Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 1 - Témoignages du 4 novembre 2004
OTTAWA, le jeudi 4 novembre 2004
Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui à 8 h 38 afin d'étudier les nouvelles questions concernant son mandat.
Le sénateur Ethel Cochrane (vice-présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La vice-présidente : Honorables sénateurs, nous allons commencer même si M. Allen n'est pas là. Nous avons convenu de procéder, et M. Allen pourra se joindre à vous lorsqu'il arrivera, si cela vous convient.
Je souhaite la bienvenue à nos invités. Tout d'abord, je sais que vous avez rencontré certains sénateurs. Mais je ne sais pas si vous avez rencontré le sénateur Gustafson — moi, je suis le sénateur Cochrane — et les sénateurs Christensen et Finnerty.
Pour commencer, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue. Nous avons très hâte d'entendre votre témoignage, surtout en ce qui concerne l'énergie solaire.
Nous vous avons demandé de faire une présentation de 10 minutes, puis ensuite, nous vous poserons des questions.
Nous avons un nouveau sénateur, le sénateur Lavigne, qui vient du Québec. Je suis certaine qu'il s'intéresse aussi à l'énergie solaire.
M. Michael Carten, président, Sustainable Energy Technologies; Association des industries solaires du Canada : Je vous remercie tous et toutes de nous recevoir ici. Je m'appelle Michael Carten. Brian Wilkinson, de Halifax, ainsi que moi-même représentons l'Association des industries solaires du Canada. J'espère que tout le monde a reçu notre présentation. Je vais la passer en revue.
La vice-présidente : Nous l'avons.
M. Carten : Excellent.
L'industrie solaire est formée de trois industries distinctes. La thermie solaire, qui consiste à chauffer l'air et l'eau. Cette technologie est souvent utilisée pour chauffer les piscines. Les photovoltaïques, qui convertissent l'énergie solaire en électricité. La technologie solaire passive, qui sert à chauffer les bâtiments et à produire de la lumière.
Environ 400 entreprises canadiennes oeuvrent dans l'industrie solaire.
Actuellement, il s'agit d'une industrie naissante qui génère environ 1 000 emplois, mais on estime que la croissance au cours des deux prochaines années sera d'environ 50 p. 100. L'industrie solaire est en croissance partout dans le monde à un taux d'environ 40 p. 100 par année. Au pays, les ventes annuelles se chiffrent à environ 100 millions de dollars et elles augmentent de 15 p. 100 à 25 p. 100 par année.
Un certain nombre d'entreprises canadiennes sont actives dans cette industrie, et font la fabrication et l'exportation de produits, dans l'Ouest et ici. Le fait qu'il y a au pays des entreprises qui fabriquent des produits destinés à l'exportation n'est pas très connu du gouvernement.
Le sénateur Lavigne : Est-ce que ce document est disponible en français?
La vice-présidente : Je suis désolée, monsieur le sénateur, nous ne l'avons pas ici, mais la traduction existe.
Le sénateur Lavigne : Je comprends l'anglais, mais je préfère avoir mes documents en français, car c'est plus facile pour moi.
La vice-présidente : Je comprends, sénateur. Nous vous ferons parvenir la version française.
Vous pouvez continuer, monsieur Carten.
M. Carten : Plusieurs compagnies au Canada fabriquent et développent de nouvelles technologies solaires. Le Canada possède les ressources solaires. En fait, la quantité d'énergie que nous pouvons tirer du soleil est supérieure à ce qui peut être obtenu au Japon et en Allemagne, qui sont les deux leaders mondiaux en la matière. Dans le sud de l'Alberta, et plus précisément dans les Prairies, il y a autant d'énergie solaire que dans le sud de la Californie.
Le coût des technologies solaires baisse rapidement, plus rapidement que pour toute autre technologie des énergies renouvelables. Lorsque l'on calcule le coût de l'énergie solaire sur 20 ou 30 ans, ce qui représente la durée de vie des appareils solaires, l'on constate qu'il est très concurrentiel par rapport au coût de l'énergie thermique, particulièrement le carburant diesel, le gaz et l'électricité. C'est évident lorsque l'on tient compte de l'augmentation des coûts du gaz et de l'électricité.
La deuxième diapo porte sur l'énergie thermique. Environ 75 p. 100 de l'énergie solaire utilisée est destinée au chauffage des bâtiments et de l'eau. Cela reflète le mouvement dans ce secteur technologique. Il y a ensuite l'énergie solaire photovoltaïque. En fait, Albert Einstein a reçu un prix Nobel pour la technologie de l'effet photovoltaïque.
Les deux prochaines diapos illustrent la participation du Canada et sa situation par rapport aux autres pays du monde en matière d'énergie renouvelable. Vous pouvez voir que le résultat n'est pas très bon. Le Canada arrive bien loin derrière dans la liste des utilisateurs de l'énergie solaire. À l'échelle mondiale, la croissance de l'énergie solaire photovoltaïque était de 36 p. 100 en 2003. Au Canada, elle était d'environ 20 p. 100, mais l'utilisation demeure minime. La situation est similaire dans le cas de la technologie de la thermie solaire. Parmi les pays de l'OCDE, le Canada occupe la huitième ou la dixième place. M. Wilkinson a indiqué que le Canada arrive au 17e rang parmi les 22 pays qui utilisent l'énergie solaire. L'Allemagne est le leader dans ce domaine, même si c'est un pays très nuageux, selon moi.
