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AGEI - Comité spécial

Vieillissement (Spécial)


Délibérations du Comité sénatorial spécial sur le Vieillissement

Fascicule 7 - Témoignages


OTTAWA, le lundi 7 mai 2007

Le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement se réunit aujourd'hui, à 12 h 33, afin d'examiner les incidences du vieillissement de la société canadienne et d'en faire rapport.

Le sénateur Wilbert J. Keon (vice-président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. La séance d'aujourd'hui portera sur le vieillissement en bonne santé et sur la vie active. Nous avons parmi nous des représentants de nombreux organismes, ce qui rendra certainement cette réunion très intéressante.

Dans notre premier groupe d'experts, il y a Mme Barratt, secrétaire générale de la Fédération internationale du vieillissement, qui a déjà comparu devant nous; Monika Queisser, experte en démographie du vieillissement, qui témoignera par vidéoconférence depuis l'OCDE à Paris; Barbro Westerholm et Karin Berensson, du projet Healthy Ageing, de Stockholm, seront également avec nous par vidéoconférence.

Je vous remercie tous beaucoup de participer à cette séance aujourd'hui, malgré vos horaires très chargés.

Karin Berensson, gestionnaire de projet, projet Healthy Ageing : C'est pour nous un grand honneur que de prendre part à cette rencontre. Je vais vous parler rapidement du projet, puis Mme Westerholm commentera ma brève introduction.

« Healthy Ageing » est un projet de trois ans financé par la Commission européenne et axé essentiellement, bien sûr, sur les changements démographiques relatifs au vieillissement de la population. Le projet vise à promouvoir le vieillissement en bonne santé chez les personnes du troisième âge, c'est-à-dire chez les 50 ans et plus. Ses principaux objectifs sont d'examiner et d'analyser les données actuelles sur le vieillissement et la santé, de formuler des recommandations, de diffuser les résultats et de contribuer à la mise en application des mesures à prendre.

L'Institut national suédois de santé publique assure la coordination du projet, auquel participent l'Organisation mondiale de la santé (OMS); la Plateforme européenne des personnes âgées (AGE), par l'intermédiaire de notre représentante, Mme Westerholm; l'EuroHealthNet ainsi que dix pays, par l'entremise de leurs ministères, universités, ONG, et cetera.

Nous avons examiné et analysé les statistiques, la documentation, les meilleures pratiques, les politiques et les stratégies, et nous nous sommes concentrés sur dix mesures importantes, dont le capital social, la santé mentale, la prévention des blessures, la toxicomanie, la consommation de médicaments et la retraite. Ces mesures ont été regroupées sous quatre thèmes principaux aux fins d'une analyse transversale : les déterminants socioéconomiques, le sexe, les minorités et les inégalités de santé.

J'aimerais souligner qu'il ne s'agit pas d'un projet de recherche, mais que nous avons essayé de travailler de manière méthodique. Les résultats de ce projet s'appuient en grande partie sur des études et de la méta-analyse.

Nous avons utilisé différentes méthodes pour compiler les politiques appliquées partout en Europe. Nous nous sommes servis de questionnaires pour recueillir des données sur les politiques et les meilleures pratiques dans les pays européens. Nous avons aussi fait une analyse coût-efficacité de la promotion de la santé pour la population.

Nous avons fait des recommandations aux décideurs, aux ONG et aux praticiens relativement aux mesures à prendre. Celles-ci sont basées sur cinq principes fondamentaux, dont l'équité en matière de santé, l'hétérogénéité, le fait qu'il n'est jamais trop tard pour faire la promotion de la santé, et cetera. Nous avons également proposé des mesures à prendre en priorité et émis des recommandations plus spécifiques pour les éléments importants du projet.

Nous en sommes maintenant au stade de la mise en œuvre. Les résultats de nos travaux apparaissent dans le rapport intitulé « Healthy Ageing — A Challenge for Europe ». Il existe des versions courtes du rapport principal dans 18 langues.

Actuellement, les personnes qui participent au projet travaillent à la mise en œuvre nationale dans différents pays d'Europe.

Barbro Westerholm, députée (Suède) et participante au projet Healthy Ageing : À mon tour, maintenant.

Je représente AGE, la Plate-forme européenne des personnes âgées. Je suis également membre du Parlement suédois. AGE est un organisme-cadre qui chapeaute les organismes qui s'occupent des personnes âgées au sein de l'Union européenne. Il compte 140 membres et représente un peu plus de 20 millions de personnes âgées en Europe.

Durant le XXe siècle, nous avons réussi à augmenter notre espérance de vie de 20 à 25 ans. Il est très important, maintenant, que nous puissions jouir d'une bonne qualité de vie durant ces 25 ans.

Malheureusement, nous constatons une augmentation du taux d'incapacité grave en Suède, en Belgique et au Japon, trois des pays membres de l'OCDE. Nous devons donc donner la priorité absolue à la promotion de la santé, afin d'éviter ces problèmes. C'est très important non seulement pour les individus, mais aussi pour l'ensemble de la société, car nous faisons maintenant face à l'entrée de la génération du baby-boom dans le troisième âge. Si l'augmentation du taux d'incapacité grave que nous connaissons en Suède persiste, la société aura à porter un très lourd fardeau. Nous devons contrer cette tendance, afin que les ressources soient également accessibles à ceux qui souffrent de maladies qui ne peuvent être évitées.

Comment diffusons-nous l'information que nous avons? Tous les renseignements se trouvent dans le document relatif au vieillissement en bonne santé que Mme Berensson vient tout juste de présenter. Nous faisons appel aux associations de personnes âgées en Europe, car elles peuvent atteindre beaucoup de leurs membres. Même si nous ne pouvons informer que 10 p. 100 des membres, soit environ 2 millions de personnes, nous savons que ceux-ci pourront, à leur tour, diffuser le message.

Il est assez facile de susciter leur intérêt quand il est question de la prévention des blessures; c'est beaucoup plus difficile lorsqu'on parle de consommation abusive ou à mauvais escient de substances, comme les médicaments. L'abus d'alcool devient aussi un problème chez les personnes âgées. Dans ma région, en Europe, nous sommes particulièrement inquiets face à l'augmentation de la consommation d'alcool chez les femmes âgées, qui entraîne une recrudescence des cirrhoses, comme l'indiquent les statistiques sur la santé.

Nous élaborons un plan pour diffuser cette information, qui est fondée sur des données factuelles. Ce ne sont pas des croyances; les recommandations de ce document reposent sur des renseignements tangibles.

Je crois que les deux minutes sont écoulées. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions plus tard.

Le vice-président : Merci beaucoup. Madame Westerholm, nous avons pour habitude d'entendre tous les témoins et ensuite de poser les questions, mais je crois que votre temps est compté. Combien de temps pouvez-vous rester encore avec nous?

Mme Westerholm : Cinquante-cinq minutes. Je crois que cela donne amplement le temps aux autres personnes de présenter leur exposé.

Le vice-président : Dans ce cas, nous allons entendre Mme Monika Queisser, de l'OCDE.

Monika Queisser, experte en démographie du vieillissement, Direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales, Organisation de coopération et de développement économiques : Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner. Je vous donnerai un aperçu du travail que nous accomplissons à l'OCDE en matière de vieillissement en général et de vieillissement actif en particulier, et je vous parlerai ensuite des éléments importants des projets récents et en cours.

Pour commencer, je dois dire qu'il n'y a pas qu'une définition du terme « aînés ». Beaucoup de pays considèrent les aînés comme étant les personnes de 55 ans et plus. À l'OCDE, nous avons décidé de fixer l'âge des aînés à 50 ans, car c'est à cet âge qu'un grand nombre de personnes se retirent du marché du travail, dans les pays membres de l'OCDE.

Bien que l'âge normal de la retraite soit de 65 ans, soit l'âge auquel les retraités ont droit à une pension complète dans la plupart des pays, l'âge réel de la retraite est beaucoup plus bas dans la majorité des pays membres de l'OCDE. En 2005, nous avons établi qu'environ seulement 60 p. 100 de la population âgée entre 50 et 64 ans avait un emploi, comparativement à plus de 75 p. 100 pour les personnes de 24 à 49 ans. Cela indique qu'à partir de 50 ans, les gens commencent à quitter le marché du travail; dans certains pays, ils prennent massivement leur retraite.

Cette situation représente-t-elle un problème? Oui, notamment au point de vue du financement des régimes de retraite. Il est vrai qu'au Canada, le problème est moindre que dans beaucoup d'autres pays, mais il existe, car nous voulons que la population reste active et en bonne santé jusqu'à un âge avancé.

La durée de vie des retraités a considérablement augmenté. En moyenne, dans les pays membres de l'OCDE, en 1970, on passait 11 ans à la retraite. De nos jours, les hommes sont à la retraite durant près de 18 ans; pour les femmes, l'espérance de vie à la retraite est passée de moins de 14 ans à près de 23 ans.

L'état de santé et les conditions de travail difficiles peuvent aussi jouer un rôle très important pour les travailleurs âgés. Nous constatons que certains pays ont encore beaucoup à faire pour améliorer les conditions de travail. Dans bien des cas, les travailleurs âgés doivent partir parce qu'ils ne peuvent plus suivre la cadence, avec 50 heures ou plus de travail par semaine. Beaucoup de pays doivent prendre des mesures pour rendre les conditions plus raisonnables pour ceux qui restent sur le marché du travail.

Quelles sont les autres façons d'inciter les gens à demeurer plus longtemps sur le marché du travail? Beaucoup de pays ont augmenté les pénalités dans leurs systèmes de pensions. Il est plus difficile, pour les personnes qui prennent une retraite hâtive, d'obtenir une pleine pension, mais ce n'est pas uniquement à cause des systèmes des pensions. Il est important qu'une réforme soit entreprise simultanément dans le régime d'assurance-chômage et le système des pensions d'invalidité, afin que les gens ne choisissent pas d'autres façons de se retirer du marché du travail.

De nombreux pays ont également élaboré des stratégies pour augmenter l'employabilité des personnes âgées. L'un des programmes les plus connus dans ce domaine est le Programme national finlandais sur les travailleurs âgés, qui était en vigueur de 1998 à 2002. Cette initiative a semblé connaître du succès; en effet, le taux d'emploi a considérablement augmenté chez les travailleurs âgés en Finlande. Toutefois, pendant cette période, l'économie s'est aussi redressée de façon spectaculaire. Il est encore trop tôt pour déterminer si c'est surtout l'impact du programme ou la reprise économique générale qui a joué un rôle prépondérant.

On voit de telles initiatives en Allemagne, par exemple, et depuis peu en France et en Belgique. La conviction selon laquelle les travailleurs doivent demeurer plus longtemps sur le marché du travail commence à gagner du terrain dans un grand nombre de pays européens, qui, jusqu'à tout récemment, croyaient que des emplois destinés aux jeunes pouvaient être remplacés par des emplois pour les personnes âgées. Dans ces pays, on pensait qu'en envoyant les gens plus tôt à la retraite, on créerait des emplois pour les jeunes. Je pense que maintenant, tout le monde a compris que ce n'est pas ce qui arrive.

