Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie
Fascicule 24 - Témoignages
OTTAWA, le mercredi 22 octobre 2003
Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui à 15 h 45 pour poursuivre l'étude sur l'infrastructure et la gouvernance du système de santé publique du Canada, ainsi que sur la capacité du Canada de réagir aux urgences sanitaires découlant d'épidémies infectieuses.
Le sénateur Michael Kirby (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Sénateurs, nous accueillons aujourd'hui, en direct d'Atlanta, où il fait sensiblement plus chaud qu'ici, où la température est à peine supérieure au point de congélation, le Dr Hughes, directeur du Centre national d'épidémies infectieuses des Centers for Disease Control and Prevention.
Docteur Hughes, à l'époque où l'épidémie de SRAS battait son plein au pays, le CDC bénéficiait de rapports de presse favorables, presque tous les jours. Dans votre domaine, vous êtes considéré comme l'un des plus éminents spécialistes mondiaux. Nous savons que vous avez un emploi du temps très chargé. Nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps d'être avec nous aujourd'hui pour nous parler de vos activités, de ce que doit faire le Canada ou des mesures nouvelles que nous devrions prendre, afin que, la prochaine fois qu'un phénomène comme le SRAS ou l'équivalent se présente, nous soyons mieux en mesure d'y faire face.
Merci de comparaître devant nous. Je sais que vous avez préparé une déclaration. Je vous invite à la faire, après quoi nous vous poserons quelques questions.
Le Dr James Hughes, directeur, Centre national d'épidémies infectieuses, U.S. Centers for Disease Control and Prevention: Par souci d'économie de temps, j'ai préparé une déclaration écrite, mais, si vous préférez, je suis disposé à renoncer à vous la présenter pour passer directement aux questions. La déclaration est une version abrégée du témoignage écrit que nous avons soumis. C'est comme vous voulez.
Le président: Puisque vous avez soumis un mémoire, je préfère utiliser votre temps au maximum pour la réponse à des questions.
Au niveau général, vous êtes au courant de l'affaire du SRAS en particulier. Soit dit en passant, nous avons pour but de mener des travaux constructifs. Nous ne cherchons ni à désigner des boucs émissaires ni à rejeter le blâme sur qui que ce soit. Nous sommes ici pour trouver des moyens d'améliorer le système pour l'avenir. À votre avis, qu'est-ce que le Canada devrait ajouter à son système existant ou même en retrancher, à supposer qu'il renferme des éléments superflus, pour être en mesure de réagir à l'avenir à une nouvelle épidémie comme celle du SRAS? Si je pose la question, c'est parce que tout le monde semble s'entendre pour dire que nous devons être prêts à faire face à toute éventualité même si nous ne savons pas si l'épidémie réapparaîtra.
Dr Hughes: C'est le fond de la question. Le SRAS constitue un excellent exemple de menace microbienne mondiale. C'est le meilleur exemple dont nous disposerons jusqu'à ce que la prochaine pandémie de grippe, qui nous attend au tournant, se déclenche. Nous savons qu'elle se produira; cependant, nous ignorons à quel moment. Il est certain que les leçons tirées de l'épidémie de SRAS s'appliquent à la préparation à une pandémie de grippe et à une attaque bioterroriste. Il importe que d'autres pays, vous et nous prenions le phénomène au sérieux et en tirions des leçons.
En ce qui concerne certaines des leçons les plus évidentes, on pense à l'importance que revêtent la vigilance et la transparence de tous les pays. Si on avait détecté la flambée qui se préparait dans la Chine méridionale et qu'on y avait réagi de façon efficace, je pense qu'on aurait pu éviter entièrement l'expérience mondiale malheureuse du SRAS, ou à tout le moins en atténuer la gravité. Nous savons que nous vivons dans un village planétaire, tout comme nous savons que ces maladies, une fois qu'elles ont apparu, peuvent se propager rapidement partout dans le monde. Depuis que j'assume la responsabilité des maladies infectieuses ici, au CDC, des années, en réalité, le phénomène le plus stupéfiant dont j'ai été témoin s'est produit à l'Hôtel Métropole: un médecin chinois a passé 24 heures au 9e étage de cet établissement et a infecté 16 personnes, ce qui a entraîné un déplacement rapide du virus autour du monde. Dans la société moderne, ce genre de choses se produisent, et nous vivons véritablement dans un village planétaire. Par conséquent, nous devons prêter attention aux problèmes qui se posent dans d'autres pays. Nous devons soutenir l'Organisation mondiale de la santé dans les efforts qu'elle déploie pour renforcer la capacité de surveillance et d'intervention mondiale. Nous devons aussi l'aider à inciter les gouvernements à faire preuve de transparence lorsqu'ils font face à des problèmes susceptibles d'avoir un retentissement mondial.
Au lieu de parler de ce qui doit être ajouté ou retranché, permettez-moi de vous faire part de quelques réflexions sur les mécanismes qui doivent être en place.
Premièrement, on doit compter sur une surveillance épidémiologique efficace, soutenue par un réseau de laboratoires de santé publique modernes. On doit établir des liens étroits entre le monde de la santé publique et le monde clinique. J'ignore ce qu'il en est au Canada, mais, aux États-Unis, on observe souvent un écart prononcé entre le monde de la médecine clinique et celui de la santé publique. Les infections émergentes en général, la résistance aux antibiotiques et les problèmes infectieux, sans oublier le SRAS, exigent de façon péremptoire que nous mettions l'accent sur l'amélioration des liens et de la communication entre le monde clinique et le monde de la santé publique.
De la même façon, on note un fossé encore plus grand entre la médecine humaine et la santé publique, d'une part, et la médecine vétérinaire et la santé publique, d'autre part. Le SRAS constitue un excellent exemple de zoonose: une maladie transmise par les animaux aux humains. De nombreux cas récents de maladies infectieuses émergentes appartiennent à la catégorie zoonotique. Par conséquent, nous devons prendre les mesures qui s'imposent pour améliorer les liens, la coopération et la communication entre le monde de la santé humaine et le monde vétérinaire.
Nous devons continuer de déployer des efforts considérables pour améliorer la coopération entre les épidémiologistes et les laboratoires. Les liens essentiels qu'il faut créer, dans certains cas, ou renforcer, dans d'autres, constituent un thème récurrent. En terminant, il ne faut pas oublier l'importance que revêt la communication entre le niveau local, le niveau des États ou des provinces, et le niveau national ou fédéral.
Deuxièmement, on doit, face à une urgence de santé publique comme le SRAS, être en mesure d'élaborer rapidement de nouvelles informations et de les mettre à jour fréquemment; on doit aussi les présenter sous une forme utile aux cliniciens, aux scientifiques qui travaillent dans les laboratoires, aux citoyens et aux décideurs.
C'était là certains principes généraux. Si j'avais présenté mon exposé, vous auriez eu un peu plus de détails à propos de chacun de ces thèmes, mais je crois avoir dit l'essentiel.
Le président: Je vais poser une question de suivi qui porte sur un enjeu qui nous a donné du fil à retordre. Pour combler les écarts ou établir les liens aujourd'hui absents, quelqu'un doit être aux commandes. L'un des problèmes qui se posent au Canada — la situation est différente aux États-Unis — vient du fait que ce sont les gouvernements provinciaux, et non le gouvernement fédéral, qui se chargent de la prestation des soins de santé. Pourtant, une épidémie qui traverse les frontières des provinces a une envergure nationale et concerne donc le gouvernement fédéral.
Étant donné tous les «chefs» qu'on retrouve dans ce milieu, avez-vous une idée des structures que les États-Unis peuvent utiliser pour les regrouper et concerter leur action?
