, qu’ils soient chercheurs, soignants, malades ou autres. Le site
contiendra de l’information pour tout le monde : élèves de sixième
année effectuant une recherche en médecine; médecins qui veulent connaître
les dernières nouveautés; chercheurs qui veulent savoir comment présenter
une demande de fonds; décideurs de tous les coins du pays qui veulent se
renseigner sur les dernières décisions fondées sur des faits
pour faire leur travail. Le site devrait être prêt à la fin de 2002.
La
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) se
consacre au transfert du savoir. Cet organisme à but non lucratif, créé grâce
à des fonds fédéraux, a pour mission de parrainer et de promouvoir la
recherche appliquée sur le système de soins de santé afin d’améliorer sa
qualité et sa pertinence, et de faciliter aux décideurs et aux gestionnaires
les décisions fondées sur des faits. L’ICIS est une autre entité qui
fournit des données à l’appui des décisions.
Pour ce qui
est du manque d’information destinée au grand public, Murray J. Elston,
président de Rx&D, a affirmé devant le Comité ce qui suit :
La
question de la sensibilité et de l’éducation du public est également très
importante. Voilà un domaine dont le public connaît bien l’existence, mais
dans lequel il n’est pas nécessairement bien informé. Aujourd’hui, les
inquiétudes entourant la recherche génétique en médecine, le clonage
animal, la recherche sur l’embryon et les aliments génétiquement modifiés
se mélangent dans la conscience du public. Il est essentiel que la compréhension
du public s’accroisse, afin que le rôle de la génétique en recherche médicale
soit dissocié du sensationnalisme des manchettes de journaux[11].
Un autre
obstacle important dans le domaine de la recherche en santé, c’est la
capacité limitée de formation. Le Comité s’est fait dire que les centres
universitaires sont actuellement sous-financés et incapables de contribuer au
succès du Canada pour ce qui est du développement d’un secteur de
recherche en santé concurrentiel dans le monde. Ainsi, certaines facultés de
médecine et certains centres universitaires de santé des provinces de
l’Atlantique et des Prairies manquent de capacités pour maintenir et
alimenter leur croissance. Le Dr McLennan a dit au Comité :
Étant
donné le nombre insuffisant de professeurs cliniciens bien formés et doués
dans bon nombre de spécialités partout au pays, les provinces aux coffres
bien garnis peuvent offrir des salaires et des ressources alléchants à ces
professeurs, les incitant ainsi à quitter les centres sous-financés. Les
provinces moins riches se trouvent alors devant un double problème :
l’incapacité de recruter des professeurs pour remplacer ceux qui sont
partis et l’accroissement du stress et de la charge de travail pour ceux qui
restent. Cette situation a pour effet de réduire le temps consacré à
l’enseignement et à la recherche, ce qui finit par amener les professeurs
qui restaient à chercher de meilleurs débouchés auprès de centres mieux
financés. Cette concurrence interne pour les candidats talentueux est
nuisible. Il s’agit d’un problème urgent sur lequel le gouvernement fédéral
doit se pencher sans tarder.[12]
7.4
Commentaires du Comité
Le Comité
reconnaît que le gouvernement fédéral a, ces dernières années, contribué
à renforcer et à mieux intégrer l’infrastructure de recherche en santé.
En particulier, la création des IRSC en avril 2000, modèle unique dans
le monde, est un élément indispensable pour que le Canada soit à la fine
pointe de l’économie du savoir.
Le Comité
convient également avec les témoins que le Canada a besoin d’un secteur de
la recherche en santé qui soit vigoureux, intégré et productif. Cependant,
les données de l’OCDE indiquent clairement que notre pays se compare défavorablement
à ses grands concurrents en termes de financement public de cette recherche.
Le rôle du gouvernement central, en financement de la recherche en santé,
est beaucoup plus considérable dans de nombreux pays qu’au Canada. Il est
impérieux que le gouvernement fédéral corrige ce problème.
La
recherche et l’innovation en santé seront de puissants moteurs de
changement dans le système de soins de santé du Canada au cours des
prochaines années. Les connaissances issues de la recherche se traduisent
directement en améliorations du diagnostic, du traitement, de la guérison et
de la prévention de nombreuses maladies. Les investissements stratégiques fédéraux ‑
FCI, FCRSS, IRSC, Génome Canada, Chaires de recherche du Canada ‑
ont aujourd’hui de grandes retombées pour notre système de santé de
demain.
Nous
convenons également que les progrès rapides de la génétique et de la génomique
révolutionneront la prestation des soins. Cela souligne la nécessité de la
recherche multidisciplinaire qui examinera les coûts et les avantages pour la
société, les considérations déontologiques et l’impact secondaire
potentiel des progrès dans ces deux disciplines.
Le Comité
est également d’accord avec les témoins au sujet du transfert du savoir généré
par la recherche. La diffusion des résultats de la recherche en santé
devrait atteindre tout le monde : fonctionnaires, décideurs, soignants
et grand public. À notre avis, cela permettra d’améliorer considérablement
les décisions fondées sur des faits en matière de santé et de soins de
santé, et ce, pour le plus grand bien de tous les Canadiens.
CHAPITRE HUIT
Informatiosn
sur la santé :
une infostructure canadienne de la santé
La santé et les soins de santé sont, et ont toujours été, deux
domaines liés de près à l’information. Un fournisseur de soins de santé
qui dispose de la bonne information peut fournir le bon traitement, prescrire
le meilleur médicament ou recommander la meilleure conduite préventive. Le
particulier qui dispose de la bonne information est mieux en mesure de prendre
les bonnes décisions concernant sa santé et son mode de vie. Les
responsables et les gestionnaires des programmes de santé qui disposent de la
bonne information peuvent utiliser les ressources financières, matérielles
et humaines de la manière la plus efficace et la plus économique.
Obtenir la
bonne information n’est toutefois pas chose facile. Ainsi, le Comité a
appris qu’il faudrait que les médecins lisent 19 articles
scientifiques par jour, 365 jours par année, pour simplement se tenir au
courant des progrès réalisés en médecine[13].
Il est évidemment presque impossible de se tenir au fait d’une telle somme
d’information. Par ailleurs, les particuliers et les malades sont confrontés
à une abondance d’information sur la santé : le public aurait accès
à 40 000 sites Web sur la santé[14].
Il leur est donc très difficile de distinguer entre bonne et mauvaise
information.
Pourtant, malgré la somme d’information disponible, il nous reste
beaucoup à apprendre sur la santé et les soins de santé. Selon des témoins,
cela tient essentiellement au manque d’intégration du système canadien de
santé : médecins et fournisseurs de soins de santé, hôpitaux,
laboratoires et pharmacies, tous fonctionnent isolément, disposant de liens
limités pour échanger de l’information sur les malades. Même si chacun
possède beaucoup de renseignements actuels, pertinents et utiles sur la santé
des particuliers, cette information n’est pas normalisée, elle est conservée
selon des méthodes disparates et il est donc difficile de la partager. Ce
manque d’intégration empêche l’établissement d’un lien direct entre
les intrants que nous utilisons dans le système de soins de santé et les
extrants ou résultats. Cela constitue un obstacle majeur pour les
gestionnaires et les responsables des programmes de santé quand il s’agit
de prendre des décisions basées sur les résultats.
Le Comité
a appris qu’on pourrait améliorer grandement la disponibilité,
l’accessibilité et le partage de la « bonne information » sur
la santé et les soins de santé si on faisait intervenir la technologie de
l’information et des communications (TIC). Selon bien des témoins, le
secteur de la santé est nettement en retard sur les autres secteurs axés sur
l’information ¾
tels les banques, les compagnies d’assurance et les transporteurs aériens ¾
pour ce qui est d’investir dans la TIC afin de recueillir, de gérer et
d’analyser des données. Le Dr John S. Millar, vice‑président
de la Recherche et de l’analyse à l’Institut canadien d’information sur
la santé, a qualifié le système canadien de soins de santé d’« industrie
artisanale » :
Les hôpitaux,
les organismes et les professionnels de la santé sont habitués depuis
longtemps à fonctionner (…) comme une « industrie artisanale »,
en s’occupant d’eux-mêmes et de leurs propres normes de qualité, mais
sans vouloir en parler publiquement. Il faut insister davantage pour que ce
secteur rende des comptes et informe les consommateurs qui (…) sont très
mal renseignés dans l’ensemble.[15]
Dans la même
veine, David Cowperthwaite, directeur des Systèmes d’information au ministère
de la Santé et du Mieux-Être du Nouveau-Brunswick, a déclaré ceci :
Quels
que soient les critères, et qu’il s’agisse du secteur privé ou du
secteur public, nous sommes loin d’un niveau d’investissement suffisant
dans l’infrostructure des services de santé. Nous ne respectons pas les
normes de saine gestion du gouvernement, par comparaison avec d’autres
programmes, et nous sommes certes loin des normes du privé en ce qui touche
les secteurs à forte densité d’information.[16]
8.1
Notions et définitions
L’utilisation
de la TIC dans le domaine des soins de santé est souvent appelée « télésanté ».
L’objet de la télésanté est double : partager l’information sur la
santé entre les divers fournisseurs et établissements de soins de santé, et
fournir des services de santé sur de courtes et grandes distances. Les
applications de la télésanté peuvent améliorer la qualité des soins et la
gestion du système de santé.
Le Dr
Robert Filler, président de la Société canadienne de télésanté (SCT), a
dit au Comité qu’il y a cinq composantes de base en télésanté : le
dossier de santé électronique (DSE), les réseaux d’information sur la
santé, la télémédecine, les télésoins à domicile, l’éducation et la
formation permanente à distance. Chacune de ces composantes est décrite brièvement
au tableau 8.1.
Les
applications de la télésanté qui sont envisagées au Canada aux fins du
partage de la bonne information et de l’intégration des services de santé
se composent d’un système de DSE et d’un système Internet
d’information sur la santé :
·
Les DSE
reposent sur le dossier électronique du patient (DEP), qui contient les résultats
d’une série de rencontres entre un particulier et un fournisseur de soins
de santé. Le DSE réunit tous les dossiers électroniques de cette personne
et renferme des données provenant de toutes les sources : fournisseurs
de soins de santé (médecins, hôpitaux, services communautaires et à
domicile, etc.), et systèmes d’approvisionnement et de soutien (pharmacies,
laboratoires, etc.). Tout fournisseur de soins de santé, où qu’il se
trouve, peut consulter au besoin le système de DSE, qui consiste à relier
des bases de données interopérables qui satisfont aux normes régissant les
données et les exigences techniques.
TABLEAU 8.1
|
APPLICATIONS
DE LA TÉLÉSANTÉ |
|
|
Dossier
de santé électronique (DSE) |
Le
système de DSE est un réseau informatique tenu par les fournisseurs
de soins et contient les dossiers de santé complets des patients :
visites chez le médecin, séjours à l’hôpital, médicaments
d’ordonnance, essais de laboratoire, etc. |
|
Réseaux
d’information sur la santé |
Ces
réseaux renvoient à de l’information en santé sur Internet qui
permet à chacun de faire des choix éclairés concernant sa santé et
son bien-être, son système de soins de santé et les politiques en
matière de soins de santé. |
|
Télémédecine |
La télémédecine
fait intervenir du matériel de vidéoconférence pour offrir des
services de santé à distance. Les vidéoconférences sont diffusées
sur une bande relativement large, en direct et en mode interactif. Une
large bande permet de transmettre simultanément des émissions de télévision,
des communications parlées, des données et bien d’autres services. |
|
Télésoins
à domicile |
Par
télésoins à domicile on entend l’utilisation de la TIC par un établissement
de soins de santé pour fournir et gérer des soins de santé au
domicile d’un malade. Les services comprennent des centres téléphoniques
de triage et le télémonitorage. |
|
Éducation
et formation permanentes à distance |
On
utilise aussi du matériel de vidéoconférence pour offrir des
services d’éducation et de formation permanentes. Ces services
s’adressent particulièrement aux fournisseurs de soins de santé
des régions éloignées. |
Source :
Glossaire, site Web du BSI (http://www.hc-sc.gc.ca/ohih-bsi/menu_f.html)
et Bibliothèque du Parlement.
·
Un réseau
d’information en santé sur Internet est un réseau qui permet à chacun de
faire des choix éclairés concernant sa santé et son bien‑être, ses
soins de santé et les politiques en matière de santé. L’information en
santé à l’intention du grand public pourrait comprendre, par exemple :
(1) de l’information générale sur la santé (promotion de la santé
et prévention de la maladie); (2) de l’information sur les possibilités
de traitement et les médicaments, et sur la gestion des maladies
(hypertension artérielle, diabète, obésité, etc.); (3) de
l’information sur les questions de santé publique (qualité de l’air, de
l’eau, des aliments, etc.); (4) de l’information sur les effets des déterminants
de la santé; (5) de l’information sur les politiques en matière de
santé et de soins de santé des gouvernements fédéral, provinciaux,
territoriaux et étrangers; (6) des données sur l’incidence des
politiques publiques sur la santé; (7) des données comptables (telles
des fiches de rendement sur les services de santé et les fournisseurs).
Les
applications de la télésanté permettent non seulement d’améliorer le
partage de la bonne information, mais aussi d’offrir des soins sur des
distances courtes et longues. Ainsi, au Canada, la « télémédecine »
est utilisée en téléconsultation, téléradiologie, télépsychiatrie, télépathologie,
télédermatologie et télécardiologie. De même, les télésoins à domicile
permettent aux gens d’obtenir des renseignements médicaux 24 heures
sur 24 en téléphonant à une infirmière dans un centre d’appels pour
savoir si leur état exige une attention médicale immédiate.
Le Dr Feller
a indiqué au Comité que les cinq grands secteurs d’application de la télésanté
sont des domaines en soi, mais qu’ils doivent interagir pour créer un système
technologique homogène qui permettra de fournir la bonne information au bon
moment et au bon endroit. Il a souligné que le DSE est le noyau qui relie
tous les éléments ensemble.
8.2
Initiatives provinciales et fédérales en matière d’infostructure
nationale de la santé
La télésanté
est le fondement de ce que bien des Canadiens appellent l’infrastructure de
l’information sur la santé ou « infostructure de la santé »[17].
Diverses composantes d’une infrastructure de la santé sont en voie d’être
mises en œuvre à tous les paliers de gouvernement :
·
Le ministère
de la Santé de la Colombie-Britannique a mis sur pied le HealthNet/BC, un réseau
électronique qui relie presque tous les hôpitaux, organismes et
administrations sanitaires de la province.
·
À
Terre‑Neuve, le gouvernement lance la première de huit étapes de mise
en œuvre en cinq ans d’un système de DSE qui permettra l’échange
d’information entre les conseils de santé, les fournisseurs de soins de
santé et le ministère provincial de la Santé.
·
En
Saskatchewan, le Saskatchewan Health Information Network (SHIN) relie entre
eux tous les fournisseurs de soins de santé et tous les établissements de
santé de la province.
·
La Nouvelle-Écosse
a mis sur pied un des réseaux de télémédecine les plus complets et les
plus dynamiques du Canada, qui relie 42 établissements de santé de la
province. Quelque 53 systèmes de vidéoconférence offrent des services
d’éducation et de consultations médicales. Il y a 36 stations d’émission
en téléradiologie et 11 stations de lecture.
·
Le ministère
de la Santé du Québec a mis en place les Réseaux de télécommunications
sociosanitaires (RTSS), qui permettent aux établissements de santé d’échanger
de l’information clinique et administrative en toute sécurité.
·
Le We//net de
l’Alberta offrira bientôt un service téléphonique continu de triage pour
conseiller les gens sur la meilleure façon de traiter des troubles mineurs ou
leur indiquer où obtenir le bon traitement.
·
Le
gouvernement fédéral, par l’intermédiaire de Santé Canada, offre des
services de télémédecine dans cinq collectivités des Premières nations
situées dans des provinces différentes (Colombie-Britannique, Alberta,
Saskatchewan, Manitoba et Québec).
·
L’Institut
canadien d’information sur la santé (ICIS), organisme national autonome à
but non lucratif fondé en 1994, fait un excellent travail de collecte et
d’analyse des données disponibles sur la santé des Canadiens et sur l’état
du système canadien de soins de santé.
Ces initiatives en sont toutes à différents stades. De plus, elles sont
isolées au sein des organismes, institutions et provinces, et sont vues comme
« une mosaïque de projets isolés, dont la valeur serait beaucoup plus
grande s’ils faisaient partie d’un tout cohérent »[18].
Le grand hic, c’est comment relier ensemble toutes ces infostructures.
C’est là tout un défi que d’intégrer 14 administrations (10 provinces,
trois territoires et le gouvernement fédéral). Voilà pour le moins une
entreprise longue, coûteuse et ambitieuse qui prendra des années avant de
voir le jour. Selon la plupart des experts, il est cependant essentiel de
mener cette tâche à bien si nous voulons réunir de l’information
pertinente sur la santé des Canadiens, sur l’état de notre système de
soins de santé et sur l’efficacité et l’efficience de la prestation et
de la répartition des services de santé, et, ce qui est le plus important,
si nous voulons améliorer la qualité des soins offerts aux Canadiens,
surtout ceux qui vivent dans les régions rurales ou éloignées[19].
Le
gouvernement fédéral veut se faire le champion du développement d’une
infostructure canadienne de la santé qu’il définit comme « un réseau
intégré de réseaux d’ordinateurs et de communications qui relie
virtuellement l’infrastructure physique, les professionnels de la santé,
les établissements, les collectivités et les patients dans le but d’améliorer
la prestation des soins et le partage des connaissances sur la santé et, en définitive,
d’améliorer la santé des Canadiens »[20].
Ce qu’on envisage comme infostructure canadienne de la santé, ce n’est
pas une structure monolithique massive, mais un réseau de réseaux, qui met
à profit les initiatives déjà en place ou en préparation aux niveaux fédéral,
provincial et territorial.
Comme
l’indique le tableau 8.2, bien des rapports proposent la mise en place
d’une infrastructure nationale d’information sur la santé et insistent
sur la nécessité d’un leadership fédéral et d’une vision nationale cohérente
concernant l’infostructure de la santé. Le gouvernement fédéral contribue
financièrement à l’infostructure canadienne de la santé depuis 1997. Le
Bureau de la santé et de l’inforoute (BSI), créé à Santé Canada au
cours de l’été 1997, est le foyer de toutes les questions concernant
l’utilisation de la TIC dans le domaine de la santé et des soins de santé.
