37-1
37e législature,
1re session
(29 janvier 2001 - 16 septembre 2002)
Choisissez une session différente
Délibérations du comité sénatorial permanent des
Transports et des communications
Fascicule 12 - Témoignages
| OTTAWA, le mercredi 19 septembre 2001
|
| Le Comité sénatorial permanent des transports et des communi
cations, auquel a été renvoyé le projet de loi C-14, Loi concernant
la marine marchande et la navigation et modifiant la Loi
dérogatoire de 1987 sur les conférences maritimes et d'autres lois,
se réunit aujourd'hui à 17 h 35 pour examiner le projet de loi.
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| Le sénateur Lise Bacon (présidente) occupe le fauteuil.
|
| [Traduction]
|
| La présidente: Je veux vous informer que le sénateur
Forrestall démissionne de la vice-présidence de notre comité.
Nous sommes désolés de vous voir partir, sénateur Forrestall, et
nous vous remercions de la remarquable contribution que vous
avez apportée au comité et au Sous-comité de la sécurité des
transports.
|
| À la lumière des événements de la semaine dernière, nous
devons relire le rapport que vous avez déposé pour votre
sous-comité. J'espère qu'on en enverra une copie au ministre des
Transports en lui demandant de donner suite aux recommandations du sous-comité. Nous vous remercions, sénateur Forrestall,
de votre travail, de votre collaboration et de vos bons conseils au
nom du comité et de ses membres.
|
| On m'informe également que le sénateur Oliver envisagerait
d'accepter le poste de vice-président.
|
| Le sénateur Eyton: Je propose la candidature du sénateur
Oliver.
|
| Nous nous rendons compte qu'il sera difficile de remplacer une
personne qui a la stature du sénateur Forrestall, mais je me suis
longuement entretenu avec le sénateur Oliver cet après-midi et il
semble posséder les qualités requises pour être vice-président.
C'est donc avec plaisir que je propose sa candidature à ce poste.
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| La présidente: Plaît-il aux honorables sénateurs d'adopter la
motion?
|
| Des voix: D'accord.
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| La présidente: Félicitations, sénateur Oliver. Je suis certaine
que vous nous ferez profiter tout au long de cette session de votre
expérience en tant que membre de notre comité et de président du
Comité des transports il y a quelques années. Nous vous mettrons
à la tâche dès que nous aurons terminé la séance d'aujourd'hui.
Nous aurons en effet une réunion du comité directeur, avec le
sénateur Callbeck, pour préparer la prochaine réunion. En plus du
projet de loi C-14, nous avons plusieurs autres projets de loi qui
nous attendent.
|
| Je souhaite la bienvenue à notre premier témoin, M. Ja
mes E. Gould, président de l'Association canadienne de droit
maritime.
|
| Comme vous le savez, nous vous entendrons d'abord. Tous les
membres du comité ont reçu copie de votre mémoire, et nous
vous poserons ensuite les questions voulues pour en savoir plus
sur votre dossier.
|
| M. James E. Gould, président, Association canadienne de
droit maritime: Je pratique le droit maritime à Halifax et je suis
actuellement président de l'Association canadienne de droit
maritime, qui célèbre cette année son 50e anniversaire. L'Association a été fondée en 1951 par des Canadiens qui s'intéressaient
au droit maritime canadien et international. Notre mandat est de
promouvoir des lois maritimes efficaces et modernes au Canada et
sur la scène internationale.
|
| Notre association représente le Canada au Comité maritime
international, une organisation non gouvernementale internationale privée qui a été fondée en Belgique en 1897. Le principal but
de cette organisation est de faire la promotion de l'uniformisation
et de l'unification du droit maritime international.
|
| Comme je le précise dans mon mémoire, nous avons deux
catégories de membres: des particuliers et des sociétés. Nos
membres représentent des intérêts très diversifiés et nous ne
sommes pas un groupe de pression. Nous comptons environ
300 membres à titre individuel qui représentent toutes les facettes
de l'industrie maritime canadienne, et 19 associations membres
qui représentent des intérêts particuliers mais variés dans les
affaires maritimes. Je remarque que l'une de ces associations est
d'ailleurs représentée ici même ce soir, nommément l'Association
des transitaires internationaux canadiens, et il y en a d'autres,
notamment la Fédération maritime du Canada, qui vous ont
présenté des mémoires.
|
| Depuis le début du processus de réforme de la Loi sur la
marine marchande du Canada, l'ACDM participe activement aux
consultations menées par des représentants du gouvernement. En
janvier 1997, nous avons créé notre propre comité de la réforme
de la Loi sur la marine marchande du Canada, lequel a travaillé en
étroite collaboration avec les fonctionnaires gouvernementaux et
les représentants de l'industrie maritime canadienne. Nous avons
eu de nombreuses rencontres avec Transports Canada, le ministère
des Pêches et des Océans et le ministère de la Justice au sujet du
projet de loi C-14 et du projet de loi qui l'a précédé, le C-35, et
sur l'ébauche de Loi sur la marine marchande du Canada qui a été
présentée.
|
| Nous avons eu un dialogue très ouvert avec les représentants du
gouvernement, ce qui a été utile et avantageux. Nous félicitons le
gouvernement du Canada et le comité pour le travail qui a été
effectué par Transports Canada dans cette importante initiative
consistant à réexaminer cette loi ancienne mais des plus
nécessaires pour qu'elle reflète les normes et les besoins actuels.
|
| Nous ne sommes pas d'accord avec toutes les dispositions du
projet de loi C-14, mais, grâce à notre dialogue continu, la plupart
des préoccupations que nous avions formulées avaient déjà été
éliminées après l'étude du projet de loi C-14 par le Comité
permanent des transports et des opérations gouvernementales de
la Chambre des communes. Les différences qui subsistent relèvent
essentiellement de questions de politique.
|
| Nous vous avons fait parvenir notre mémoire écrit et, comme
vous l'avez dit, madame la présidente, vous avez reçu ce
mémoire. Nous y attirons votre attention sur notre préoccupation
de longue date concernant les dispositions déjà intégrées dans les
amendements apportés au cours de la première étape de la
révision de la Loi sur la marine marchande du Canada, et je veux
parler des dispositions qui permettent l'incorporation par renvoi
de lignes directrices et de norme, et qui confèrent certains
pouvoirs aux fonctionnaires.
|
| Ces lignes directrices, normes et formules sont réputées ne pas
constituer des règlements et sont par conséquent exemptées de
l'application de la Loi sur les textes réglementaires et des
garanties qu'elles comportent. Nous faisons maintenant une mise
en garde, que nous avons déjà énoncée auparavant: le Parlement
devrait peut-être revoir la notion d'incorporation par renvoi afin
de s'assurer de protéger l'intérêt public canadien. Je n'en dirai pas
plus à ce sujet, sauf pour faire remarquer que l'on trouve dans
notre mémoire écrit un résumé de nos préoccupations à cet égard.
|
| Nous invitons les membres du comité à prendre connaissance
du mémoire écrit qui a été remis au comité en date du
12 juin 2001 et qui a été présenté par la Fédération maritime du
Canada, qui est membre de notre association.
|
| Je voudrais maintenant aborder trois sujets de préoccupation
concernant la Loi sur la marine marchande du Canada. Nous
n'avons aucune position pour ce qui est des modifications
apportées à la Loi dérogatoire sur les conférences maritimes.
Nous nous inquiétons surtout des dispositions du projet de loi
C-14 relatives au contrôle d'application.
|
| La principale initiative nouvelle en la matière est un mécanis
me de sanctions administratives qui est censé constituer une
solution de rechange, sans pour autant remplacer entièrement les
poursuites criminelles ou quasi criminelles en cas de violations.
On trouvera dans notre mémoire écrit les faits saillants de cette
initiative.
|
| Je voudrais signaler particulièrement le fait qu'en cas de
violation d'une disposition visée, Transports Canada aurait le
pouvoir discrétionnaire, au lieu d'intenter des poursuites, d'infli
ger une sanction administrative qui impose le paiement d'un
montant fixé en application des règlements. La personne à qui la
sanction est infligée aurait alors 30 jours pour soit payer la
sanction soit demander à être entendue devant un fonctionnaire
appelé un «arbitre».
|
| Je soutiens que le paragraphe 232(2) introduit une nuance très
importante, à savoir que l'on impose à Transports Canada une
charge de la preuve au civil, par opposition à une charge de la
preuve au criminel, en ce qui concerne la procédure d'examen.
C'est-à-dire qu'il faut présenter une preuve fondée sur la
prépondérance des probabilités plutôt qu'une preuve au-delà de
tout doute raisonnable.
|
| Le consensus, parmi les membres de notre comité qui ont
examiné les dispositions du projet de loi C-14 relatives au
contrôle d'application et qu'il s'agit d'un aspect fort contestable.
Transports Canada aurait le pouvoir de décider de procéder par
voie administrative ou par voie judiciaire. Le ministère ne devrait
pas être sensiblement avantagé en choisissant de procéder par
voie administrative, ce qui réduit les protections offertes en cas de
poursuites pour ce qui est de la charge de la preuve.
|
| Je sais que d'autres intervenants ont exprimé la même
préoccupation, notamment la Fédération maritime du Canada.
