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TRCM - Comité permanent

Transports et communications

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Transports et des communications

Fascicule 22 - Témoignages du 18 octobre 2005


OTTAWA, le mardi 18 octobre 2005

Le Comité sénatorial permanent des transports et des communications se réunit aujourd'hui, à 9 h 35, pour examiner l'état actuel des industries de médias canadiennes; les tendances et les développements émergents au sein de ces industries; le rôle, les droits et les obligations des médias dans la société canadienne; et les politiques actuelles et futures appropriées par rapport à ces industries.

Le sénateur David Tkachuk (vice-président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Nous avons le quorum. La séance est ouverte. J'aimerais souhaiter à nos témoins, ainsi qu'aux personnes qui nous regardent à la télévision, la bienvenue aux audiences du comité sur l'état des médias d'information canadiens et le rôle de la politique publique que nous essayons de définir ici, sujet sur lequel nous nous sommes penchés au cours de l'année dernière.

J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui des représentants de Magazines Canada, une association nationale à but non lucratif qui représente les magazines canadiens partout au pays. Ses membres touchent toute une gamme de sujets : sports, arts, culture, style de vie, et cetera. Quiconque a un magazine peut se joindre à l'association.

Nous sommes accompagnés aujourd'hui de Jim Everson, directeur général des affaires publiques de Magazines Canada, et de John Thomson, qui est devant nous dans le fauteuil du témoin. M. Everson sera assis à notre droite. Nous recevrons également aujourd'hui Mme Sylvaine Gombert, ancienne membre du conseil d'administration de Magazines Canada.

John L. Thomson, directeur général et éditeur, Canadian Geographic, Magazines Canada : Merci d'avoir invité Magazines Canada à faire part de son point de vue et de ses recommandations au Comité sénatorial permanent des transports et des communications dans le cadre de l'examen des industries des médias du Canada et du rôle que joue la politique publique pour que les médias canadiens d'information demeurent vigoureux, indépendants et diversifiés.

J'aimerais tout d'abord vous parler un peu de Magazines Canada, avant d'aborder les questions qui intéressent actuellement le comité. Je parlerai plus précisément de l'état actuel des magazines au Canada, les défis qui nous guettent et le type de politique publique qui, de l'avis de Magazines Canada, aiderait l'industrie à relever ces défis.

Magazines Canada, qui s'appelait autrefois l'Association des éditeurs de magazines canadiens, est la principale association de magazines au Canada, représentant environ 90 p. 100 de tous les magazines d'intérêt général à diffusion payée. Les magazines membres couvrent toute une gamme de sujets : les affaires, l'actualité, la politique, les sports, les arts, la culture, les loisirs, les modes de vie et l'environnement, pour n'en nommer que quelques-uns.

Le Canada peut compter sur une industrie du magazine à la fois vigoureuse et culturellement riche, qui propose plus de 2 300 titres et distribue plus de 777 millions d'exemplaires par année. Le secteur emploie plus de 9 400 personnes à temps plein et à temps partiel, auxquelles s'ajoutent 5 000 rédacteurs, réviseurs, photographes, concepteurs, illustrateurs et artistes à la pige.

Le secteur génère un revenu de plus de 1,5 milliard de dollars, contribuant ainsi de façon importante à la croissance économique du Canada. L'industrie canadienne du magazine est un secteur du savoir qui réunit une main-d'œuvre hautement qualifiée, y compris des réviseurs, des rédacteurs, des artistes, des photographes, des directeurs artistiques, des cadres et des gestionnaires.

De plus, l'impression et la distribution des magazines génèrent des revenus importants dans d'autres secteurs canadiens. Au total, l'industrie dépense plus de 1,4 milliard de dollars au Canada.

Toutefois, en raison de la concurrence féroce dans les prix qu'exercent les titres étrangers tant pour la vente au détail que les abonnements, de la concurrence des autres médias canadiens pour la publicité et, de plus en plus, du tirage par moitié des magazines étrangers, les profits de l'industrie canadienne du magazine sont très modestes, soit de 6 à 8 p. 100, selon Statistique Canada. Peu importe leur taille, les magazines canadiens sont donc vulnérables aux moindres changements ou revers dans le marché de la publicité et aux changements de politiques et de programmes gouvernementaux.

Concernant l'état actuel de l'industrie canadienne du magazine, il y a trois choses importantes que j'aimerais souligner.

En premier lieu, les Canadiens aiment les magazines canadiens et le contenu canadien. Dans un environnement difficile et compétitif où les produits américains abondent, les magazines canadiens, mieux que tout autre produit culturel, continuent de présenter le point de vue canadien aux Canadiens. Ils représentent environ 41 p. 100 de tous les magazines lus au Canada, contrairement aux films canadiens qui occupent 3 p. 100 du temps d'écran. La différence est énorme.

Par ailleurs, 92 p. 100 des Canadiens sont d'avis que les magazines canadiens jouent un rôle important en informant les Canadiens sur leurs concitoyens; 88 p. 100 estiment qu'il importe qu'un magazine ait un contenu rédactionnel créé spécialement pour les Canadiens; 90 p. 100 disent que les publications américaines ne traitent pas efficacement des enjeux canadiens.

Aujourd'hui, plus de 90 p. 100 du contenu des magazines canadiens est créé par des Canadiens, et 99 p. 100 des magazines publiés au Canada sont sous contrôle canadien. En moyenne, plus de 80 p. 100 du contenu est rédigé par des Canadiens et près de 400 000 pages de contenu rédactionnel original sont écrites chaque année.

Avoir accès aux points de vue canadiens par le truchement des magazines continue d'être extrêmement important pour les Canadiens. De plus, cet accès appuie directement les objectifs culturels du gouvernement du Canada, qui consistent à relier les Canadiens les uns aux autres et à garantir qu'il existe un choix de contenu canadien abordable partout au pays.

En deuxième lieu, j'aimerais souligner que le monde du magazine au Canada est à la fois diversifié et accessible. Publier un magazine est une activité d'entrepreneuriat à laquelle on peut s'adonner sans trop d'obstacles, ce qui permet la publication de magazines dans toutes les régions du pays.

En fait, plus des deux tiers des membres de Magazines Canada sont de petites publications indépendantes ayant un tirage de moins de 10 000 exemplaires. C'est dans ces petites et moyennes publications que la riche diversité canadienne s'exprime le mieux. Pour presque toutes les aires d'intérêt, il existe un petit magazine qui raconte les faits, que ce soit sur l'art inuit, l'élevage de chevaux, les affaires canadiennes ou encore la diversité elle-même.

Les petits magazines donnent une voix essentielle aux communautés d'intérêts minoritaires. Nombre de magazines s'adressent principalement aux nouveaux Canadiens, les informent des développements mondiaux et établissent un pont entre leurs expériences passées et leur nouvelle patrie canadienne.

Parce que le monde des magazines est un secteur ouvert, l'industrie est très accessible à tous les éditeurs et rédacteurs potentiels intéressés à faire valoir des intérêts, des styles de vie et des renseignements nouveaux. En fait, le nombre de titres canadiens continue de croître, offrant toujours plus de choix aux lecteurs et profitant du développement des magazines de petite et de moyenne taille.

