ACCÈS INCERTAIN:
LES CONSÉQUENCES DES MESURES PRISES PAR LES ÉTATS-UNIS TOUCHANT LA SÉCURITÉ ET LE COMMERCE POUR LA POLITIQUE COMMERCIALE CANADIENNE
(Volume premier)
Rapport du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères
Président: L'honorable Peter Stollery
Vice-présidente: L'honorable Consiglio Di Nino
Quatrième rapport
Juin 2003
MEMBRES
L’honorable Peter Stollery, Président
L’honorable
Consiglio Di Nino, Vice-président
et
Les
honorables sénateurs:
Raynell
Andreychuk
Jack Austin, C.P.
Roch Bolduc
Pat Carney, C.P.
*Sharon Carstairs, C.P. (ou Fernand Robichaud, C.P.)
Eymard G. Corbin
Pierre De Bané, C.P.
Jerahmiel Grafstein
Alasdair Graham, C.P.
Rose-Marie Losier-Cool
*John Lynch-Staunton (ou Noël Kinsella)
Raymond Setlakwe
*
Membres d’office
En plus des sénateurs indiqués ci-dessus, les honorables sénateurs Maria Chaput, Joseph Day, Edward M. Lawson, Frank W. Mahovlich, Pana Merchant, Gerard A. Phalen, David P. Smith et Terry Stratton étaient membres du Comité à différents moments au cours de cette étude ou y ont participé au cours de la deuxième session de la trente-septième législature.
Personnel de la
Direction de la recherche parlementaire de la Bibliothèque du Parlement:
Peter Berg,
analyste de recherche
Michael Holden, analyste de recherche
Janna Jessee, stagiaire, Norman Paterson School of
International Affairs
Le greffier du Comité
François Michaud
ORDRE
DE RENVOI
Extrait des Journaux du Sénat du jeudi 21 novembre 2002 :
L’honorable sénateur Stollery propose, appuyé par l’honorable sénateur Adams,
QUE
le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères soit autorisé à
étudier et à faire rapport sur les relations commerciales entre le Canada et
les États-Unis d’Amérique et entre le Canada et le Mexique, portant une
attention particulière à : a) l’Accord de libre-échange de 1988; b)
l’Accord de libre-échange nord-américain de 1992; c) un accès sûr pour les
produits et services canadiens aux États-Unis d’Amérique et au Mexique; et
d) le développement de mécanismes efficaces de règlement des différends,
tous dans le contexte des relations économiques du Canada avec les pays des
Amériques et du cycle de Doha des négociations commerciales de
l’Organisation mondiale du commerce;
QUE le Comité ait le pouvoir de recourir aux services de conseillers, de spécialistes, d’employés de bureau et de tout personnel qu’il jugera nécessaire pour effectuer les travaux définis dans l’ordre de renvoi;
QUE le Comité soit autorisé à se transporter d’un lieu à l’autre au Canada et à l’étranger aux fins de son enquête;
QUE le Comité présente son rapport final au plus tard le 19 décembre 2003; et que le Comité conserve les pouvoirs nécessaires à la diffusion des résultats de son étude contenu dans son rapport final et ce jusqu’au 31 janvier 2004.
Après débat,
Avec la permission du Sénat et conformément à l’article 30 du Règlement, la motion est modifiée et se lit comme suit :
QUE le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères soit autorisé à étudier et à faire rapport sur les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis d’Amérique et entre le Canada et le Mexique, portant une attention particulière à : a) l’Accord de libre-échange de 1988; b) l’Accord de libre-échange nord-américain de 1992; c) un accès sûr pour les produits et services canadiens aux États-Unis d’Amérique et au Mexique; et d) le développement de mécanismes efficaces de règlement des différends, tous dans le contexte des relations économiques du Canada avec les pays des Amériques et du cycle de Doha des négociations commerciales de l’Organisation mondiale du commerce;
QUE le Comité présente son rapport final au plus tard le 19 décembre 2003; et que le Comité conserve les pouvoirs nécessaires à la diffusion des résultats de son étude contenu dans son rapport final et ce jusqu’au 31 janvier 2004.
La motion, telle que modifiée, mise aux voix, est adoptée.