Comme le Canada, beaucoup de pays membres de l'OCDE ont aussi commencé à intégrer l'employabilité dans les stratégies nationales sur le vieillissement. Celles-ci peuvent servir à conscientiser la population. Avec des campagnes d'information, on peut dire aux gens que les travailleurs âgés sont utiles à la société et à l'économie, mais cette stratégie d'ensemble n'est pas une panacée. Elle ne fonctionnera que si tous les intervenants y sont engagés; s'il existe des mécanismes d'évaluation appropriés — et beaucoup de pays n'en ont pas encore —; et s'il y a des objectifs adéquats pour lesquels on peut évaluer les progrès.

À l'OCDE, nous demandons aussi de plus en plus l'adoption d'une approche à l'égard du vieillissement fondée sur le parcours de vie, et non centrée exclusivement sur les travailleurs âgés. Quelques pays se sont engagés dans cette voie, mais dans certains cas, les premiers résultats sont décevants. Laissez-moi vous donner un exemple de ce qui s'est passé aux Pays-Bas.

Récemment, on a instauré un nouveau programme appelé le régime d'épargne tout au long de la vie. Les travailleurs peuvent déposer des sommes non imposables dans des comptes d'épargne; l'argent peut servir pour l'éducation ou pour des congés. Plus de la moitié de tous les travailleurs indiquent déjà qu'ils aimeraient utiliser cet argent pour prendre une retraite anticipée. Cette culture, visiblement, est encore bien ancrée dans l'esprit des gens; nous devons la changer afin que ces personnes demeurent plus longtemps dans la population active.

En ce qui concerne le vieillissement et la santé, la représentante de la Suède vient tout juste de nous indiquer que dans plusieurs pays, les cas d'incapacité grave, que nous pensions moins nombreux parmi les populations âgées, sont en recrudescence. Il est très important que nous restions vigilants et que nous ne disions pas simplement que nous augmentons notre espérance de vie en bonne santé. Nous devons nous préparer à d'éventuelles augmentations des taux d'incapacité grave chez les personnes âgées, et nous devons élaborer des stratégies de prévention de maladies comme l'obésité, par exemple, car ces pathologies augmenteront vraisemblablement la nécessité de recourir à des services de soins de longue durée pour les populations âgées également.

Je vais m'arrêter ici, et je suis prête à répondre à vos questions.

Jane Barratt, secrétaire générale, Fédération internationale du vieillissement : Au nom de la Fédération internationale du vieillissement, ou FIA, je suis honorée de pouvoir présenter aujourd'hui notre point de vue devant le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. Nous avons comme objectif de travailler en collaboration avec les secteurs public et privé, avec la société civile et les personnes afin d'améliorer la qualité de vie des aînés partout dans le monde, de favoriser la création de milieux qui leur permettront d'avoir un rôle actif au sein de leur collectivité.

Compte tenu du vieillissement croissant de la population, nous devons envisager de nouvelles perspectives pour adopter des politiques et des pratiques responsables en la matière. Le Canada doit être prêt à mettre au point des stratégies pour s'adapter aux besoins changeants de la société, afin de s'assurer que les aînés aient toutes les chances d'avoir la qualité de vie qu'ils méritent. Je suis ici, aujourd'hui, pour apporter ma contribution, souligner quelques exemples clés de bonnes politiques, au Canada ainsi qu'à l'étranger, et faire des recommandations importantes qui devront être prises en compte dans les politiques canadiennes.

Au Canada, et dans de nombreux pays développés, la politique en matière de vieillissement continue à être axée sur la prestation et les établissements de soins. Il est de notre devoir d'assurer la qualité de vie, et cela sous-tend deux enjeux aussi importants l'un que l'autre. Le premier est de se protéger le plus possible contre les maladies, et le deuxième est de garder assez de ses facultés pour assurer de par le monde une part active. Je pense qu'il faudrait mettre davantage l'accent sur une vie autonome et un mode de vie actif ainsi que sur la création d'un environnement propice. Il est vrai que dans de nombreux pays développés, seulement une personne sur sept de 75 ans ou plus aura besoin de services cliniques de haut niveau en établissement. Les personnes âgées dont l'implication sociétale est active et appréciée dans la société sont plus susceptibles de mener une vie active et saine.

Jusqu'à maintenant, le Canada est un véritable chef de file de la promotion des intérêts des aînés par le vieillissement actif au pays et à l'étranger. Tout récemment, le nouveau gouvernement a mis sur pied le Conseil national des aînés pour conseiller le gouvernement sur les questions touchant les personnes âgées et l'aider à s'assurer que ses programmes répondent aux besoins changeants de cette clientèle. En plus de créer ce conseil, le gouvernement a adopté plusieurs initiatives positives très importantes. L'allègement fiscal et le fractionnement du revenu offrent plus d'options fiscales aux aînés et devraient les aider à maintenir une indépendance financière plus longtemps. Le gouvernement a aussi commencé à reconnaître l'apport des personnes âgées au sein de la population active en créant le Groupe d'experts pour mener une étude sur la conjoncture du marché du travail pour les travailleurs âgés et l'Initiative ciblée pour les travailleurs âgés.

Le Canada a récemment ciblé des questions très précises liées au vieillissement en santé, notamment la prévention des chutes et les mesures d'urgence. Ces décisions améliorent la sécurité des aînés et leur permettront de vivre de façon autonome plus longtemps dans nos collectivités.

Sur la scène internationale, le Canada a été un chef de file du vieillissement actif. L'Agence de santé publique du Canada a donné un appui considérable au projet Des « villes-amies » des aînés : un projet mondial, de l'Organisation mondiale de la santé, dont le but est d'aider les villes à adopter des politiques d'intégration qui favorisent les personnes âgées.

Bien entendu, le Canada est signataire du Plan d'action international de Madrid sur le vieillissement, 2002. Ce plan met en valeur trois orientations prioritaires : les personnes âgées et le développement, la promotion de la santé et du bien-être, et la création d'environnements porteurs et favorables. Ces priorités soulignent l'importance du vieillissement actif.

Bien que le Canada soit l'un des chefs de file dans la promotion d'un vieillissement actif et en santé, il n'existe aucune norme internationale véritable pour l'élaboration d'une politique à cet égard. Par conséquent, il y a matière à l'amélioration. Notre pays aurait intérêt à s'intéresser aux efforts déployés dans d'autres pays relativement au vieillissement actif et en santé.

L'Australie est un pays dont le Canada devrait s'inspirer pour élaborer une politique sur le vieillissement actif. Le gouvernement australien a commencé à comprendre le lien entre le vieillissement démographique et d'autres secteurs. Le Science, Engineering and Innovation Council, mis sur pied par le premier ministre, a publié un rapport détaillé intitulé « Promoting Healthy Ageing in Australia ». Ce rapport a tenu compte de l'importance d'établir un lien entre la santé et le bien-être des personnes âgées et les milieux physique et social dans lesquels elles se trouvent. La « National Strategy for an Ageing Australia », du gouvernement fédéral australien, est un vaste document dont certains chapitres sont fort intéressants, notamment celui qui reconnaît que les facteurs socioéconomiques et les maladies évitables sont des facteurs déterminants du mauvais état de santé des personnes âgées.

Un autre exemple est celui de l'Australie-Méridionale. Cette région, qui compte le plus grand nombre de personnes de plus de 65 ans en Australie, s'emploie activement à la conception et à la mise en œuvre de politiques et de pratiques exemplaires en matière de vieillissement en santé. En 2006, le Office for the Ageing in South Australia a publié un plan d'action intitulé « Improving with Age : Our Ageing Plan for South Australia ».

Ce plan, qui reconnaît que le vieillissement fait partie intégrante de la société, comprend cinq priorités : favoriser le choix et l'autonomie à l'égard de l'endroit où nous vivons, de notre participation dans la collectivité et au maintien de la santé; valoriser et reconnaître tous les rôles que jouent les personnes âgées dans la société, y compris ceux de grand-parent, de conseiller et de travailleur informel, et reconnaître la diversité parmi les aînés, tout en tenant compte de l'impact de la culture, du sexe et du statut social; assurer la sécurité, la sûreté et la protection à la maison, dans la collectivité et sur le marché; fournir les bons services et les bons renseignements, de façon opportune et responsable, adaptés à leurs différents besoins; rester à l'avant-garde grâce à la recherche et à la collaboration, et reconnaître qu'il n'est jamais trop tard pour faire une différence.

Cette liste de priorités est un bon exemple des nombreuses politiques internationales qui illustrent clairement l'orientation que le Canada devrait prendre dans l'élaboration et la définition d'une politique en matière de vieillissement actif et en santé. Il est dans l'intérêt du Canada de continuer à collaborer avec ses partenaires des secteurs privé et public ainsi qu'avec la société civile.

L'Australie n'est certainement pas le seul pays à mettre en œuvre de bonnes pratiques, et Mme Westerholm et son collègue ont parlé aujourd'hui des efforts de l'Union européenne. J'aimerais prendre quelques instants pour donner de bons exemples tirés du projet Healthy Ageing. La Finlande a lancé des initiatives pour atténuer le sentiment de solitude chez les personnes âgées au moyen de groupes d'intervention, ce qui a eu pour effet de non seulement régler le problème de la solitude mais aussi d'augmenter le nombre d'activités et d'améliorer la santé.

En ce qui concerne la solitude, l'usage non conforme de médicaments et l'augmentation du taux de suicide chez les aînés, je crois que l'on devrait se pencher sur l'environnement social plutôt que sur la question de la non-conformité. Il nous faut comprendre les raisons à l'origine de ces tendances qui se manifestent de nos jours, par exemple l'augmentation des cas de violence envers les aînés.

Le programme néerlandais Groningen Active Living Model a réussi à accroître le niveau d'activité physique chez les aînés sédentaires âgés de 55 à 65 ans, ce qui a amélioré leur équilibre, leur endurance, leur indice de masse corporelle et leur condition physique. Cela répond très clairement au commentaire de mon collègue sur l'obésité.

La République tchèque a lancé le programme Healthy Region of North Bohemia — Add Years to Life and Life to Years dans le but d'aider les personnes âgées à passer d'un mode de survie passive à une prise en charge active en les sensibilisant et en les encourageant à participer davantage dans la société. Même de simples mesures, comme le Hambleton Strollers Walking for Health Program, en Angleterre, ont permis une nette amélioration de la santé et de l'interaction sociale.

Le Canada est placé pour continuer à jouer un rôle prépondérant relativement aux initiatives sur le vieillissement en santé, dans la mesure où il existe une volonté politique, et cela semble être le cas. Nous avons une responsabilité collective vis-à-vis de l'avenir des personnes âgées au Canada, et je crois que des initiatives proactives axées sur la promotion de modes de vie sains, la participation au sein des collectivités et la conception responsable de nos environnements sont les meilleures façons de s'y prendre.

