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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie


Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 26 - Pièce 5900-S2-SS-5-9-2, Transcription de la réunion d'information


OTTAWA, le mercredi 24 septembre 2003

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui à 16 heures pour étudier l'infrastructure et la gouvernance du système de santé publique du Canada, ainsi que la capacité du Canada de réagir aux urgences sanitaires découlant d'épidémies infectieuses.

Le sénateur Michael Kirby (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Nous poursuivons aujourd'hui notre étude de l'infrastructure et de la gouvernance du système de santé publique, en nous attardant particulièrement aux épidémies infectieuses. Nos témoins aujourd'hui représentent l'Agence canadienne d'inspection des aliments et Santé Canada.

Conformément à notre procédure habituelle, nous allons commencer par entendre un exposé des deux groupes de témoins, après quoi les membres du comité auront des questions à leur poser.

Avant de vous donner la parole pour faire votre exposé, docteur Plummer, je vous demanderais de nous expliquer le sens du mot «zoonose», qui est mentionné au sujet du laboratoire de M. Karmali.

M. Frank Plummer, directeur des programmes scientifiques, Laboratoire national de microbiologie, Santé Canada: Je voudrais vous présenter le Dr Mohamed Karmali, qui est directeur du laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire, à Guelph, en Ontario; il s'agit d'un laboratoire associé au laboratoire national de microbiologie de Santé Canada. Les maladies zoonotiques se propagent des animaux aux êtres humains. C'est pourquoi il est tout à fait pertinent que les représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, et de Santé Canada comparaissent ensemble devant le comité. Beaucoup de nouvelles maladies infectieuses qui apparaissent, comme le virus du Nil occidental, le syndrome respiratoire aiguë sévère, le SRAS, l'encéphalopathie spongiforme bovine, l'ESB, et la variante appelée maladie de Creutzfeldt-Jacob, sont des zoonoses, c'est-à-dire des maladies qui se transmettent des animaux aux êtres humains.

Le président: Vous travaillez à Winnipeg?

M. Plummer: Oui, mais je suis également responsable d'une direction à Ottawa.

Le président: Votre laboratoire de microbiologie est couramment appelé «le laboratoire de Winnipeg» par les médias. C'est bien cela?

M. Plummer: C'est exact. Les sénateurs devraient avoir en main copie du document dont je vais m'inspirer aujourd'hui. Je vais essayer de donner suite aux observations que mes collègues de la Direction générale de la santé publique ont faites la semaine dernière quand ils ont témoigné devant vous.

Le système de santé publique est la totalité des efforts organisés qu'une société déploie pour protéger et promouvoir la santé de la population. Le système cible la santé de l'ensemble de la population plutôt que la santé individuelle.

C'est un système complexe qui s'étend sur de nombreux ministères gouvernementaux et de nombreuses juridictions. Les systèmes de santé publique sont évidemment interdépendants et sont seulement aussi solides que leur maillon le plus faible.

Les laboratoires constituent une ressource clé dans la composante du système de santé publique qui s'occupe des maladies infectieuses. Ils jouent aussi un rôle moindre dans la santé publique au chapitre des maladies chroniques. Les laboratoires contribuent au système de santé publique en faisant le diagnostic des maladies infectieuses; en se chargeant de la microbiologie de référence et de l'assurance de la qualité, c'est-à-dire en faisant une vérification croisée de leurs résultats respectifs. Les laboratoires appuient la surveillance épidémiologique et les enquêtes épidémiologiques. Il n'existe presque aucune surveillance des maladies infectieuses qui ne nécessite pas à un moment donné un test effectué en laboratoire.

Les laboratoires sont également un élément clé des systèmes de surveillance. Nous avons un rôle clé à jouer dans les préparatifs aux menaces biologiques comme le bioterrorisme, l'ESB, le virus du Nil occidental, et cetera. Nous faisons de la recherche appliquée et fondamentale et du développement, en particulier pour la mise au point de tests de diagnostic. Nous jouons un rôle clé dans les liens internationaux avec les autres laboratoires du monde entier. De plus en plus, à Santé Canada, nous essayons d'établir des liens solides avec les universités, afin de renforcer la recherche.

Pour pouvoir intervenir efficacement en cas d'urgence, les laboratoires ont besoin d'une fondation solide pour leurs opérations quotidiennes — l'infrastructure, les effectifs, les installations et l'équipement — et de liens solides avec d'autres laboratoires et organismes de santé publique. Il faut noter qu'il est impératif qu'il y ait intégration entre les laboratoires et les travaux épidémiologiques et scientifiques connexes dans le domaine de la santé publique. Faute d'intégration, ni l'un ni l'autre de ces volets ne serait efficace.

Au Canada, de manière générale, il y a quatre niveaux de laboratoires. Les laboratoires locaux et d'hôpitaux font le diagnostic des infections des patients et reçoivent des médecins les prélèvements devant servir à établir ces diagnostics.

Il y a des laboratoires provinciaux de santé publique dans toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, où deux laboratoires d'hôpitaux différents assument cette fonction. Les installations provinciales servent de laboratoires de référence pour les laboratoires locaux dans leur administration. Ils font certains diagnostics primaires, souvent pour les maladies virales, et fournissent certains services nationaux comme partie intégrante du réseau national. Cependant, ils ont un rôle relativement limité en termes de R et D. Cette capacité a été diminuée au fil des années.

Au niveau national, les laboratoires de lutte contre les maladies infectieuses relèvent essentiellement de la Direction générale de la santé publique et de la santé de la population. Nous avons des fonctions multiples et une capacité avancée en ce qui concerne les essais scientifiques, étant plus sophistiqués à cet égard que les laboratoires provinciaux.

Au niveau national, nous faisons partie de différents réseaux de laboratoires internationaux qui jouent un rôle clé relativement à notre réaction en cas de menace posée par une maladie infectieuse. Par exemple, le laboratoire de Winnipeg est membre du Laboratory Response Network des États-Unis, dirigé par le CDC. De plus, nous présidons actuellement deux groupes importants: le International High Security Laboratory Network et le réseau de laboratoires des pays du G7 au Mexique, appelé Global Health Security Network. À l'intérieur de ce système, des laboratoires de recherche situés dans des établissements universitaires complètent les travaux des laboratoires gouvernementaux dans le domaine de la santé publique.

À la page 6, vous avez la liste des laboratoires de la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique à Santé Canada. Ce sont: le laboratoire national de microbiologie, ou LNM, à Winnipeg; le laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire, à Guelph, en Ontario, à Saint-Hyacinthe, au Québec, et à Lethbridge, en Alberta; et le laboratoire national du VIH et des rétrovirus, à Ottawa. Dans l'ensemble, ces laboratoires de la DGSPSP ont un effectif de 330 personnes, dont environ 50 sont des médecins, des vétérinaires ou des scientifiques ayant un doctorat. Leur budget combiné est de 23 millions de dollars pour l'année financière en cours et ils reçoivent un budget supplémentaire de 9 millions de dollars de fonds externes provenant de diverses sources, notamment de l'IRSC.

Le président: Je croyais qu'il y avait un laboratoire à Vancouver.

M. Plummer: Il y a des laboratoires de Santé Canada à Vancouver. Il y a aussi le Centre de lutte contre les maladies de la Colombie-Britannique. La province de Colombie-Britannique dirige un programme conjoint d'épidémiologie et de laboratoires.

Le président: Le Centre de lutte contre les maladies de Colombie-Britannique appartient à la province.

M. Plummer: Oui.

Le sénateur Callbeck: Et en Nouvelle-Écosse?

M. Plummer: Il n'y a pas de laboratoire de Santé Canada à Halifax, mais il y a un laboratoire provincial à l'Hôpital Queen Elizabeth. C'est un laboratoire conjugué à un hôpital.

À la page 7, nous traitons du laboratoire national de microbiologie situé dans le Centre scientifique canadien de santé humaine et animale à Winnipeg. Nous partageons un immeuble avec nos collègues du Centre national des maladies animales exotiques, qui est un laboratoire de l'ACIA. Nos fonctions sont de surveillance et d'enquête épidémiologique. Nous dirigeons un certain nombre d'importants programmes de recherche. Et nous avons un programme de formation scientifique dont nous sommes fiers. Nous avons une subvention de l'Institut canadien de recherche en santé pour assurer la formation d'étudiants diplômés, la province du Manitoba versant un montant égal pour un total d'environ un demi-million de dollars par année, uniquement pour les salaires versés aux étudiants. Nous avons actuellement 30 étudiants diplômés faisant des recherches post-doctorales dans nos programmes de formation. Nous avons aussi un certain nombre d'importantes activités internationales, certaines officielles et beaucoup d'autres dans le cadre de liens officieux.

À la page 8, nous énumérons certaines caractéristiques du Laboratoire national de microbiologie. Nous avons le seul laboratoire de sécurité biologique du pays, mais il n'est pas exact de dire que c'est le seul laboratoire de confinement de biosécurité de niveau quatre du Canada, parce que le Dr Kitching en a également un au Centre national des maladies animales exotiques.

Le Laboratoire national de microbiologie est conçu pour accueillir les organismes contagieux les plus élémentaires et les plus mortels au monde. Une autre fonction clé du LNM est de servir de secrétariat d'un réseau national de laboratoires qui se consacrent à la santé publique. Depuis deux ans, nous avons mis en place le réseau canadien de laboratoires de santé publique, qui est une nouvelle structure, afin d'essayer d'obtenir que les laboratoires provinciaux et fédéraux travaillent ensemble de concert et en collaboration pour résoudre des problèmes collectifs.