TABLEAU 8.2
INFOSTRUCTURE CANADIENNE DE LA SANTÉ, CHRONOLOGIE DES INITIATIVES DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
|
Avril
1994 |
Le
gouvernement fédéral charge le Comité consultatif sur l’autoroute
de l’information d’étudier comment il convient d’aménager et
d’utiliser l’autoroute de l’information pour le plus grand bénéfice
économique, culturel et social de tous les Canadiens. |
|
Octobre
1994 |
Le
premier ministre du Canada institue le Forum national sur la santé
pour proposer au gouvernement fédéral des moyens novateurs d’améliorer
le système de soins de santé. |
|
Septembre
1995 |
Le
Comité consultatif sur l’autoroute de l’information publie son
rapport intitulé Contact, communauté, contenu : Le défi de
l’autoroute de l’information. Dans une de ses 300 recommandations,
il propose la création d’un comité consultatif ayant pour mandat
d’identifier de nouvelles applications de la technologie de
l’information pour le secteur des soins de santé en particulier. |
|
Février
1997 |
Dans
son rapport final intitulé La santé au Canada : Un héritage
à faire fructifier, le Forum national sur la santé recommande
que le ministre fédéral de la Santé assume un rôle de chef de file
dans la mise sur pied d’un système national d’information sur la
santé. Ce système constituerait la pierre d’assise d’un système
de soins de santé « basé sur les résultats ». |
|
Février
1997 |
Le
budget de 1997 prévoit le versement de 50 millions de dollars
sur trois ans pour un Système canadien d’information sur la santé. |
|
Août
1997 |
Le
ministre fédéral de la Santé crée le Conseil consultatif de
l’information sur la santé pour lui proposer une stratégie
nationale d’établissement d’une infrostructure canadienne de la
santé. |
|
Août
1997 |
Le
gouvernement fédéral crée le Bureau de la santé et de
l’inforoute (BSI) pour l’aider à étudier les dossiers nouveaux
et en cours et à élaborer une stratégie à long terme concernant
l’infostructure canadienne de la santé. Le BSI est maintenant le
foyer fédéral de toutes les activités concernant l’infostructure
de la santé. |
|
Septembre
1997 |
Le Réseau
canadien pour l’avancement de la recherche, de l’industrie et de
l’enseignement (aujourd’hui CANARIE inc. ¾
Le fer de lance de l’Internet évolué au Canada) publie un document
intitulé Vers une inforoute Santé canadienne : Vision,
possibilités et mesures à prendre. Selon ce document,
l’inforoute Santé canadienne sera un « centre d’information »
virtuel ouvert et accessible qui, tout en garantissant la
confidentialité, aidera les professionnels de la santé et les
patients, les chercheurs et les responsables des politiques, à
prendre des décisions. |
|
Février
1998 |
Santé
Canada parraine une Conférence nationale sur l’infostructure de la
santé, d’une durée de deux jours, pour étudier les obstacles à
l’application de la gestion de l’information et de la technologie
de l’information dans le système de soins de santé canadien. Les
participants insistent sur la nécessité d’un consensus au sujet de
la vision de l’infostructure canadienne de la santé et demandent
que Santé Canada joue un rôle de chef de file pour rallier tous les
intervenants. |
|
Mars
1998 |
Santé
Canada lance le Programme de soutien à l’infostructure de la santé.
Il s’agit d’un programme à frais partagés de financement de
projets pilotes faisant intervenir de nouvelles technologies de
l’information et leurs applications dans des domaines tels que la
santé publique, la surveillance de la santé, l’assurance‑médicaments,
la santé des Premières nations, les soins à domicile et la télésanté. |
|
Février
1999 |
Le
Conseil consultatif sur l’infostructure de la santé publie son
rapport final, Inforoute Santé du Canada : Voies vers une
meilleure santé. Il affirme que l’aménagement d’une
autoroute nationale de l’information sur la santé pourrait améliorer
grandement la qualité, l’accessibilité et l’efficacité des
services de santé dans l’ensemble du secteur des soins au Canada.
Le Conseil énonce quatre objectifs : élaborer une vision
canadienne d’une infostructure de la santé et déterminer les
besoins essentiels auxquels elle devrait répondre; établir un plan
d’action fédéral pour la mise en place des composantes
essentielles de l’infostructure; proposer des mécanismes de
collaboration afin de parvenir à un consensus national pour la création
d’une infostructure de la santé intégrée; cerner les problèmes
à résoudre, les défis à relever et les obstacles à surmonter pour
garantir l’utilisation efficace de la technologie de l’information
et de la communication, en vue de recommander des solutions. |
|
Février
1999 |
Le
budget de 1999 prévoit de consacrer 328 millions de dollars au développement
des systèmes d’information sur la santé au Canada (Réseau
canadien de la santé, Réseau national de surveillance de la santé,
Système fédéral de responsabilité, et une subvention de 95 millions
de dollars à l’ICIS) et 190 millions de dollars au Système
d’information sur la santé des Premières nations. |
|
Juin
1999 |
Les
sous‑ministres fédéral-provinciaux-territoriaux de la Santé
forment un Comité consultatif sur l’infostructure de la santé
composé de groupes de travail chargés d’examiner les grandes
questions concernant la mise en place et en œuvre de
l’infostructure canadienne de la santé. |
|
Octobre
1999 |
Le
Comité consultatif des sous-ministres fédéral-provinciaux-territoriaux
sur l’infostructure de la santé publie un plan directeur stratégique
visant à déterminer les composantes technologiques nécessaires à
la réalisation d’une infostructure nationale de la santé cohérente.
Dans son rapport intitulé Plan directeur et plan tactique pour
l’infostructure nationale de la santé, le Comité souligne que
l’infostructure canadienne de la santé doit être fondée sur les
valeurs suivantes : renforcement du régime d’assurance-santé,
protection des renseignements personnels sur la santé, inclusion de
tous les intervenants, responsabilité personnelle et collective. |
|
Novembre
1999 |
Le
gouvernement fédéral lance trois initiatives : le Réseau
canadien de la santé; l’Infostructure nationale de surveillance de
la santé; le Système d’information sur la santé des Premières
nations. |
|
Février
2000 |
Le
budget 2000 prévoit le versement de 366 millions de dollars sur
quatre ans au titre de l’information sur la santé et des
technologies de l’information. |
|
Juin
2000 |
Santé
Canada lance le Programme des partenariats pour l’infostructure
canadienne de la santé (PPICS). Il s’agit d’un programme
d’encouragement à frais partagés de 80 millions de dollars répartis
sur deux ans, qui vise à appuyer la mise en œuvre d’applications
innovatrices de la TIC en matière de soins de santé (notamment la télésanté
et les dossiers de santé électroniques). La date limite de présentation
des demandes est le 31 août 2000. |
|
Octobre
2000 |
Le
gouvernement fédéral adopte le projet de loi C‑45, Loi sur
le financement des soins de santé ainsi que du développement de la
petite enfance et d’autres services sociaux au Canada. La Loi prévoit
le versement de 500 millions de dollars en 2001‑2002 pour définir
et faire adopter des normes nationales d’information sur la santé
et assurer la compatibilité des techniques de communication en santé.
|
Source :
Information tirée du site Web de Santé Canada et résumée par la Bibliothèque
du Parlement.
Les
provinces et les territoires veulent aussi participer au développement de l’infostructure
canadienne de la santé. Le 11 septembre 2000, les premiers ministres ont
convenu de travailler ensemble pour : (1) renforcer une
infostructure de la santé à l’échelle du Canada qui améliorera la qualité,
l’accès et l’opportunité des soins de santé pour les Canadiens; (2) développer
les dossiers de santé électroniques et utiliser davantage leurs
technologies, comme la télésanté, au cours des prochaines années; (3) collaborer
afin de définir des normes relatives aux données communes pour assurer la
compatibilité des réseaux d’information sur la santé; (4) assurer la
stricte protection de la confidentialité et de la sécurité des
renseignements personnels sur la santé; (5) faire rapport régulièrement
aux Canadiens sur leur état de santé, sur les résultats en matière de santé,
sur le rendement des services de santé financés par les fonds publics[21].
Pour donner suite aux ententes conclues par les premiers ministres, le
gouvernement du Canada s’est engagé à investir 500 millions de
dollars afin d’accélérer l’adoption de technologies de l’information
modernes permettant d’offrir de meilleurs services de santé[22].
Le Comité a appris que ces fonds seront investis dans un organisme à but non
lucratif, appelé Inforoute Santé du Canada Inc., qui collaborera avec
les provinces et les territoires à la production des composantes communes
essentielles d’un DSE au cours des trois à cinq prochaines années. Il
s’agira d’un pas important vers la pleine intégration des infostructures
de la santé qui sont en voie d’être mises sur pied.
Les témoins
ont salué cette collaboration entre le gouvernement fédéral et les
provinces et territoires. Ainsi, David Cowperthwaite a déclaré au Comité :
Nous bénéficions
en ce moment d’un mouvement de collaboration entre le gouvernement fédéral,
les provinces et les territoires, ainsi qu’entre les provinces et les
territoires. Cette attitude coopérative est une excellente occasion à saisir
pour développer l’infostructure
de la santé de manière plus rentable que chacune des parties ne pourrait le
faire seule.
Cet élan
de collaboration s’explique en partie par une authentique volonté de faire
le meilleur travail possible en tirant partie des ressources disponibles. Il y
a aussi un autre facteur important qui stimule la coopération : une
sorte de désespoir. Dans les provinces et les territoires, les besoins en
matière d’infostructure sont considérables, et les ressources disponibles
pour y répondre font cruellement défaut. D’où une volonté de collaborer,
fut‑elle quelque peu contrainte. Cette situation ouvre des possibilités
de changement dont nous devons profiter.[23]
Le Comité
est d’accord avec les témoins qui disent que le gouvernement fédéral a un
rôle précis à jouer dans le domaine de l’information
sur la santé :
Les
provinces, les territoires et les autres intervenants conviennent presque
unanimement que le gouvernement fédéral devrait favoriser la collaboration
dans ce domaine. En effet, sans un effort fédéral pour assurer la
compatibilité entre ces initiatives en matière d’information sur la santé,
il y aurait eu très peu d’échanges entre les administrations, et les dépenses
de tous les ordres de gouvernement au sein de leurs administrations
respectives pourraient être beaucoup moins productives.[24]
[Traduction]
Les
investissements fédéraux pourraient également contribuer à réduire les
disparités actuelles entre provinces et territoires dans le domaine de
l’information sur la santé. Toutefois, le Comité a appris que les
programmes fédéraux actuels pourraient avoir pour effet d’accentuer les
disparités. Par exemple, le PPICS fédéral exige un financement de
contrepartie du participant. Les besoins relatifs d’amélioration des
services et les lacunes relatives des services de santé d’une région à
l’autre n’ont pas été pris en compte dans le choix des projets. Selon
Cowperthwaite, les régions riches ont obtenu plus d’argent et les régions
pauvres n’ont pu participer au programme. Il a fait remarquer qu’il est
trop tard pour modifier le programme, mais le gouvernement fédéral devrait
s’assurer que la Stratégie d’investissement d’Inforoute Santé du
Canada Inc. devrait différer de celle du PPICS. Il faudrait mettre
l’accent sur les projets dans les régions les plus nécessiteuses, sur la
volonté d’agir et sur la volonté de modifier le système.
8.3
Coûts et avantages
La mise en
œuvre et le déploiement de l’infrastructure nationale de la santé est une
entreprise coûteuse qui met en cause un grand nombre de patients, de
fournisseurs et d’établissements de soins de santé. Ainsi :
·
Plus de 800 hôpitaux
au pays offrent 132 000 lits d’hospitalisation;
·
Environ 28 000
médecins de famille et 27 000 spécialistes prodiguent des soins;
·
Quelque 228 000
infirmières autorisées travaillent dans le système de soins de santé.
Vu la
complexité de notre système de soins de santé et la diversité des
intervenants, il est difficile d’évaluer le coût total du déploiement
d’une infrostructure nationale de la santé. William J. Pascal a
avancé la somme de 6 à 10 milliards de dollars :
[…]
sur une période de sept à huit ans, si on se fonde sur certaines dépenses
actuelles de mise en oeuvre et d’exploitation des systèmes d’information
dans différents contextes, la mise en œuvre complète devrait coûter
quelque 6 à 10 milliards de dollars. Le niveau réel d’investissement
requis dépendra des décisions prises concernant des facteurs tels que le
taux de remplacement des systèmes en usage dans le secteur de la santé ou le
type de lien requis ¾
à bande étroite ou large ¾
et notre succès pour réunir les ressources nécessaires. Cependant, il est
clair que le prix à payer sera élevé pour tous les intervenants, et il ne
faudrait pas sous-estimer l’ampleur de la tâche qui nous attend.[25]
[Traduction]
Quoi qu’il en
soit, un vaste consensus ressort : les avantages d’une infostructure
nationale de la santé seront nombreux[26].
·
L’infostructure
de la santé permettra de dispenser des soins médicaux efficaces au domicile
des patients et dans les régions rurales isolées. Elle améliorera en outre
l’accessibilité des soins spécialisés. Les patients pourront effectuer
des tests spécialisés à domicile
et transmettre par l’entremise de réseaux de télécommunication les données
captées par des détecteurs électroniques. À
la suite d’une chirurgie,
ils porteraient par exemple un capteur sans fil qui transmettrait
continuellement de l’information sur leur état au bureau de leur médecin.
De là, un ordinateur analyserait constamment l’information et préviendrait
le médecin de toute anomalie décelée. À l’aide de liens télémédicaux
dotés de capacités audio et vidéo bidirectionnelles, les grands centres médicaux
seront reliés à des généralistes et à des infirmiers de première ligne
établis dans les collectivités éloignées et les aideront à poser le bon
diagnostic et à prescrire le traitement approprié aux patients.
·
On améliorera de
beaucoup la qualité des soins médicaux en fournissant de l’information
fiable aux médecins, en leur communiquant les données nationales sur les résultats
des traitements ainsi que davantage d’information sur l’efficacité du
traitement antérieur d’un patient. Le dossier transmis aux professionnels
de la santé leur fournira non seulement de l’information descriptive, mais
également les résultats de la plupart des radiographies, des examens
d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et des analyses biochimiques détaillées
subies par le patient. Ces renseignements sauront certes sauver des vies en
cas d’urgence, lorsque la survie du patient est une question de minutes et
repose sur la disponibilité de données essentielles (par exemple, type
sanguin ou allergies connues).
·
Une infostructure
nationale de la santé fondée sur le transfert électronique d’information
sur la santé entre secteurs de compétence pourrait avoir un effet macroéconomique
sur le développement des industries de l’information et des communications,
des industries des soins de santé et des établissements d’enseignement.
·
Bien des gens
travaillent à contrat et se rendent dans différentes provinces pour y
visiter leurs clients. Beaucoup voyagent. La capacité de transférer des
renseignements médicaux
permettrait aux médecins et aux infirmiers locaux d’avoir accès au besoin
aux dossiers des patients qui les consultent.
·
L’échange
d’information est au cœur de la santé publique et de l’épidémiologie.
Pour le bien-être de la population, il est tout à fait essentiel qu’il y
ait communication d’information fiable de surveillance de la santé publique
entre les différents pays, provinces et territoires. Les maladies traversent
les frontières; il devrait en être de même de l’information à leur sujet.
·
La possibilité de
transférer de l’information sur la santé entre secteurs de compétence recèle
également le vaste potentiel de faciliter la réalisation de travaux de
recherche par des groupes de chercheurs biomédicaux se trouvant dans différentes
régions du pays. Les résultats de telles recherches profiteraient à
l’ensemble de la population canadienne.
·
Le gouvernement fédéral
est le principal dispensateur et acheteur de
services de santé en raison de ses responsabilités à ce chapitre vis‑à‑vis
du personnel militaire, des fonctionnaires, des anciens combattants, des
immigrants et des Premières nations. La mise en place de systèmes interopérables
de dossiers médicaux d’un bout à l’autre du pays pourrait permettre à
l’administration fédérale et aux dispensateurs locaux de soins de santé
de réduire leurs dépenses en diminuant le dédoublement des dossiers et en
éliminant la paperasserie.
·
La libre
circulation de l’information sur la santé entre secteurs de compétence,
enrichie par l’identification unique des patients et des dispensateurs,
permettrait de dépister les fraudes et, par conséquent, de réaliser des économies
considérables.
·
Les avantages économiques
du transfert d’information sur la santé entre secteurs de compétence
pourraient se concrétiser principalement par le remplacement des documents
qui circulent à l’heure actuelle entre provinces et territoires par la
technologie électronique. De plus, si les provinces décidaient de participer
conjointement à la conception et à la mise en place de l’infrastructure
nationale d’information sur la santé, cela pourrait permettre de réaliser
des économies d’échelle.
·
En termes
d’avantages technologiques, la collaboration fédérale-provinciale-territoriale
à l’élaboration de l’infostructure de la santé faciliterait la
diffusion des nouvelles technologies et permettrait aux divers secteurs de
compétence de jouir d’une capacité technologique comparable en ce qui a
trait à la transmission de l’information multimédia sur la santé. Cela
contribuerait également à l’élaboration plus rapide de normes d’interopérabilité
entre les plates-formes du système d’information fédéral-provincial-territorial.
·
Une infostructure
nationale de la santé pourrait contribuer à l’élimination des grandes
différences entre les infrastructures sociales et de soins de santé des régions
rurales et urbaines des provinces et des territoires. Le transfert
d’information sur la santé entre secteurs de compétence pourrait permettre
d’améliorer considérablement l’accès à l’information sur la santé
par les patients et les professionnels de la santé.
·
Une infostructure
nationale de la santé pourrait faciliter l’établissement d’un
environnement virtuel de soins de santé dépassant les frontières
provinciales et territoriales et assurer réellement la transférabilité des
soins de santé. À l’intérieur d’un tel environnement, il serait
possible de tenir à jour efficacement les réseaux virtuels de spécialistes
de la santé du pays, ce qui réglerait le problème de l'isolement relatif
des professionnels travaillant en région rurale. Cela pourrait avoir un effet
positif sur le problème des ressources humaines dans les communautés éloignées
des provinces et des territoires.