Nous savons qu'il y a dans notre secteur une vive opposition à
l'adoption de l'initiative d'application administrative, et cette
opposition est notamment le fait d'un bon nombre de nos sociétés
membres. Par conséquent, nous exprimons simplement notre
préoccupation au sujet de l'adoption d'un régime d'application
dont la nécessité n'a pas été démontrée.
|
| D'autres initiatives du projet de loi C-14 dans le domaine de
l'application sont également controversées. Comme on vient de le
noter, les poursuites au criminel demeurent une option d'applica
tion dans tous les cas. Sur le plan de la procédure, dans presque
tous les cas, le projet de loi C-14 permet de procéder par
déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Toutefois, les
amendes maximales qui peuvent être imposées le cas échéant sont
très élevées dans tout le projet de loi. D'autres ont fait des
observations sur le montant des amendes et je n'en dirai pas plus
là-dessus.
|
| Le ministre aurait les pleins pouvoirs de refuser de délivrer, ou
de suspendre, annuler ou refuser de renouveler un document
maritime canadien (DMC), en vertu de l'article 20. Le comité de
l'ACDM a deux objections à formuler en ce qui concerne cette
initiative particulière.
|
| Premièrement, le libellé des dispositions visées est vague et
imprécis et ouvre la voie à des sanctions contre les titulaires du
DMC qui soient infligées de manière arbitraire.
|
| Deuxièmement, l'emploi éventuel de sanctions relatives au
DMC à des fins pénales (par opposition à des fins de sécurité et
d'assurance) ajoute un danger supplémentaire pour les personnes
ayant prétendument commis une violation. L'ACDM estime qu'il
s'agit là d'une utilisation injuste et illégitime du processus
d'agrément du personnel.
|
| J'ai aussi souligné dans le mémoire écrit que l'article 149, à
l'étude à la Chambre des communes, et qui autorise le ministre à
demander une enquête formelle sur un décès s'étant produit à
bord d'un navire canadien, pourrait entrer en conflit avec la Loi
sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et
de la sécurité des transports et, dans tous les cas, ne protège pas
adéquatement les témoins contre une éventuelle auto-incrimina
tion dans le cas d'un témoignage obligatoire avant la tenue de
l'enquête.
|
| L'ACDM ne juge pas que l'harmonisation des méthodes
d'application entre les moyens de transport justifie en soi
l'introduction d'un système d'application administrative dans
l'industrie du transport. Nous ne savons pas si on a procédé à une
analyse indépendante du risque et de la gestion du risque pour
démontrer que le système d'application existant est inadéquat ou
qu'il ne remédie pas aux lacunes sur le plan de la sécurité.
|
| À nouveau, je vous renvoie au mémoire de la Fédération
maritime du Canada du 12 juin 2001 qui traite des préoccupations
particulières de la Fédération en ce qui concerne les dispositions
relatives à l'application, préoccupations que partage de manière
générale l'ACDM.
|
| Le deuxième sujet que j'aimerais aborder brièvement est celui
de la prévention de la pollution ainsi que la réponse. À l'origine,
l'ACDM avait proposé qu'une disposition soit incluse pour
empêcher le «risque antérieur» et qu'elle porte que, lorsqu'une
infraction est commise en vertu de la Loi de 2001 sur la marine
marchande du Canada, aucune accusation ne puisse être portée
pour la même infraction ou aucune action intentée en vertu de
toute autre loi.
|
| Le gouvernement n'ayant pas donné suite à cette proposition,
l'ACDM désire plus particulièrement commenter les parties qui
concernent le chevauchement de la responsabilité criminelle pour
la pollution causée par les navires.
|
| L'article 12 du Code criminel dispose qu'un accusé n'est pas
susceptible d'être puni plus d'une fois pour la même infraction
sans égard au nombre de lois du Parlement en vertu desquelles les
poursuites peuvent être engagées. Une protection semblable existe
en common law et en vertu de la Charte canadienne des droits et
libertés.
|
| Toutefois, malgré cela, la pollution de l'eau a donné lieu à des
accusations en ce qui concerne un cas unique en vertu de
plusieurs lois fédérales différentes. Avec l'adoption de la Loi
canadienne sur la protection de l'environnement, en 1999, la liste
ne pourra que s'allonger. Actuellement, en plus de la Loi sur la
marine marchande du Canada et de la Loi sur la prévention de la
pollution des eaux arctiques, l'article 40 de la Loi sur les pêches,
ainsi que l'article 13 de la Loi de 1994 sur la Convention
concernant les oiseaux migrateurs, peuvent servir pour porter des
accusations de nature pénale.
|
| Des accusations peuvent être portées en vertu de l'une ou
l'autre de ces mesures législatives, mais l'ACDM soutient qu'il
faudrait une disposition dans le projet de loi C-14 qui donne la
priorité aux poursuites engagées en vertu de la Loi de 2001 sur la
marine marchande du Canada et prévoie que des accusations
supplémentaires ne puissent être portées en vertu d'une autre loi
fédérale, et qu'il faudrait que la partie 9 soit modifiée en
conséquence.
|
| J'ai déjà parlé d'enquêtes sur les causes d'un décès, et il en est
traité aux articles 219 et 149. Dans sa forme initiale, l'article 149
obligeait le ministre à enquêter sur les causes de décès si le décès
d'une personne se produisait à bord d'un bâtiment canadien. Il
était déjà prévu, à l'article 219, que le ministre puisse ordonner
une enquête sur les causes de décès à bord d'un navire.
|
| L'ACDM s'inquiète du fait que la nature obligatoire de
l'article 149, comme elle est prévue dans l'ébauche de départ,
pourrait entrer en conflit avec le mandat du Bureau canadien
d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des
transports et causer un double emploi dans les travaux d'enquête
sur les décès ayant eu lieu à bord des navires situés dans leseaux intérieures, puisqu'il s'agit d'un aspect qui relève de la
compétence des coroners provinciaux. L'ACDM a proposé que
l'article 149 ne soit pas obligatoire mais facultatif.
|
| Cette recommandation de l'ACDM a été acceptée, en partie, et
l'article a été modifié de telle sorte que, maintenant lorsqu'un
décès se produit à bord d'un bâtiment canadien, le ministre doit, à
l'arrivée du bâtiment à un port au Canada, tenter de déterminer la
cause du décès et peut, à cette fin, tenir une enquête. Nous ne
sommes pas sûrs pour l'instant que cette mesure pallie tout à fait
la possibilité d'un chevauchement des efforts ou d'une incohéren
ce avec les dispositions de la Loi sur le Bureau canadien
d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des
transports, ni ne les élimine.
|
| La présidente: Je crois comprendre que votre grande
préoccupation concerne l'introduction de sanctions administrati
ves. À ce qu'on dit, si l'on y recourt, c'est qu'elles améliorent
davantage la sécurité, et qu'elles semblent avoir donné des
résultats dans le secteur aérien. À votre avis, dans le secteur
maritime, lesquelles contribueraient davantage à améliorer la
sécurité - les sanctions judiciaires ou les sanctions administrati
ves proposées?
|
| M. Gould: Je crois que le système actuel est adéquat. Il y a
quelques poursuites entamées en vertu de la Loi sur la marine
marchande du Canada. La plupart ont trait à des bâtiments ou à
des incidents de pollution des sols. Il y a bien sûr quelques autres
cas, mais pour la plupart il n'y a pas de poursuites. Nous pensons
que cela pourrait entraîner le maintien d'une lourde bureaucratie
qui au fond n'aurait peut-être pas grand-chose à faire.
|
| Je ne vois pas l'utilité d'un système de contraventions, où des
sanctions administratives sont imposées - et les niveaux sont très
élevés. Je ne peux pas entrer dans les détails, mais il me semble
que certaines des sanctions sont très lourdes.
|
| La présidente: Les sanctions pourraient faire l'objet d'un
appel si on n'était pas satisfait des résultats d'un examen. On
pourrait interjeter appel auprès du tribunal des transports dont on
propose la création. Cela vous rassurerait-il?
|
| M. Gould: Ce serait du gaspillage, parce qu'on ajouterait une
étape supplémentaire. Ce qui nous préoccupe, c'est que certaines
de ces sanctions pourraient servir à pénaliser les titulaires de
DMC, et d'autres qui doivent continuer à mener leurs affaires.
|
| La présidente: À la page 3, vous nous dites que nous devrons
peut-être réexaminer le concept de l'incorporation de normes par
renvoi, malgré les difficultés que Transports Canada a connues
dans le passé. Que proposez-vous?
|
| M. Gould: Nous avons proposé dans le passé une certaine
forme d'examen statutaire périodique pour s'assurer qu'on
respecte les intérêts canadiens. Nous ne nous opposons pas
nécessairement à ce qui se fait, l'idée étant simplement d'en
assurer la vérification.
|
| Il existe des normes internationales en matière de dotation,
d'accréditation, par exemple. Quand les normes sont modifiées
dans un autre pays et modifiées en conséquence ici, on peut ne
pas tenir compte de certains aspects du problème qui sont propres
au Canada. C'est ce qui nous préoccupe - nous voulons que les
intérêts canadiens soient protégés dans ce processus.
|
| La présidente: Pour l'instant, vous ne vous prononcez pas sur
les changements à la Loi dérogatoire sur les conférences
maritimes. Vous devez savoir qu'il s'agit de la dernière étape du
processus législatif et c'est pourquoi je vous demande si vous
voulez vous prononcer sur cette loi dérogatoire de 1987?
|
| M. Gould: Non, à aucune étape. Nous n'avons pas de position
sur cette loi.
|
| Le sénateur Callbeck: Monsieur Gould, vous avez parlé de
double emploi. Il pourrait y avoir chevauchement des efforts en
cas d'enquêtes sur un décès. Vous avez eu de nombreux entretiens
avec des hauts fonctionnaires, selon votre mémoire. Que vous
ont-ils dit quand vous avez soulevé cette question?