Dr Hughes: C'est une excellente question à laquelle il est difficile de répondre dans le cadre d'urgences de cette nature, nommément, qui est responsable? Nous avons tiré de nombreuses leçons de l'attaque au bacille du charbon dont nous avons été victimes il y a deux ans. Pour faire face à la situation, nous avons créé ici, aux États-Unis, un nouveau ministère de la Sécurité intérieure. Nous, du ministère de la Santé et des Services humains, travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la Sécurité intérieure. Au CDC, nous avons constitué un centre des opérations d'urgence grâce auquel nous pouvons communiquer instantanément avec le centre des opérations d'urgence du ministère de la Santé et des Services humains, le bureau immédiat du Secrétaire Thompson à Washington, D.C. À partir de ce centre, nous pouvons établir la liaison avec le ministère de la Sécurité intérieure, comme je l'ai indiqué, de même qu'avec l'OMS, à Genève. Aux premières heures des interventions qui ont fait suite au déclenchement de l'épidémie de SRAS, nous avons à quelques reprises communiqué par vidéoconférence non seulement avec le centre de commandement du secrétaire Thompson, mais aussi avec le centre de commandement de l'OMS.
Par ailleurs, nous devons rejoindre la communauté clinique des États-Unis de même que la communauté de la santé publique au niveau des États ainsi qu'au niveau local. Dans le cadre de nos activités de préparation à une attaque bioterroriste, nous avons mis en place quelques systèmes qui facilitent considérablement la diffusion rapide d'information non seulement auprès d'agents de santé publique, mais aussi des cliniciens. Pour ce faire, nous utilisons un système appelé le Health Alert Network, système ouvert fondé sur Internet qui relie l'ensemble des ministères de la Santé des États et la plupart des services de santé locaux au CDC. Il y a aussi un système additionnel appelé Epi-X, qui assure des communications sécurisées et dont la distribution est plus limitée, mais il est lui aussi attaché à l'ensemble des ministères de la Santé publique des États. Grâce à ce système, nous pouvons rapidement diffuser de l'information d'une nature plus délicate.
Le Health Alert Network nous permet également de rejoindre les cliniciens. Nous disposons de quelques réseaux de surveillance axés sur le clinicien, mais, en plus, nous sommes en mesure de collaborer avec l'American Medical Association et d'autres instances pour entrer en communication avec les membres de grandes sociétés professionnelles et, grâce à Internet, leur fournir directement des informations opportunes. Il s'agit d'un bon exemple de la double utilité de certains des investissements que nous avons faits dans la lutte contre le bioterrorisme au cours des dernières années.
Le président: Je retiens de vos propos que, au cours des dernières années, vous avez investi des sommes considérables dans les technologies des communications. Grâce à eux, vous êtes en mesure de vous brancher directement à l'OMS, mais en plus tous les États et la plupart des administrations locales d'importance sont aussi en mesure de le faire. Je tiens donc pour acquis que vous disposez dans les faits d'un système de communication de secours qui peut être activé rapidement?
Dr Hughes: C'est exact. Les investissements dans la lutte au bioterrorisme sont responsables d'une bonne partie de ces mécanismes.
Le président: À propos du système de soins de santé, on n'y pense pas automatiquement, mais vous avez consenti des investissements considérables dans les technologies des communications pour être en mesure de faire face aux problèmes du point de vue de la communication.
Dr Hughes: Oui, c'est juste. À ce propos, j'aimerais revenir plus en détail sur un point. Tout ne doit pas obligatoirement passer par Internet. L'OMS organise des conférences téléphoniques quotidiennes auxquelles participe le réseau de laboratoires que l'organisation a constitué, sans oublier un réseau d'épidémiologistes et un réseau de cliniciens. De la même façon, aux États-Unis, nous organisons fréquemment des conférences téléphoniques avec les épidémiologistes des États, les directeurs de laboratoire et les personnes associées à la prévention des infections. Il ne s'agit pas de mettre les téléphones au rancart; ils constituent toujours un outil précieux.
Le sénateur LeBreton: J'aimerais poursuivre dans la même veine. Je vais utiliser l'exemple du SRAS puisqu'il est le plus récent. Au Canada, la coordination entre le gouvernement fédéral et les provinces est déficiente. Vous avez écrit qu'il existe au total 344 causes possibles et 74 causes probables du SRAS. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Les États sont-ils tenus d'informer immédiatement le CDC? J'aimerais que vous me parliez des rapports hiérarchiques. De même, disposez-vous de ressources humaines et financières susceptibles de vous venir en aide? Comment auriez-vous réagi face au problème qui s'est posé à Toronto?
Dr Hughes: Permettez-moi de faire ce qui pourrait passer pour une digression et de faire un autre commentaire qui aurait fait partie de mon exposé. Je pense qu'il s'agit d'un élément important dans la mesure où il concerne à la fois le problème des liens entre le gouvernement fédéral et les États et la question des rapports hiérarchiques.
Aux États-Unis, le système de santé publique est doté d'un réseau officieux relativement poussé. Au début des années 50, le Dr Alexander Langmuir a formé l'Epidemic Intelligence Service (EIS). Il s'agit d'un programme de formation d'une durée de deux ans en épidémiologie de santé publique appliquée dont le premier cours a été offert en 1951. La menace de l'utilisation d'armes biologiques pendant la Guerre de Corée a en partie motivé l'initiative. Il est intéressant de noter que nous avons maintenant bouclé la boucle. Depuis plus de cinquante ans, de jeunes personnes, surtout des médecins, sont formées dans le cadre d'un programme pratique de santé publique d'une durée de deux ans. À la fin de leur formation, la vaste majorité de ces personnes ont choisi de demeurer dans le domaine de la santé publique. Bon nombre d'entre eux travaillent aujourd'hui au CDC de même que dans des services de santé au niveau des États de même qu'au niveau local.
Ce groupe comporte une association des anciens relativement active. Il s'agit d'un réseau officieux de personnes qui travaillent ensemble depuis longtemps et qui se connaissent possiblement bien. Je ne dirais pas que les relations sont toujours harmonieuses ni que tout le monde est toujours d'accord; ce n'est pas le cas. Cependant, ce réseau constitue manifestement un avantage pour nous lorsqu'il s'agit d'atténuer les tensions entre le gouvernement fédéral, le gouvernement des États et les administrations locales.
En ce qui concerne la question que vous avez posée à propos des déclarations, je suis pour ma part un ardent partisan du recours à des cliniciens d'alerte qui savent comment joindre leurs homologues par téléphone, soit les agents de santé publique et d'alerte, au niveau local ou au niveau des États, lorsqu'un phénomène inusité se produit. Par la suite, les agents de santé publique d'alerte savent comment joindre les employés du CDC s'ils ont l'impression d'être confrontés à un problème inusité, complexe ou très préoccupant.
On entend parler de systèmes de surveillance des syndromes et d'investissements majeurs dans l'amélioration de notre capacité de suivre les syndromes, ce qui constitue un élément important, mais les cliniciens d'alerte ont joué un rôle critique en diagnostiquant le premier cas d'attaque au bacille du charbon, l'introduction du virus du Nil occidental à New York et le problème récent posé par le virus de la variole du singe. Les honorables sénateurs sont au courant du rôle critique qu'a joué le Dr Carlo Urbani à Hanoi dans le repérage de ce syndrome inhabituel. Il est important que les cliniciens sachent comment joindre leurs homologues de la santé publique et que l'information circule de façon opportune, dans les deux sens.
En ce qui concerne ce qui doit être déclaré, j'aimerais prendre une minute ou deux pour expliquer la situation aux honorables sénateurs puisqu'il importe de comprendre comment les choses se passent aux États-Unis. De nombreuses personnes estiment que le CDC se contente de déterminer les maladies qui doivent être déclarées au niveau national. Cependant, c'est l'organisme qui chapeaute les épidémiologistes des États, soit le Council of State and Territorial Epidemiologists (CSTE) qui décide, au terme de discussions et, avec un peu de chance, de l'établissement d'un consensus sur les maladies à déclaration obligatoire sur le plan national. Les exigences relatives à la déclaration des maladies au niveau des États sont prescrites par des lois et des règlements des administrations locales et des États sur lesquels le CDC n'exerce aucune influence.
