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OLLO - Comité permanent

Langues officielles


Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 13 - Témoignages


EDMONTON, le vendredi 24 octobre 2003

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 9 h 02 pour étudier l'éducation au sein des communautés minoritaires de langue officielle.

L'honorable Rose-Marie Losier-Cool (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente: Nous reprenons nos audiences du Comité des langues officielles en ce vendredi 24 octobre 2003. Nous recevons aujourd'hui les représentants de la Colombie-Britannique. Je vous remercie d'être venus vous joindre à nous.

Notre premier témoin sera M. Marc Gignac, président de la Fédération des parents de la Colombie-Britannique. Nous entendrons par la suite Mme Sophie Lemieux, du Syndicat des enseignantes et des enseignants de la Colombie- Britannique. Madame Yseult Friolet sera notre troisième témoin.

M. Marc Gignac, Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique: Madame la présidente, j'aimerais d'abord vous remercier d'avoir invité la Fédération des parents à venir discuter avec vous de questions qui touchent les fondements même de son existence. Il fait chaud au cœur de savoir que nous avons des alliés à Ottawa qui appuient nos démarches.

Je ne suis pas le président de la Fédération. Le président, M. Stéphane Drolet, n'a pu venir, il a été retenu à Vancouver par ses fonctions. Je vais assumer ce rôle ce matin.

Pour commencer, j'aimerais vous donner un bref aperçu de notre système d'éducation francophone en Colombie- Britannique. Le temps étant limité, je m'en tiendrai à l'essentiel.

Au niveau secondaire, le premier programme conçu spécifiquement pour les élèves francophones a été offert en 1979. Au début, il était offert dans cinq districts comprenant 250 élèves. Jusqu'en 1996, année de la mise en place du Conseil scolaire francophone, le programme cadre de français, comme on l'appelait à l'époque, était géré par les différents districts où il était offert.

Avec la venue du Conseil, les choses ont changé. Celui-ci a peu à peu pris en charge l'école et les programmes francophones qui existaient un peu partout dans la province. Dès sa création, il entreprit la mise en place de programmes et de services nécessaires pour offrir une éducation de qualité, le tout évidemment à la mesure des moyens qu'il avait à sa disposition.

Aujourd'hui, ce système d'éducation dessert environ 3 000 élèves à travers la province. Ces élèves sont répartis dans une quarantaine de sites différents parmi lesquels on compte 17 écoles homogènes, 14 de celles-ci appartenant au Conseil scolaire francophone. Pour les autres sites, le Conseil scolaire loue des espaces dans les écoles anglophones.

Du côté de la petite enfance, la Fédération des parents intervient dans ce secteur depuis 1992. Pour nous, ce dossier est un élément-clé du développement du système d'éducation francophone. En effet, c'est dès la naissance qu'il faut intervenir auprès de la clientèle d'âge préscolaire afin de la franciser et de la mettre sur la voie qui la mènera à l'école francophone. Cette clientèle représente le futur de notre communauté. Si nous ne sommes pas en mesure de répondre à ses besoins, nous ne pourrons pas augmenter les effectifs dans nos écoles qui, à l'heure actuelle, ne desservent qu'une fraction de leur clientèle potentielle.

C'est pourquoi nous avons travaillé, au cours des dernières années, à l'établissement de prématernelles dans les différentes régions de la province. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec un réseau de 16 prématernelles francophones, la majorité d'entre elles établies dans ou autour des écoles francophones de la région qu'elles desservent. Environ 300 enfants fréquentent ces services.

Pour terminer ce bref aperçu, voici quelques statistiques concernant la clientèle potentielle de nos écoles francophones. Ces statistiques sont tirées du document intitulé Là où le nombre le justifie, publié par la CNPF. Elles sont malheureusement basées sur les données du recensement de 1996. Les chiffres de 2001 devraient être disponibles d'ici peu.

En Colombie-Britannique, selon l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, paragraphe a), où il est question des francophones, on compte 5 540 enfants de 0 à 4 ans, dont 31 p.100 connaissaient le français; 77 p. 100 de cette clientèle potentielle d'âge préscolaire est issue de familles exogames. Du côté scolaire, pour les enfants de 5 à 17 ans, on compte 16 065 enfants, dont 39 connaissant le français. De ceux-ci, 72 p. 100 de la clientèle est issue de familles exogames.

À la lumière de ces chiffres, on peut voir que les écoles francophones ne desservent qu'environ 20 p. 100 de leur clientèle potentielle, soit 3 000 élèves sur un total de 16 000. On remarque également qu'un peu plus de 70 p. 100 de la clientèle potentielle est issue de foyers exogames, c'est-à-dire un foyer où un des deux parents n'est pas francophone.

En ce qui a trait aux grands objectifs de la petite enfance, nous visons d'abord à promouvoir l'accès à des services en français pour la petite enfance et la famille. Nous considérons qu'une communauté se doit d'offrir un minimum de services en français, tels que des groupes de jeux, des services de garde, des services de santé communautaire et des mesures d'accueil. La vitalité culturelle et linguistique de la communauté repose en partie là-dessus.

Nous cherchons également à institutionnaliser le réseau de prématernelles francophones afin d'assurer une stabilité ainsi qu'un accès aux ressources nécessaires pour offrir une programmation de qualité. On parle ici de ressources matérielles et financières, bien sûr, mais aussi de ressources humaines, car les éducatrices qualifiées selon les barèmes de la Colombie-Britannique sont difficiles à trouver.

Les prématernelles francophones sont des outils de recrutement et de francisation très efficaces. Elles permettent de mettre les enfants sur la voie qui les mène à l'école francophone et de les franciser suffisamment pour qu'ils puissent intégrer la maternelle; de là leur importance.

Du côté scolaire, notre objectif est d'offrir une éducation de qualité qui répond aux besoins des élèves. Notre système d'éducation est très jeune. Le Conseil scolaire francophone n'existe que depuis sept ans. Malgré son travail acharné, il reste beaucoup à faire. Il faut enrichir les bibliothèques, promouvoir l'accès à des services spécialisés pour les élèves, offrir un choix de cours diversifié au niveau secondaire, mettre en place un processus d'intégration culturelle pour favoriser chez les élèves le développement de leur identité culturelle francophone, ainsi de suite.

Nous rêvons donc à des écoles bien équipées, où l'on retrouve un personnel qualifié qui travaille dans un environnement stimulant. Ces écoles desservent une clientèle très importante, les élèves étant attirés par la réputation d'excellence de celles-ci. Je vous rappelle qu'il s'agit toujours d'un rêve. Ces mêmes élèves poursuivent leurs études postsecondaires en français en Colombie-Britannique. Ils contribuent au développement et à l'épanouissement de la francophonie britanno-colombienne, l'école leur ayant offert un environnement propice au développement de leur identité culturelle francophone. Voilà à quoi nous aspirons.

Nos écoles doivent aussi devenir des pôles d'attraction où convergent les différentes composantes ou clientèles de la communauté. Elles doivent offrir une programmation annuelle pertinente qui répond aux besoins de la petite enfance, de la famille et de la communauté en général. Elles doivent aussi contribuer de façon significative au développement et à l'épanouissement de la communauté qu'elles desservent.

Ce que nous visons, finalement, c'est l'équivalence en éducation, une équivalence qui permettra aux élèves francophones d'avoir les mêmes opportunités de réussir que leurs confrères et leurs consoeurs des écoles anglophones.

Parlons maintenant des défis. Ils sont nombreux. Le temps étant limité, je m'arrêterai plus spécifiquement à ceux qui touchent les sujets identifiés dans votre invitation, à savoir: le recrutement et la rétention des élèves; les familles exogames; et l'accès à des ressources financières adéquates.

Le recrutement et la rétention des élèves représentent tout un défi. D'abord, il faut rejoindre la clientèle potentielle, puis la convaincre de s'inscrire dans nos écoles. La qualité est donc de mise si l'on veut être en mesure de vendre notre produit. Cette qualité repose en partie sur le nombre d'élèves inscrits dans les écoles, le financement alloué étant proportionnel à ce nombre. Une fois les élèves inscrits dans nos écoles, il faut s'assurer qu'ils y demeurent jusqu'à la fin du secondaire.

Présentement, nous constatons une érosion importante de la clientèle à partir de la sixième année. Ceci est dû en grande partie au fait qu'il est très difficile pour nos écoles de concurrencer avec les grandes écoles secondaires anglophones qui offrent toute une gamme de services, de cours et d'activités parascolaires.

Il faudra donc être créatif et offrir aux élèves un produit de qualité qui reflète cependant notre réalité et qui les intéresse.

Pour ce qui est des familles exogames, l'exogamie est une réalité avec laquelle les communautés francophones doivent composer. Considérées à l'heure actuelle comme des foyers d'assimilation, les familles exogames représentent à elles seules 70 p. 100 de la clientèle de nos écoles. C'est beaucoup! C'est pourquoi il faut y voir et faire en sorte que la menace que représente actuellement ce type de famille devienne une force qui contribue au développement de nos écoles.

Il faudra donc faire une place à ces familles, les sensibiliser à la raison d'être de nos écoles et les accommoder linguistiquement, le tout, sans mettre en péril la vitalité culturelle et linguistique de nos écoles.