Le nombre de magazines canadiens est passé d'à peine 660 en 1960 à 1 500 au milieu des années 90, puis à 2 300 en 2004.

En troisième lieu, j'aimerais souligner que l'industrie du magazine cultive une grande diversité d'idées, de perspectives et de points de vue. Sans les contraintes de temps que connaît le monde de la radiodiffusion, par exemple, les magazines peuvent approfondir davantage divers sujets et d'importantes questions d'actualité tout en étant plus à jour que les livres. Les magazines fournissent une analyse plus en profondeur et un contenu informé et bien étayé. Très souvent, ces publications ont pour objectif d'éclairer des débats et d'encourager le dialogue entre les Canadiens. Même si bon nombre de ces magazines n'ont pas une vaste diffusion, ils continuent de se développer et de se multiplier dans le marché bruyant, fragmenté et concurrentiel des médias.

Dans une perspective d'avenir, nos membres visent à accaparer 50 p. 100 du marché canadien du magazine. Les magazines canadiens prendront donc des mesures plus énergiques dans les kiosques à journaux, en achetant l'espace occupé par les publications étrangères pour devenir ainsi plus accessibles. Cet objectif ambitieux ne peut être atteint qu'en partenariat avec le gouvernement et qu'avec l'appui de politiques culturelles réfléchies, dont je vais vous parler plus en détail dans quelques minutes.

Concernant les défis que doit relever l'industrie, le plus important est, de loin, la forte concentration des magazines états-uniens dans les kiosques à journaux canadiens. Pour vous situer un peu plus en contexte, pensez à ceci : le Canada est un marché ouvert aux magazines états-uniens. Nous sommes un grand public anglophone, instruit et à l'aise, voisin d'un public déjà servi aux États-Unis. Si vous tenez compte de la circulation facile du matériel culturel, de la langue et des intérêts communs dans la majeure partie de l'Amérique du Nord, de l'envergure et de l'énorme influence de l'industrie du divertissement des États-Unis, vous pouvez commencer à comprendre les effets de l'écrasante présence étrangère dans les kiosques à journaux canadiens, où les magazines états-uniens représentent 95 p. 100 des ventes de publications de langue anglaise, ce qui est stupéfiant.

Nous avons remarqué dans le rapport provisoire du comité que des représentants de Rogers Publishing et Médias Transcontinental vous ont parlé de l'importance du Programme d'aide aux publications, le PAP, et du Fonds du Canada pour les magazines. Magazines Canada aimerait redire à quel point ces deux programmes sont essentiels au succès du secteur canadien du magazine.

Le Programme d'aide aux publications permet de relever le défi que pose la géographie du Canada. Il revêt une importance vitale pour l'industrie puisqu'il garantit aux Canadiens un accès à des magazines canadiens abordables partout au pays. Autrement dit, il permet d'offrir des abonnements aux magazines canadiens à des prix concurrentiels par rapport aux publications étrangères avec des structures de coût beaucoup moins élevées.

Produire un magazine canadien de qualité est une chose, mais c'en est une autre de le transporter de l'imprimerie jusqu'à la porte des Canadiens répartis sur l'immense territoire de notre pays et ce, à un prix abordable pour le consommateur. Le maintien d'un système de distribution efficace et abordable des magazines canadiens continue d'être vital pour l'industrie du magazine.

Nous sommes également d'accord avec Brian Segal, de Rogers Publishing, qui a comparu devant votre comité en octobre 2003 et a dit que le PAP représentait l'une des politiques culturelles canadiennes les plus efficaces. C'est encore le cas aujourd'hui. Le Programme d'aide aux publications est axé sur le marché et contribue à créer une industrie plus forte et plus concurrentielle. Le programme est conçu de telle sorte qu'un éditeur doit avoir un contrat prépayé d'abonnement avec un lecteur avant de livrer le magazine. Les subventions sont versées seulement lorsque le revenu est garanti, ce qui signifie que chaque cent octroyé vise à rendre abordable un abonnement que les Canadiens ont d'abord choisi d'acheter avec leur propre argent. Du point de vue de l'économie et de la productivité, le Programme d'aide aux publications est très efficace et aide le secteur du magazine à pousser sa propre performance et à chercher à accroître les recettes issues de son tirage.

La solide croissance du secteur du magazine au cours des 30 dernières années est attribuable en grande partie à des programmes comme le PAP, qui assure un environnement d'affaires prévisible et soutenu, façonné par la politique et les programmes du gouvernement fédéral. Durant cette période, les magazines canadiens ont été en mesure de doubler leur part du lectorat canadien, qui est passé de 20 p. 100 à plus de 40 p. 100.

Or, Magazines Canada est extrêmement inquiet de voir que le Programme d'aide aux publications est actuellement en péril. En fait, le programme est en situation de crise, parce que son budget est fixe depuis de nombreuses années, même si les coûts postaux ont connu des hausses annuelles maintes fois plus fortes que celles du coût de la vie. En fait, les frais postaux pour un magazine de taille moyenne ont plus que doublé au cours des cinq dernières années seulement. Les éditeurs canadiens ont donc encore plus de difficulté à maintenir la viabilité de leurs produits et les plus petits éditeurs pourraient bien ne plus être compétitifs sur le marché canadien.

[Français]

Mme Sylvaine Gombert, à titre personnel : Aujourd'hui, 59 p. 100 des magazines vendus au Canada sont étrangers et majoritairement américains. C'est un marché rentable pour nos voisins et il est facile de distribuer au Canada le même produit qui a été conçu pour le marché américain. La taille de leur marché leur permet d'importantes économies d'échelle.

Il est difficile pour l'éditeur canadien de concurrencer un tel géant sans un soutien gouvernemental. Il suffit d'aller dans un kiosque à journaux pour constater la place qu'occupent les magazines étrangers, plus particulièrement les magazines américains.

L'espace n'est pas élastique et le petit magazine ne sera pas retenu par le distributeur parce qu'il n'est pas suffisamment rentable par rapport au magazine américain qui vend beaucoup plus. De plus, le petit éditeur n'aura pas les moyens de se payer les frais de mise en place en kiosque.

Le magazine américain représente 95 p. 100 des ventes. Toutefois, si on regarde du côté des abonnements aux magazines, le ratio est différent. En fait, 70 p. 100 des abonnements vendus au Canada sont des abonnements à des magazines canadiens et c'est en grande partie grâce au Programme d'assistance aux publications. Cette subvention permet aux éditeurs canadiens, grands et petits, de vendre leurs magazines à travers le pays à des prix concurrentiels. Et ce portefeuille d'abonnés pour chaque magazine est nécessaire à la survie de beaucoup de petits magazines.

Magazines Canada insiste sur le fait que le Programme d'assistance aux publications est nécessaire à l'industrie des magazines canadiens. Il garantit aux lecteurs canadiens une presse canadienne abordable, de qualité, et qui répond à leurs intérêts.

Brian Segal l'a d'ailleurs souligné lorsqu'il a comparu devant ce comité. Le Programme d'assistance aux publications représente l'un des outils les plus efficaces de la politique culturelle canadienne. Or, ce programme d'assistance est actuellement remis en cause par l'augmentation régulière de tarifs postaux et il devient difficile pour les petits éditeurs de rester rentables. Leur survie est menacée.