Un mois ou deux après l'apparition du SRAS, une fois le virus identifié et la mise au point de tests de diagnostic en cours, nous avons discuté avec le CSTE de l'opportunité de faire du SRAS une maladie à déclaration obligatoire au niveau national. À la suite de discussions, on s'est entendu pour le faire, mais, de toute évidence, les choses n'en sont pas restées là; nous avions commencé à recevoir dès le 15 mars des appels au sujet des causes possibles ou probables du SRAS aux États-Unis.
Le sénateur LeBreton: Du point de vue des ressources, le CDC est-il tenu d'apporter de l'aide ou les États doivent-ils demander des fonds? Comment finance-t-on les exigences relatives à la déclaration?
Dr Hughes: Si on remonte au 14 et au 15 mars, personne ne demandait de l'argent, mais avant longtemps — vous êtes au courant du fardeau incroyable que le SRAS a fait peser sur la communauté clinique et la communauté de la santé publique —, presque tous les États ont déclaré des cas possibles de SRAS, et la majorité d'entre eux ont signalé des causes probables. On a consacré des efforts considérables aux enquêtes, aux isolements et à la mise en œuvre de stratégies de prévention, sans même parler des besoins en communication au niveau des États et au niveau local.
Dans notre pays, et au Canada, j'imagine, il s'agit des personnes qui cherchent à se préparer à une épidémie de variole et s'inquiètent d'une éventuelle pandémie de grippe. Dans la plupart des services de santé publique des États et des administrations locales, il y a un petit groupe de personnes qui s'intéresse aux aspects des maladies infectieuses touchant la santé publique. Elles ont des besoins en ressources, et nous pouvons leur venir en aide de quelque manière. Nous pouvons par exemple dépêcher des gens pour leur venir en aide. Nous ne le faisons que lorsqu'on nous le demande. Souvent, ce sont des agents de l'EIS, dont j'ai déjà parlé, qui se rendent sur place pour apporter de l'aide.
En outre, nous assurons un soutien en laboratoire ici même lorsque des spécimens nous sont envoyés. Nous nous efforçons ensuite avec l'administration et le Congrès de définir les besoins en ressources d'urgence. La bonne nouvelle à propos du SRAS, c'est que, avec l'appui de l'administration, le Congrès a voté au CDC des crédits additionnels de 16 millions de dollars, fonds que nous avons utilisés pour assumer bon nombre des coûts liés à l'enquête. De même, nous avons été en mesure de verser des sommes aux termes d'un accord permanent de coopération appelé l'Epidemiology and Laboratory Capacity Program, qui nous lie à tous les États, à six grandes villes et à Porto Rico. Il existe aussi un mécanisme en vertu duquel nous pouvons, en cas d'urgence, mobiliser des fonds; nous pouvons rapidement déplacer les fonds en question vers les États et les plus grandes villes. Il s'agit pour nous d'un avantage réel dont il m'apparaît important que les honorables sénateurs soient au courant.
Le sénateur Robertson: Comme vous le savez probablement, nous nous efforçons de mettre au point une solution qui inclura, par la force des choses, les provinces. Au Canada, ce sont ces dernières qui assument la responsabilité du système de santé. Je m'intéresse tout particulièrement aux structures et à ce que nous pouvons faire pour supprimer les obstacles qui existent entre ce qu'on appelle les unités concurrentielles.
Si je ne m'abuse, le CDC relève du secrétaire de la Santé et des Services humains. Quelle relation le CDC entretient-il avec le directeur du Service de santé publique des États-Unis ou Surgeon General? Comment les deux instituts interagissent-ils dans la poursuite de leurs missions respectives? Quelle a été la relation dans le cadre de la crise du SRAS?
Dr Hughes: Comme les honorables sénateurs le constatent peut-être, je porte mon uniforme du service de santé publique. Je suis un directeur adjoint du Service de santé publique. Je suis l'un des quelque 50 médecins chefs qui relèvent du directeur du Service de santé publique, Richard Carmona.
À l'heure actuelle, l'organisation hiérarchique est la suivante: au sommet, il y a le secrétaire de la Santé et des Services humains, M. Thompson, puis la directrice du CDC, la Dre Julie Gerberding, puis les instituts et les bureaux du CDC. À titre du directeur du Centre national d'épidémies infectieuses, je relève de la Dre Gerberding. Au deuxième niveau hiérarchique, il y a donc le secrétaire Thompson.
Des discussions sont en cours à propos du Commissioned Corps of the Public Health Service. On s'efforce de le transformer. Les agents du Commissioned Corps of the Public Health Service, à titre de service offert de façon uniforme, est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Nous sommes prêts à intervenir en cas d'urgence et capables de le faire.
Le directeur du Service de santé publique, à titre de chef de ce service, assume la responsabilité en cas d'urgence. Une fois de plus, la voie hiérarchique va du secrétaire aux unités fonctionnelles en passant par les directeurs d'organismes.
Le sénateur Robertson: Ce que vous nous dites est des plus intéressants puisque nous avons étudié la possibilité de créer un poste analogue à celui de votre directeur du Service de santé publique. En ce qui concerne la coopération, nous partons de presque rien, à maints égards, et cette situation nous préoccupe au plus haut point.
Vous avez évoqué plus tôt les questions de compétence, par exemple le CDC, l'organisme fédéral. Avez-vous des conseils à formuler à propos des moyens de surmonter la résistance possible à la coopération et de vaincre les obstacles au niveau des États?
Dr Hughes: Il y a de nombreux obstacles. La coexistence du niveau fédéral, du niveau des États ou des provinces et du niveau local fait assurément partie du nombre. J'ai fourni aux honorables sénateurs quelques renseignements historiques susceptibles d'expliquer en partie pourquoi le problème n'est pas ici aussi grave qu'il pourrait l'être.
Le groupe qui chapeaute les épidémiologistes des États et un autre groupe important dont je n'ai pas parlé, celui qui chapeaute les directeurs de laboratoire de santé publique des États, appelé l'Association of Public Health Laboratories, tiennent une assemblée annuelle. Nous nous faisons un point d'honneur de participer au programme et d'assister aux assemblées annuelles parce que les deux groupes en question ne communiquent pas aussi bien qu'ils le pourraient. Nous préférons la tenue d'une assemblée annuelle conjointe, ce qu'ils font tous les trois ou quatre ans.
Nous tentons d'assurer une présence à l'occasion de ces assemblées. Par le truchement du programme d'EIS dont j'ai fait mention, bon nombre de nouveaux agents d'EIS sont affectés à des services de santé des États et des administrations locales. Les épidémiologistes des États et des grandes villes viennent au CDC pour une conférence annuelle que nous organisons afin de faire le bilan des questions scientifiques et des questions touchant la santé publique de la dernière année. En même temps, on utilise le service de recrutement pour déterminer les affectations des agents d'EIS, dont le service débute trois mois après la conférence.
À la suite de ces occasions fréquentes d'établissement de liens, on assiste à des échanges considérables, sans parler du certain sentiment de collégialité qui se dégage.
Du côté des laboratoires, nous avons, au cours des dix ou 11 dernières années, réagi à certains problèmes posés par des maladies infectieuses émergentes en mettant en place, en collaboration avec l'Association of Public Health Laboratories, un programme de formation appliquée pour les laboratoires de santé publique modelé en partie sur le programme d'EIS que j'ai déjà évoqué devant les honorables sénateurs. Nous avons débuté en 1995 avec une classe d'environ 20 personnes. Au cours des années subséquentes, nous avons réussi à faire passer ce nombre à environ 50 personnes par année. Au moment de leur inscription au programme, elles sont titulaires d'un baccalauréat ou d'une maîtrise pour le cheminement plus général ou le cheminement plus ciblé conduisant au doctorat.