La prochaine diapo s'intitule « Financement de l'énergie solaire photovoltaïque dans le monde »; on voit que le Canada est le dernier de la liste. À l'échelle internationale, la moyenne est de 61 cents par tête pour les sociétés qui oeuvrent dans le domaine de l'énergie. Il faut donc se demander quelle est la vision du Canada. Quel est notre objectif? Dans quelle mesure l'énergie solaire jouera-t-elle un rôle dans notre avenir? Selon nous, nous devrions produire 25 millions de mégawattheures à partir de l'énergie solaire d'ici 2025 — électrique et thermique. Cela répond aux besoins énergétiques d'environ 2,5 millions de foyers canadiens. En fait, c'est la quantité d'énergie qui a été produite par les centrales électriques au charbon de l'Ontario en 1999. Cela vous donne une idée.
Les avantages économiques d'une telle production d'énergie seront la génération de recettes de ventes et d'emplois. Cela permettra de créer des occasions d'emploi pour nos diplômés d'universités et de collèges dans une industrie à laquelle ils désirent participer. Il y aura également des avantages environnementaux. Et en bout de ligne, nous devons réduire la quantité d'énergie consommée, et l'énergie solaire et thermique permet d'y arriver.
À l'échelle locale, dans une collectivité de 100 000 Canadiens, environ 200 emplois seraient créés dans le domaine des ventes, de l'installation et de l'entretien de produits solaires. Il y aurait environ 100 usines de fabrication partout au Canada et les ventes locales généreraient environ 100 millions de dollars en systèmes. Il ne serait plus nécessaire de payer du gaz, du pétrole et du charbon pour générer de la chaleur et de l'électricité.
Dans la prochaine diapo qui s'intitule « Recommandations clés », nous proposons 10 recommandations afin que l'énergie solaire représente une part essentielle de l'énergie utilisée au Canada.
M. Brian Wilkinson, président, Matrix Energy; Association des industries solaires du Canada : Les 10 recommandations sont expliquées plus en détail dans le document que nous vous avons remis ce matin. Nous allons aujourd'hui présenter cinq recommandations clés.
La vice-présidente : Ce sera suffisant.
M. Carten : La première recommandation est de mettre sur pied une stratégie nationale sur les énergies renouvelables. Nous devons aborder les énergies renouvelables, les énergies de remplacement, d'une manière cohérente.
La deuxième recommandation est d'accroître le financement du gouvernement. L'appui des nouvelles technologies dont nous parlons se situe bien en deçà des moyennes internationales. Nous devons établir l'objectif de nous hisser vers ces moyennes internationales d'ici deux ans et de nous placer parmi les cinq premiers pays en la matière d'ici cinq ans.
La troisième recommandation est l'établissement de mécanismes financiers qui permettront aux particuliers d'avoir recours à l'énergie solaire dans leurs maisons. L'énergie solaire, contrairement aux autres formes d'énergie renouvelable, est l'une des sources d'énergie que tout le monde peut posséder. Tout le monde a la possibilité de contribuer à la solution. Mais le problème est d'ordre financier. Nous avons besoin d'un mécanisme de financement pour y arriver.
La quatrième recommandation est de mettre sur pied des programmes d'encouragement. Il faut que les gens voient les technologies solaires autour d'eux et réalisent que cela est possible. Il faut que l'énergie solaire devienne une réalité, qu'elle ne soit pas vue comme un rêve. Il faut prendre modèle sur d'autres pays. Le Japon et l'Allemagne sont des leaders mondiaux en énergie solaire, car ils ont investi dans des programmes et ont permis à des particuliers d'installer dans leurs maisons et leurs entreprises des technologies solaires. Nous devons faire la même chose.
Ce matin, nous demandons aux sénateurs d'accorder leur appui à l'énergie solaire et à son industrie, car cette forme d'énergie sera une des plus importantes sources d'énergie qui seront utilisées au cours des 30 prochaines années. Il est temps de demander au premier ministre et aux ministres d'en tenir compte dans leurs programmes.
Nous aimerions obtenir votre appui pour des initiatives locales, à l'échelle communautaire. L'énergie solaire, contrairement à l'énergie éolienne et à bien d'autres technologies, peut être une ressource communautaire. Vous pouvez l'utiliser pour des écoles et des arénas, là où elle s'avère rentable.
Nous vous demandons d'appuyer l'élaboration de politiques qui mettent l'accent sur l'énergie solaire. Il y a une industrie solaire au Canada. Il y a des entreprises qui investissent dans des nouvelles technologies et qui fabriquent des produits. Nous sommes actuellement dans la même situation que celle de l'énergie éolienne il y a vingt ans au Canada. Nous avons la possibilité de jouer un rôle important à l'échelle mondiale si nous investissons dans ces technologies.
M. Wilkinson : Je ne sais pas si vous le savez, mais le Canada est le deuxième plus grand utilisateur d'énergie au monde, par tête. Je trouve qu'il est embarrassant de constater que nous ne faisons pas plus d'efforts pour diminuer notre consommation d'énergie et pour accroître le financement des technologies des énergies renouvelables.
Je n'ai rien contre l'autre forme d'énergie renouvelable dont nous avons parlé. Cependant, il n'y a pas de fabricant de ce type d'équipement au Canada, contrairement à l'industrie de la thermie solaire, qui elle produit beaucoup d'occasions d'emploi, et de plus en plus. Je peux vous donner l'exemple de mon entreprise. Notre personnel a augmenté de 30 p. 100 depuis l'an dernier. Je compte embaucher le même nombre d'employés cette année encore. La technologie est développée au Canada et est utilisée au Canada et, dans la mesure du possible, nous l'exportons également. Probablement 80 p. 100 des produits des deux plus grandes entreprises de thermie solaire sont exportés à l'extérieur du pays. Nous commençons à exporter, car le marché est inexistant ici, bien qu'il devrait exister.
