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SECD - Comité permanent

Sécurité nationale, défense et anciens combattants

 

Le Comité sénatorial permanent de la défense et de la sécurité


EXPOSÉ DOCUMENTAIRE – COLLABORATION DES AUTRES MINISTÈRES DANS LA RÉGION DE L’ATLANTIQUE

Objet 

1.            Analyser la façon dont les Forces maritimes de l’Atlantique (FMAR(A)) et plusieurs autres ministères fédéraux ont maintenu et renforcé leurs liens afin de coordonner efficacement leurs réactions en cas de menace à la sécurité.

 

Examen de la question 

2.         Les liens entre la Marine et les autres ministères s’établissent à trois niveaux : les niveaux stratégique, opérationnel et tactique. Plusieurs dossiers, dont ceux de la sécurité, sont traités à tous les niveaux de cette collaboration. Sur le plan stratégique, par exemple, la Marine est membre du Groupe de travail interministériel sur la sécurité maritime (GTISM), situé à Ottawa, et à ce titre, elle participe aux efforts déployés par le Groupe pour renforcer la sécurité du milieu maritime. Sur les plans opérationnel et tactique, la Marine entretient ses relations avec les autres ministères sur les côtes est et ouest grâce à l’aide des différents états-majors des FMAR(A) et des Forces maritimes du Pacifique (FMAR(P)). 

3.         Au niveau opérationnel, les FMAR(A) participent à de nombreux comités fonctionnant sur une base régulière ou de circonstance (décrits plus loin) qui se penchent sur des questions ayant trait à la Marine, même si quelques-uns seulement s’occupent de problèmes de sécurité. Si l’on compare les FMAR(A) aux autres ministères fédéraux de la région de l’Atlantique, on remarque qu’elles sont uniques vu l’importance de la zone de responsabilité (ZR) qui relève de leur Commandant. Leur ZR s’étend sur plusieurs centaines de milles nautiques dans l’Atlantique Nord, en direction nord, du détroit de Davis au pôle Nord et, en direction ouest, à l’ouest du 95o de longitude où le Commandant des FMAR(P) assume des responsabilités à l’intérieur des eaux canadiennes. Les FMAR(A) semblent vouloir concentrer leurs efforts sur l’ensemble de leur AOR, tandis que d’autres ministères fédéraux s’intéressent, dans une très large mesure, soit à la région de l’Atlantique soit à certaines régions plus petites, comme c’est le cas des quatre divisions de la GRC dans le Canada atlantique. En outre, plus que tout autre ministère dans le cadre des opérations militaires, les FMAR(A) ont la capacité d’exploiter les nombreuses sources d’information sur les questions liées à la Marine et de les regrouper afin de brosser le tableau de la situation maritime qui donne un aperçu de ce qui se passe dans les eaux au large de la côte est du Canada. 

4.         Des rapports tactiques très variés sont établis au niveau local au sein des FMAR(A). Par exemple, la police militaire collabore régulièrement avec les forces de l’ordre civiles avec qui elle entretient d’excellentes relations. De plus, le commandant de la base d’Halifax travaille étroitement avec la Municipalité régionale de la ville sur des questions telles que les interventions en cas d’urgence nucléaire durant les visites de navires à propulsion nucléaire ou les interventions en cas d’incident écologique réalisées avec l’aide du service de l’environnement des FMAR(A). 

5.         À chacun des trois niveaux susmentionnés, on définit quatre types de relations : le partage du renseignement et les relations opérationnelles, ainsi que les relations «dynamiques» et les relations réactives. Dans la seconde partie de cet exposé, on expliquera ces relations en détail en mettant surtout l’accent sur celles qui existent au niveau opérationnel. 

 

Renseignement par opposition à intervention 

6.         Les FMAR(A) entretiennent avec d’autres ministères et d’autres pays des relations opérationnelles, ainsi que des relations fondées sur le partage du renseignement. Le Centre conjoint d'information et de surveillance océanique Trinity est le point de contact en matière de renseignement avec diverses sources d’information. Au Canada, celles‑ci comprennent les sections du renseignement du Service canadien du renseignement de sécurité, de l’Agence des douanes et du revenu du Canada, de Citoyenneté et Immigration Canada et de la GRC. À l’échelle internationale, TRINITY a des rapports bien établis avec l’Office of Naval Intelligence de la marine américaine, la First Division (Boston) de la garde côtière américaine et le Groupe de travail interorganisations sur les questions internationales relatives à la lutte contre le trafic des stupéfiants. La capacité d’analyser le renseignement constitue certes une composante clé de la collaboration des FMAR(A) avec les autres ministères, mais ce n’est là qu’une partie de l’équation, car éventuellement, les renseignements pourraient nécessiter une intervention. L’état‑major – Plans et opérations des FMAR(A) prend des mesures après avoir reçu des renseignements du centre TRINITY et façonne son intervention sur le plan opérationnel en fonction d’une situation donnée. Sont tout aussi importantes, cependant, les relations qui existent entre la branche des opérations des FMAR(A) et les secteurs opérationnels de bon nombre de ministères fédéraux.