Ces personnes sont affectées dans des laboratoires du CDC ou encore dans des laboratoires publics d'États ou de grandes villes. Voilà un autre accord de collaboration, celui-là axé sur la formation, que nous avons conclu avec les responsables au niveau des États. Nous sommes en mesure non seulement de former la prochaine génération de personnes dont nous avons besoin, mais en plus de garder mutuellement le contact.
Le sénateur Robertson: C'est très utile. J'aimerais maintenant changer quelque peu de sujet. En ce qui a trait à vos relations avec les organismes internationaux, vous avez déjà fait allusion à l'Organisation mondiale de la santé. Quelles leçons avez-vous tirées au sujet de la capacité de l'Organisation mondiale de la santé ou d'autres organisations mondiales de détecter des épidémies comme le SRAS et d'y réagir?
Dr Hughes: D'abord, on doit louer l'OMS pour le leadership remarquable dont elle a fait preuve dans sa réaction au SRAS. Une fois que le problème a été porté à l'attention du public et qu'il lui a été signalé, elle a réagi de façon tout à fait admirable, je trouve, en mobilisant et en dépêchant des équipes dans un certain nombre de pays touchés. Nous avons eu la chance de participer aux travaux de bon nombre de ces équipes.
L'OMS a très rapidement constitué un réseau de laboratoires qui ont joué un rôle absolument central dans l'identification de ce corona-virus inconnu auparavant. Elle a établi une connexion Internet sécurisée, laquelle, au départ a relié entre eux 11 laboratoires répartis dans neuf pays. Avec le temps, elle a ajouté deux autres laboratoires.
Ces laboratoires ont tenu de fréquentes conférences téléphoniques. Ils disposaient également d'un site Internet sécurisé où ils pouvaient afficher de nouvelles données de laboratoire au fur et à mesure de leur création. Ce réseau a joué un rôle critique en assurant la communication entre les groupes de laboratoires, ce qui a entraîné l'isolement simultané de ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de corona-virus du SRAS par trois laboratoires différents.
De la même façon, l'organisation a constitué des réseaux de médecins et d'épidémiologistes chargés de discuter des résultats au fur et à mesure que des informations étaient mises au jour. Elle s'est aussi rapidement mise en mode de centre d'opérations d'urgence, et elle a organisé les liens vidéos dont j'ai parlé.
Nous lui venons en aide chaque fois que nous le pouvons puisque les ressources dont elle dispose dans le domaine des maladies transmissibles sont très limitées. Elle effectue beaucoup de travail à l'aide d'un noyau de personnel limité, auquel s'ajoutent des experts-conseils qu'elle fait venir à Genève ou qu'elle mobilise pour les envoyer sur le terrain.
De plus, elle a effectué un très bon travail dans son site Web tout autant que dans ses relations avec les médias. Ici, nous étions à la limite de nos capacités. Je sais qu'elle l'était encore davantage.
Le sénateur Cordy: Docteur Hughes, on trouve dans votre déclaration écrite des commentaires sur le Laboratory Response Network. Je m'interrogeais sur le fonctionnement de ce réseau. Êtes-vous affiliés à des laboratoires privés?
Je me demande également s'il s'agit d'un partenariat officieux activé en cas d'urgence ou encore d'une relation ou d'un partenariat mieux structuré en vertu duquel vous communiquez régulièrement. Auriez-vous l'amabilité de l'expliquer?
Dr Hughes: La création du Laboratory Response Network remonte à l'année où le CDC a reçu des fonds initiaux pour la préparation aux attaques bioterroristes. C'était en 1999. Il s'agit d'un réseau de laboratoires répartis sur tout le territoire et regroupés en trois niveaux.
À la base de la pyramide, il y a les laboratoires cliniques dans les hôpitaux, et dans des laboratoires autonomes. C'est le premier palier de laboratoires où les spécimens cliniques seront envoyés lorsqu'un patient hospitalisé fait l'objet de tests de diagnostic pour la détection de maladies infectieuses.
Le malheureux habitant du sud de la Floride qui s'est présenté avec une méningite causée par le bacille du charbon a représenté le premier cas connu au moment de l'attaque à cette substance. Ses cultures sanguines et l'échantillon de liquide céphalorachidien spinal ont été envoyés dans l'un de ces laboratoires cliniques. C'est là qu'ont débuté les travaux qui ont conduit à son renvoi à ce qui, à l'époque, était le niveau intermédiaire relativement nouveau du Laboratory Response Network.
Le niveau intermédiaire se compose des laboratoires de santé publique, dont la plupart mènent leurs activités au niveau des États. Dans le cas de la Floride, le laboratoire clinique avait quelques isolats qui le préoccupaient. Ces isolats ont rapidement été acheminés à des directions de laboratoire de santé publique, ou les travaux additionnels effectués ont laissé croire à la présence du bacille du charbon.
Après avoir été en discussion avec nous pendant un certain temps, le laboratoire a fait parvenir des échantillons diagnostiques à Atlanta, où nous avons été rapidement en mesure de confirmer son diagnostic. Cet exemple illustre le fonctionnement du Laboratory Response Network.
Au niveau intermédiaire, on dénombre actuellement un peu plus de 100 laboratoires. Tous les laboratoires de santé publique des États en sont membres, au même titre qu'un certain nombre de laboratoires de grandes villes et un certain nombre d'autres laboratoires appartenant à des organismes fédéraux. Certains des laboratoires du ministère de l'Agriculture et du ministère de la Défense des États-Unis en sont aussi membres.
Je ne vous ai pas encore dit que, au sommet de la pyramide, on trouve deux laboratoires de référence nationaux, les deux laboratoires polyvalents au niveau de biosécurité 4 que comptent les États-Unis habilités à travailler sur des spécimens humains. L'un d'eux est le laboratoire du CDC, ici même, et l'autre est celui de Fort Dietrich, au Maryland, qu'exploite l'Armée des États-Unis. Tels sont les trois paliers.
Il existe des milliers de laboratoires cliniques. À l'heure actuelle, nos liens avec les laboratoires de santé publique, soit le niveau intermédiaire, sont nettement plus solides que ceux qu'entretiennent bon nombre de ces laboratoires du deuxième palier avec les nombreux laboratoires cliniques appartenant à la même administration. Je ne voudrais pas donner l'impression qu'il s'agit d'un réseau pleinement intégré. Cela dit, on a accompli beaucoup de progrès. Les honorables sénateurs comprendront, je l'espère, comment le réseau a fonctionné dans le cas du bacille du charbon.
À l'origine de l'initiative, on retrouve la préparation aux attaques bioterroristes. Les laboratoires de niveau intermédiaire sont équipés et formés pour reconnaître ce qu'on appelle les facteurs de menaces bioterroristes de catégorie «A». À l'heure actuelle, nous travaillons avec eux aux facteurs appartenant à la catégorie «B».
Les laboratoires en question sont liés entre eux par un site Web sécurisé. Ils ont accès aux protocoles d'essai indiqués pour les organismes en question.
Ils peuvent commander des réactifs par voie électronique, et nous les leur envoyons pour leur permettre de continuer à travailler. Il s'agit d'un système officiel. Il faut être admis à l'intérieur du réseau, et les candidats doivent se soumettre à certaines épreuves pour être admis.