|
| M. Gould: Ils nous ont été reconnaissants de soulever la
question, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'article 149 a
été modifié à la Chambre des communes. Notre seule objection,
c'est que cela semble donner de bons résultats, mais nous ne
sommes pas certains qu'il n'y ait pas un risque de chevauchement
des compétences étant donné que le ministre peut faire enquête en
vertu de la Loi de 2001 sur la marine marchande du Canada et
qu'une enquête peut aussi être menée par le Bureau canadien
d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des
transports.
|
| Le sénateur Callbeck: J'aimerais poser une question au sujet
du risque antérieur. En vertu du Code criminel, comme vous le
disiez, on ne peut juger un contrevenant deux fois pour le même
délit. Pouvez-vous m'en donner un exemple?
|
| M. Gould: Il existe un système qui a marché relativement bien
pendant de nombreuses années, en ce qui a trait à la prétendue
pollution par les hydrocarbures causée par les navires. En vertu de
la loi, on peut poursuivre l'exploitant d'un navire, qui doit payer
une caution avant d'avoir l'autorisation de quitter le Canada -
caution qui équivaut au montant de l'amende que l'on pourrait lui
imposer. Récemment, Transports Canada et, si je ne m'abuse,
Environnement Canada ont commencé à poursuivre les exploi
tants de navires en invoquant la Loi sur la marine marchande du
Canada et les règlements régissant la prévention de la pollution
par les hydrocarbures, et c'est ainsi que l'on a inculpé le capitaine
d'un navire en vertu de la Loi sur la Convention concernant les
oiseaux migrateurs. Or, cela désavantage grandement le capitaine
du navire, puisqu'il n'y a pas de disposition garantissant sa
sécurité personnelle. De plus, l'infraction dont on l'accuse est la
même que celle visant le navire en vertu de la Loi sur la marine
marchande du Canada.
|
| Nous croyons que le Canada peut s'appuyer sur l'une ou l'autre
loi. Cependant, s'il fallait choisir entre les deux, le gouvernement
devrait se fonder sur la Loi sur la marine marchande du Canada.
Le cas échéant, c'est cette loi qui devrait prévaloir et on ne
devrait pas entamer des poursuites en invoquant d'autres lois. Ce
n'est tout simplement pas juste.
|
| Le sénateur Oliver: Sur ce point, je ne sais pas pourquoi vous
ne pourriez pas plaider la chose jugée, ou encore pourquoi vous
ne pourriez pas invoquer l'article 12 du Code criminel pour
montrer que la chose a déjà été jugée. Pourquoi ne pourriez-vous
pas le faire?
|
| M. Gould: Je suis d'accord avec vous, monsieur le sénateur.
Cela dit, les autorités entament des poursuites simultanément, ce
qui se traduit par deux procès parallèles. Il est évident que si l'on
est trouvé coupable de l'un des deux chefs d'accusation, on
pourrait toujours plaider la chose jugée. Je crois que l'article 12
dispose que l'on ne peut trouver quelqu'un coupable en vertu de
deux lois différentes, mais cela n'empêche pas le gouvernement
d'intenter des poursuites en invoquant des lois différentes.
|
| Le sénateur Oliver: Sur cette base, ne pourriez-vous pas
demander une suspension des poursuites? Si vous obteniez gain
de cause, ne pourriez-vous pas alors invoquer l'article 12 et
plaider la chose jugée?
|
| M. Gould: À priori, je vous dirais que dans la plupart des cas,
c'est le navire lui-même qui fait l'objet de la poursuite en vertu de
la Loi sur la marine marchande du Canada. Il se peut que ce soit
le propriétaire, une entreprise ou le capitaine dans bien des cas,
c'est-à-dire un particulier, qui doive répondre d'un chef d'accusa
tion en vertu de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux
migrateurs. Dans de telles circonstances, je ne pense pas que l'on
puisse demander une suspension.
|
| Le sénateur Oliver: J'ai une autre question à vous poser qui se
rapporte à ce qui me semble être votre argument de fond, à savoir
l'application de la loi. Si j'ai bien compris, ce qui vous préoccupe
principalement, c'est la charge de la preuve. En droit criminel, il
faut établir la preuve au-delà de tout doute raisonnable, tandis
qu'en droit civil, on se fonde sur la prépondérance des
probabilités.
|
| Cependant, le paragraphe 232(2) dispose qu'il incombe au
ministre d'établir la preuve selon la prépondérance des probabilités. Les tribunaux ont interprété la prépondérance des probabilités
comme voulant dire «prépondérance de preuves crédibles».
|
| Par conséquent, si le ministère peut établir une prépondérance
de preuves crédibles, en quoi cela pourrait-il vous porter
préjudice? C'est un fardeau assez élevé en soi. En d'autres mots,
les autorités ne pourront pas inventer des preuves ou intenter des
poursuites pour le plaisir de le faire.
|
| M. Gould: Je partage votre avis. Il est évident que la
prépondérance de preuves crédibles est le critère suprême. À mon
avis, cela vaut bien mieux que de croire à 50 p. 100 en la véracité
des faits attestés.
|
| Toutefois, en droit criminel, la preuve doit être établie au-delà
de tout doute raisonnable. En effet, tous les éléments de preuve se
rapportant à l'infraction doivent être établis au-delà de tout doute
raisonnable. Dans ce sens, je vous dirais qu'il y a une grande
distinction à faire entre les différents types de fardeaux de la
preuve.
|
| Un fardeau de la preuve qui exige d'établir tous les faits
au-delà de tout doute raisonnable est nettement supérieur au
principe de la prépondérance de preuves crédibles.
|
| Le sénateur Oliver: L'article 232 dispose que l'on ne peut
contraindre une personne à témoigner, mais s'il faut établir un
critère, on peut envisager une abrogation ou un examen sur
demande. C'est dire que toutes les mesures de protection
juridiques normales sont déjà prévues. Si la décision vous déplaît,
vous pouvez toujours demander un examen.
|
| Vous dites, plus loin dans votre mémoire, ignorer s'il y aura
une procédure d'examen parce que celle-ci sera probablement
établie par voie réglementaire, et vous ne savez pas la forme que
prendra le règlement. Cependant, on connaît la forme que prend
un règlement qu'une fois la loi adoptée.
|
| Vous aurez l'occasion de parler du règlement plus tard. Si la loi
elle-même autorise un examen, en quoi est-ce une mauvaise
chose?
|
| M. Gould: Il n'y a rien de mal à ce que la loi autorise un
examen. Cependant, il appartient au ministre de décider à quel
moment il se fera. Vous pouvez dire que nous allons intenter des
poursuites contre ces personnes, mais il faudra prouver ces
accusations au-delà de tout doute raisonnable. Pourquoi ne pas
procéder tout simplement par voie administrative où l'on ne doit
établir la culpabilité que selon la prépondérance des probabilités?
|
| J'affirme pour ma part que cela est contraire à la façon dont on
devrait procéder. Il faut appliquer au processus administratif le
même fardeau de la preuve qu'aux poursuites elles-mêmes.
|
| Le sénateur Oliver: Si j'ai bien compris votre mémoire et
votre exposés, votre objection n'est pas sérieuse au point d'exiger
un amendement au projet de loi? Vous ne faites que signaler votre
préoccupation au gouvernement. Le gouvernement aurait un petit
avantage s'il n'était pas obligé de prouver la culpabilité au-delà de
tout doute raisonnable.
|
| M. Gould: Je répète simplement les préoccupations que m'ont
exprimées les membres de mon organisation, notamment nos
associations membres.
|
| Le sénateur Oliver: Mais vous ne demandez pas d'amendement ou quelque chose du genre?
|
| M. Gould: Je ne le pourrais pas. Je dis simplement qu'il faut
tenir compte de cela.
|
| Le sénateur Oliver: Y a-t-il autre chose à votre avis que le
comité devrait savoir, outre les trois points que vous soulevez
dans votre mémoire? Avez-vous quelque chose à dire au sujet de
la réforme de la loi?
|
| M. Gould: Pas pour le moment. L'examen de cette loi a été
exhaustif. Même dans les cas où il y a eu omission par erreur, on
a corrigé le texte de loi. L'exercice a été bon, et je crois qu'on se
retrouve essentiellement avec une très bonne loi.
|
| Le sénateur Kenny: Monsieur, j'ai une question au sujet du
respect de la loi. À votre avis, qui doit porter des accusations?
|
| M. Gould: Transports Canada.
|
| Le sénateur Kenny: Qui à Transports Canada?
|
| M. Gould: Le ministère a des inspecteurs et des enquêteurs,
qui sont nommés en vertu de la loi, et ces personnes peuvent
procéder à des inspections et porter des accusations.
|
| Le sénateur Kenny: Ce n'est pas une fonction de police?
|
| M. Gould: Non, c'est une fonction administrative.
|
| La présidente: Y a-t-il d'autres questions, chers collègues?