La vice-présidente : Je vous rappelle que nous avons récemment élaboré un rapport sur le défi d'une tonne, qui est, bien sûr, un défi lancé à tous les Canadiens pour les encourager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce rapport sera publié d'ici deux semaines.
À titre de présidente, je vous demande d'abord de nous dire comment l'énergie solaire pourrait être utilisée pour aider les Canadiens et les entreprises à relever ce défi.
M. Wilkinson : L'installation d'un chauffe-eau solaire dans une maison réduira les émissions de gaz à effet de serre de deux tonnes. Vous pouvez doubler l'objectif du défi d'une tonne en installant un chauffe-eau solaire dans votre maison.
Le sénateur Lavigne : J'aimerais savoir combien il en coûte d'installer un chauffe-eau solaire et combien d'unités avez-vous besoin pour chauffer un logement de quatre appartements.
[Français]
M. Wilkinson : Pour le chauffage de l'eau, environ 4 000 $.
Le sénateur Lavigne : Pour chaque carré?
M. Wilkinson : Non, pour une maison de quatre personnes. Cela va coûter environ 4 000 $.
[Traduction]
Le sénateur Lavigne : Pour installer l'unité sur le toit de la maison?
[Français]
M. Wilkinson : Et cela va sauver environ 65 p. 100 de vos coûts d'énergie pour le chauffage d'eau.
[Traduction]
Le sénateur Lavigne : C'est bon.
La vice-présidente : C'est très bon.
Le sénateur Christensen : Merci pour votre présentation.
Comme vous le savez, dans les années 80, il y a eu la crise du pétrole et nous pensions être à court de pétrole. Il semble que nous sommes toujours à la veille d'une pénurie de pétrole, mais que cela n'arrive jamais. Un certain nombre de programmes d'énergie solaire ont été mis sur pied, tant pour l'énergie solaire photovoltaïque que pour les chauffe- eau.
Il y avait des programmes pour aider les entrepreneurs et les particuliers à installer des systèmes solaires. Ces programmes gouvernementaux des années 80 ont-ils favorisé une croissance importante dans l'industrie? Lorsque nous avons constaté qu'il y avait davantage de pétrole, les prix ont commencé à chuter et depuis 1988 ou 1989, environ, on n'a plus vu ce type de programmes. Y a-t-il eu du nouveau depuis les années 80? Était-ce momentané et il n'y a plus rien depuis?
M. Wilkinson : J'ai lancé mon entreprise vers 1985, lorsque le Programme d'achat et d'utilisation d'équipement solaire, le Programme AUES, a été mis sur pied. En fait, il s'agissait d'un programme incitatif conçu pour encourager les acheteurs au détail et les acheteurs commerciaux de petite taille à installer des systèmes de chauffe-eau solaire dans leurs maisons et leurs entreprises. C'était un programme en déclin, car d'année en année, la somme d'argent donnée diminuait.
Il a été démontré clairement que pour qu'une nouvelle technologie se développe et fleurisse, il faut encourager son utilisation par des mesures incitatives.
Les modèles européen, japonais et américain tiennent compte de cela. Le Programme AUES est un exemple classique de ce qui se produit lorsque l'on enlève l'incitatif, l'effet a été terrible. J'ai démarré ma compagnie en 1985 grâce à l'appui de ce programme. Nos ventes étaient en hausse jusqu'à ce que le gouvernement commence à diminuer les incitatifs.
Lorsque les subventions ont cessé, les clients ont cessé d'acheter. La dernière année de subventions, nous avons installé près de 10 000 systèmes. Nous faisions affaire avec trois ou quatre principaux fabricants. Solcan, Thermo- Dynamics, Petro-Sun et d'un autre. De ces quatre entreprises, seules Solcan et Thermo-Dynamics existent encore. Plus de 95 p. 100 des produits de Thermo-Dynamics sont exportés aux États-Unis et en Europe.
Tant que l'industrie sera pas en mesure de s'autosuffir pour réaliser des économies d'échelle, elle aura besoin de ces subventions pour survivre.
Pour répondre directement à votre question, nous avons probablement diminué depuis la période de pointe de 1989, si je ne me trompe pas.
Le sénateur Christensen : Combien de temps devraient durer les subventions?
M. Wilkinson : C'est une bonne question, mais qui est difficile à répondre.
Je ne peux dire à votre place où, selon vous, il convient de dépenser de l'argent. Il est possible de trouver de bons arguments pour subventionner n'importe quelle industrie, qu'il s'agisse de l'industrie aérospatiale ou de celle des technologies des énergies renouvelables. Il faut développer une industrie concurrentielle à l'échelle mondiale, mais cela dépend de votre volonté à résoudre la question de Kyoto. Il ne fait aucun doute que le monde a besoin d'énergie, et le Canada dispose des technologies qui peuvent être utilisées par le reste de la planète. Si nous n'avons pas d'encouragement pour développer cette technologie, il sera difficile de continuer.