Je voudrais mentionner également qu'en plus des activités menées à Winnipeg, le Laboratoire national de microbiologie verse également des fonds aux laboratoires provinciaux pour que ces derniers acquièrent une expertise dans certains domaines. Par exemple, la plupart des travaux sur les maladies à streptocoques sont effectués au laboratoire provincial de l'Alberta.

Je vais maintenant passer à la page 10 et vous parler du Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire. Ce laboratoire, dirigé par M. Karmali, faisait partie à l'origine d'Agriculture Canada et a été transféré à Santé Canada en 1996. Ses activités portent principalement sur des bactéries comme E. coli, campylobacter et salmonella, qui proviennent des animaux et causent des gastro-entérites chez les humains. Le laboratoire a d'excellents liens avec l'Université McMaster et l'Université de Guelph et partage des locaux avec l'Université de Guelph. Les laboratoires satellites de Saint-Hyacinthe et de Lethbridge ont établi des relations avec les universités de Montréal et de Calgary. Le labo travaille en étroite collaboration avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments et avec Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Nous déployons des efforts à Santé Canada pour intégrer les différentes activités de laboratoire et toutes les activités de lutte contre les maladies infectieuses par l'intermédiaire du Comité directeur des maladies infectieuses.

Les secteurs de programme du Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire sont la surveillance intégrée des agents entéropathogènes, la recherche sur les déterminants liés à la population et à l'environnement des zoonoses d'origine alimentaire, les déterminants liés aux micro-organismes et aux hôtes, ainsi que d'importants travaux sur la résistance aux antimicrobiens, la modélisation des risques pour la santé et la recherche stratégique sur l'innocuité des aliments.

Comment les laboratoires canadiens soutiennent-ils la comparaison avec les laboratoires internationaux? Dans certains domaines d'excellence, cette comparaison nous est extrêmement favorable. Dans au moins deux domaines au niveau national, nos laboratoires sont aussi bons sinon meilleurs que ceux des autres pays. En moyenne, en particulier dans le cas du Laboratoire national de microbiologie, nous avons une force scientifique de base qui est supérieure à celle de la plupart des laboratoires de santé publique du monde. Compte tenu de nos travaux effectués à Winnipeg et à Guelph, je pense que nous avons une meilleure intégration avec les chercheurs universitaires que ce que l'on trouve dans la plupart des autres pays du monde.

Nous avons certaines ressources uniques et de renommée mondiale. Je songe plus précisément au Centre scientifique canadien de santé humaine et animale, à Winnipeg. Il en a coûté environ 180 millions de dollars au gouvernement du Canada pour le construire, et sa valeur de remplacement, d'après les architectes, est actuellement d'environ 500 millions de dollars.

Dans le passé, les laboratoires de Santé Canada ont souffert d'une intégration sous-optimale à l'épidémiologie et à la surveillance. J'ai dit au début de mon exposé que c'est pourtant un élément clé pour pouvoir réagir efficacement. Depuis la réorganisation de Santé Canada en 2000, un objectif important de la DGSPSP a été une meilleure intégration. Je pense qu'il est révélateur que je sois maintenant à la fois directeur général du Centre de lutte contre les maladies infectieuses ici à Ottawa et chef du laboratoire de Winnipeg, ce qui permet justement cette intégration.

Nous sommes confrontés à certaines difficultés importantes. Nos systèmes de surveillance en laboratoire ont beaucoup de retard par rapport à ceux des États-Unis. Il y a possibilité de mettre en place une surveillance électronique en temps réel à l'extérieur des laboratoires, selon le modèle du système américain appelé PulseNet. Nous essayons depuis plusieurs années de mettre cela en place et nous approchons du but, mais cela prend plus de temps que je ne l'aurais voulu.

Je vais maintenant demander à M. Karmali de nous faire part de ses observations.

Le sénateur Morin: Monsieur Plummer, quel est votre autre titre, à part celui de directeur du laboratoire de Winnipeg?

M. Plummer: Je suis directeur des programmes scientifiques du laboratoire de Winnipeg et directeur général du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses à Ottawa.

Le sénateur Morin: Cela comprend la surveillance et tout le reste.

M. Plummer: La surveillance épidémiologique.

Le président: Monsieur Karmali, aimeriez-vous faire quelques observations?

M. Mohammed Karmali, directeur général, Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, Santé Canada: En comparaison du budget de près de 150 millions de dollars qu'administre M. Plummer, mon programme a un budget de 5 millions de dollars. On pourrait peut-être me considérer comme la population de l'Île-du-Prince-Édouard dans l'ensemble de la Direction générale de la santé publique.

M. Plummer a indiqué à juste titre que le laboratoire de Winnipeg fait du travail de première ligne pour ce qui est de lutter contre les épidémies et autres flambées de maladies. Notre attitude a été quelque peu façonnée par la récente épidémie de SRAS, de sorte que nous avons tendance à mettre l'accent sur les interventions en cas d'urgence, et cetera. Cependant, après avoir éteint l'incendie, pour ainsi dire, nous devons nous poser des questions du genre: Quelle était donc l'origine de cette épidémie? Qu'est-ce qui a causé son apparition et sa propagation? Comment pouvons-nous l'empêcher à l'avenir?

Bien que notre programme ne soit pas en première ligne, en train d'éteindre l'incendie, nous posons ensuite les questions critiques, du genre: comment ces infections surviennent-elles? D'où viennent-elles? Comment pouvons-nous les empêcher de survenir à l'avenir, et cetera?

Comme notre travail cible essentiellement les maladies zoonotiques, c'est-à-dire les maladies qui se transmettent des animaux à l'homme, nous devons, naturellement, travailler en étroite collaboration avec l'ACIA. Nous avons des liens particulièrement étroits avec Mme Bossé, de l'ACIA.

Je vais m'arrêter là. J'espère vous avoir donné une idée de la place que nous occupons dans l'ensemble.

[Français]

Mme Judith Bossé, Agence canadienne d'inspection des aliments, vice-présidente, Science: Monsieur le président, je souhaiterais vous présenter le docteur Paul Kitching, qui est en charge du Centre national des maladies exotiques à Winnipeg, l'équivalent en santé animale. Je tiens à vous remercier de me donner la chance de m'adresser à ce comité, ce qui va me permettre de présenter les activités de l'agence en santé publique.

Le mandat de l'Agence canadienne d'inspection des aliments consiste à préserver l'approvisionnement alimentaire du Canada ainsi que les végétaux et les animaux dont dépend la salubrité des aliments. L'Agence est un intervenant clef qui protège la population contre les risques en santé évitables.

Les programmes et les activités de l'agence sont conçus pour déterminer et gérer le risque relatif à la salubrité des aliments; intervenir en cas d'urgence dans le domaine de la salubrité des aliments et enrayer les foyers de maladies animales; décréter des retraits d'aliments en cas d'urgence, et empêcher la transmission des maladies animales chez les humains.

L'application de méthodes scientifiques judicieuses dans les activités de l'agence, la prestation de services d'inspection efficace, la promotion de partenariats solides font partie intégrante du mandat de l'agence à l'égard des Canadiens.

L'agence a de vastes connaissances scientifiques et collabore étroitement avec les gouvernement fédéraux et provinciaux, les universités, les organismes internationaux et d'autres partenaires oeuvrant dans des domaines tels que l'évaluation de risque, la surveillance, les sciences de laboratoire et l'élaboration de stratégies d'inspection fondées sur la recherche scientifique.

Grâce à son mandat national, à son réseau étendu de laboratoires et à sa capacité d'inspection, l'agence peut agir rapidement et efficacement en cas de danger pour la santé publique ou pour assurer l'innocuité de denrées alimentaires. En outre, les activités permanentes de planification de la surveillance et des urgences permettent à l'organisme de se pencher sur les problèmes potentiels et de bien se préparer pour y faire face.

[Traduction]

Les risques relatifs à la salubrité des aliments gérés par l'ACIA comprennent les pathogènes d'origine alimentaire, tels que la salmonelle et la bactérie E. coli. De plus, l'agence gère les dangers pour la santé publique actuels et émergents provenant des agents infectieux humains associés aux animaux. Cela comprend les maladies zoonotiques comme la tuberculose bovine, la brucellose, le charbon bactéridien, la rage, l'encéphalopathie bovine spongiforme et d'autres maladies qui sont visées par le mandat de l'ACIA à titre de maladies à déclaration obligatoire en vertu de la Loi sur la santé animale.

L'ACIA est en mesure d'appliquer des méthodes scientifiques efficaces dans le cadre des activités prévues à son mandat, ce qui est grandement attribuable à l'expertise scientifique qu'on trouve dans son réseau de laboratoire. Les installations de laboratoire de l'agence sont réparties dans 21 établissements au Canada. Les experts scientifiques et techniques affectés à ces installations mènent diverses activités liées au mandat de l'ACIA, lesquelles soutiennent directement la protection de la santé publique, y compris les services d'essai de laboratoire, la recherche, l'élaboration des méthodes et la formulation d'avis scientifiques en matière de salubrité des aliments et de santé animale. Par exemple, l'ACIA confirme des cas potentiels de rage chez les humains.

[Français]

Plusieurs installations de laboratoires de l'ACIA ont été conçues de façon à pouvoir effectuer des activités liées à des agents infectieux animaux qui représentent un risque élevé pour la santé humaine. Le Centre national des maladies animales exotiques, situé au Centre scientifique canadien de la santé humaine et animale de Winnipeg, partage les locaux avec le laboratoire national de microbiologie de Santé Canada. Ce partage de locaux a fait naître une relation étroite entre l'ACIA et Santé Canada, et a favorisé la collaboration dans les essais et la recherche portant sur les zoonoses exotiques et les nouvelles maladies.