Je crois fermement que le vieillissement en santé doit se faire par l'élaboration et la conception de milieux qui aident les gens à vivre le genre de vie qu'ils souhaitent, dans un environnement sain et dynamique. Dans cette optique, la FIV a décidé d'organiser, à Montréal, sa neuvième conférence internationale, dont le thème sera de trouver des façons de concevoir et de créer des environnements propices à la santé, à la participation et à la sécurité.

Le processus du vieillissement est progressif et continu. En général, ce n'est pas un sujet agréable, et nous préférons ne pas parler de la décrépitude. Cependant, faire l'autruche nous coûte cher. En évitant d'apporter les changements nécessaires en tant que société, nous nous privons des occasions de changer pour le mieux l'expérience individuelle du vieillissement. Nous devons faire du vieillissement dans notre pays notre responsabilité pour nous-mêmes et pour assurer l'avenir des personnes âgées.

Je demande au comité sénatorial d'examiner quatre recommandations clés dans le cadre de ses délibérations. Premièrement, il faut cerner les politiques, les pratiques et les initiatives liées au vieillissement en santé et au vieillissement actif qui existent actuellement dans nos provinces. Nous trouvons des exemples remarquables en Colombie-Britannique et au Manitoba, où les partenariats entre les secteurs public et privé font une différence pour les gens dans les collectivités.

Deuxièmement, il faut veiller à ce que les comités FPT sur le vieillissement en santé et le vieillissement actif contribuent directement à une stratégie nationale, tout en reconnaissant les différences propres à chaque province.

Troisièmement, il faut élaborer, avec la participation de nos aînés, des plans d'action et des programmes de prévention des maladies à tous les échelons, surtout dans les collectivités, car c'est là que la vie se déroule, ainsi que dans les quartiers.

Quatrièmement, il faut encourager les partenariats entre les secteurs public et privé afin que les stratégies en matière de vieillissement en santé et de vieillissement actif soient durables. Le comité sénatorial peut atteindre ces objectifs dans le cadre de ses travaux et de ses délibérations à venir.

Le vice-président : Merci, madame Barratt. Plusieurs sénateurs aimeraient interroger tous les témoins, mais j'aimerais d'abord revenir à la question de savoir quand toutes les mesures relatives à la création d'un environnement propice devraient être mises en œuvre. Au Canada, nous avons connu le phénomène de la « liberté 55 », un régime de retraite à l'âge de 55 ans que les entreprises d'investissement prônaient. Les pilotes d'Air Canada, par exemple, doivent prendre leur retraite à l'âge de 60 ans, ce qui leur permet facilement de savoir quand activer les pensions et préparer leurs plans de retraite. Jusqu'à il y a environ un an, la plupart des universités canadiennes et une grande partie du secteur public fixaient à 65 ans l'âge de retraite obligatoire. Cette disposition semble avoir été éliminée, surtout en Ontario. Par conséquent, la question de savoir quand passer à l'action et faire intervenir tous les programmes visant à créer un environnement propice est assez nébuleuse.

Il y a une autre dimension à cette question, qui nécessitera un examen attentif. Lorsqu'on obligeait de grands segments de la population à prendre leur retraite à 65 ans, ces gens quittaient le marché du travail et n'étaient plus tenus d'exécuter des tâches exigeantes. D'une certaine façon, ces gens étaient mis en marge de la société qui, ainsi, n'avait plus accès à leurs compétences. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, mais nous n'avons pas grand-chose pour compenser.

Madame Westerholm, puisque vous devez quitter bientôt, et puisque nous nous fions toujours sur la grande sagesse de la Suède, surtout sur la sagesse d'une députée, pouvez-vous commenter l'évolution de ce phénomène? Comment pouvons-nous planifier un environnement propice aux aînés?

Mme Westerholm : La Suède a changé son régime de pension il y a quelques années. Cependant, le Parlement a pris cette décision en 1994. Nous pouvons maintenant prendre notre retraite à l'âge de 61 ans ou continuer à travailler jusqu'à l'âge de 67 ans. L'âge de la retraite est donc passé de 65 à 67 ans. À l'heure actuelle, le Parlement cherche à augmenter cet âge encore plus. Pour les médecins, l'âge a été porté à 70 ans, et pour certains médecins en pratique privée, l'âge de la retraite a été complètement éliminé.

Dans l'organisme d'aînés que j'ai présidé, nous avons constaté qu'un tiers de nos membres qui ont pris leur retraite à l'âge de 65 ans auraient bien aimé continuer à travailler à temps partiel. Ils se sont ennuyés de leur travail. Ce point de vue s'est propagé. La société suédoise change et pense maintenant qu'une personne âgée devrait pouvoir choisir si elle veut prendre sa retraite ou continuer à travailler tant et aussi longtemps qu'elle le peut. Il y a quelques années, l'âge de la retraite en Suède se situait entre 58 et 59 ans. Aujourd'hui, la moyenne est d'environ 64 ans; quelque chose a donc changé dans la société, non seulement parce que les gens reconnaissent que certaines personnes veulent continuer à travailler mais aussi parce que nous avons besoin de cette main-d'œuvre en raison du manque de professionnels. Plusieurs choses expliquent cette situation; on constate notamment une amélioration des conditions de travail sur le plan physique quoique peut-être pas sur le plan mental. Dans certains domaines, le niveau de stress est très élevé et les gens doivent prendre des congés de maladie parce qu'ils ont été trop poussés, et maintenant il faut régler ce problème. C'est une situation que je constate dans les pays voisins.

Cette réponse concernait la pension. Avez-vous d'autres questions?

Le vice-président : J'aimerais savoir ce qu'en pensent tous les témoins, et ensuite nous passerons aux questions des autres sénateurs.

Mme Berensson : En ce qui concerne le projet Healthy Ageing, je dirais que nous avons eu beaucoup de difficultés à trouver des articles sur la retraite et la semi-retraite. Notre rapport se fonde sur les renseignements obtenus d'un professeur finlandais. Cette question nécessite beaucoup plus de recherches et de données.

Nous avons également formulé des recommandations concernant la retraite. Tout d'abord, nous croyons qu'il faut accroître la participation des travailleurs âgés et améliorer leur qualité de vie au travail grâce à de nouveaux concepts de gestion. Ensuite, nous devrions maintenir un équilibre entre les ressources personnelles et les exigences du travail et combattre l'âgisme. Enfin, pour prévenir les maladies professionnelles, nous devrions promouvoir des modes de vie sains et assurer une transition harmonieuse vers la retraite. C'est ce qui est le plus important à notre avis.

Mme Queisser : Il y a plusieurs éléments à prendre en compte pour faciliter cette transition. Le premier est d'ordre mental. Nous devons faire comprendre aux gens que la vie ne se limite pas à étudier, puis à travailler et ensuite à rester oisifs. Toute leur vie, les gens entretiennent des projets de retraite, par exemple faire du bénévolat ou travailler au sein d'associations. Pourtant, lorsqu'on se penche sur la façon dont les retraités occupent leur temps libre — et nous avons mené des recherches là-dessus —, on constate qu'ils sont davantage sédentaires, c'est-à-dire qu'ils dorment et regardent la télévision plus souvent. Ils ne font pas tout ce qu'ils avaient prévu. Ils partent peut-être en voyage ou en croisière jusqu'à ce qu'ils aient dépensé tout leur budget. Les hommes, en particulier, passent plus de temps à dormir et à regarder la télévision. Les femmes sont, elles aussi, un peu moins actives, mais consacrent une bonne partie de leur temps aux travaux ménagers car, apparemment, elles reçoivent peu d'aide des hommes.

À notre avis, la meilleure façon de demeurer actif, c'est de rester sur le marché du travail, sans que ce soit nécessairement pour occuper un poste à temps plein. Il serait tout de même bon d'envisager que les travailleurs âgés puissent continuer de travailler à temps plein et bénéficier de bonnes conditions de travail.

Laissez-moi vous donner un exemple. En Allemagne, on a mis en œuvre un plan de retraite à temps partiel pour faciliter le passage graduel de la vie professionnelle à la retraite. Malheureusement, il y avait une disposition selon laquelle les gens pouvaient travailler la moitié du temps ou utiliser les cinq ans comme un bloc, c'est-à-dire travailler deux ans et demi, puis prendre leur retraite deux ans et demi plus tôt. Que pensez-vous que les gens ont fait? Bien entendu, ils ont opté pour la retraite anticipée.

Il semble y avoir, autant du côté des employés que des employeurs, un désir de se débarrasser des travailleurs âgés. D'ailleurs, d'après notre examen, nous avons conclu qu'il fallait avoir l'appui des employeurs. Nous entendons encore trop souvent les employeurs dire qu'ils misent sur l'expérience des travailleurs âgés et qu'ils accordent beaucoup d'importance à leur contribution, mais aussitôt que des problèmes financiers surviennent et que des gens doivent être mis à pied, les travailleurs âgés sont les premiers touchés. Ce n'est pas une façon logique de gérer la main-d'œuvre, surtout si l'on pense au grand défi que pose le vieillissement de la population auquel nous serons bientôt confrontés.

Mme Barratt : D'un côté, nous parlons de la retraite, mais de l'autre, notre discussion frôle l'âgisme. Nous devons être clairs sur ce dont nous discutons ici.

Lorsqu'il est question de retraite et de créer un environnement qui permet aux gens de faire le choix de travailler ou non, il ne faut pas perdre de vue les impératifs politiques et économiques. Nous devons mettre en place des mesures incitatives pour encourager les gens à faire ce choix, soit en offrant des conditions de travail flexibles ou un poste à temps partiel rémunéré ou pas.

Ensuite, il faut cesser de palabrer et passer à l'action, et ce, dès maintenant, parce que la pénurie de main-d'œuvre est une réalité bien actuelle. De nombreux pays ont entrepris des projets pilotes axés sur des conditions de travail flexibles.

Lorsque nous parlons de retraite obligatoire, ne croyez-vous pas que nous faisons preuve d'âgisme? Nous devrions plutôt nous pencher sur ce que nous pourrions offrir à ces gens après leur retraite. Pour de nombreuses personnes qui atteignent l'âge de la retraite, que ce soit 50, 65 ou 67 ans, le travail, c'est toute leur vie. Les gens se définissent par ce qu'ils ont fait pendant 30 ou 40 ans.

Ensuite, nous parlons des problèmes sociaux entourant la retraite et la période de transition. C'est une question complexe. Il ne s'agit pas de fixer un âge de retraite obligatoire, mais plutôt d'accroître la souplesse des conditions de travail des travailleurs âgés et d'offrir une vaste gamme de choix. Certaines entreprises canadiennes travaillent très fort pour mettre en place des mesures incitatives, et elles devraient nous servir de modèles pour savoir ce qui fonctionne sur les plans économique et social.

Le sénateur Cordy : Certaines entreprises offrent des mesures incitatives, mais beaucoup d'autres n'hésitent pas à se débarrasser des travailleurs sous prétexte qu'ils ont 55 ou 59 ans.

J'aimerais entendre la représentante de l'OCDE à ce sujet. Madame Queisser, vous avez parlé de stratégies visant à garder les gens plus longtemps dans la population active. Vous avez dit que la Finlande avait mis sur pied un programme et qu'il y avait aussi des initiatives en Allemagne, en France et en Belgique. Pourriez-vous nous donner une idée de ces initiatives?