Non?
|
| Nos prochains témoins sont de l'Association des transitaires
internationaux canadiens, Inc.: M. Tony Young en est le président,
et M. H. J. Kuhn le directeur général.
|
| Nous avons tous le texte du mémoire de l'association. Nous
allons vous écouter, après quoi les sénateurs vont vous poser des
questions.
|
| M. H.J. (George) Kuhn, directeur général, Association des
transitaires internationaux canadiens, Inc.: Merci de nous avoir
invités ce soir. Nous sommes heureux de pouvoir faire valoir le
point de vue de l'Association des transitaires internationaux
canadiens.
|
| Comme vous l'avez dit, madame la présidente, Tony Young
m'accompagne. Il est le président de notre comité du fret
maritime. Je suis le directeur général de l'Association.
|
| Il y a une bonne quarantaine d'années que je suis dans cette
industrie. J'ai fait mes débuts en Suisse. J'ai poursuivi ma carrière
en Angleterre, puis en France, puis ailleurs en Europe, puis à
Tokyo, et j'ai fini par m'établir au Canada. Comme vous voyez,
j'ai tellement aimé ce pays que j'ai pris la nationalité canadienne
et je n'ai plus bougé depuis. Mesdames et messieurs, je dois dire
que j'adore ce pays.
|
| Notre association regroupe un peu plus de 150 entreprises
membres de même qu'une centaine de membres associés. Il s'agit
de nos fournisseurs. Nos entreprises membres ont environ
500 bureaux répartis d'un océan à l'autre.
|
| Certains d'entre vous se demandent peut-être ce qu'est un
transitaire international. Nous offrons nos services dans chacun
des modes de transport, soit le transport routier, ferroviaire, aérien
et maritime. Dans un certain sens, nos transitaires sont des
spécialistes des divers modes de transport.
|
| Nous offrons des services transmodaux et certainement aussi
transfrontaliers étant donné que nos activités couvrent, quotidien
nement, le monde entier. Nous sommes au service des exporta
teurs et des importateurs canadiens qui veulent expédier leurs
marchandises vers des marchés étrangers ou en faire venir
jusqu'au marché canadien. Nous connaissons bien le monde entier
et nous sommes également associés de très près à tous les
organismes internationaux qui réglementent le transport au niveau
international.
|
| Madame la présidente, nous savons que bien des choses ont
changé dans le secteur du commerce maritime depuis 1987, année
où la loi actuelle est entrée en vigueur. Les compagnies maritimes
ont pris de l'expansion, offrant une capacité de plus en plus
grande et une fréquence de service accrue. Notre industrie a
connu une croissance parallèle. En 1997, notre association
comptait une centaine de membres. Elle en regroupe aujourd'hui
plus de 150.
|
| Bien que notre association ne tienne pas de statistiques sur les
revenus de ses membres ou sur le tonnage qui passe entre leurs
mains, nous estimons que leur activité compte pour un plus fort
pourcentage des dépenses consacrées au transport au Canada
qu'en 1987 et que cette tendance va en accentuant.
|
| Depuis les années 90, bon nombre de nos membres ont élargi
leur gamme de services au-delà du transport multimodal pour se
lancer dans des services d'entreposage et de distribution - ce
qu'on appelle la logistique et la gestion de la chaîne d'approvisionnement. Vous avez tous entendu dire qu'une bonne gestion de
la chaîne d'approvisionnement améliore la compétitivité et
confère à l'entreprise un avantage sur ses concurrents.
|
| Néanmoins, de nombreuses entreprises n'ont pas nécessaire
ment l'envergure ou les moyens de gérer une chaîne d'approvi
sionnement. Le transitaire international est donc l'intermédiaire
idéal pour les importateurs ou exportateurs canadiens de petite ou
moyenne taille. Cela permet une meilleure gestion de la chaîne
d'approvisionnement.
|
| Non seulement nous répondons aux besoins des importateurs et
exportateurs canadiens sur le plan du transport, mais nous nous
occupons également de leurs stocks, ce qui leur permet de réduire
leurs coûteuses opérations d'entreposage, d'améliorer considéra
blement l'efficacité de leur distribution et de diminuer sensible
ment le coût de leurs produits.
|
| Nos membres jouent un rôle crucial dans l'industrie; en réalité,
nous sommes des partenaires stratégiques des fabricants, des
importateurs, des exportateurs et des compagnies maritimes.
L'évolution récente du secteur de la logistique n'est pas propre au
Canada. Elle s'inscrit dans une tendance mondiale puisque bon
nombre de nos membres font partie de sociétés internationales.
|
| À titre de transporteurs multimodaux, nous achetons des
services de transport modal; il est donc naturel que nous soyons
constamment à la recherche de prix intéressants afin de demeurer
concurrentiels et de réaliser des bénéfices.
|
| D'un autre côté, à titre de fournisseurs de services de transport
aux expéditeurs canadiens, nous avons besoin d'un bon choix de
services fiables dans les divers modes, à savoir le transport
routier, ferroviaire, aérien et maritime.
|
| Néanmoins, il ne peut y avoir de services modaux de bonne
qualité que si les exploitants de ces services sont en mesure de
réaliser des recettes suffisantes pour moderniser et entretenir leurs
flottes et leurs parcs de véhicules. Comme on dit, nous nous
trouvons pris entre l'arbre et l'écorce.
|
| Quand on regarde ce qui s'est passé ces vingt dernières années
dans les secteurs du transport aérien et du camionnage,
entièrement déréglementés, on constate que, bien que les tarifs
marchandises aient légèrement diminué, le niveau de service et le
choix des transporteurs se sont également détériorés à mesure que
les plus gros ont chassé les plus petits à la suite de fusions,
d'acquisitions ou de faillites, comme le veut la loi de la jungle.
|
| Nous ne croyons toutefois pas qu'il y a une corrélation entre la
réglementation de l'industrie et la qualité des services. À notre
avis, la réponse se situe quelque part entre une déréglementation
complète et un environnement réglementé.
|
| En ce qui concerne plus particulièrement le transport maritime
de ligne, nous estimons que ce secteur doit continuer à bénéficier
d'une exemption de dispositions antitrust. Comme la création
d'une compagnie internationale d'expédition par conteneurreprésente un investissement de plusieurs centaines demillions - sinon de milliards - de dollars, ce n'est pas un
secteur où de nouvelles entreprises et de nouveaux navires
apparaissent et disparaissent en fonction de l'offre et de la
demande.
|
| Comme nous l'avons vu dans l'industrie du transport aérien, un
environnement tout à fait libre et entièrement déréglementé
entraînerait à coup sûr, à notre avis, un déclin des prix à court
terme, mais produirait à long terme une détérioration des services,
une diminution du choix de services et, inévitablement, une
augmentation des prix lorsque seules quelques entreprises plus
fortes que les autres auraient réussi à survivre.
|
| Cela ne veut pas dire pour autant qu'un cartel exempté des
dispositions antitrust aurait carte blanche pour imposer ouverte
ment aux expéditeurs tous les frais qu'il voudrait sous la
protection de la loi. Depuis l'entrée en vigueur de la LDCM en
1987, nous avons assisté à une baisse continue des prix, et en
même temps à une hausse de la capacité dans le commerce
transpacifique, où la conférence de fret traditionnelle s'est
transformée en «groupe de discussion». La désintégration de cette
conférence de fret transpacifique résultait elle-même des forces de
la concurrence, en raison de la surcapacité qui existait malgré
l'exemption des dispositions antitrust.
|
| Cela démontre de façon empirique que la force naturelle de la
concurrence ne disparaît pas du simple fait de l'exemption des
dispositions antitrust. Il y a de la concurrence même parmi les
membres d'un cartel.
|
| Ce groupe de discussion, baptisé «Transpacific Stabilization
Agreement», ne fixe pas de taux pour des produits spécifiques,
mais suggère certains niveaux et certains moments pour l'adoption d'augmentations générales, de suppléments et de réductions
volontaires de la capacité. Les différents transporteurs membres
de ce groupe de discussion sont libres de conclure des contrats
d'exclusivité limitée privés et confidentiels avec des expéditeurs
et des transitaires.
|
| En fait, le but est de garantir une certaine marge bénéficiaire
aux transporteurs membres afin d'assurer leur survie collective
dans le secteur de l'expédition par conteneurs, tout en permettant
la libre concurrence jusqu'à un certain point. À notre avis, ce
mécanisme d'application volontaire s'est révélé avantageux pour
toutes les parties en cause.
|
| Du côté de l'Atlantique Nord et de la Méditerranée, cependant,
les conférences de fret ont tenu bon sous le régime de la LDCM.
Elles fixent des taux spécifiques pour chaque produit, et les
contrats d'exclusivité limitée ne sont possibles qu'avec l'ensem
ble de la conférence, et non avec les transporteurs eux-mêmes. La
libre concurrence est donc restreinte puisque les taux contractuels
sont connus de tous les membres de la conférence, ainsi que des
expéditeurs du produit touché.
|
| Nous croyons que si les conférences canadiennes dans le
secteur du commerce transatlantique ne se sont pas désintégrées
sous la pression du marché, comme elles l'ont fait dans le cas du
commerce transpacifique, c'est parce que le nombre des
transporteurs est relativement limité, que les navires sont plus
petits et que le marché américain n'exerce pas une influence
directe dans cette zone.
|
| La Ocean Shipping Reform Act adoptée par les États-Unis en
1998 a changé tout cela. Elle visait notamment à satisfaire les
intérêts intérieurs américains afin de faire en sorte que les
marchandises américaines, surtout en provenance du Midwest,
continuent à transiter par des ports américains plutôt que par le
port de Montréal, mais elle ne semble pas avoir été très efficace à
cet égard.
|
| Cependant, la loi en question accorde actuellement aux
expéditeurs américains un net avantage sur les expéditeurs
canadiens d'un même produit parce qu'elle leur permet de
conclure des contrats d'exclusivité limitée privés et confidentiels
avec des transporteurs, ce qui n'est pas le cas des expéditeurs
canadiens.