J'ajouterais qu'actuellement, nous bénéficions du Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables. Sans ce programme, le volet de la thermie solaire de notre entreprise n'existerait probablement pas. Thermo-Dynamics n'existerait probablement pas. Conserval Engineerint fabrique la technologie du mur accumulateur de chaleur, connu partout dans le monde. C'est le système solaire de chauffage de l'air le plus efficace et le plus rentable au monde, et il a été mis au point par un Canadien de Toronto, M. John Hollick. Cette technologie n'existerait pas sans le Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables. Ce programme illustre bien de l'engagement non soutenu du Canada envers les technologies d'énergies renouvelables. Il été mis sur pied en 1998. Je faisais partie du comité de Association des industries solaires du Canada à l'époque. Nous avions fait des recommandations au ministère des Finances, car à cette époque, il n'y avait pas de subventions pour l'énergie solaire, sauf dans le cadre du cas spécial 34.1 de la Loi de l'impôt sur le revenu, qui nous permettaient de déduire rapidement des montants aux fins de l'impôt. Malheureusement, cela ne nous a permis que de déduire des montants pour les technologies de thermie solaire utilisées dans les procédés de fabrication directe. Je peux vous dire qu'aucune technologie solaire n'a été utilisée directement par les manufacturiers pour leur procédé. L'énergie solaire est une technologie à faible pouvoir calorifique, et non une technologie à haute pouvoir calorifique comme ce qui est nécessaire pour le milieu industriel.
Afin de compenser cela, le cas spécial 34.1 est devenu le cas spécial 43, mais du même coup, le ministère a mis sur pied le Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables afin d'inciter les Canadiens à acheter des technologies solaires. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissaient pas ce programme, il s'agit d'une contribution financière directe de 25 p. 100 au propriétaire sur le coût du système installé.
Malheureusement, il s'agit d'un programme sur trois ans. Je ne peux faire fonctionner mon entreprise avec un plan de trois ans, surtout lorsque le programme peut cesser soudainement si le gouvernement manque d'argent. Comment dire à un client comme Bombardier, à qui j'ai vendu sept systèmes, que le gouvernement n'a plus d'argent? Nous devons annuler ce contrat. C'est embarrassant pour moi, et pour le pays, lorsqu'il faut rencontrer des dirigeants de grandes entreprises et dire : « Ce projet devait aller de l'avant, mais maintenant, vous devez payer l'autre 25 p. 100. »
Ce genre de chose freine l'expansion de notre industrie. Aujourd'hui, il n'y aucun programme de ce type pour l'industrie photovoltaïque. Les États-Unis et d'autres pays réclament à grands cris des systèmes photovoltaïques sur le toit des maisons. C'est une technologie qui fonctionnera pendant 45 ans, fournira de l'énergie en ne causant pratiquement pas de dommages à l'environnement. Le coût d'un module photovoltaïque est récupéré en moins de 18 mois d'utilisation. Quand ils deviennent inutilisables, ils sont à 100 p. 100 recyclables. Ils sont fabriqués à partir de silicone — le silicone est essentiellement du sable et du verre — et d'aluminium. Il n'y a rien de compliqué. Des entreprises telles Michaels, qui fabriquent les accessoires de branchement au réseau électrique, ont besoin de ce genre de programme pour s'agrandir. Nous accumulons du retard alors que le reste du monde se précipite sur cette technologie.
Le sénateur Christensen : Pour ce qui est des capacités d'installation photovoltaïque, est-ce que d'autres pays offrent des subventions importantes à long terme?
M. Carten : Oui, pour la majeure partie. Les Japonais sont les premiers. Maintenant, ils ont pratiquement éliminé leur subvention, car les coûts ont baissé et les prix de l'énergie se sont élevés. Les Allemands sont aujourd'hui en deuxième position à cause de leur subvention pour l'installation de systèmes — ils se sont retirés du nucléaire, comme vous le savez — et ce marché est en pleine expansion. Certains pays de la Communauté européenne commencent à les suivre. Par exemple, l'Espagne et l'Italie commencent à verser des subventions qui permettent aux citoyens moyens d'installer des panneaux solaires sur le toit de leurs maisons et de vendre l'énergie dans le réseau. On s'attend à ce que l'Allemagne devienne un partenaire sérieux dans l'industrie. Pour aider les industries — nous l'avons fait avec l'industrie éolienne puis nous avons abandonné — nous devons verser des subventions afin de créer un marché national pour les entreprises canadiennes qui développent les technologies. Oui, elles bénéficient toutes d'un type de subvention. Aux États-Unis, l'Arizona, la Californie, le New Jersey et New York reçoivent des subventions qui permettent des réductions. Le coût en capital du système PV est subventionné. Il y a deux démarches différentes, mais elles reflètent l'engagement de la part des communautés qui disent : nous encourageons les énergies renouvelables, par conséquent, non seulement le propriétaire ou la centrale électrique doivent payer, mais nous aussi devons assumer une partie des coûts.
Le sénateur Christensen : Il s'agit de subventions. Sont-elles limitées dans le temps?
M. Carten : Oui. En Allemagne, la subvention a diminué de 5 p. 100 par année. Les subventions japonaises ont été éliminées. L'Espagne avait le même programme de subvention que l'Allemagne sans garantie au-delà d'un an, cela jusqu'à l'année dernière. Le programme a été modifié et aujourd'hui, la garantie est de 20 ans. Si vous installez le système, vous bénéficiez de la tarification pour 20 ans. Ils passeront peut-être de six mégawatts de capacité installée à 20 mégawatts par an, cette année en fonction du nouveau système photovoltaïque.