Au Canada, beaucoup de régimes de pension sont fondés sur le salaire des trois ou cinq meilleures années d'emploi. Par conséquent, si vous deviez travailler 50 p. 100 du temps au cours de vos trois ou cinq dernières années, vous réduiriez considérablement votre pension.

Nous avons discuté plus tôt de la pénurie de main-d'œuvre à laquelle le Canada fait face à l'heure actuelle, et pourtant, nous pensons encore à la retraite anticipée. Nous baignons dans le brouillard. Ensuite, nous parlons de souplesse et d'âgisme. D'un autre côté, devrions-nous pénaliser quelqu'un qui occupe un poste extrêmement stressant ou exigeant et qui veut prendre sa retraite à l'âge de 60 ou 65 ans?

Dans le même ordre d'idées, j'aimerais savoir comment nous pourrions régler ces problèmes au Canada au moyen d'une politique qui favoriserait le vieillissement en bonne santé et donnerait aux gens la souplesse dont ils ont besoin pour prendre des décisions et ne pas se faire dire qu'ils doivent partir à une date précise.

Mme Queisser : Le problème des régimes de retraite que connaît le Canada en ce moment frappe également d'autres pays où les gens touchent une pension du secteur public relativement modeste et une grosse pension privée. Dans des pays comme la Belgique, l'Allemagne et la France, les pensions privées ne sont pas très substantielles. Les gens perçoivent un revenu de retraite tiré d'un régime de pension public fondé sur les gains moyens qu'ils ont réalisés au cours de leur vie. Ce que vous gagnez au cours des dernières années de votre carrière ne déterminera pas ce que vous recevrez à la retraite.

C'est pareil aux États-Unis et au Royaume-Uni, par exemple, mais pas en Australie. Dans ce pays, il y a des régimes de pension privés obligatoires et davantage réglementés. À l'OCDE, nous croyons qu'il faut examiner de près l'incidence qu'ont les régimes de pension privés sur la retraite puisqu'ils n'offrent pas de mesures incitatives intéressantes ni de souplesse. En effet, nous avons parfois remarqué que les régimes de pension privés permettaient seulement aux retraités de subvenir à leurs besoins en attendant de recevoir leur pension de retraite publique. Le secteur public essaie de repousser l'âge de la retraite pour que les travailleurs demeurent plus longtemps sur le marché du travail, mais en fait, le secteur privé peut faire beaucoup pour contrer ces initiatives.

Dans de nombreux pays de l'OCDE, on aimerait que l'âge normal de la retraite soit supérieur à 65 ans. Lorsqu'on dit « âge normal de la retraite », est-ce que cela signifie que les gens doivent travailler jusqu'à l'âge de 65 ans dans certains pays? Non, cela veut dire qu'on ne peut toucher sa pleine pension avant cet âge. Plusieurs pays, dont l'Allemagne — qui ne jurait que par la retraite anticipée —, envisagent de repousser l'âge de la retraite. Le Royaume-Uni songe à le fixer à 68 ans. N'empêche que ces pays savent très bien que les gens qui sont entrés tôt sur le marché du travail ou qui occupent des emplois difficiles, physiquement exigeants, monotones ou routiniers ne seront pas capables d'attendre jusque-là.

Par conséquent, une importante question politique se pose. Que va-t-il arriver? Soit que, comme en Suède, les gens tomberont de plus en plus souvent malades et auront recours aux prestations d'invalidité, soit que nous permettrons aux gens qui auront assumé des fonctions exigeantes ou qui auront commencé à travailler très jeunes de prendre leur retraite. En France, par exemple, on a choisi de donner la possibilité aux gens qui ont commencé à travailler à l'âge de 15 ans de prendre leur retraite avant 60 ans. Une fois qu'ils auront accumulé 40 ans de service, ils pourront partir, même s'ils n'ont que 55 ans. Néanmoins, nous croyons que 55 ans, c'est un peu trop jeune et que, même si ces gens ont travaillé très fort toute leur vie, ils ne devraient pas avoir que le choix de rester ou de partir, mais aussi celui de faire une transition graduelle vers la retraite en ayant un horaire de travail réduit.

Leur situation constitue un peu un casse-tête pour les décideurs en ce moment, qui essaient tant bien que mal de régler le problème. Nous ne voudrions pas revivre la même situation qu'ont vécue de nombreux pays lorsque beaucoup de monde, dans certains secteurs, était admissible à une retraite anticipée. Par exemple, tous ceux qui travaillent dans le secteur minier, du mineur à la secrétaire, prenaient une retraite anticipée. Cela ouvre la porte à des abus. Quiconque exerce des pressions pourrait bénéficier d'une retraite anticipée. C'est quelque chose que nous avons vu dans de nombreux pays, et il est encore plus difficile de corriger le tir après coup. Chose certaine, nous avons besoin de souplesse et nous devons régler le problème, mais avons-nous trouvé une solution? Je ne crois pas.

Le vice-président : C'est ce que je pense aussi. Je me demande comment les actuaires vont s'organiser pour avoir suffisamment d'argent dans les fonds de pension s'il n'y a aucune règle qui s'applique aux gens qui prennent leur retraite.

Mme Barratt : Je n'ai pas la réponse, mais ma collègue nous a donné une bonne idée de certaines des difficultés auxquelles s'est attaquée l'OCDE et auxquelles le Canada devra faire face. Je suis désolée, mais j'aurais tendance à penser comme mes collègues.

Le sénateur Cordy : Plusieurs d'entre vous ont parlé des problèmes sociaux entourant la retraite, et quelqu'un a mentionné la solitude des personnes âgées. Quoi faire pour y remédier? À mon avis, cette question revêt une très grande importance, parce que les gens rêvent de la retraite toute leur vie et, le moment enfin venu, ils ne savent plus quoi faire. Il y a quelques années, Santé Canada a mené une étude sur la dépression chez les personnes âgées. C'est un problème majeur. Nous prenons tous de l'âge. Comment faire du vieillissement quelque chose de positif? Nous voulons éviter que les gens restent chez eux à se morfondre puis sombrent dans l'isolement et la solitude. Quelqu'un a souligné, notamment, le fait que les personnes âgées dorment davantage et regardent plus souvent la télévision. Quelle politique devons-nous mettre en place pour que le vieillissement ne soit pas perçu comme une fin en soi, mais plutôt comme un processus évolutif?

Mme Westerholm : Bien entendu, chaque personne vieillit différemment. Ce qui est bien pour une personne n'est pas forcément la meilleure solution pour une autre. Dans mon pays, près de la moitié des aînés de 65 ans et plus font partie de l'une des cinq associations de personnes âgées. Il y en a aussi qui se sont joints à la Croix-Rouge ou à diverses ONG. Durant les premières années de leur retraite, ces personnes passent une bonne partie de leurs journées à travailler pour ces ONG. Les aînés commencent à se sentir seuls quand, en raison de leurs déficiences, ils ne peuvent plus assister à des réunions, aider leurs amis ou sortir de chez eux. Nous devons régler ce problème, non seulement en offrant des logements adaptés, mais aussi en permettant à ces gens d'avoir une vie sociale. Dans mon pays, les gens aux prises avec de nombreuses déficiences reçoivent de l'aide. Une personne vous apporte votre repas, mais elle est tellement pressée qu'elle n'a pas le temps de s'asseoir avec vous pour discuter, par exemple. Nous devons absolument agir. Quant aux aînés autonomes, nous devons les informer des perspectives qui s'offrent à eux. Certains n'osent pas travailler pour une ONG; vous devez donc leur parler de cette possibilité avant qu'ils prennent leur retraite ou communiquer avec des personnes déjà membres afin qu'elles invitent des amis et créent un réseau.

Si l'on prend les statistiques concernant les activités des aînés suédois, on constate que ceux âgés entre 65 et 75 ans occupent beaucoup leurs temps libres. J'aimerais qu'on puisse mettre un prix là-dessus. Ainsi, dans les comptes nationaux, on pourrait voir quel genre de ressource représente cette génération. Toutefois, la situation change chez les 85 ans et plus. Nous sommes préoccupés par le taux de suicide. En Suède, le quart des suicides sont commis par des aînés de 65 ans et plus. Et je parle ici des suicides patents. Les personnes qui arrêtent tout simplement de manger ou de boire ne sont pas comptabilisées dans ces statistiques. Nous devons faire des recherches pour connaître la cause de tous ces suicides et savoir comment les prévenir. On s'est récemment beaucoup intéressé à ce problème, mais les gens n'en parlent pas trop.

Le sénateur Cordy : J'ai été étonnée d'apprendre qu'en Suède, il y avait de plus en plus d'aînés souffrant d'incapacités graves. Quelle en est la cause? Est-ce parce que les gens vivent plus longtemps?

Mme Westerholm : Cela nous a surpris également. Cette conclusion est tirée d'un récent rapport de l'OCDE. Toutefois, nous ignorons ce qui est à l'origine de cette augmentation et nous devons le découvrir. Est-ce comme pour la solitude, par exemple? Est-ce attribuable notamment à un manque de services d'aide ou de logements, ou s'agit-il d'un autre type de maladie qu'on peut prévenir? J'ai parlé de l'alcool et de la cirrhose du foie chez les femmes âgées, dont les habitudes de consommation ont changé. Franchement, je ne sais pas. C'est tout ce que je peux répondre.

Mme Queisser : Je vais vous en dire un peu plus au sujet de l'étude de l'OCDE qu'ont menée mes collègues. Ils se sont penchés sur la situation dans 12 États membres de l'OCDE à travers le monde et ont découvert que dans cinq pays — soit le Danemark, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas et les États-Unis —, le nombre d'incapacités graves chez les personnes âgées a diminué. Toutefois, ce nombre a augmenté en Belgique, au Japon et en Suède. Enfin, au Canada et en Australie, ce nombre est resté inchangé. Dans certains cas, il y a des problèmes de mesure. Mesurer les incapacités graves est plus difficile qu'on le pense. Par exemple, en France et au Royaume-Uni, il nous est difficile de faire la différence entre les tendances et les changements dans la mesure. Toutefois, on sait qu'en général, les gens sont en meilleure santé, et de nombreuses autres maladies qui se manifesteraient peut-être plus tôt sont mieux traitées. Les gens sont bien portants plus longtemps, mais lorsqu'ils tombent malades, leurs incapacités peuvent être plus graves.

Comme nos collègues suédois l'ont fait remarquer, nous n'arrivons pas encore à bien saisir les tendances. Nous voulons faire plus de recherches afin de mieux comprendre la situation. Il est peu probable que l'explication soit la même pour tous les pays, mais il se peut qu'il y ait des réponses propres à des cas précis. Comme nous l'avons dit plus tôt, le suicide est peut-être davantage un problème en Suède qu'ailleurs dans le monde.

Malheureusement, je ne suis pas celle qui a mené cette étude, mais nous pourrions volontiers vous donner plus d'informations à ce sujet, y compris sur l'étude préliminaire en question, si cela vous intéresse. Mes collègues de la division de la santé pourraient avoir des renseignements plus précis à vous donner là-dessus.