 

Relations «dynamiques» 

7.         Les relations «dynamiques» peuvent prendre diverses formes et sont établies dans le cadre des activités régulières du Bureau des plans et opérations des FMAR(A). En fait, des rapports de longue date ont permis de garder les voies de communication ouvertes, de façon à faciliter le contact lorsqu’une situation se présente. Ces relations ont été créées grâce aux  liaisons quotidiennes ainsi qu’à la participation à des comités et à divers exercices aux niveaux local et régional. Elles existent également à l’interne, et les FMAR(A) entretiennent des liens étroits avec le Centre d’entraînement de Dwyer Hill pour contribuer à la planification d’exercices sur la lutte contre le terrorisme en milieu marin et à l’exécution des opérations. 

8.         Voici quelques exemples des liaisons quotidiennes qui s’effectuent : 

a.                  Liaison avec Pêches et Océans Canada visant à coordonner le soutien que les FMAR(A) offrent aux opérations annuelles de surveillance des pêches en vertu d’un protocole d’entente. 

b.                  Liaison avec la Direction de la gestion des océans de Pêches et Océans Canada qui, à l’aide d’informations de surveillance, nous permet de collaborer à la gestion de la zone de protection marine du passage de l'île de Sable. 

c.                  Liaison avec Environnement Canada permettant de participer à la détection et à l’examen d’accidents de pollution. Les navires des FMAR(A) ont également transporté des scientifiques du Service canadien de la faune durant leurs patrouilles de surveillance des pêches pour qu’ils les aident dans leur étude portant sur les oiseaux pélagiques. 

d.                  Liaison établie avec la GRC en vertu d’un protocole d’entente visant à appuyer les opérations contre le trafic des stupéfiants. Les FMAR(A) offrent un soutien logistique en matière de transport pour aider la GRC à exécuter son Programme de surveillance côtière. 

e.                  Liaison avec Santé Canada. L’Équipe d'intervention en cas d'urgence nucléaire des FMAR(A) collabore avec Santé Canada durant les visites à Halifax de navires à propulsion nucléaire. 

f.                    Liaison avec divers organismes pour contribuer à l’effort conjoint en matière de sécurité, comme c’était le cas lors de la Conférence des ministres des Finances du G7. 

9.         Même si les FMAR(A) font partie de plusieurs comités régionaux, seulement ceux qui s’occupent de questions relatives à la sécurité seront mentionnés dans cet exposé. 

a.                  Comité de sécurité du Conseil fédéral de la Nouvelle‑Écosse. Ce comité spécial se réunit régulièrement au niveau des directeurs généraux pour discuter de toute une panoplie de questions liées à la sécurité, y compris la sécurité maritime. Dans la foulée des événements du 11 septembre 2001, c’était bien ce comité qui avait constaté que les ministères fédéraux dans la région de l’Atlantique devaient serrer davantage les rangs pour pouvoir réagir à de futures atteintes à la sécurité. Ce comité a parrainé de nombreux exercices, dont le plus remarquable était l’ATLANTIC GUARD (décrit en détail au paragraphe 10). 

b.                  Comité interministériel des opérations navales de l’Est du Canada (CIONEC).  Le CIONEC a succédé au sous-comité chargé des opérations dans l’Atlantique, qui était un comité régional mis sur pied en 1991, sous l’égide du Comité interministériel de coordination et d'examen des programmes (CICEP). Le CIONEC est composé de représentants de ministères fédéraux qui exécutent des opérations en milieu marin ou qui ont un intérêt dans ces opérations. L’un des principaux buts de ce comité consiste à définir et à élaborer les moyens les plus pratiques d’exploiter les ressources opérationnelles pour en faciliter l’utilisation conjointe, sans en compromettre l’efficacité. Ses principaux membres comprennent des représentants des FMAR(A) (le président actuel), de Pêches et Océans Canada (notamment de la garde côtière canadienne des provinces Maritimes, de la Région de Terre-Neuve et du Labrador, ainsi que de diverses sections de la direction de Pêches et Océans), de l’Agence des douanes et du revenu du Canada, de Citoyenneté et Immigration Canada, de Transports Canada et d’Environnement Canada. Lors de sa dernière réunion tenue en mai, Santé Canada a été invité à y participer à la suite du cas de fièvre charbonneuse survenu à bord du WADI ALARAB. Même si les questions abordées au cours des réunions du CIONEC ne se rapportent pas strictement à la sécurité, celle-ci est discutée. Fait tout aussi important, les relations entretenues durant ces réunions sont essentielles pour gérer les crises puisque les membres du CIONEC sont généralement ceux qui participent à la gestion des opérations (par opposition à ceux qui élaborent les politiques) au sein de leur ministère. C’est par le biais du CIONEC qu’on espère établir un lien avec le GTISM au niveau stratégique. 