Paul
Bélisle
Greffier
du Sénat
|
Recommandation 1 Que le Gouvernement du Canada s’assure que les décideurs américains comprennent bien tout le sérieux qu’accorde le Canada aux questions de sécurité. Le gouvernement devrait lancer immédiatement une campagne dynamique pour informer ces décideurs américains de la coopération sans précédent entre nos deux pays dans le dossier de la sécurité de nos frontières et du fait que le Canada est un partenaire commercial sûr. |
|
Recommandation 2 Que,
comme l’existence d’une frontière propice aux échanges commerciaux
efficients est vitale pour la prospérité économique du pays et
l’infrastructure actuelle aux principaux postes frontaliers est
terriblement insuffisante pour faire face à l’intensification
considérable du commerce bilatéral, le Gouvernement du Canada
accélère la mise en œuvre du Plan d’action en 30 points sur la
création d’une frontière intelligente : a)
en
encourageant les autorités canadiennes et américaines à accélérer
la construction de nouveaux ponts et tunnels entre les deux pays; b)
en injectant
des ressources financières beaucoup plus importantes dans la
construction de nouveaux éléments d’infrastructure à la frontière,
outre les ponts et tunnels; et c)
en
accélérant les efforts en vue d’établir un système de
dédouanement préalable pour les marchandises qui passent par les
postes-frontières terrestres, ce qui permettrait de procéder au
dédouanement ailleurs qu’à la frontière et donc de réduire les
obstacles au développement du commerce et des investissements qui sont
liés au passage de la frontière. |
|
Recommandation 3 Que
les gouvernements du Canada et des États-Unis intensifient leurs
efforts pour s’assurer que, lors de la mise en place de mesures de
sécurité canadiennes et américaines, les conséquences sur le
commerce bilatéral et les investissements soient prises en
considération. |
|
Recommandation 4 Que
le Canada et les États-Unis entreprennent des négociations pour
limiter substantiellement l’application des recours commerciaux
(droits antidumping et compensateurs et autres mécanismes de
protection) dans les secteurs économiques (p. ex. l’acier) où les
producteurs seraient en faveur de telles négociations. |
|
Recommandation 5 Que le Gouvernement du Canada cherche en priorité, lors du cycle de
Doha des négociations commerciales de l’OMC, à conclure un accord
afin : a)
de clarifier
et améliorer les dispositions actuelles sur les définitions des
notions de subvention et de dumping; b)
de renforcer
les dispositions en vigueur sur l’utilisation des recours commerciaux
(p. ex., droits antidumping et compensateurs et autres mesures)
afin d’empêcher les abus protectionnistes; et c)
d’éviter
les conflits commerciaux continentaux. |
|
Recommandation 6 Que,
durant les négociations sur la ZLEA et sur l’établissement d’un
régime efficace de règlement des différends hémisphériques, le
gouvernement fédéral tente de conserver, au minimum, la possibilité
de se prévaloir du processus de règlement des différends au
Chapitre 19 de l’ALENA pour les échanges commerciaux réalisés
dans le cadre de l’ALENA. |
|
Recommandation 7 Que le Canada, le Mexique et les États-Unis mettent en pratique
l’Article 2002 de l’ALENA stipulant la création d’un secrétariat
permanent de l’ALENA auquel on confierait le mandat suivant : a)
examiner les
moyens de résoudre, au sein de l’ALENA plutôt qu’à l’OMC, les
différends et irritants commerciaux et contribuer à une résolution
rapide de ces conflits commerciaux; b)
examiner les
problèmes à moyen et long terme liés aux politiques commerciales et
produire des rapports assortis de recommandations à l’intention des
partenaires de l’ALENA; et c)
étudier les
développements survenant dans le système commercial multilatéral et
leurs liens avec le cadre commercial de l’ALENA. |
|
Recommandation 8 Que le Gouvernement du Canada, de concert avec les provinces
concernées, maintienne son objectif de conclure avec les États-Unis un
accord permanent libéralisant complètement le marché du bois d’œuvre
résineux. D’ici là, que le Canada, dans tout accord à court terme
conclu pour se donner le temps de parvenir à un accord permanent, ne
renonce pas à son droit d’obtenir les jugements des groupes spéciaux
de l’OMC et de l’ALENA ou de connaître les résultats des mesures
prises en vertu du chapitre 11 de l’ALENA et exige que : a)
les droits
antidumping imposés aux producteurs canadiens de bois d’œuvre
résineux soient abolis; et b)
tous les
droits antidumping et compensateurs perçus jusqu’à maintenant soient
remis au Canada. |
|
Recommandation 9 Que le Gouvernement du Canada : a)
travaille de
concert avec des pays partageant son point de vue afin d’éliminer du
document de négociation de l’OMC sur l’agriculture toute
proposition d’éliminer graduellement les entreprises commerciales
d’État ou les entreprises contrôlées par les agriculteurs comme la Commission
canadienne du blé; et b)
cherche
surtout à renforcer les règles antidumping de l’OMC afin de tenir
compte des particularités du secteur agricole, étant donné qu’il
arrive souvent que les prix des denrées subissent l’influence de
facteurs extérieurs qui les font baisser au-dessous des coûts de
production (déclencheur de mesures antidumping). |
|
Recommandation 10 Que le gouvernement fédéral : a)
augmente de
façon substantielle le nombre de consulats aux États-Unis par rapport
au nombre prévu. Ces nouveaux bureaux consulaires devraient être
désignés essentiellement comme responsables du commerce et des
investissements et être dotés d’un personnel professionnel
compétent et expérimenté; b)
lance
immédiatement une campagne bien ciblée pour informer les décideurs
américains de l’importance de nos relations commerciales
bilatérales; c)
accroisse les
crédits qu’il consacre à la défense des investissements et
intérêts commerciaux canadiens aux É.-U. de manière à augmenter
l’efficacité de ses stratégies; et d)
renforce les
relations bilatérales avec les organes exécutif et législatif du
gouvernement américain. Nous devrions aussi formuler des stratégies
pour collaborer de manière plus efficace et régulière avec le Sénat
et la Chambre des représentants dans les dossiers et questions
d'importance qui préoccupent nos deux pays, et obtenir les ressources
budgétaires appropriées. Pour ce faire, le gouvernement devrait
établir un bureau parlementaire à Washington pour aider les
parlementaires canadiens à collaborer avec les législateurs
américains et les autres décideurs clés de ce pays. |
|
Recommandation 11 Que
le Gouvernement du Canada s’abstienne d’entreprendre des pourparlers
sur une éventuelle union douanière avec les États-Unis. |
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Recommandation 12 Que
le Gouvernement du Canada étudie soigneusement l’effet des
différences de la réglementation américaine sur l’économie
canadienne et qu’il rende ses conclusions publiques. Le gouvernement
devrait analyser sérieusement le concept de la reconnaissance mutuelle
des normes et procédures réglementaires des deux pays, sous le régime
desquelles les normes ne seraient testées et l’inspection et
l’homologation ne se feraient qu’une fois pour le marché Canada –
États-Unis. De plus, le gouvernement devrait déterminer les secteurs
dans lesquels la réglementation américaine est semblable à la
canadienne et où il serait donc possible d’appliquer la notion de
reconnaissance mutuelle. |
|
Recommandation 13 Que,
même s’il convient de favoriser la coopération réglementaire avec
l’Union européenne dans le cadre de l’initiative de valorisation du
commerce et des investissements Canada-UE, le gouvernement fédéral
conserve comme objectif de conclure un accord de libre-échange
transatlantique global. |
|
Recommandation 14 Que
le Gouvernement du Canada fasse une priorité du libre-échange avec
l’Asie et entreprenne avec le Japon, la Chine, la Corée du Sud,
l’Inde et les membres de l’Association des Nations de l’Asie du
Sud-Est (ANASE), des négociations sur la libéralisation du commerce.