Mme Berensson : Je vais vous parler de la solitude, et aussi insister sur le fait que le travail bénévole accompli pour et par les personnes âgées est très important. Le bénévolat chez les aînés n'est pas chose courante, du moins en Suède. Notre étude nous a permis de conclure que, tout comme les personnes âgées qui reçoivent de l'aide, les bénévoles en retirent aussi quelque chose. C'est bénéfique pour tout le monde, et bon pour le capital social.

Mme Barratt : J'aimerais répondre à cette question de différentes façons. De prime abord, j'aimerais que nous nous intéressions aux capacités de ces personnes âgées plutôt qu'à leurs incapacités, parce qu'en fait, c'est leur capacité à fonctionner qui fera en sorte qu'elles pourront demeurer dans leur environnement, soit chez elles. Si elles sont suffisamment autonomes pour se laver, faire leurs emplettes et s'intégrer à la communauté, elles pourront continuer d'habiter dans leur logement. Même si ces personnes présentent une incapacité, c'est plutôt leur capacité à fonctionner qui déterminera si elles sont capables de vivre de façon autonome.

Ensuite, nous devons prendre un peu recul et voir où les aînés vivent. Où habitent-ils? Comment les communautés sont-elles aménagées? Qu'est-ce qui est à l'origine de ces tendances à la hausse?

J'ai parlé plus tôt de l'augmentation des cas de violence et de négligence à l'égard des aînés. Est-ce que c'est lié à notre environnement social? Il faut d'abord s'interroger sur les causes de cette augmentation avant d'essayer de remédier à la situation.

Ensuite, il y a la question du logement. Quel type de logement convient à une personne vivant toute seule? Le conjoint est peut-être décédé et les enfants vivent dans un autre pays. Le réseau social est différent aujourd'hui de ce qu'il était il y a 20 ou 30 ans. Les enfants ne sont souvent pas là pour s'occuper de leurs parents qui prennent de l'âge. Par conséquent, ceux-ci se sentent souvent seuls et déprimés, et pour cause. Cela explique pourquoi certains cessent de manger et de prendre leurs médicaments. Ils ne respectent plus les consignes de leur médecin. Pire encore, il arrive qu'ils ne soient pas capables d'ouvrir le contenant de médicaments parce qu'ils souffrent d'arthrite. C'est d'ailleurs une pathologie courante chez les personnes âgées; le produit devrait donc être conçu en conséquence.

Cela dit, il faut évaluer leurs incapacités par rapport à leurs capacités. Ensuite, nous devons nous intéresser à l'aménagement urbain. Ce n'est plus autant le cas aujourd'hui, mais à l'époque, dans le quartier où j'ai grandi, il y avait des structures qui permettaient aux gens de vieillir en harmonie au sein de leur communauté en y occupant une place importante.

La situation s'est détériorée après que la structure et la communauté eurent connu des transformations. Le transport est un problème majeur dans certaines régions du pays, et c'est vrai aussi ailleurs dans le monde. Encore une fois, sans transport, les aînés sont incapables de sortir. Leurs voisins sont souvent décédés ou ont déménagé. Lorsqu'il est question de solitude, de dépression et de suicide — et il y a certes une augmentation du taux de suicide dans beaucoup de pays développés —, il y a de nombreuses questions sociales à prendre en compte. À mon avis, c'est là où on doit intervenir; il faut examiner notre environnement social pour connaître l'origine de ces tendances lourdes.

[Français]

Le sénateur Chaput : Merci monsieur le président. Pour ma part, j'aimerais me pencher sur la question du vieillissement en santé et le vieillissement actif. D'après moi, c'est un des enjeux principaux de tout ce dont ce comité discute, depuis le début, et dont vous discutez entre vous.

Depuis que ce comité spécial a commencé et que nous avons entendu des témoins, un thème revient continuellement : c'est le choix qu'une personne qui avance en âge devrait avoir, soit de pouvoir continuer à travailler, soit de pouvoir modérer son activité, soit de pouvoir arrêter de travailler. Ce thème revient continuellement; avoir le choix, c'est bon pour la santé, c'est bon pour la santé mentale de la personne, cela lui donne un certain contrôle sur ce qu'elle fait, elle peut décider et rester impliquée. Donc cela contribue à continuer à demeurer en santé.

Je pense aussi que, depuis que ce comité siège et entend des témoins, on a parlé des baby-boomers qui arrivent à un certain âge et qui vont, d'après ce que nous avons entendu, vouloir aussi avoir le choix.

Nous sommes également tous conscients du fait que, sur le marché du travail, il y a une pénurie de main-d'œuvre, et que les employeurs, s'ils le voulaient vraiment, pourraient changer les façons de fonctionner pour continuer à y intégrer des personnes un peu plus âgées.

Cela répond tellement à toutes sortes de besoins de la société que je me demande pourquoi les décideurs ne pourraient pas immédiatement se pencher sur une solution en termes de priorité. S'il y a à refaire, à retravailler ou à élaborer de nouvelles politiques, que ce soit au plan international, national ou autre, pourquoi ne pas immédiatement se pencher sur ce que voudrait dire une nouvelle politique ou un changement vis-à-vis de ces politiques, pour que les personnes aient le choix, et ce que cela voudrait dire pour les personnes qui avancent en âge, mais aussi pour le marché du travail.

Je pense que c'est Mme Barratt qui disait tout à l'heure qu'il faut agir. Est-ce que ce ne serait pas possible de commencer à se donner une priorité qui serait le choix, pour la personne qui avance en âge, de travailler moins ou pas du tout, et voir ce que cela voudrait dire en termes de politiques et de programmes?

[Traduction]

Mme Queisser : Pour être en mesure de faire le bon choix, les gens doivent avoir le plus d'information possible. On doit mieux informer les gens sur ce qui les attend à la retraite. Ils ont besoin de connaître les avantages qu'ils auront s'ils arrêtent de travailler, tout comme le montant qu'ils devront économiser s'ils veulent prendre une retraite anticipée. Ils doivent aussi savoir comment ils pourront parfaire leurs compétences s'ils décident de rester sur le marché du travail.

Cela représente une immense tâche pour les gouvernements que d'informer la population pour qu'elle puisse faire des choix éclairés.

Comme nous l'avons entendu plus tôt, planifier sa retraite est quelque chose d'extrêmement désagréable pour beaucoup de gens. D'ailleurs, d'après un sondage mené en Australie, si je ne m'abuse, les gens préfèrent aller chez le dentiste que d'avoir à planifier leur retraite; c'est dire à quel point ils trouvent cela pénible.

Ils sont tout simplement dépassés par les événements. On leur a parlé des possibilités qui s'offrent à eux. Il arrive que des gens croient pouvoir prendre leur retraite plus tôt jusqu'à ce que quelqu'un calcule leur pension pour eux, et qu'ils se rendent compte que c'est impossible à moins d'occuper un autre emploi ou de quitter leur appartement parce qu'ils ne pourraient plus payer.

La préparation à la retraite doit se faire tôt afin que les gens puissent avoir le choix. Il faut accorder une certaine souplesse, mais en même temps, les pays doivent décider à partir de quel âge les gens peuvent faire des choix. Comme je l'ai dit plus tôt, par mes nombreux exemples, si vous les laissez choisir, beaucoup de gens préféreront partir.

Toutefois, cela signifie aussi que seuls les plus riches pourront se permettre de prendre leur retraite et que les gens ayant peu de moyens devront continuer de travailler jusqu'à la dernière limite, autrement, leur pension sera misérable. Il y a aussi une question d'équité. Certains pays ont tout simplement décidé, par souci d'équité, de ne pas accorder de pension publique à quiconque avant l'âge de 65 ans. On peut observer une hausse spectaculaire du nombre de gens âgés qui travaillent lorsqu'aucune pension n'est allouée avant un certain âge. D'une certaine façon, cela vient un peu contredire la souplesse que nous prônons; c'est donc un choix très difficile à faire pour les décideurs. Dans une certaine mesure, on ne pourra jamais empêcher les gens qui ont beaucoup d'argent et qui sont bien portants — car il est connu que les mieux nantis sont habituellement en meilleure santé — d'avoir plus de choix dans la vie, y compris en ce qui concerne leur retraite.

Malheureusement, je n'ai pas vraiment de réponse à cette question. Comme nous l'ont dit nos témoins suédois, les régimes de retraite devraient permettre plus de souplesse. En même temps, on doit toujours garder en tête la question de l'équité et, bien sûr, tenir compte des conséquences financières.

Mme Berensson : J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit concernant l'information. En Suède, il est difficile de savoir quel sera le montant de sa pension. La plupart des gens, même ceux très instruits, trouvent cela compliqué. Il serait donc important que les gens soient bien informés, car cela pourrait les persuader de demeurer sur le marché du travail. Certaines organisations défendront probablement le droit de ces gens de partir plus tôt avec une pension élevée, mais cela pourrait avoir une incidence négative sur les finances publiques. Toutefois, si on met en place des mesures incitatives pour garder les travailleurs plus longtemps dans la population active, cela pourrait porter fruit. Notre régime comporte quelques mesures incitatives, du coup, les gens travaillent plus longtemps aujourd'hui qu'il y a quelques années.

Mme Barratt : J'aimerais faire une brève remarque concernant l'information. Il est important d'informer les gens, mais encore faut-il que ce soit fait en temps opportun. Certains d'entre nous ne se posent pas trop de questions et s'imaginent qu'ils auront suffisamment de revenus à la retraite. En vérité, c'est parce que nous ne voulons pas vraiment le savoir; beaucoup de personnes âgées craignent de manquer d'argent. Si on mettait en place une politique ou un programme d'information, au sein de la communauté, et dans différentes langues, visant tous les gens âgés de 55 ans et plus sur la retraite et leurs droits en matière de pension, il va sans dire que cela les aiderait à faire des choix. À l'heure actuelle, ils n'en sont pas capables parce qu'ils ignorent ce que leur réservent les dix ou 20 prochaines années.

Le sénateur Chaput : Des baby-boomers m'ont dit qu'ils ne peuvent pas prendre leur retraite parce que même s'ils gagnent bien leur vie, l'argent sort de leurs poches aussi vite qu'il y entre. Si c'est la tendance, ne devrions-nous pas en tenir compte?

Mme Barratt : Absolument. Vous avez parfaitement raison.

Nous ne pouvons pas encore dégager de tendance chez les baby-boomers. Ils commencent à peine à prendre leur retraite ou à ne pas la prendre. Nous n'avons aucune idée de ce qu'ils comptent faire. Toutefois, nous pourrions certainement agir en fonction des données que nous avons.

Le vice-président : J'aimerais que Mmes Queisser et Barratt nous entretiennent des mesures que pourrait prendre le Canada à ce chapitre. On a affaire à une situation très différente de celle qu'on a connue il y a à peine quelques années. On assiste à un changement soudain; ce n'est pas le résultat d'une évolution sur plusieurs années. Que faire lorsque des gens continuent de travailler alors qu'on ne s'y attendait pas, ou le contraire, lorsque des gens touchent leur pension avant l'âge de 65 ans? Dans certaines professions, comme celle du sénateur Cordy, soit l'enseignement, comment peut-on assurer un niveau d'excellence si on se retrouve avec beaucoup de professeurs âgés qui n'ont plus l'énergie de leurs jeunes années? Quel plan peut-on mettre en œuvre?