·
L’échange
d’information sur les résultats économiques et en matière de santé dans
tout le pays pourrait permettre la réalisation d’analyses constantes de
rentabilité et d’analyses des indicateurs de la qualité de vie à l’échelle
nationale, ce qui faciliterait la communication des meilleures pratiques.
·
Les problèmes de
gestion de la santé que soulèvent les changements rapides, les tendances démographiques,
la révolution technologique, etc., sont les mêmes à peu près partout au
pays. La possibilité d’échanger des données brutes sur les niveaux
organisationnels entre établissements similaires des différents secteurs de
compétence et de discuter des problèmes et des solutions en matière de
gestion permettrait d’améliorer la qualité de la gestion des soins de santé.
·
L’information
produite par l’infostructure de la santé servirait à préparer des
rapports réguliers sur les résultats en matière de santé, les fournisseurs
de soins et le rendement des services de santé. Il s’agit d’un outil très
important pour améliorer le système de soins de santé.
·
La mise en place de
l’infostructure nationale de la santé pourrait permettre de regrouper et
d’intégrer virtuellement les systèmes de soins de santé des provinces et
des territoires en un nouveau système national de soins de santé plus
efficient et plus rationalisé, sans réellement intervenir dans la gestion et
la prestation des services par les systèmes provinciaux et territoriaux de
soins de santé.
Dans l’ensemble,
une infostructure nationale de la santé qui relie virtuellement
l’infrastructure physique et professionnelle de la santé, les établissements,
les collectivités et les patients améliorera la prestation des soins et l’échange
des connaissances sur la santé pour le plus grand bien des Canadiens. Il en résultera
un système de soins de santé vraiment axé sur le patient :
[…] le
rendement sur les investissements sera énorme pour tous les intervenants.
Mais les vrais gagnants, ce seront les Canadiens et les Canadiennes, parce que
l’accès à des services de santé de qualité continus sera meilleur et
plus rapide, parce qu’ils profiteront du savoir qu’ils pourront acquérir
eux-mêmes et pourront mieux comprendre comment se porte leur système de santé
et comment il peut répondre à leurs besoins.[27]
[Traduction]
8.4
Obstacles à surmonter
Selon les témoins,
trois grands obstacles nuisent à la mise en œuvre et au déploiement complet
de l’infostructure nationale
de la santé : la protection des renseignements personnels, les questions
d’ordre juridique et éthique, et l’interopérabilité des divers systèmes.
La question
la plus cruciale est certainement celle de la protection des renseignements
personnels sur la santé dans un monde électronique. Elle comporte trois
volets : protection de la vie privée, confidentialité et sécurité des
renseignements. La protection de la vie privée a trait au niveau
autorisé d’accès aux renseignements personnels sur la santé. La confidentialité
a trait au niveau autorisé de diffusion des renseignements. La sécurité
porte sur l’ensemble des normes appliquées à l’intérieur et en marge
des systèmes d’information pour protéger l’accès aux systèmes et aux
renseignements qu’ils contiennent.
La
protection de la vie privée au Canada est une responsabilité partagée entre
le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Actuellement, la vie privée est protégée légalement par une mosaïque de
lois, de politiques, de règlements et de codes de pratique volontaires. Le
Comité a appris que la première étape à franchir, c’est certainement
d’essayer d’obtenir l’appui des intervenants pour harmoniser la législation
et la réglementation partout au Canada, de façon à protéger la vie privée
des Canadiens en matière de santé. Les témoins ont souligné que les
Canadiens doivent obtenir l’assurance que les gouvernements font tout en
leur pouvoir pour établir des règles strictes à cet égard. L’ensemble
des administrations examinent déjà une formule d’harmonisation des législations,
et une entente est attendue dans les semaines à venir. Sur le plan
technologique, il a été démontré que la confidentialité et la sécurité
des données peuvent être assurées beaucoup mieux actuellement que cela
n’est possible dans un monde du papier. Les problèmes auxquels nous sommes
confrontés maintenant ont essentiellement trait à l’architecture des systèmes
qui seraient mis en place et à leur gestion publique à l’échelle du pays.
Le Comité s’inquiète du manque évident de progrès réalisés par
les intervenants en ce qui concerne le projet de loi C‑6, Loi sur la
protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
En novembre et décembre 1999, le Comité a tenu des audiences sur ce
projet de loi. Les audiences ont porté essentiellement sur l’application de
la Partie I du projet de loi à la collecte, à l’utilisation et à la
communication des renseignements personnels. Selon le Comité, la Partie I
permet d’établir des normes légales minimales pour protéger les
renseignements personnels des Canadiens sur le plan commercial, mais les
membres du Comité s’interrogent sur l’utilité de ces normes dans le
secteur des soins de santé. Le Comité a modifié le projet de loi pour que
son application aux renseignements personnels sur la santé soit retardée
d’un an à compter de l’entrée en vigueur de la Loi. L’objet de cette
modification était de permettre aux intervenants en santé de formuler des
mesures législatives en fonction de la nature particulière des
renseignements personnels sur la santé. La modification a été acceptée par
la Chambre des communes, et le projet de loi a reçu la sanction royale le 13 avril
2000.
Lorsque le
Comité s’est réuni pour examiner la question des renseignements sur la
santé en mai 2001, les témoins ont indiqué qu’ils n’en étaient pas
encore arrivés à un consensus sur les modifications à apporter au projet de
loi C‑6 pour assurer la communication des données entre les
intervenants de l’infostructure de la santé. Il faut préciser le champ
d’application du projet de loi C‑6 pour les organismes qui
interviennent dans les systèmes d’information sur la santé ainsi qu’en
recherche sur la santé pour que ceux‑ci puissent continuer de fournir
de l’information pertinente afin d’améliorer la santé de tous les
Canadiens. Le Comité espère qu’on trouvera des solutions à ce problème
avant la fin du moratoire d’un an, qui vient à échéance en décembre
2001.
Les
questions d’ordre juridique et éthique ont surtout trait au droit de
pratique, à la rémunération et à la responsabilité des professionnels qui
fournissent des soins à distance. Il faudra de toute évidence prévoir des
mesures incitatives pour favoriser l’utilisation des nouvelles technologies
dans le système de soins de santé. Ces technologies changeront les façons
de travailler. Il faudra suivre ce virage de près pour en assurer le succès
et il faudra l’appuyer en offrant, en milieu universitaire ou en milieu de
travail, les programmes qui s’imposent en vue du développement des compétences
et des connaissances.
Autre
obstacle important, et non le moindre : la normalisation, qui est au cœur
de l’interopérabilité des divers systèmes d’information sur la santé.
Lorsque les gens parlent de normes dans le contexte de l’infostructure de la santé, ils pensent autant à la
technologie, au matériel et aux logiciels qu’aux nomenclatures ou à
l’identification des patients ou des fournisseurs de soins. Actuellement, la
compatibilité et l’interopérabilité entre ces divers éléments est loin
d’être parfaitement assurée dans l’ensemble du Canada. Le Comité a
appris que, même au sein du même établissement, les systèmes
d’information sont souvent incapables de communiquer entre eux pour échanger
des données. Il se peut que cette situation soit généralisée partout au
pays. Il reste beaucoup à faire pour assurer la pleine compatibilité à tous
les niveaux dans l’ensemble du pays. On prépare présentement, pour le
Comité consultatif sur l’infostructure de la santé, une proposition visant à améliorer
la façon dont sont appliquées les normes en matière d’information sur la
santé au Canada et à harmoniser les normes utilisées dans les différentes
administrations, y compris le gouvernement fédéral.
Enfin, le
Comité a appris qu’il faut chercher un équilibre entre développement et déploiement.
Selon des témoins, bien des composantes essentielles d’une infrostructure
nationale de la santé sont en place et leur déploiement s’impose :
Un développement
qui ne s’accompagne pas d’un déploiement est un moyen de créer de coûteux
« éléphants blancs » qui ne permettent pas d’améliorer la
santé des Canadiens. Nous serons bien mieux servis par des systèmes limités
qui sont complètement implantés et utilisés dans la prestation courante des
services que par le développement d’une technologie remarquable qui ne voit
jamais le jour dans la réalité concrète.[28]
8.5
Commentaires du Comité
En général,
le recours aux applications de la télésanté pour mettre en œuvre l’infostructure
canadienne de la santé peut faciliter le développement d’un système de
soins de santé véritablement axé sur le patient et devenir le point de départ
d’une intégration verticale et horizontale des services. L’infostructure
de la santé peut contribuer à la création de bassins d’information qui
permettront à tous les intervenants du système de soins de santé –
patients, fournisseurs de soins, gestionnaires, chercheurs et responsables des
politiques – de prendre des décisions fondées sur les résultats.
Selon le
Comité, pour être viable à long terme, le système de soins de santé doit
évoluer du modèle actuel consistant en un ensemble d’entités disjointes
vers un continuum de services pleinement intégrés auxquels les utilisateurs
peuvent avoir accès à partir de tout point de service ¾
le domicile, les cliniques privées, les hôpitaux, etc. ¾
où qu’ils vivent au Canada. Par conséquent, pour assurer le succès du
renouvellement du système de soins de santé au Canada, il faut pouvoir
compter sur une bonne information sur la santé et s’assurer que quiconque
est concerné par la santé et les soins de santé puisse y avoir accès. Il y
a beaucoup d’avantages à tirer de la normalisation, de la communication et
du partage de ce que nous avons.
Le Comité
est aussi convaincu que le gouvernement fédéral a un rôle capital à jouer,
qu’il s’agisse d’encourager la collaboration, d’établir des normes
communes ou de favoriser l’harmonisation des législations. Et, ce qui est
plus important encore, le gouvernement fédéral doit maintenir son leadership
et assurer un niveau de financement capable de soutenir le déploiement de l’infostructure canadienne de la santé.
CHAPITRE NEUF
Soins
à domicile
9.1
Qu’est-ce que les soins à domicile?
On entend habituellement par soins à domicile les services offerts aux
gens chez eux. Cela ne comprend pas les soins fournis dans des établissements
de soins privés ou publics spécialisés dans les soins de longue durée ou
prolongés.
Les
services de soins à domicile peuvent englober tout un ensemble de choses qui
vont des interventions médicales aux aides sociétales. Cela peut aussi
inclure l’assistance nécessaire pour les membres de la famille et les bénévoles
soignants. Les soins à domicile englobent donc tout un éventail de services
sociaux ou éducatifs et de santé qui permettent aux personnes qui ont besoin
d’être aidées de vivre et d’évoluer dans la société à l’extérieur
d’un centre hospitalier de longue durée ou d’un établissement de soins
actifs.
Tout le
monde ne s’entend pas toutefois sur les services qui devraient être inclus
dans cette définition. Elle peut couvrir des soins actifs tels qu’une thérapie
intraveineuse ou une dialyse, des soins de longue durée pour les personnes
souffrant de maladies évolutives telles que l’Alzheimer ou une invalidité
physique ou mentale chronique, les soins au terme de la vie pour les malades
en phase terminale ou un soutien personnel comme des soins auxiliaires et des
aides techniques. Les soins à domicile officiels peuvent inclure à la fois
des soins de santé et des services de soutien social tels que le suivi, l’évaluation,
la coordination, les soins infirmiers, l’aide domestique, les conseils en
nutrition et la préparation de repas, l’ergothérapie et la physiothérapie,
la maîtrise de la douleur, le soutien affectif et l’apprentissage de
l’autonomie en matière de santé.
Les soins
à domicile peuvent être fournis par du personnel professionnel qui se
compose essentiellement d’infirmiers ou infirmières, de thérapeutes,
d’auxiliaires familiaux et de préposés aux services de soutien à la
personne. Ce personnel peut faire partie d’une organisation communautaire ou
d’une équipe d’intervention rapide. Il peut offrir ses services en
personne ou par les technologies de communication. Bien que ces services
professionnels aient évolué rapidement ces trois dernières décennies, les
soins à domicile assurés par des amis ou des parents existent, eux, depuis
longtemps. Ces soignants naturels, qui sont souvent des mères, des femmes et
des sœurs, doivent également être considérés parmi les bénéficiaires
des programmes de soins à domicile si l’on veut éviter les crises souvent
coûteuses qui résultent de l’épuisement du soignant. On pensera en
particulier à offrir des services de relève de deux types :
remplacement de la personne soignante et services directs à ces soignants.
Les témoins
ont déclaré que les soins à domicile entraient dans un continuum de soins
liés à la santé et au bien-être. Ils ont insisté sur la nécessité de
les inclure dans toutes les considérations touchant à la santé et au
spectre social des soins de première ligne, des soins actifs, des soins de
longue durée en établissement, des soins au terme de la vie, des programmes
de soutien communautaires et des mesures d’aide personnelles. Ils ont fait
remarquer que des soins à domicile efficaces contribuent à abaisser les coûts
à long terme du système de soins de santé, car leurs trois principaux
objectifs consistent à :
·
remplacer les
services offerts par les hôpitaux de soins actifs ou de longue durée ou les
établissements de soins palliatifs;
·
permettre aux
intéressés de rester dans leur environnement;
·
assurer des
suivis et des évaluations continus.
À propos
du système de soins de santé en particulier, l’Association canadienne de
soins et services à domicile a rappelé que les soins à domicile ne nécessitent
pas d’établissements spéciaux ni de gros investissements de capitaux ou de
frais généraux. Ils sont accessibles indépendamment des médecins. Ils dépassent
parfois le cadre des besoins physiques pour inclure un soutien social intégré
aux soins de santé.[29]
TABLEAU 9.1
|
AVANTAGES
DES SOINS À DOMICILE |
|
·
Permettent
à l’ensemble du système de soins de santé de fonctionner de façon
plus économique; ·
Réduisent
le besoin de lits de soins actifs et de lits d’urgence en permettant
la réalisation d’interventions médicales dans d’autres contextes,
ce qui permet de réserver les ressources hospitalières pour les cas
où elles sont vraiment nécessaires; ·
Réduisent
la demande de lits de longue durée en laissant aux Canadiens âgés
le choix de rester indépendants et de conserver leur dignité en
demeurant chez eux et dans leur communauté; ·
Contribuent
au soutien des soignants et renforcent leur engagement. |
Source
: Nadine Henningsen (14:8).
9.2
Demande actuelle de soins à domicile
L’Enquête
nationale sur la santé de la population menée en 1998-1999 a fourni
certaines données sur l’utilisation des soins à domicile financés par
l’État[30].
On a constaté que le recours à ces soins augmente avec l’âge, le degré
d’invalidité et la diminution du revenu. Ainsi :
·
Moins de 1 %
des adultes de moins de 65 ans recevaient des soins à domicile, mais la
proportion était de 37 % pour le groupe des plus de 85 ans.
·
Les personnes
ayant besoin d’aide dans leurs activités quotidiennes étaient six fois
plus nombreuses à recevoir des soins à domicile que celles qui n’avaient
pas besoin d’aide.
·
Les personnes
des deux tranches de revenu inférieures étaient beaucoup plus susceptibles
de recevoir des soins à domicile que celles des tranches de revenu les plus
élevées.
Les témoins
ont également parlé des divers facteurs qui contribuent à accroître la
demande de soins à domicile. Il faut à leur avis considérer quatre
variables clés :
9.2.1
Diminution des lits d’hôpitaux
La tendance
actuelle est d’écourter la période d’hospitalisation et d’offrir des
soins externes, d’où une plus grande utilisation des services
communautaires. Les soins à domicile jouent un rôle critique pour que puisse
fonctionner un secteur hospitalier composant avec moins de lits, mais il faut
toutefois leur consacrer des ressources. La capacité du secteur hospitalier
de soins actifs ayant été considérablement réduite dans les années 90,
il est devenu courant de réduire les périodes d’hospitalisation et de
renvoyer les gens chez eux sans qu’on ait fait les investissements nécessaires
pour leur offrir des services de santé à domicile[31].
On a également parlé de « lits bloqués » dans les hôpitaux de
soins actifs ou après le traitement actif, où on laissait les malades récupérer
dans un lit de soins actifs à un coût phénoménal pour le système, tout
simplement parce qu’il n’y avait pas les services nécessaires de soutien
à domicile[32].
Lorsque le secteur hospitalier a subi des compressions, on n’a pas prévu de
budget pour la transition vers les services communautaires ni
d’investissements dans ces services[33].
9.2.2
Forte croissance de la population de plus de 65 ans
Les
recherches révèlent que, bien que beaucoup de personnes âgées vivent chez
elles, leur recours aux soins à domicile augmente avec l’âge et leur degré
d’invalidité. D’après les projections, alors que le pourcentage de
personnes âgées de 65 ans et plus atteignait 12,5 % en 2000, il
sera passé à plus de 21 % de l’ensemble de la population en 2025.
Statistique Canada fait remarquer qu’en 1996, environ 95 % des
personnes âgées de 65 ans et plus vivaient chez elles[34].
D’après l’Enquête nationale sur la santé de la population effectuée en
1998—1999, environ 400 000 personnes âgées, soit 12 % des
personnes de ce groupe d’âge, recevaient des soins dans le cadre de
programmes provinciaux de soins à domicile[35].
Ce sont les personnes de 85 ans qui recouraient le plus aux soins à
domicile, soit 37 %, comparativement aux 20 % pour le groupe des
80‑84 ans[36].
La probabilité de handicaps augmente avec l’âge et, en 1991, 35 % des
personnes handicapées avaient plus de 65 ans[37].
9.2.3
Pression sur les soignants naturels
La majorité des soignants naturels sont des femmes qui viennent en aide
à des membres de leur famille et qui doivent souvent gérer simultanément la
responsabilité de parents âgés, de leurs propres enfants et d’un travail
rémunéré à plein temps[38].
Plus de trois millions de Canadiens – essentiellement des femmes –
assurent des soins non rémunérés à des membres de leur famille à domicile[39].
Une enquête réalisée en Alberta a révélé que jusqu’à l’âge de 75 ans,
les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’avoir prodigué des
soins de santé à domicile à un membre de leur famille[40].
Plus de 60 % des personnes qui donnaient des soins à des membres de leur
famille ou à des amis âgés étaient des femmes[41].
Plus de femmes que d’hommes sont forcées de donner des soins de santé non
rémunérés, et elles le font sans formation et avec très peu de soutien[42].
Les diverses tensions que subissent ces soignants naturels peuvent non
seulement provoquer des maladies liées au stress et une perte de temps de
travail pour le soignant naturel, mais également accroître le risque que le
malade soit négligé
ou maltraité.