Parmi les exemples de maladies récemment observées, mentionnons le SRAS, évidemment, le virus du Nil occidental, l'encéphalite porcine — qui n'est pas au Canada mais qui est apparue en Asie — l'encéphalopathie spongiforme bovine et la peste aviaire.

À l'heure actuelle, nous préparons un protocole d'entente entre Santé Canada et l'ACIA en vue d'un renforcement de cette relation fructueuse dans l'intérêt de la santé publique au Canada.

Outre le Centre national des maladies exotiques, l'ACIA exploite des installations de confinement biologique à haut niveau dans les centre opérationnels des régions de l'ouest, de l'Ontario et de l'Atlantique. Ces installations sont uniques au Canada car elles peuvent héberger et gérer le bétail infecté par des agents zoonotiques domestiques très dangereux comme la tuberculose bovine et la bruxellose. Le bioconfinement préserve la santé publique en permettant aux scientifiques d'effectuer des recherches et des essais et d'éliminer les déchets en toute sécurité.

Un grand nombre d'installations à l'ACIA comporte des centres d'expertise reconnus à l'échelle internationale, soit par l'organisation internationale des épizooties, comme les laboratoires de référence internationaux. Comme exemple, nous avons le Centre d'expertise sur la rage, la bruxellose et la fièvre charbonneuse mieux connue sous le nom d'anthraxe.

L'agence a conclu des ententes avec des organismes provinciaux sur le partage de l'information relative aux maladies animales. L'agence continue de mettre au point des systèmes de gestion visant à améliorer l'accès aux renseignements sur les maladies, à mettre en œuvre des programmes de surveillance ciblés et à collaborer avec Santé Canada dans l'évaluation des effets des maladies sur la santé humaine.

L'énorme capacité diagnostique et l'unique expertise scientifique de l'ACIA permettent à l'agence de demeurer un des principaux catalyseurs pour des efforts que le gouvernement fédéral fournit pour renforcer la préparation et l'intervention du Canada en cas d'éventuelle menace terroriste.

On a recours à l'expertise et aux ressources de l'agence pour traiter les dangers biologiques menaçant les humains. Ces dangers peuvent se présenter sous la forme de contamination délibérée de l'environnement ou des dispositifs d'approvisionnement en eau ou en aliments. Par exemple, l'ACIA, de concert avec Santé Canada et le Conseil national de le recherche, grâce au financement du ministère de la Défense, dirige une initiative d'élaboration et d'évaluation de nouvelles méthodes d'essai sur plusieurs agents pathogènes zoonotiques très dangereux.

[Traduction]

L'ACIA, forte de son cadre de régie actuel et de son partenariat avec Santé Canada et d'autres organismes, est bien préparée à contribuer à la protection de la santé publique au Canada, comme l'exige son mandat. L'agence et ses partenaires sont en mesure d'agir rapidement et efficacement en cas d'urgence en matière de santé publique au Canada, qu'il s'agisse d'événements accidentels ou intentionnels.

L'ACIA continue de tout mettre en oeuvre pour trouver de meilleures façons d'améliorer le système et c'est pourquoi ses membres sont enchantés de pouvoir s'adresser au comité.

Nous attendons le rapport final avec impatience.

Dr Paul Kitching, directeur, Laboratoire de Winnipeg (Arlington), Agence canadienne d'inspection des aliments: Merci, je n'ai rien à ajouter.

Le président: Nous avons un petit problème technique. D'après notre règlement, un comité du Sénat n'est pas censé siéger en même temps que le Sénat, à moins d'avoir reçu la permission de le faire. Le sénateur LeBreton et moi-même, c'est-à-dire le président et la coprésidente, nous sommes fait dire par nos leaders à la Chambre respectifs que la permission nous serait accordée, et c'est pourquoi nous nous sommes embarqués dans cette séance. Apparemment, un sénateur indépendant s'y est opposé, de sorte que le comité n'a pas eu la permission de siéger.

Les exposés ont été consignés officiellement. Je propose de continuer, sauf qu'à partir de maintenant, ce ne sera plus une séance officielle du comité. Nous allons simplement poursuivre la discussion, comme nous avons le droit de le faire, en tant que groupe de sénateurs qui rencontre un groupe de gens qui ont l'amabilité de venir nous rencontrer et qui sont venus de loin pour le faire.

En ce sens, la séance officielle du comité a pris fin et nous allons donc poursuivre, mais ce sera une réunion non officielle du comité. Nous allons continuer à poser des questions et nous bénéficierons de l'interprétation comme c'est le cas habituellement.

Le sénateur Morin: Les sténographes vont-ils poursuivre leur travail?

Le président: Je me tourne vers le greffier, mais nous ne pourrons probablement pas continuer la transcription pour le hansard. Vous comprenez notre dilemme. Nous sommes allés le plus loin possible compte tenu du règlement.

En toute justice, le sénateur LeBreton et moi-même ne pensions pas que cela poserait un problème, mais, dans les circonstances, nous ne pouvons pas violer le règlement de façon flagrante.

Le sénateur Morin: Savons-nous pendant combien de temps le Sénat va siéger?

Le président: La séance de ce soir sera longue.

Le sénateur Morin: Est-ce que quelqu'un va prendre des notes?

Le président: Nous allons le faire.

Le sénateur Morin: Je m'attends à un compte-rendu sténographique.

Le président: Vous nous observez depuis maintenant assez longtemps pour comprendre que c'est une bonne chose que nous ne dirigions pas une entreprise?

Le sénateur LeBreton: Docteur Plummer, je voudrais que vous passiez en revue à notre intention le processus que vous-même et vos collaborateurs avez suivi quand l'épidémie de SRAS s'est déclenchée au Canada. Comment l'avez- vous appris? Quel processus avez-vous mis en branle pour essayer de l'enrayer et quelle coopération avez-vous reçue du Centre for Disease Control d'Atlanta et de l'Organisation mondiale de la santé? Je sais que c'est une question à tiroirs. Je crois que l'épidémie a commencé en Chine. Il a fallu un certain temps avant que les Chinois admettent qu'il y avait là-bas une épidémie. Comment l'avez-vous enrayée et combien de temps s'est-il écoulé avant que vous réunissiez toute l'information dont vous aviez besoin pour avoir la situation bien en main?

M. Plummer: Une simple précision: voulez-vous dire du point de vue du laboratoire ou du point de vue de Santé Canada?

Le sénateur LeBreton: Des deux, je suppose.

Le président: Je ne veux pas formuler une critique, mais le fait que vous occupiez deux postes n'a aucune importance pour nous. Nous essayons de comprendre ce qui s'est passé. Comme vous êtes responsable de la surveillance épidémiologique, je suppose qu'à un moment donné, le dossier a atterri sur votre bureau.

M. Plummer: C'est exact. Pour passer en revue ce qui s'est passé, il faut remonter à novembre 2002, date à laquelle certaines rumeurs faisaient état d'une grave maladie respiratoire en Chine et nous avions beaucoup de renseignements faisant croire qu'il pouvait s'agir de la grippe ou de la chlamydia. C'était très confus.

En février 2003, on a commencé à recevoir des rapports plus précis faisant état d'une grave maladie respiratoire dont l'étiologie était incertaine; à la mi-février, Santé Canada a envoyé à ses partenaires provinciaux des avis d'alerte sur cette maladie. Le 12 ou le 13 mars, l'Organisation mondiale de la santé a lancé sa première alerte sur le syndrome respiratoire aigu sévère. À ce moment-là, il était clair qu'il ne s'agissait probablement pas de la grippe ni d'un autre agent pathogène connu et que la pathologie était grave. Santé Canada a lancé une alerte dans l'ensemble du pays quelques heures après avoir reçu l'avis de l'OMS, mais, à ce moment-là, nous avions déjà huit cas au Canada. Il y avait sept cas à Toronto et un à Vancouver.

J'ai suivi ces alertes, mais nous avons appris pour la première fois qu'il y avait des cas au Canada le vendredi 14 mars. Il se trouve que je participais à ce moment-là à une réunion du Réseau canadien des laboratoires de santé publique, à laquelle participaient nos collaborateurs du Laboratoire épidémiologique national et les directeurs des laboratoires provinciaux; on est venu me chercher pour que je participe à une conférence téléphonique d'urgence au cours de laquelle j'ai appris ce problème. Heureusement, c'était un vendredi et non pas un samedi et nous avons été en mesure de rappeler le laboratoire à Winnipeg pour demander à nos collaborateurs de rentrer au travail le lendemain pour commencer à mettre en place les mesures que nous jugions nécessaires pour enrayer cette épidémie.

Nous avons reçu les premiers prélèvements de Toronto et de Vancouver le samedi matin. Nous avons travaillé toute la fin de semaine, 24 heures sur 24, et dimanche soir ou lundi matin, nous avions la conviction d'être en présence d'un agent que nous n'avions jamais rencontré auparavant. Nous avons éliminé presque tous les agents viraux respiratoires connus, après quoi nous avons commencé à travailler pour essayer de comprendre quelle était la cause de cette pathologie.

Les autres secteurs de Santé Canada travaillaient avec les provinces pour comprendre ce qui se passait et tenter de leur fournir de l'aide épidémiologique. La gestion d'une épidémie est toujours une affaire provinciale ou locale. Au niveau fédéral, on peut seulement apporter une aide complémentaire. Santé Canada ne pouvait pas, autant du point de vue pratique qu'institutionnel, envoyer une équipe à Toronto pour prendre en main toute la gestion de l'épidémie. Cela ne pouvait tout simplement pas marcher. Nous n'aurions pas su qui appeler, comment les systèmes fonctionnaient, et cetera.