Au niveau intermédiaire et au niveau supérieur, tout est officiel et, pour l'essentiel, pleinement intégré, même si la capacité à ce niveau doit encore être accrue. Dans le cas du SRAS, le réseau a joué un rôle important dans la mesure où, à partir du moment où nous avons eu accès au test de détection des anticorps et à certains des tests moléculaires PCR, nous avons été en mesure de les faire sortir de ces laboratoires de santé publique — les tests PCR, en particulier — pour les faire entrer dans la composante axée sur les interventions du laboratoire. Ces derniers disposaient de l'équipement moderne requis pour effectuer des tests PCR en temps réel. Il s'agit, une fois de plus, d'un bon exemple de la double utilité des investissements en question, mais il faut de l'argent, des ressources humaines et un engagement pour que ce genre de choses se concrétise.
Le sénateur Cordy: Dans le même ordre d'idées, vous avez fait état des cas possibles que vous avez eus aux États- Unis. Lorsque, à partir des tests effectués en laboratoire, vous avez obtenu une définition claire, le nombre de cas possible a chuté de façon radicale. Dans votre rapport, vous dites également que la déclaration rapide est essentielle, quelle que soit la maladie à laquelle on est confronté. Vous faites référence à l'établissement de la définition pour le pays. S'agit-il d'une définition normalisée? On peut le faire plus facilement à l'intérieur d'un pays, mais vous dites aussi dans votre rapport que des partenariats nationaux et internationaux solides comptent parmi les principales leçons retenues.
Je m'interroge au sujet de la définition normalisée d'une maladie. Comment, sur la scène internationale, détermine-t- on ce qu'est effectivement une maladie? Vous pouvez le faire à l'intérieur de votre pays, mais passez-vous par l'OMS? Comment cela se passe-t-il exactement? Si différents pays ont une définition différente de ce qu'est une maladie, il est certain que les déplacements de personnes et d'autres facteurs de ce genre ne manqueront pas de poser certains problèmes.
Dr Hughes: J'ai relaté en partie au profit des honorables sénateurs l'histoire de notre collaboration avec le CSTE et des mesures que nous avions prises pour faire du SRAS une maladie à déclaration obligatoire. Permettez-moi maintenant de dire un mot de la situation aux États-Unis avant de poser le problème dans le contexte plus général que vous avez présenté.
Aux États-Unis, dès le tout premier jour, nous avons élaboré une définition pour les cas possibles et une définition pour les cas probables. Nous avons tenté de nous conformer aux définitions de l'OMS, mais nous n'y sommes pas parvenus à 100 p. 100.
À mesure qu'on avance dans l'élaboration des tests de laboratoire, l'une des choses dont on souhaite assortir la définition du cas à des fins de surveillance — dans la mesure du possible, bien entendu — est une composante laboratoire. Il a fallu attendre deux ou trois mois la venue de tests utilisables dans les États. Nous avons eu la chance de mettre au point des tests à usage interne bien plus rapidement, mais il a fallu un certain temps pour les transmettre au ministère de la Santé des États. Lorsque, cependant, nous avons fini par mettre au point la définition officielle du cas aux fins des déclarations au niveau national, cette dernière comportait une composante laboratoire.
En ce qui concerne la collaboration avec l'OMS et d'autres instances, on en revient une fois de plus à la communication. Je profite de l'occasion pour soulever un autre point à propos d'un autre aspect de la lutte au SRAS qui, à mon avis, a bien fonctionné. Des les tout débuts, nous avons eu la chance d'avoir ici à Atlanta une personne de Santé Canada qui travaillait avec nous de jour en jour — d'heure en heure, en fait. De la même façon, on nous a demandé de dépêcher un agent de liaison à Santé Canada, à Ottawa, ce que nous avons fait. L'échange a été extrêmement utile dans la mesure où il nous a permis, si on veut, de rester sur la même longueur d'ondes du point de vue de l'échange d'information et de la réduction du nombre de surprises.
Au moment du déclenchement de l'épidémie de SRAS, nous avions à Genève, fait intéressant, une personne qui, dans les locaux de l'OMS à Genève, travaillait à la résistance aux antibiotiques — autre question importante pour nous tous. Assez rapidement, nous nous sommes rendu compte que nous devions avoir un agent de liaison à l'OMS à Genève. La personne en question a donc été réaffectée du dossier de la résistance aux médicaments à celui du SRAS. Cette personne relevait directement du directeur délégué à la santé mondiale en poste ici, lequel travaillait autrefois pour l'OMS.
On en revient une fois de plus aux mesures à prendre pour assurer le bon fonctionnement de certains de ces réseaux personnels et assurer la présence de cadres supérieurs à des endroits stratégiques pour faciliter la communication et, dans la mesure du possible, faire en sorte que l'information de tout le monde soit à jour. C'est le premier facteur. Dans un deuxième temps, il convient de faire tout ce que nous pouvons pour assurer la communication d'un message cohérent.
Le sénateur Cordy: Vous avez évoqué certaines des formes de collaboration qui ont été renforcées à la faveur du travail que vous avez effectué dans le dossier du SRAS. Certains des organismes dont vous avez fait mention appartenaient au secteur privé — les syndicats des compagnies aériennes, par exemple. Comment interagissez-vous avec le secteur privé? En cas d'urgence nationale, cette question revêt une extrême importance.
Dr Hughes: Au CDC, nous avons la chance de compter sur le National Institute of Occupational Safety and Health — ce que nous appelons le NIOSH. Depuis un certain nombre d'années, l'institut compte parmi les plus importantes composantes du CDC. On y retrouve un grand nombre de personnes spécialisées dans les questions liées à la santé au travail, et elles ont également des liens avec les milieux syndicaux et patronaux. Dans ce genre de situation d'urgence, on doit notamment établir la communication avec les milieux syndicaux et patronaux. À ce chapitre, les membres du NIOSH nous sont extrêmement utiles. Nous avons donc été en mesure d'organiser des conférences téléphoniques et des rencontres personnelles pour ouvrir les voies de communication.
De toute évidence, ce ne sont pas des groupes qui collaborent nécessairement tous les jours. Cependant, au moment du déclenchement de la prochaine épidémie mondiale de grippe, la nécessité de compter sur la participation de l'industrie des transports sera des plus évidentes. Nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour nous préparer à le faire.
Le sénateur Fairbairn: Vous nous avez fourni un grand nombre d'information sur les liens et les communications. Pour en revenir au SRAS, quelle a été votre première source de communication ou d'information lors de l'apparition du phénomène en Chine, puis à Hanoi? Avez-vous été mis au courant par la filière de Hanoi ou encore par l'OMS à Genève?
Dr Hughes: Il existe un système électronique de serveur de liste appelé ProMED qui donne aux personnes intéressées par les maladies infectieuses la possibilité de communiquer entre elles, et bon nombre d'entre nous y sommes abonnés. Dans ce système, on a retrouvé, dès le 10 février, un rapport selon lequel on observait en Chine méridionale une maladie respiratoire inexpliquée qui avait fait quelques victimes. On spéculait sur la nature de la maladie en question.
L'une des choses qui nous préoccupent toujours — à bon droit lorsqu'il est question d'une maladie respiratoire inexpliquée dans cette région du monde — est l'apparition possible d'une nouvelle souche de grippe. Historiquement, c'est de là que viennent les nouvelles souches, et les conditions sont favorables à leur émergence.
À l'époque, nous craignions qu'une nouvelle souche de grippe ne soit en circulation là-bas. Nous avons entendu dire que le phénomène, selon les Chinois, était imputable à la pneumonie à Chlamydia. Cela ne nous semblait pas particulièrement probable.
Le lendemain, le gouvernement chinois a officiellement signalé l'épidémie à l'OMS.