En ce qui touche l'accès à des ressources financières adéquates, le financement est un élément-clé dans la réalisation de nos buts et objectifs. À ce chapitre, les ententes de financement fédérales-provinciales dans le domaine de l'éducation ont été des plus utiles au cours des dernières années. Ces dernières, couplées à des ententes spéciales pour la mise en oeuvre de la gestion scolaire, ont permis au Conseil scolaire francophone d'établir de bonnes bases pour notre système d'éducation.

Aujourd'hui, cependant, les ententes spéciales des gestions scolaires sont terminées. Le protocole d'entente pour le financement de l'éducation dans la langue de la minorité est également en cours de négociation. Il semble que le budget attaché à la mise en oeuvre des objectifs du secteur éducation du plan de relance des langues officielles, le fameux 209 millions de dollars, sera désormais la source de financement pour les projets de développement des conseils scolaires minoritaires du Canada.

Il existe à l'heure actuelle beaucoup de confusion sur ces différents programmes de financement, sur leurs critères d'allocation de fonds et sur les entités responsables de leur gestion. En Colombie-Britannique, le Conseil scolaire francophone a beaucoup de difficulté à planifier ses interventions, ne sachant pas trop le montant du financement qui lui sera alloué. Et lorsqu'il le saura, on en sera pratiquement rendu à la fin de l'année scolaire.

C'est pourquoi nous croyons qu'il serait judicieux que le gouvernement fédéral étudie la pertinence de créer un programme de financement permanent, exclusivement pour l'éducation francophone minoritaire. À moyen terme, notre Conseil scolaire aura besoin de fonds supplémentaires venant du gouvernement fédéral pour mener à bien le développement du système d'éducation. Il serait illusoire de penser que notre gouvernement provincial répondra adéquatement à ses besoins financiers, surtout en ces temps d'austérité et de compressions budgétaires en Colombie- Britannique.

Ce programme de financement contribuerait à assurer une certaine stabilité financière au Conseil scolaire. Il permettrait aussi aux différents intervenants de bien planifier le développement du système d'éducation et, par le fait même, d'être beaucoup plus efficaces dans leurs interventions.

Dans un autre ordre d'idées, l'entente Canada-Colombie-Britannique, pour les services en français, a aussi eu un impact sur nos dossiers, plus particulièrement au niveau de la petite enfance. Elle a permis d'impliquer les ministères concernés, plus particulièrement le ministère du Développement de la famille et de la petite enfance, dans la réalisation de projets touchant la petite enfance francophone. C'était une première chez nous. La rédaction d'un guide pour la mise sur pied d'une garderie en milieu familial en est un bel exemple.

Finalement, les ententes fédérales-provinciales dans le secteur de la santé n'ont pas eu, quant à elles, d'impact sur les dossiers touchant la petite enfance. Quand arrive le temps de financer des projets touchant les services à la petite enfance et à la famille francophone, il n'y a pas d'argent disponible. Il faudrait que le gouvernement fédéral négocie des ententes où un certain pourcentage des fonds est réservé pour la minorité francophone. On le fait déjà pour les Autochtones, pourquoi pas pour les francophones?

Mme Sophie Lemieux, vice-présidente, Syndicat des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique du programme francophone: Madame la présidente, j'aimerais vous remercier de nous avoir invités aujourd'hui. Je représente le Syndicat des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique du programme francophone et je suis également enseignante.

Dans ma présentation, j'ai développé les points sur la petite enfance, le primaire, le secondaire et l'université. Je me suis penchée plus sur la question de l'enseignement que sur la question financière.

Il est clair que diverses organisations de la Colombie-Britannique démontrent un intérêt de plus en plus grand à la petite enfance. Ceci ne veut néanmoins pas dire que la partie est gagnée. Le rapport de la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants sur la petite enfance mentionne qu'il y a une ouverture dans toutes les provinces canadiennes pour la création d'un programme solide. Il n'est pas toujours facile de trouver toutes les ressources nécessaires pour assurer la bonne exécution d'un tel défi.

Ces défis se retrouvent à plusieurs niveaux, qu'il s'agisse de trouver le financement adéquat pour créer des endroits de rencontre, des garderies à temps plein ou des centres de jeux, ou de trouver le personnel francophone qualifié et les gens qui y mettront toute l'énergie nécessaire.

La situation actuelle est plutôt négative. Dans notre province, il y a peu ou pas de prématernelles et celles que nous avons répondent habituellement aux besoins de francophones et de non-francophones. Cette situation amène donc une situation d'immersion. Ce mélange des programmes est reconnu pour avoir l'effet d'appauvrir le français, car l'anglais est la langue la plus souvent utilisée.

De plus, la prématernelle est offerte à temps partiel, ce qui empêche les parents travaillant à l'extérieur de conduire leurs enfants à l'école pour seulement une partie de la journée. Je n'entrerai pas dans les détails. Vous pourrez lire le rapport.

En Colombie-Britannique, le prix moyen mensuel d'une garderie familiale à temps plein est de 600 $ à 800 $. Les garderies non-familiales sont peu disponibles. Des prix non-compétitifs et une liste d'attente existe.

Un problème qui se pose est celui de la non-proximité des garderies de langue française. Les écoles francophones ne sont pas des écoles de quartier. Un service d'autobus est offert afin de contrer cette réalité. Cependant, un tel service n'est pas disponible au niveau de la prématernelle.

Idéalement, une garderie ou un service de garde aurait avantage à être opéré au sein des écoles francophones, mais nos écoles, en majorité, ne détiennent pas l'espace nécessaire. Encore une fois, le service de garde à l'école ne répond pas nécessairement aux besoins des parents puisque, trop souvent, l'école est loin de la maison familiale et du lieu de travail du parent.

Les défis que nous rencontrons au niveau de la petite enfance sont donc les suivants: le manque de ressources financières; le manque de ressources humaines qualifiées; le manque d'espace dans les écoles; le manque de proximité des lieux; le manque de connaissances linguistiques.

Il est primordial de trouver des solutions à ces problèmes. Il est également nécessaire que les parents comprennent l'importance de baigner leurs enfants dans la culture francophone et de leur donner les connaissances linguistiques nécessaires afin de commencer l'école comme francophones et non comme ayants droit. Plusieurs textes relatent la responsabilité de l'école dans le maintien des compétences linguistiques et le sentiment d'appartenance à la culture. Cependant, il est aussi reconnu que la communauté, la famille et les enseignants ont une responsabilité dans le maintien de la culture francophone.

En ce qui a trait aux études primaires et secondaires, un des défis que le Conseil scolaire francophone rencontre est le recrutement d'un personnel enseignant qualifié. Différents facteurs contribuent à une telle pénurie, comme par exemple le coût élevé de la vie dans cette province, les salaires non-compétitifs, les difficultés rencontrées dans la salle de classe et les problèmes constants avec les nouvelles politiques gouvernementales.

De plus, dans notre province, les universités forment très peu d'enseignants francophones. C'est pourquoi la presque totalité de notre personnel enseignant provient de l'extérieur de la province, en particulier du Québec.

Au cours des trois dernières années, plus de 120 enseignants ont quitté le Conseil scolaire francophone. Si l'on considère que le conseil scolaire est composé d'un peu moins de 200 enseignants et enseignantes, vous pouvez comprendre que la rétention du personnel devient une grande préoccupation.

Le CSF, depuis sa création, a dû employer du personnel sans brevet d'enseignement en Colombie-Britannique. Ce problème se présente particulièrement lorsqu'il s'agit de recruter un personnel enseignant spécialisé — spécialistes en musique, bibliothécaires, orthopédagogues, conseillers scolaires et conseillers. Afin de combler ces postes, le CSF offrira un personnel sans formation ou, comme mentionné, sans diplôme en éducation.

Les enseignants de l'élémentaire rencontrent des difficultés surtout au sein des petites communautés où ils doivent souvent enseigner des niveaux multiples allant de deux niveaux à sept niveaux.

Les conditions de travail des enseignants du secondaire sont particulièrement difficiles. Ils enseignent en général plus de huit cours différents, entraînant une préparation pour chacun, et certaines classes sont à niveaux multiples. Lorsque l'on examine la situation de leurs collègues anglophones ou des enseignants en programme d'immersion, il est facile de constater que la situation est beaucoup plus simple. Les enseignants anglophones n'ont généralement que deux à trois préparations de cours.

Le conseil scolaire s'est déjà penché sur la question de la maternelle. La maternelle à temps plein a été créée dans un effort de venir en aide aux enfants commençant la maternelle puisque ceux-ci, en majorité, ne maîtrisent pas la langue française.

Le programme de la maternelle est bien particulier en ce sens qu'il est basé sur l'éveil intellectuel et le jeu. C'est une période de transition, un moment privilégié pour apprivoiser le monde social, apprendre à bien parler et à bien exprimer ses sentiments.

De plus, dans un contexte d'apprentissage de la langue en milieu minoritaire francophone, le Conseil scolaire francophone voit toute l'importance d'investir pleinement dès la première année de scolarisation. Ceci s'avère une aide primordiale. Cependant, la maternelle à temps plein requiert du CSF de débourser une somme additionnelle puisque le gouvernement provincial finance seulement les maternelles à temps partiel.

Il est clair qu'un effort était de mise pour les nouveaux élèves, car plus des 7/8 des élèves débutant la maternelle ne parlent pas le français, ils n'ont aucune connaissance de la langue. Ceci devient un défi énorme pour les enseignants. Une modification des objectifs doit avoir lieu, car les enfants ne connaissent pas les concepts de base.