Le gouvernement fédéral devrait également développer de nouvelles
stratégies pour intéresser davantage les entreprises canadiennes aux
marchés asiatiques, pour les aider à établir des partenariats
durables avec des entreprises asiatiques, et pour améliorer l’image
des produits canadiens en Asie. |
|
Recommandation 15 Que
le Gouvernement du Canada établisse un conseil du commerce et des
investissements pour mener des études analytiques approfondies sur des
questions liées au commerce extérieur et aux investissements. |
PARTIE 1: INTRODUCTION
PARTIE 2: MAINTIEN DES ÉCHANGES COMMERCIAUX CANADO-AMÉRICAINS
ASSURER LA LIBRE CIRCULATION DES PRODUITS ET DES SERVICES À LA FRONTIÈRE
A. Effets du 11 septembre
B. Plan d'action pour la frontière en 30 points, avec sa mise en œuvre
C. Nouvelles restrictions frontalières à l'horizon et comment y faire face
RESTREINDRE L'UTILISATION DES RECOURS COMMERCIAUX
A. ALE : objectif raté
B. Étude des solutions nord-américaines
C. Chercher un déblocage à l'OMC
AMÉLIORER LES MÉCANISMES DE RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS
A. Règlement des différends conformément au Chapitre 19 de l'ALENA
B. Règlement des différends fondé sur le Chapitre 20
C. Percer à l'OMC
D. Chapitre 11 de l'ALENA
DE NOUVELLES INSTITUTIONS SONT-ELLES NÉCESSAIRES POUR GÉRER LE COMMERCE CANADO-AMÉRICAIN?
RÉGLER LES DIFFÉRENDS COMMERCIAUX ET LES AUTRES IRRITANTS EXISTANTS
A. Différend canado-américain sur le bois d'œuvre résineux
1. Nature fondamentale du différend
2. Stratégie à deux volets du gouvernement fédéral pour régler le différend
a. Volet juridique
b. Volet négocié
3. Et maintenant, que-fait-on?
B. Questions agricoles
1. Différend relatif à la Commission canadienne du blé
a. Contestations juridiques
b. Témoignages entendus
2. Farm Bill des États-Unis
a. Farm Bill et OMC
b. Répercussions du Farm Bill au Canada et ailleurs
c. Étiquetage du pays d'origine
C. Subventions américaines au projet de gazoduc de l'Alaska
PARTIE 3 : LA POLITIQUE COMMERCIALE À LONG TERME DU CANADA: INTÉGRATION ACCRUE OU DIVERSIFICATION?
DIMINUTION DES BÉNÉFICES DE LA LIBÉRALISATION DU COMMERCE
A. L'ALE et la croissance commerciale
B. Autres facteurs influant sur les relations commerciales Canada - États-Unis
C. Diminution des gains tirés de la libéralisation du commerce sous le régime de l'ALENA
ÉVALUER LES AVANTAGES D'UNE PLUS GRANDE INTÉGRATION
A. Le modèle de l'union douanière
B. Un marché commun
C. Une monnaie unique
D. Réduire le dédoublement de la réglementation
LA NÉCESSITÉ DE DIVERSIFIER LE COMMERCE CANADIEN
A. Conclure un accord de libre-échange avec l'Europe
B. Resserrer les liens commerciaux avec l'Asie-Pacifique
C. La ZLEA et les relations commerciales hémisphériques
RENFORCER LA FACULTÉ D'ANALYSE À LONG TERME DU FÉDÉRAL
ANNEXES :
ANNEXE 1: HISTOIRE RÉCENTE DU DIFFÉREND ENTRE LE CANADA ET LES ÉTATS-UNIS TOUCHANT LE BOIS D'ŒUVRE RÉSINEUX
ANNEXE 2: LE DIFFÉREND ENTRE LE CANADA ET LES ÉTATS-UNIS TOUCHANT LE BOIS D'OEUVRE RÉSINEUX - CONTESTATIONS DEVANT L'OMCET EN VERTU DE L'ALENA
ANNEXE 3: ENQUÊTES ANTÉRIEURES DES ÉTATS-UNIS SUR LA COMMISSION CANADIENNE DU BLÉ
ANNEXE 4: PLAN D'ACTION POUR UNE FRONTIÈRE INTELLIGENTE
ANNEXE 5: LISTE DES TÉMOINS
Le
présent rapport ne vise pas à ressasser les vieux arguments au sujet de
l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Les membres du
Comité des affaires étrangères, qui s’occupe également du commerce extérieur,
ont examiné l’Accord, qui est en vigueur depuis environ 15 ans. Nous
nous sommes penchés sur ce qui s’est réellement passé. Ce que nous avons
appris m’a certes surpris, et je suis membre du Comité depuis 15 ans,
c’est‑à‑dire depuis le début du débat portant sur le libre-échange.