|
| En outre, cette loi contient des dispositions extraterritoriales qui
permettent aux expéditeurs américains de conclure avec des
transporteurs des contrats d'exclusivité limitée confidentiels
concernant des marchandises qui transitent par des ports
américains en provenance ou à destination du Canada, et même
des envois entre deux pays étrangers qui ne passent pas par un
port américain ou qui ne contiennent pas des produits américains.
|
| Nous l'avons fait remarquer dans le mémoire que nous avons
soumis à Transports Canada en 1999, et d'ailleurs, cette pratique
extraterritoriale tout à fait contraire à notre LDCM a été
confirmée dans le rapport provisoire déposé par la Federal
Maritime Commission (FMC) en juin 2000, et publié sur son site
Web.
|
| Dans ce même rapport, la FMC indique que plus de 46 000
nouveaux contrats d'exclusivité limitée ont été conclus avant
mai 2000, un an après l'entrée en vigueur de la loi américaine. La
FMC a également souligné que ces contrats d'exclusivité limitée
n'étaient pas tous entièrement privés et confidentiels. Le degré de
confidentialité allait de la divulgation volontaire à la confidentiali
té totale, en passant par la divulgation partielle, en fonction des
conditions du contrat.
|
| Comme nous l'avons déjà dit, l'ATIC a présenté un mémoire à
Transports Canada en août 1999. Dans notre énoncé de position,
nous nous sommes dits d'accord avec l'option 4 présentée par
Transports Canada, que nous sommes heureux de voir aboutir
dans le projet de loi à l'étude. Nous sommes cependant déçus que
le terme «expéditeur», qui n'est pas défini dans la loi en vigueur,
ne le soit toujours pas dans le projet de loi. Aux États-Unis, en
vertu de l'OSRA, ce terme est défini de façon précise et inclut les
intermédiaires qui agissent en leur propre nom.
|
| Comme nous l'avons indiqué dès le départ, les transitaires sont
en fait des «expéditeurs» pour les transporteurs de conférence
lorsqu'ils concluent des contrats en leur propre nom, et pourtant,
certains transporteurs ont adopté une définition arbitraire du terme
«expéditeur», pour désigner les parties ayant des intérêts
bénéficiaires concernant les marchandises - autrement dit, les
propriétaires des marchandises -, ce qui nie aux transitaires le
droit de conclure des contrats d'exclusivité limitée pour des
marchandises spécifiques.
|
| Nous demandons respectueusement, encore une fois, que le
terme «expéditeur» - ou «chargeur» - soit défini dans la
LDCM; nous sommes d'avis que la définition suivante, contenue
à l'annexe 4 (Règles de Hambourg) de la Loi sur la responsabilité
en matière maritime adoptée récemment, serait appropriée:
|
| «Le terme «chargeur» désigne toute personne par laquelle
ou au nom de laquelle ou pour le compte de laquelle un
contrat de transport de marchandises par mer a été conclu
avec un transporteur et doit s'entendre généralement de toute
personne par laquelle ou au nom de laquelle ou pour le
compte de laquelle ces marchandises sont effectivement
remises au transporteur en relation avec le contrat de
transport par mer.»
|
| C'est la définition des Règles de Hambourg, et nous aimerions
qu'elle soit intégrée à la loi.
|
| Si la loi reconnaît que les transitaires sont des expéditeurs, nos
membres pourront négocier individuellement des contrats d'ex
clusivité limitée avec des membres d'une conférence maritime.
Les intérêts des petits et moyens exportateurs et importateurs
seront ainsi protégés contre le poids commercial des grandes
compagnies maritimes multinationales parce que le transitaire
aura combiné le volume des différentes PME afin de négocier un
tarif plus avantageux pour elles. Autrement, les petits expéditeurs
laissés à eux-mêmes pourraient être désavantagés par rapport aux
plus gros. Aux États-Unis, l'OSRA contient une disposition de ce
genre pour protéger les petits expéditeurs.
|
| Comme nous le savons, les petites entreprises sont l'âme de
notre pays et de notre économie. M. Young et moi-même aurions
aimé que soit incluse une définition de l'expéditeur.
|
| Pour conclure, madame la présidente, l'Association des
transitaires internationaux canadiens félicite Transports Canada et
le gouvernement d'avoir joué un rôle proactif pour assurer la
compétitivité du Canada dans le secteur du transport maritime
international, ainsi que le bien-être de l'industrie canadienne dans
ce domaine. Nous demandons respectueusement au gouvernement
de ne pas négliger dans le processus législatif le bien-être des
transitaires canadiens, qui sont tout aussi essentiels au commerce
extérieur du Canada. Nous remercions les membres du comité
permanent d'avoir écouté notre présentation et nous voulons
ajouter qu'en définitive, nous sommes favorables à l'adoption de
ce projet de loi.
|
| La présidente: Vous êtes favorable au maintien de l'exemption
des dispositions antitrust, mais vous voulez que les expéditeurs
puissent conclure des contrats confidentiels avec les transporteurs.
C'est bien exact?
|
| M. Kuhn: Puis-je soumettre cette question à M. Young?
|
| M. Tony Young, président, Comité sur le transport
maritime, Association des transitaires internationaux cana
diens, Inc.: Je signale que je suis vice-président de l'Association
des transitaires internationaux canadiens et président du Comité
du fret maritime.
|
| Pour répondre à votre question, nous sommes heureux de voir
que le projet de loi C-14 reprend des dispositions de l'OSRA. On
croit à tort que cette loi assure la confidentialité totale de tous les
contrats d'exclusivité limitée. En fait, ce n'est pas le cas. Elle la
permet, mais elle n'oblige pas les parties à assurer une
confidentialité totale des termes du contrat.
|
| Selon notre analyse, le projet de loi C-14 permet la même
chose puisque si les parties le souhaitent, elles peuvent divulguer
des détails du contrat. Nous pensons que c'est une disposition
importante dans le contexte de l'exemption des dispositions
antitrust accordée à l'industrie du commerce maritime. Si on
impose la confidentialité obligatoire, il n'y a plus d'exemption,
car chaque transporteur va savoir ce que font les autres. On aura
donc essentiellement une situation de libre-échange soumise à la
concurrence.
|
| La possibilité d'accorder la confidentialité permettra aux
transporteurs de divulguer le contenu de certaines expéditions
dans des secteurs sensibles. Par exemple, si un certain pourcenta
ge des navires d'un transporteur transporte un produit particulier,
il ne peut pas se permettre de le perdre, car sinon, tout ce volume
ira à un autre transporteur; il va donc y avoir une lutte
concurrentielle qui va faire baisser les tarifs au détriment de tous
les transporteurs. Nous pensons qu'il est important que la
confidentialité soit facultative, et non pas obligatoire.
|
| La présidente: D'après votre analyse des avantages de la
concurrence dans le commerce du Pacifique, seriez-vous favora
bles à l'inclusion dans le projet de loi d'une clause de
temporarisation concernant l'exemption des dispositions antitrust,
qui fixerait une date ou une période d'un certain nombre d'années
à la fin de laquelle l'exemption expirerait automatiquement?
|
| M. Young: Madame la présidente, si on ajoute une clause de
temporarisation mais que la situation reste la même et que
l'exemption soit reconduite tous les 10 ans, cela me convient. En
revanche, s'il s'agit d'une disposition de temporarisation définiti
ve, j'estime que le Canada devrait plutôt agir de concert avec le
reste du monde. Nous considérons qu'il ne faut pas éliminer cette
exemption dans un pays si elle persiste dans les autres. Le fret
peut être expédié en port payé ou en port dû et si le Canada exclut
l'exemption des dispositions antitrust, tout devra être expédié en
port payé. Par conséquent, les acheteurs canadiens n'auront
aucune idée du coût du fret, car il sera intégré au prix. La question
ne peut se régler que dans une tribune internationale, éventuelle
ment grâce à une conférence diplomatique. Aucun pays ne peut
prendre une telle décision à lui seul. Il faudrait confier la question
à l'OACD, qui s'occupe des intérêts des expéditeurs. À notre
connaissance, la plupart des pays restent favorables à un certain
niveau d'exemption.
|
| La présidente: Vous avez signalé à Transports Canada
l'extraterritorialité de la Ocean Shipping Reform Act américaine.
Quelle a été la réaction du ministère?
|
| M. Young: Lors de la promulgation de cette loi, nous en avons
étudié soigneusement les dispositions et bien qu'elle ne relève pas
directement de la loi, la FMC en a interprété l'application. En
réponse aux demandes de certains expéditeurs, la FMC a
confirmé que les expéditeurs peuvent effectivement inclure dans
un contrat des marchandises d'origine autre qu'américaine. C'est
ce qu'on appelle la «disposition de contrat d'exclusivité limitée
mondial». Nous avons considéré le rapport provisoire de la FMC
après un an d'application de la loi et la commission a confirmé
que certains expéditeurs s'en sont prévalus.
|
| Cela signifie qu'un contrat peut comporter une destination autre
qu'américaine et des marchandises autres qu'américaines, c'est-à-
dire des marchandises provenant de n'importe quel pays. Et ces
marchandises s'ajoutent au volume provenant des États-Unis.