Le sénateur Christensen : C'est un sujet très intéressant. Pour ceux d'entre vous qui ont la chance de vivre en Saskatchewan, des représentants du secteur du nucléaire ont fait une présentation hier. Il semble bien que la concurrence sera rude quel que soit le secteur que nous choisirons, que ce soit l'énergie éolienne, l'énergie nucléaire ou les sables bitumineux. À combien revient l'installation de la Cadillac des systèmes pour le propriétaire d'une maison moyenne?
M. Carten : Le coût d'un système photovoltaïque dépend de la taille.
Le sénateur Gustafson : Pour une maison moyenne.
M. Carten : Ce sera trois kilowatts, environ 40 000 $. Cela permettra d'avoir une énergie gratuitement pendant 30 ou 40 ans.
Le sénateur Gustafson : Est-ce qu'il y aura beaucoup d'entretien?
M. Carten : Non, aucun — zéro.
Le sénateur Gustafson : Ce système ne s'use pas?
M. Carten : Il ne s'use pas.
Le sénateur Gustafson : Quarante mille dollars.
Le sénateur Adams : Tout ce qu'il faut, c'est du soleil.
Le sénateur Gustafson : Estevan, Saskatchewan est la capitale du soleil au Canada. C'est l'endroit où il y a le plus de soleil en Amérique du Nord.
M. Carten : L'énergie solaire, comme toutes les énergies renouvelables, ne règle pas entièrement le problème. Le soleil ne brille pas tous les jours. Il faut équilibrer les charges. Ce qui se passe avec l'énergie solaire, surtout en Europe, c'est que la puissance de crête a lieu au milieu de la journée, c'est donc idéal pour réduire la quantité d'énergie alimentée au charbon, habituellement du charbon ou du gaz. On peut vraiment faire des économies d'énergie. Sénateur Adams, votre circonscription dépend entièrement du diesel.
Le sénateur Adams : Oui.
M. Carten : Comme l'énergie éolienne, l'énergie solaire peut être utilisée tout simplement pour réduire la consommation de diesel et c'est économique à long terme.
Le sénateur Gustafson : Vous êtes confrontés au même problème que celui du programme de carburol. Les gouvernements doivent le subventionner pour qu'il soit concurrentiel. En Saskatchewan, il est question de construire deux nouvelles centrales électriques. Après les calculs du gouvernement sur le montant de la subvention et sur les fonds nécessaires, les centrales n'ont pas été construites. L'idée était excellente, mais le problème, c'était l'argent.
M. Carten : J'aimerais vous répondre à ce sujet, si vous me le permettez. Je sais que M. Wilkinson est pressé. J'ai travaillé dans l'industrie énergétique, dans le secteur du pétrole et du gaz pendant des années. C'était l'une des industries les plus subventionnées en Amérique du Nord après le nucléaire. Les sables bitumineux d'aujourd'hui proviennent entièrement des énormes subventions du gouvernement fédéral dans le premier projet de Syncrude. L'intention du gouvernement était de réduire les coûts et, effectivement, les coûts ont baissé et donc c'était devenu plus économique. C'est le même genre de principe et le même genre d'engagement qui doit être pris dans les industries d'énergies renouvelables.
Le deuxième point, c'est qu'il y a un autre côté, autre que les émissions de GES et le coût de l'énergie. Dans les années 80, le Canada occupait la première place dans l'industrie éolienne. Il l'a perdue. Pour tout l'argent que nous donnons aujourd'hui à l'industrie éolienne, on peut entendre un grand bruit de succion en Allemagne et au Danemark alors qu'ils réinjectent cet argent dans leur pays. Nous n'avons plus d'entreprises qui fabriquent des éoliennes. Dans l'industrie solaire, nous pouvons encore jouer un rôle. Nous avons des entreprises qui fabriquent et qui exportent des produits. Nous avons des entreprises, comme la mienne, qui fabriquent des composants électroniques. Xantrex à Vancouver, qui fabrique aussi des composants électroniques, est une compagnie de classe internationale. Si vous pouvons aider l'industrie, nous pourrons être présents dans le marché. Sinon, nous ne serons qu'un spectateur comme nous le sommes aujourd'hui dans l'industrie éolienne. Nous avons l'occasion d'être présents dans l'industrie solaire aujourd'hui. Elle se trouve à une phase de développement qui nous permettra d'y jouer un rôle si nous intervenons maintenant. Dans le cas contraire, nous serons un spectateur.
M. Wilkinson : En ce qui concerne le coût de 40 000 $ mentionné par M. Carten, c'est une réalité de l'industrie solaire. Nos clients doivent payer à l'avance toute l'énergie que produira leur système. Au Québec ou en Ontario, où ce pourrait être de l'énergie nucléaire, les gouvernements et la population subventionnent la construction de cette centrale pour de nombreuses années. Je ne porte pas de jugement, mais je vous signale que nos clients doivent payer à l'avance alors que tous les autres payent au fur et à mesure.
Nous avons parlé à des membres du caucus du Bloc hier. Nous avons établi qu'il s'agissait d'une compétence provinciale, mais ce serait une bonne chose si les services publics seraient disposés à acheter des systèmes puis de louer cette énergie à la clientèle comme ils le font pour les ponts, les centrales thermiques alimentées au charbon et ainsi de suite.
C'est une réalité. Ce n'est peut-être pas l'endroit pour en parler, mais lorsque vous mentionnez un coût de 40 000 $...
Le sénateur Gustafson : Il ne fait aucun doute qu'il y a de la concurrence et il semble qu'elle est de plus en plus rude. Ceux qui travaillent dans les sables bitumineux vous diront qu'ils ont une ressource illimitée. Les gouvernements de l'Alberta et du Canada disent qu'ils veulent récupérer leur argent, ils soutiennent donc ce type d'énergie. Voilà ce que vous devez affronter.