Ce que nous pouvons faire au niveau fédéral, c'est de gérer les dimensions nationales, et c'est ce que nous avons fait par l'entremise d'une structure appelée le comité de la grippe pandémique. C'est un groupe fédéral-provincial qui travaille depuis plusieurs années en vue d'élaborer un plan pour lutter contre la grippe pandémique, et cette structure a été mise à profit pour réagir à la crise du SRAS. Dans l'ensemble, au niveau fédéral, cela a assez bien fonctionné.

L'autre aspect au niveau national était la gestion des interactions avec l'Organisation mondiale de la santé et le CDC. Il y a un certain nombre de points de contact différents. Je faisais partie du réseau de laboratoires que l'OMS a réuni et qui comprenait des laboratoires des pays touchés ainsi que certains autres laboratoires. Ce fut un facteur clé qui a permis de faire des progrès rapides au niveau scientifique. Le virus responsable était inconnu le 14 mars et dès le 14 avril, nous avions séquencé la totalité de son génome, alors, la progression a été très rapide.

Ai-je répondu à la question?

Le sénateur LeBreton: Vous avez parlé des progrès rapides que vous avez faits. Est-ce simplement parce que vous avez eu de la chance dans votre recherche? Aviez-vous une idée que l'épidémie avait débuté en Chine en novembre 2002? Plutôt que de prendre en considération toutes les possibilités, vous êtes-vous concentré sur une certaine zone plus spécifique, ce qui vous a amenés à obtenir l'information aussi rapidement?

M. Plummer: Non. Au laboratoire, nous utilisons certaines techniques anciennes, éprouvées et normalisées du point de vue biologique. Nous utilisons également des approches raffinées, à la fine pointe de la technologie. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'un virus assez facile à faire croître. Il poussait en culture tissulaire, ce qui est une technique standard.

Les gens de Hong Kong l'ont découvert en premier, puis ceux du CDC, et nous l'avons fait environ un jour plus tard qu'eux. Le fait d'avoir sur place la capacité scientifique pour être en mesure de faire face à cette situation était important. Le laboratoire était bien préparé.

Le sénateur LeBreton: Est-ce que les trois laboratoires l'ont découvert indépendamment ou est-ce que vous partagiez de l'information?

M. Plummer: Nous partagions de l'information, mais la réponse à votre question, c'est que c'était les deux.

Le président: Puis-je poser une question qui me trouble, docteur Plummer? Je n'essaie pas de critiquer, mais j'essaie de comprendre le processus.

Peu importe qu'il s'agisse d'une crise sanitaire, d'une crise militaire ou d'une crise commerciale, dans toute crise il faut qu'il y ait une personne responsable. Une crise ne peut être gérée par un ensemble de personnes, parce qu'en bout de ligne, vous devez court-circuiter les processus de prise de décisions normaux et les processus intergouvernementaux sont très compliqués. Vous devez être en mesure de court-circuiter le processus et d'avoir quelqu'un qui est capable de diriger. De toute évidence, il y aurait un groupe de conseillers, mais quelqu'un doit être responsable.

En vous écoutant, je ne suis pas du tout certain qu'il y avait quelqu'un qui était en charge. Corrigez-moi si j'ai tort, mais j'aie l'impression que, pour l'aspect recherche, vous et vos collègues partout au pays et partout dans le monde travailliez à ce problème. En même temps, quelqu'un à Toronto essayait de décider comment gérer la situation sur place, pour ainsi dire. Est-ce que mon impression est exacte?

Seriez-vous d'accord pour dire quelqu'un doit être responsable, que quelqu'un doit décider ce que feront les chercheurs, comment les différents intervenants vont coordonner leurs efforts, et ainsi de suite?

D'après mon expérience, les mécanismes de coordination intergouvernementaux traditionnels sont un véritable désastre. Comment arriveriez-vous à surmonter ce problème?

M. Plummer: Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que le commandement et le contrôle sont très importants dans la gestion des crises. Il est clair qu'il doit y avoir un leadership. Les structures normales et les façons normales de travailler ensemble sont inefficaces en situation de crise, alors vous voulez pouvoir les modifier.

C'est là la leçon que nous avons tirée des premiers jours de la crise du SRAS. Au sein du Laboratoire national de microbiologie, nous avons complètement fait sauter la bureaucratie et j'ai été choisi pour diriger. C'est également ce qui est survenu au sein de la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique et au sein de Santé Canada. Les structures normales ont été balayées et de nouvelles procédures ont été mises en place.

Le président: Je pense que le Dr Gully était probablement le grand responsable.

M. Plummer: M. Broughton et le Dr Gully. Je ne suis pas sûr dans quelle mesure cela s'est produit en Ontario. Lorsque votre principale ville est aux prises avec une effroyable épidémie, le défi, c'est de savoir comment vous allez faire face à cette situation. Je n'ai pas la réponse. Il s'agit à la fois d'un problème national et d'un problème local. Il doit y avoir une direction locale et une direction provinciale, mais il est également nécessaire d'avoir une direction nationale.

Le président: Vous dites que vous avez un comité de la grippe pandémique. Ne s'est-il pas penché directement sur cette question? À mes yeux, il s'agit d'une question centrale de gestion. Vous ne pouvez sûrement pas tirer la conclusion qu'un comité gérera la situation, lorsque cette dernière fait intervenir trois paliers de gouvernement. Pour la même raison que vous avez court-circuité les mécanismes de prise de décisions au sein du laboratoire et au sein du ministère, il est certain que dans ce genre de situation, la même chose doit arriver. Je ne prétends pas que le commandant en chef doit être quelqu'un du gouvernement fédéral. Je prétends seulement qu'il faut qu'il y ait quelqu'un.

M. Plummer: Je suis tout à fait d'accord. Je pense qu'une épidémie doit être gérée au plus bas niveau possible au sein des différents paliers de gouvernement. Je ne pouvais pas gérer l'épidémie de Toronto à partir de Winnipeg. Ce n'était pas possible. Cela devait se faire à Toronto. D'autres niveaux de gouvernement peuvent aider et apporter un complément de ressources, surtout le niveau fédéral.

Le président: Nous allons probablement revenir sur cette question. Si l'un d'entre vous veut intervenir pour aider le Dr Plummer ou pour me dire que vous avez un point de vue différent, sentez-vous tout à fait libre de le faire. La présente discussion se veut une discussion générale.

Le sénateur Morin: Nous devrions regarder vers l'avenir. Une porte a été ouverte et, malheureusement, nous n'avions pas toute l'information que nous voulions. Il est très important que nous ayons toute l'information qui est connue.

N'y avait-il pas de présence fédérale à Toronto?

M. Plummer: Oui, il y avait une présence fédérale à Toronto.

Le sénateur Morin: Est-ce que ces gens étaient dans une chambre d'hôtel à attendre les appels?

M. Plummer: Non, ils ont appuyé les épidémiologistes de la province de l'Ontario et ils ont ensuite été déployés, d'abord, au service de santé publique de Toronto et ensuite, au ministère de la Santé.

Le sénateur Morin: Comme vous le savez, un certain nombre de reproches ont été formulés. Je peux les résumer. On a dit que les responsables n'ont pas réussi à identifier les grappes de SRAS; un système de dépistage archaïque non informatisé; les gens à risque n'ont pas été appelés; une absence totale de direction, des conflits, de la confusion; et un refus des ministères de la Santé aux deux paliers de partager de l'information clé avec le centre du SRAS. Cette liste est tirée d'un article du Toronto Star.

Le gouvernement fédéral possède une partie de l'expertise et n'intervient pas dans certains de ces problèmes. L'article traite principalement des responsabilités provinciales, mais en le lisant, vous ne trouvez aucune mention des rôles d'appoint que le gouvernement fédéral aurait dû jouer, surtout en raison de la nature pandémique de cette maladie. Je crois qu'il y a une entente avec les provinces selon laquelle c'est le gouvernement fédéral qui prendrait la tête s'il y avait une pandémie de grippe. Est-ce exact?

M. Plummer: Oui, il y a un rôle de chef de file fédéral dans la grippe pandémique, mais il s'agit d'un rôle de chef de file en matière de coordination. La raison, c'est que la grippe pandémique nécessite une réponse multiple. Une bonne partie du travail consisterait à vacciner les gens et à distribuer des médicaments et le gouvernement fédéral n'est pas en mesure de le faire. Vous devez avoir une relation de travail efficace entre les différents niveaux de gouvernement.

Pour en revenir à l'épidémie de SRAS à Toronto, je pense qu'une grande partie du problème était l'interface entre les différents paliers de gouvernement, entre les différentes autorités et entre le service de santé publique local et les hôpitaux. Ces connexions n'ont pas très bien fonctionné.

Le sénateur Morin: Je pense qu'il est important de regarder vers l'avenir.

Ma question concerne le nombre de scientifiques de laboratoire et d'épidémiologistes, de personnes qui s'occupent de surveillance, si vous voulez, dans le domaine des infections. Vous ai-je bien entendu dire qu'il y avait 50 personnes ou plus dans votre laboratoire?

M. Plummer: Cela comprend le Dr Karmali également.

Le sénateur Morin: On parle de 50 scientifiques. Combien d'épidémiologistes avez-vous?