Pendant
les 25 séries d’audiences qui se sont tenues à Vancouver, à Calgary,
à Winnipeg et à Ottawa, nous avons entendu 95 témoins. Nous sommes allés
dans l’Ouest, notamment en raison du différend sur le bois d’œuvre,
ressource si essentielle à l’économie de la Colombie-Britannique.
Le
Comité a également entendu 72 témoins à Washington. En raison du
calendrier électoral mexicain qui ne correspondait pas avec notre horaire, nous
ne nous sommes pas rendus au Mexique, qui a signé l’ALENA avec les Américains
et nous. Nous irons au Mexique ultérieurement pour nous acquitter de cette
partie de notre travail. Pour relativiser le commerce entre le Canada, les États-Unis
et le Mexique, je dirai simplement qu’approximativement 75 % de nos échanges
bilatéraux se font avec les États-Unis, et 2,6 %, avec le Mexique.
Outre
les questions liées à la sécurité, dont nous traitons dans notre rapport,
trois thèmes semblent se dégager de nos travaux. Le premier thème a trait à
la réduction des tarifs douaniers. Lorsque la plupart songent à la libéralisation
du commerce, ils pensent à l’abaissement des tarifs douaniers. Ce fut certes
un des éléments de l’Accord de libre-échange. En 1985, la Commission
royale MacDonald a fait remarquer que, en raison du Pacte de l’automobile et
« du niveau élevé des importations de ressources en franchise de droits
», les tarifs douaniers moyens imposés par les États-Unis sur les biens
canadiens s’établissaient à environ 1 %, et les tarifs douaniers moyens
sur les biens passibles de droits fluctuaient entre 5 et 7 %. Par contre,
les tarifs douaniers exigés par le Canada sur les importations passibles de
droits oscillaient entre 9 et 10 %. Je doute que beaucoup de consommateurs
s’en soient aperçus lorsque, en vertu de l’Accord de libre-échange, tous
les tarifs douaniers ont été éliminés il y a cinq ans, soit en 1998. Cet
aspect de l’ALE a pris fin à ce moment‑là.
Dans
les années 80, le protectionnisme américain était,
semble‑t‑il, à la hausse. Lorsque la Commission royale MacDonald a
rédigé son rapport sur l’économie canadienne en 1985, les commissaires ont
signalé que bien des Canadiens craignent beaucoup que, les échanges
commerciaux entre le Canada et les États-Unis étant moins importants pour les
Américains que pour les Canadiens sur le plan quantitatif, notre voisin
pourrait mettre en œuvre des mesures commerciales protectionnistes susceptibles
d’être préjudiciables aux Canadiens, sans être relativement conscient ni se
soucier des conséquences.
Les
commissaires ont ajouté qu’il était essentiel que le Canada réduise
l’incertitude quant à notre accès au marché américain et atténue les
effets négatifs que pourrait entraîner toute mesure commerciale restrictive.
Le
deuxième thème de nos audiences a porté sur l’efficacité du mécanisme de
règlement des différends commerciaux adopté dans le cadre de l’accord
conclu entre le Canada et les États-Unis. Quatre-vingt-quinze pour cent des
exportations canadiennes à destination des États-Unis sont à l’abri de tout
différend commercial, mais il reste les 5 % qui font l’objet d’un
contentieux, ce qui est assez élevé lorsque vous tenez compte du fait que 13 %
de nos exportations vers les États-Unis sont acheminées soit par un pipeline,
soit par des lignes de transmission et que 25 % sont assujetties au Pacte
de l’automobile.
Tous
ceux qui sont au courant du dossier sur le bois d’œuvre, des problèmes de la
Commission canadienne du blé ou des difficultés éprouvées par l’industrie
canadienne du bœuf, seraient obligés de dire que le mécanisme de règlement
des différends de l’ALENA n’a pas fonctionné du tout. J’ai certes été
sidéré lorsque nous avons appris que les frais juridiques engagés depuis les
années 80 sur la question du bois d’œuvre
s’élèveraient à 800 millions de dollars. Mike Moore,
ancien directeur général de l’OMC, a signalé que, à elle seule,
l’affaire dont l’OMC a été saisie en ce qui concerne le bois d’œuvre a
coûté 200 millions de dollars américains, chiffre qui a été atteint
avant la décision qui vient d’être rendue en faveur du Canada quant à la
valeur du bois sur pied.
La
raison pour laquelle ce mécanisme n’a pas fonctionné est assez simple. Le mécanisme
convenu et précisé au chapitre 19 de l’Accord est bien décrit dans un
document rédigé par la Direction des recours commerciaux du MAECI :
« Les groupes spéciaux binationaux établissent si la détermination
finale contestée est bien conforme à la législation antidumping de la partie
à l’ALENA où elle a été établie. Si le groupe spécial conclut que la détermination
est effectivement conforme à la législation nationale, elle est confirmée.»