Le sénateur Adams : J'étais électricien avant d'être sénateur. Aujourd'hui, nous payons les kilowatt-heures au Nunavut. Avant-hier, j'ai entendu dire que le coût de l'électricité augmentera de 30 à 40 p. 100. Je paie 45 cents le kilowatt. Les endroits commerciaux payent 47 cents.
Je pense que l'énergie solaire est la solution pour le Nunavut. J'y étais la semaine dernière. Les résidents de Grise Fjord m'ont invité cet hiver. J'ai demandé quel mois. Ils m'ont dit d'attendre jusqu'à ce qu'il fasse jour. Grise Fjord est plongée dans l'obscurité à cette époque de l'année. C'est tout à fait habituel. Entre avril ou mai et août ou septembre, il fait jour pratiquement 24 heures sur 24.
Je connais l'énergie solaire. Là-bas, il est normal d'avoir 30 ou 40 pieds de pergélisol. On trouve, dans certains endroits, des réservoirs de stockage qui permettent d'avoir un système d'eau chaude, et cetera. La majorité des résidents utilisent des systèmes de chauffage au mazout chez eux.
En plus du système de chauffage dans les maisons, une entreprise fabrique des bardeaux pour mieux isoler les maisons. Étiez-vous au courant?
M. Wilkinson : Oui.
Le sénateur Adams : Est-ce que la tuyauterie du système est en cuivre?
M. Wilkinson : Oui.
Le sénateur Adams : Vous avez parlé d'environ 40 000 $ pour installer un système. Il faudra que je réduise mon utilisation d'eau, car l'énergie solaire et le soleil sont absents. Avez-vous une idée du pourcentage de réduction? Cela pourrait réduire le chauffage d'eau chaude de 3 000 watts environ. Le chauffage à l'électricité est très cher. Avez-vous une idée du pourcentage de réduction de vos coûts?
M. Wilkinson : Environ 65 p. 100. Il est évident que ça ne fonctionnera pas quand il fait nuit pendant 24 heures.
Le sénateur Adams : Même aujourd'hui, nous avons des heures de clarté où j'habite à Rankin. La lumière du jour apparaît à environ 9 heures du matin et il commence à faire sombre aux alentours des 4 heures de l'après-midi.
Nous avons étudié l'énergie éolienne auparavant. Si je devais investir de l'argent pour alimenter la communauté avec de l'énergie éolienne, combien d'années faudra-t-il pour récupérer l'investissement? Aujourd'hui, nous avons une éolienne de 60 kilowatts à Rankin.
J'étais à Montréal il y a un mois. J'ai parlé à la personne qui a installé l'éolienne de 60 kilowatts à Rankin et en un an, il a réduit la consommation de 140 000 kilowatts. On m'a dit que l'installation d'un générateur de 60 kilowatts coûtait 100 000 $. Si je facturais 45 cents le kilowatt, je pourrais peut-être faire un profit. Combien d'années faut-il pour récupérer l'investissement?
M. Carten : Deux ans. La période de récupération est incroyable.
Le sénateur Adams : Il y a 10 ans, on a dit au comité qu'il faudrait 20 ans.
La Nunavut Power Corporation ne paie pas pour les kilowatts-heures.
M. Carten : Elle ne paye pas le prix de détail.
Le sénateur Adams : Elle paie un pourcentage. Si le générateur coûte un certain montant en un an, et si vous réduisez de 10 p. 100 par année, elle vous paie les 10 p. 100. C'est le système de la Nunavut Power Corporation. Deux ans, ce n'est pas mal pour le coût d'une éolienne.
La vice-présidente : Il faut que votre investissement commence de suite.
[Français]
Le sénateur Lavigne : Vous dites qu'on sauve 65 p. 100 du coût d'électricité ou de chauffage à l'intérieur d'une maison?
M. Wilkinson : Pour l'eau chaude.
Le sénateur Lavigne : Ce qui veut dire que je peux avoir mon système d'eau chaude dans la maison adjacent au système qui va chauffer la maison?
M. Wilkinson : Oui, mais quand on parle d'eau chaude, c'est un système différent de celui qui va chauffer la maison. Ce n'est pas la même chose.
Le sénateur Lavigne : Si cela coûte 5 000 $ par année pour chauffer une maison, est-ce que je vais sauver 65 p. 100 de ce montant?
M. Wilkinson : Non. Je peux vous montrer avec le tableau que la charge énergétique pour la maison pour le chauffage d'eau est d'environ 14 à 16 p. 100. Un système solaire peut sauver 65 p. 100 de cette charge, alors sept à huit p. 100 pour le coût total de la maison.
Le sénateur Lavigne : Si un système me coûte 40 000 $ pour une maison normale, combien cela va prendre d'années pour repayer mon système?
[Traduction]
M. Carten : C'est une question complexe, mais je comprends pourquoi vous la posez.
Le sénateur Lavigne : Je veux savoir le nombre d'années qu'il faut pour récupérer mon argent.
M. Carten : Cela dépend de ce que vous payez en électricité. Vous déplacer de l'électricité. Si vous payez 11 cents...
Le sénateur Lavigne : Savez-vous ce que coûte aujourd'hui l'électricité d'Hydro-Québec?
M. Carten : À Nunavut, elle coûte 45 cents. En Alberta, elle coûte 10 ou 11 cents. Les coûts varient. Au Québec, c'est 7 cents.