De plus, ceci pose des problèmes au sein de la classe puisque le 1/7 du nombre parle le français. Cette situation occasionne des frustrations au sein du corps enseignant mais aussi pour les parents qui ont fait l'effort de transmettre la langue à leurs enfants. Ceux-ci finissent par s'angliciser plutôt que l'inverse. Il n'est pas rare d'entendre dire des parents que leurs enfants ont appris l'anglais lorsqu'ils ont commencé l'école francophone.

En principe, la maternelle à temps plein est une forme de francisation seulement pour les élèves francophones. La maternelle est une porte ouverte vers l'anglicisation. Les enfants des autres niveaux reçoivent de l'aide en francisation, c'est-à-dire qu'ils reçoivent du temps un à un ou en petits groupes avec une spécialiste qui leur enseigne les concepts de base du français afin d'aider les élèves à récupérer les manques. À la maternelle, plutôt que de recevoir de l'aide un à un, ils fréquentent l'école à temps plein.

Tel que mentionné plus haut, les autres niveaux reçoivent aussi un soutien en francisation, mais plus les enfants grandissent, moins le soutien existe. Et pourtant, les enfants profiteraient grandement de développer leur niveau de langage et leurs connaissances de la langue en élargissant leur vocabulaire et leur compréhension.

En ce qui a trait à la population étudiante, les chiffres démontrent que les élèves arrivent en grand nombre en maternelle mais quittent en grand nombre lorsqu'ils terminent leur septième année. La rétention des élèves au secondaire s'avère un défi énorme pour le conseil scolaire. Il est clair que plusieurs motifs occasionnent cette perte. Pour ces raisons, le CSF tente de mettre sur pied différentes stratégies. Certains parents semblent croire qu'une fois la septième année terminée l'élève a suffisamment appris et devrait maintenant étudier en anglais afin de faire de lui ou elle une personne réellement bilingue.

Vient ensuite le problème des nombres. Il n'est pas rare que le groupe du secondaire se retrouve avec très peu d'élèves; et comme nous le savons, les amis à l'adolescence sont importants. Une autre raison ne favorisant pas la rétention des élèves est le peu de choix de cours au secondaire, le nombre n'encourageant pas le développement de programmes sportifs et de cours variés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le CSF met actuellement sur pied un programme appelé Passeport pour offrir aux élèves des options intéressantes.

Une dernière raison, parmi certainement plusieurs autres, est la logistique. Vancouver, par exemple, est considéré comme un grand centre pour les CSF. Son école secondaire est toutefois dans une école où se retrouvent trois programmes: le programme régulier anglais, le programme d'immersion et le programme français. Le fait de ne pas être propriétaire de l'école amène beaucoup de restrictions pour les élèves et les enseignants. Par exemple, le gymnase n'est pas nécessairement disponible pour tous les groupes, et souvent, ils doivent aller dehors pour faire leur période de gymnastique. Le programme francophone ne partage que quelques locaux. Ceci peut certainement constituer un désavantage pour le programme.

L'enseignant doit faire preuve de beaucoup d'imagination et de créativité. Il n'est pas toujours facile d'enseigner en milieu minoritaire puisque les défis se multiplient sans cesse. Le matériel, si disponible, est souvent désuet et non conforme aux besoins puisqu'il a été fait en général au Québec. Le contenu ne touche pas nécessairement les élèves et leurs réalités. Le manque de connaissance de la langue est un autre défi important car les objectifs académiques doivent être réévalués constamment. Au sein d'une classe les élèves ne sont pas au même niveau dans leur apprentissage.

De plus, le coût de la vie en Colombie-Britannique est très élevé mais les salaires ne le sont pas. Les gens souffrent souvent de solitude et décident de repartir près de leur famille.

La présidente: Je vous félicite pour le travail que vous avez fait. Nous passerons aux questions plus tard.

Mme Yseult Friolet, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique: Madame la présidente, j'aimerais maintenant vous donner un tableau global de notre communauté et vous parler plus précisément du dossier de l'éducation postsecondaire.

Je vous remercie de nous avoir invités. Il est toujours important, je pense, de parler de l'éducation, surtout dans l'Ouest canadien et, de façon plus précise, en Colombie-Britannique. Merci de l'initiative et j'espère que vous pourrez nous aider à faire avancer l'éducation en milieu minoritaire dans l'Ouest canadien.

La question de l'éducation est très importante pour nous. Vous l'avez entendu, l'éducation comprend les services de la petite enfance aux questions touchant l'accès aux études postsecondaires. Mes collègues vous ont tracé un portrait de notre réalité et je vais vous parler un peu plus de notre communauté et de l'éducation postsecondaire.

Selon les récentes données de Statistique Canada, la communauté francophone est riche de 63 000 personnes. Par contre, si on tient compte des personnes bilingues qui viennent agrandir l'espace francophone de notre province, 270 personnes peuvent s'exprimer en français et la plupart se retrouvent dans ce qu'on appelle le Vancouver Métropolitain, ce qui représente 7 p. 100 de la population de la Colombie-Britannique.

Sur le plan géographique, les francophones de la Colombie-Britannique ne sont pas regroupés dans une collectivité en particulier. Ainsi, on retrouve des francophones dans la plupart des villes importantes, bien que 50 p. 100 de notre communauté vivent dans les régions métropolitaines de Vancouver et de Victoria, les deux grands centres de notre province.

Cette dispersion géographique apporte plusieurs défis, particulièrement dans le domaine de l'éducation. Toutefois, il ne faut pas oublier que les francophones doivent quand même avoir accès à des services éducatifs et socio- communautaires si l'on veut assurer la pérennité de la langue et de la culture.

Cependant, nous avons la chance de compter sur une communauté dont la détermination est à toute épreuve. Si bien que dans la plupart des villes, aujourd'hui, on retrouve des francophones se rassemblant autour d'une association locale, d'un centre communautaire ou d'une école. Notre communauté est fière de ses racines et de ses nombreux accomplissements par lesquels elle tente de créer un environnement qui soit propice à l'épanouissement de la langue et de la culture dans ce coin de pays, somme toute, loin des grandes concentrations de francophones.

On n'a pas pu se rendre jusqu'à Vancouver pour vous parler de la situation de l'éducation. On a été obligé d'arrêter à Edmonton, avant les montagnes, et cela vous explique un peu la difficulté de notre pays.

À l'instar de bien d'autres communautés, si ce n'est l'ensemble de celles-ci, c'est à force de convictions profondes et d'engagements personnels de milliers de francophones qui ont à cœur l'avenir de notre langue et de notre culture, que nous sommes toujours là.

L'organisme que je représente, la Fédération des francophones, a été fondée en 1945. La Fédération est reconnue comme l'organisme porte-parole des francophones de notre province. Elle accomplit son mandat grâce à l'appui de ses 35 membres associatifs qui représentent les francophones des différentes régions et qui oeuvrent dans différents secteurs de l'activité humaine, tels le développement économique, le développement culturel, la jeunesse, la justice et, bien sûr, l'éducation.

Notre implication dans le domaine de l'éducation remonte aux premières luttes pour l'accès à l'éducation en langue française. Nous y étions lors des efforts déployés par les francophones de Maillardville dans les années 1950 afin d'avoir accès au financement accordé aux écoles publiques, demandes qui d'ailleurs furent refusées.

Nous y étions encore à la fin des années 1960 lors des revendications pour que le ministère de l'Éducation mette en place un secteur consacré à l'enseignement en français. À nouveau, nous y étions en tant que partie demanderesse en appui à la Fédération des parents francophones dans sa bataille juridique visant la reconnaissance et l'application de l'article 23 de la Charte des droits et libertés dans notre province.

Aujourd'hui, notre implication se fait par le biais de notre présence au Comité des partenaires en éducation, mis en place par le Conseil francophone.

Plus récemment, la Fédération a concentré ses efforts à un dossier d'une importance capitale, le développement du postsecondaire. C'est de ce projet et de d'autres développements dans le domaine de l'éducation que j'aimerais maintenant vous parler.

Je vous rappelle qu'au cours des années 1980 et 1990, notre Fédération a oeuvré sans relâche pour assurer la mise en place d'un système d'éducation primaire et secondaire. Ce que mes collègues vous ont dit tantôt en fait foi. Bien que la tâche ne soit pas complètement terminée, des progrès remarquables ont été réalisés. Nous avons maintenant un conseil scolaire chargé des programmes allant de la maternelle à la douzième année.

Cette étape importante a été franchie. La communauté francophone a voulu s'assurer que l'ensemble de l'infrastructure scolaire soit à la disposition de notre collectivité.

Pour notre communauté, comme pour bien d'autres au pays, l'infrastructure scolaire doit aller au-delà des niveaux de la maternelle au secondaire. Elle doit aussi comporter un volet touchant les études postsecondaires. La raison qui soutient une telle approche est bien simple. Il est reconnu que les transferts linguistiques se font habituellement au début de l'âge adulte.

Pour les enrayer et assurer que notre communauté protège sa vitalité linguistique, il nous est apparu essentiel de donner l'occasion aux jeunes francophones de la Colombie-Britannique la possibilité de poursuivre leurs études en langue française au niveau postsecondaire. Cette initiative est d'autant plus pertinente que notre province compte sur un nombre important de jeunes inscrits dans les programmes d'immersion.

Nous sommes d'ailleurs l'une des rares provinces, je crois, où ce nombre est en progression. Il a atteint près de 32 000 étudiants inscrits en 2002-2003, et on s'attend à ce que ce nombre soit près de 33 000 pour l'année scolaire en cours.