9.2.4
Progrès technologiques
Les progrès
technologiques ont allongé l’espérance de vie, diminué la durée des
hospitalisations et donné lieu à davantage de soins externes. Un état qui
autrefois nécessitait une hospitalisation – par exemple, la maîtrise
de la douleur – peut maintenant être géré à domicile. Les progrès
réalisés dans les protocoles de traitement et l’accessibilité à du matériel
de haute technologie font que les soins palliatifs à domicile sont devenus
une véritable option pour les Canadiens[43].
Télésanté offre des possibilités accrues de diagnostic, de suivi, d’évaluation
et de maintien. Grâce aux télésoins à domicile, on peut, par vidéoconférence,
obtenir les données médicales nécessaires à domicile et ainsi éviter
l’hospitalisation[44].
9.3
Dépenses publiques et privées
Certains témoins
ont déclaré que les dépenses publiques au titre des soins à domicile étaient
passées au Canada de 1,2 % des dépenses publiques en soins de santé en
1980‑1981 à environ 4 % en 1997‑1998. Ces 4 % du total des dépenses
publiques en soins de santé consacrés aux soins à domicile représentaient
environ 2,1 milliards de dollars par an.
Les données
de Santé Canada sur les dépenses publiques au titre des soins à domicile
indiquent que celles‑ci ont plus que doublé entre 1990‑1991 et
1997‑1998, le taux de croissance annuel moyen se chiffrant à près de
11 % (voir graphique 9.1). Parallèlement, ces dépenses représentaient
un faible pourcentage, mais qui a toutefois augmenté, de l’ensemble des dépenses
publiques en soins de santé au Canada : 4 % en 1997‑1998,
contre 2,3 % au début de la décennie (1990‑1991).
On a moins
de renseignements sur les dépenses privées au titre des soins à domicile.
Par exemple, on trouve à l’occasion dans les journaux des estimations de ce
que les Canadiens paient de leur poche pour les services et les coûts liés
aux soins, aux médicaments, au matériel et aux fournitures[45].
Ainsi, le Toronto Star (27 novembre 1999) a présenté les résultats
d’une enquête nationale qui révélait
que les clients de soins à domicile dépensaient en moyenne 283 $ par
semaine pour des soins infirmiers à domicile et d’autres services
auxiliaires tels que soins personnels, toilette et préparation de repas. On
estimait que ces dépenses couvraient environ 25 % des services
infirmiers et 60 % des services de maintien à domicile. Peu après, le Globe
and Mail (6 décembre 1999) rapportait que les clients de soins à
domicile payaient des frais importants pour des services infirmiers consécutifs
à des soins actifs, soit environ 202 $ par semaine. On estimait les
soins généraux à domicile à 407 $ par mois, en plus de 138 $
pour les médicaments sur ordonnance.
Les témoins
ont insisté sur le fait que, même si les soins à domicile avaient progressé
dans la plupart des provinces, les dépenses à cet égard demeuraient faibles
par rapport au budget global des provinces au titre de la santé. En outre, il
y a des écarts importants entre les provinces et les territoires quant à la
proportion de dépenses publiques consacrée aux soins à domicile. Cela mène
à des disparités dans la prestation et la portée des services d’un bout
à l’autre du pays, d’une province à l’autre et d’une région à
l’autre. D’autre part, certains ont fait remarquer que les données sur
les dépenses financières risquent d’omettre les auxiliaires, qui assurent
la majorité des soins à domicile.
Les témoins
regrettaient que de nombreux malades doivent se priver de soins à domicile
faute de pouvoir se les payer. Le Dr Taylor Alexander,
PDG de l’Association canadienne de soins et services communautaires, a cité
une étude de Santé Canada indiquant qu’environ 20 % des aidants
membres de la famille déclarent que leurs proches doivent se passer de
services parce qu’ils n’ont pas les moyens de les payer[46].
À l’heure actuelle, la majorité des provinces ont un système qui permet
aux malades de payer en fonction de leurs revenus, mais les règles sont différentes
dans toutes les provinces quant à ce qui constitue le seuil de paiement.
Les témoignages
présentés au Comité ont fourni des données précises sur les analyses coût-efficacité.
Les résultats préliminaires d’une étude coût-efficacité des soins à
domicile effectuée au Centre of Aging de l’université de Victoria ont révélé
qu’il en coûtait en moyenne 12 504 $ par an pour fournir les
services les plus élémentaires à un client hospitalisé, et 5 413 $
lorsque ces services sont donnés à domicile. Pour les clients dont les
besoins sont les plus grands, qui nécessitent des soins infirmiers 24 heures
sur 24, le coût moyen était de 41 023 $ dans un hôpital et de 33 579 $
à domicile[47].
Le Manitoba Centre for Health Policy and Evaluation de l’université du
Manitoba a donné un exemple indiquant que le coût moyen par personne des
soins à l’hôpital serait de 2 652 $, alors qu’il serait de 1 882 $
pour des soins à domicile et une pharmacothérapie[48].
Une étude sur les soins à domicile en Saskatchewan a révélé que, bien que
les résultats soient les mêmes, il en coûte au total 830 $ de plus
pour donner à un patient des soins autres que des soins actifs dans un hôpital
que pour le renvoyer chez lui avec des soins de suivi.[49]
9.4
Mesures à envisager
Les témoins
sont nettement en faveur d’un changement de la façon dont les soins à
domicile sont actuellement organisés, fournis et financés. Ils ont tous
demandé que l’on fasse quelque chose pour établir des normes nationales et
développer les ressources humaines. Toutefois, ils n’étaient pas tous du même
avis quant aux méthodes de financement : fonds publics ou privés,
organismes à but lucratif ou non lucratif. La plupart ont attiré
l’attention sur les besoins des soignants naturels, alors que d’autres ont
parlé d’information, de recherche, de médicaments sur ordonnance et de
technologies. L’étude du Comité a permis de dégager plusieurs domaines clés
où des mesures doivent être envisagées :
TABLEAU 9.2
CHRONOLOGIE
DE LA PARTICIPATION RÉCENTE DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL AUX SOINS À DOMICILE
|
Date
et activité |
Résultats |
|
Février 1997 : Forum national sur la santé |
Le rapport du Forum national indiquait une
tendance vers les soins hors-établissement et, en conséquence, une
augmentation des soins à domicile et des autres services
communautaires. Il proposait qu’on recueille et qu’on évalue
davantage de données et que les soins à domicile soient mieux intégrés
aux autres services de santé. |
|
Février 1997 : Budget fédéral |
Le gouvernement fédéral a annoncé la création
du Fonds pour l’adaptation des services de santé (FASS) dans son
budget de 1997. Ce fonds de 150 millions de dollars sur trois ans
a financé des innovations qui ont mené à une meilleure intégration
du système de soins de santé. Les soins à domicile étaient l’un
des secteurs prioritaires prévus dans les évaluations et les
projets-pilotes nationaux, provinciaux et territoriaux. |
|
Mars 1998 : Conférence nationale sur les soins de santé
à domicile |
Les participants à la Conférence ont insisté
sur la nécessité d’adopter des principes communs pour encadrer une
démarche nationale concernant les soins à domicile; d’établir des
normes claires et de conclure une entente sur la portée et le contenu
des programmesu. |
|
Février 1999 : Table ronde nationale sur les soins à
domicile et les soins communautaires |
Un consensus est apparu quant à l’établissement
de normes communes, la
mise sur pied de systèmes d’information, l’intégration des
ressources humaines, l’importance de la recherche et de la diffusion
des connaissances et le besoin d’innovations technologiques. |
|
Février 1999 : Budget fédéral |
Le gouvernement fédéral a attribué sur
trois an 1,4 milliard de dollars aux initiatives de santé
importantes pour les soins à domicile. Notamment 50 millions de
dollars sur trois ans pour trouver des formules novatrices en ce qui
concerne les soins à domicile et les soins communautaires ainsi que
l’accès à des services de santé de qualité, en particulier dans
les régions rurales; pour améliorer le programme de soins à
domicile et de soins communautaires à l’intention des Premières
nations et des Inuits et créer un système d’information sur la
santé des Premières nations; pour acrroître le financement de la
recherche en santé; pour améliorer la technologie de l’information
pour les services de santé, le système d’imputabilité et l’accès
aux citoyens. |
|
Juin 1999 : Groupe de travail sur les soins continus du
Comité consultatif FPT des services de santé |
Le document du Groupe de travail, Programmes
provinciaux et territoriaux de soins à domicile : Une synthèse
pour le Canada, analyse les programmes de soins à domicile par
facteurs descriptifs : organisation et gestion, législation,
services et fournisseurs de soins, admissibilité, évaluation des
besoins et gestion de cas, couverture des services et participation
aux coûts, données sur le financement et l’utilisation. |
|
Mars 2000 : Conseil consultatif national sur le troisième
âge |
Le CCTA a conseillé au ministre de la Santé
que le gouvernement fédéral joue un rôle de modèle et de chef de
file dans le domaine des soins à domicile. Dans sa déclaration de
principe sur les soins à domicile, il a formulé 15 recommandations
visant à favoriser le développement des soins à domicile. |
|
Septembre 2000 : Réunion des premiers ministres |
Dans leur Communiqué sur la santé,
les premiers ministres ont demandé aux ministres de la Santé de
faire rapport sur les soins à domicile et les soins communautaires
dans une visée plus générale, celle de la mesure et du suivi des
services et des programmes de santé ainsi que l’établissement de
rapports sur leur rendement. |
|
2000 : Ministres FPT responsables des services
sociaux |
Le rapport À l’unisson : Une
approche canadienne concrenant les personnes handicapées fait
ressortir la nécessité de prévoir pour les personnes handicapées,
chez elles et dans la collectivité, des mesures de soutien (d’ordre
humain, technique et autre) qui soient accessibles, mobiles et
individualisées, afin de faciliter leur intégration. |
Source :
Direction de la recherche parlementaire, Bibliothèque du Parlement.
9.4.1
Normes nationales
La discussion sur les normes nationales pour les soins à domicile a porté
sur l’organisation, la prestation des services et la formation. On met
l’accent sur la qualité des soins et l’équité dans l’accès. Nadine
Henningsen considère que des normes nationales permettront d’assurer
« l’efficacité du système de soins de santé du Canada et le
traitement équitable des Canadiens dans toutes les régions du pays »[50].
Le Dr Taylor Alexander a déclaré que : « Les
Canadiens vivant dans les provinces dites « pauvres » ne devraient
pas être plus désavantagés ni risquer davantage si leur province n’a pas
les fonds nécessaires pour assurer des soins et des services à domicile et
communautaires comparables à ceux des provinces plus riches »[51].
Diane McLeod, vice-présidente de la Planification des politiques et des
relations gouvernementales chez les Infirmières de l’Ordre Victoria du
Canada, a dit qu’« En l’absence de telles normes, il ne faut pas espérer
de programme de soins de santé unifié dans le secteur communautaire »[52].
Même si
les témoins ont clairement dit que les services et la formation devraient
être comparables d’un bout à l’autre du pays, ils n’ont pas précisé
la façon d’y parvenir. À propos des normes nationales, le Dr Taylor
Alexander estime que celles‑ci devraient porter sur des services
essentiels et respecter les principes de la Loi canadienne sur la santé[53].
Il préconise une entente fédérale-provinciale-territoriale sur un « panier
type » de services à domicile et services communautaires essentiels
auxquels s’appliqueraient les principes de la Loi canadienne sur la santé.
Ces services assurés comprendraient les services à domicile fournis par des
auxiliaires, les soins infirmiers, le service social, la physiothérapie,
l’ergothérapie, les soins palliatifs, les médicaments sur ordonnance, les
soins de relève et la gestion des cas. Nadine Henningsen a déclaré « qu’on
peut discuter de la façon d’intégrer ces normes dans une loi nationale,
mais que le moment de débattre de leur importance est passé »[54].
9.4.2
Ressources humaines
Les témoins prévoient une crise nationale croissante au chapitre de
l’offre, de la répartition, du recrutement et de la conservation du
personnel dans les programmes de soins et services à domicile et
communautaires. Ils déclarent que ce secteur est devenu de moins en moins
attirant pour les travailleurs à cause des années de compressions budgétaires
qu’il a connues, des mises à pied de personnel infirmier, des bas salaires,
des conditions de travail pénibles, de la formation insuffisante et de la
complexité accrue des soins. Leurs préoccupations touchaient en général la
formation, la rémunération, les conditions de travail et la conservation des
ressources humaines dans le domaine des soins à domicile. La question du
remplacement ou du « transfuge » chez les professionnels et les
auxiliaires a également été soulevée.
En ce qui
concerne la formation, certains témoins ont insisté sur les études et la
formation qu’on devrait exiger dans le cas de toutes les personnes qui
s’occupent de soins à domicile. Faute de personnel qualifié suffisant, les
programmes de soins à domicile ne peuvent satisfaire aux besoins, ce qui
compromet l’indépendance des clients et occasionne une surcharge des
services de soins actifs. Certains témoins ont fait remarquer qu’il fallait
consacrer plus de temps et de ressources pour expliquer aux médecins en quoi
consistent les soins à domicile et comment ils peuvent en parler avec leurs
patients. D’autres témoins ont signalé que les qualifications nécessaires
dépendaient de la politique de chaque province.
Par exemple,
l’Ontario a un programme de formation très exigeant (trois ans) pour les
aides à domicile. En Nouvelle‑Écosse, on est en train de mettre sur
pied un programme de formation. En Saskatchewan, il n’en existe pas; le
travail des aides à domicile est géré par l’agence de services. Un témoin
a parlé des écarts entre les provinces pour ce qui est du ratio infirmiers
autorisés‑infirmiers auxiliaires. Régis Paradis, président de
l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec, a signalé
que les infirmiers auxiliaires sont pratiquement absents du secteur des soins
de santé au Québec. Toutefois, en Ontario et aux États-Unis, où le ratio
infirmiers autorisés‑infirmiers auxiliaires est de trois pour un, les
infirmiers auxiliaires participent beaucoup aux services de maintien à
domicile[55].
D’après ce témoin, si le ratio était le même au Québec qu’en Ontario,
le Québec aurait actuellement près de 4 500 infirmiers et infirmières
auxiliaires de plus, ce qui lui permettrait d’économiser environ 50 millions
de dollars par an.
Un autre
problème important est le niveau médiocre des salaires et des avantages
accordés au personnel préposé aux soins à domicile. On a dit qu’en
particulier, le fait qu’ils soient moins bien rémunérés que le personnel
des établissements de santé explique en partie la pénurie. Le Dr Taylor
Alexander a signalé qu’en Ontario, dans certains cas, les infirmiers et
infirmières communautaires sont payés jusqu’à 25 % de moins que
leurs homologues travaillant dans des établissements.
On sait que
le secteur des soins à domicile offre des salaires et des avantages moins généreux
que les hôpitaux; dans certaines provinces, les auxiliaires, en particulier,
ne gagnent pas beaucoup plus que le salaire minimum. On a également fait
observer que la presque totalité des auxiliaires sont des femmes, dont bon
nombre sont de récentes immigrantes peu instruites pour qui l’anglais est
la langue seconde. Beaucoup de travailleurs du secteur des soins à domicile
sont exploités de diverses façons par leurs clients. En outre, ils sont
nombreux à faire des heures supplémentaires non rémunérées pour
s’assurer que leurs clients reçoivent toute l’aide dont ils ont besoin.
Les écarts
marqués dans les salaires et les avantages offerts dans les différentes régions
du pays font que les travailleurs sont attirés vers les régions où les
salaires sont le plus élevés, ce qui cause des pénuries encore plus graves
dans les régions où les salaires sont faibles, comme dans certaines des
provinces de l’Atlantique. Les témoins ont parlé de travaux entrepris par
Développement des ressources humaines Canada et Santé Canada concernant les
ressources humaines dans le secteur des soins à domicile. En consultation
avec les organisations pertinentes, les responsables se pencheront sur la
question des disparités salariales chez les infirmiers et infirmières et les
aides à domicile, sur les conditions de travail de l’ensemble des
travailleurs du secteur des services communautaires et sur les besoins de
formation en général[56].
Dans
l’ensemble, les témoins demandent que le gouvernement fédéral et les
provinces et territoires collaborent étroitement pour élaborer une stratégie
nationale concernant les ressources humaines dans le secteur des soins à
domicile et des soins communautaires, de façon qu’il y ait une offre et une
répartition adéquate de personnel convenablement formé
partout au Canada. Selon eux, cette stratégie devrait inclure des mécanismes
permettant aux provinces de financer la formation et le perfectionnement
professionnels et aux agences d’offrir des salaires et des avantages
suffisants, ce qui leur permettra de recruter du personnel et d’éviter de
le perdre au profit du secteur des soins en établissement ou d’autres
secteurs.
9.4.3
Organisation et financement
De nouvelles recherches révèlent que le soins à domicile sont plus
rentables que les soins donnés dans des hôpitaux de soins actifs et qu’ils
représentent une solution de rechange économique au recours prématuré
aux établissements de soins prolongés. [57]
Au sujet des soins de longue durée en établissement, les études préliminaires
ont révélé que l’on pourrait réaliser des économies de 50 % en
remplaçant les soins en établissement par des soins à domicile pour les
clients âgés dont le type et le niveau de soins n’évoluent pas. Plus la
santé du client est instable et plus le niveau de soins augmente, plus les coûts
des soins à domicile se rapprochent et finalement dépassent les coûts des
soins en établissement. Les chercheurs indiquent d’autre part que les économies
tiennent à la façon dont sont structurés les systèmes de prestation de
services dans certaines régions du Canada; ils estiment que les décisionnaires
pourraient songer à demander que l’organisation du système de soins à
domicile se fasse selon la formule des « pratiques exemplaires ».
On
a mentionné les soins palliatifs ou les soins au terme de la vie comme un
domaine où les soins à domicile pourraient remplacer les soins à l’hôpital.