En conséquence, nous recommandons une augmentation de l'investissement public dans le Programme d'assistance aux publications de façon à assurer une distribution efficace et à prix abordable des magazines canadiens à travers le pays.

Nous recommandons aussi l'établissement de règles claires ne permettant pas des changements sans une période de préavis suffisante pour composer avec ces changements. Tout cela est dans l'intérêt des éditeurs canadiens, qu'ils soient grands ou petits.

[Traduction]

M. Thomson : Nous recommandons fortement que le gouvernement investisse davantage dans le Programme d'aide aux publications pour favoriser la compétitivité et l'accès abordable aux magazines canadiens partout au pays.

Le Fonds du Canada pour les magazines, ou FCM, est l'autre programme d'une importance vitale pour l'industrie canadienne du magazine. Il s'agit d'un programme crucial qui aide les magazines à produire un contenu rédactionnel concurrentiel et de qualité. Les magazines américains qui ont un libre accès au marché canadien n'ont pas à payer le prix fort qu'exige la production d'un contenu rédactionnel canadien. Les budgets consacrés à la rédaction sont, par page, beaucoup plus élevés que ceux de leurs concurrents canadiens. Pourtant, à cause des économies d'échelle et des vastes marchés intérieurs, les budgets de rédaction des Américains représentent un plus faible pourcentage des coûts totaux, par rapport à ce que l'on trouve au Canada, ce qui laisse encore plus d'argent pour un marketing plus énergique et permet de tirer des profits appréciables.

Cet environnement hautement compétitif, auquel s'ajoutent des hausses constantes et importantes des frais postaux, incite les magazines canadiens à réduire les dépenses consacrées à la rédaction, soit l'un des coûts non fixes qu'un éditeur peut réduire. Or, une telle mesure ne serait certainement pas dans le meilleur intérêt des Canadiens, qui ont exprimé très clairement le désir et le besoin de lire un contenu canadien pertinent.

Le Fonds du Canada pour les magazines est aussi primordial pour la vitalité et la croissance des magazines à faible diffusion puisqu'il leur assure un soutien financier qui leur permet d'attirer de nouveaux abonnés et de se faire connaître.

Qui plus est, le Fonds du Canada pour les magazines atteint les objectifs pour lesquels il a été conçu. En effet, le contenu canadien représente 93 p. 100 des magazines qui reçoivent l'appui du fonds.

Concernant l'avenir de l'industrie canadienne du magazine, j'ai mentionné un peu plus tôt que Magazines Canada s'était fixé un but atteignable, mais ambitieux : celui d'accaparer 50 p. 100 du marché des magazines au Canada.

J'ai dit également que pour atteindre cet objectif, l'industrie du magazine devra adopter une approche plus énergique dans les kiosques à journaux et rendre les magazines canadiens plus accessibles. Nous ne pourrons reprendre notre place dans les kiosques à journaux et dans les boîtes aux lettres que si nous agissons en partenariat avec le gouvernement fédéral et que si nous avons l'appui d'une politique culturelle réfléchie, qui comprend un investissement accru dans le Programme d'aide aux publications et un engagement renouvelé envers le Fonds du Canada pour les magazines.

Le PAP et le FCM connaissent tous deux un immense succès, comme nous le montre bien l'exemple suivant : devant l'un des compétiteurs les plus féroces du monde, les magazines canadiens continuent de surpasser les publications américaines au chapitre de l'augmentation du nombre de pages. Seulement huit titres américains ont réussi à s'inscrire dans la liste des 100 meilleurs vendeurs au Canada et le rayonnement des États-Unis est en déclin. La raison en est que de plus en plus de grands titres canadiens continuent d'émerger et de se développer. Chose encore plus importante, les magazines canadiens sont les seuls à avoir un contenu rédactionnel pertinent pour les Canadiens. Il est clair que les politiques et les programmes fédéraux à l'intention des magazines donnent de bons résultats. Ces programmes doivent être maintenus et améliorés, et non le contraire.

Le Programme d'aide aux publications et le Fonds du Canada pour les magazines profitent bien sûr aux plus importants éditeurs de magazines du Canada. Il importe de se rendre compte que ces éditeurs ont bien peu de poids dans l'océan de l'édition américaine. Chacun des cinq plus grands éditeurs américains est, à lui seul, plus gros que l'ensemble de l'industrie canadienne du magazine. Chose encore plus importante, les programmes du gouvernement sont essentiels à la survie des petits magazines, qui représentent plus des deux tiers des membres de Magazines Canada.

Nous parlons d'investissements qui non seulement stimulent la performance du secteur du magazine, mais contribuent également à accroître les revenus au Canada. Dans le cas du Programme d'aide aux publications, il s'agit d'une subvention qui produit de l'argent. Dans le cas du Fonds du Canada pour les magazines, il s'agit d'un investissement qui appuie directement les objectifs culturels du gouvernement, qui soutient les créateurs de contenu et qui contribue à transmettre l'information à la manière des Canadiens. Il permet aussi aux Canadiens de partager leurs divers points de vue et de garantir que toutes les voix ont une tribune où se faire entendre.

La vitalité et le développement du secteur canadien du magazine profitent au Canada et profitent aux Canadiens qui veulent et qui doivent avoir accès aux perspectives, à l'information, aux produits et aux services canadiens. C'est par cette vitalité et ce développement que les magazines canadiens peuvent continuer d'être l'expression de la diversité culturelle canadienne ainsi que des intérêts et des points de vue variés qui lui sont propres.

Les programmes du gouvernement du Canada ont joué un rôle essentiel en favorisant l'extraordinaire diversité des nouvelles, des points de vue et des opinions que l'on trouve aujourd'hui dans les magazines du Canada. Dans une perspective d'avenir, ils seront encore inestimables pour soutenir la vitalité et la diversité toujours plus grande des magazines canadiens.

Nous remercions le comité pour le temps qu'il nous a donné aujourd'hui et nous serons ravis de répondre à vos questions.

Le vice-président : J'ai oublié de mentionner dans ma présentation que M. Thomson est le directeur général et l'éditeur en chef du Canadian Geographic.

[Français]

Le sénateur Chaput : Magazines Canada, si je comprends bien, représente plus de 300 magazines et compte présentement environ 2 000 titres. Dans l'industrie canadienne de la revue, les magazines qui ne sont pas parmi ces 300 membres sont-ils des magazines d'actualité? De quel genre de magazine s'agit-il?

Mme Gombert : Ce sont des magazines qui ne s'adressent pas directement aux consommateurs mais plutôt des revues spécialisées ou des magazines mis en libre publication.

Le sénateur Chaput : Des 300 magazines membres de Magazines Canada, quel pourcentage diriez-vous sont des magazines par abonnement, et est-ce que ces magazines sont offert également en kiosques?

Mme Gombert : Tous sont vendus par abonnement et en kiosques.

M. Thomson : Le pourcentage se situe entre 80 et 95 p. 100.

Mme Gombert : Donc, 90 p. 100 sont vendus en kiosques et par abonnement. On ne connaît pas exactement la part des abonnements sauf de dire que 70 p. 100 des abonnements au Canada sont à des magazines canadiens.