C’est la faille fatidique. Si vous souhaitez exporter du bois à destination
des États-Unis et si les producteurs de bois américains veulent vous en empêcher,
ils interjettent appel en vertu de la loi américaine, qui est rédigée par
leurs élus. Le différend est jugé en fonction de la loi américaine et, si
pour une raison ou pour une autre, les producteurs de bois américains sont déboutés,
les élus américains modifieront la loi et un tribunal américain sera de
nouveau saisi de l’affaire.
En
1988, l’OMC n’existait pas. Le mécanisme de règlement des différends de
l’ALE, malgré sa faille fatidique, semblait être une amélioration par
rapport au faible régime mis en œuvre en vertu du GATT il y a 15 ans. Le
mécanisme de l’OMC coûte plus cher, mais constitue une nette amélioration.
Il s’agit de groupes spéciaux, dont les membres proviennent de pays neutres.
Ce mécanisme est entré en vigueur en 1995. Nous pourrions affirmer que cette
partie de l’ALE a pris fin lorsque le mécanisme de règlement des différends
de l’OMC a été mis en œuvre en 1995.
Le
troisième thème portait sur les fluctuations de la valeur du dollar canadien
au cours des 15 dernières années. Environ 85 % de nos exportations sont
acheminées vers les États-Unis. En 1988, cette proportion s’établissait à
75 %, et le dollar canadien valait environ 85 cents américains. En
1992, sa valeur s’établissait à près de 89 cents. Par la suite,
celle-ci est passée à presque 63 cents. Nous aurions pu nous attendre à
ce que les exportations augmentent. Fait intéressant, nos exportations à
destination des États-Unis ont en fait été inférieures l’année dernière
à celles de l’année précédente. Il est vrai que presque tous nos témoins
ont signalé que la valeur du dollar était essentielle à nos exportations et
qu’elle était responsable de l’augmentation de nos exportations destinées
aux États-Unis.
Au
cours de la même période, les exportations américaines vers le Canada n’ont
pas tellement augmenté.
À
peu près tous nos témoins conviennent que la partie de l’ALENA concernant le
Canada et les États-Unis a fait son temps et appartient au passé. Que
faisons-nous maintenant? Telle est la question importante que les Canadiens
devraient poser à leur gouvernement. Le Comité a formulé des conseils à cet
égard, des parties importantes de notre rapport étant consacrées à ce que
devrait être notre politique commerciale à long terme. Cependant, le temps est
venu de tenir un débat national sur cette question très importante.
Au
nom des membres du comité des Affaires étrangères, j'aimerais remercier le
greffier du comité, M. François Michaud; M. Peter Berg, M. Michael Holden et
Mme Janna Jessee de la Direction de la recherche à la Bibliothèque du
Parlement; M. Ian Parker, notre expert-conseil en communication, de même que
tous les sténographes, interprètes, traducteurs, réviseurs et autre personnel
de soutien pour leur important travail au cours de cette étude.
Peter
A. Stollery
Président
Un
camion traverse la frontière canado-américaine toutes les 2,5 secondes.
Qu’arriverait-il si cet intervalle passait à 5 secondes? Cette
question est très pertinente pour les Canadiens, car nous sommes devenus extrêmement
vulnérables à toutes les mesures américaines liées à la sécurité qui
ont pour effet de bloquer ou de restreindre le commerce transfrontalier.
Il
est peu probable que la préoccupation actuelle des Américains à l’égard
de la sécurité nationale diminue. À Washington, le Comité a appris que
cette préoccupation s’inscrit dans le long terme (peut-être pendant une
vingtaine d’années), que toute question aux États-Unis serait examinée à
travers le prisme de la sécurité et que le Canada ne peut pas se permettre
de faire abstraction des besoins des États-Unis à ce chapitre. Les préoccupations
américaines en matière de sécurité sont devenues nôtres et nous devons
les prendre au sérieux si nous souhaitons continuer à tirer profit de ce qui
constitue de loin notre principale relation commerciale bilatérale.
En
tout et pour tout, le Canada expédie 87 p. 100 (346,5 milliards de
dollars) de ses exportations chez ses voisins du Sud, ce qui génère 35 p. 100
du PIB du pays, et la plus grande partie de ces marchandises (70 p. 100)
est transportée en camion. Nos exportations vers le marché américain dépassent
celles des 15 pays membres de l’Union européenne (UE) et sont trois
fois supérieures à celles du Japon, ce qui assure au Canada une part de 19 p. 100
du marché d’importation des États-Unis. Le commerce canado-américain revêt
une importance cruciale et il est donc vital que le Canada continue à avoir
accès au marché américain. De plus, 76 p. 100 (218,2 milliards
de dollars) de nos importations proviennent des États-Unis, et le commerce
bilatéral des biens et des services avec ce pays approche 700 milliards de
dollars US par année. Il faut souligner qu’une frontière de 5 000
km sépare les deux pays, mais que les véhicules la traversent principalement
aux postes frontaliers entre l’Ontario et le Michigan[1]
et l’Ontario et l’État de New York[2].
Le mouvement des marchandises au poste frontalier entre Detroit et Windsor dépasse
à lui seul le total du commerce américain avec le Japon. Plus d’un
demi-million de personnes et 45 000 camions y traversent la frontière
chaque jour. Le poste frontalier entre la Colombie-Britannique et l’État de
Washington à Blaine, en C.‑B., et celui entre le Québec et l’État
de New York à Lacolle sont également importants.