Le sénateur Lavigne : À combien me reviendrait l'installation d'un système solaire sur le toit de ma maison au Québec?
M. Carten : Il faudrait probablement 10 ou 12 ans pour récupérer votre investissement. M. Wilkinson a soulevé un point important.
Combien d'années faut-il pour récupérer un investissement d'un projet hydroélectrique à ces prix? Combien d'années faut-il pour récupérer l'investissement d'un projet de centrale nucléaire à ces prix? Nous avons un système de réglementation qui permet le financement de ces projets par la population au moyen de la tarification. Étant donné que l'énergie solaire est une technologie qui touche les hommes et qui est basée sur la propriété individuelle, si vous et moi l'utilisons, il faudra que nous la récupérerions sur sept ou huit années alors que les entreprises peuvent la récupérer sur 25 ans. Voilà où est le fossé et le gouvernement peut faire quelque chose pour le combler.
[Français]
Le sénateur Lavigne : Combien de temps dure un système d'eau solaire?
M. Wilkinson : C'est dix ans de garantie légale.
Le sénateur Lavigne : Avec une garantie?
M. Wilkinson : Une garantie pour les capteurs. J'imagine que pour la vie estimée du système c'est 20 ou 25 ans.
Le sénateur Lavigne : Le revêtement est en aluminium ou en cuivre?
M. Wilkinson : Oui, la seule composante qui devra être changée dans ce système comme dans un chauffe-eau conventionnel domestique, c'est le réservoir qui sera remplacé tous les cinq à dix ans.
Le sénateur Lavigne : Une durée d'à peu près dix à 15 ans.
M. Wilkinson : C'est pareil avec un système conventionnel. Les composantes conçues pour un système à eau chaude solaire, c'est 20 ou 25 années.
[Traduction]
Le sénateur Gustafson : Cela peut paraître intéressé, mais à Estevan, en Saskatchewan, le charbon émet moins de gaz que la plupart des charbons. Le Saskatchewan pourrait être l'endroit idéal pour l'énergie solaire en raison de la lumière du soleil disponible. C'est tout ce que j'ai à dire.
Le sénateur Finnerty : Est-ce que les services publics et les organismes de réglementation provinciaux sont généralement favorables aux systèmes d'énergie solaire? Permettent-ils la facturation nette?
M. Wilkinson : Si vous avez un moment de libre plus tard dans la journée, vous pourrez peut-être assister à une présentation de ce que B.C. Hydro fait, car c'est un modèle pour le reste du pays. J'ai fait une demande à Hydro- Québec pour installer un système connecté au réseau sur ma maison. Cela me coûtera environ 4 000 $ et 5 000 $ de plus pour le même compteur bidirectionnel que B.C. Hydro installerait gratuitement. Ces coûts sont en sus du coût de l'équipement.
M. Carten : De manière générale, les services publics résistent plus ou moins au changement. Des services publics comme B.C. Hydro et Detroit Edison aux États-Unis sont favorables au changement, mais en général les services publics résistent au changement. En partie, c'est parce que la production d'énergie ne leur appartient plus; c'est le citoyen moyen qui en est propriétaire. Donc, cette production est aujourd'hui alimentée dans le système à partir de l'extérieur. Depuis toujours, les services publics s'étaient accoutumés à un système appartenant à l'exploitant. Il y a aussi le fait que les grandes entreprises résistent habituellement aux changements. Par exemple, nous avons longtemps débattu des normes relatives à l'interconnexion de l'énergie solaire au réseau alors qu'en Allemagne, en Californie et au New Jersey, on en fait par centaines de milliers. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi nous devions débattre de ce sujet. L'interconnexion est le produit que nous fabriquons, il est conforme à une norme précise et hautement sophistiquée pour pouvoir l'utiliser en Californie. Nous pouvons faire la même chose au Canada sans autant de problèmes.
La vice-présidente : Comment pouvons-nous nous brancher sur le réseau électrique? Est-ce facile?
M. Carten : Il est difficile de mettre au point la technologie pour faire cela. C'est ce qui m'a empêché de faire fortune pendant longtemps. Il est difficile de le faire bien et efficacement à faible coût. Le produit existe et c'est essentiellement un produit de consommation puisqu'on l'installe et qu'il fonctionne. Le travail de notre compagnie est de s'assurer que les composants à l'intérieur fonctionnent afin que vous n'ayez qu'à le brancher. C'est facile à faire.
La vice-présidente : B.C. Hydro peut offrir ce service gratuitement, mais en Ontario, au Québec ou au Canada atlantique, ça coût les yeux de la tête. Est-ce vrai?
M. Carten : C'est la vieille mentalité des gros services publics : tout changement en matière d'énergie constitue un gros problème. Ils préféreraient de loin que cela n'arrive jamais. Partout dans le monde — et nous pourrions bien être le seul pays dans le monde libre à ne pas avoir la facturation nette —, les services publics achètent l'électricité que vous produisez au prix de détail. Au Canada, ils veulent acheter cette électricité au prix du gros. B.C. Hydro a adopté le système de facturation nette et l'Ontario commence à l'utiliser. C'est l'assise même de l'utilisation de l'énergie solaire pour produire de l'électricité.