Les soins au terme de la vie diffèrent des soins actifs et des soins de
longue durée, mais peuvent consister à la fois en soins de haute ou de
faible intensité. Les témoins ont signalé qu’on manquait d’études sur
le coût des soins palliatifs et qu’ils n’étaient pas sûrs qu’il soit
judicieux de lancer un programme national de soins à domicile qui ne
s’adresserait qu’aux personnes nécessitant des soins au terme de leur
vie. Ils ont fait remarquer que les provinces n’apprécient guère les
programmes ciblés qui empiètent sur leur champ de compétence, et que la
plupart des données disponibles montrent que le recours aux soins à domicile
à la place de soins actifs est le moyen le plus simple et le plus rapide de
constater la valeur des soins à domicile, parce qu’on peut comparer les coûts
à ce qu’il en coûterait pour garder le patient dans un lit d’hôpital[58].
Bonnie Pape,
de l’Association canadienne pour la santé mentale, a abordé la question
des soins à domicile dans le contexte de la santé mentale. Elle a indiqué
qu’en général, les soins à domicile ne sont pas bien adaptés aux
personnes qui souffrent d’une maladie mentale. Elle a signalé que :
« Les personnes souffrant de maladie mentale n’ont souvent pas droit
aux soins à domicile à moins qu’elles n’aient fait l’objet d’un
autre diagnostic primaire. Lorsqu’elles y ont droit, les services ne leur
conviennent pas toujours, car elles ontdes besoins très particuliers. C’est
tragique, car des études pilotes à petite échelle ont démontré que les
soins à domicile pouvaient grandement améliorer la vie des malades mentaux,
surtout ceux dont les besoins sont complexes. Les soins à domicile peuvent même
parfois éviter un placement en établissement »[59].
L’une des
questions qui n’ont pas été réglées en ce qui concerne l’organisation
et le financement des soins à domicile au Canada est le rôle respectif des
secteurs public et privé. À l’heure actuelle, les soins à domicile relèvent
à la fois du secteur public et du secteur privé. Outre le rôle limité
qu’y joue le gouvernement fédéral dans le cas de groupes particuliers tels
que les Premières nations et les anciens combattants, les budgets et les dépenses
publics au titre des soins à domicile sont essentiellement contrôlés par
les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Toutefois,
pour ce qui est de la prestation des services, les secteurs public et privé
ont chacun leur rôle. Dans le privé, la prestation de services peut passer
par des organismes à but non lucratif comme les Infirmières de l’Ordre de
Victoria du Canada ou des sociétés à but lucratif telles que ComCare. Selon
la majorité des témoins, il faut avant tout éliminer les obstacles
financiers qui empêchent les personnes d’obtenir les soins dont elles ont
besoin à un moment de leur vie où elles sont vulnérables. Plusieurs témoins
ont signalé des études indiquant que les gens sont tendance à ne pas se prévaloir
des soins à domicile lorsqu’ils savent qu’ils doivent les payer.
Certains témoins
ont fait remarquer que la participation du secteur privé aux soins à
domicile n’est pas très différente de ce qu’elle est dans le reste du
système de soins de santé. Le Dr Taylor Alexander a signalé
que « les médecins dans notre pays sont en fait des praticiens privés
payés par des fonds publics. Les hôpitaux sont des établissements privés
financés par des fonds publics »[60].
Aussi pourrait‑on traiter les soins à domicile au même titre que les médecins
et les hôpitaux, comme des services privés financés par des fonds publics
et auxquels s’appliqueraient les quatre principes de la Loi canadienne
sur la santé qui garantissent des services axés sur le patient.
Pour Nadine
Henningsen, l’une des questions importantes dans le débat sur des services
à but lucratif par opposition à des services à but non lucratif est celle
de la gestion des cas, qui, d’après elle, devrait être laissée à
l’administration publique. Mme Henningsen ajoute que la situation des
soins à domicile et des soins communautaires est unique sur le plan de la
gestion des cas. Presque tous les gouvernements provinciaux et territoriaux
ont maintenant le même système de point d’accès unique, d’évaluation
et de placement pour les soins à domicile et un système de gestion continue
des cas. Elle a fait remarquer que, contrairement à ce qui se passe dans le
cas des hôpitaux, dans le domaine des soins à domicile les gestionnaires de
cas sont les décideurs ou les contrôleurs, alors que les fournisseurs de
services, qu’il s’agisse de matériel ou de personnel, suivent un plan de
gestion de cas préétabli et contrôlé[61].
D’autres
témoins ont exprimé des réserves quant à la prestation de services à
domicile par des organismes privés à but lucratif. Kathleen Connors, présidente de la Fédération canadienne des syndicats des
infirmières et infirmiers, a fait remarquer qu’au Manitoba, l’expérience
du gouvernement en ce qui concerne les soins à domicile privés à but
lucratif avait été un échec. En effet, on n’avait pas réussi à obtenir
d’offre plus économique pour la prestation de services de soins de santé
à domicile de qualité, si bien que l’on était revenu aux services financés
et offerts par le secteur public[62].
Les témoins
estiment en général que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer tant
en aidant à la recherche afin d’établir des pratiques exemplaires qu’en
offrant un niveau approprié de financement. En ce qui concerne les pratiques
exemplaires, ils ont signalé l’existence au Manitoba d’un programme de
soins à domicile où les fonds consacrés à ces services peuvent atteindre
jusqu’à concurrence du montant qu’il en coûterait si le patient était
soigné dans un établissement de soins de longue durée. Au chapitre du
financement fédéral, les témoins ont demandé que les provinces et les
territoires affectent immédiatement des fonds aux soins à domicile et
qu’ils rendent compte de leur utilisation.
9.4.4
Soignants naturels
Les témoins
ont déclaré que la réduction des services aux hospitalisés avait accru le
fardeau de soins qui retombe sur leurs familles et leurs amis. Ce transfert de
responsabilité du secteur public au secteur privé rémunéré ou non se
produit en même temps que diminuent les familles et que la population âgée
augmente.
Le fardeau
financier pour les membres de la famille et les amis proches qui assument le
soin d’un malade sortant d’un établissement de soins actifs ou nécessitant
des soins palliatifs à domicile peut être élevé. Dans l’enquête sociale
générale de 1996 sur le soutien social et communautaire, 86 % des
soignants offraient des soins non professionnels non rémunérés. Pour
l’ensemble, environ 15 % ont indiqué que leur fonction de soignants
naturels avait des répercussions économiques sur eux et leurs familles. Les
femmes de 45 à 65 ans étaient, dans la plupart des cas, celles qui
assuraient ces soins[63].
Le Comité consultatif national sur l’âge d’or, dans son rôle
consultatif auprès du ministre fédéral de la Santé, a recommandé que le Régime
de pensions du Canada et l’assurance-emploi tiennent compte des personnes
qui quittent temporairement la population active pour assurer des soins non
professionnels[64].
Les témoins
ont signalé que la désinstitutionnalisation, à la fois pour les soins
actifs et pour les cas de santé mentale, ne s’était pas accompagnée
d’un investissement des fonds ainsi économisés dans les soins
communautaires, mais que ces fonds avaient été utilisés à d’autres fins.
Ainsi les personnes ayant besoin de soins doivent-elles compter sur l’aide
de parents ou d’amis proches. Ces aidants naturels consacrent donc temps et
argent à organiser les aides et services nécessaires pour le parent ou
l’ami qui n’est plus soigné à l’hôpital. D’après l’Institut
Roeher, organisme national de recherche se penchant sur les questions de
politique publique concernant les personnes souffrants d’handicaps
intellectuels ou autres, le processus très laborieux qui consiste à trouver
des fonds, à traiter avec divers organismes, à gérer les rendez-vous avec
plusieurs thérapeutes et à obtenir des services de relève peut mener à un
épuisement physique et mental grave pour les aidants naturels[65].
Toutes les
familles qui s’occupent de quelqu’un à la maison doivent s’efforcer de
prévenir cet épuisement physique et mental des soignants naturels. Les témoins
ont déclaré que lorsqu’on envisage des soins à domicile, le coût
financier des programmes de relève nécessaires aux soignants naturels doit
être calculé dans les coûts de santé. Ils ont préconisé des
interventions peu coûteuses comme des informations et des conseils, du temps
personnel, un soutien psychologique offert par des groupes d’entraide et
autres, et la création d’organismes porte-parole.
Les témoins
ont demandé que le gouvernement fédéral travaille en étroite collaboration
avec les provinces et les territoires à l’élaboration d’une stratégie
nationale de relève, afin que les aidants naturels puissent avoir le temps de
souffler et de récupérer et qu’ils puissent jouir d’une vie personnelle
et d’un peu de loisirs. Cette stratégie pourrait inclure tout un éventail
de mécanismes financiers pour venir en aide aux soignants, notamment par le régime
fiscal, les politiques d’emploi, l’assurance-emploi, les régimes de
pension et des paiements directs.
9.4.5
Information et recherche
Les témoins ont signalé le nombre important de questions restées sans
réponse en ce qui concerne les soins à domicile et ont demandé de meilleurs
systèmes d’information et davantage de recherches. Comme les autres témoins
ayant participé à cette étude, ceux qui ont parlé spécifiquement des
soins à domicile ont insisté sur le fait qu’il faudrait davantage de données
pour être en mesure de prendre des décisions
éclairées. À leur avis, tous les aspects de la prestation de soins
doivent être étudiés et évalués : il faut notamment déterminer qui
seraient les soignants à domicile les mieux qualifiés, formés et aidés et
si l’organisme dispensateur des services suit les « pratiques
exemplaires » à tous égards, depuis la formation des travailleurs
jusqu’à la prestation des services.
À propos
de l’information sur la santé, les témoins ont de façon générale
signalé que tout ce secteur est actuellement dominé par les hôpitaux et les
médecins. C’est ce qu’ont répété les témoins qui sont venus parler
des soins à domicile en général et ceux qui ont abordé les questions de
santé mentale. On a indiqué que, bien que la majorité des troubles mentaux
soient traités dans la collectivité plutôt qu’à l’hôpital, les données
sur la maladie mentale viennent essentiellement des hôpitaux, qui tirent de
plus en plus de renseignements des enquêtes nationales sur la santé[66].
Pour ce qui
est des systèmes d’information sur les soins à domicile, les témoins ont
cité les besoins suivants : un système commun d’évaluation axé sur
les résultats pour les clients; un système commun de classification des
services et un système d’information clinique pour aider les équipes
multidisciplinaires. Régis Paradis, de l’Ordre des infirmières et
infirmiers auxiliaires du Québec, a insisté sur la nécessité de recueillir
des données uniformes après une surveillance standardisée :
Il est
nécessaire de disposer de données interprovinciales fiables et documentées
sur la rendement et l’efficacité du système de soins de santé, et tout
particulièrement sur les services de maintien à domicile. L’Institut
canadien d’information sur la santé est un exemple de ce qui peut être
fait. De plus, le rôle joué par Développement des ressources humaines
Canada est important, car il permet une évaluation globale du problème des
ressources humaines dans un secteur donné[67].
Au sujet de
la recherche sur les soins à domicile, les témoins ont préconisé de
changer la façon dont est actuellement financée la recherche, c’est-à-dire
par l’intermédiaire d’organisations établies telles que les hôpitaux et
les universités, pour consacrer des budgets de recherche au secteur
communautaire. Les questions à ce sujet avaient trait au rôle du
gouvernement et des organisations privées à but lucratif et à but non
lucratif ainsi qu’au rôle de la famille, des amis et de la collectivité.
Des questions plus précises touchaient le niveau de dépenses par habitant
consacrées aux soins à domicile, comparé aux dépenses consacrées aux hôpitaux
et aux soins en établissement, et les données quantitatives sur
l’effet du passage du PAC (Projet d’animation communautaire) au TCSPS en
ce qui concerne les soins à domicile.
Les
personnes qui s’occupent de près de soins à domicile estiment qu’on en
sait très peu sur la façon dont on pourrait intégrer les soins à domicile
au processus de réduction des effectifs dans les hôpitaux ou aux innovations
concernant les soins primaires. Elles voudraient savoir s’il serait efficace
et rentable d’offrir des incitatifs aux médecins pour qu’ils collaborent
avec le personnel infirmier et les gestionnaires de cas affectés aux soins à
domicile, de créer des équipes professionnelles et paraprofessionnelles,
d’organiser différemment les ressources physiques, techniques et humaines.
En particulier, ces pesronnes voudraient qu’on élabore des évaluations
communes des résultats et une classification unique qui permettraient une
application plus large des résultats de la recherche.
9.4.6
Médicaments sur ordonnance
Pour de
nombreux témoins, le fait que des patients plus malades sortent plus vite de
l’hôpital a des répercussions importantes sur le coût des médicaments et
d’autres coûts que doivent supporter ces patients soignés à domicile.
Comme l’a dit le Dr Taylor Alexander : « Alors
qu’au départ les soins à domicile étaient conçus pour aider les
personnes non seulement dans la phase aiguë d’une maladie mais aussi sur de
longues périodes, il faut maintenant consacrer de plus en plus de ressources
à ce qu’on appelle la « substitution des soins actifs ».
Autrement dit, c’est ni plus ni moins l’hôpital à la maison, avec toutes
les ressources très coûteuses et toute la technologie que cela implique »[68].
Les médicaments sur ordonnance font partie de ces ressources très coûteuses;
or ils sont couverts par l’assurance médicale quand on se trouve à l’hôpital,
mais pas une fois qu’on est rentré chez soi.
On craint
que le fait que ces médicaments ne soient pas couverts ne pousse les malades
à prendre des risques, surtout ceux qui ne peuvent pas se permettre
d’acheter tous les médicaments dont ils ont besoin. Un groupe à risque est
celui des malades mentaux qui ont reçu leur congé de l’hôpital; ils
pourraient en effet manquer de ressources financières et autres pour suivre
une pharmacothérapie appropriée à la maison.
À propos
des soins palliatifs, les témoins ont insisté sur le fait qu’un élément
critique pour que ces soins soient efficaces est que le patient ne souffre
pas. Le Dr Taylor Alexander a parlé de nombreux cas où la
gestion de la douleur fait défaut, souvent parce que les patients et leurs
familles ne peuvent se permettre les médicaments nécessaires pour contrôler
la douleur. Cette situation tragique occasionne des souffrances inutiles pour
les malades[69].
Dans le
rapport du Sénat sur les soins au terme de la vie, on trouve un aperçu des réponses
des provinces aux questions portant sur l’élimination des obstacles
financiers aux soins palliatifs communautaires causés par le coût des médicaments
et des autres fournitures médicales. Ce rapport révèle que bien de
provinces ont déjà pris des mesures pour fournir des médicaments aux
patients que les médecins ou les évaluations de gestion de cas jugent nécessiter
des soins palliatifs[70].
9.4.7
Télésanté
On considère que la technologie dans diverses applications de télésanté
est un élément crucial du débat sur les
soins à domicile. Il est déjà possible de relier le matériel
installé au domicile du patient aux installations locales de santé grâce à
des lignes téléphoniques. D’autres possibilités devraient bientôt se
concrétiser. Parmi les diverses applications de télésanté se rattachant
aux soins à domicile, citons les suivantes : la télémédecine, qui
permet des consultations médicales, des diagnostics, la réadaptation à
distance d’un patient à domicile; la télé-éducation, qui permet des échanges
d’information entre les professionnels de la santé et le patient à
domicile; le télémonitorage, qui permet de surveiller le patient qui suit un
traitement d’hémodialyse, un traitement cardiaque ou un traitement
oncologique chez lui ou d’aider une personne âgée chez elle; et le téléréseautage,
qui permet de relier les dossiers du patient à domicile aux pharmacies et aux
laboratoires.
Diverses
provinces essaient d’autres méthodes pour relier les patients à domicile
et les professionnels. L’Ontario et le Nouveau-Brunswick ont récemment mis
sur pied des centres d’appel ouverts 24 heures sur 24 où le public
peut téléphoner pour demander des renseignements et des conseils d’ordre médical.
Santé Canada a collaboré avec l’Ontario pour mettre sur pied dans les hôpitaux
des postes de surveillance qui
relient le personnel infirmier et les médecins aux professionnels des soins
à domicile travaillant dans les centres d’accès aux soins communautaires[71].
Comme
l’ont fait remarquer des témoins, la
rentabilité de la télésanté en ce qui concerne les soins à domicile n’a
pas encore été évaluée. L’analyse des coûts actuelle indique que l’établissement
de liens avec le domicile du patient peut permettre de réaliser des économies
à plusieurs égards. Du point de vue du professionnel de la santé, une
infirmière pourrait voir beaucoup plus de gens à domicile si elle n’avait
pas à parcourir de longues distances en voiture chaque jour. Du point de vue
du système public de soins de santé, des données provenant des États-Unis
révèlent que la surveillance des enfants asthmatiques à l’école au moyen
de systèmes informatiques pourrait réduire les cas d’hospitalisation et
contribuer à l’améliorer le bien-être de ces enfants. Sur le plan
familial, la télésanté pourrait faire économiser des frais de déplacement.
Par exemple, le transport d’un enfant et de sa famille de Thunder Bay à
Toronto peut coûter jusqu’à 1 300 $[72].
Le Comité
a d’autre part appris qu’un autre avantage de la télésanté à domicile
ainsi qu’ailleurs est que cette technologie peut réduire les problèmes de
langue et d’analphabétisme. Le Dr Thomas Ward, du Comité
consultatif fédéral-provincial-territorial sur les ressources humaines en
santé, a signalé que : « Dans les Maritimes, nous avons un gros
problème d’analphabétisme, notamment parmi la population adulte. La
plupart des gens quittent l’école très jeunes pour travailler sur les
bateaux de pêche ou dans les mines. On peut s’occuper de la santé de cette
population sans qu’elle ait à quitter la maison grâce à un réseau
interactif de télévision. On dispose des techniques nécessaires pour que
quelqu’un à l’autre bout – un simple visage – puisse répondre
aux questions, et la personne n’est pas obligée de lire un document
technique[73].
9.5
Commentaires du Comité
Le Comité
convient avec les témoins que, dans le domaine des soins à domicile, les
questions touchant les normes nationales, les ressources humaines,
l’organisation et le financement, les soignants naturels, l’information et
la recherche, les médicaments sur ordonnance et la technologie sont devenues
urgentes. Il souhaiterait que les soins à domicile et les soins de
remplacement occupent une place plus importante dans les politiques
gouvernementales. Les données de plus en plus nombreuses dont on dispose sur
la rentabilité des services et des soins à domicile sont encourageantes,
tout comme d’ailleurs la participation importante des organismes
communautaires à la définition des besoins des groupes de la population
canadienne qui pourraient le plus profiter de l’accroissement des services
et des soins à domicile.