Mme Queisser : Il y a toute une série de mesures à prendre et d'étapes à suivre. De toute évidence, il faut s'attaquer aux régimes de retraite. Quelqu'un a fait une remarque importante au début sur l'incidence des régimes de pension privés au Canada. Il est essentiel de se pencher sur la façon dont ces régimes sont gérés, sur le type de politiques à adopter concernant l'âge de la retraite et sur la mesure dans laquelle ces régimes incitent les travailleurs âgés à se retirer de la population active. La politique des régimes publics de retraite doit tenir compte de tous les tenants et aboutissants ainsi que de toutes les ressources dont les gens disposent à la retraite.

Parlons maintenant de la formation continue. C'est un problème, et pas seulement chez les personnes âgées. En général, il est difficile de déterminer les compétences dont les gens auront besoin. Pourquoi autant de pays affichent un taux de chômage élevé chez les jeunes? Si nous avions su quelles compétences étaient en demande, nous aurions pu former les gens en fonction des besoins du marché. Malheureusement, il arrive souvent que nous ne le sachions pas. Au cours de sa carrière, il est très important de pouvoir suivre une formation continue et des cours qui permettront de mettre à jour ses compétences et d'en acquérir de nouvelles dans le but de se recycler.

Il est plus difficile pour un décideur d'agir à ce niveau, parce que ce sont les entreprises qui s'occupent du perfectionnement de leurs employés. Les employeurs doivent voir à ce que leurs employés n'aient pas de compétences désuètes. Quelles mesures peuvent-ils prendre pour favoriser le développement professionnel? Dans de nombreux pays, on n'offre plus aucune formation aux travailleurs de plus de 45 ans, car on les considère déjà trop vieux. On pense qu'ils ne peuvent pas apprendre de nouveaux programmes informatiques ou de nouvelles techniques de gestion. Il faut que ça change.

Personnellement, tout comme certains de mes collègues à l'OCDE, je suis très optimiste. La situation changera forcément, car la main-d'œuvre est de plus en plus vieillissante. Les employeurs et les employés ne pourront faire autrement que de s'adapter.

Il y a d'autres mesures que le Canada pourrait prendre. En 2004, l'OCDE a examiné la situation des personnes âgées au Canada, et nous serions ravies de vous faire part de cette étude si vous n'en avez pas encore pris connaissance. Nous serions également heureuses de vous transmettre le rapport de synthèse, qui explique beaucoup plus en détail les problèmes auxquels le Canada devra s'attaquer pour améliorer les choses.

La situation au Canada n'est pas si dramatique. En fait, vous vous débrouillez plutôt bien en matière d'emploi pour les personnes âgées comparé à beaucoup d'autres pays de l'OCDE. Bien sûr, il y a encore place à l'amélioration. Ce rapport sera transmis à tous ceux d'entre vous qui souhaitent en apprendre davantage sur cette étude.

Le vice-président : Merci beaucoup. Je vous prie de bien vouloir faire parvenir le rapport au comité. J'aimerais beaucoup le consulter, car je n'en ai pas encore eu l'occasion.

Mme Barratt : Sénateur Keon, ma collègue a tout dit. J'aimerais terminer en vous rappelant que nous avons tout à gagner en misant sur l'expérience des personnes âgées, tout comme sur leur sagesse et leur vécu. Les entreprises, tout comme le gouvernement, devraient s'engager à ce que leurs employés plus âgés puissent se recycler.

Si les secteurs privé et public prennent un tel engagement, la perception qu'ont les gens des travailleurs âgés changera assurément.

Le vice-président : Merci à vous toutes.

Nous allons maintenant entreprendre la deuxième partie de notre séance. Nous accueillons des représentants de trois groupes très intéressants : la Coalition de vie active pour les aîné(e)s, Creative Retirement Manitoba et l'International Council on Active Aging.

Dianne Austin, directrice exécutive nationale, Coalition de vie active pour les aîné(e)s : Honorables sénateurs, au nom de la Coalition de vie active des aîné(e)s, je tiens à vous remercier de nous avoir invités aujourd'hui pour discuter de la promotion de la vie active chez les personnes âgées, car c'est, sans l'ombre d'un doute, une question cruciale. L'un des buts premiers de la Coalition, c'est de persuader les aînés d'aujourd'hui qu'ils ont tort de croire qu'ils doivent à tout prix ralentir la cadence lorsqu'ils atteignent l'âge de la retraite. Certains croient qu'en agissant ainsi, ils préserveront leur santé et pourront vivre plus longtemps. C'est tout à fait le contraire. Des études prouvent que le vieillissement accéléré est la conséquence directe de l'inactivité. Notre défi est donc de sensibiliser les gens. Tous doivent savoir que pour vivre longtemps, heureux et bien portants, il faut qu'ils adoptent un mode de vie sain et actif.

En 2001, 3,92 millions de Canadiens étaient âgés de 65 ans ou plus. En 2041, ce chiffre devrait grimper à plus de 6,7 millions de Canadiens, soit 25 p. 100 de la population canadienne totale, dont 1,6 million dans la tranche de plus de 85 ans.

Pourquoi promouvoir une vie active chez les personnes âgées? Parce que les bienfaits d'une vie active sur les individus et sur la société sont bien documentés. À l'heure actuelle, plus de 66 p. 100 des personnes âgées ne mènent pas une vie assez active; l'inactivité physique coûte à notre système de soins de santé 2,1 milliards de dollars par an et cause 21 000 décès prématurés chaque année. On s'attend à ce que les cas de diabète augmentent de 44 p. 100 au cours des 20 prochaines années. Plus de 4 millions de Canadiens souffrent d'arthrite et ce chiffre devrait augmenter à plus de 6 millions de Canadiens d'ici 2026, le taux de croissance le plus élevé étant chez les adultes de 55 ans et plus. En 2002, près de 75 000 Canadiens sont morts de maladies cardiovasculaires, qui ont représenté la cause de décès de 32 p. 100 des hommes et de 34 p. 100 des femmes. Les maladies coronariennes sont maintenant la première cause de décès chez les femmes âgées.

L'amélioration des niveaux d'activité physique aidera à atténuer ou à diminuer bon nombre des risques pour la santé que je viens de mentionner. Les recherches démontrent que des activités physiques régulières comme l'aérobie et le renforcement musculaire font régresser une invalidité, améliorent la vitesse de marche, augmentent la force et améliorent les capacités, même chez les personnes âgées fragiles. La mobilité joue un rôle important dans la qualité de vie des personnes âgées et il est possible de l'améliorer considérablement grâce à un entraînement approprié. L'exercice physique diminue également le niveau des facteurs de risque liés aux chutes; par ailleurs, les études démontrent que l'exercice physique diminue la pression artérielle.

Une étude menée en 2001 auprès de femmes âgées de 50 à 65 ans faisant de la marche 60 minutes par jour, cinq fois par semaine, a révélé qu'après seulement 12 semaines, les femmes qui suivaient ce nouveau programme d'activité physique ont vu une amélioration de leur taux de glycémie et de leur condition physique, et une diminution de leur masse adipeuse. D'après une étude régionale menée en 2004, le nombre de décès causés par les maladies cardiovasculaires a diminué de 34 p. 100 chez les hommes qui participaient à une activité physique même légère plus tard dans leur vie, comparativement à ceux qui restaient inactifs. La recherche a démontré que plus une personne faisait de l'exercice physique, moins elle était susceptible de souffrir d'anxiété, de dépression et de stress. Ils profitent aussi d'un meilleur sommeil, d'un meilleur rendement professionnel, d'une meilleure vie sexuelle, d'une plus grande confiance en soi et d'une meilleure forme physique en général.

Que faut-il donc faire pour encourager les personnes âgées à mener une vie active? Pourquoi choisissons-nous de ne pas faire de l'exercice physique même à la lumière de toutes ces études et statistiques? En février 2006, pour répondre à ces questions précises, la Coalition d'une vie active pour les aîné(e)s a mené un projet sur les politiques en matière de santé, intitulé The Healthy Living Strategy and Promoting the Health of Older Adults Through Active Living. Grâce à l'apport des groupes et des organismes de tous les coins du Canada, qui représentent les besoins de 700 000 personnes âgées, nous avons formulé 28 recommandations destinées à promouvoir la vie active chez les personnes âgées du Canada. Les recommandations étaient réparties dans quatre domaines principaux : le leadership et l'élaboration de politiques; le développement et le transfert des connaissances; le développement et l'infrastructure des collectivités; et l'information au public. J'ai joint le rapport et ses 28 recommandations à mon exposé, mais je vais me concentrer sur les cinq recommandations qui ont été jugées les plus importantes.

Première recommandation : il faut s'assurer que la vie active pour le secteur des personnes âgées est reconnue comme un domaine important dans la mise en œuvre des politiques en matière de santé et que les organismes et les projets dans ce domaine reçoivent un financement accru et continu. Cette recommandation est justifiée, car pour assurer le leadership et la recherche nécessaires à la promotion de la vie active chez les personnes âgées, le secteur doit recevoir un financement continu. Beaucoup de progrès ont été réalisés; toutefois, il y a un risque important que les améliorations dans la recherche soient interrompues. Par exemple, notre organisme, après avoir œuvré dans le domaine de la vie active pendant plus de dix ans, prévoyait fermer ses portes en juin 2007, à cause d'un financement insuffisant. Toutefois, nous avons bénéficié d'un sursis grâce à l'obtention récente d'un financement pour mener un projet de recherche sur le diabète de type 2 chez les personnes âgées, ainsi que d'une deuxième subvention pour entreprendre une consultation pancanadienne sur l'activité physique chez les personnes âgées. Toutefois, notre existence est assurée seulement jusqu'en mars 2008. Il est très difficile pour des organismes de continuer à maintenir leur bon travail lorsque la question d'un financement régulier pose toujours problème.

Deuxième recommandation : il faut utiliser les médias de masse afin d'atteindre un auditoire national pour le sensibiliser aux bienfaits de l'activité physique chez les personnes âgées. La publicité de ParticipACTION diffusée en 1973, où l'on comparait la santé d'un Suédois âgé de 60 ans à celle d'un Canadien âgé de 30 ans, est un exemple qui illustre à quel point un bon message de marketing social peut être puissant, surtout si l'on considère que les gens parlent toujours de l'impact de cette publicité plus de 30 ans plus tard. Pour avoir une portée efficace, il faut une campagne de marketing social à l'échelle nationale qui utilise les médias de masse afin d'atteindre un segment important de la population.

Troisième recommandation : il faut travailler avec les professionnels de la santé et leurs associations afin d'élaborer conjointement des initiatives qui font la promotion de la santé des personnes âgées par l'activité physique. Les personnes âgées respectent beaucoup les médecins et les fournisseurs de soins de santé et accordent beaucoup d'importance aux conseils qu'ils donnent. Par conséquent, les praticiens jouent un rôle important dans les changements comportementaux pour ce qui est de promouvoir la vie active chez les personnes âgées.