Comme
Thomas d’Aquino (président et chef de la direction du Conseil canadien des
chefs d’entreprise) l’a dit au Comité, la majeure partie du monde
envierait notre position en tant que premier fournisseur étranger du marché
américain. Par ailleurs, Richard Harris (professeur, Département d’économie,
Université Simon Fraser) nous a fait remarquer fort à propos que le Canada
fait face à un problème clé en ce sens que non seulement des pays comme la
Chine et l’Inde ont vu leur accès au marché américain s’améliorer par
rapport au nôtre, de sorte que notre avantage de libre-échange touchant un
grand nombre de produits manufacturés est miné, mais encore toute
augmentation des coûts à la frontière terrestre entravera considérablement
notre accès au marché américain.
Selon
M. Harris, environ la moitié du commerce du Canada, qui consiste
essentiellement en échanges entre industries dans des secteurs importants
comme la construction automobile, est sensible aux problèmes frontaliers.
L’intégration de l’économie nord-américaine, alliée à l’énorme dépendance
commerciale du Canada par rapport aux États‑Unis, nous a rendus extrêmement
vulnérables aux perturbations à la frontière. Le blocage à la frontière
des exportations canadiennes de bœuf que les Américains ont décrété dernièrement
à la suite de la découverte d’un cas de « vache folle » dans
l’Ouest canadien vient confirmer cette vulnérabilité.
Certes,
un autre attentat terroriste sur le territoire américain restera toujours une
possibilité. De plus, les autorités américaines envisagent trois mesures précises
susceptibles d’avoir des répercussions nuisibles sur le commerce, soit :
l’imposition de contrôles frontaliers à l’entrée/la sortie,
l’instauration d’obligations de préavis onéreuses pour les manifestes de
marchandises, et l’enregistrement de toutes les installations étrangères
qui fabriquent, transforment, emballent ou entreposent de la nourriture destinée
à la consommation humaine ou animale, la U.S. Food and Drug Administration
devant être informée à l’avance des expéditions d’aliments étrangers
aux États-Unis([3]).
Heureusement, il se pourrait que nous soyons bientôt soulagés par le projet
de contrôles à l’entrée/la sortie, car les citoyens canadiens en seront
peut-être exemptés.
Donald
Barry (professeur, Relations internationales, Université de Calgary) nous a
dit que le défi le plus important présenté aux décideurs canadiens
consiste à déterminer quelle attitude adopter dans le contexte de sécurité
postérieur au 11 septembre 2001 tout en assurant la libre circulation des
marchandises à la frontière. Heureusement, la promptitude à agir des
fonctionnaires canadiens a mené au « Plan d’action pour une frontière
intelligente » de décembre 2001 visant la création d’une frontière
sûre et efficace pour le commerce, et l’on prend actuellement des mesures
pour étoffer les principes qu’il contient. Toutefois, cela n’a pas mis
fin aux allégations des médias et des législateurs américains, selon
lesquelles la frontière canado-américaine est perméable et le Canada ne
prend pas suffisamment au sérieux les préoccupations américaines au sujet
de la sécurité.
Les
mesures commerciales prises par les États-Unis se sont en outre révélées
problématiques pour le Canada. Des exemples de mesures qui, de l’avis de
nombreux témoins entendus par le Comité, sont injustifiées incluent :
l’utilisation continuelle des recours commerciaux (p. ex., les mesures
commerciales américaines touchant le bois d’œuvre résineux, la Commission
canadienne du blé et divers autres produits agricoles, dont récemment les
bleuets); l’imposition par les États-Unis de barrières non douanières sur
nos produits; l’adoption du U.S. Farm Bill et les effets préjudiciables
qu’il a sur nos agriculteurs, et la position américaine sur les entreprises
commerciales d’État et sur la gestion de l’offre au sein de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Il
ne fait aucun doute que l’Accord initial sur le libre-échange entre le
Canada et les États-Unis (ALE) a stimulé les échanges commerciaux bilatéraux
et les investissements et qu’il a eu un effet positif sur l’économie
canadienne. Cependant, les négociateurs canadiens et américains de l’ALE
n’ont pas obtenu l’exemption mutuelle des recours commerciaux (p. ex.,
droits antidumping et droits compensateurs). Ils n’ont pas réussi non plus
à y faire intégrer un ensemble de définitions et de règles propres à
l’Amérique du Nord sur les subventions afin de limiter l’utilisation des
droits compensateurs et de la législation sur la concurrence conçue pour
remplacer les droits antidumping. La réalité est que, sans des règles sur
les subventions et des codes antidumping pour régir le commerce en Amérique
du Nord, le Canada continuera de faire face aux recours commerciaux des États-Unis
dans des industries clés, et les consommateurs américains de produits
canadiens (p. ex., bois d’œuvre résineux, blé) continueront de payer
les frais additionnels qui leur seront imposés par un système de recours
commerciaux axé strictement sur la satisfaction des besoins des producteurs
américains.
Ce
que les négociateurs de l’ALE ont obtenu, c'est un système d’examen par
un groupe spécial binational dans les cas où les deux parties n’ont pas réussi
à résoudre leurs différends commerciaux par la consultation.[4] Toutefois, le système en place n’est pas un véritable
mécanisme de règlement des différends selon lequel les mesures commerciales
incriminées sont jugées par rapport à des codes de conduite communs. Il
consiste plutôt en une vérification destinée à assurer que les lois
nationales sur les recours commerciaux sont appliquées correctement. On ne
devrait donc pas s’étonner du fait que le Comité a entendu des témoignages
concluants selon lesquels les différends bilatéraux sont de plus en plus déférés
à l’OMC pour être résolus (et non pas à l’ALENA, soit l’Accord de
libre-échange nord-américain), car celle-ci offre un mécanisme de règlement
des différends beaucoup plus efficace. Le Comité recherche des moyens grâce
auxquels ces règles commerciales et systèmes de règlement des différends
pourraient être améliorés, et il regrette que des solutions nord-américaines
n’aient pas été mises au point.