Quand la loi américaine a été promulguée, nous y avons donc vu
une menace potentielle pour le Canada. Même si le Canada
maintient ses conférences, elles peuvent être mises en échec par
les dispositions de contrat d'exclusivité limitée mondial des
États-Unis. Nous considérons que c'est une application extraterri
toriale de la loi américaine qui prend préséance sur la loi
canadienne.
|
| Cependant, je crois que le projet de loi C-14 règle cette
question.
|
| La présidente: Pouvez-vous donner des détails sur vos
préoccupations concernant les exceptions relatives aux contrats
d'exclusivité limitée, que vous évoquez dans votre paragraphe 4,
sous-paragraphe 3.1?
|
| M. Young: Madame la présidente, nous avons publié prématu
rément et de façon trop hâtive un exemplaire de notre projet de
déclaration. Nous ne voulons pas demander des changements qui
risqueraient de retarder l'adoption du projet de loi, dont nous
sommes tout à fait satisfaits. Nous considérons que c'est une
question mineure, car la loi ne précisera pas tous ces détails et
c'est aux tribunaux commerciaux, en cas de conflit entre un
expéditeur et un transporteur sur les dispositions d'un contrat
d'exclusivité limitée confidentiel ou privé, de se prononcer à ce
sujet.
|
| Dans notre document, nous disions souhaiter davantage de
détails comme on en trouve dans la loi américaine en ce qui
concerne l'identité de l'intermédiaire et les mesures qu'il peut
prendre. Nous avons eu l'impression que nous pouvions deman
der des changements, mais nous ne souhaitons pas le faire
actuellement.
|
| Nous allons émettre un rectificatif et je demande au comité de
ne pas tenir compte de ce document, et de s'en tenir à notre
témoignage.
|
| La présidente: C'est pour cela que je tenais à obtenir une
réponse de vous.
|
| Le sénateur Oliver: Je voudrais reprendre les questions de
madame la présidente concernant les expéditeurs. Je sais que vous
vous êtes déjà adressés à Transports Canada. Avez-vous comparu
devant le comité de la Chambre des communes?
|
| M. Young: Non.
|
| M. Kuhn: Non. Nous n'avons malheureusement pas été invités
à le faire.
|
| Le sénateur Oliver: Par conséquent, ce n'est que devant ce
comité que vous avez pu exprimer votre préoccupation du fait
qu'on ne trouve nulle part dans la loi une définition du terme
«expéditeurs», n'est-ce pas?
|
| M. Young: Oui. Nous avons demandé des explications à cet
égard à Transports Canada et on nous a répondu que la loi ne
définissait pas le terme «expéditeur». Nous nous sommes donc
dits qu'il nous fallait ouvrir le dictionnaire pour voir ce qu'il en
était. On y lit qu'«expéditeur» s'entend de la personne qui
expédie.
|
| Le sénateur Oliver: Il n'est pas question d'intermédiaire.
|
| M. Young: À la lumière de cette définition, chacun d'entre
nous fera de son mieux. Si la conférence devenait un groupe de
discussion, tout se passerait probablement comme pour le
commerce transpacifique actuellement où la définition de «expé
diteur» n'est pas remise en question. Pour nous, la question n'est
pas résolue.
|
| Le sénateur Oliver: Même si vous avez soulevé la question, je
comprends que vous ne vouliez pas que cela retarde le processus.
|
| M. Kuhn: C'est juste.
|
| Le sénateur Callbeck: Madame la présidente, j'aimerais poser
une question au sujet de la définition du terme «expéditeur».
D'après vous, le fait que la loi ne définisse pas ce terme empêche
les transitaires de conclure des contrats pour l'acheminement de
certains produits. De quels produits s'agit-il?
|
| M. Young: Pour ce qui est du commerce en Extrême-Orient,
les transitaires dominent le transport multimodal. Il s'agit surtout
de produits d'importation comme les vêtements, la chaussure, les
jouets et l'électronique. Presque tous les produits que nous
achetons sont acheminés par des transitaires.
|
| Les transitaires acheminent les marchandises par différents
modes de transport sous un même contrat. Le transitaire est
chargé d'acheminer des centaines de conteneurs remplis du même
type de marchandise et il négocie à cet égard un prix de transport
avec le transporteur de son choix.
|
| Le sénateur Gustafson: Je me trouve à près de 1 500 milles
de l'eau tant du côté Est que du côté Ouest. Je dois payer des
tarifs élevés pour le transport des céréales. Vous avez dit à un
moment donné que les prix étaient établis d'avance. Les prix pour
le transport des céréales ou du pétrole, par exemple, ne sont-ils
pas le résultat des forces du marché?
|
| M. Kuhn: Il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce sont
les forces du marché qui déterminent le prix du transport de
produits en vrac comme les céréales. C'est essentiellement une
question d'offre et de demande. Les événements politiques ainsi
que certaines négociations peuvent certainement avoir une
incidence sur les prix et expliquer certaines anomalies temporai
res. De façon générale, cependant, les prix reflètent les forces du
marché.
|
| Le sénateur Gustafson: Le transport d'un produit comme le
pétrole présente des risques pour l'environnement. Demandez-
vous davantage pour transporter du pétrole que des céréales?
|
| M. Kuhn: Nous n'exploitons pas de navires. Le pétrole, par
exemple, est un produit qui est acheminé par des navires
commerciaux et non pas par des navires de ligne. Il s'agit d'un
produit qui est transporté par une flotte interne. Les sociétés
Exxon et Shell possèdent leurs propres navires de transport. Le
prix du transport du pétrole n'est donc pas vraiment établi par le
marché.
|
| D'autres sociétés, et notamment les petites sociétés, nolisent
des bateaux entiers pour transporter le pétrole. À l'échelle
internationale, on a recours à des contrats d'affrètement à temps et
à des contrats d'affrètement au voyage. Dans ces cas, les taux
commerciaux ne s'appliquent pas.
|
| Le sénateur Kenny: Ne prélève-t-on pas une certaine somme
par baril dans le cas du transport du pétrole pour défrayer le coût
des déversements? Une loi en ce sens n'existe-t-elle pas depuis un
certain temps?
|
| M. Kuhn: Je l'ignore. C'est une très bonne question.
|
| M. Young: Les transitaires ne transportent pas de pétrole.
|
| Le sénateur Gustafson: Cette question n'est-elle pas abordée
dans le projet de loi?
|
| M. Kuhn: Non.
|
| Le sénateur Kenny: Ce prélèvement existe. Je ne vous ai pas
entendu parler d'un prélèvement lorsque vous avez répondu à la
question portant sur ce qui distinguait le transport des céréales du
transport du pétrole.
|
| M. Young: Nous ne transportons pas habituellement de
marchandises en vrac. Nous transportons surtout des conteneurs.
C'est ce que nous appelons le transport multimodal.
|
| Le sénateur Gustafson: J'aimerais faire une observation. Les
producteurs de céréales doivent accepter les prix qui leur sont
demandés parce que ce ne sont pas eux qui les fixent. Voilà qui
explique que nous subissions parfois des pertes.
|
| Le sénateur LaPierre: À la page 2 de votre exposé, vous
parlez de la loi de la jungle qui règne depuis 20 ans dans les
industries du transport aérien et du camionnage en raison de leur
déréglementation totale. Vous ajoutez ensuite que vous ne pensez
pas qu'il y ait une corrélation entre la réglementation de
l'industrie et la qualité des services.
|
| Par conséquent, la solution se situe donc entre la déréglementa
tion totale et la réglementation. La réglementation est donc
nécessaire mais pas dans tous les cas. Faut-il comprendre que
vous voulez gagner sur tous les plans?
|
| M. Kuhn: Nous craignions que vous nous demandiez des
précisions à cet égard.
|
| M. Young: On a vu ce que donne la déréglementation totale de
l'industrie du camionnage l'été dernier. L'acheminement des
marchandises vers le port de Montréal a été perturbé en raison du
mécontentement des propriétaires-exploitants. Au départ, ils
étaient enchantés de devenir une entreprise de camionnage du jour
au lendemain du simple fait qu'ils possédaient un camion. Les
propriétaires-exploitants ont cependant dû ensuite conclure la
meilleure entente possible avec leurs clients dont certains
préféraient un prix par chargement plutôt qu'un prix à l'heure.
|
| Un goulot d'étranglement s'est produit parce que l'économie
tournait à plein et que le nombre de conteneurs augmentait
pendant que le port demeurait le même. Le propriétaire-exploitant
d'une entreprise de camionnage ne pouvait pas survivre lorsqu'il
demandait 150 $ pour acheminer des marchandises vers le port
de Montréal et qu'il devait faire la file pendant quatre heures.
Voilà donc pourquoi nous pensons que la déréglementation totale
n'est pas nécessairement une bonne chose.
|
| Par ailleurs, il y a 30 ans, les bureaux des tarifs établissaient
des tarifs qui variaient beaucoup. L'industrie du camionnage était
tellement rentable qu'on ne voulait pas permettre à d'autres
personnes de s'y lancer. On contrôlait alors l'offre pour maintenir
les prix à un haut niveau.
|
| Nous pensons que la solution est de permettre la libre
concurrence tout en prévoyant certaines restrictions lorsque cette
libre concurrence risque d'être nocive. Par comparaison, la liberté
de négocier un contrat doit être assurée dans le projet de loi C-14,
mais les transporteurs ne devraient pas être exemptés des
dispositions antitrust, car ils devraient discuter entre eux avant de
causer leur perte réciproque.
|
| Bon nombre d'entre nous - les transitaires, par exemple -
n'ont pas la possibilité de le faire. Si je discute avec un concurrent
des prix qui devraient s'appliquer sur le marché, on parlera de
«fixation de prix». Or, nous n'avons pas non plus investi des
centaines de millions de dollars. À notre avis, le projet de loi
propose donc un bon équilibre.
|
| Le sénateur LaPierre: Vous ne possédez pas de navires, de
camions, de trains ni d'avions. Vous êtes un agent. Si je veux
expédier 100 millions de livres des Débats de la Chambre des
communes, je recrute vos services comme agent et vous trouvez
un avion pour en assurer le transport. Est-ce bien ce que vous
faites?