10.       On a effectué plusieurs exercices interministériels depuis le 11 septembre 2001, dont le plus important était l’ATLANTIC GUARD, tenu en mai 2002. Parrainé par le comité de sécurité du Conseil fédéral de la Nouvelle‑Écosse et le BPIEPC, l’exercice s’est déroulé dans le Secteur de l'Atlantique de la Force terrestre. Les treize organismes fédéraux et les trois organismes  provinciaux participants avaient été confrontés à trois scénarios présentant des situations catastrophiques sur les plans de la sécurité, de la santé et de l’environnement. Le rapport final de l’exercice ATLANTIC GUARD, mis au point par un évaluateur indépendant, a souligné l’importance d’une collaboration interministérielle régulière qui permet d’uniformiser des activités comme les télécommunications, les affaires publiques ainsi que le commandement et le contrôle. On prévoit actuellement la tenue de l’exercice ATLANTIC GUARD II qui aura lieu du 28 au 31 octobre 2003.  

11.       Voici quelques-uns des exercices mutli-agences qui se sont déroulés depuis la tenue d’ATLANTIC GUARD: 

a.                  Exercice chimique, biologique, radiologique et nucléaire sur table de l’ADRC qui s’est tenu le 24 septembre 2002. Il faisait partie d’une série d’exercices sur table organisés par l’ADRC un peu partout au pays. Le scénario présenté portait sur une « bombe sale » qui avait été introduite à Halifax à bord d’un porte-conteneurs. 

b.                  Exercice ATLANTIC SPEAR. Le scénario s’est déroulé du 18 au 22 novembre 2002, sous les auspices du SAFT, et portait sur une réunion du G8 tenue à court préavis dans l’île Campobello, au Nouveau-Brunswick. Quoique principalement destinée à former le personnel du Quartier général du SAFT, cette initiative a regroupé des participants de plusieurs ministères fédéraux comme le MAECI et Santé Canada, l’élément maritime étant représenté par les FMAR(A). 

c.                  Exercice ATLANTIC SHIELD. Tenu le 12 mai 2003, à l’Administration portuaire de Halifax, cet exercice visait à tester la capacité de faire face à une alerte à la bombe contre un navire de croisière visiteur. Il a servi à deux fins : premièrement, il a satisfait à la nécessité, pour l’Administration portuaire, de garantir un certain niveau de sécurité à l’industrie des croisières et de faire en sorte que les visites à Halifax ne soient pas interrompues; deuxièmement, il a permis de déterminer le niveau d’intervention exigé de la part de la Municipalité régionale d’Halifax, de la province et des ministères fédéraux. 

 

Relations réactives 

12.       Le meilleur exemple d’une relation réactive dans la région de l’Atlantique est le Groupe de l’évaluation des menaces (GEM). Ce groupe est chargé essentiellement du partage du renseignement, et ses membres viennent de cinq ministères fédéraux principaux : les FMAR(A), la GRC (représentée par la Division « H »), l’Agence des douanes et du revenu du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité et Citoyenneté et Immigration Canada. Même si le partage du renseignement entre ces organisations se pratique depuis plusieurs années, un incident mettant en cause un conteneur suspect qui transitait par Halifax à l’automne 2002 a fait ressortir la nécessité de régulariser cette pratique. C’est ainsi que le GEM a vu le jour. Si l’un des cinq ministères responsables obtient des informations qu’il juge essentiel de transmettre aux autres membres, il peut convoquer une réunion pour en discuter et pour déterminer s’il y a lieu d’intervenir. Le GEM se réunit donc pour provoquer une réaction opérationnelle interministérielle coordonnée à des situations d’urgence qui transcendent le mandat de l’un ou l’autre des ministères. Il contribuera également à identifier l’organisme responsable. Le GEM est composés d’analystes et de spécialistes du renseignement et ses réunions visent à assurer une compréhension commune des événements potentiels et garantir que chaque organisation peut planifier et coordonner son intervention.

 

Conclusion 

13.       Les liaisons interministérielles font partie des affaires courantes des opérations des FMAR(A). Établies de façon continue tant au niveau opérationnel qu’au niveau tactique, elles sont en grande partie de nature «dynamiques» dans le cadre de la participation à des comités et à des exercices et deviennent réactives lorsque survient une situation nécessitant une intervention opérationnelle.  Le soutien que nous apportons aux relations réactives et «dynamiques» nous permet de collaborer avec des organisations nationales et internationales, sur le plan du renseignement et sur le plan opérationnel.


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