Pourquoi
les mesures susmentionnées sont-elles prises contre le Canada et, dans le cas
des mesures de sécurité additionnelle, pourquoi envisage-t-on celles-ci? Au
chapitre de la sécurité, le Canada ne présente pas le risque pour la sécurité
intérieure des États-Unis que tant d’Américains voient en lui. Par-dessus
tout, les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 ne sont pas
entrés aux États-Unis en passant par des postes de contrôle canadiens. De
plus, une analyse de dix années de données des Services américains
d’immigration et de naturalisation effectuée par l’Association d’études
canadiennes en avril 2003 révèle que le Canada ne mérite pas sa
mauvaise réputation en tant que porte d’entrée d’immigrants illégaux
aux États-Unis([5]).
Cette étude a montré que le Canada se classait quinzième en tant que point
d’origine des « étrangers illégaux » vivant aux États-Unis en
2000, soit loin derrière le Mexique et les pays d’Amérique centrale et
d’Amérique du Sud([6]).
Comme plusieurs témoins l’ont rappelé au Comité, la frontière terrestre
entre le Mexique et les États-Unis est nettement plus perméable pour ce qui
est de l’entrée de personnes non autorisées. Enfin, en ce qui concerne les
revendicateurs du statut de réfugié visés par une ordonnance de renvoi au
Canada qu’on ne retrouve pas – sujet de discorde avec certains Américains
–, plusieurs témoins ont signalé au Comité qu’il y a un nombre
proportionnellement semblable de ces individus aux États-Unis.
Le
problème, c'est qu’il semble y avoir une disparité entre la réalité et
les impressions persistantes des Américains convaincus que la frontière
canadienne est perméable et que le Canada représente une menace pour la sécurité
de leur pays. En réalité, la coopération entre les deux pays sur la sécurité
de la frontière est sans précédent et le Canada est tout à fait déterminé
à assurer la sûreté et la sécurité de la frontière. Il faudra renverser
ces idées fausses qui persistent chez nos voisins du Sud.
Au
chapitre du commerce, le Canada est le plus important partenaire commercial
des États-Unis, et le premier marché d’exportation des marchandises de 39
États sur 50 (2002). Le Comité ne sait pas combien d’Américains sont au
courant de cette réalité; il faut déployer plus d’efforts pour la faire
connaître. Dans l’ensemble, actuellement, les échanges de marchandises
entre le Canada et les États-Unis se chiffrent quotidiennement à plus de 1,5 milliard de
dollars, et les exportations américaines au Canada s’élèvent au total à
165 milliards de dollars US, soit à peu près le quart du
commerce international des États-Unis. Nous sommes très désireux de préserver
ce mouvement mutuellement avantageux de biens et de services, et nous
souhaitons nous débarrasser des différends commerciaux américains.
Chose
également très importante, le Canada joue un rôle clé en tant que
fournisseur de pétrole, de gaz naturel et d’hydroélectricité au marché
américain. De fait, notre pays est le plus important fournisseur d’énergie
des États-Unis, où il exporte plus de produits de pétrole brut et raffiné
que l’Arabie saoudite, en plus des grandes quantités d’hydroélectricité
qu’il y expédie[7]. Pierre Alvarez (président, Canadian
Association of Petroleum Producers)
nous a rappelé que le Canada possède des ressources pétrolières et gazières
qui ne pourront être consommées dans un avenir prévisible. Du point de vue
de la sécurité nationale, ces exportations contribuent dans une large mesure
à répondre aux besoins énergétiques nationaux des États-Unis. On ne peut
exagérer l’importance pour ce pays de trouver chez son voisin du Nord une
source fiable pour satisfaire la plus grande partie de ses besoins
d’importation d’énergie. Ici encore, est-on au courant de ce fait au sud
de la frontière?
Quant
à la relation commerciale entre le Canada et le Mexique, il faut souligner
que les échanges bilatéraux totaux avec ce pays sont supérieurs à ceux
entre le Canada et n’importe quel pays européen et ne sont inférieurs
qu’à nos échanges avec les États-Unis et avec chacun de nos deux
principaux partenaires commerciaux asiatiques (le Japon et la Chine). En
d’autres mots, le Mexique représente notre quatrième partenaire commercial
sur la planète. De plus, le Canada constitue le deuxième partenaire
commercial du Mexique et la deuxième destination en importance pour ses
exportations, et nos investissements dans ce pays ont plus que triplé depuis
la signature de l’ALENA.
Même
si notre relation commerciale est encore de loin le côté le moins développé
du triangle de l’ALENA – nos échanges commerciaux avec les États-Unis
étant 37 fois supérieurs à nos échanges commerciaux avec le Mexique –
elle s’est énormément intensifiée au cours des dernières années. Ainsi,
le commerce bilatéral est passé de 5,6 milliards de dollars en 1994 à
15,1 milliards en 2002 et il existe des possibilités considérables d’accroître
le commerce et la coopération économique bilatérale.