|
| M. Young: Nous ne sommes pas ce genre d'agents. Les
transitaires négocient simplement un accord entre le transporteur
et l'expéditeur.
|
| Le sénateur LaPierre: Je vois.
|
| M. Young: De plus en plus, les transitaires jouent le rôle de
transporteur, de sorte que l'expéditeur qui veut acheminer des
produits vers une destination éloignée n'a pas à s'adresser à tous
les transporteurs pour connaître quels sont leurs prix. Il
communique avec une entreprise - un transitaire - qui trouvera
un transporteur qui acheminera les produits au prix convenu. Par
l'intermédiaire de son réseau d'agents, il accorde ensuite des
sous-contrats aux différents types de transporteurs, soit aux
entreprises de transport ferroviaire, de camionnage ou de transport
maritime.
|
| Le sénateur LaPierre: Finalement, mon chargement arrive à
destination.
|
| Le sénateur Oliver: Ils placent aussi les chargements dans des
entrepôts et des centres de distribution.
|
| M. Young: Le sénateur Oliver a raison. Nous ne possédons pas
les modes de transport, mais nous possédons des entrepôts ou des
centres de distribution.
|
| Le sénateur LaPierre: Je vois. J'ai toujours été fasciné de voir
à quel point ceux qui croient fermement à la libre entreprise et àla concurrence font tout ce qu'ils peuvent pour limiter la
concurrence et créer des cartels. Comment la libre entreprise
peut-elle survivre dans ces conditions? Vous voulez maintenant
que les cartels comprennent les expéditeurs. Peut-on parler de
libre entreprise?
|
| M. Young: Je suis heureux que vous ayez soulevé la question,
sénateur LaPierre. Notre industrie se compose de petites et de
moyennes entreprises qui jouent le rôle de transporteurs. Nous
traitons avec des transporteurs appartenant à des multinationales,
et nous traitons directement avec l'expéditeur, l'importateur ou
l'exportateur. Nous offrons un service essentiel et nous sommes
considérés comme des professionnels.
|
| Bien que les transporteurs eux-mêmes concentrent de plus en
plus leurs activités, c'est nous qui négocions les ententes.
Malheureusement, la concurrence est vive et les entreprises qui
composent notre industrie détruisent littéralement le marché afin
de survivre. Nous nous égorgeons les uns les autres.
|
| Je répète que les lignes de navigation peuvent établir un prix
plancher. Dans notre industrie, nous ne pouvons pas le faire. Pour
des raisons tout à fait absurdes, il y a des gens qui sont prêts pour
attirer un client à lui offrir un prix inférieur au prix coûtant. Il y a
un effet d'entraînement lorsque toutes les entreprises sont prêtes à
le faire.
|
| Des pressions s'exercent alors sur les fournisseurs de services.
Nous devons ensuite demander aux lignes de navigation de
réduire leurs prix. Le même effet d'entraînement se produitdans leur secteur à mesure que des quantités importantes de
marchandises passent d'un transporteur à un autre et que les
transporteurs s'empressent de demeurer concurrentiels.
|
| Nous ne demandons pas le droit de créer des cartels, mais ce
genre de problème se pose et la loi de la jungle règne également
dans notre industrie. Des entreprises disparaissent tous les jours.
|
| Le sénateur LaPierre: N'est-ce pas ce qu'on appelle la libre
entreprise?
|
| M. Young: C'est la libre entreprise et c'est aussi ce qui protège
l'expéditeur. S'il existait une collusion entre les lignes de
navigation et nous, nous deviendrions comme des courtiers et
nous n'aurions pas à assumer des risques. En assumant des
risques, nous ne sommes pas exemptés de l'application des
dispositions antitrust. Dans la plupart des cas, les expéditeurs
traitent avec des membres de notre industrie. Ils profitent donc de
la protection qu'assure la libre entreprise parce que nous agissons
comme rempart.
|
| Le sénateur LaPierre: Si la loi comportait une définition du
terme «expéditeur», vous pourriez alors créer tous les cartels que
vous souhaitez, n'est-ce pas?
|
| M. Young: Non, monsieur. Nous pourrons simplement alors
négocier avec les lignes de navigation à titre de clients. Par le
passé, elles nous considéraient comme des agents. En fait, nous
étions autrefois de simples agents. Nous étions des agents pour
elles. À cette époque, l'«agent» préparait simplement les
documents. C'était ce qu'était un «transitaire».
|
| Avec l'avènement des transports modaux - lorsqu'il s'est agi
d'acheminer les marchandises du point A au point B par
l'intermédiaire de différents modes de transport -, quelqu'un a
bien dû prendre le risque d'établir un contrat global. Le transitaire
est alors devenu un «transporteur» en vertu de la loi. Les
tribunaux ne permettent plus que les transitaires soient considérés
comme des agents et les considèrent plutôt comme des
transporteurs puisqu'ils agissent comme des transporteurs.
Contrairement aux lignes de navigation, nous ne sommes
cependant pas exemptés de l'application des dispositions antitrust.
|
| On peut donc dire que les expéditeurs jouissent d'une
protection, dans ce sens.
|
| Le sénateur LaPierre: Compte tenu des événements tragiques
qui se sont produits la semaine dernière, il est beaucoup question
maintenant de sécurité. Dans quelle mesure vos entrepôts et vos
conteneurs sont-ils vulnérables à des actes de terrorisme?
Avez-vous discuté de la question avec les autorités compétentes?
Vous considérez-vous comme vulnérables? Comment prévenir les
actes de terrorisme?
|
| M. Kuhn: Oui, nous nous sentons vulnérables et nous prenons
le problème extrêmement au sérieux.
|
| Toutes nos compagnies membres me bombardent de questions
sur la sécurité. Comment allons-nous nous protéger? Comment
allons-nous nous assurer qu'il ne se passera rien dans nos
activités? N'oublions pas que chaque mode de transport a ses
problèmes particuliers. Évidemment, nous sommes préoccupés au
premier chef par la mer et le transport aérien, car ce sont nos
domaines d'activité les plus importants.
|
| Le sénateur LaPierre: Je me préoccupe de vos conteneurs,
vos entrepôts, vos navires, etc.
|
| M. Kuhn: Nous avons eu dans le passé des problèmes de trafic
de drogues par exemple. On pourrait avoir le même problème
avec d'autres choses introduites illégalement.
|
| Nous avons eu des problèmes avec des expéditeurs qui faisaient
une fausse déclaration sur leurs marchandises qui étaient
expédiées en groupage et importées ainsi de façon illégale. C'est
par la GRC que nous l'avons appris. Ce sont ses agents qui
essaient de s'occuper du problème.
|
| Dans le domaine du transport aérien, par exemple, plusieurs
compagnies ont adopté la règle des 36 heures. Elles n'acceptent
pas de marchandises d'expéditeurs qu'elles ne connaissent pas,
elles nous recommandent de faire la même chose.
|
| Il y a aussi des compagnies aériennes comme Lufthansa qui
demandent aux expéditeurs de signer une déclaration dans
laquelle ils disent qu'ils ont détenu les marchandises pendant
36 heures dans leurs locaux protégés avant de les remettre au
transporteur.
|
| Le sénateur LaPierre: Cela vous plaît? Vous pensez que nous
devrions avoir la même chose?
|
| M. Kuhn: Oui. Nous ne disons pas nécessairement que la règle
des 36 heures est la bonne, mais sur le fond, nous sommes
100 p. 100 d'accord.
|
| Malheureusement, à notre avis, le gouvernement n'a pas
vraiment pris l'initiative sur ce plan. J'ai communiqué avec les
responsables de la sécurité à Transports Canada, etc. J'ai pris
l'initiative de contacter Air Canada pour essayer de mettre sur
pied une politique uniforme qui serait tellement plus avantageuse
pour tout le monde.
|
| Du point de vue de la concurrence, on appliquerait les mêmes
paramètres à tous les transitaires ou expéditeurs. Ces paramètres
communs permettraient aussi d'harmoniser les niveaux de service.
L'expéditeur n'aurait plus l'impression que tout d'un coup un
transitaire n'est pas aussi bon que l'autre parce que l'autre néglige
en fait certaines choses.
|
| Nous aurions souhaité que Transports Canada prenne l'initiati
ve et présente des recommandations, et c'est la même chose pour
Air Canada. Je leur ai dit que j'étais déçu à bien des égards parce
que nous avons élaboré des recommandations, mais que ce n'est
pas à une association de le faire.
|
| Nous ne pouvons pas légiférer ou faire quoi que ce soit dans ce
domaine. C'est au gouvernement de le faire, et idéalement il
aurait fallu que le gouvernement mette la question sur le tapis.
Les Français l'ont fait, les Allemands l'ont fait et bien d'autres
pays européens aussi.
|
| Le sénateur Gustafson: Si je vous comprends bien, la
réglementation au Canada est moins rigoureuse que celle d'autres
pays?
|
| M. Kuhn: En matière de sécurité, certainement.
|
| Le sénateur Gustafson: Et à votre avis il faudrait la modifier?
|
| M. Kuhn: Oui.
|
| Le sénateur Gustafson: Vous dites que les réglementations
européennes sont beaucoup plus rigoureuses?
|
| M. Kuhn: Tout à fait. Cela commence aux aéroports. Regardez
les gens qui nous contrôlent et allez voir comment se passe la
sécurité dans un aéroport européen. Il y a toute une différence.
|
| M. Young: Madame la présidente, pourrais-je ajouter quelques
mots aux réponses de M. Kuhn au sénateur?
|
| Les transitaires pourraient en fait être un rempart de sécurité
considérable. Si quelqu'un apporte un colis à un comptoir
d'aéroport ou un conteneur à un terminal à conteneurs, le
transporteur général est obligé d'accepter ces marchandises.
|
| Un peu partout de nos jours, on a réduit les effectifs de ces
services. Dans certains cas, si vous voulez appeler une compagnie
maritime pour faire une réservation, vous appelez à un numéro
800 aux États-Unis. La personne qui fait la réservation ne connaît
pas les clients, tout ce qu'elle sait c'est que quelqu'un veut
expédier une marchandise. Elle donne à cette personne un numéro
de réservation qui lui permet de prendre un conteneur vide et de
le charger.
|
| Le transitaire, en revanche, sollicite des opérations de transport.