Pour nous, l'initiative a un double objectif puisqu'elle permettra à la clientèle étudiante de non seulement poursuivre des études postsecondaires en français, mais fera en sorte que cela soit possible sans avoir à quitter la Colombie- Britannique. Voilà donc les deux points majeurs qui militent en faveur d'assurer un accès aux études postsecondaires en langue française.

On contribuera, en fait, d'un côté, à solidifier les liens qu'ont les jeunes de la Colombie-Britannique avec la langue et la culture française, leur permettant ainsi de consolider ou même d'améliorer leur maîtrise de la langue; et de l'autre, nous pourrons faire en sorte que ceux et celles qui pourraient envisager de quitter la province pour poursuivre des études choisiront de rester en Colombie-Britannique. Ce faisant, nous souhaitons que ces personnes prendront une part active à la vie communautaire francophone dans les années à venir.

Afin de réaliser la mise en place du postsecondaire, on a travaillé à deux grandes initiatives. La première fait suite à un protocole d'entente que la Fédération a signé en 2002 avec l'Université Simon Fraser. Par le biais de cette entente, l'université s'est engagée à mettre sur pied le Bureau des affaires francophones et francophiles. Ce centre de responsabilité sera la pierre angulaire d'une initiative qui verra aussi la création d'un programme de baccalauréat en administration publique et en développement communautaire.

De plus, la Faculté de l'Éducation augmentera de 50 p. 100 le nombre de places dans ses programmes pour la formation des personnes se destinant à une carrière dans l'enseignement de langue française de même que certains de ses programmes à l'intention des enseignants. Ici, on parle de perfectionnement et de maîtrise pour des enseignants déjà à l'emploi.

Tout au long de la conception de ce projet, nous avons voulu faire en sorte que la grande majorité des cours soient offerts en personne afin de répondre au souhait des étudiants que nous avons consultés en 2000 et qui ont signalé une nette préférence pour un enseignement face à face. Une étude que nous avons faite a révélé que 91 p. 100 des étudiants souhaitent recevoir leur formation avec un professeur en salle de classe plutôt que par vidéoconférence. On parle souvent de l'enseignement à distance. Toutefois, je pense que l'aspect du contact humain, surtout aujourd'hui, est important.

Les étudiants âgés entre 17 et 18 ans nous ont dit qu'ils préférait un contact personnel. Ce n'est que beaucoup plus tard que l'étudiant pourrait prendre des cours par vidéoconférence ou par enseignement à distance. Le contact avec un professeur est très important.

À l'heure actuelle, le gouvernement de la Colombie-Britannique a soumis la demande financière au ministère du Patrimoine canadien. Nous sommes confiants que ce ministère répondra positivement à la demande du gouvernement provincial. Les communications que nous avons eues avec les autorités de Patrimoine canadien nous permettent d'entrevoir positivement une participation financière du gouvernement fédéral.

Ce projet est si prometteur que l'université a entrepris les travaux de planification dans l'attente de la réponse formelle des autorités gouvernementales. Il n'en demeure pas moins que l'aide financière du gouvernement fédéral est essentielle à la mise en place d'une telle initiative. En fait, il est bien important de saisir que les coûts supplémentaires inhérents à l'offre de programmes en langue française dans un milieu minoritaire comme le nôtre font en sorte que le gouvernement provincial n'irait pas de l'avant si ce n'était de l'appui financier du gouvernement fédéral.

On en a parlé plus tôt et on le répète, la pérennité du Programme des langues officielles dans l'enseignement, ou PLOE, doit être assurée. Sur ce point, nous avons été heureux de constater l'engagement énoncé dans le plan d'action pour les langues officielles en ce qui a trait à la nécessité d'améliorer l'accès aux études postsecondaires.

Toutefois, même si le gouvernement fédéral intervient dans le financement des études en français, il doit se garder de dicter aux communautés et aux gouvernements provinciaux une marche à suivre qui les enfermeraient dans un carcan et qui laisserait peu de place aux priorités locales.

Les réalités de la communauté francophone d'une province à l'autre sont bien souvent différentes. Par exemple, le modèle choisi pour assurer un accès universitaire en langue française en Colombie-Britannique est différent de celui qui existe en Ontario ou encore au Nouveau-Brunswick. De plus, il demeure essentiel que le ministère du Patrimoine canadien accepte de reconnaître les sommes d'argent déjà investies en éducation universitaire en langue française par les autorités provinciales comme faisant partie intégrante des coûts reliés aux initiatives qui lui sont soumises dans le cadre du PLOE.

Je m'explique. Patrimoine canadien, à l'heure actuelle, a l'habitude de financer les initiatives en raison d'un partage des coûts à part égale, un principe auquel nous n'avons pas d'objection. Toutefois, il arrive, comme ce fut le cas dans le dossier de la Colombie-Britannique, que le ministère du Patrimoine canadien ne veuille considérer que les nouveaux coûts reliés à l'offre des programmes en langue française, faisant fi des efforts financiers déjà consentis par la province.

Par exemple, dans notre cas, le gouvernement provincial a toujours investi des sommes pour des programmes d'éducation postsecondaire en langue française sans obtenir de contrepartie fédérale. Nous faisons valoir, au moment où le gouvernement provincial accepte la mise en place de nouveaux programmes, que Patrimoine canadien reconnaisse les sommes déjà consacrées à des programmes en langue française puisque ceux-ci font intégralement partie du grand ensemble de la proposition qui est soumise à ce moment-ci. Si le gouvernement fédéral veut toujours insister pour que chaque dollar fédéral soit versé en contrepartie à chaque nouveau dollar provincial, cela limitera grandement la mise en place de cette nouvelle initiative.

D'autres initiatives sont actuellement en voie dans notre province. L'organisme Éducacentre travaille à la mise en place d'une formation au niveau collégial. Éducacentre est un organisme d'éducation aux adultes qui développe actuellement un projet de collège communautaire.

Cette initiative se situe à l'intérieur d'un cadre régional regroupant les provinces de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Elle porte le nom du projet Far-Ouest. Ce projet est piloté par le Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada. De plus, par le biais du Consortium national de formation en santé, Éducacentre rendra disponible un cours de la Cité collégiale d'Ottawa, soit celui de préposé aux services de soutien personnel.

Ce sont deux initiatives importantes pour l'éducation postsecondaire dans notre province. Dans l'ensemble, pour les initiatives qui touchent l'éducation en français en milieu minoritaire, il est primordial que le gouvernement fédéral demeure un partenaire fidèle pour nous accompagner sur la route de notre épanouissement. Il est important de noter ici que je n'ai pas dit qu'il doit nous montrer le chemin. Nous savons où nous devons aller et comment nous y rendre car nous avons la maturité et les outils pour prendre en charge notre développement.

Le gouvernement doit créer les conditions tant financières que législatives qui nous permettrons d'agir selon les priorités qui répondent à notre niveau de développement. Le gouvernement de la Colombie-Britannique ne s'oppose plus à l'éducation en langue française comme ce fut le cas dans un passé pas si lointain.

Toutefois, comme c'est le cas pour beaucoup de gouvernements provinciaux, il n'a pas encore pris l'engagement de financer à lui seul les coûts inhérents à la mise en place et au maintien de programmes scolaires en langue française. En attendant ce jour, le gouvernement fédéral se doit de continuer à faire preuve de leadership en la matière.

La présidente: Je vous remercie, madame Friolet, de votre présentation. Comme toujours, vous avez trouvé les mots pour le dire.

J'aimerais maintenant vous présenter mes collègues membres du comité.

[Traduction]

Le vice-président du Comité des langues officielles est le Dr Keon. Le sénateur Keon est de la région d'Ottawa.

[Français]

Madame Chaput, est sénatrice du Manitoba; le sénateur Comeau est de la Nouvelle-Écosse; notre greffier, M. Tõnu Onu; et Mme Marie-Ève Hudon du service de la recherche de la Bibliothèque du Parlement.

Le sénateur Comeau: Ma question s'adresse à M. Gignac au sujet d'une constatation qu'il a faite à la page 7 de sa présentation:

Il existe beaucoup de confusion sur ces différents programmes de financement, les critères d'allocation des fonds et les entités responsables de leur gestion.

Est-ce que cette confusion vient des questions du provincial ou du fédéral?

M. Gignac: Principalement du gouvernement fédéral. Je m'explique. Depuis 1992, le gouvernement fédéral a signé avec les différentes provinces des ententes spéciales pour la mise en place de la gestion scolaire. Il existe deux ententes, dont la dernière a expiré cette année.

On nous a annoncé un montant de 209 millions de dollars pour réaliser le volet éducation de ce Plan sur les langues officielles. On nous avait dit que c'était des fonds supplémentaires. On avait toutefois oublié de nous dire qu'on n'avait pas renouvelé les fameuses ententes spéciales de gestion scolaire. Ce qu'on nous donnait d'un côté, on l'enlevait de l'autre. C'est ainsi qu'on l'a compris. Le gouvernement fédéral ne le voit pas ainsi. Toutefois, je peux vous garantir que les communautés le voient ainsi.

Il y a énormément de confusion qui tourne autour de ce fameux 209 millions de dollars. On ne sait pas trop comment ce montant va être administré ni comment les fonds vont être alloués, on ne sait pas qui est responsable. En fait, on ne sait pas grand-chose. C'est la confusion.

Le sénateur Comeau: N'êtes-vous pas en négociations à ce moment-ci pour régler certaines questions sur ce fonds.