M. Plummer: J'ai 12 médecins-épidémiologistes et 9 personnes qui ont un doctorat en épidémiologie.

Le sénateur Morin: Cela fait un total de 21 épidémiologistes.

M. Plummer: C'est uniquement au sein du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses.

Le sénateur Morin: Je comprends cela. Pensez-vous que le chiffre combiné de 50 et de 21 est suffisant? D'une certaine façon, nous sommes chanceux que cela soit arrivé à Toronto et non à Fredericton ou dans une ville plus petite. Je ne m'attends pas à ce que vous puissiez me donner un chiffre exact, mais devrions-nous doubler ce nombre ou devrait-on l'accroître, disons, de 10? Avons-nous un nombre suffisamment de scientifiques, de spécialistes au sein de votre service, au sein de votre personnel, pour faire face à une autre épidémie de SRAS ou à une nouvelle maladie qui pourrait survenir l'année prochaine?

M. Plummer: La capacité du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses a été étirée au maximum pour faire face à la crise du SRAS, qui a été une épidémie comportant quelque 400 cas. Le fait d'avoir 21 épidémiologistes ayant des compétences supérieures m'apparaît de toute évidence insuffisant. Mais je ne connais pas le chiffre approprié.

Le sénateur Morin: Pourriez-vous nous donner une idée? Nous aimerions présenter des recommandations concrètes dans notre rapport. C'est ce que nous avons fait dans notre dernier rapport et je pense que tout le monde a aimé cette façon de faire. Si vous ne pouvez pas nous donner la réponse aujourd'hui, peut-être pourriez-vous nous la donner plus tard. Cela nous aiderait si vous pouviez être précis au sujet des autres ressources dont vous avez besoin. Si nous devions gérer une nouvelle épidémie de la façon que nous devrions le faire, je pense que les ressources devraient être fédérales parce qu'elles peuvent être mobilisées. C'est là que devraient se trouver les nouvelles ressources, si nous avons un problème l'année prochaine.

M. Plummer: Je pense qu'il serait nécessaire de doubler le nombre d'épidémiologistes.

Le sénateur Morin: Êtes-vous heureux du nombre d'employés dans le laboratoire?

M. Plummer: Non, je ne le suis pas, mais je pense que le problème est moins grave là.

Le sénateur Morin: Moins grave que dans le cas de l'épidémiologie. Cela nous permettrait de mobiliser des épidémiologistes et de les envoyer dans une région, si nous avions une épidémie de ce genre; est-ce exact?

M. Plummer: Oui, je le pense.

Le sénateur Morin: Êtes-vous en mesure de mobiliser des ressources provinciales? Disons qu'il n'y a pas de cas au Québec, est-il possible de mobiliser des épidémiologistes de là-bas et de les envoyer à Toronto?

Connaissez-vous ces gens? Savez-vous où se trouvent ces ressources et, dans le cadre de vos responsabilités, pouvez- vous demander, disons, cinq épidémiologistes de plus d'un endroit particulier?

M. Plummer: Non, cela ne fait pas partie de ma responsabilité immédiate. Cela a été fait par Santé Canada. Plus spécifiquement, le Bureau de la politique des soins infirmiers a assumé cette responsabilité.

Le sénateur Morin: Avait-il une banque de données sur cette question?

M. Plummer: Je ne suis pas la bonne personne pour en parler. Cependant, en réponse à la première partie de votre question, à savoir est-ce que le fait de doubler le nombre de gens nous donnerait la capacité de mieux appuyer ce qui se fait au niveau provincial dans le cas d'une épidémie, je dirais que oui, cela nous permettrait de le faire.

Il se fait également du travail en vue de la création d'équipes d'intervention sanitaire d'urgence. Ce travail est fait par le Centre de mesures et d'interventions d'urgence. Le but est de constituer une réserve de personnes, de spécialistes de la santé, qui seront formés et organisés en équipes déployables qui seront en mesure d'intervenir dans de nombreux types de crises sanitaires différentes, y compris les crises faisant intervenir des maladies infectieuses. Ces gens seraient normalement employés à titre de médecins, d'infirmières et d'autres types de spécialistes de la santé, mais seraient répartis partout au pays.

Le président: Dans un certain sens, si je peux utiliser une analogie militaire, ils font partie de la réserve.

M. Plummer: Oui.

Le sénateur Morin: J'aurais dû commencer en disant que nos experts de Santé Canada sont des scientifiques de réputation internationale. Le Dr Plummer a fait un travail extraordinaire dans le domaine de la santé mondiale et du sida, et du sida en Afrique; et le Dr Karmali est celui qui a fait la découverte très importante qu'E. coli est néphrotoxique, ce qui signifie qu'il affecte les reins. Il s'agit de la souche de E. coli si toxique qui cause la maladie du hamburger. Le Dr Karmali a fait cette découverte alors qu'il travaillait au Hospital for Sick Children de Toronto. Tous les deux, vous avez de l'expérience dans le domaine de la santé mondiale.

Nous parlons de l'importance d'accroître l'efficacité et les ressources de notre système de santé publique canadien pour répondre aux besoins des Canadiens. Si nous augmentons notre capacité et nos ressources dans ce domaine, y aurait-il des conséquences au niveau mondial, international? Je ne sais pas si tous les deux vous traitez de cette question.

M. Karmali: Je ferai quelques observations. La première, c'est que les microorganismes ne reconnaissent pas les frontières nationales, ce qui fait que les maladies infectieuses constituent un problème mondial, international, et nous vivons maintenant à l'heure de la mondialisation. Les États-nations individuels devront adapter leur perspective sur la façon dont ils vont faire face à ce nouveau défi mondial que posent les maladies infectieuses.

Quant aux discussions concernant la coordination des interventions nationales face à la menace que constituent les maladies infectieuses, il est déterminant de reconnaître qu'à moins de mettre de l'ordre dans notre propre maison, ici même au Canada, nous ne serons pas en mesure de jouer un rôle efficace dans le nouvel environnement mondial concernant les maladies infectieuses.

La seconde observation, c'est que le Canada a joué un rôle prédominant au niveau international en matière de maintien de la paix, mais le maintien de la paix est maintenant devenu une question régionalisée et l'Europe entend maintenant s'occuper de sa propre cour, l'Afrique se propose d'en faire autant et ainsi de suite. Cependant, dans le domaine de la santé publique, il y a probablement une très belle occasion pour le Canada de jouer un rôle important au plan international. De toute évidence, le CDC des États-Unis est un centre mondial dominant, mais ce n'est pas tout le monde qui aime les États-Unis et certaines personnes préfèrent travailler avec des pays comme le Canada.

Si on laisse de côté la question de la mondialisation, des changements incroyables ont lieu dans le domaine de la science et de la technologie. Si nous voulons prévenir les maladies infectieuses, nous devons comprendre un peu mieux l'ennemi, c'est-à-dire, les microorganismes, leurs modes de vie et leurs préférences. Malheureusement, ces derniers ne parlent ni l'anglais ni le français, alors ils ne nous diront pas s'ils préfèrent une place côté allée ou une place côté hublot.

Un changement a lieu parce que maintenant il y a un code universel, qui est le génome. Nous sommes en train de séquencer les génomes. Nous connaissons tous le projet du génome humain et ainsi de suite. Grâce au développement de la génomique, nous allons en savoir beaucoup plus sur les modes de vie de ces microorganismes et nous allons étudier de nouvelles façons de les combattre.

Malheureusement, les progrès en génomique ne se feront pas en un clin d'oeil et ils ne se feront pas non plus sans un investissement considérable, surtout en santé publique. Les États-Unis sont probablement le chef de file toutes catégories en génomique, mais dans le domaine de la santé publique, les Britanniques et les Français sont bien en avance sur tout le monde, surtout les Français à l'Institut Pasteur.

Je pense que le Canada devrait occuper une place prédominante dans ce domaine à l'échelle internationale. Nous ne devrions pas être vus comme uniquement des amateurs, mais plutôt comme des acteurs importants. Cependant, cela nécessitera de la réflexion et des investissements.

Il s'agit uniquement d'observations générales. Le Dr Plummer a passé 20 ans au Kenya, alors il peut probablement parler beaucoup plus que moi des questions mondiales.

M. Plummer: J'aimerais simplement ajouter que la ligne de front dans la bataille contre les maladies infectieuses émergentes se situe au-delà de nos côtes. Nous ne pouvons protéger nos frontières contre l'importation de ces maladies. Au cours des quelques dernières années, nous avons vu l'introduction du virus du Nil occidental, du SRAS et de l'EBS, des événements majeurs que nous n'avons pas réussi à garder hors de nos frontières.

L'autre partie de la ligne de front, ce sont nos systèmes de surveillance, qu'il s'agisse de l'inspection des aliments, des services de santé publique locaux ou de la surveillance dans les hôpitaux. Ce sont les systèmes qui doivent être en place pour nous protéger et ils doivent être solides.

Le sénateur Morin: Je dois m'excuser auprès du Dr Kitching. La seule raison pour laquelle je n'ai pas cité vos réalisations scientifiques, c'est par ignorance. Je suis certain que si j'avais votre CV sous les yeux, il serait tout aussi impressionnant que ceux des Drs Plummer et Karmali.