Nous entretenons avec nos collègues de Hong Kong des relations de travail cordiales et étroites, en partie à la suite du problème de grippe aviaire qu'on a connue là-bas en 1997. Il y avait eu 18 cas et six décès imputables à une souche de grippe inhabituelle qui n'avait jamais infecté personne auparavant, et nous craignions qu'elle ne marque le déclenchement de la prochaine épidémie mondiale de grippe. Nous avons aidé nos collègues de Hong Kong et l'OMS dans l'enquête. Depuis ce temps, nous entretenons de bonnes relations de travail avec eux.
Nous sommes rapidement entrés en communication avec eux pour voir s'ils pensaient que le problème qui était apparu en Chine méridionale pouvait être lié à la grippe. Parce qu'ils disposent d'un excellent mécanisme de surveillance de cette maladie à Hong Kong, à la suite de l'évaluation des maladies respiratoires dont souffraient des résidents, ils avaient diagnostiqué quelques cas de grippe H5N1 chez deux membres d'une famille qui étaient récemment rentrés d'un séjour en Chine méridionale.
Une fois de plus, nous craignions qu'il ne s'agisse de la grippe. Nous avons donc été en mesure de dépêcher un de nos représentants et un représentant de l'OMS à Beijing pour discuter avec des responsables de la possibilité que la grippe soit en cause. Une fois sur place, naturellement, nous avons commencé à mieux comprendre ce dont il s'agissait.
C'est toutefois au Dr Urbani de Hanoi que revient la plus grande part du mérite: en effet, il avait lu les mêmes informations et savait que des problèmes s'étaient posés en Chine méridionale. Une personne récemment arrivée à Hanoi en provenance de Hong Kong était venue le consulter, souffrant d'un grave syndrome respiratoire inexpliqué. Le Dr Urbani s'est demandé s'il y avait un lien, ce qui, bien entendu, était le cas. Parfois, il est heureux que nous ayons de la chance. Parmi les autres mesures que nous avons prises aux États-Unis, je mentionne une série de programmes appelés Emerging Infection Programs. Au moment où nous nous parlons, onze de ces programmes sont en place dans des ministères de la Santé des États. Il y a quelques années, nous avons décidé de tenter d'exporter ce modèle vers un autre pays, et nous avons choisi la Thaïlande parce que nous collaborons depuis longtemps avec le ministère de la Santé de la Thaïlande. Dans le cadre du volet international de ce programme, nous avions un certain nombre de personnes en poste à Bangkok, lesquelles ont communiqué avec le Dr Urbani et se sont révélées des plus utiles lorsqu'il est arrivé à Bangkok. Je crois que ces personnes ont réussi à réduire au minimum les risques de transmission du virus à Bangkok. Les membres de ce groupe ont joué un rôle en affectant des personnes à quelques-unes des équipes internationales mises sur pied par l'OMS dans la région.
Une fois de plus, et jusqu'à un certain point, cela fait partie du réseau officieux dont j'ai parlé, mais il est certain que nous sommes heureux d'avoir eu aux bons endroits et au bon moment des personnes capables de sonner l'alerte.
Le sénateur Fairbairn: Pour me faire une idée claire de la situation, j'aimerais savoir si, au moment où votre réseau officieux vous a communiqué l'information, cette dernière a été retransmise au Canada d'une façon ou d'une autre?
Dr Hughes: Aurait-elle pu être transmise au Canada? Il est certain que nous étions en communication avec l'OMS. Il faudrait que je consulte l'historique des toutes premières communications avec Santé Canada.
Ce que je peux dire, cependant, c'est que nous nous entretenons avec Santé Canada des relations de travail étroites de longue date. Paul Gully, l'un des conseillers principaux, siège à notre conseil à titre de conseiller scientifique. Nous communiquons régulièrement avec Santé Canada. À brûle pourpoint, j'ignore toutefois quand le CDC a communiqué avec Santé Canada pour la première fois.
Vous soulevez un point valable. Nous avons des frontières et des intérêts communs.
Le sénateur Callbeck: Docteur Hughes, je veux vous poser une question au sujet de la gestion d'une épidémie. Dans l'éventualité d'une épidémie, le premier niveau de gestion se situe au niveau local, puis il y a un niveau des États. Si je comprends bien, on a demandé au CDC de venir sur place pour apporter de l'aide. Le CDC a-t-il le pouvoir d'intervenir de sa propre initiative?
Dr Hughes: Dans le cas de catastrophes massives transcendant les frontières des États, je suis certain que le secrétaire ou la directrice du CDC pourrait déclarer une situation d'urgence et nous faire intervenir immédiatement. En fait, dans l'état actuel des choses, comme vous l'avez dit, c'est au niveau local et à celui des États qu'on cerne les problèmes. Si on juge que les problèmes en question sont graves ou inhabituels et qu'ils outrepassent les capacités au niveau local ou que la maladie concernée revêt une importance particulière, comme dans le cas du bacille du charbon, on nous en informera immédiatement. Nous allons ensuite proposer notre aide.
Selon la nature du problème, comme les honorables sénateurs le comprendront sans doute, il arrive souvent que les administrations locales et celles des États estiment à juste titre pouvoir s'en occuper elles-mêmes. Nous engageons alors, si vous voulez, de petites négociations. La facilité avec laquelle nous obtenons une invitation dépend de la gravité et de la nature du problème. En cas d'urgence perçue et réelle, les intéressés sont généralement heureux de nous voir débarquer le plus rapidement possible.
Le sénateur Callbeck: Est-il vrai que vous n'avez jamais rencontré de résistance dans le cas d'épidémie grave?
Dr Hughes: Je n'irais pas si loin. On trouve dans les administrations locales tout comme dans celles des États des personnes dûment formées. Il y a de nombreux problèmes dont nous n'entendons jamais parler, et c'est très bien ainsi.
Parfois, un problème donne l'impression d'avoir des conséquences qui transcendent les frontières. Dans de tels cas, je le dis franchement, il faut négocier. Nous avons la possibilité de «tordre des bras» et de faire intervenir des tierces parties. En cas d'urgence réelle ou perçue, on est généralement très heureux de nous accueillir.
Nous ne pouvons pas tout simplement nous imposer parce que nous ne pourrions pas travailler de façon efficace. Nous devons obtenir l'aval des parties intéressées, qui se montrent parfois un peu réticentes, mais l'accueil est en général raisonnablement enthousiaste.
Le sénateur Callbeck: Dans un autre ordre d'idée, je constate que le budget du CDC s'élève cette année à 7,2 milliards de dollars. Cet argent provient-il du gouvernement fédéral? Certains montants proviennent-ils des États? Qu'en est-il d'organisations internationales comme l'Organisation mondiale de la santé? Vous apporte-t-elle des contributions?
Dr Hughes: L'Organisation mondiale de la santé n'apporte pas de contributions aux CDC, si on excepte des montants très minimes dans le contexte de certains de nos centres de collaboration qui soutiennent l'OMS. En fait, nous apportons des contributions à l'OMS. J'ai dit plus tôt que nous étions conscients des ressources limitées dont l'organisation dispose, et nous essayons de lui venir en aide à la mesure de nos moyens.
La vaste majorité des fonds qui composent le budget du CDC provient de crédits votés par le Congrès. Cependant, le CDC a une fondation dont la création remonte à huit ans. Cette fondation a été pour nous un moyen efficace de recueillir des fonds auprès d'autres sources pour certains des programmes du CDC que les crédits votés ne permettent pas de soutenir adéquatement. Il s'agit d'une très petite portion du budget global du CDC.
À ma connaissance, les États ne participent pas au financement du CDC. C'est nous qui versons des fonds aux États.
Le sénateur Callbeck: Consacrez-vous un pourcentage de votre budget à la coopération internationale dans les domaines de la promotion et de la protection de la santé?