M. Gignac: En fait, ce fonds n'a été annoncé qu'au printemps dernier. Il est en place présentement et personne ne sait comment il fonctionne.

Parallèlement, nous sommes en négociation pour un nouveau protocole d'entente. L'entente bilatérale fonctionne avec le statu quo. Fait inquiétant, la province a récemment indiqué que l'entente bilatérale en éducation ne serait pas renouvellée. Une telle perspective me semble pratiquement impossible. Je me suis d'ailleurs informé à Ottawa.

Cette déclaration m'inquiète sérieusement, car elle signale une grande confusion. Au bout du compte, ce sont les élèves et le Conseil scolaire qui va payer. Il est certain que l'entente bilatérale sera renouvelée. On sait que cette entente vise à financer différents secteurs d'éducation en langue française dont l'immersion et le «Core French».

Le Conseil scolaire ne sait jamais à l'avance quelle partie des fonds il va recevoir de cette entente. Il est très difficile de planifier lorsqu'on ne sait pas si on va avoir des fonds d'une année à l'autre. Il est difficile de prévoir des projets étalés sur trois ans.

On se pose la question depuis longtemps à savoir pourquoi le gouvernement fédéral n'accepterait pas de négocier des ententes exclusivement pour l'enseignement dans la langue de la minorité.

Le sénateur Comeau: À cause de la l'article 23?

M. Gignac: L'article 23 est très clair.

Le sénateur Comeau: Cela n'a pas de bon sens.

M. Gignac: Nous connaîtrons les enveloppes de financement et nous saurons pourquoi le financement existe. Toutefois, il faut savoir comment en faire la demande. Si nous connaissions les sommes qu'ils comptent distribuer, nous saurions à quoi nous attendre pour les années futures. Il faudrait donc une meilleure planification, une meilleure mise en œuvre du programme et plus d'efficacité.

La présidente: Est-ce parce que l'éducation est de l'essor provincial que votre gouvernement ne semble pas vouloir accepter cette enveloppe spéciale pour un budget en éducation pour les minorités?

M. Gignac: Non. Au contraire, je dois vous dire que depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, on dénote une plus grande ouverture du gouvernement en ce qui a trait aux besoins de la minorité francophone en Colombie- Britannique. Vraiment, le changement est très notable. De mémoire, le gouvernement provincial a toujours été ouvert à financer une certaine partie des coûts supplémentaires reliés à l'éducation dans la langue de la minorité. Le problème ne se pose pas à cet égard.

Cependant, le gouvernement provincial n'est pas prêt à financer tous les coûts supplémentaires. La mise en place d'une gestion scolaire et la mise en place d'un système d'éducation coûtent très cher. Il faut commencer à zéro. Lorsque nous avons obtenu la gestion scolaire, nous n'avions ni école, ni livres. Nous n'avions rien. Ces effets nécessitent des investissements assez importants qui ne peuvent s'établir du jour au lendemain.

Mme Friolet: J'aimerais poursuivre dans la même veine. Le projet de l'éducation postsecondaire sur lequel nous travaillons depuis sept ans est également pris dans cet imbroglio. Il n'existe pas de projet spécial pour une enveloppe du postsecondaire. Le projet actuel, soumis il y a 18 mois, est tributaire de la signature de l'entente en éducation. Le projet du postsecondaire doit attendre la résolution de ce problème. Si le problème ne se résout pas rapidement, il est possible que l'Université Simon Fraser se lasse, car tout est en place depuis presque un an.

On demande que le gouvernement fédéral règle la situation. Je ne comprends pas pourquoi le problème est si compliqué. Le PLOE est un programme qui existe déjà depuis quelques années et non un programme qui vient d'être mis en place.

Notre gouvernement provincial est favorable à ce programme et est prêt à travailler. Peut-être que les fonctionnaires provinciaux trouvent compliqué de travailler avec les fonctionnaires du fédéral. Il doit y avoir un assouplissement en quelque part.

Le sénateur Comeau: Les témoins du Manitoba ont souligné qu'ils auraient intérêt à siéger à la table de négociation. Je ne crois pas qu'ils aient nécessairement demandé des négociateurs comme tels, mais ils ont demandé de faire partie des négociations. Cette proposition est sensée. Leur demande fut accueillie. Toutefois, on leur a répondu: «nous sommes les élus et nous devons répondre à notre population provinciale».

Je ne crois pas que la question d'avoir des gens à la table de négociation pour tenter de connaître la situation et savoir ce qui bloque fut considérée. Pour emprunter un dicton de l'industrie privée, il n'y a rien de pire au monde que l'incertitude. On ne peut pas prendre de décision quand il existe une incertitude. Je suis convaincu qu'il en est de même dans le secteur de l'éducation. Quand il y a une incertitude, on ne peut pas attirer des enseignants qualifiés, on ne peut rien faire.

Avez-vous demandé de faire partie de la table de négociation?

M. Gignac: Oui, on le demande depuis fort longtemps. D'ailleurs, nous y étions au début des années 1990. Le gouvernement néo-démocrate était ouvert en ce sens. Toutefois, au cours des dernières négociations, il y a cinq ans, nous n`y étions plus. Évidemment, nous croyons qu'il serait utile que nous soyons à la table de négociations ne serait-ce que pour faire entendre le point de vue de la population. Nous sommes en contact régulier avec nos régions et nous connaissons leurs besoins.

Lorsque nous avons éprouvé des problèmes avec la mise en oeuvre de la gestion scolaire, une grande partie de ces problèmes s'est réglée le jour où le gouvernement provincial a accepté de créer une table où se retrouvaient le ministère de l'Éducation, le Conseil scolaire et la Fédération des parents. Les gens prenaient garde à la teneur de leurs propos autour de la table, et on a avancé très rapidement. Notre présence est tout à fait logique et apporterait à la table le bénéfice de notre expertise.

La présidente: Je suis surprise de la lenteur du protocole d'entente entre l'Université Simon Fraser et la province, et des négociations entre la province et le fédéral. Je croyais que ce dossier était plus avancé qu'il ne l'est présentement.

Au mois de mars de cette année, lors d'une réunion du comité sur le Plan d'action, M. Dion a pris un engagement. Madame Copps a plus ou moins annoncé que c'était chose faite, ce qui m'a donné l'impression que la question était réglée. Où est l'obstacle?

Mme Friolet: Il y en a peut-être plusieurs. Je crois qu'il y a absence totale de leadership de la part de Mme Copps dans ce dossier. Il revient tout de même à la ministre de gérer ces programmes. Nous n'arrivons pas à la rencontrer.

Je dois renchérir sur les propos de mon collègue en ce qui a trait au développement de l'éducation postsecondaire: c'est quand même nous, la communauté, qui l'avons développée. Nous avons fait trois recherches à ce sujet au cours des sept dernières années. Par conséquent, je crois que nous connaissons notre matière. Que l'Université Simon Fraser décide de signer une entente avec la Fédération représente un pas dans la bonne direction.

Je n'ai rien contre le travail des fonctionnaires, au contraire. Toutefois, lors de certaines négociations, nous devrions, à tout le moins, si on nous dit que nous sommes des partenaires, être présents.

Je conçois qu'un fonctionnaire d'Ottawa ne connaisse pas la Colombie-Britannique et soit familier avec le système de l'éducation. Toutefois, il devrait quand même accepter notre point de vue. Nous sommes là pour expliquer à toute personne venant du centre comment se fait l'éducation au niveau du postsecondaire et quelle est la culture et les traditions. Il existe des cultures et des traditions propres au Nouveau-Brunswick et à l'Ontario. Il en va de même pour la Colombie-Britannique.

Il serait donc important de revenir à ces consultations. Comment se fait-il que nous soyons exclus? Le gouvernement provincial m'a produite toute l'information. Au niveau provincial, on nous considère comme partenaires. Cependant, lorsqu'il s'agit d'un projet au fédéral, nous sommes exclus de toute information. Voilà mon premier point.

Mon deuxième point est le suivant. En ce qui a trait à ce projet, nous aimerions pouvoir bénéficier de votre influence. Nous sommes déjà au mois de novembre. Nous venons de perdre une année. Les finissants de la 12e année du programme du Conseil scolaire n'auront pas accès, en septembre, à l'université en français, car l'université n'a pas le temps, maintenant à la fin octobre, de remettre le tout en place.

On a progressé dans certains domaines. Par exemple, les travaux liés au secteur de l'éducation déjà en cours se sont avancés. Toutefois, nous venons de perdre une année académique en ce qui a trait aux deux autres programmes de baccalauréat que nous désirons mettre en place. Nous allons donc perdre ces étudiants, ce qui est déplorable.

La situation n'a pas changé, honorable sénatrice Losier-Cool, depuis votre appel en juillet dernier. Je ne sais pas quelle est votre influence. Vous est-il possible d'exercer certaines pressions, entre autres, sur Mme Copps? Êtes-vous capable de soulever des montagnes? On nous dit que tout est en place, mais il ne se passe rien.

La présidente: La situation est urgente.

Mme Friolet: La situation est urgente. Monsieur Dion nous dit, avec son plan, qu'il est prêt à travailler. Est-ce le fait que la ministre Copps ne s'occupe pas de ses affaires? Je ne crois pas. Vous connaissez mieux que moi le fonctionnement de l'appareil gouvernemental. Si Mme Copps indique que les choses sont embrayées, il ne s'agit quand même pas de nouveaux programmes. Il faudrait donc aller voir où en sont les choses, car nous constatons une certaine paralysie.