Le sénateur Chaput : Ma dernière question est la suivante. L'objectif de 50 p. 100 de la part du marché des magazines au Canada est un objectif des plus valables. Quelles seraient, d'après vous, les actions que vous devriez entreprendre le plus tôt possible pour atteindre cet objectif?

Mme Gombert : Le PAP est nécessaire pour le développement des abonnements.

[Traduction]

M. Thomson : Nous espérons travailler en partenariat avec le gouvernement, par l'entremise du Fonds du Canada pour les magazines, en vue d'accaparer une plus grande part du marché des kiosques à journaux. Au cours des dernières années, nous avons mené quelques programmes d'essai grâce à un partenariat entre le Fonds du Canada pour les magazines et les membres de Magazines Canada qui ont permis d'accroître le marketing et notre part du marché. Nous aimerions faire davantage, et c'est pourquoi nous croyons que le Fonds du Canada pour les magazines est important et doit être renforcé.

[Français]

Mme Gombert : La qualité des magazines peut également favoriser les ventes.

[Traduction]

Le sénateur Munson : Vous venez juste de dire que vous souhaitez obtenir une plus grande part du marché, mais il suffit d'entrer dans des magasins de journaux le samedi ou le dimanche matin pour constater à quel point ils sont saturés de magazines américains, de revues de bas étage et d'autres trucs de ce genre. Avec ou sans cette subvention, comment procédez-vous pour faire en sorte que ces centaines de vendeurs de journaux accordent une place de choix à Canadian Geographic, par exemple? Dans un marché libre fondé sur l'entrepreneuriat, c'est ce genre de clinquant qui semble fonctionner. Il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour voir la proportion de titres provenant des États-Unis. Je ne sais vraiment pas comment vous allez pouvoir en arriver à votre objectif de 50/50 dans les circonstances actuelles.

M. Thomson : Je veux tout d'abord préciser que nous avons une part de 41 p. 100 du lectorat parce que nous détenons environ 80 p. 100 du marché des abonnements. Ce marché est d'ailleurs le bastion traditionnel des magazines canadiens. Les gens nous découvrent souvent dans les présentoirs, mais ils nous demeurent fidèles en s'abonnant. Le Programme d'aide aux publications nous permet d'offrir nos abonnements à un tarif compétitif par rapport aux magazines américains.

Dans les stands de langue anglaise, les titres américains comptent pour 90 p. 100 du chiffre d'affaires. Dans la plupart des cas, les magazines ont payé pour leur place sur le présentoir. Ils ont des couvertures tape-à-l'œil, bien que les magazines canadiens ne s'en laissent pas imposer à ce chapitre. Ils louent véritablement cet espace sur les présentoirs. Ils louent également les présentoirs disposés près des caisses des supermarchés. Ils paient pour que leurs magazines y soient placés. Comme ils disposent de marges bénéficiaires beaucoup plus considérables que les magazines canadiens et qu'ils appartiennent à des consortiums beaucoup plus importants et dotés d'un pouvoir d'achat supérieur, ils peuvent se payer davantage de places sur les présentoirs et des emplacements plus intéressants, par rapport à ce que peuvent normalement se permettre les magazines canadiens. C'est à ce titre qu'il y a une possibilité d'améliorer les choses, en établissant des partenariats au sein même de l'industrie ainsi qu'entre l'industrie et le gouvernement du Canada.

Il faut également bien comprendre que Magazines Canada offre un service de distribution subventionné aux petits magazines qui sont membres de l'association. Les plus grands magazines qui font partie de Magazines Canada assument une part disproportionnée des coûts de l'association. L'un des plus importants services offerts par l'association est la distribution ciblée des petits magazines, de telle sorte que les points de vue diversifiés de nos 300 membres puissent se retrouver dans les kiosques à journaux, les librairies et les autres détaillants spécialisés, dans tous ces endroits où les gens peuvent trouver différentes choses.

La distribution est rendue possible par les efforts coordonnés de l'ensemble des intervenants de l'industrie. Elle profite du soutien du Conseil des arts du Canada et, dans une certaine mesure, de Patrimoine canadien.

Le sénateur Munson : Je comprends cela. Dans les petites villes canadiennes, je trouve difficile de trouver en kiosque n'importe lequel magazine canadien, à l'exception de Maclean's, The Walrus ou Saturday Night qui est encarté dans les journaux. Les titres canadiens ne nous sautent pas au visage dans les kiosques de notre pays, ce qui laisse supposer certains problèmes de mise en marché.

M. Thomson : C'est un cercle vicieux. Cela vient du fait que les magazines canadiens ont des marges de profit inférieures et, par conséquent, des budgets de marketing plus limités.

Le sénateur Munson : Pourriez-vous nous donner plus de détails sur le Programme d'aide aux publications et le Fonds du Canada pour les magazines? Quelle est la contribution financière du gouvernement fédéral pour chacun de ces programmes? Quelle proportion va à votre association? L'argent va-t-il à l'association ou directement aux différents magazines?

M. Thomson : Je vais débuter par le Programme d'aide aux publications.

Le financement va aux magazines et est versé dans leur compte à Postes Canada pour réduire le montant net à payer pour l'expédition. L'aide financière est donc directement liée à la distribution physique du magazine et est dirigée vers Postes Canada pour réduire les frais d'expédition.

Le budget alloué pour ce programme s'est établi à 49 millions de dollars pendant bon nombre d'années. Il a été réduit à 45 millions de dollars cette année. Cette baisse a été reportée d'une année. Quoi qu'il en soit, nous avons appris le 2 septembre dernier, à la surprise générale de l'industrie, que les fonds affectés au programme étaient insuffisants même pour le présent exercice financier.

Par exemple, à Canadian Geographic, nous avons dû encaisser pour le second trimestre de l'année, à 60 jours d'avis, une augmentation de 35 p. 100 de nos coûts d'expédition. Au 1er avril prochain, cette hausse atteindra 52 p. 100 par rapport aux coûts de l'année précédente.

En 12 mois à peine, le coût d'envoi par la poste de nos magazines aura ainsi augmenté de 52 p. 100. C'est ce que nous voulons dire quand nous parlons de crise. Pour la plupart des magazines canadiens, c'est vraiment la crise. Nous ne disposons pas de ces marges de profit ou de ces possibilités de réduire les coûts alors que nous nous retrouvons déjà dans une situation difficile.

Le sénateur Munson : Qu'en est-il du Fonds du Canada pour les magazines?

M. Thomson : Ce programme était doté au départ d'un budget de 50 millions de dollars. Ce budget a été réduit à 25 millions de dollars dont la moitié est consacrée à la création de contenu, suivant une formule de prorata. Tous les magazines participants soumettent les dépenses engagées aux fins de la création de contenu au cours de l'année précédente et obtiennent ainsi une part proportionnelle des fonds disponibles.

Le sénateur Munson : Souhaitez-vous une augmentation de cette aide?