Il s'adresse aux expéditeurs, il connaît le client. Normalement,
sauf si l'expéditeur réussit à le tromper sur la véritable nature de
son activité alors que ce n'est qu'une façade, le transitaire connaît
la nature de ce qui est expédié et chargé et il connaît le client.
|
| L'autre avantage, c'est que le transitaire ne sait pas comment
s'effectuera l'expédition. Ce n'est pas lui qui manoeuvre les
véhicules. Il ignore quelle compagnie maritime ou aérienne sera
utilisée. Le client ne sait absolument pas comment la marchandise
sera acheminée.
|
| Parfois, c'est une source de plaintes. Toutefois, c'est une bonne
chose sur le plan de la sécurité car la personne qui expédie la
marchandise n'est qu'un intermédiaire. Elle choisit la meilleure
formule. Si on commence à lui poser trop de questions pour
savoir exactement par quelle compagnie aérienne et sur quel vol
la marchandise va être expédiée, il y a matière à rapport.
|
| Je suggère qu'on donne à l'industrie des transitaires les
pouvoirs nécessaires pour examiner ces questions. Notre associa
tion est parfaitement apte à le faire. En fait, notre association va
demander au gouvernement à pouvoir s'autolicencier. Il ne serait
plus question pour n'importe qui de décider un beau jour de se
présenter comme transitaire. Pour obtenir une licence, il faudrait
que ces personnes respectent de nouveaux critères rigoureux émis
par notre association. Ce serait un petit peu comme de demander
à la police locale de tout vérifier avant d'aller plus loin.
|
| Le sénateur Kenny: Madame la présidente, j'imagine que
nous nous sommes écartés du projet de loi et que nous profitons
simplement de la présence des témoins, n'est-ce pas?
|
| La présidente: J'aimerais bien avoir les renseignements qu'ils
ont à nous donner.
|
| Le sénateur Kenny: Vous me permettez de poursuivre
brièvement sur ce thème?
|
| La présidente: Oui, mais brièvement.
|
| Le sénateur Kenny: Je me demandais quel était l'avantage de
cette règle des 36 heures dont vous avez parlé.
|
| M. Kuhn: Les minuteries fonctionnent sur 24 heures. L'autre
raison, c'est que n'importe quel vol, même si l'on inclut la
préparation, les expéditions, le temps de vol et le temps de transit,
même pour aller à l'autre bout du monde, ne prend généralement
pas plus de 36 heures. Même s'il y a une minuterie qui va jusqu'à
36 heures, si on garde la marchandise pendant 36 heures,
l'explosion va se produire dans votre entrepôt plutôt que dans
l'avion.
|
| Le sénateur Kenny: Mais en général, le détonateur dans un
avion est lié à la pression et n'a rien à voir avec le temps.
|
| M. Kuhn: Tout à fait.
|
| Le sénateur Kenny: Vous me parlez de quelque chose qui
retarde une expédition de 36 heures. Je ne vois pas l'intérêt.
|
| M. Kuhn: C'est comme la décision de la FAA sur les couteaux
en plastique. Où est la différence?
|
| Le sénateur Kenny: Vous disiez que c'était une bonne idée.
|
| M. Kuhn: Nous disons que certaines compagnies aériennes ont
adopté cette règle. En général, elle a été mise en place dans le
passé à l'époque où il y a eu ces alertes, et elle a donné de bons
résultats.
|
| Le sénateur Kenny: Mais vous venez de dire que cela ne sert
à rien dans le cas où le détonateur est déclenché par la pression.
|
| M. Kuhn: Soyons clairs: je ne suis pas ingénieur. Comment
fonctionne un détonateur actionné par la pression? Si vous
chargez votre marchandise dans une unité de chargement (UC)
qui est mise à votre disposition par la compagnie aérienne, et que
vous l'organisez comme vous le voulez, comment peut-on
déclencher le détonateur?
|
| Le sénateur Kenny: Il se déclenche quand l'avion atteint une
certaine altitude.
|
| M. Kuhn: L'altitude intervient.
|
| Le sénateur Kenny: C'est cela. Est-ce que vous allez voir
dans chaque conteneur dont vous prenez la responsabilité?
|
| M. Young: Normalement, le transitaire a un entrepôt ou loue
un entrepôt où il reçoit ces marchandises. Nous pensons que le
délai de 36 heures a une fonction plus psychologique que
pratique, comme vous l'avez souligné. Si le détonateur fonctionne
avec la pression, peu importe le temps qui s'écoule. Mais si la
marchandise reste là un certain temps, il peut y avoir une chance
que l'explosif soit détecté par un chien renifleur ou lors d'un
passage aux rayons X, par exemple.
|
| Le sénateur Kenny: Regardez-vous à l'intérieur de chaque
conteneur?
|
| M. Young: Nous n'inspectons pas les colis. Nous chargerons
les conteneurs, mais nous n'avons pas le droit d'ouvrir les colis.
|
| Le sénateur Kenny: Et à bord des navires, est-ce que vous
inspectez ces conteneurs?
|
| M. Young: Non.
|
| Le sénateur Kenny: Est-ce que vous savez ce qu'il y a dans
chacun des navires arrivant au port?
|
| M. Young: Non.
|
| Le sénateur Kenny: Vous ignorez ce que contiennent la
plupart des colis que vous expédiez?
|
| M. Young: C'est exact.
|
| Le sénateur Kenny: Vous proposez à ce comité de vous
confier cette responsabilité.
|
| M. Young: Non, ce n'est pas ce que nous proposons. Nous
faisons valoir que vu la nature de nos activités, nous savons qui
expédie quoi et qui sont les clients.
|
| Par contre, un transporteur maritime ou une ligne aérienne n'a
pas ces renseignements. Quelqu'un peut se présenter avec un
colis, disant qu'il vient d'un tel; ce n'est pas la même chose qu'un
transitaire qui se présente à l'entrepôt d'un expéditeur pour
prendre livraison de ces marchandises. Le transitaire aurait
peut-être déjà rencontré le propriétaire de l'entreprise, prévu des
modalités de crédit, déterminé son genre d'entreprise, et fait la
connaissance du client. Quand une ligne aérienne ou une ligne de
navigation reçoit de la marchandise de la part d'un transitaire, il a
déjà tout vérifié.
|
| Le sénateur Kenny: J'ai compris, et je croyais avoir suivi la
logique de cet aspect aléatoire qui fait en sorte que les gens ne
savent pas précisément comment les marchandises sont expédiées
si cela passe par un transitaire. C'est un concept intéressant.
|
| Le fait que vous ayez semblé présenter votre association
comme une agence de sécurité utile a piqué ma curiosité. Il me
paraissait curieux que vous soyez désireux d'assumer cette
responsabilité et les obligations qui s'y rattachent. C'est une
proposition curieuse qui m'intrigue.
|
| M. Young: Mon entreprise a déjà reçu des appels téléphoni
ques de la part du SCRS. Ils voulaient savoir si on avait de
l'information à propos d'un certain importateur.
|
| La présidente: Je suis désolée de vous interrompe, mais nous
avons assez parlé de ce sujet. C'est une question qui devrait faire
l'objet d'une réunion à huis clos, et non pas d'une séance
publique. Nous n'avons pas besoin de ces réponses pour le projet
de loi.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Gill: Vous mentionnez à la première page de votre
mémoire que les membres de votre association ne possèdent
aucune statistique ou information sur le volume des conteneurs. À
toutes fins utiles, vous n'avez donc pas d'informations. Je trouve
cela curieux parce que les associations, en règle générale, essaient
d'obtenir beaucoup d'informations sur leurs membres. Pourquoi
n'avez-vous pas d'informations?
|
| M. Young: Nos opérations s'effectuent à partir du concept de
libre commerce. Nous essayons de taire le nombre de clients que
nous avons ainsi que notre chiffre d'affaires. Ce sont des secrets.
L'association ne garde pas de statistiques telles que le volume, le
poids, le nombre de conteneurs ou encore le chiffre d'affaires.
C'est confidentiel. Nous savons toutefois que pour chaque dollar
de transport dépensé par un expéditeur, la majorité de ce dollar de
transport est organisé par le transitaire.
|
| Le sénateur Gill: Comment vos clients procèdent-ils? J'imagi
ne qu'il y a des appels d'offres. Il y a sûrement des informations
vous concernant qui circulent à un moment donné.
|
| M. Young: Parmi notre association, il y a de très grandes
compagnies et ces compagnies publient leur chiffre d'affaires,
telles les compagnies publiques. Par contre, la plupart de nos
membres sont de petites ou moyennes entreprises. Même parmi
eux, ils ne savent pas combien de tonnes de marchandises sont
transportées.
|
| [Traduction]
|
| La présidente: Merci, monsieur Young et monsieur Kuhn.
|
| La séance est levée.
|