Le Comité
reconnaît d’autre part que, bien qu’on ait beaucoup discuté de la façon
dont les soins et les services à domicile peuvent remplacer les soins actifs
(ou de courte durée), on ne s’est pas suffisamment attardé à la question
de savoir comment ils pourraient remplacer les services dans les établissements
de soins prolongés et dans les établissements de soins pour bénéficiaires
internes. Il n’existe pas non plus suffisamment de données ni de recherches
sur les soins à domicile appliqués aux soins palliatifs ou à la prévention
de l’incapacité grâce à des aides sociales ou autres.
Le Comité
reconnaît par ailleurs que le gouvernement fédéral pourrait influer de
plusieurs façons sur les résultats des soins à domicile au Canada[74].
Pour développer davantage les soins à domicile en tant que programme
national, il pourrait continuer d’augmenter les budgets des programmes et
des services de soins à domicile directs pour certains groupes qui relèvent
de sa compétence. Il pourrait accroître les transferts fédéraux dans le
cadre du TCSPS pour aider les provinces à développer leurs programmes de
soins à domicile ou à concevoir des programmes axés sur certains aspects
des soins à domicile. Il pourrait fournir une aide financière complémentaire
aux clients des soins et services à domicile au moyen de crédits et de déductions
d’impôt. Il pourrait recueillir et analyser des données sur les soins à
domicile et accroître les budgets de recherche dans ce secteur. Il pourrait
encourager les projets de télésanté dans le secteur des soins à domicile.
Il pourrait élargir la portée de la Loi canadienne sur la santé de
façon à permettre que les services de santé nécessaires puissent être
assurés dans d’autres milieux que les hôpitaux et les cabinets de médecins.
Enfin, pour accomplir tout cela, le gouvernement fédéral pourrait favoriser
de vastes consultations fédérales, provinciales et territoriales.
CHAPITRE
DIX
La
santé en milieu rural
Le Canada rural couvre 9,5 millions de km2, soit environ
95 % du territoire du pays. Environ 9 millions de Canadiens, soit
environ 30 % de la population totale, habitent la campagne ou des régions
éloignées. Dans les régions rurales et éloignées, le paysage est
diversifié et l’activité économique variée. L’observation du Canada
rural permet de dégager certains éléments caractéristiques :
·
Il comprend
les campagnes et les communautés isolées, mais aussi de petites villes loin
des grands centres.
·
La population
rurale la plus éloignée des centres urbains continue de diminuer, en
particulier à cause de l’exode des jeunes pour les études et l’emploi,
et du départ des personnes âgées attirées par les établissements de soins
de longue durée.
·
La population
rurale est en croissance à proximité des villes et dans les zones
touristiques.
·
Plus de la
moitié des Autochtones (vivant dans les réserves ou dans des collectivités
inuites ou métisses) vivent dans des régions rurales.
·
L’Ontario
et la Colombie-Britannique affichent la plus faible proportion de population
rurale, tandis que les territoires et les provinces de l’Atlantique en
regroupent la plus forte proportion. Près de la moitié de la population des
provinces de l’Atlantique vit à la campagne.
·
Les personnes
âgées, les enfants et les jeunes de moins de 20 ans sont surreprésentés
dans les régions rurales. Selon le recensement de 1996, par rapport à la
moyenne nationale, les régions rurales comptent un pourcentage plus élevé
d’enfants âgés de 5 à 19 ans, un plus faible pourcentage d’hommes
de 20 à 39 ans et de femmes de 20 à 49 ans, et un plus fort
pourcentage d’hommes de plus de 55 ans et de femmes de 60 à 69 ans.
·
En général,
le taux de chômage est plus élevé dans les régions rurales et le niveau de
scolarité plus faible.
·
La population
rurale des Prairies affiche un taux de chômage plus faible que celle des
provinces de l’Atlantique[75].
10.1
Indicateurs de l’état de santé
Un rapport
récent, Rural, Remote and Northern Health Research: The Quest for
Equitable Health Status for All Canadians, révèle qu’il n’existe pas
beaucoup de données sur la santé de la population rurale, mais que l’espérance
de vie, le taux de mortalité et le taux de mortalité infantile donnent
quelques indices de l’état de santé. Dans l’ensemble, par rapport aux régions
urbaines, l’espérance de vie dans les régions rurales est plus courte et
les taux de mortalité et de mortalité infantile sont plus élevés. En 1996,
l’espérance de vie des femmes était de 80,82 ans, contre 81,31 ans
pour les femmes des régions urbaines. Les chiffres comparables pour les
hommes sont de 74,67 ans et de 75,67 ans[76].
Dans l’ensemble, l’état de santé de la population des régions
rurales et éloignées est moins bon que celui des citadins. Le Dr Peter
Hutten-Czapski, président de la Société des médecins ruraux du Canada,
fait remarquer ce qui suit :
L’état
de santé se dégrade lorsqu’on se déplace vers les régions plus rurales
et plus éloignées. Par exemple, les maladies cardiaques sont fréquentes
dans le Nord de l’Ontario. Certains types de cancer sont observés chez les
mineurs et les agriculteurs. On constate en outre des taux beaucoup plus élevés
de maladies comme le diabète, les maladies respiratoires et infectieuses, de
même que des taux plus élevés de décès attribuables à la violence dans
certaines collectivités autochtones. Ces taux combinés font qu’on observe
une mortalité accrue dans les régions rurales, comme le démontrent les données
sur la longévité.
L’espérance
de vie inférieure n’est pas associée seulement à quelques causes précises;
plutôt, les taux de mortalité dans ces régions sont supérieurs en ce qui a
trait à la plupart des causes de décès. Comme c’est le cas pour
d’autres mesures de la santé de la population, il existe un lien avec les
facteurs socio-économiques : l’espérance de vie diminue à mesure que
le taux de chômage s’accroît et que le niveau de scolarité baisse[77].
Les besoins
de la population rurale en ce qui concerne la santé et les soins diffèrent
de ceux des citadins. Comme le signale le Bureau de la santé rurale de Santé
Canada :
Dans
ces régions, les réalités et les besoins en matière de santé diffèrent
de ceux des centres urbains. Ces besoins peuvent être liés à
l’environnement (p. ex., le besoin de formation en prévention des
renversements de tracteur), à l’évolution démographique (p. ex.,
l’augmentation du nombre de personnes âgées dans certaines régions
rurales), à un besoin en santé commun qui existe dans une région rurale
donnée (p. ex., l’état de santé des communautés des Premières
nations), ou à la nécessité de s’attaquer aux problèmes de santé selon
une perspective qui tienne compte de la réalité rurale (p. ex., des
services d’obstétrique qui n’obligent pas les femmes des milieux ruraux
à se déplacer sur de longues distances)[78].
Ce témoignage
souligne que certaines populations rurales du Canada peuvent présenter des
besoins particuliers selon l’âge, le sexe, l’origine ethnique, la
profession ou d’autres facteurs. Ainsi, diverses études révèlent que :
·
Les aînés
sont surreprésentés dans les régions rurales du Canada, tout comme les
enfants et les jeunes de moins de 20 ans. On note des problèmes
particuliers en ce qui concerne les aînés qui ont besoin de soins à
domicile ou de soins prolongés et les enfants et les jeunes qui ont des
besoins médicaux particuliers ou qui vivent dans un contexte de violence
familiale.
·
Les
agriculteurs, les exploitants forestiers et les mineurs courent parfois de
graves dangers au travail. Aux accidents causés par la machinerie de plus en
plus complexe utilisée dans leur métier s’ajoutent l’exposition aux
produits chimiques, le bruit, les longues heures de travail, les températures
extrêmes, les maladies infectieuses et le stress.
·
Les
Autochtones connaissent beaucoup de problèmes de santé en raison de leur
situation socio-économique, mais ils souffrent également d’une
insensibilité à leur culture, tout comme les immigrants nouvellement arrivés :
manque de services dans leur langue, ignorance de leurs pratiques culturelles
de la part du personnel médical, problèmes découlant du fait que les
services sont conçus pour la population majoritaire[79].
10.2
Accès aux soins dans les regions rurales et éloignées
Le principe de l’accessibilité de la Loi canadienne de la santé
veut que tous les Canadiens aient un accès raisonnable aux services de santé,
dans des conditions uniformes et sans obstacles financiers ou autres. Le Dr John
Wootton, ex-directeur exécutif du Bureau de la santé rurale et aujourd’hui
conseiller spécial en santé rurale à la Direction générale de la santé
de la population et de la santé publique à Santé Canada, soulève le problème
de l’accessibilité pour la population rurale : « S’il existe
une médecine à deux vitesses au Canada, la distinction n’est pas entre les
riches et les pauvres, mais bien entre la ville et la campagne »[80]
La
population des régions rurales et éloignées a le choix parmi une gamme plus
restreinte de fournisseurs de soins de santé que la population citadine. Les
fermetures d’hôpitaux en région et la centralisation des services de santé
a eu un impact sur la population rurale. Les médecins de campagne expliquent
que lorsque la population rurale ne peut pas obtenir des soins assurés auprès
des fournisseurs locaux dans les établissements de santé locaux, elle doit
parcourir de grandes distances et assumer des dépenses supplémentaires de
transport et autres, par exemple des frais d’hébergement. Cela peut également
avoir des conséquences néfastes pour la santé :
Nous
devons comprendre que si les résidents des régions rurales sont obligés de
se déplacer pour se faire soigner, certains d’entre eux ne le feront pas.
S’ils ne se déplacent pas, ils ne pourront pas atteindre les niveaux de
santé de ceux qui acceptent de le faire. Certains vont se déplacer, mais le
temps d’un déplacement leur coûtera cher. D’autres seront à la merci
des moyens de transport ou du temps. Obliger toute une population à se déplacer
sur de longues distances pour recevoir des soins, même s’il s’agit
d’aller dans un très bon centre, à son niveau de santé.
C’est
particulièrement inquiétant pour les femmes. Des études montrent que les
choses ne se passent pas très bien pour les femmes lorsqu’elles doivent
effectuer un long déplacement pour accoucher. Il faut noter qu’en
Saskatchewan, la fermeture en 1993 de 53 hôpitaux en milieu rural
s’est traduite par une augmentation de la mortalité périnatale. On ne peut
pas dire qu’il y a dans un tel cas une relation de cause à effet, mais la
situation est certainement préoccupante.[81]
Le recrutement et la fidélisation du personnel de santé ‑ médecins,
spécialistes, infirmières, techniciens, travailleurs sociaux, physiologistes
et nutritionnistes - dans les régions rurales et éloignées du
Canada posent problème depuis longtemps. L’accès aux médecins constitue
un problème particulier. Le Dr Hutten-Czapski ajoute ceci :
Les médecins
sont concentrés là où vivent les Canadiens dont l’état de santé est le
meilleur, et ce sont ceux qui sont malades qui ont le moins accès aux soins
de santé. C’est donc ainsi que s’accroît l’écart entre les
populations urbaines et les populations rurales.[82]
Les pénuries
de médecins en région sont persistantes et vont continuer. Selon
l’Association médicale canadienne :
·
30 % de
la population canadienne vit dans des régions rurales ou éloignées, mais
seulement 10 % des médecins canadiens pratiquent à l’extérieur
d’une zone métropolitaine de recensement ou d’une agglomération de
recensement;
·
87 % des
quelque 5 700 médecins de campagne sont des médecins de famille;
·
La majorité
des médecins de campagne (72 %) sont diplômés des facultés de médecine
du Canada, mais le nombre de diplômés canadiens varie d’une province à
l’autre. À Terre-Neuve, le tiers des médecins de campagne sont des diplômés
canadiens; en Saskatchewan, c’est 20 %. Au Québec, 95 % des médecins
de campagne ont été formés au Canada[83].
Au début
des années 90, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de
la Santé ont envisagé des stratégies de gestion de l’effectif médical;
à la fin de la décennie, ils examinaient des options visant l’effectif médical
et infirmier au sein du Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur les ressources humaines en santé. Un document de travail préparé par le
Comité en 1999, Improving Access to Needed Medical Services in Rural and
Remote Canadian Communities: Recruitment and Retention Revisited (Barer et
Stoddart, 1999) attribue la pénurie de médecins en région à « un déséquilibre
fondamental entre, d’une part, les besoins des collectivités en région et,
d’autre part, les besoins et les choix des aspirants médecins ainsi que les
influences qu’ils subissent[84] ».
Barer et Stoddart font également observer ce qui suit :
Beaucoup de localités de tout le pays sont vraiment trop petites pour
faire vivre un médecin généraliste, ou permettraient d’en faire vivre un,
mais pas deux ou trois, et encore moins toute la gamme des spécialistes
qu’on retrouve dans des grandes villes. Par ailleurs, la plupart des étudiants
canadiens acceptés dans les facultés de médecine du pays proviennent des
villes; l’essentiel de leur formation médicale a lieu en ville; ils se
forment surtout dans les hôpitaux tertiaires qu’on ne retrouve qu’en
ville; la majeure partie de la formation est dispensée par des médecins
enseignants qui travaillent en ville; il y a, en proportion de la population,
plus d’occasions de pratiquer dans les villes; l’accès aux collègues spécialistes
et aux ressources complémentaires de traitement et de diagnostic est plus
facile en ville; les heures de travail sont plus susceptibles d’y être
« régulières » et, en particulier, les horaires d’appel sont
moins onéreux; enfin, il y a plus d’emplois dans les domaines social, éducatif
et récréatif, et plus d’activités culturelles pour les médecins et leur
famille dans les villes[85].
Les experts
estiment que le lieu de pratique est déterminé par un ensemble complexe de
facteurs qui ne sont pas que financiers, alors qu’on tente de corriger les pénuries
de médecins en région par des incitatifs économiques ou financiers[86].
Les antécédents personnels, la formation professionnelle et les facteurs de
la pratique, des considérations personnelles comme l’éducation des enfants,
les loisirs, les possibilités d’emploi pour le conjoint ainsi que la taille
de la localité sont également des facteurs importants pour le choix du lieu
de pratique. Quant aux facteurs financiers, ils ne sont pas aussi importants
que les facteurs personnels. Les médecins qui déménagent pour des raisons
professionnelles indiquent également que certains facteurs un plus
grand nombre de collègues, la possibilité de se faire remplaer à son
cabinet par un collègue, la possibilité de pratiques de groupe, les services
de spécialistes et d’autres formes de compensation ‑ les
auraient incités à demeurer en région pour pratiquer[87].
Malheureusement,
on dispose de très peu de données sur les infirmières et les autres
professionnels de la santé qui travaillent en région.
Diverses
mesures ont été proposées pour atténuer les pénuries de médecins en région,
notamment :
·
Réserver des
places dans les facultés de médecine pour les candidats prêts à aller
travailler en région;
·
Revoir les
critères d’admission des facultés de médecine pour favoriser les
candidats qualifiés provenant des régions rurales;
·
Développer
l’exposition aux régions rurales à la fois au premier cycle universitaire
et dans le perfectionnement postdoctoral;
·
Établir de
nouveaux programmes de formation en résidence destinés explicitement à préparer
les spécialistes aux services de consultation en région;
·
Créer des
incitatifs financiers ou accroître ceux qui existent déjà pour encourager
les médecins à choisir des spécialités rares en région.
Les provinces et les territoires ont utilisé plusieurs formes
d’incitatifs pour attirer les médecins en région. La plupart de ces
incitatifs sont de nature financière, mais certains visent les conditions de
travail. D’autres visent à diriger les médecins vers des endroits où ils
peuvent établir des pratiques, d’autres encore à recruter des diplômés
étrangers en médecine, et d’autres enfin à attirer des candidats ruraux
dans les écoles de médecine et à exposer les étudiants en médecine au
milieu rural. Les recherches démontrent qu’une plus grande proportion d’étudiants
provenant des régions retourne en région parce qu’ils y sont déjà à
l’aise. Comme les gouvernements reconnaissent qu’il peut être plus facile
de garder dans les régions rurales des médecins qui y ont été élevés,
les programmes visant à attirer à la médecine des candidats des campagnes
se multiplient. Ainsi, on créera une faculté de médecine rurale dans le
Nord de l’Ontario, la Thunder-Barrie Medical School. Les médecins de
campagne ont exhorté le gouvernement federal à consacrer la moitié de ses
fonds à la création de facultés de médecine rurales au Canada.
Barer, Wood et Schneider (1999) indiquent également que les provinces et
les territoires connaissent tous les mêmes problèmes de répartition des
services et des effectifs en santé, mais qu’ils ne collaborent guère entre
eux pour les résoudre.
William
Tholl, secrétaire général et président directeur général de
l’Association médicale canadienne (AMC), attribue le peu de succès des
programmes au fait que les incitatifs financiers n’ont guère à voir avec
les principaux facteurs en cause dans la décision des médecins de
s’installer et de demeurer en région : c’est‑à‑dire
ceux qui ne sont pas de nature financière[88].
En outre, l’absence de coopération entre les provinces donne à penser que
le gouvernement fédéral pourrait intervenir pour favoriser cette
collaboration.
Notons que
le Canada n’est pas seul à connaître des problèmes de prestation de soins
de santé dans les régions rurales et éloignées. On observe des écarts
importants dans la répartition de l’offre de soins de santé dans presque
tous les pays industrialisés. Les États‑Unis, l’Australie et la
Nouvelle-Zélande, par exemple, connaissent des problèmes d'effectifs
sanitaires semblables aux nôtres. Comme le Canada, ces pays ont pris
plusieurs mesures pour tenter d’y remédier.
10.3
Télémédecine
De nombreux experts considèrent que la télémédecine est un important
outil de prestation des soins dans les régions rurales et éloignées. Ses
tenants estiment qu’elle est porteuse de grandes promesses. Le Bureau de la
santé et l’inforoute de Santé Canada fait la promotion de la télémédecine
comme moyen de mieux répartir les ressources sanitaires et de relier les
patients et les soignants séparés par de grandes distances. La Société des
médecins ruraux du Canada voit à la fois un avantage et un risque à la télémédecine.
L’avantage, c’est qu’elle permet de compléter les compétences et les
capacités des soignants des régions dans des situations médicales qui
obligeraient autrement les patients à voyager pour accéder aux soins. Le
risque, c’est qu’elle détourne des ressources du milieu local, avec le résultat
que les soins requis ne seraient offerts que par des sources de l’extérieur[89].