M. Thomson : Oui. Au départ, le budget était deux fois plus important. Le Fonds du Canada pour les magazines vise à corriger un déséquilibre économique. Nos concurrents étrangers ont davantage de fonds à consacrer au contenu. Ce programme nous permet d'investir dans le contenu, alors que le Programme d'aide aux publications nous aide à contrer les difficultés géographiques associées à la distribution dans un pays dont les citoyens sont éparpillés sur quelque 8 000 kilomètres. Les communications bilatérales sont très coûteuses dans un tel contexte.

Le sénateur Munson : Savez-vous si quelques-uns de vos membres ressentent une certaine pression en raison de ces subventions et de ce fonds, à savoir qu'ils voudraient se montrer agréables au gouvernement fédéral en publiant dans leur magazine, Canadian Geographic, par exemple, des articles présentant le bon côté des choses? Est-ce qu'on se contente de vous remettre des fonds en vous invitant à produire un bon magazine? Voici un peu d'argent des contribuables pour vous aider. Est-ce qu'il arrive qu'une contrepartie soit exigée?

M. Thomson : Je suis membre du conseil de Magazines Canada depuis près de 10 ans et j'en ai assumé la présidence pendant deux ans. Je n'ai entendu parlé d'aucun cas où l'on aurait cherché à influer sur le contenu éditorial ou même à donner des indications en ce sens.

Les gens de l'industrie, comme les fonctionnaires gouvernementaux chargés de la mise en œuvre de ces programmes, comprennent très bien que ces mesures visent précisément à favoriser une diversité des points de vue et un débat sain sur les politiques publiques au Canada. Je ne pense pas que personne ait l'impression qu'il existe une certaine forme de compensation à ce chapitre.

Comme vous en avez sans doute pris conscience, nous avons beaucoup à redire au sujet des politiques gouvernementales et nos observations ne sont pas nécessairement toujours les bienvenues.

Le sénateur Phalen : Lorsque M. Ken Alexander, éditeur du magazine The Walrus, a comparu devant notre comité, nous avons eu une intéressante discussion au sujet du lancement d'un nouveau magazine, des dépenses qui s'y rattachent et du temps qu'il faut pour réaliser un profit.

Pourriez-vous nous donner une indication du nombre de magazines qui sont lancés au Canada et du taux de réussite à cet égard?

M. Thomson : On peut certes parler de plusieurs centaines de magazines par année, de toutes les tailles et de tous les genres. Dans la plupart des cas, il s'agit de très petits magazines.

Jim Everson, directeur général, Affaires publiques, Magazines Canada : Nous n'avons pas de données précises sur le nombre de nouveaux magazines, mais on peut vous dire qu'il y en a effectivement beaucoup et que le taux d'échec est considérable.

Le sénateur Phalen : M. Alexander nous a également appris que le Programme d'aide aux publications n'entre en jeu qu'au bout d'une année complète de fonctionnement pour un nouveau magazine. Estimez-vous qu'il serait avantageux que ce programme soit accessible plus rapidement?

M. Thomson : Oui. Magazines Canada fait valoir depuis bien des années que la subvention pour les frais postaux devrait être disponible pour toute publication à tirage payé à partir du moment où elle est distribuée.

Comme vous l'avez indiqué, il faut actuellement que le magazine existe depuis une année complète. Pour obtenir une subvention, il faut aussi que le tirage soit payé à plus de 50 p. 100. Ce seuil de 50 p. 100 est un obstacle important.

S'il y a autant de magazines dont le tirage n'est pas payé et autant de nouvelles publications distribuées gratuitement, c'est simplement dû au fait qu'il est trop coûteux de faire une promotion suffisante pour que le tirage soit payé à plus de 50 p. 100.

Le sénateur Mercer : Je veux continuer dans le sens de la dernière question du sénateur Munson concernant le contenu éditorial.

Vous avez indiqué tout à l'heure que le Fonds du Canada pour les magazines vise à promouvoir un contenu éditorial de grande qualité. J'aimerais savoir comment on définit « grande qualité » dans le contexte du Fonds du Canada pour les magazines. Comment fait-on la distinction entre grande et faible qualité? Ce que je pourrais considérer comme de la grande qualité ne serait pas nécessairement évalué de la même façon par notre présidente en raison de nos divergences politiques. Cette utilisation du terme « grande qualité » m'intrigue un peu.

M. Thomson : Le Fonds du Canada pour les magazines n'a pas pour but de faire la distinction entre les différents niveaux de qualité.

Le programme vise à permettre aux éditeurs canadiens de produire un contenu apte à soutenir la concurrence. La situation des magazines canadiens n'est pas facile étant donné que leurs compétiteurs étrangers disposent de budgets plus considérables qui leur permettent d'avoir des photos plus grandes et de meilleure qualité, des collaborateurs plus renommés, davantage d'illustrations, des productions de plus grande valeur, du papier plus épais et plus de papier glacé.

Le Fonds du Canada pour les magazines permet d'augmenter légèrement nos budgets pour le contenu éditorial, ce qui, combiné à un redoublement de nos efforts, nous permet de soutenir un peu mieux la concurrence en investissant un peu plus dans la création de contenu canadien. J'estime qu'il revient à chaque éditeur de déterminer ce qui constitue une production de grande qualité pour le lectorat de son magazine.

Le sénateur Mercer : Peut-être est-ce également dans l'œil du lecteur. Ce sont mes propres préférences qui déterminent ce que je considère comme un bon ou un mauvais article.

Nous avons beaucoup parlé des publications de langue anglaise. Nous ne nous sommes pas intéressés du tout aux magazines francophones. J'anticipe un peu la réponse que vous allez me donner à ce sujet.

En concentrant nos efforts sur le marché anglophone, prétendons-nous que le marché francophone est un peu moins en péril dans notre pays en raison de son caractère unique en Amérique du Nord? Lorsqu'il y a concurrence, c'est avec des produits d'outre-mer.

M. Thompson : Je vais également laisser Mme Gombert vous parler de ce point.

Vous pouvez avoir raison dans une certaine mesure, mais les circonstances sont quelque peu différentes.

Il est important de se rappeler que si la concurrence directe dans la même langue est moins présente sur ce continent, le marché est également beaucoup plus petit. Il correspond peut-être à 20 ou 25 p. 100 du marché anglophone au Canada et le problème est encore plus criant pour ce qui est du manque d'économies d'échelle. Dans un marché de cette taille, il devient extrêmement difficile de produire un contenu de grande qualité apte à soutenir la concurrence.

[Français]

Mme Gombert : Au Québec, c'est vrai que le français est dominant. Toutefois, les magazines canadiens-français doivent se battre contre la concurrence. Il y a quelques magazines européens et des magazines américains.

Sur la question des emplacements, aux caisses et dans les kiosques à journaux, même les magazines en français doivent se battre contre des magazines américains. Si un magazine se vend beaucoup, le distributeur y voit un intérêt à le mettre en avant pour avoir plus de revenus et le fait d'être en avant permet d'en vendre plus. Il y a toujours un combat. Le distributeur dit : « Si vous me mettez en avant, je vendrai plus et vous aurez un meilleur revenu. » Cependant, la situation est telle que s'il y a un magazine américain qui se vend davantage, c'est lui qu'on met en avant du kiosque.

[Traduction]

Le sénateur Mercer : Les publications de langue française représentent quel pourcentage de vos membres?