Le président: Docteur Plummer, puis-je revenir à vos allusions constantes aux ressources locales; aux gens qui sont sur le terrain? Il se pourrait très bien qu'il y ait beaucoup de gens sur le terrain à Toronto. Je suppose que si vous venez de Charlottetown, d'où vient le sénateur Callbeck, ou de Halifax, ou de nombreuses autres villes du pays, les ressources locales varieraient de nulles à très minces. Dites-moi si je me trompe. Lorsque vous parlez de doubler approximativement le nombre d'épidémiologistes, pour être efficace, est-ce qu'il ne faudrait pas qu'un certain nombre d'entre eux ne soient pas basés à Ottawa ou dans votre laboratoire à Winnipeg, mais qu'ils soient en fait dispersés sur le terrain?

Ce que je pense, c'est que si quelque chose tournait mal à Toronto, il est probablement inévitable que nous en entendrions parler parce qu'il y a beaucoup de gens compétents là-bas, mais si cela se produisait sur 90 p. 100 de notre territoire, nous n'en entendrions probablement pas parler. Si l'un des rôles du gouvernement fédéral, du moins pour remplir ses obligations internationales, est d'être en mesure de prévenir le reste du monde lorsque nous avons un problème, n'avons-nous pas besoin d'un système de renseignement sur le terrain comportant nos gens du fédéral pour compléter ce qui se fait sur le terrain par d'autres?

M. Plummer: Je suis d'accord pour dire que nous avons besoin d'une capacité partout au pays. Ce n'est pas suffisant d'avoir une forte capacité au laboratoire de Winnipeg et un programme solide à Ottawa ou quelques programmes solides. Nous avons besoin d'une capacité dans l'ensemble du pays. Je ne sais pas exactement comment on peut faire cela, mais une façon serait de faire en sorte que les ressources fédérales viennent compléter les ressources au niveau provincial et local.

Le président: Savez-vous si quelqu'un envisage de faire cela?

M. Plummer: J'ignore s'il y a des discussions en cours à ce sujet. Il y a certaines choses qui se font dans certains domaines limités. Par exemple, une partie du programme de surveillance du VIH/sida pour le pays fait intervenir des agents de surveillance sur le terrain qui sont placés au niveau provincial pour recueillir des données de surveillance sur le VIH et sur le sida.

Le président: S'agit-il d'employés fédéraux?

M. Plummer: Oui. Ces gens relèvent de la Division de la surveillance du VIH/sida qui, elle, relève de moi.

Le président: Il y a des employés fédéraux répartis partout au pays?

M. Plummer: Oui.

Le président: Pour en revenir à l'hypothèse que j'ai formulée, à savoir que dans un certain nombre de petits centres, il n'y aurait pas le soutien épidémiologique ou le soutien scientifique que vous trouveriez à Toronto. Est-ce que mon hypothèse est correcte?

M. Plummer: Je ne suis pas un expert en la matière, mais je penserais que oui.

Le sénateur Callbeck: Docteur Plummer, dans votre exposé, à la page 8, vous avez parlé de la structure. Il y a quelques années, un comité consultatif technique, constitué des directeurs des laboratoires provinciaux et des représentants de nombreux autres laboratoires, avait l'habitude de se réunir et je crois savoir que les gens se gardaient bien informés. Il y avait une structure formelle. Or, cette structure a été démantelée et je crois que cela a causé certains problèmes pour les plus petits laboratoires. Est-ce que ce réseau canadien de laboratoires de santé publique prend la place de ce comité consultatif technique?

M. Plummer: Oui, vous avez raison, pendant un certain nombre d'années, il existait quelque chose qui s'appelait le comité consultatif technique. Les directeurs des laboratoires provinciaux agissaient comme conseillers auprès de ce qui s'appelle maintenant le Laboratoire national de microbiologie. Ils jouaient alors un rôle consultatif. Le comité, avant mon arrivée à Santé Canada, éprouvait des difficultés. La plupart des directeurs de laboratoires provinciaux estimaient qu'il ne fonctionnait pas très bien.

En consultation avec les directeurs de laboratoires provinciaux, nous sommes arrivés avec l'idée d'un réseau de laboratoires fédéral-provincial, une table où tout le monde est égal et qui est présidée par le directeur du laboratoire provincial de la Saskatchewan. Nous travaillons ensemble sur des problèmes communs.

Ce n'est pas nécessairement le laboratoire fédéral qui fait le travail de préparation dans une question donnée. Il se peut très bien qu'un laboratoire provincial prenne la tête pour ce qui est de développer une capacité de laboratoire dans un domaine particulier. Par exemple, l'Alberta, comme je l'ai dit, a une avance dans le domaine des streptocoques; la Colombie-Britannique assume le rôle de chef de file en ce qui a trait à la sécurité des aliments et de l'eau; et Halifax, jusqu'à récemment — ou c'est encore le cas, mais les négociations ne sont pas encore terminées — a pris le rôle principal dans le cas des entérovirus, alors vous avez un certain nombre de chefs de file différents.

Peut-être le Dr Karmali voudrait-il ajouter quelque chose?

M. Karmali: Oui, en effet. Il est probablement difficile au Dr Plummer d'expliquer cela de manière efficace, mais c'est un fait que le comité consultatif technique était incroyablement inefficace et il est tout simplement tombé dans un bourbier de méfiances fédérales et provinciales.

Le Réseau canadien de laboratoire de santé publique, qui est une réalisation incroyable, et dont le mérite revient au Dr Plummer, a changé ce climat. Il fonctionne très bien et je dirais que même si la présidence est assurée par le directeur du laboratoire provincial de Saskatchewan, je dirais que le chef de fait, sinon le chef de droit, est le Dr Plummer. Il a été efficace, en partie, en canalisant l'argent fédéral vers les laboratoires provinciaux, qui sont très pauvres. Par suite des restrictions budgétaires qui ont touché les systèmes de santé dans les provinces, ces dernières ont, jusqu'à un certain point, abandonné les laboratoires provinciaux.

Le Dr Plummer a pu trouver des fonds qui ont servi à doter tous les laboratoires provinciaux d'équipement d'avant- garde leur assurant une compatibilité technologique. C'est un pas important. Ce projet, sous une forme ou une autre, peut servir de point de départ à ce que nous envisageons de développer, que ce soit un nouvel organisme ou autre chose.

Les frontières du pays ou même des provinces ne suffisent pas à stopper les maladies et les microbes. Pour instaurer un système national fort et concurrentiel à l'échelon mondial, le gouvernement fédéral devra jouer un rôle prépondérant. Un rôle qui entrerait dans le cadre de l'édification de la nation et qui nécessiterait du gouvernement fédéral, et ceci est essentiel, de fournir un financement aux provinces, régions et municipalités.

Le sénateur Callbeck: Depuis quand ce projet existe-t-il?

M. Plummer: Deux à deux ans et demi.

Le président: Docteur Karmali, vous désirez que le gouvernement fédéral joue un rôle de premier plan. Pouvez-vous être plus explicite? Si je vous demande de me donner deux, trois ou quatre exemples de ce que le gouvernement fédéral devrait faire et qu'il ne fait pas maintenant, que répondrez-vous? Si vous ne pouvez pas me répondre maintenant, faites-le plus tard en m'écrivant.

L'une des distinctions entre notre rapport et celui de Romanow est que nos recommandations soient concrètes. Je veux dire qu'elles incluent des chiffres et des étapes particulières. Nous ne nous sommes pas référés seulement à des déclarations de principe. À mon avis, demander que le gouvernement fédéral joue un rôle de premier plan est une déclaration de principe. Ma question est: «D'accord fin finaud, que dois-je faire maintenant?»

M. Karmali: Je ne peux m'exprimer qu'en termes de principes. Le fait est que si l'organisme est national au lieu d'être provincial ou régional, le gouvernement fédéral est la seule autorité et doit donc jouer un rôle de premier plan.

Ceci dit, il n'est pas obligatoire que le grand chef de ce nouvel organisme soit un employé du gouvernement fédéral. Il y a d'autres possibilités. Cette éventualité est, à mon avis, peu probable sauf si le financement de l'organisme national provient du gouvernement fédéral.

La structure exacte de cet organisme reste bien sûr à débattre. Cependant, je suis convaincu qu'un élément de cette nouvelle structure doit être la prise de conscience du changement de la nature des maladies infectieuses, de nouvelles maladies infectieuses ont fait leur apparition, des infections traversent les frontières, la mondialisation, les progrès de la science et de la technologie, et cetera.

À mon avis, il y a un domaine dans lequel nous ne sommes pas très performants, en tout cas pas autant que nous devrions, et c'est la recherche en matière de santé publique. On a beaucoup parlé de l'effet considérable que la santé a sur notre industrie biotechnique et cetera. On ne peut le nier. J'estime, toutefois, que nous devons avoir une très bonne infrastructure dans la recherche en matière de santé publique parce qu'en définitive, c'est un moyen d'innovation dans la lutte contre les maladies infectieuses. Cela renforcera aussi notre position sur la scène internationale. Nous avons également assisté à l'incroyable impact de l'épidémie de SRAS sur l'économie de l'Ontario et de la ville de Toronto. Les répercussions économiques peuvent être terribles en cas de manque de coordination et, en ce qui me concerne, la recherche est essentielle au progrès.

Les universités n'ont pas de mandat pour mener des recherches en matière de santé publique. Depuis que le Dr Plummer et moi travaillons à Santé Canada, nous avons essayé de changer la dynamique de la recherche. Je crois que l'on peut optimiser le milieu pour en faire un IRSC virtuel — une infrastructure de recherche en matière de santé publique qui pourrait fonctionner en parallèle ou faire partie de l'IRSC. Vouloir devenir des interlocuteurs importants au niveau mondial, mettre de l'ordre dans nos affaires nationales et voir le gouvernement fédéral financer une infrastructure de recherche en matière de santé publique, voilà un excellent point de départ à la création, par nous tous, d'un organisme national.