Pour ma part, je ne peux que vous parler de la situation en Colombie-Britannique. Je ne connais pas la situation dans les autres provinces. Toutefois, il semblerait que le Manitoba semble tenir les mêmes propos.

La présidente: Je crois que nous pouvons prendre un certain engagement à ce niveau. Le projet est bien avancé. La situation est urgente et un peu en péril.

Mme Friolet: Tout à fait.

La présidente: Nous en discuterons en comité à savoir la façon dont nous pourrions au moins faire avancer ce projet. Sachant le travail que vous avez investi, je suis à la fois surprise et un petit attristée de constater les résultats actuels. Nous invitons vos suggestions à savoir de quelle façon on pourrait continuer de faire pression.

Mme Friolet: Permettez-moi la suggestion suivante. Le premier ministre Chrétien a demandé à M. Dion de travailler sur la réforme des langues officielles. Cette recommandation a mené à l'élaboration du plan Dion. Ce plan contient plusieurs initiatives. Il faudrait discuter avec le premier ministre Chrétien de la mise en œuvre de ce plan. La théorie est là, mais il semble que les actes tardent à se manifester.

La présidente: Est-ce que vous en avez discuté avec les élus fédéraux de la Colombie-Britannique?

Mme Friolet: J'étais à Ottawa, le 6 octobre, lorsque M. Dion a fait sa présentation. Il avait invité les représentants de toutes les provinces et des communautés, ce qui était une première. Par la suite, des rencontres annuelles devaient se tenir entre les représentants de la communauté et les ministères informés. J'en ai donc profité pour m'entretenir avec la sous-ministre Mme Larocque, car Mme Copps n'était pas présente. Je me suis également entretenu avec M. Dion. J'ai discuté de mes préoccupations avec tout le monde qui était présent. D'ailleurs, vous y étiez, honorable sénatrice. On m'a répondu, «bien écoutez, ça va venir, ça va venir». Six mois se sont écoulés et on me répète encore la même chose.

La présidente: Il serait peut-être intéressant de soulever ces points dans un communiqué de presse. Le fruit des audiences que nous tenons actuellement fera partie d'un rapport lorsque nous aurons complété notre étude et terminé nos voyages. J'espère que d'ici ce temps votre projet n'aura pas pris fin. On ne peut pas attendre la publication du rapport.

Ma prochaine question s'adresse à Mme Lemieux. Quelle est la moyenne d'âge des enseignants qui son membres de votre syndicat? Est-ce qu'elle se situe entre 30 et 40 ans?

Mme Lemieux: Je crois que la moyenne d'âge est de 40 ans.

La présidente: Parmi vos membres, on compte de jeunes enseignants également?

Mme Lemieux: On compte un plus grand nombre de jeunes. Nous avons des enseignants de tous les âges. Cependant, je crois que la moyenne d'âge se situe entre 35 et 40 ans.

La présidente: Est-ce que votre syndicat négocie une échelle salariale ou une convention collective autre que celle de la BCTF?

Mme Lemieux: Certaines clauses ont une portée locale. Nous pouvons donc négocier ces clauses directement avec le conseil scolaire. Nous avons également des clauses de portée provinciale qui nous obligent également à suivre le mouvement.

La sénateur Chaput: Ma première question s'adresse à Mme Friolet. Dans votre document, vous dites que le gouvernement fédéral doit se garder de dicter aux communautés et aux gouvernements provinciaux une marche à suivre qui les enfermerait dans un carcan.

Vous voulez sans doute dire, dans ce cas-ci, que le gouvernement fédéral devrait prendre en considération les particularités ou les différences de chaque province ou région. Je suis tout à fait d'accord avec cet énoncé. Cependant, pourriez-vous nous donner des exemples plus concrets à savoir ce que le gouvernement fédéral aurait peut-être, à un moment donné, dicté? Ou s'agit-il d'une simple mise en garde?

Mme Friolet: Honorable sénatrice Chaput, vous avez une grande expérience au sein de votre communauté, mais également en ce qui a trait aux programmes fédéraux qui touchent les communautés.

Dans le cas échéant, il est question du PLOE, mais on pourrait parler du programme des langues officielles dans son ensemble. On tente souvent de faire passer des projets qui sont acceptables au Nouveau-Brunswick, en Ontario ou au Manitoba, en s'imaginant que ces projets peuvent s'étendre à l'échelle du pays. Je crois que cette tendance se maintient depuis les 20 ou 25 ans que la Loi sur les langues officielles existe.

L'Université Simon Fraser, par exemple, risque de devenir le seul accès à l'éducation française. On ne peut constater le même phénomène en ce qui a trait à la création de l'Université de Moncton, de la Faculté Saint-Jean ou du Collège de Saint-Boniface.

Nous avons dû aller chercher la masse critique, soit les étudiants en immersion. Une fois cette tâche accomplie, les portes de notre gouvernement provincial et de la communauté se sont ouvertes. L'enseignement coûte cher. Nous demeurons toutefois réalistes. Il n'est pas juste de prétendre que nous aurons un jour notre université avec son clocher. Néanmoins, il faudra développer le projet universitaire à l'intérieur d'un ensemble reconnu et crédible.

Comme vous pouvez le constater, nous sommes prêts. Il faut bien comprendre la situation de notre province, notre vécu et la réalité dans laquelle nous vivons.

Pour revenir à mon commentaire, et en réponse à l'honorable sénateur Comeau, je dirai qu'il est important que nous soyons là. À mon avis, une personne à Ottawa qui n'a pas vécu en Colombie-Britannique ne peut comprendre la situation qui existe en Colombie-Britannique.

La sénateur Chaput: Je suis tout à fait d'accord.

Mme Friolet: Par conséquent, je reviens à votre première question. Faisons un vrai partenariat. Voilà 25 ans que je vis dans cette province, et je peux vous dire que la politique est différente en Colombie-Britannique. Notre perspective est également différente. Nous devons nous tourner vers l'est. Vous devez tenter de nous aider selon nos particularités.

La sénateur Chaput: Je constate que la perspective de Patrimoine canadien à reconnaître les particularités de chacune des provinces n'a pas tellement changé.

Mme Friolet: En effet.

La sénateur Chaput: Il faut accroître les efforts et pousser pour se faire reconnaître et être accepté en fonction de ses besoins particuliers.

Mme Friolet: J'irais même plus loin. Je crois que l'attitude s'endurcie. Il y a une dizaine d'années, il était possible de négocier. La situation actuelle me cause certaines craintes. Depuis quand même quelques mois on nous répond tout simplement en disant «il en est ainsi» et il n'y a pas vraiment d'ouverture.

À titre d'exemple, le gouvernement fédéral a mis sur pied un comité national sur la santé. Je crois que nous pouvons nous réjouir du résultat fantastique de cette initiative pour les communautés francophones. Quel beau partenariat entre le ministère de la Santé et la communauté francophone à travers le pays! Il se produit le même phénomène, en ce qui a trait au développement des ressources humaines, avec le Comité national des ressources humaines. Ce comité existe maintenant depuis 1994 ou 1995. Dans le secteur de l'immigration, un comité a été mis sur pied en collaboration avec Patrimoine canadien et la communauté. Est-ce que vous êtes au courant de cette initiative?

La sénateur Chaput: Non.

Mme Friolet: Depuis 18 mois, on n'entend plus tellement parler de ce comité et on ne tient plus vraiment de réunions. Mme Mariette Carrier-Fraser siège sur ce comité.

La présidente: Le nom m'est vaguement familier.

Mme Friolet: Le comité a tenu deux rencontres en 18 mois. Patrimoine canadien a le mandat de gérer les programmes qui sont au cœur du développement de notre communauté. Étant donné la façon dont Patrimoine canadien est conçu, je préférerais travailler avec un autre ministère. Le programme des langues officielles est vital pour l'éducation. Cependant, je constate un certain durcissement. Plusieurs questions demeurent sans réponses.

Des négociations doivent s'entamer prochainement car tous les programmes arrivent à échéance le 31 mars et nous n'avons aucune nouvelle. La situation nous effraie. Nous serons en statu quo pour l'année 2004-2005, ce qui ralentira le développement. Nous ne pouvons interrompre notre élan.

Je trouve très dangereux ce genre de vacuum où on ne s'occupe pas des langues officielles. Le plan Dion a donné l'impression qu'on verrait à la situation en matière de langues officielles. Il ne faudrait pas que cette initiative soit mise de côté alors qu'elle est bien amorcée. Patrimoine canadien est un ministère important dans cette question.

La sénateur Chaput: Je vous remercie. Mes questions supplémentaires devront attendre un deuxième tour.

La présidente: Merci, sénateur Chaput. Nous reviendrons à vous lors d'un deuxième tour.

[Traduction]

Le sénateur Keon: Je vous remercie tous pour la clarté de vos exposés.

J'ai trouvé ce voyage dans l'Ouest très intéressant. Si on regarde bien les difficultés que connaît la francophonie à l'Ouest de l'Ontario, on trouve deux régions très problématiques. L'une est la Saskatchewan, et l'autre la Colombie- Britannique. Bien que la situation ne soit pas parfaite au Manitoba et à Edmonton, je suppose qu'ils ont une masse critique suffisante pour s'organiser et travailler avec le gouvernement fédéral en vertu de nos arrangements constitutionnels relativement à l'éducation et à d'autres aspects.