M. Thompson : Je dirais environ le quart.

Le sénateur Mercer : Soit dit en passant, vous avez indiqué qu'il est notamment difficile de s'assurer que les Canadiens voient vos magazines, parce qu'une fois que cela est fait, ils peuvent en constater la qualité. Je suis abonné à au moins deux magazines canadiens dont j'ai découvert l'existence sur les présentoirs de l'avion que je prends chaque semaine. Ces magazines m'ont plu et je m'y suis abonné. Le problème est donc de veiller à que nous voyions ces magazines.

M. Thomson : Je pourrais ajouter que c'est un autre exemple de mise en valeur payée. Nous devons toujours payer pour les services des transports aériens canadiens.

Pour ce qui est de la diversité des titres canadiens, je vous invite tous à prendre connaissance des nombreux magazines que nous avons empilés près de M. Everson à la fin de la réunion. Vous pourrez ainsi prendre conscience de tout l'éventail des informations et des opinions qu'on peut retrouver dans les magazines canadiens.

Le sénateur Mercer : Madame Gombert, vous avez indiqué qu'il y avait concurrence avec les magazines américains de langue anglaise et avec les magazines américains traduits en français. Parlez-vous de magazines traduits de l'anglais?

Mme Gombert : Oui.

Le vice-président : Est-ce que vous représentez tous les magazines publiés au pays?

M. Thomson : Nous représentons les magazines à tirage payé. Tous les principaux magazines à tirage payé sont membres de notre association, en plus de centaines de magazines plus petits.

Le vice-président : Chaque magazine est-il directement membre de l'association ou le sont-ils par l'intermédiaire de l'entreprise qui en est propriétaire? Autrement dit, combien de magazines membres de votre association appartiennent, par exemple, à Maclean Hunter ou à une autre de ces grandes entreprises qui en possèdent beaucoup?

M. Thomson : Tous nos membres le sont à titre individuel. Nous tenons un catalogue de nos membres qui sert à la fois d'outil de marketing et de répertoire où vous pouvez trouver tous les magazines membres.

Un peu moins du tiers de nos membres appartiennent à de grandes entreprises comme Rogers; Maclean Hunter étant maintenant devenu Rogers Publishing. Rogers, Transcontinental et St. Joseph Media sont les trois plus importants regroupements de magazines. Cependant, l'ensemble des titres que publient ces trois regroupements comptent pour moins du tiers de la totalité des publications de nos membres. Il y a aussi des magazines indépendants de taille moyenne comme Canadian Geographic. Ensuite, il y a de nombreux petits magazines.

Le vice-président : Ce tiers représente quelle proportion du tirage total?

M. Thomson : Je ne crois pas pouvoir vous donner une réponse de mémoire.

Le vice-président : Ce sont ces regroupements qui possèdent les principaux magazines, comme Maclean's.

M. Thomson : C'est exact.

Le vice-président : Ces trois ou quatre entreprises obtiennent probablement la grosse part du gâteau pour ce qui est du fonds pour les magazines et du programme pour les frais postaux, n'est-ce pas?

M. Thomson : Je pense qu'ils produisent les publications à plus fort tirage et souvent aux fréquences les plus élevées. Encore une fois, il est important de les situer dans le contexte du marché continental. Selon les normes nord- américaines, on ne peut pas parler de grands éditeurs ni de grands titres. Leurs compétiteurs sont beaucoup mieux financés et mieux équipés. Ils luttent entre eux, comme avec les titres américains, pour obtenir une part du lectorat. La concurrence est extrêmement forte sur ce marché.

Le vice-président : Vous avez parlé de 41 p. 100 des emplacements sur les présentoirs. Si on enlève toutes les saloperies pornographiques comme Maxim, Playboy et Hustler — les Canadiens ne semblent pas très actifs dans l'industrie de la pornographie — de même que les publications sur la vie hollywoodienne, on élimine beaucoup de choses. Ces publications s'inscrivent peut-être dans l'expression de la culture nord-américaine, mais nous nous intéressons aux magazines d'information. Nous nous débrouillons très bien à ce chapitre, n'est-ce pas? Si nous retirons ces autres publications, les magazines canadiens n'atteignent-ils pas une proportion d'au moins 50 p. 100?

M. Thomson : Non.

Le vice-président : Ah non, même pas. Mais qui prend donc toutes ces parts de marché?

M. Thomson : Considérons seulement l'information. Parmi les magazines d'opinion, nous avons l'un des concurrents de taille au Canada avec Maclean's. Ces compétiteurs sont toutefois nombreux; on pense notamment à Time Canada, Newsweek et de nombreux magazines d'opinion américains comme U.S. News & World Report.

Dans la catégorie sciences et nature, après des années d'effort, Canadian Geographic a finalement détrôné National Geographic quant aux ventes en kiosque, mais ils ont toujours un tirage deux fois plus élevé que le nôtre au Canada. Dans les présentoirs, nous sommes un peu ensevelis : Scientific American, Discover, National Geographic, National Geographic Traveler et National Geographic Adventure. Nous ne détenons qu'un faible pourcentage du marché dans cette catégorie et nous sommes le seul compétiteur important en langue anglaise.

Le vice-président : Est-ce que des publications canadiennes connaissent du succès sur les marchés internationaux? J'ai lu des reportages au sujet de magazines comme Wallpaper et certains magazines spécialisés qui commencent à être populaires aux États-Unis.

M. Thomson : Il existe très peu de magazines véritablement internationaux car ils constituent des produits périssables dans le temps, n'étant pertinents que pour une semaine voire un mois. Il s'agit en outre de produits lourds dont l'expédition peut être onéreuse. Généralement, les pays n'exportent qu'environ 1 p. 100 de leur production de magazines. Les États-Unis constituent la seule véritable exception dans le monde; ils exportent environ 5 p. 100 de leur production et c'est le Canada qui a droit à la totalité de cette différence de 4 p. 100 en raison de cette caractéristique unique de notre géographie qui fait en sorte qu'il suffit de traverser la frontière pour passer des régions populeuses des États-Unis aux régions populeuses du Canada. C'est un déplacement court pour les expéditeurs. C'est la seule région au monde, à l'exception peut-être de l'Autriche et de l'Allemagne, où deux pays limitrophes parlant la même langue peuvent expédier d'importantes quantités de magazines de l'autre côté de la frontière à peu de frais.

Même entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, les 600 kilomètres que représente la mer de Tasman sont un obstacle suffisant, ce qui permet à la Nouvelle-Zélande d'avoir une solide industrie nationale de magazines, tout simplement en raison du coût que représenterait l'envoi de magazines à partir de l'Australie.

Le vice-président : Comment l'Irlande s'en sort-elle?

M. Thomson : Je ne sais pas comment les choses se passent en Irlande.

Le sénateur Phalen : Il existe 2 000 magazines et vous en représentez 300. Qui sont les 1 700 autres? S'agit-il de magazines plus petits ou plus spécialisés?

M. Thomson : Un grand groupe de ces magazines se compose des magazines professionnels, d'affaires et de métiers; ils sont représentés par une autre association, la Presse spécialisée du Canada. Il existe aussi des magazines spécialisés pour les agriculteurs, des magazines religieux ainsi que des revues scientifiques; on peut ensuite parler des magazines à libre distribution. Ce sont ces catégories qui représentent les autres magazines.