Quatrième recommandation : il existe des arguments solides en faveur d'une conception de programmes intergénérationnels qui traitent de certains facteurs de risque pour la santé qui touchent toutes les générations.

Cinquième recommandation : il faut examiner les catalyseurs et les déclencheurs ou les facteurs de motivation pour l'activité physique régulière chez les personnes âgées. Une fois que nous aurons cette information, il faudra la partager à grande échelle. Il y a beaucoup de recherches et de données sur les obstacles à l'activité physique, mais rares sont les études sur les facteurs de motivation et les aspects psychosociaux de la motivation chez les personnes âgées.

Grâce au soutien des trois paliers de gouvernement qui collaboreront avec des groupes tels que la Coalition d'une vie active pour les aîné(e)s, ensemble nous pouvons concrétiser la vision d'une vie en meilleure santé énoncée dans le Cadre stratégique en matière de modes de vie sains : « Une nation saine dans laquelle tous les Canadiens (y compris les personnes âgées) profitent de conditions favorisant l'atteinte d'une bonne santé. »

Marjorie Wood, directrice, Creative Retirement Manitoba : Le mois dernier, Jean Johnson a célébré ses 87 ans. Le jour de son anniversaire, en compagnie d'Isabella Dryden, une autre octogénaire, elle a passé l'après-midi à donner un cours d'informatique sous les auspices de Creative Retirement. Jean et Isabella œuvrent bénévolement au sein de cet organisme depuis 20 ans. L'an dernier, elles ont décidé de ralentir un peu le rythme et de réduire à trois le nombre de cours qu'elles donnaient chaque semaine. Mais elles n'ont pas conservé ce rythme longtemps. Cette année, elles ont décidé de relever un nouveau défi : montrer comment utiliser un ordinateur aux aînés inscrits à des cours d'anglais comme langue seconde.

Jean et Isabella sont des êtres exceptionnels, mais leur exemple n'a rien de singulier au sein de Creative Retirement Manitoba, connu sous l'acronyme de CRM. Bon nombre de moniteurs de notre organisme sont des personnes âgées, et l'âge de nos étudiants varie entre 50 et 90 ans ou plus.

Les cours offerts par CRM reposent sur une philosophie qui favorise une vie active dans le cadre général de l'apprentissage continu. Nous croyons que la retraite présente une occasion de créativité aux gens et aux collectivités; que toutes les personnes ont le droit d'accéder à l'éducation; que l'apprentissage continu favorise le bien-être mental, physique, émotionnel, social et spirituel; enfin, qu'il existe un lien entre le bien-être des individus et la santé des collectivités.

Même si notre organisme est le seul centre d'éducation pour les personnes âgées au Manitoba, nous faisons partie d'un vaste réseau d'apprentissage continu. Aux États-Unis, il y a plus de 300 instituts pour l'apprentissage et la retraite. Les universités du troisième âge dans l'Union européenne et en Australie sont aussi nombreuses, voire plus nombreuses. CATALIST, le Réseau canadien pour l'apprentissage au troisième âge, regroupe des organismes de l'île de Vancouver jusqu'à Terre-Neuve. Un sondage effectué récemment auprès des membres de ce réseau révèle que plus de 60 000 personnes âgées participent activement à des programmes d'apprentissage continu.

Mais qu'est-ce qui pousse ces personnes âgées à apprendre? Que pouvons-nous déduire de ce phénomène? Comment pouvons-nous appliquer de façon créative cette information à la question qui nous intéresse, c'est-à-dire le défi du vieillissement?

Les recherches montrent qu'il existe un lien entre l'apprentissage continu d'une part et la longévité et la qualité de vie d'autre part. L'apprentissage continu aide les personnes âgées à développer de nouveaux intérêts et à s'impliquer activement dans la collectivité. Les personnes âgées se sentent plus heureuses, en meilleure forme, plus respectées et plus indépendantes lorsqu'elles participent activement à l'apprentissage. L'apprentissage actif contribue aussi à entretenir la santé du cerveau, car il prévient la perte des fonctions cérébrales et des habiletés cognitives comme la mémoire, le raisonnement et le jugement. Cette découverte est extrêmement importante pour la prévention et le traitement de la démence.

Une récente étude menée au Manitoba a révélé que les aînés participent aux activités de formation continue pour le simple plaisir d'apprendre, de socialiser et d'atteindre un but. Il est intéressant de souligner que les buts mentionnés étaient de se renseigner sur des questions précises comme des problèmes de santé et des questions d'actualité dans le monde, et non pas pour obtenir un titre de compétence.

Vous aviez demandé aux témoins d'aujourd'hui de s'interroger sur l'utilisation des critères basés sur l'âge pour la définition des aînés, sur la question de la diversité, sur les approches stratégiques et sur le rôle du gouvernement fédéral face aux défis et aux possibilités d'une population vieillissante. Il s'agit là de questions très complexes. Nous puiserons, pour y répondre, dans notre expérience et notre connaissance de l'apprentissage continu.

Notre organisme a cessé d'utiliser l'âge comme critère d'adhésion au milieu des années 1990, à cause des départs à la retraite qui avaient été imposés à un grand nombre de fonctionnaires municipaux, dont la plupart étaient des gens dans la quarantaine avancée ou au début de la cinquantaine. Que ce soit par contrainte ou par choix, les gens ont commencé à prendre leur retraite bien avant l'âge de 65 ans; par conséquent, le critère de l'âge jusque-là utilisé pour définir les retraités ne s'appliquait plus.

Les organismes pour personnes âgées faisaient face à un nouveau défi. Comment concevoir des programmes pour un groupe de retraités aussi diversifié? Nous avions des gens du troisième, quatrième et cinquième âge. Certains avaient 50 ans, d'autres avaient 80 ans; certains étaient en bonne santé, d'autres étaient fragiles; certains étaient riches, d'autres pauvres; certains étaient instruits, d'autres analphabètes. Ces facteurs persistent même de nos jours, mais les différences d'âge sont encore plus grandes.

Qu'est-ce que tout cela signifie dans le contexte de l'apprentissage continu et de la vie active? Le premier rapport provisoire de ce comité traite brièvement de l'apprentissage continu. On y mentionne que l'apprentissage continu favorise la participation des aînés à la société, mais on semble insister sur le rapport entre l'apprentissage et la promotion économique. Notre organisme estime que, si l'on définit l'apprentissage en fonction de réalités essentiellement économiques et qu'on le fait reposer sur des réalités économiques, on définit le rôle des gens de façon beaucoup trop étroite. On se trouve ainsi à limiter la créativité et la création de capital social.

Notre organisme croit également que l'apprentissage continu est synonyme de création d'une culture où les gens peuvent apprendre ce qu'ils veulent, où, quand et comme ils veulent; une culture où tout le monde connaît la valeur de l'apprentissage et s'attend à poursuivre leur apprentissage tout au long de la vie, de la tendre enfance jusqu'aux années suivant la retraite.

Notre organisme reconnaît que la pénurie de main-d'œuvre imminente est réelle, mais nous ne pensons pas que cette question devrait être réglée au moyen d'un âge de la retraite fixé par des lois ou au moyen de politiques basées sur le mythe selon lequel les retraités n'assument pas leur part du fardeau et des dépenses de la société.

Selon la célèbre étude de la Fondation MacArthur, menée par John W. Rowe et Robert L. Kahn, un tiers des personnes âgées travaille contre rémunération, un autre tiers fait du bénévolat et le dernier tiers aide, de façon informelle, des proches, des amis et des voisins. Rowe et Kahn indiquent également que l'idée la plus importante à retenir dans toute discussion sur le vieillissement, c'est que le mode de vie et l'attitude comptent. L'éducation peut jouer un rôle important à cet égard.

Il faut savoir que l'on n'est jamais trop vieux pour apprendre. C'est là la base de l'apprentissage continu. La façon dont les gens se perçoivent et dont ils perçoivent leurs habiletés et leurs objectifs influe énormément sur leur désir de poursuivre leur apprentissage. Il faut donc absolument élargir la définition de l'éducation pour créer une culture où l'apprentissage continu peut devenir possible. Lorsqu'on a demandé à June Callwood d'expliquer ce qui l'avait motivée à faire une telle contribution importante à la société, elle a répondu : l'énergie, la santé et la curiosité.

Apprendre tout au long de sa vie peut favoriser l'ensemble de ces attributs. L'apprentissage continu peut aider les aînés à se prendre en main et à vivre une vie remplie et enrichissante. Il permet de trouver les solutions créatives que cherche le comité face aux défis d'une population vieillissante. Merci.

Colin Milner, président-directeur général, International Council on Active Aging : Honorables sénateurs, merci de m'avoir invité à comparaître devant le comité aujourd'hui. C'est un honneur pour moi.

J'aimerais commencer en examinant les avantages d'un cadre pour le vieillissement actif. J'aborderai brièvement deux questions soulevées dans le premier rapport du comité, que j'ai trouvé très instructif. Premièrement, il est réconfortant de constater que vous et les témoins précédents reconnaissez que, dans la description des personnes âgées, la capacité fonctionnelle est beaucoup plus importante que l'âge chronologique. Notre organisme utilise cinq catégories de capacité fonctionnelle pour décrire les personnes âgées. Par capacité fonctionnelle, je veux dire la mesure dans laquelle une personne arrive à bien fonctionner de façon indépendante. Certains sexagénaires fragiles ont besoin d'aide pour accomplir des tâches élémentaires comme s'habiller, tandis que certains octogénaires peuvent courir le marathon.

Deuxièmement, le comité a demandé si le cadre de coordination des politiques devrait porter sur la perspective fondée sur le parcours de vie, sur le vieillissement en santé ou sur le vieillissement actif. Mes points de vue sont basés sur le cadre du vieillissement actif.

L'expression « vie active » signifie qu'on donne aux gens l'occasion de pratiquer une activité physique. Le « vieillissement actif », qui découle de la notion de vie active, signifie vivre aussi pleinement que possible tout au long de sa vie. Cette participation peut prendre la forme d'une activité physique, d'une activité sociale et intellectuelle, d'une activité professionnelle ou d'une santé affective et spirituelle. C'est ce qu'on appelle les dimensions du bien-être. Elles sont de plus en plus utilisées pour structurer des programmes destinés aux personnes âgées.

Les gens peuvent demeurer actifs et contribuer à la société même s'ils ont des problèmes de santé. C'est pourquoi nous préférons la notion du vieillissement actif plutôt que la définition des personnes selon leurs problèmes de santé ou leur état de santé.

Dans les comptes rendus d'aujourd'hui, nous avons vu que l'activité physique n'est qu'un des éléments d'une vie active et en santé; il s'agit toutefois d'un élément clé, car le fait d'être physiquement autonome et fonctionnel permet aux gens de vivre pleinement. Un autre avantage à promouvoir l'activité physique, c'est qu'elle favorise souvent l'activité sociale et intellectuelle et qu'elle améliore le bien-être émotionnel. Un cours d'exercice en groupe et un club de marche constituent des exemples d'interaction sociale. Le fait de mémoriser une séquence d'exercices ou d'utiliser une boussole ou un système mondial de positionnement pour marcher ou courir dans un sentier est un exemple d'activité intellectuelle.