Dr Hughes: Oui. Je ne suis pas en mesure de vous dire à combien se chiffre actuellement ce pourcentage. À ce propos, ce qui était un organisme du gouvernement des États-Unis actif pendant la Deuxième Guerre mondiale, appelé «malaria control in war areas,» qui est à l'origine du CDC. Le programme était établi dans le Sud-Est parce que, à l'époque, le paludisme posait problème dans bon nombre de camps d'entraînement des recrues de l'armée de ces régions.
Il est intéressant de noter que le CDC est manifestement né de la lutte à une maladie infectieuse mondiale qui demeure l'une des principales causes de mortalité au monde.
Dès ses tout débuts, en 1946, le CDC s'est montré déterminé à lutter contre des problèmes mondiaux. Pendant des années, cependant, cette question n'a pas nécessairement trouvé un grand retentissement à Washington. Même si le CDC a toujours eu un profil, une présence et un engagement sur la scène internationale, le financement a souvent été limité. Pour assurer la préservation de certains des programmes internationaux, on a donc dû, dans certains cas, se livrer à des numéros d'équilibrisme.
Cependant, au cours des dernières années, on a commencé à prendre la mesure du village planétaire et des conséquences que les problèmes qui se posent ailleurs peuvent avoir sur nous. Par conséquent, je dois dire que, à la lumière des infections émergentes, des menaces microbiennes mondiales et des menaces bioterroristes, l'administration et le Congrès se montrent manifestement intéressés à soutenir un plus grand nombre d'activités internationales au CDC. Nous n'avons pas encore notre budget pour le prochain exercice, mais nous avons des raisons d'espérer une majoration des fonds destinés au soutien de nos travaux sur la scène internationale, ce qui nous semble tout à fait approprié.
Le sénateur Roche: Docteur Hughes, j'aimerais revenir sur l'Organisation mondiale de la santé, à laquelle des sénateurs ont déjà fait référence.
Vous avez dit que le CDC soutient l'Organisation mondiale de la santé et que, pendant l'épidémie de SRAS, par exemple, vous avez eu des conférences téléphoniques quotidiennes avec elle. Vous avez également dit, je crois, que le CDC apporte à l'occasion une contribution financière à l'Organisation mondiale de la santé.
J'en viens donc à la conclusion qu'il existe une sorte de relation ponctuelle entre le CDC et l'Organisation mondiale de la santé. Je suis frappé par un passage de votre conclusion, dans lequel vous dites que l'expérience du SRAS réaffirme l'importance de la collaboration mondiale, de la surveillance mondiale et de la déclaration rapide, éléments liés à une capacité adéquate et perfectionnée d'établir des diagnostics en laboratoire.
Il ressort clairement de ce que nous avons entendu cet après-midi que le CDC possède des capacités de pointe, et je me demande si l'Organisation mondiale de la santé en est dépourvue, compte tenu, comme vous l'avez dit, des ressources limitées à sa disposition.
Y aurait-il moyen d'établir un lien qui aille au-delà des relations ponctuelles, par le CDC et l'Organisation mondiale de la santé, ou, suivant mon raisonnement, le Canada en particulier? Si les maladies infectieuses constituent désormais un problème mondial, n'avons-nous pas besoin d'une organisation mondiale forte dotée de capacités de pointe pour y faire face?
Dr Hughes: Oui, nous en avons effectivement besoin. Si vous avez visité le siège social de l'OMS à Genève et notre siège social, ici, à Atlanta, vous avez constaté une différence qui saute aux yeux. Le siège social de l'OMS est un immeuble à bureaux. Dans les immeubles à bureaux que nous occupons, on trouve des laboratoires. L'OMS ne dispose pas de services de laboratoire à l'interne. Par conséquent, elle s'en remet aux réseaux de laboratoires collaborateurs dont elle dispose partout dans le monde. À ce titre, le réseau de centres collaborateurs pour la grippe, en raison des travaux manifestes qu'il mène chaque année, constitue un exemple pertinent. On dénombre quatre laboratoires de référence principaux, dont un se trouve ici, à Atlanta. C'est ainsi que fonctionne l'OMS. Plutôt que d'être dotée d'une capacité de laboratoire à l'interne, elle entretient des relations avec des laboratoires conçus à titre de centres collaborateurs.
Votre Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg participe à titre de centre collaborateur à certains de ces réseaux de laboratoires, et vous soutenez donc les efforts de l'OMS tout autant que nous. Nous avons ici un grand nombre de réseaux de centres collaborateurs de l'OMS. Faute de fonds, l'OMS, je le répète, compte sur nous pour la prestation de ces services. Au cours des dernières années, nous avons eu la chance de pouvoir cibler certains de nos fonds consacrés aux infections émergentes sur le réaménagement de certains de ces laboratoires de même que sur le renforcement de leur capacité de soutenir l'OMS.
L'OMS a également constitué un Réseau mondial de vigilance et d'intervention contre les flambées épidémiques. Je m'excuse de multiplier les acronymes, mais, en anglais, on parle du GOARN pour Global Outbreak Alert and Response Network. Il s'agit d'un réseau d'épidémiologistes et de scientifiques qui travaillent en laboratoire dans de nombreux pays du monde, y compris aux États-Unis et au Canada. Ces personnes travaillent en étroite collaboration avec l'OMS et ont pour tâche d'assurer le suivi des flambées épidémiques infectieuses susceptibles de créer des inquiétudes sur la scène internationale. Santé Canada a joué un rôle des plus prééminents à cet égard.
Parmi les autres mesures positives prises par Santé Canada pour venir en aide à l'OMS, je mentionne aussi la création du Réseau d'information sur la santé mondiale (RISM), fondé sur Internet. On dépouille quotidiennement les médias d'information pour détecter de façon opportune les rapports de flambées épidémiques infectieuses partout dans le monde. C'était une initiative canadienne.
Le sénateur Roche: Y a-t-il une grave flambée de grippe qui nous attend au cours de l'automne et de l'hiver?
Dr Hughes: J'aimerais bien le savoir. Je ne peux pas vous répondre de façon certaine. Voilà pourquoi nous assurons une surveillance de la santé publique et tentons de suivre les souches de grippe grâce à la collaboration du réseau chargé du suivi de la grippe.
Aux États-Unis, cette année, nous avons constaté une activité grippale précoce au Texas. Par ailleurs, certains isolats viraux sont légèrement différents de la souche utilisée pour le vaccin. Nous en apprenons plus à ce sujet tous les jours, littéralement, et nous devons suivre de près l'amplitude du problème, mais il est temps de vous faire administrer votre vaccin contre la grippe de cette année. S'il y a une seule chose que vous devez retenir de notre rencontre d'aujourd'hui, c'est celle-là.
Le sénateur Fairbairn: Manifestement, docteur Hughes, il est juste de dire, me semble-t-il, que la situation que nous avons connue a ébranlé non seulement l'Ontario et Toronto, mais aussi l'ensemble du pays. En outre, la question de savoir comment planifier pour l'avenir fait l'objet de discussions continues. Accueilleriez-vous favorablement la création au pays d'un pendant canadien en bonne et due forme du CDC?
Dr Hughes: Certainement. Nous sommes satisfaits de notre collaboration actuelle avec nos collègues de Santé Canada, et nous nous ferions un plaisir de collaborer de façon encore plus étroite avec eux ou cette nouvelle composante, à supposer que vous décidiez de vous engager dans cette voie. À cet égard, la question qu'on m'a posée plus tôt sur le moment de notre première communication avec Santé Canada est peut-être liée à celle que vous soulevez maintenant. Cependant, dans le contexte des problèmes internationaux qui se sont posés au fil des ans, nous nous sommes rendu compte qu'il était avantageux pour nous de communiquer et d'adopter une approche cohérente vis-à-vis du Canada, du Royaume-Uni et, pour nous, évidemment, du Mexique. Nous allons travailler avec vous, peu importe la façon de faire que vous retiendrez.