J'estime qu'il est juste de dire que la plupart des gens pensent que les magazines sont ceux d'intérêt général que l'on trouve dans les kiosques. Nos magazines représentent 80 p. 100 des magazines canadiens.

Le vice-président : J'aimerais revenir aux programmes gouvernementaux. On peut parler de la subvention postale et du Fonds du Canada pour les magazines. Tous les magazines présentent-ils une demande de fonds pour le contenu et à quel pourcentage? Comment est-ce réparti? Quel pourcentage du coût cela représenterait-il?

M. Thomson : Tout magazine qui est au courant et qui est admissible présente une telle demande. Des limites minimales sont imposées en matière d'admissibilité, en fonction de la taille — il faut conserver un contenu canadien de 80 p. 100, avoir moins de 70 p. 100 de publicité — et de certains autres critères.

Pour ce qui est des fonds eux-mêmes, même si j'ai dit qu'on dispose de quelque 12 millions de dollars répartis entre tous les magazines admissibles au prorata, un facteur de multiplication est prévu pour que les petits magazines obtiennent proportionnellement plus pour leur budget éditorial qu'un grand magazine.

Le vice-président : Quel serait le pourcentage pour Maclean's, par exemple?

M. Thomson : Je ne peux pas le dire en son nom, mais près de 15 p. 100 du coût total du contenu du Canadian Geographic proviendrait du Fonds du Canada pour les magazines.

Le vice-président : Qu'en est-il de la publicité du gouvernement? Vous plaignez-vous à l'instar des magazines ethniques du fait que vous n'en obtenez pas une juste proportion; cette publicité est-elle orientée uniquement vers la télévision?

M. Thomson : C'est négligeable, compte tenu du caractère fort efficace de la publicité des magazines et de sa durabilité dans les foyers. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement du Canada ne se sert pas plus de la publicité des magazines dans plus de magazines canadiens.

Le sénateur Munson : Certains se plaignent des subventions accordées à Radio-Canada, par conséquent, pourquoi devrions-nous subventionner le magazine Maclean's? Il appartient au secteur privé, il est puissant, il est là pour faire de l'argent et certains diraient — je ne dirais pas tous mais certains — qu'il recherche une aide financière.

M. Thomson : À mon avis, c'est la nature unique des produits culturels qui est ici en cause. Vous savez peut-être qu'hier à Paris, l'UNESCO a approuvé, par 150 voix contre 2, la Convention sur la diversité culturelle. Les États-Unis et Israël sont les deux pays qui s'y sont opposés. Il s'agit du droit des pays de soustraire les industries culturelles aux règles commerciales et de reconnaître que leur caractère unique l'emporte sur leur rentabilité. Il s'agit de notre identité et de nos échelles de valeurs, en tant que Canadiens, ou citoyens d'autres pays, que nous voulons partager entre nous et avec le monde.

Les magazines américains sont juste de l'autre côté de la frontière et très près de tous nos grands centres urbains. Leurs économies d'échelle sont 10 fois plus importantes que les nôtres et par conséquent, ils sont en mesure de pratiquer des prix artificiellement bas pour la vente en kiosque et les abonnements. Ils pourraient occuper tout le marché canadien sauf que premièrement, des Canadiens déterminés créent un contenu canadien intéressant pour tous les Canadiens et, deuxièmement, les programmes relatifs aux magazines ont permis au Canada de doubler sa part de marché ces 30 à 40 dernières années. Je pense que les Canadiens étaient tout aussi créatifs et talentueux il y a 40 ans qu'aujourd'hui, mais la part de notre marché a doublé par rapport à ce qu'elle était à ce moment-là, grâce à quelques programmes bien conçus et bien ciblés qui ne se résument pas à beaucoup d'argent, mais qui visent à obtenir d'importants résultats culturels et y parviennent.

Le sénateur Munson : Que pensez-vous des fondations? Nous avons été assez intrigués d'apprendre qu'il y en a aux États-Unis, par exemple, dans le cas de Harpers. Est-ce une bonne idée d'accorder des allégements fiscaux pour les gens qui veulent mettre sur pied une fondation caritative et ensuite publier un bon magazine?

M. Thomson : Ce n'est pas un point sur lequel je me suis personnellement penché, ni non plus un point au sujet duquel Magazines Canada a pris position pour l'instant.

Le sénateur Munson : Mon autre question porte sur les pigistes dans les magazines que vous représentez. Beaucoup de problèmes se posent dans l'industrie de la presse à cause des pigistes. Nous avons entendu dire qu'ils ne semblent pas être payés comme il le faut pour le travail qu'ils effectuent et qui ne laisse aucune trace. Existe-t-il des règles semblables pour les pigistes dans l'industrie des magazines?

M. Thomson : La plupart des reportages dans les magazines canadiens sont écrits par des pigistes dont les tarifs varient selon le magazine, la capacité de l'auteur, la réputation et la quantité de travail nécessaire pour créer l'article. Il existe également un marché de revente grâce au régime du droit d'auteur, qui permet aux auteurs de recevoir des droits d'auteur chaque fois que leur matériel est réutilisé, redistribué ou photocopié.

Le sénateur Munson : Quelle recommandation souhaiteriez-vous que notre comité présente dans son rapport pour que le gouvernement y donne suite?

M. Thomson : J'aimerais voir une augmentation des budgets des programmes des magazines.

Le sénateur Munson : Quelle augmentation en pourcentage serait actuellement acceptable pour Magazines Canada?

M. Thomson : Je pense qu'il faudrait relever ces budgets d'un tiers pour répondre raisonnablement aux objectifs visés et compte tenu de l'industrie actuelle.

Le sénateur Mercer : Vous ne voulez pas revenir aux 50 millions?

M. Thomson : Quarante-cinq millions de dollars sont affectés à l'aide aux publications pour ce qui est de la subvention postale et 25 millions de dollars au Fonds du Canada pour les magazines, soit 70 millions de dollars.

Le sénateur Mercer : Vous demandez une augmentation des deux?

M. Thomson : Oui.

Il faudrait augmenter l'enveloppe d'environ un tiers pour atteindre les objectifs comme il le faut et profiter de l'opportunité actuelle.

Le sénateur Mercer : Le Fonds du Canada pour les magazines qui s'élevait à 50 millions de dollars a été ramené à 25 millions de dollars, n'est-ce pas?

M. Thomson : Oui.

Le sénateur Munson : Si les budgets ne sont pas relevés, serait-ce la fin d'un plus grand nombre de magazines canadiens dans notre pays?

M. Thomson : Le Programme d'aide aux publications est diminué au moment même où les coûts augmentent de façon dramatique et où l'admissibilité est élargie. Notre magazine, Canadian Geographic, va être confronté en avril prochain à des coûts de distribution qui sont 52 p. 100 plus élevés que l'an passé, ce qui correspond à plus que ce que nous dépensons pour tous les collaborateurs au magazine — tous les pigistes rédacteurs, photographes, artistes et illustrateurs — en l'espace d'une année. Nous sommes consternés, car il est difficile de trouver ce genre d'argent où que ce soit. C'est plus d'argent que ce que nous faisons en tant que société et cela sous-entend qu'il faudra faire des réductions draconiennes sur toute la ligne, y compris en matière de contenu.