En
fait, des témoins ont informé le Comité que le Mexique était une force économique
émergente au sein de l’ALENA et que la relation canado-mexicaine au
chapitre du commerce et des investissements était généralement importante
et favorable. Toutefois, les possibilités d’expansion de la relation
restent inexploitées. Luis Ernesto Derbez, Secrétaire aux Affaires étrangères
du Mexique, a dit au Comité que l’une des questions clés de la politique
étrangère du Mexique, c’est de trouver la meilleure manière de resserrer
les liens bilatéraux, puisque les relations commerciales pourraient être
encore meilleures. De plus, les deux pays font face à des difficultés
semblables dans leurs rapports avec les États-Unis et peuvent par conséquent
tirer des enseignements de leur expérience réciproque et élaborer des
positions conjointes dans leurs discussions avec les autorités américaines.
Pour
se renseigner plus à fond sur l’état des deux relations bilatérales du
Canada en Amérique du Nord, le Comité a mené à Ottawa une importante série
d’audiences avec des groupes d’experts sur les questions clés influant
sur nos liens commerciaux avec ces pays. Il s’est rendu dans l’Ouest du
Canada afin de jauger les opinions des particuliers et des groupes directement
touchés par les différends et irritants commerciaux entre le Canada et les
États-Unis, en particulier dans le domaine du bois d’œuvre résineux et
celui des produits agricoles, et de recueillir des témoignages sur l’état
général des relations économiques canado-américaines. Il s’est également
rendu à Washington pour obtenir d’autres renseignements sur les questions
bilatérales clés et pour entreprendre un dialogue avec d’importants décideurs
américains.
Malheureusement,
le déclenchement d’élections au Congrès mexicain l’a empêché de
poursuivre sa visite dans ce pays pour recueillir l’important point de vue
mexicain sur la situation du commerce nord-américain, mais il a sollicité
l’opinion d’un groupe d’experts sur les relations entre le Canada et le
Mexique à Ottawa et entendu le précieux témoignage du Secrétaire Derbez.
Le Comité a l’intention de compléter ces témoignages sur le Mexique par
les renseignements qu’il recueillera durant une mission d’information prévue
dans ce pays à l’automne, et de publier par la suite un rapport distinct
sur l’état de cette relation bilatérale vitale. Le Mexique devient de plus
en plus un partenaire commercial crucial du Canada, et le Comité ferait
preuve de négligence s’il ne se penchait pas davantage sur cette relation.
Le
rapport du Comité comprend trois parties, à commencer par la présente
introduction (partie 1). La partie 2 décrit les divers défis à
relever pour garantir la sécurité du commerce entre le Canada et les États-Unis,
notamment assurer la libre circulation à la frontière; limiter
l’utilisation des recours commerciaux par les Américains; améliorer les mécanismes
de règlement des différends qui sont à notre disposition; évaluer la nécessité
de renforcer les institutions nord-américaines de gestion du commerce; résoudre
les différends commerciaux actuels; et promouvoir la fiabilité du Canada en
tant que partenaire commercial sûr.
Dans
une perspective à plus long terme, le rapport aborde en outre la question du
degré des liens qui devraient unir le Canada et les États-Unis (partie 3).
Essentiellement, une intégration économique officielle plus étroite
est-elle justifiée, ou devrait-on appliquer une stratégie de diversification
commerciale agressive tout en sécurisant le commerce bilatéral existant? Sur
la foi de témoignages importants recueillis par le Comité, on soutiendra que
les mesures prises par le passé en vue d’intégrer officiellement les deux économies
ont produit des résultats de plus en plus minces, et que les avantages
d’une intégration formelle encore plus étroite ne semblent pas
substantiels. Comme la vulnérabilité du Canada est maintenant exposée sur
le plan de la sécurité et sur celui du commerce, un choix stratégique
prudent consiste à réduire notre dépendance par rapport au marché américain
et à diversifier notre commerce. Cela ne signifie pas que nous devrions négliger
les relations commerciales avec notre plus important partenaire économique,
mais simplement que nous ne devrions pas continuer de « mettre tous nos
oeufs dans le même panier ».
[1]
Les deux postes frontaliers entre l’Ontario et le Michigan
sont ceux de Windsor-Détroit et de Sarnia-Port Huron.
[2]
Le poste frontalier de Fort Erie-Buffalo est de loin le plus
achalandé entre l’Ontario et l’État de New York, mais celui de
Lansdowne-Alexandria Bay est également emprunté par un nombre important de
véhicules.
([3])
Certains indices portent à croire que les Américains augmenteraient
le nombre de leurs inspections aux frontières si le gouvernement du Canada
décriminalisait la marijuana.
[4]
Les différends antérieurs sur le bois d’œuvre (voir Annexe
II) et l’acier sont deux exemples de conflits commerciaux ayant été réglés
selon le mode de règlement des différends de l’ALE / ALENA.
([5])
Jack Jedwab, « Canadian Aliens: The Numbers and Status of Our
"Illegals" South of the Border », Communication produite
pour le Symposium canado-américain de recherche sur l’immigration,
Association d’études canadiennes, 26 avril 2003.
[7] En
effet, le Canada fournit aux États-Unis 94 p. 100 de ses
importations de gaz naturel, près de la totalité de ses importations d’électricité,
35 p. 100 de l’uranium qu’il importe pour produire de l’énergie
nucléaire, et 17 p. 100 de ses importations de pétrole brut et
raffiné.
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