Le sénateur Christensen : Est-ce que les services d'électricité des provinces ne sont pas dépendants de leur capacité à croître? En Colombie-Britannique, on fait face à des problèmes parce que la plus grande partie de l'énergie provient de l'hydro-électricité et que l'on n'a pas cette capacité. On essaie de réduire l'utilisation et, de ce fait, on encourage les gens à utiliser d'autres formes d'énergie. Au Québec, l'hydro-électricité est disponible en grande quantité et à un faible coût, c'est pourquoi on veut l'utiliser le plus possible.
M. Carten : C'est une partie. Une autre partie qui est presque aussi importante est la question des pannes d'électricité localisées. Le problème grave auquel doit faire face l'industrie de l'électricité dans la région centrale du Canada et aux États-Unis est l'infrastructure du réseau. Chaque année, l'utilisation de l'électricité connaît une augmentation composée de 4 à 5 p. 100. Le réseau est vieux et en piteux état. Lorsque vous poussez plus d'énergie dans le système dans une direction, il saute. C'est ce qui est arrivé l'été dernier. L'énergie solaire diminue la pression sur le réseau. C'est en partie l'absence de la capacité de génération, mais c'est aussi en grande partie l'absence de capacité de transmission. La technologie de l'énergie solaire peut soulager la pression sur le réseau et faire économiser beaucoup d'argent au chapitre des investissements qu'il faut faire dans le réseau.
M. Wilkinson : À Montréal, au cours de la dernière année, il y a eu un débat assez important concernant la construction d'une usine de cogénération de 750 mégawatts pas très loin, à vol d'oiseau, de chez-moi. L'usine qu'Hydro-Québec voulait bâtir était nécessaire parce que l'entreprise n'est pas en mesure de construire des barrages hydro-électriques dans un court laps de temps. Ainsi, le choix qui s'offrait à elle était l'achat d'une grande usine de GE qui pouvait produire l'équivalent de 630 000 Civic de Honda dont le moteur tourne au ralenti 24 heures par jour, 365 jours par année, dans le sud-ouest de Montréal. C'est à ce genre de situation que de nombreux grands centres urbains en Amérique du Nord doivent faire face. Nous ne nous attendons pas à ce que l'énergie solaire ou éolienne soit une réponse à tout; ce n'est pas la fusion froide. En ce qui concerne l'efficacité énergétique visant à réduire les besoins et l'utilisation des énergies renouvelables en période de pointe, l'énergie solaire se marie très bien avec la demande de pointe partout au pays. Elle élimine la nécessité de produire une nouvelle capacité. Nous voyons de plus en plus d'appareils efficaces au plan énergétique sur le marché. Bien que la demande soit à la hausse, nous voyons certains gains d'efficacité parce que les gens remplacent les vieux appareils. Néanmoins, comme l'a signalé M. Carten, il y a une croissance composée dans la demande d'énergie. Ce matin, nous demandions aux sénateurs de porter ce message plus loin. Grâce à l'appui du gouvernement, nous pourrions, en fait, apporter une solide contribution en matière de besoins énergétiques.
Nous ne sommes pas ici pour dire : « Plus de pétrole. » Nous disons : « Essayons de réduire la consommation d'une manière pratique et rentable. »
La vice-présidente : J'ai une dernière question. Avez-vous un groupe à l'échelle nationale? Avez-vous un organisme national qui représente tous les gens dans le domaine de l'énergie solaire? Avez-vous fait des représentations auprès du gouvernement au sujet de la nécessité de l'énergie hélio-électrique et au sujet de ce que vous nous avez dit aujourd'hui?
M. Carten : Nous avons écrit à des ministres, oui.
La réponse aux deux questions est oui. Nous avons l'Association des industries solaires du Canada, qui tient sa conférence annuelle ici à Ottawa cette semaine. Nous utilisons cette occasion pour conscientiser davantage les législateurs, comme vous, sur cette industrie, sur la technologie et sa valeur, de sorte que nous puissions avoir davantage d'appui. D'autres ministères ont leurs clientèles également, comme l'industrie pétrolière, alors, en fait, nous travaillons avec autant de gens que nous le pouvons pour les aider à comprendre la valeur de l'industrie et des technologies.
La vice-présidente : Merci beaucoup.
Le sénateur Adams : Je veux revenir sur la question de la subvention.
Vous dites que le gouvernement n'a pas de politique pour savoir s'il va continuer à aider les gens à essayer de réduire leur consommation d'énergie. Dans mon coin de pays, la Nunavut Power Corporation perd des millions de dollars par année. Si vous continuez à trouver des gains d'efficacité pour réduire la consommation d'énergie, pensez-vous que le gouvernement devrait avoir une politique? De cette façon, vous n'aurez pas à faire face à des faillites dans l'avenir. Devrait-il y avoir une politique permanente?
M. Carten : Une des recommandations clés est une stratégie.
Le sénateur Finnerty : Je pense qu'il faut faire un effort pour informer le public et l'aider à comprendre les économies qu'il peut réaliser s'il s'engage dans cette voie. Dans les années 80, nous avons économisé beaucoup sur le chauffage de notre piscine intérieure en installant des panneaux sur le toit. Lorsque vous déménagez et que vous achetez une nouvelle maison, vous oubliez.
Nous devons remettre l'accent sur cette question. Peut-être devrions-nous inviter le ministre à venir en discuter avec nous.
La vice-présidente : Nous aurons la visite du ministre Dion.
À titre de présidente, je veux vous remercier. La rencontre a été très intéressante. Vous nous avez forcés à réfléchir, ce qui est également important. Nous allons poser certaines questions sur l'énergie solaire au ministre. Je ferai part de toute cette question au président du comité à son retour.
Merci beaucoup.
La séance est levée.