Il est évident que ni la Saskatchewan, ni la Colombie-Britannique n'a cette masse critique. L'exposé de Mme Lemieux a clairement fait ressortir votre problème, avec les enseignants, etc.

Il y a des précédents, par exemple, en santé, et j'ai de l'expérience en matière de santé, tant dans le domaine de l'administration que dans ceux l'enseignement et de la prestation des soins de santé. Il y a des précédents en santé, et la santé est assujettie aux mêmes arrangements constitutionnels que l'éducation, où les provinces de l'Ouest se sont unies pour concevoir des programmes à l'ouest de l'Ontario qui créent la masse critique leur permettant d'avoir leurs propres programmes d'éducation et de formation, et ce genre de choses.

Il y a une différence, parce que pour la prestation de soins de santé, on peut assez facilement amener les patients de Vancouver à Edmonton. On ne peut faire faire le trajet de Vancouver à Edmonton tous les jours à un élève de cinq ans pour aller à l'école.

Par contre, il me semble que si vous regardiez les modèles qu'il y a au Manitoba et à Edmonton, en vous raccordant à leurs ressources, particulièrement pour régler vos problèmes de dotation, etc., peut-être pourriez-vous faire plus de progrès que vous n'en faites actuellement.

La Loi constitutionnelle ne va pas changer, et les gouvernements étant ce qu'ils sont, ils n'attribueront des ressources que par le truchement du cadre structurel qui existe déjà. Par conséquent, je pense que vous devez vous accommoder de ce cadre. Vous pouvez obtenir directement de l'aide de Sheila Copps et de Stéphane Dion, mais ils ne créeront pas de système d'éducation en Colombie-Britannique d'après des prospectus. Ce système doit être constitué dans le cadre établi.

Vous pouvez me corriger si je me trompe — vous en connaissez plus sur le sujet que moi — mais ce que je conclus de vos propos.

Mme Friolet: Lorsque vous parlez de la masse critique en Alberta et au Manitoba, il faut que sachiez que la Colombie-Britannique et l'Alberta ont quasiment la même population.

Le sénateur Keon: La population francophone?

Mme Friolet: Oui. Selon les dernières statistiques, je pense que l'Alberta avait plus de francophones que nous, mais notre population augmente. Il y a moins de gens au Manitoba et en Saskatchewan qu'en Alberta ou en Colombie- Britannique.

Je pense que la question de la masse critique est importante, mais j'aimerais aussi préciser qu'en Colombie- Britannique, notre communauté ne se développe pas en région rurale. Nous vivons dans la troisième ville en importance du pays, à Vancouver. Si vous observez un groupe, disons, de 40 000 personnes à Vancouver, il est certain que nous n'y serons pas. Par contre, ce n'est pas le cas des gens de Winnipeg, par exemple.

C'est là l'une des difficultés que pose l'épanouissement de notre communauté. Nous sommes comme les francophones qui essaient de s'épanouir à Toronto, par exemple, parce que nous visons dans une grande ville et que c'est un tout autre défi dans une grande ville.

Tout d'abord, il nous a fallu 25 ans pour arriver à ce point ci, et il nous a fallu de 1992 à 1995 pour obtenir une commission scolaire.

Nous avons besoin d'être appréciés en tant que communauté, parce que nous nous sommes battus tellement longtemps. Le problème, c'est que nous avons besoin que le gouvernement fédéral nous appuie avec ses programmes. Il doit aussi cesser d'être à couteaux tirés avec les provinces. Maintenant que nous voyons que la province est prête à nous aider, nous ne voudrions pas avoir à nous battre contre le gouvernement fédéral aussi et à dire: «Allez, donnez un peu de lest». C'est l'un de nos problèmes.

À part cela, je pense que nous sommes dynamiques parce que nous devons «faire du rattrapage». Je parlais tout à l'heure de l'Université Simon Fraser. Nous ne pouvions pas avoir d'université avant d'avoir une commission scolaire. C'était impossible. Nous avons obtenu la commission scolaire en 1995. Ça nous a pris sept ans. Nous avons fait les études, et maintenant nous sommes en 2002. Nous sommes prêts pour l'éducation postsecondaire.

Pourtant, le gouvernement ne dit pas «eh bien, n'est-ce pas merveilleux, nous allons vous donner l'argent». Au lieu de cela, il se traîne les pieds. C'est ça, le problème dans notre communauté.

[Français]

M. Gignac: Permettez-moi de renchérir. Pour certains aspects du développement du système, on a avantage à se rallier avec les provinces de l'Ouest, plus particulièrement en ce qui touche le développement des curriculums ou encore des ressources adaptées aux minorités francophones de l'Ouest. Depuis plus de dix ans, des efforts sont déployés à ces fins. Toutefois, il est difficile de changer l'attitude ou la culture organisationnelle des fonctionnaires. L'éducation est de juridiction provinciale. La coordination de nos programmes avec les programmes des autres provinces de l'Ouest exige beaucoup de temps. Le processus est lent, et il faut considérer cet aspect du développement.

Mme Lemieux: À titre de comparaison, au Manitoba, plusieurs professeurs et enseignants du conseil scolaire francophone poursuivent actuellement leurs études en maîtrise au Collège universitaire Saint-Boniface.

Nous sommes un groupe d'environ 15 enseignants. Les gens du collège se déplacent et utilisent les locaux du conseil scolaire pour offrir les cours de maîtrise en français.

En matière de recrutement, nous retrouvons au Manitoba certaines différence avec la Colombie-Britannique. Au Manitoba on forme des enseignants en français. Le fait qu'on retrouve des francophones de plusieurs générations fait également une différence. La Colombie-Britannique connaît beaucoup de mouvement chez les enseignants.

Mme Friolet: Avec le programme en éducation, si on peut réussir à former nos enseignants, nous réussirons également à les garder. Voilà où nous en sommes.

Mme Lemieux: Cette semaine, au cours de l'assemblée générale des représentants du syndicat, la question fut soulevée. Le problème se situe au niveau de l'éducation et au niveau des lois provinciales.

Malgré vos propos favorables envers le gouvernement provincial, notre perspective est quelque peu différente. En tant que professeurs, nous sommes confrontés à un ministère de l'Éducation très rigide. On le compare souvent à celui de l'Ontario en évoquant la situation qui existe dans cette province depuis les huit ou dix dernières années. J'ai l'impression que nous allons connaître une nouvelle baisse du nombre d'enseignants. En Ontario, les enseignants ont quitté la province pour aller enseigner ailleurs, étant donné la situation. Je crois qu'un tel mouvement risque de se produire en Colombie-Britannique.

[Traduction]

Le sénateur Keon: Il y a une très grande différence entre la Colombie-Britannique et l'Ontario. En Ontario, nous avons l'Université d'Ottawa, qui est bilingue. On peut y recevoir un enseignement en français. Nous sommes aussi en train de construire une université francophone à Sudbury, qui offrira des cours de génie, de médecine, et tout le reste.

Il y a une très grande différence entre vos ressources ici et celles de l'Ontario. L'Ontario a ses problèmes, je pense, mais elle a aussi beaucoup de ressources pour l'éducation en français.

[Français]

La présidente: Tel qu'indiqué récemment lors du congrès de la SELF, il existe une pénurie d'enseignants au niveau national. Les enseignants maintenant ont donc le choix de retourner au Québec ou d'aller dans le centre du Canada. Cependant, il est possible de les retenir si les conditions de travail le permettent.

Madame Friolet, vous ne m'en voudrez pas si je reviens à la question des relations avec Patrimoine canadien. Cette question fait partie de nos discussions et elle contribue en quelque sorte à développer notre amitié.

Existe-t-il un bureau régional de Patrimoine canadien en Colombie-Britannique?

Mme Friolet: Oui.

La présidente: Ce bureau a-t-il une responsabilité en ce qui a trait aux relations entre les francophones de la Colombie-Britannique et le bureau de Patrimoine canadien à Ottawa? Les questions peuvent-elles être adressées et traitées à ce bureau de la Colombie-Britannique, ou doit-on s'adresser au bureau de Patrimoine canadien à Ottawa?

Mme Friolet: Le bureau de la Colombie-Britannique n'a aucune responsabilité en ce qui concerne l'entente en éducation. Les questions doivent être adressées à des fonctionnaires à Ottawa. Un fonctionnaire est chargé de l'Ouest canadien et les questions sont traitées à Ottawa, car le PLOE n'est pas un programme régionalisé. Par conséquent, les discussions se font entre les fonctionnaires d'Ottawa et les fonctionnaires du ministère de l'Éducation ou du postsecondaire.

La présidente: Les employés de ce bureau en Colombie-Britannique ne discutent donc pas avec le bureau d'Ottawa sur les enjeux?

Mme Friolet: Non. Ils se tiennent sans doute au courant, mais ces relations ne font pas partie de leurs responsabilités. D'ailleurs, la négociation des prochaines ententes Canada-communautés ne fait pas non plus partie de leurs responsabilités. Ces négociations vont se faire directement avec Ottawa. La responsabilité de ce bureau en Colombie-Britannique est de gérer le programme avec la communauté une fois que tout est développé.

La présidente: D'après ce que vous dites, le bureau de Patrimoine canadien à Ottawa fait un peu la sourde d'oreille de par son procédé.

Mme Friolet: Je vous ai expliqué le procédé. Inévitablement, on doit prendre le téléphone et s'adresser à Ottawa, car on sait d'où vont venir les décisions et on connaît la personne que l'on doit influencer. Ce sont les gens d'Ottawa qui s'occupent du programme.