En ce qui concerne le côté opérationnel, je ne crois pas qu'une gestion descendante soit la meilleure façon de faire les choses. Oui, il y a des problèmes de direction et de contrôle, mais ce qu'il faut au niveau de la direction et du contrôle, c'est une vision, il faut établir quelques règles à suivre par le personnel à un niveau décentralisé au lieu d'avoir les employés de différents niveaux décentralisés établir leurs propres règles. Pour vous donner une image, les musiciens jouent en cacophonie, il faut que quelqu'un, au niveau fédéral ou financé par le gouvernement fédéral, occupe le pupitre du chef d'orchestre.

Le président: Très belle analogie, docteur Plummer.

M. Plummer: À mon avis, il y a trois façons d'assumer la direction. Premièrement, il faut être mandaté. Cela ne veut pas dire nécessairement avoir des compétences en leadership, mais on dispose de l'autorité, la loi nous autorise à occuper un poste de direction. Il n'existe, pour le moment, aucune disposition à cet effet. Deuxièmement, on peut occuper un poste de direction si on est une source d'information, de connaissances ou de formation importantes et, troisièmement, si on a l'argent qui permet de faire faire aux gens ce que l'on veut qu'ils fassent. Ce sont les trois façons possibles de le faire. Pour l'autorisation d'occuper un poste de direction, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de changer les lois du Canada. Dans la conjoncture actuelle, le gouvernement fédéral dispose de cette autorité. Je crois que nous pouvons construire d'excellents systèmes consacrés aux sciences qui nous hisseront à la première place et pousseront les autres pays à faire de même. La troisième façon est financière.

Le président: Pour revenir sur un point soulevé par le Dr Karmali, est-ce que l'IRSC finance actuellement de la recherche en matière de santé publique?

M. Plummer: Oui.

Le président: Ce financement est-il important?

M. Plummer: Supérieur à ce que le CRM n'a jamais versé, mais je ne crois pas qu'il soit arrivé à son maximum. C'est apparemment lié à la capacité d'absorption.

Le sénateur Morin: Nous écouterons ce que le directeur de l'Institut de la santé publique a à dire.

Le président: Docteur Plummer, pouvez-vous nous envoyer une brève description du travail sur le terrain des agents de prévention et de lutte contre le sida? Comment se fait la coordination avec les provinces et les municipalités et comment soumettent-ils leur rapport à Ottawa? Vous n'avez pas à répondre de suite, mais si vous avez une description de leur façon de travailler, j'aimerais bien que vous nous l'envoyiez.

M. Plummer: Je ne peux pas vous répondre maintenant mais je vous en ferai part. Je vous enverrai aussi les documents sur le réseau des laboratoires de la santé publique au Canada.

Le sénateur Robertson: Cette discussion m'inspire quelques craintes. Je reviens sur ce que le sénateur Kirby a dit au sujet de la coordination des ressources dont nous disposons. Quels sont les niveaux de coopération et de coordination entre les organismes fédéraux et entre ces derniers et les organismes provinciaux?

Je ne sais pas si les responsabilités constitutionnelles des provinces en matière de santé rendent cela plus difficile ou non. Je voudrais savoir si de vrais efforts ont été faits pour réaliser la coordination non seulement avec les organismes fédéraux, mais aussi provinciaux.

Vous avez mentionné au sénateur Kirby que l'obtention de renseignements est un problème et que chacun veut protéger ce qu'il fait, ce qui est incroyablement destructif pour le progrès. Avez-vous des recommandations à faire pour rétablir cette coopération? Je ne sais pas si le ministre fédéral de la Santé en a discuté avec les provinces.

Étant originaire d'une petite province, le seul fait de penser à une éclosion m'inquiète terriblement. Je suis aussi très inquiet pour les réserves autochtones. Comment rassembler le personnel ingénieux dont nous aurons besoin? Je vous ai écouté, avec beaucoup d'attention, lorsque vous avez énuméré ce qui est fait mais je ne suis pas rassuré pour autant. Cela peut donner de bons résultats à Toronto et à Montréal mais je ne suis pas sûr que les besoins des petites provinces, des réserves autochtones ou des îles seront satisfaits.

Ceci dit et ayant écouté ce que vous avez mentionné plus tôt, ce serait une excellente initiative de recevoir de ces spécialistes un modèle qui, selon eux, pourrait donner de bons résultats.

Le président: C'est une bonne idée.

Le sénateur Robertson: Vous pourrez indiquer ce qui, tout simplement, est inefficace. Dans certains cas, cela ne fonctionne pas. Il nous serait très utile de recevoir quelque chose qui donnerait une vue d'ensemble. Je ne m'attends pas à une réponse de votre part aujourd'hui. Le personnel pourrait collaborer avec ces témoins en vue de mettre au point quelque chose de ce genre.

J'ai quelques autres préoccupations. Ne soyez indulgents ni avec vous-mêmes ni avec vos partenaires difficiles. Si quelqu'un refuse de coopérer, nous voulons savoir qui.

Les provinces n'interviennent pas et disent que c'est de leur ressort. Nous voulons, toutefois, savoir ce qui se passe car, un de ces jours, elles demanderont de l'aide et nous ne saurons pas le genre d'aide dont elles auront besoin. Je suis sûre que vous comprenez mes réserves.

Lorsqu'on envisage un modèle pour éliminer les obstacles, on peut certainement tirer parti de l'expérience d'autres pays ayant de meilleurs mécanismes de coordination. Il n'est pas nécessaire de toujours réinventer la roue. Vous serait- il possible de nous communiquer les renseignements que vous avez sur d'autres modèles? Cela facilitera la tâche du comité.

Quel sens donnez-vous au mot épidémie?

Le président: Pendant que les témoins préparent leurs réponses, je voudrais vous annoncer, ainsi qu'aux téléspectateurs de la CPAC, que le sénateur Robertson a été, pendant près de 10 ans, ministre de la Santé au Nouveau- Brunswick, c'est donc un sujet qu'elle aborde du point de vue de l'une des petites provinces.

M. Plummer: Je vais d'abord répondre à la dernière question. Une épidémie est un accroissement, supérieur à la normale, de la fréquence des maladies. Une épidémie peut toucher une personne ou plusieurs milliers de personnes.

Le sénateur Robertson: Le virus du Nil occidental est-il considéré comme une épidémie ou comme autre chose?

M. Plummer: Techniquement, c'est une épidémie. Toutefois, «épidémie» est un mot qui fait peur, aussi est-il très peu utilisé.

Le sénateur Robertson: Seriez-vous en train de dire que nous ne devons pas craindre le virus Nil occidental?

M. Plummer: Non, pas du tout. Je dis que les gens n'utilisent pas le mot «épidémie» à cause de la connotation d'effroi qui y est associée. Ils utilisent d'autres termes comme «éclosion» ou «flambée».

Le sénateur Robertson: Il n'y a rien de mal à faire peur aux gens de temps en temps.

M. Plummer: Nous essayons d'éviter cela lorsqu'il s'agit de la santé publique. Nous essayons de rassurer.

Il y a évidemment des problèmes concernant la coordination. J'ai pu constater, avec les problèmes liés au SRAS, que la coordination entre les différents paliers de gouvernement, les différentes autorités, les différents types d'organismes et les hôpitaux par opposition aux centres locaux de santé publique, se situait au coeur de la majorité des problèmes; il ne s'agissait pas seulement d'un manque de coordination aux niveaux fédéral et provincial.

Des obstacles à une coordination et une coopération accrues existent, par exemple, la législation relative à la protection de la vie privée dans les provinces interdisant ou semblant interdire la divulgation de certains types de renseignements nécessaires à l'échelon national.

Nous devons trouver des solutions à ces problèmes. Ce sera difficile, mais je crois qu'il est possible de mieux travailler dans le contexte de nos structures actuelles. Au sein du réseau de laboratoires, les relations entre les laboratoires qui étaient très désorganisées sont rapidement devenues plus ou moins constructives. Cela ne signifie pas qu'il n'y a plus de critiques mutuelles, mais elles sont positives et nous recherchons une meilleure façon de fonctionner. J'estime que nous avons les mêmes objectifs.

Cet exemple peut être suivi en épidémiologie et en santé publique. Nous avons pris des mesures — et la ministre de la Santé a affecté certaines ressources — pour créer l'équivalent du Réseau de laboratoires de la santé publique au Canada dans les domaines de l'épidémiologie et de la santé publique. Nous sommes en train d'entreprendre ce projet.

Santé Canada a mené des études et des documents de travail sur les structures de soins de santé ont été publiés dans d'autres pays. Il existe de nombreux modèles. On se réfère souvent au modèle britannique, mais le Royaume-Uni n'est pas un État fédéral à l'image du Canada; dans une certaine mesure, c'est un peu plus facile pour eux.

Les États-Unis forment une fédération qui, à certains égards, est similaire à la nôtre. Ils font face aux mêmes problèmes d'interaction entre États et centres de lutte contre les maladies. Ils ne sont pas parfaits. Cependant, le CDC dispose d'un pouvoir de dépenser. Souvent, en cas de problème, le Congrès votera d'énormes crédits au compte du CDC. Cet argent doit être acheminé aux États pour la mise en oeuvre de programmes spécifiques. Ainsi, les États ont des fonds qu'ils versent à des laboratoires d'État ou à des organismes d'État de la santé publique pour financer la lutte contre les nouvelles maladies infectieuses, le bioterrorisme ou la grippe.

Le président: Que fait l'Australie? L'Australie est souvent perçue comme un assez bon modèle de comparaison avec le Canada.