Le président: Sur ce plan, chercheriez-vous à assurer une intégration plus grande ou une collaboration plus grande par le truchement du RISM à titre d'élément critique de ce mécanisme de détection?
Dr Hughes: Oui, par l'intermédiaire de ce que l'OMS se plaît à appeler un «réseau de réseaux,» lequel comporte de nombreuses composantes. Plus nous collaborons et communiquons, mieux nous nous portons.
Vous me donnez l'occasion de faire un dernier commentaire. L'un des avantages que vous avez actuellement par rapport à nous, c'est que, par chance, votre laboratoire de référence pour les maladies humaines et votre laboratoire de référence pour les maladies vétérinaires partagent les mêmes locaux au Manitoba. J'ai dit, vous vous en souviendrez, que le monde de la santé humaine et le monde vétérinaire étaient différents. J'aimerais bien que nous soyons organisés comme vous. Je pense que vous êtes mieux en mesure que nous de faire face à certains problèmes liés aux maladies zoonotiques.
Le président: Il est déconcertant pour les humains de se rendre compte que des maladies qui posent problème viennent des animaux puisque, en un sens, nous sommes enclins à établir une ligne de démarcation entre le travail des vétérinaires et celui des médecins. Étant donné le fossé que vous avez évoqué entre la médecine vétérinaire et la médecine clinique, je n'arrive même pas à imaginer comment on pourrait favoriser ce genre de collaboration: habituellement, il s'agit de deux mondes entièrement distincts. Avez-vous pris des mesures spéciales pour tenter de combler le fossé?
Dr Hughes: Nous nous y employons. Il faut pour ce faire plus de temps que je ne le souhaiterais. Il y a des vétérinaires de santé publique, des personnes formées dans le domaine des sciences vétérinaires en rapport avec la santé publique, et certaines d'entre elles travaillent au CDC. Elles sont disséminées aux quatre coins de notre organisation. Il n'y a pas ici de centre de responsabilité précis pour la santé publique vétérinaire, élément pourtant critique si nous voulons rejoindre tout l'éventail des groupes professionnels. La médecine vétérinaire et la santé publique constituent un domaine tout aussi complexe que celui de la médecine humaine et de la santé publique. Il y a de nombreux champs différents de spécialisation, sous-spécialisation et d'intérêts particuliers. Nous nous efforçons de recruter une personne de haut niveau qui viendrait travailler avec nous à titre de vétérinaire en chef, peut-être — même si j'ignore comment nous l'appellerions. Cette personne assurerait le leadership nécessaire. En effet, faire bouger les choses dans ce domaine constitue véritablement un emploi à temps plein. Nous n'en sommes pas encore là.
Le président: À titre de curiosité, pouvez-vous nous dire si un vétérinaire de santé publique reçoit une formation de médecin ou de vétérinaire?
Dr Hughes: Par définition, un vétérinaire de santé publique est formé à titre de vétérinaire.
Le président: Dans le cadre de cette formation, met-on l'accent sur les maladies animales qui ont un impact sur les humains?
Dr Hughes: Oui. Soit dit en passant, je ne voudrais pas vous donner l'impression que l'ensemble des problèmes émergents auxquels nous sommes confrontés viennent des animaux puisque tel n'est certainement pas le cas. Cependant, les maladies dont il a été le plus question au cours des dernières années ont eu tendance à venir des animaux. Il y a là un message, c'est-à-dire que nous devons continuer de déployer des efforts pour mieux traiter cette interface importante.
Le président: Docteur Hughes, merci d'avoir pris le temps de nous parler. Votre témoignage a été des plus utiles.
Dr Hughes: L'expérience m'a beaucoup plu. Vous avez posé d'excellentes questions. J'espère vous avoir été utile. Si, en cours de route, d'autres questions vous viennent, nous allons tenter d'y répondre.
Le président: Honorables sénateurs, le Dr Hughes n'a pas lu le document qu'il avait préparé. J'ai donc besoin d'une motion pour qu'il soit versé au compte rendu.
Des voix: D'accord.
Le président: Deuxièmement, nous n'allons pas tenter d'éplucher le document ce soir même. J'aimerais parler un moment de la procédure et de l'obligation que nous avons de réagir au rapport Naylor avant la clôture de la session annoncée de toutes parts.
Le document que tout le monde a en main en est à sa deuxième ou à sa troisième version. Le comité de direction l'a parcouru avant de le distribuer, mais les membres ont besoin de temps pour le lire. Puis-je faire une suggestion, compte tenu de notre volonté de déposer notre rapport d'ici deux semaines? Pourrions-nous fixer une rencontre à 18 heures, mardi prochain? Je préférerais que nous nous rencontrions à ce moment plutôt que mercredi après-midi puisque, de cette façon, nous gagnons 24 heures. Si, entre-temps, vous avez des modifications au texte à proposer, je vous prie de les communiquer à Odette et à Howard.
Quels sont ceux qui pourraient assister à une réunion entre 18 heures et 19 heures? Nous devons trouver un moment pour faire ce travail. Voici le problème auquel je suis confronté: je ne serai pas ici lundi, et je ne sais pas non plus si deux ou trois membres du comité seront de retour à ce moment. J'ignore si le sénateur Morin sera de retour de Rome.
La rencontre pourrait être relativement brève. Pourrions-nous tenter de nous réunir à 18 heures?
Le sénateur LeBreton: Le Comité de l'agriculture siège dans cette salle à 18 heures.
Le président: Quelqu'un souhaite-t-il suggérer un autre moment? Que diriez-vous d'une rencontre à la première heure mercredi matin? Ces jours-ci, nos caucus nationaux n'ont pas beaucoup d'importance.
Le sénateur LeBreton: On voit bien que vous n'avez pas assisté aux nôtres.
Le président: C'est vrai, les vôtres comptent. Pardonnez-moi.
Le sénateur Fairbairn: Tôt mercredi.
Le sénateur Cordy: C'est plus grave pour moi parce que j'aimerais assister à la réunion du caucus régional.
Le président: Nous allons donc nous réunir mercredi après-midi à l'heure actuelle?
Le sénateur LeBreton: Qu'avions-nous de prévu pour mercredi après-midi?
Le président: Rien n'avait encore été fixé.
Le sénateur LeBreton: Dans ce cas, nous devrions profiter de ce moment.
Le président: Quelqu'un peut-il présenter une motion? Si nous voulons nous rencontrer mercredi, nous devrons le faire à 15 h 30, même si le Sénat siège, et nous n'allons pas tenter de faire adopter une motion par la Chambre.
Par conséquent, quelqu'un pourrait-il proposer que l'on délègue essentiellement au comité de direction le pouvoir d'approuver le texte final? Ainsi, lorsque nous nous réunirons à 15 h 30, la semaine prochaine, il s'agira techniquement d'une réunion du comité de direction, même si nous serons tous là, et nous pourrons avoir une réunion du comité de direction même si le Sénat siège. Ainsi, nous pouvons contourner le problème que présente l'impossibilité d'organiser une réunion du comité pendant que le Sénat siège, puisque, techniquement, il s'agira d'une réunion du comité de direction à laquelle participent tous les membres du comité.
Le sénateur Fairbairn: Permettez-moi de soulever un point. Vous pourriez peut-être communiquer avec le Comité de l'agriculture. Nous avons en gros mis la dernière main à notre rapport aujourd'hui — nous en préparons un, nous aussi — et il est possible que nous ne nous réunissions pas mardi.
Le président: Oui, mais le Comité des pêches siège en même temps.
Puis-je d'abord avoir une motion visant à déléguer la question au comité de direction, étant entendu qu'il s'agit d'un moyen de contourner la règle? Nous allons donc nous réunir à 15 h 30, la semaine prochaine.
Des voix: D'accord.
La séance est levée.