Par conséquent, on peut comprendre que le bureau en région soit là comme organisme purement administratif. Tel que mentionné, ce bureau peut informer et faire du débreffage. Toutefois, les relations ne font pas partie de ses responsabilités. D'ailleurs on m'a avoué que plusieurs fonctionnaires en région trouvent cette situation très frustrante, car ils n'ont pas grand-chose à dire sur le chapitre. Ces gens sont tout de même sur place. Il serait normal qu'on sollicite leurs commentaires pour savoir ce qui se passe dans le dossier de l'éducation, dans le dossier du postsecondaire ou dans le dossier du renouvellement des ententes en éducation.

La sénateur Chaput: Si vous me le permettez, j'aimerais poursuivre dans la même veine pour ensuite poser une question à Mme Lemieux ainsi qu'à M. Gignac.

Vous nous avez très bien décrit la situation. Le message nous vient d'ailleurs également. Il ne faut pas avoir peur de nous présenter la situation telle qu'elle est. Le Sénat est là pour la protection des minorités. C'est notre mandat.

Mme Friolet: Nous allons avoir besoin de vous.

La sénatrice Chaput: Le fait est peu connu, mais nous sommes là pour vous aider.

Mme Friolet: Je vous remercie beaucoup, madame.

La sénateur Chaput: En Colombie-Britannique, comme dans plusieurs autres provinces, vous avez fait votre travail. Vous avez votre fédération de parents, vos conseils scolaires et vos écoles. Vous contemplez des programmes collégiaux avec la Saskatchewan et l'Alberta, et cherchez à travailler avec l'Institut Fraser pour la formation postsecondaire. En d'autres mots, vous faites le nécessaire pour poursuivre le développement de votre communauté, et personne ne peut vous reprocher du contraire.

J'aimerais tout simplement vous féliciter. Vous avez bien expliqué la situation, et j'ai pu constater le fonctionnement du système. Je ne suis au Sénat que depuis neuf mois, mais je sais que le Comité des langues officielles peut faire certaines choses pour vous aider. La présidente va sûrement coordonner nos efforts lors d'une prochaine réunion. Entre-temps, rien ne nous empêche de faire des appels pour faire bouger les choses. Je tenais à vous le dire, Mme Friolet.

Mme Friolet: Je vous remercie.

La sénateur Chaput: Maintenant, j'ai quelques questions plus spécifiques. Monsieur Gignac, vous avez parlé d'un processus d'intégration culturelle dans les écoles. J'aimerais savoir de quelle façon vous envisagez la mise en place de ce processus. Vous avez des écoles françaises. Vous devez également franciser les enfants justement pour qu'ils puissent s'éduquer en français. Vous avez, comme au Manitoba, l'exogamie.

Comment envisagez-vous ce processus d'intégration culturelle dans les écoles? La question n'en est peut-être qu'à la phase de gestation?

M. Gignac: Non, la question dépasse le stage conceptuel et elle fait l'objet de discussion depuis déjà un bon moment.

Plusieurs choses ont été faites et il reste beaucoup à faire. On a regroupé des partenaires provinciaux, en l'occurrence du personnel enseignant et la direction d'écoles. Nous tentons de rédiger une politique qui encadre ce processus et sa mise en place dans les écoles. L'intégration culturelle s'applique à deux niveaux. D'une part, l'enseignant ou l'enseignante, en salle de classe, va utiliser des stratégies pédagogiques visant à favoriser chez l'élève le développement de son identité et à faciliter la prise de conscience de ses racines. Le travail en salle de classe représente 75 p. 100 de l'intégration culturelle, et 25 p. 100 de l'intégration culturelle se fait à l'extérieur de la classe, dans un environnement culturel que l'on peut créer. Par exemple, on peut parler de radios communautaires. On peut inviter différentes entités de la communauté à participer à l'école. Il peut s'agir de l'organisation de différentes activités, d'offrir des programmations, de mettre de la vie francophone dans l'école. Voilà ce qui va faire en sorte que les écoles francophones vont pouvoir remplir la mission.

Présentement, il existe des programmes où on enseigne le français. Toutefois, nous n'en sommes pas à l'aspect culturel. Cet aspect est loin d'être concrétisé. Pour englober le tout, nous pensons sérieusement aux écoles communautaires.

La sénateur Chaput: Vous n'avez pas, en Colombie-Britannique, d'écoles communautaires?

M. Gignac: Nous n'avons pas d'écoles communautaires encore. On a tenté à quelques reprises de mettre sur pied des centres scolaires communautaires. Toutefois, nous nous sommes rendus compte qu'il est très difficile de trouver des fonds ne serait-ce que pour construire un édifice. Par conséquent, nous misons plutôt vers le concept de l'école communautaire. Il s'agit d'un type de gestion semblable, toutefois on n'a pas besoin d'un immense bâtiment de 12 millions de dollars.

La sénateur Chaput: Madame Lemieux, vous avez parlé du programme Passeport. Pouvez-vous m'expliquer un peu ce que comporte ce programme?

Mme Lemieux: Je ne pourrai pas entrer trop en détail, car je n'ai pas travaillé à ce programme. Le programme Passeport est en développement.

Sans vouloir contredire les propos de M. Gignac, j'indiquerai toutefois que l'intégration culturelle se fait déjà un peu en salles de classe. Bien sûr, elle ne fait pas partie du quotidien et il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.

En ce qui concerne le programme Passeport, M. Gignac serait sans doute plus en mesure de vous l'expliquer.

M. Gignac: Le Passeport francophone est un concept très simple. L'étudiant de niveau secondaire accumule des points en participant à différentes activités en français. Il peut s'agir, par exemple, des Jeux francophones de la Colombie-Britannique, des Jeux francophones de l'Ouest, du Parlement jeunesse, d'un camp de plein-air en français dans une de nos écoles à Powell River, ou encore de bénévolat autour des associations francophones.

En retour des points accumulés, une fois à la 11e et 12e année, l'élève pourra faire partie d'un échange avec une des provinces de l'Ouest en français, au Manitoba ou encore au Québec. En 12e année, s'il a cumulé suffisamment de points, l'élève pourra faire partie d'un échange en Europe, en France ou dans un pays francophone.

La beauté de ce projet est qu'il encourage les associations francophones en les incitant à créer des espaces pour accueillir ces jeunes afin qu'il existe des opportunités pour accumuler des points. Ce programme va alors promouvoir et favoriser les rapprochements entre les différentes associations communautaires et l'école — nous pouvons d'ailleurs constater ce fait présentement.

Pour ce qui est de l'avenir, il n'y a pas de limite à un tel projet. Je trouve ce projet intelligent. Il s'agit d'un projet adapté à nos réalités et qui possède énormément de potentiel.

La sénateur Chaput: Où avez-vous obtenu, ou allez obtenir, le financement pour un tel projet? S'agit-il d'un financement du gouvernement du Québec ou des ententes?

M. Gignac: Une demande de financement a été faite pour la fameuse enveloppe du Plan des langues officielles. Cette demande n'a pas porté fruit. Malgré tout, ce projet est considéré comme étant extrêmement important pour le conseil scolaire. On a donc pu trouver les fonds nécessaires pour au moins entreprendre sa mise en oeuvre cette année. Il ne s'agit que d'une ébauche, mais on va de l'avant.

Mme Friolet: Le développement de ce projet se trouve un peu coincé. En tant que projet spécial, tout comme le projet du postsecondaire, il se trouve en attente de signatures ou de décisions — ce qui est dommage, car ce projet favorise la rétention de nos étudiants au secondaire. Il s'agit d'une très belle initiative.

Vous comprenez donc l'urgence d'agir. Imaginez tout le travail qui a été mis pour développer ce projet: l'implication de la communauté pour la rétention des étudiants, l'implication des professeurs. Voilà encore une fois une façon de régler les problèmes, mais à la façon de la Colombie-Britannique. Ces projets peuvent porter fruit. Cette excellente initiative fut accueillie par tout le monde en Colombie-Britannique. Il s'agit d'une solution très viable.

La sénateur Chaput: La poursuite de ce projet représente combien d'argent? Est-ce qu'on parle de 500 000 $?

M. Gignac: De mémoire, le projet représente un demi million de dollars par année.

La sénateur Chaput: Un demi million de dollars par année environ.

M. Gignac: J'aimerais ajouter que la perspective de ce projet fait déjà une réaction favorable dans les provinces de l'Ouest. Il pourrait donc s'étendre et ainsi créer des liens entre les provinces de l'Ouest. Le projet a donc beaucoup de potentiel.

La présidente: Il ne me reste qu'à vous remercier. La sénatrice Chaput l'a fait de façon éloquente, et je sais qu'elle est sincère. J'ai visité à quelques reprises les communautés francophones de la Colombie-Britannique. Vous avez vraiment des acquis. Je vous encourage à poursuivre vos efforts et vous en félicite.

Lors de notre séance d'hier, une des conférencières nous a parlé de la culture minoritaire et de la culture francophone. On retrouve vraiment une culture différente. Le projet dont vous parlez reflète exactement les propos de cette conférencière.

Pour reprendre les termes des sénateurs Keon et Comeau, continuez de nous pousser dans le dos et de nous tenir au courant. Nous tenterons de remplir du mieux possible notre rôle de représentant, surtout au nom des minorités. Je vous remercie d'avoir comparu devant ce comité et je vous souhaite bonne chance. On ne vous oubliera pas une fois à Ottawa.

La séance est levée.


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