10.4
Recherche sur la santé en milieu rural
Les témoins
ont confirmé qu’il y a de nombreuses lacunes dans les données portant sur
la santé des particuliers et des collectivités vivant en milieu rural au
Canada. En outre, il n’y a pas suffisamment de recherches sur les questions
de santé en région. De l’avis des témoins, ces questions semblent éclipsées
au profit des problèmes que connaissent les villes. Les politiques adoptées
sont souvent basées sur l’expérience des villes et s’appuient sur des
données recueillies et des recherches faites en milieu urbain. Un document
d’orientation de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de
santé et du Conseil de recherches en sciences humaines souligne ce qui suit :
Parce
que les problèmes de santé en région sont graves, complexes, interreliés
et en évolution, la recherche devrait jouer un rôle essentiel dans
l’examen de la nature des problèmes, le contrôle du progrès ou de la détérioration,
l’identification des causes, la recherche de solutions et l’évaluation de
l’efficacité des diverses interventions. Cependant, à ce jour, la
recherche sur la santé en milieu rural n’a pas bénéficié d’un soutien
important ni constant de la part des organes subventionnaires de la recherche
au Canada. En général, dans le milieu de la recherche en santé, les
questions touchant les régions sont soit négligées, soit abordées de manière
générique. Dans les études génériques, même lorsque le monde rural est
mentionné, il sert généralement d’un terme de comparaison commode pour
illustrer les différences entre les villes et la campagne. Le monde rural est
rarement le centre de l’attention et, pourtant, les résultats et les
recommandations provenant de la recherche portant sur les villes sont souvent
considérés universellement applicables ou sont extrapolés au contexte rural[90].
Une des
faiblesses relevées dans la recherche sur la santé en milieu rural est le
manque de coordination et de planification. Un sommet portant sur ce type de
recherche en 1999 visait à établir un plan d’action pour la recherche sur
la santé en région. D’autres mesures comme la création des Instituts de
recherche en santé du Canada (IRSC) ont accru les budgets de recherche et la
nomination d’un conseiller spécial à la santé en milieu rural auprès du
président des instituts, deux mesures importantes pour la recherche sur la
santé en milieu rural. En outre, un consortium sur la recherche en santé en
milieu rural a été créé en 1999 pour développer la capacité de recherche
portant sur ce sujet.
10.5
Rôle du gouvernement fédéral
Le
gouvernement fédéral a répondu aux doléances de la population rurale de
plusieurs façons. Ainsi, le Bureau de la santé rurale a été créé en
septembre 1998 pour mieux refléter les opinions et les préoccupations
de la population rurale du Canada dans la politique sanitaire nationale et les
stratégies de renouvellement du système de soins de santé. En février 1999,
le gouvernement fédéral a annoncé le versement de 50 millions de
dollars sur trois ans (de 1999-2000 à 2001-2002) à
l’appui de projets pilotes relevant de l’Initiative d’innovation en santé
rurale et communautaire.
En juin
2000, le gouvernement fédéral a annoncé une Stratégie nationale sur la
santé en milieu rural, qu’il considère comme une étape importante en vue
de garantir à tous les Canadiens un accès fiable à des soins de santé de
qualité. Puis, en juillet 2001, il a annoncé la création d’un
Conseil consultatif ministériel national sur la santé rurale pour conseiller
le ministre fédéral de la Santé sur la façon dont le gouvernement fédéral
peut améliorer la santé des particuliers et des collectivités des régions
rurales.
10.6
Commentaires du Comité
Le système
de soins de santé du Canada doit fait face à de nombreux défis, dont
certains des plus importants consistent à répondre aux besoins des
populations des régions rurales et éloignées. Nous savons qu’en général,
les populations rurales présentent des taux de mortalité plus élevés, des
taux de mortalité infantile plus élevés et une espérance de vie moins
longue que les populations urbaines. Nous savons également que certaines
maladies et infections sont plus fréquentes dans les régions rurales et dans
les métiers qu’on y retrouve. Les témoins ont cependant signalé qu’on
connaît très mal l’état de santé des Canadiens vivant à la campagne. Le
Dr Judith Kulig, du Consortium for Rural Health Research,
considère que l’information à cet égard est très insuffisante[91].
Elle attribue cette lacune au nombre restreint de chercheurs qui s’intéressent
à à la santé des populations rurales et au soutien financier insuffisant
accordé à la recherche dans ce domaine.
Au Canada,
offrir un accès égal aux soins de santé en région est un défi. On a dit
au Comité que des tendances généralisées, comme des carences dans
l’effectif médical et la centralisation accrue des services médicaux,
nuisent à l’accès aux soins. Le système actuel de formation médicale ne
permet pas de produire en nombre suffisant des médecins intéressés à
pratiquer en région, et les incitatifs financiers provinciaux qui servent à
attirer et à retenir les médecins de campagne n’ont pas connu beaucoup de
succès. Les applications de la télémédecine peuvent contribuer à résoudre
certains problèmes, mais ce n’est qu’un élément de la solution.
Les témoins
ont insisté sur le fait qu’il est important que le gouvernement fédéral
collabore avec les provinces et les territoires afin d’élaborer des stratégies
nationales visant à résoudre les problèmes qui touchent la santé en région,
qu’il s’agisse de problèmes de planification, de recherche ou de
personnel soignant, ou de la réduction
des barrières structurelles qui empêchent l’établissement d’une véritable
politique nationale de la santé en milieu rural. Les témoins ont sollicité
la présence du gouvernement fédéral dans des domaines comme le financement,
l’immigration, la planification, l’évaluation, le partage de
l’information et la coordination, la technologie, la contribution au
consensus, la promotion de solutions novatrices aux problèmes de santé en région,
et ont demandé l’expansion du mandat du Bureau de la santé rurale de Santé
Canada[92].
Nous espérons
que la création du Conseil consultatif ministériel national sur la santé
rurale débouchera sur des politiques et des programmes concrets qui
contribueront effectivement à améliorer la santé de la population rurale du
Canada.
CHAPITRE ONZE
Mythes
et réalités
Tel que mentionné dans le rapport de la phase un, le débat sur le système
de soins de santé au Canada et son avenir prête à beaucoup de confusion.
Dans le présent chapitre, le Comité analyse brièvement une série
d’affirmations afin de distinguer le mythe de la réalité. Nous espérons
que cette information favorisera un débat informé et factuel sur la santé
et les soins.
11.1
Mythes au sujet du vieillissement
Mythe
: La principale
cause de l’augmentation des dépenses de santé, ce sont les besoins de la
population âgée.
Réalité
: En moyenne,
les Canadiens de 65 ans et plus consomment plus de services de santé que
leurs cadets. Cependant, le vieillissement de la population n’est qu’un
des nombreux facteurs (liés à l’offre et à la demande) qui contribuent à
la hausse du coût des soins. Parmi les autres facteurs, mentionnons le
recours aux nouvelles techniques, le coût des médicaments nouveaux, les
nouvelles attentes du public et l’évolution des maladies. Tous ces facteurs
influent sensiblement sur le coût des soins.
Les
Canadiens vivent plus longtemps et davantage en santé. Par conséquent, il
faut repenser l’impact prévu du vieillissement de la population sur le système
de soins de santé. En outre, s’il faut analyser et gérer les coûts découlant
du vieillissement, il est encore plus important de se préoccuper du coût des
soins dispensés généralement durant les six derniers mois de la vie, quell
que soit l’âge du patient. En effet, le coût des soins médicaux reçus
augmente de façon exponentielle dans les derniers temps de la vie. Par conséquent,
ce n’est pas le vieillissement de la population en soi qui influe sur le coût
des soins, mais plutôt l’accroissement général de la population.
11.2
Mythes au sujet du coût des médicaments
Mythe :
Les dépenses en médicaments augmentent parce que ceux-ci coûtent
plus cher.
Réalité :
Plusieurs facteurs sont responsables de l’augmentation des dépenses
relatives aux médicaments : utilisation accrue, recours aux nouvelles médications
plus coûteuses aux dépens des anciens médicaments, augmentations des prix.
À partir des données de la Colombie-Britannique, le Groupe de travail fédéral-provincial-territorial
sur l’utilisation des médicaments (voir chapitre 2) a constaté que
l’augmentation des dépenses en médicaments d’ordonnance est attribuable
aux facteurs suivants : recours accru aux médicaments existants (50 %),
vente de nouveaux médicaments durant leur première année complète (32 %)
et augmentation du prix des médicaments existants (18 %). Ainsi, ce sont
davantage l’utilisation accrue des médicaments et le recours à de nouveaux
médicaments qui sont responsables de l’augmentation récente des dépenses
au titre des médicaments, plutôt que le prix des médicaments comme tel.
Mythe :
Partout au Canada, la population a le même accès aux médicaments
d’ordonnance en vertu des régimes provinciaux d’assurance-médicaments.
Réalité :
Il y a d’importantes variations entre les divers régimes provinciaux
d’assurance-médicaments pour ce qui est de l’admissibilité à la
couverture et de la part remboursée. La population de l’Atlantique n’est
pas aussi avantagée que celle des autres régions. En outre, beaucoup de
personnes ont une couverture inadéquate ou aucune couverture du tout. Les
travailleurs à temps partiel et les personnes à faible revenu sont particulièrement
vulnérables, car il arrive très souvent qu’ils ne soient admissibles ni au
régime gouvernemental, ni à un régime d’assurance-médicaments de
l’employeur.
Mythe :
Le prix des médicaments est le même partout au Canada.
Réalité :
Le prix des médicaments varie d’une province à l’autre. Le Groupe de
travail fédéral-provincial-territorial sur le prix des médicaments signale
d’importantes différences dans le prix du fabricant pour les mêmes médicaments
au Canada. En 1993, c’est en Ontario que les prix étaient le plus élevés,
et ils étaient 8,8 % supérieurs à ceux de la Colombie-Britannique,
province où les médicaments coûtaient le moins cher. En 1997, dernière année
étudiée dans le rapport, l’écart entre les prix s’était réduit, mais
en Nouvelle-Écosse, où les médicaments coûtaient le plus cher, les prix étaient
quand même supérieurs de 5 % à ceux du Manitoba, province où les médicaments
coûtaient le moins cher. Un groupe de travail a également constaté que si
toutes les provinces visées par l’étude avaient payé le prix minimal de
chaque médicament en 1997, elles auraient économisé ensemble 60 millions
de dollars.
Malgré les
diverses mesures prises pour contrôler les prix, les dépenses en médicaments
devraient continuer à augmenter, surtout à cause de l’accroissement de
l’utilisation et de la consommation accrue de médicaments nouveaux et plus
coûteux.
11.3
Mythes au sujet de la technologie médicale
Mythe :
Toutes les technologies médicales utilisées actuellement dans le système de
soins de santé du Canada ont été évaluées pour leur sécurité, leur
efficacité clinique et leur économie.
Réalité :
Ce n’est malheureusement pas le cas. Comme l’indique le chapitre 3, le
Canada ne consacre pas beaucoup d’argent à l’évaluation des technologies
médicales. Nous dépensons moins à cet égard que d’autres pays. Ainsi,
les administrations publiques canadiennes y consacrent globalement moins de 8 millions
de dollars, tandis que la Grande-Bretagne verse quelque 100 millions de
dollars par an à son organe national d’évaluation, le National Institute
for Clinical Excellence (NICE). Par conséquent, les technologies médicales
sont souvent introduites dans le système de soins de santé du Canada alors
qu’on ne possède qu’une connaissance superficielle de leur sécurité, de
leur efficacité et de leur coût.
11.4
Mythe au sujet de la santé des Autochtones
Mythe :
Le gouvernement fédéral paie les soins de santé de tous les Autochtones
du Canada.
Réalité :
Les soins de santé destinés aux Autochtones du Canada sont régis par un
ensemble complexe de programmes et de services fédéraux, provinciaux et
autochtones. Les Métis et les Indiens non inscrits ne sont pas admissibles à
la plupart des programmes fédéraux concernant la santé. Santé Canada
fournit les services suivants aux Premières nations (Indiens inscrits) et aux
Inuits :
·
programmes de
promotion et de prévention pour les Indiens inscrits vivant dans les réserves
et les Inuits;
·
services de
santé non assurés (SNNA) aux Indiens inscrits et aux Inuits, où qu’ils
habitent au Canada. (Comme nous l’expliquons au chapitre 5, ce
programme offre un ensemble de services de santé aux bénéficiaires
admissibles : Indiens inscrits, Inuits reconnus et Innus du Labrador. Le
régime couvre les médicaments, les fournitures et l’équipement médical,
les soins dentaires, les soins de la vue, le transport ambulancier, les
prestations provinciales d’assurance-maladie et le counselling de crise en
santé mentale.);
·
les soins
primaires et d’urgence dans près de 200 lieux isolés et semi-isolés
où aucun service provincial n’est disponible;
·
les services
de santé publique dans plus de 400 localités;
·
le
financement des services de désintoxication, en centres de traitement et par
des professionnels de la désintoxication.
Mythe :
La population
autochtone jouit de la même santé que le reste de la population canadienne.
Réalité :
L’espérance
de vie des Autochtones est inférieure d’au moins cinq ans à celle du reste
de la population. C’est là un écart considérable. On estime que pour
combler ce fossé, il faudrait éliminer tous les décès dus aux maladies
cardiovasculaires (première cause de décès) et presque tous les décès par
cancer (deuxième cause). Même si cet obstacle semble insurmontable, le Comité
s’est fait dire qu’il y a des progrès en ce sens.
L’écart
entre la santé des Autochtones et celle du reste de la population est évident,
mais les causes en sont mal connues. Les Autochtones sont moins susceptibles
d’avoir terminé leurs études secondaires et deux fois plus susceptibles
que les autres Canadiens de vivre sous le seuil de pauvreté établi par
Statistique Canada. Cela expliquerait certains des facteurs qui contribuent à
un taux plus élevé de problèmes de santé chez la population autochtone.
Dans
l’ensemble, plusieurs facteurs conditionnent la santé des Autochtones. Les
témoins nous ont dit que de nombreux ministères fédéraux assurent la
prestation de programmes très divers qui peuvent avoir un impact sur la santé
des Autochtones, et que l’État fédéral est donc bien placé pour formuler
et mettre en oeuvre une stratégie en santé de la population destinée spécifiquement
aux Autochtones.
11.5
Mythes au sujet de l’effectif sanitaire
Mythe :
Le paiement à
l’acte est le seul modèle de rétribution qu’acceptent
les médecins.
Réalité :
La plupart des médecins
sont actuellement rémunérés à l’acte au Canada. Cependant, il semble que
beaucoup d’entre eux préféreraient un autre mode de rémunération. Une
enquête réalisée en 1999 par l’Association médicale canadienne révèle
que seulement 33 % des répondants préfèrent être payés à
l’acte; 21 % préféreraient être salariés tandis que moins de
1 % choisiraient un paiement par habitant. Quelque 35 % des répondants
ont indiqué une préférence pour une combinaison de modes (par exemple,
paiement à l’acte et paiement par habitant). Des données recueillies par
l’ICIS en 2000 révèlent que la proportion de médecins rémunérés
autrement qu’à l’acte varie selon les provinces, de 2 % en Alberta
à 53 % au Manitoba.
Le paiement
à l’acte pose certains problèmes. D’abord, il décourage les médecins
de travailler en équipe, car leur rémunération individuelle dépend du
nombre de malades qu’ils voient. Deuxièmement, il encourage les médecins
de famille à référer de façon automatique beaucoup trop de cas aux
specialists, car ils ne sont pas incités à passer plus de temps à traiter
les cas difficiles. Enfin, il renforce chez le public la perception d’une hiérarchie
au sein du système de soins de santé et ne peut qu’inciter davantage les
patients à toujours demander de consulter le médecin le « plus »
qualifié, même s’il n’est pas la personne la mieux placée pour répondre
à leurs besoins.
11.6
Mythes au sujet des systèmes d’information sanitaire
Mythe :
Le système de
soins de santé du Canada est structuré comme une entreprise de services du
XXIe siècle.
Réalité :
Au contraire,
les témoins soulignent qu’une grande faiblesse de notre système actuel
tient à ce qu’il fonctionne encore comme une entreprise artisanale, malgré
le fait qu’il utilise énormément de données. En fait, l’ingrédient le
plus important d’une action de diagnostic, de traitement et de prévention,
c’est l’information. Comme nous l’expliquons au chapitre 8, notre système
de soins de santé ne fait pas autant appel à l’informatique et aux
communications que les autres secteurs basés sur l’information. De plus, il
n’est pas intégré : les médecins et les autres soignants, les hôpitaux,
les laboratoires et les pharmacies fonctionnent tous indépendamment et ont un
accès limité aux liens électroniques qui leur permettraient de mieux échanger
de l’information.
Un recours
plus intensif à l’informatique et aux communications, et une meilleure intégration
des soignants et des institutions, aideraient à trouver les rapports de cause
à effet entre les divers intrants du système et les résultats. Les
soignants, les gestionnaires de soins et les décideurs pourraient plus
facilement prendre des décisions basées sur les faits On pourrait répondre
à des questions comme : Investissons-nous trop, assez ou trop peu dans
la technologie médicale? Y a‑t‑il trop, assez ou trop peu de médecins,
d’infirmières ou d’autres professionnels de la santé? En avons‑nous
pour notre argent? À l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de répondre
à ces questions.
Le Comité
estime que bon nombre des problèmes du secteur de la santé ne peuvent être
réglés que si celui-ci est prêt à passer au XXIe siècle, plutôt
que de rester prisonnier d’une structure et d’une mentalité du XIXe.
À notre avis, le gouvernement fédéral pourrait favoriser cette
transformation.
11.7
Mythes au sujet des soins à domicile
Mythe :
Les soins à
domicile sont réservés aux personnes âgées.
Réalité :
Beaucoup de
soins à domicile sont destinés aux personnes âgées en mauvaise santé,
mais il n’y a pas de limite supérieure ou inférieure d’âge ni
d’autres restrictions pour les soins à domicile. Ces soins peuvent convenir
à ceux qui souffrent de problèmes de santé et d’incapacités mineures,
ainsi qu’aux malades graves qui exigent des soins intensifs et un équipement
perfectionné. Les soins à domicile sont offerts aux malades qui récupèrent
d’une grave maladie, aux adultes qui souffrent d’une maladie chronique
comme le diabète, aux handicapés physiques ou mentaux et aux personnes requérant
des soins de fin de vie.