Le sénateur Munson : Pourriez-vous nous parler des coûts de distribution? Sont-ils reliés au coût de l'essence, de la livraison? Pourquoi augmentent-ils?

M. Thomson : Si les tarifs postaux augmentent de façon aussi extrême, c'est essentiellement parce que la Société canadienne des postes distribue moins d'envois postaux à plus d'adresses. Elle est passée d'environ 2,7 envois postaux par adresse par jour à 1,7 même si le nombre d'adresses au Canada augmente par millions au cours d'une période donnée.

Par conséquent, la structure des coûts de la Société canadienne des postes ne cadre plus avec la réalité. Son modèle économique ne fonctionne plus. Il ne lui reste qu'à constamment augmenter les prix, ce qui conduit de plus en plus d'entreprises à abandonner le système, y compris les magazines. Nous ne pouvons pas payer ces prix et voulons désespérément trouver d'autres moyens de distribution et mettre de plus en plus de contenu ailleurs.

Le vice-président : Si quelqu'un lance un magazine d'appareils photo et que Maclean Hunter ou Rogers l'achète, quelle différence cela fait-il pour moi, en tant que Canadien, que ces sociétés l'achètent ou que des sociétés américaines l'achètent? En quoi est-ce important?

Pourquoi ces magazines spécialisés doivent-ils faire quoi que ce soit? Pourquoi leur versons-nous des subventions? Pourquoi est-ce plus important pour le Canada que le propriétaire d'un atelier d'usinage qui fabrique des outils de forage?

M. Thomson : Au Canada, nous avons beaucoup de diversité. La variété des produits disponibles ici n'est pas la même que celle que l'on retrouve aux États-Unis. Les conditions d'utilisation sont différentes et les utilisateurs ont des besoins et des souhaits différents. Il faut avoir une perspective canadienne sur pratiquement tout.

Le vice-président : Ces magazines parlent tous d'appareils photo fabriqués au Japon, en Chine et en Allemagne. Quel rapport avec la culture canadienne? Dépensons-nous de l'argent pour cela?

M. Thomson : Vous pourrez vous apercevoir que le succès des magazines canadiens est attribuable au fait que ces magazines traitent de l'expérience canadienne qui est unique en son genre. Il est vrai qu'il existe moins de magazines canadiens dans les domaines génériques.

Le vice-président : Pourriez-vous donner un exemple?

M. Thomson : L'industrie de l'automobile. Les voitures nord-américaines sont assez semblables. Les magazines américains de l'automobile bénéficient d'énormes économies d'échelle. Il n'existe pas d'équivalent de magazine automobile pour le magazine Canadian Living ou Canadian Geographic qui traite d'un mode de vie, de conditions de vie uniquement canadiens ainsi que de l'espace que nous occupons dans notre pays.

M. Everson : J'aimerais revenir sur une question que vous avez posée au sujet de l'importance des programmes. Le Fonds canadien pour les magazines a souvent changé au cours de sa brève existence. Sur papier, il devait atteindre les 50 millions de dollars, ce qui ne s'est jamais réalisé. On est arrivé à près de 35 millions de dollars à un moment donné. Il s'agit maintenant d'un programme de 16 millions de dollars, dont dix millions sont affectés au programme de contenu rédactionnel. Le reste est affecté au développement et à l'infrastructure des petits magazines.

Récemment, une campagne a permis d'identifier les magazines canadiens dans les kiosques. Nous l'avons menée en partenariat avec le ministère de Patrimoine canadien; il s'agissait d'une campagne promotionnelle visant à sensibiliser le public aux magazines canadiens. Il suffisait de se rendre dans les kiosques pour s'apercevoir que les magazines canadiens étaient mieux identifiés.

Cette année, le budget du Programme d'aide aux publications était censé s'élever à 45 millions de dollars. La ministre Frulla, avec le ministère de Patrimoine canadien, l'a relevé à 49 millions de dollars afin qu'il cadre avec le budget des années précédentes. Il doit être ramené à 45 millions de dollars le 1er avril 2006, ce qui représente un grand sujet de préoccupation pour notre secteur. Près de 80 p. 100 de ce financement est prévu pour les magazines. Journaux et bulletins communautaires participent également à ce programme. Ce qui nous préoccupe essentiellement, c'est qu'il n'est pas prévu de programme indexé par rapport à la croissance de l'industrie.

Pendant longtemps, un des facteurs de réussite du programme a été sa prévisibilité. Les éditeurs pouvaient voir une belle occasion de lancer un magazine et prévoir le tirage et la croissance à l'avance à partir du moment où ils arrivaient à obtenir 50 p. 100 d'abonnements payés et où ils pouvaient commencer à recevoir la subvention PAP.

Ils pouvaient concevoir un plan d'affaires dans lequel le PAP était prévisible. Le fait qu'il n'y ait plus de prévisibilité dans le programme est l'un des éléments de la crise du PAP. Le budget est bloqué. Les formules peuvent considérablement changer du jour au lendemain. Les éditeurs ne peuvent plus planifier leur stratégie d'affaires pour lancer un nouveau magazine et créer de la diversité grâce au programme PAP. Nous essayons de créer un programme plus prévisible sur lequel les gens peuvent fonder leurs plans d'affaires.

Le sénateur Mercer : J'aimerais parler de l'économie d'échelle. Je suis abonné à plusieurs des magazines membres de votre association. Il existe des magazines à un seul tirage comme Cottage Life.

Disposent-ils de leur propre imprimerie ou se tournent-ils vers un autre imprimeur? Je ne veux pas parler précisément de Cottage Life, mais d'autres magazines — ont-ils leur propre imprimerie?

M. Thomson : Habituellement non. Plusieurs magazines appartiennent à des sociétés qui ont également des imprimeries, mais beaucoup sont imprimés de façon indépendante. La grande majorité sont imprimés par des imprimeurs indépendants de l'éditeur.

Le sénateur Mercer : Il n'y a pas de possibilité d'économie d'échelle?

M. Thomson : À cause de la concurrence, l'industrie de l'imprimerie est extrêmement rentable. Par exemple, ces 10 dernières années, le coût réel de l'impression de Canadian Geographic a baissé à cause des améliorations apportées au processus et à l'infrastructure technologique dans cette industrie. Parallèlement à une baisse d'environ 10 p. 100 du coût de l'impression de notre magazine en l'espace de 10 ans, nous avons vu nos coûts postaux pratiquement tripler. Un secteur est concurrentiel, d'autres non; quelles conclusions pouvez-vous en tirer?

Le vice-président : S'il n'y a pas d'autres questions, je vais maintenant remercier les témoins, M. Thomson, Mme Gombert et M. Everson, d'être venus aujourd'hui. La discussion a été intéressante. Nous allons nous réunir de nouveau mercredi, à 18 h 15; nous entendrons alors les représentants du Conseil canadien des normes de la radiotélévision; Mme Lydia Miljan, de l'Université de Windsor; et M. Barry Cooper, de l'Université de Calgary.

La séance est levée.


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