M. Plummer: Je ne connais pas bien la situation en Australie mais je peux vous envoyer un document de travail à ce sujet.

Le président: Cela serait intéressant.

M. Plummer: Nous pouvons certainement vous fournir le document de travail de Santé Canada.

Le sénateur Cook: Je suis originaire de Terre-Neuve et l'éventualité d'une apparition du SRAS, du virus du Nil occidental ou de n'importe quelle autre maladie dans ma province, qui ne dispose que d'un seul hôpital de soins tertiaires, m'inspire les plus grandes craintes. Je cherchais des solutions à ce problème et je les ai trouvées, vendredi soir, à l'endroit le plus inattendu: un repas de rencontre avec un groupe de femmes. Après le repas, deux infirmières de la santé publique m'ont abordée. Je leur ai demandé ce qu'elles voulaient, elles ont répondu qu'elles cherchaient des fonds. J'ai exprimé ma satisfaction de les rencontrer et leur ai fait part de mes préoccupations concernant le SRAS, les épidémies du même type et la situation de notre province si elles s'y déclaraient. Elles ont eu un large sourire et ont dit qu'elles avaient rencontré des AMO, des pompiers, des policiers et qu'elles avaient un plan d'action de lutte contre toute apparition de maladies, mais elles ont ajouté «le problème est que ce plan a besoin de financement». Elles ont été persistantes jusqu'à un certain point, mais cette initiative provenait d'infirmières de la santé publique qui connaissent les lacunes du système et ont collaboré à l'élaboration de ce plan. J'ai trouvé cela encourageant.

Nous avons convenu de nous rencontrer leur groupe et moi afin qu'elles me présentent leur plan. C'est vraiment un exemple à suivre. Tout cela de la part de deux infirmières de la santé publique. Vous, en revanche, êtes au haut de l'échelle. Des besoins humains fondamentaux ont été considérés par ceux qui réussissent à répondre à nos besoins en matière de soins de santé. Vous avez parlé d'autorité et de liens. Je crois que vendredi dernier, j'ai rencontré le lien fondamental. Qu'en dites-vous?

M. Plummer: C'est très intéressant. Ce sont les employés de première ligne qui se sont conduits comme des héros dans la lutte contre le SRAS, particulièrement en Ontario. Ils ont fait un travail admirable.

Le sénateur Cook: Elles avaient confiance en leur plan. Elles ont reconnu qu'il nécessitait un financement et d'autres éléments, mais elles avaient confiance en leur capacité de lutter contre n'importe quelle maladie.

M. Karmali: N'importe quel système peut bien fonctionner si ceux qui vont faire le travail ont les moyens d'avancer des idées et d'être novateurs.

L'un des avantages du système national est qu'il permet aux Canadiens de partager leurs expériences à l'échelon national afin que tous les citoyens sachent comment certains de leurs compatriotes vivant dans des provinces, régions ou municipalités différentes ont affronté des situations particulières. Il faut trouver un moyen de coordonner tout cela au niveau national. Le financement peut être acheminé au niveau national.

Le Dr Plummer a mentionné, et je le souligne, qu'aux États-Unis le Congrès vote des crédits pour le CDC. Cet argent est ensuite versé aux États, et cetera. Le dicton «Qui paie les violons choisit la musique» est très important et le rôle prépondérant du gouvernement fédéral dans l'établissement d'un organisme national doit inclure des fonds pour financer ce type de système.

Votre remarque est très importante. C'est le genre de projet que nous devrions encourager, mais il doit être coordonné dans un cadre national.

Le sénateur Cook: La formation du personnel est primordiale. La mise en valeur du potentiel est importante mais la formation doit se faire sur toute la ligne. Tout le dévouement et toute la meilleure volonté au monde ne serviront à rien s'il n'y a pas de formation du personnel. Monsieur le président, étant en partie Terre-Neuvienne, je sais qu'en 1970, nous avons subi de terribles compressions budgétaires dans la santé publique. Nous pensions qu'il n'y aurait plus d'épidémie et nous avions tort. La santé publique a besoin de pas mal de choses, mais l'argent est probablement la plus importante.

Le sénateur Trenholme Counsell: J'ai été très impressionnée par la gestion de l'épidémie du SRAS et je sais, messieurs, que vous y avez joué un grand rôle. Je veux vous poser une question qui touche particulièrement à l'enseignement. Vous avez déclaré que le niveau de la recherche en matière de santé publique est bas au Canada. Il y a peu, quelqu'un m'a rapporté qu'il y avait une diminution, sinon de grands changements, dans les écoles de santé publique à l'Université de Toronto et que nous ne formions peut-être pas suffisamment de gens au Canada dans le domaine de la santé publique. Cette information me préoccupe.

J'ai travaillé dans la santé publique pendant six ans, trois au Nouveau-Brunswick et trois en Ontario, avant de me lancer dans la médecine. Nous avons mentionné l'école de santé publique de l'Université de Toronto.

Quelle est la situation de l'enseignement en matière de santé publique dans les deux langues officielles au Canada? Quelle est la situation dans les divers centres et écoles de médecine?

M. Plummer: Je n'ai pas de renseignement précis à cet égard, mais nous ferons des recherches. Étant donné que je n'en sais rien, je ne peux pas parler de la situation de Toronto.

Il est juste de dire qu'il y a dans notre pays, comme dans d'autre pays, une crise de personnel dans le domaine de la santé publique. Nous ne formons pas suffisamment de spécialistes en santé communautaire et nous de formons pas suffisamment de titulaires de maîtrise et de doctorat en santé publique. De plus, la majorité du personnel ne reçoit pas une formation adéquate dans la lutte contre les épidémies. Les problèmes en personnel dans la santé publique sont énormes. Nous pouvons fournir au comité des chiffres, mais je ne les ai pas sous la main.

Le sénateur Trenholme Counsell: Où formons-nous le personnel en santé publique? Y a-t-il des écoles de médecine qui assurent cette formation?

M. Plummer: Je crois que chaque école de médecine a un programme de résidence en sciences de la santé communautaire et la majeure partie des étudiants seront titulaires de grades supérieurs en sciences de la santé communautaire, des maîtrises ou des doctorats.

Le sénateur Robertson: Avons-nous une école de santé publique au Canada?

M. Plummer: Pour ainsi dire, nous n'avons pas d'écoles de santé publique. Les États-Unis ont de nombreuses écoles de santé publique et elles font partie d'un système parallèle aux écoles de médecine. Le Canada n'a pas choisi cette voie.

Le sénateur Morin: Qu'en pensez-vous, docteur Plummer?

M. Plummer: Je crois qu'il y a des avantages et des inconvénients. À la fin du XIXe siècle, les États-Unis ont créé des écoles de santé publique dans tout le pays. Cela a été favorisé par John D. Rockefeller. Les États-Unis ont beaucoup de bonnes écoles de santé publique d'où sortent des épidémiologistes solidement formés et des spécialistes en santé publique qui font un excellent travail en épidémiologie. Cependant, il en a résulté une sorte de rivalité entre les écoles de santé publique et les écoles de médecine, alors leurs rapports sont un peu dysfonctionnels.

Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur modèle qui existe. Il y a peut-être d'autres façons de le faire.

Le président: Pour donner suite aux commentaires du sénateur Trenholme Counsell, il me semble qu'une partie considérable du travail fait à Toronto durant l'épidémie de SRAS a été faite par des infirmières. Ainsi que l'indique notre dernier rapport, deux tendances du système de soins de santé sont préoccupantes. D'abord, le désir de la profession médicale de toujours vouloir un système centré sur le médecin, puis l'adaptation générale des titres de compétence qui poussent les professions à augmenter leurs exigences et, par conséquent, leurs revenus même si les exigences ne sont pas nécessaires.

Cela me ramène aux commentaires concernant les infirmières. Connaissez-vous le nombre d'infirmières de la santé publique qui deviennent médecins? Le sénateur Trenholme Counsell a dit qu'elle avait commencé sa carrière professionnelle en tant qu'infirmière de la santé publique avant de devenir un médecin. Est-ce exact?

Le sénateur Trenholme Counsell: Je suis nutritionniste.

Le président: Je crois que la formation des Ph.D. reçoit une attention exagérée, mais pas celle des travailleurs à la base. Quelqu'un est-il au courant de ce qui se fait au niveau de la formation des travailleurs à la base?

M. Plummer: Je ne suis pas bien placé pour répondre à cette question, mais je peux dire que les infirmières de la santé publique sont les employées de première ligne en matière de santé publique.

Le président: J'ai l'impression qu'elles se font de plus en plus rares.

Le sénateur Cook: Dans ma province, une nouvelle infirmière praticienne fera, souvent, une spécialité en santé mentale ou en santé publique. Il ne me semble pas qu'il y ait d'autres processus de formation ou d'apprentissage pour les infirmières.

Le sénateur Morin: C'est une question importante sur laquelle nous devons entendre des témoins. Nous devrions avoir plus de renseignements sur les ressources humaines en santé publique, celles en formation ou celles qui sont déjà infirmières en soins de santé publique, épidémiologistes, Ph.D. ou médecins.

Le président: Nous entendrons l'Association des infirmières et infirmiers du Canada et l'Association médicale canadienne à ce sujet.

Y a-t-il d'autres questions?

Je remercie les témoins d'être venus et je les prie de m'excuser d'avoir commencé tard. Merci de votre aide.

Si vous obtenez des renseignements sur les questions que nous vous avez posées, veuillez nous les faire parvenir.

La séance est levée.


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