11.8
Mythes au sujet de la santé de la population rurale
Mythe :
L’état de
santé des Canadiens vivant en milieu rural et des résidents des villes et
leurs beoins en soins de santé sont les mêmes.
Réalité :
Le Bureau de la
santé rurale de Santé Canada souligne que les besoins des residents des
campagnes et des villes diffèrent. Les particularités tiennent à
l’environnement, comme les dangers des métiers ruraux telles
l’exploitation minière, la pêche et l’agriculture, aux tendances démographiques
comme l’augmentation de la population âgée dans certaines régions ainsi
qu’aux besoins de santé communs découlant de la présence d’une
population autochtone importante. En outre, la prestation des soins dans les régions
rurales et éloignées pose des problèmes inconnus dans les villes :
grandes distances, soignants peu nombreux, services spécialisés parfois
absents.
Mythe :
Les problèmes
de santé en milieu rural sont particuliers à notre pays.
Réalité :
Les problèmes
de santé en milieu rural ont tendance à se ressembler partout dans le monde.
Presque tous les pays industrialisés présentent des écarts sensibles dans
la répartition géographique de l’offre de services de santé. Ainsi, les
États-Unis, l’Australie et la Nouvelle‑Zélande connaissent des problèmes
de répartition des effectifs en santé semblables à ceux que connaît le
Canada.
CONCLUSION
Ce rapport complète la phase deux de l’étude du Comité sur les soins
de santé. Il résume les témoignages entendus entre mars et juin 2001, et
renvoie à des documents qui ont été soit déposés devant nous, soit portés
à notre attention.
Durant la
phase deux, le Comité a beaucoup appris sur les grandes tendances qui
influent sur le coût et le mode de prestation des soins de santé et sur les
implications de ces tendances pour la politique et le financement public. On
nous a dit que les problèmes relatifs au vieillissement de la population, au
coût élevé des médicaments et techniques nouveaux, aux pénuries de
soignants, au fardeau de la maladie et aux besoins particuliers des
populations rurale et autochtone doivent être corrigés si le Canada veut
maintenir un système de soins de santé viable. Le Comité comprend mieux
maintenant comment la recherche en santé et le déploiement d’une
infrastructure sanitaire pancanadienne pourront améliorer à la fois la
qualité des soins et l’efficacité de leur prestation dans l’avenir. Nous
comprenons également que la promotion de la bonne santé, la prévention des
maladies et les stratégies en santé de la population peuvent contribuer à
limiter le coût des soins en améliorant l’état de santé général des
Canadiens.
Munis de
toute cette information de base, nous avons tenté, comme dans le rapport de
la phase un, de jeter un peu de lumière sur le débat actuel sur les soins de
santé au Canada en distinguant le mythe de la réalité. Nous espérons que
ce rapport constituera une référence utile à quiconque souhaite participer
aux phases futures de l’étude du Comité.
ANNEXE
Liste
des témoins (mars à juin 2001)
Mercredi 21 mars 2001
Statistique
Canada:
Jean-Marie
Berthlot, chef, Groupe d’analyste et de modélisation de la santé, Division
des études sociales et économiques
Brian
Murphy, analyste principal de recherche, Groupe de la modélisation socio-économique
L’institut
canadien des actuaires:
Rob
Brown, membre de la commission d’étude sur le financement des soins de santé
Daryl
Leech, président, Comité des soins de santé
Conseil
consultatif national sur le troisième âge:
Le
Conference Board of Canada:
Glenn
Brimacombe, directeur du programme sur la santé
Jeudi 22 mars 2001
Institut
C.D. Howe :
Université
McMaster :
Université
d’Ottawa :
Mercredi
28 mars 2001
IMS
Health Canada :
Association
des pharmaciens du Canada :
Health
Promotion Research :
Santé
Canada:
Jeudi 29 mars 2001
Association
canadienne des radiologistes :
Office
canadien de coordination de l’évaluation des technologie de la santé :
L’institut
Fraser :
À
titre individuel:
Mercredi 4 avril 2001
Santé
Canada :
Dr.
Paul Gully, directeur général par intérim, Centre de prévention et de contrôle
des maladies infectieuses
Dr.
Clarence Clottey, directrice par intérim, Division du diabète, Bureau des
maladies cardio-respiratoires et du diabète, Centre de Prévention et de Contrôle
des Maladies Chroniques
Nancy
Garrard, directrice, Division du vieillissement et des aînés
Université
Dalhousie :
Jeudi 5 avril 2001
Santé
Canada :
Cliff
Halliwell, directeur général, Direction de la recherche appliquée et de
l’analyse, Direction générale de l’information, de l’analyse et de la
connectivité
Nancy
Garrard, directrice, Division du vieillissement de des aînés
Jeudi 26 avril 2001
Institut
de recherche en santé du Canada :
Santé
Canada :
Statistique
Canada :
Mercredi 9 mai 2001
Les
compagnies de recherche pharmaceutique du Canada :
Coalition
pour la recherche biomédicale et en santé :
Charles
Pitts, directeur exécutif
Centre
d’excellence pour la santé des femmes :
Réseau
canadien sur les maladies génétiques :
Jeudi 10 mai 2001
Santé
Canada :
Institut
canadien d’information sur la santé :
Société
canadienne de télésanté :
Ministère
de la Santé et du Mieux-être du Nouveau Brunswick :
Mercredi 16 mai 2001
Association
médicale canadienne :
Forum
médical canadien, Groupe de travail 1 :
Comité
consultatif fédéral, provincial et territorial sur les Ressources humaines en
santé :
Association
des infirmières et infirmiers du Canada :
La
Fédération canadienne des syndicats des infirmières et infirmiers :
Ordre
des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec :
Nurse
Practitioners Association of Ontario:
Les
Sociétés canadiennes en radiation et imagerie médicale:
Mercredi 16 mai 2001 (suite)
L’Association
chiropratiques canadienne:
Société
canadienne de science de laboratoire médical :
Jeudi 17 mai 2001
L’Association
canadienne de soins et services à domicile:
L’Association
canadienne de soins et services communautaires (ACSSC) :
Infirmières
de l’Ordre de Victoria du Canada (VON Canada):
Mercredi 30 mai 2001
Santé
Canada:
Jerome
Berthelette, conseiller spécial, Bureau du conseiller spécial en matière de
santé des Autochtones, Direction générale des Premières nations et Inuits
Dr.
Peter Cooney, Directeur général intérimaire, Services de santé non assurés
Affaires
indiennes et du Nord Canada:
Terry
Harrison, directrice, Sercies sociaux et justice
Assemblée
des Premières Nations :
Ralliement
national des Métis :
Association
des femmes autochtones du Canada :
Congrès
des Peuples Autochtones :
Inuit
Tapirisat du Canada:
Pauktuutit
Inuit Women’s Association:
Organisation
nationale sur la santé des Autochtones
Richard
Jock, directeur exécutif
Institut
de recherche en santé du Canada :
Mercredi 30 mai 2001 (suite)
Wikwemikong
Health Centre:
Organisation
nationale des représentants indiens et inuit en santé communautaire
Jeudi 31 mai 2001
Santé
Canada:
Association
médicale canadienne:
Société
de la médecine rurale du Canada :
Consortium
for Rural Health Research:
Mercredi 6 juin 2001
Université
d’Ottawa:
Université
de Calgary: (par vidéoconférence)
Professeur
Sheilah Martin, Faculté de droit
Jeudi 7 juin 2001 (11 h 00)
Santé
Canada:
Tom
Lips, conseiller principal en matière de politique pour la santé mentale –
Direction générale de la santé de la population et de la santé publique
Carl
Lakaski, analyste principal, Santé Mental, Division des stratégie en matière
de ressources humaines en santé – Direction générale de la politique de la
santé et des communications
Société
canadienne de psychologie:
Alliance
pour la maladie mentale et la santé mentale canadienne :
Association
canadienne pour la santé mentale:
Ministère
de la santé et du mieux-être du Nouveau-Brunswick :
[1]
Kimberly Elmslie, Secrétariat de la recherche en santé (Santé Canada), mémoire
présenté au Comité, 26 avril 2001, p. 1.
[2]
Sonya Norris, Nancy Miller-Chenier et Odette Madore, Financement fédéral
de la recherche en santé, Capsules d’information pour les
parlementaires, 56F, Bibliothèque du Parlement, 11 décembre 2000.
[3]
M. McLennan, L’amélioration du climat de la recherché en santé au
Canada, mémoire présenté au Comité, 9 mai 2001, p. 2.
[4]
La conversion selon la parité des pouvoirs d’achat (PPA) par habitant
permet d’éliminer les disparités de prix entre pays et d’estimer les dépenses
en fonction de la taille de la population.
[5]
Dr Alan Bernstein (9:17).
[6]
Dr Alan Bernstein, mémoire présenté au Comité, p. 5.
[7]
Kimberly Elmslie, Santé Canada (9:24).
[8]
Dr McLennan, mémoire présenté au Comité, p. 2.
[9]
Centre d’excellence pour la santé des femmes, mémoire présenté au
Comité, p. 2.
[10]
Mme Elmslie (9:23).
[11]
Murray J. Elston, mémoire présenté au Comité, 9 mai 2001, p. 4.
[12]
Dr McLennan, mémoire présenté au Comité, p. 6.
[13]
William J. Pascal, Bureau de la santé et de l’inforoute (Santé Canada), A
Health Infostructure for Canada, mémoire présenté au Comité, 10 mai
2001, p. 1.
[14]
Dr Jill Sanders, OCCETS (5:16).
[15] Dr John S. Millar, ICIS (12:13).
[16]
David Cowperthwaite, directeur, Systèmes d’information, ministère de la
Santé et du Mieux-être du Nouveau-Brunswick, Le
point de vue d’une province sur l’information en matière de santé,
mémoire présenté au Comité, 10 mai 2001, p. 1.
[17]
Les notions d’inforoute de la santé et d’autoroute de l’information
en santé sont équivalentes.
[18]
Rapport de la Conférence nationale sur l’infostructure de la santé, février
1998, p. 19.
[19]
Michel Léger, L’infostructure canadienne de la santé : Un lien essentiel avec
l’avenir, mai 2000.
[20]
Bureau de la santé et de l’inforoute (Santé Canada), L’intégration
virtuelle pour une amélioration de la santé : Du concept à la réalité,
septembre 1998, p. 1.
[21]
Réunion des premiers ministres, Communiqué
sur la santé, communiqué, 11 septembre 2000.
[22]
Réunion des premiers ministres, Engagement
du gouvernement du Canada en matière de financement,
communiqué, 11 septembre 2000.
[23]
David Cowperthwaite, mémoire présenté au Comité, p. 1.
[24]
William J. Pascal, BSI, mémoire présenté au Comité, p. 7.
[25]
William J. Pascal, OHIH, mémoire présenté au Comité, p. 8.
[26]
BSI (Santé Canada), L’intégration
virtuelle pour une amélioration de la santé : Du concept à la réalité,
septembre 1998.
[27]
William J. Pascal, BSI, mémoire présenté au Comité, p. 8‑9.
[28]
David Cowperthwaite, mémoire présenté au Comité, p. 4.
[29]
Nadine Henningsen (14:8).
[30]
Institut canadien d’information sur la santé, Les soins de santé au
Canada : Premier rapport annuel, Ottawa, 2000, p. 58.
[31]
Kathleen Connors (13:70).
[32] Dr Taylor Alexander (14:24).
[33] Dr Thomas Ward (13:24).
[34]
Jean-Marie Berthelot (2:10).
[35] Dr Taylor Alexander (14:10).
[36]
Institut canadien d’information sur la santé, Soins de santé au
Canada : Premier rapport annuel, Ottawa, 2000, p. 58.
[37]
Ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des services
sociaux, À l’unisson : Une approche canadienne concernant les
personnes handicapées, Ottawa, 2000, p. 5.
[38]
Nadine Hennigsen (14:8).
[39] Dr Taylor Alexander (14:10).
[40]
ICIS, Soins de santé au Canada 2001, Ottawa, 2001, p. 54.
[41]
ICIS, Soins de santé au Canada, Premier rapport annuel, Ottawa,
2000, p. 60.
[42] Dr Patricia Armstrong (11:22).
[43] Nadine Hennigsen (14:8).
[44] Dr Robert Filler (12:15).
[45]
Nancy Miller‑Chenier, Soins à domicile : Une perspective fédérale,
Ottawa, Bibliothèque du Parlement, Capsules d’information pour les
parlementaires, 77‑F 19 décembre
2000.
[46] Dr Taylor Alexander (14:11).
[47] Centre of Aging, université de Victoria, « The National Evaluation of the Cost Effectiveness of Home Care », Bulletin, 1(1), mars 2000.
[48] Manitoba Centre for Health Policy and Evaluation, A New Tool for Costing Health Care in Canada, comparaison des coûts des soins en hôpital et des soins à domicile avec pharmacothérapie, avril 1999.
[49] Health Services Utilization and Research Commission, Hospital and Home Care Study, Summary Report No. 10, mars 1998.
[50] Nadine Henningsen (14:8).
[51] Dr Taylor Alexander (14:12).
[52] Diane McLeod (14:16).
[53] Dr Taylor Alexander (14:12).
[54] Nadine Henningsen (14:8).
[55]
Régis Paradis (13:52).
[56]
Voir le site Web de l’Etude nationale des ressources humaines du
secteur des soins à domicile, www.homecarestudy.ca/fr
[57] Hollander Analytic Services et al., The National Evaluation of the Cost Effectiveness of Home Care, études en cours, site Web http://www.homecarestudy.com
[58]
Dr Taylor Alexander (14:32) et Nadine Hennigsen (14:33).
[59]
Bonnie Pape (19:41).
[60]
Dr Taylor Alexander (14:20).
[61] Nadine Henningsen (14:20).
[62] Kathleen Connors (13:71).
[63]
Kelly Cranswick, « Les soignants du Canada », Tendances sociales
canadiennes, hiver 1997, Statistique Canada, no 11‑008—XPE
au catalogue.
[64]
Conseil consultatif national sur le troisième âge, Position sur les
soins à domicile, no 20, Ottawa, mars 2000.
[65] Institut Roeher, When Kids Belong: Supporting Children with Complex Needs – At Home and In the Community, North York (Ont.), Institut Roeher, 2000.
[66]
Tom Lips (19:20).
[67]
Régis Paradis (13:53).
[68] Dr Taylor Alexander (14:25).
[69] Dr Taylor Alexander (14:14).
[70]
Sous-comité sénatorial de mise à jour de « De la vie et de la mort »,
Soins de qualité au terme de la vie : Le droit de tout
Canadien, juin 2000, annexe I, mise à jour 2000.
[71] William Pascal (12:24).
[72] Ibid.
[73] Dr Thomas Ward (13:26).
[74]
Nancy Miller‑Chenier, Soins à domicile : Une perspective fédérale,
Ottawa, Bibliothèque du Parlement, Capsules d’information pour les
parlementaires, 77‑F, 19 décembre 2000.
[75]
Canada, Partenariat rural canadien, Document
de travail pour le dialogue rural, Ottawa, 1998; Canada, secrétariat
rural, Travailler ensemble au sein du Canada rural : Rapport annuel au
Parlement, Agriculture et Agroalimentaire Canada, mai 2000.
[76]
M. Watanabe et A. Casebeer, Rural, Remote and Northern Health Research:
The Quest for Equitable Health Status for All Canadians, A Report of the
Rural Health Research Summit, janvier 2000, p. 21.
[77]
Peter Hutten-Czapski, L’état des soins de santé ruraux au Canada,
mémoire présenté au Comité, 31 mai 2001, p. 4‑5.
[78] Santé Canada, Santé rurale (http://www.hc-sc.gc.ca/santerurale/).
[79]
Pour l’examen de ces facteurs, voir Therese Jennissen, Questions
de santé dans le Canada rural, Direction de la recherche parlementaire,
BP‑235F, 1993.
[80]
Interview du Dr John Wootton, “New Office to Focus on
Rural Health Issues,” Farm Family Health, 7(1) printemps 1999.
[81] Dr Peter Hutten-Czapski (17:13).
[82] Ibid.
[83]
Association médicale canadienne, Santé dans les régions rurales et éloignées
du Canada, mémoire présenté au Comité, 31 mai 2001.
[84]
Morris L. Barber et Greg L. Stoddart, Improving Access to Needed Medical
Services in Rural and Remote Canadian Communities: Recruitment and Retention
Revisited, document de travail préparé pour le Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur les resources humaines en santé, juin 1999, p. 3 (disponible sur
Internet : http://www.srpc.ca/librarydocs/BarSto99.htm).
[85] Ibid.
[86] Morris L. Barer, Laura Wood, David G. Schneider, Toward Improved Access to Medical Services for Relatively Underserved Populations: Canadian Approaches, Foreign Lessons, Centre for Health Services and Policy Research, The University of British Columbia, mai 1999, p. 7.
[87] William Tholl, secrétaire général et président directeur général de l’Association médicale canadienne (17:8).
[88]
William Tholl (17:9).
[89]
Société des médecins ruraux du Canada, mémoire, p. 4.
[90]
Raymond W. Pong, Anne Marie Atkinson, Andrew Irvine, Martha MacLeod, Bruce
Minore, Ann Pegoraro, J. Roger Pitblado, Michael Stones, Geoff Tesson, Rural
Health Research in the Canadian Institutes of Health Research, exposé
de principe préparé pour la Fondation canadienne de la recherche sur les
services de santé et le Conseil de recherches en sciences humaines du
Canada, p. 3.
[91] Dr Judith Kulig (17:4).
[92] En septembre 1998, le Bureau de la santé rurale a été créé à Santé Canada pour donner une perspective rurale aux politiques, aux programmes et aux services du gouvernement fédéral. Le mandat du Bureau consiste à :
· Orienter les politiques sur les questions de santé en milieu rural;
· Identifier les problèmes de la santé en milieu rural dans le contexte des grandes priorités fédérales, ministérielles et régionales;
·
Favoriser
la connaissance des problèmes de santé en milieu rural d’envergure
nationale et élaborer un consensus sur la façon de les régler;
· Identifier les nouvelles tendances;
· Collaborer avec d’autres intervenants à promouvoir, encourager ou influencer l’action sur les dossiers de la santé en milieu rural;
·
Promouvoir
la participation de la population, des collectivités et des soignants en
milieu rural.