Vous avez déjà entendu parler des dépenses de santé attribuables aux personnes âgées. Les données sur le fardeau économique sont disponibles, tout comme les données sur le rôle de l'activité physique dans la prévention ou le contrôle des maladies chroniques et des invalidités. Nous recommandons quatre grands domaines pour encourager l'activité physique. La question est donc la suivante : qu'est-ce qui motivera les personnes âgées à devenir plus actives physiquement?

Le premier domaine que nous souhaitons examiner, c'est le fait d'accroître la priorité de l'activité physique en tant qu'élément de la promotion de la santé. Il faut sensibiliser les fonctionnaires aux recherches actuelles qui démontrent que l'activité physique accrue chez les personnes âgées permettra un jour au Canada de faire des économies, car elle aide à contrôler les coûts des soins de santé.

Parmi les points à considérer, il faut recommander l'adoption de lois et de politiques comportant des fonds pour soutenir des programmes d'activité physique et de loisirs destinés aux personnes âgées. Ces programmes sont importants aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Un autre aspect constitue le financement et la publicité des projets de démonstration et des projets modèles qui parviennent à intéresser les personnes âgées et à améliorer leur santé et leur qualité de vie. C'est l'un des commentaires de nos membres.

Il existe déjà de nombreuses initiatives pour accroître l'activité physique chez les aînés canadiens. Ce qui manque, c'est un niveau élevé de communication pour les faire connaître. Beaucoup de personnes travaillent à l'aveuglette. Il serait utile d'avoir un répertoire central pour recueillir et diffuser ces ressources de façon que tout le monde puisse être conscient des cadres disponibles. Le point suivant concerne l'intégration des programmes d'activité physique dans les sources de financement actuelles des centres communautaires, des centres pour personnes âgées et d'autres organismes qui sont partiellement ou entièrement financés par le gouvernement pour faire en sorte que les programmes d'activité physique fassent partie intégrante de leur mission et de leurs programmes.

Le deuxième point sur lequel nous voulons nous pencher, c'est celui de présenter des messages que les personnes âgées sont susceptibles de comprendre. Il suffit d'ouvrir la télévision pour voir que ce n'est pas toujours le cas. Les messages axés sur la peur qui soulignent les risques de chute ou de problèmes de santé ne sont pas efficaces pour modifier les comportements. Les gens pensent habituellement qu'ils ne sont pas à risque et que ces messages ne s'adressent pas à eux.

Les messages traitant des bienfaits de l'exercice pour aider les personnes âgées dans leur vie quotidienne sont beaucoup plus efficaces. Si vous augmentez l'activité physique, vous serez capables de jouer au ballon avec vos petits-enfants. Dans les messages, les mots doivent être accompagnés d'images. Il faut montrer de vraies personnes âgées autonomes, engagées et qui contribuent à la société. Un aspect moins évident, mais crucial, de cet effort est de rendre l'exercice plaisant. Lorsqu'on met trop l'accent sur les résultats et les preuves scientifiques, l'activité physique devient intimidante et désagréable.

Notre troisième point est de présenter des politiques incitatives aux organismes et aux personnes âgées elles-mêmes. Dans le cas des particuliers, il faut tenir compte du fait que le coût de l'exercice physique prévu peut être un obstacle à la participation. L'allégement fiscal constitue une option. Récemment, le Canada a offert un crédit d'impôt de 500 $ aux enfants qui pratiquent une activité physique. Pourquoi ne pas offrir le même avantage aux personnes âgées? Une autre option serait de supprimer la TPS des programmes payants offerts aux personnes âgées. Ou encore, on pourrait offrir des incitatifs fiscaux aux entreprises qui mettent en œuvre des programmes de bien-être pour leurs employés, et les accompagner d'incitatifs financiers qui augmentent en fonction de la participation des employés.

Si la moitié des personnes âgées au Canada décidaient aujourd'hui de commencer à pratiquer une activité physique ou à participer à un programme d'exercice, auraient-elles un endroit où aller? Y a-t-il des programmes qui tiennent compte de la diversité culturelle, des différentes capacités fonctionnelles et des différents intérêts?

Nous recommandons d'offrir des incitatifs fiscaux aux centres de conditionnement physique, aux fabricants, aux programmes de bien-être, aux entreprises d'entraînement personnel et aux programmes de loisirs qui créent des produits et des programmes propres aux adultes de plus de 50 ans en milieu communautaire. Évidemment, les quartiers pourvus de trottoirs sûrs, situés près des services et que l'on peut parcourir à pied, encouragent l'activité physique; pour ce faire, il faut donc des comités et des politiques de planification urbaine et rurale.

Enfin, il faut encourager la formation des gens qui travailleront avec les personnes âgées. On a vu ce point dans le premier rapport en ce qui concerne les gérontologues et les médecins. Il en va de même pour les entraîneurs physiques. Est-il possible de récompenser les collèges communautaires et les enseignants qui lancent des programmes de formation de moniteurs en activité physique? Pourrions-nous accorder des bourses d'étude aux moniteurs de conditionnement physique et de programmes de bien-être qui suivent des cours ou préparent des certificats de gériatrie axée sur l'exercice physique adapté aux personnes âgées, et rembourser leurs droits de scolarité, pour combler un besoin aussi criant? Pourrions-nous élaborer des programmes pour former les fournisseurs de soins de santé primaires et les paramédicaux sur la façon d'encourager la participation à l'activité physique, en plus d'offrir un réseau de soutien pour y adresser les gens?

En conclusion, nous avons vu, dans le premier rapport, que les personnes âgées d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes qu'avant. Pourquoi donc continuer à offrir les mêmes programmes et services qu'auparavant? Je vais conclure par un exemple qui illustre cela.

Imaginez l'importance de la force physique pour une personne à mesure qu'elle prend de l'âge. Entre les âges de 35 ou 40 ans jusqu'à l'âge de 90 ans, nous risquons de perdre jusqu'à 50 p. 100 de notre force physique si nous restons inactifs. C'est comme si je portais sur mes épaules quelqu'un qui pèse autant que moi pendant toute la journée, en faisant des activités comme ramasser des déchets, transporter mes petits-enfants, et cetera. On se demande après pourquoi certaines personnes n'arrivent pas à fonctionner à un niveau élevé. Si l'on renverse la perte de la force physique chez bien des personnes âgées, cela aura un impact considérable sur la santé du pays.

Le vice-président : J'ai remarqué que vous avez tous insisté sur le thème de la vie active. Monsieur Milner, vous proposez que le gouvernement subventionne certaines installations à cette fin. Paradoxalement, si la main-d'œuvre augmente au cours des dix prochaines années, cela augmentera l'assiette fiscale canadienne. Cela aurait-il un effet de neutralisation? Vous êtes-vous penché sur cette question ou vous êtes-vous intéressé uniquement au côté de l'équation qui porte sur la vie active?

M. Milner : Je suis loin d'être un comptable fiscaliste. Toutefois, je peux vous dire qu'une recherche menée aux États-Unis par HealthPartners, je crois, a révélé que le fait de pratiquer une activité physique ne serait-ce que 90 minutes par semaine — faire de la marche trois fois par semaine — peut faire économiser jusqu'à 2 200 $ par an dans les coûts des soins de santé. C'est l'une de ces choses que vous devez payer maintenant, sinon vous payerez plus tard. Nous investissons dans l'avenir.

Le vice-président : Vous n'avez pas traité de l'autre côté de l'équation. Devons-nous accepter le fait qu'à un moment donné dans la vie d'une personne — et je ne dirais pas l'âge, car il faut éviter cela de nos jours — cette personne décide de prendre sa retraite; ou peut-être lorsque les gens ont 45 ans, ils peuvent décider de l'âge auquel ils prendront leur retraite? Ils peuvent être encouragés à repousser cette date et à travailler plus longtemps; ils pourront ainsi contribuer à l'économie.

M. Milner : Je le recommanderais sans hésitation. Mais la santé d'une personne demeure la carte maîtresse. Si les gens ne sont pas en santé, il y a de fortes chances qu'ils ne soient pas en mesure de travailler plus longtemps.

Mme Austin : Bien des gens ne se rendent pas compte du fait que les bienfaits de l'activité physique aident souvent à diminuer la douleur associée à l'ostéoporose ou à l'arthrite. Bien souvent, les gens supposent qu'il ne faut pas bouger; en fait, c'est plutôt le contraire. Plus les gens participent à des exercices physiques — surtout des exercices de renforcement musculaire — plus ils seront en mesure de combattre les complications de l'ostéoporose. Toutefois, de façon générale, les gens ignorent ce fait. Le travail de recherche a été fait, mais les résultats n'ont pas été communiqués au grand public.

Mme Wood : J'ai récemment signé quelque chose pour obtenir certains avantages fiscaux parce que je participe à un programme d'exercice physique. Mais je dois y repenser alors même que j'écoute le processus décrit ici.

En réponse à ces questions, je dirais que peu importe l'information dont nous disposons et peu importe les messages que nous voulons transmettre aux gens, ceux-ci ne les adopteront pas sans un cadre d'apprentissage continu et sans un cadre dans lequel ils sont convaincus d'avoir constamment besoin d'être informés et de donner suite à cette information. On a beau diffuser de l'information, placer toutes sortes d'affiches et créer des programmes, comme l'ont déjà fait beaucoup d'organismes, il n'en demeure pas moins qu'il faut changer la culture; nous devons amener les gens à croire qu'ils peuvent changer tout au long de leur vie et que l'apprentissage leur permet d'apporter des changements, de recevoir de l'information, de passer à de nouveaux horizons, de relever de nouveaux défis, de devenir des êtres plus actifs. Si nous n'avons pas cette base, les messages ne feront que circuler sans aucun impact.

Le vice-président : La difficulté à laquelle fait face le comité pour tenter de situer une partie de cette information, c'est la question de savoir quel est le moment propice pour mettre en marche ce type de programme éducatif. J'ai essayé de trouver la réponse auprès du groupe de témoins précédent. Un tel programme éducatif débute-t-il au primaire ou en milieu de travail? Ou s'agit-il plutôt d'un continuum? Je ne suis pas sûr que les enfants de l'école primaire ou que les étudiants du sénateur Cordy soient intéressés à entendre parler du vieillissement en bonne santé. Toutefois, ce que vous dites est juste. C'est uniquement une question liée à la façon dont un programme pourrait être mis en œuvre.

Mme Wood : Nous avons demandé une définition plus vaste de l'éducation qui va au-delà de l'apprentissage axé sur le travail. L'idée que l'apprentissage ne vise que votre vie professionnelle ou votre carrière nous empêche d'élargir nos idées sur ce qu'on peut apprendre dans les autres aspects de notre vie.

Le vice-président : Je suis certainement d'accord avec cet argument du point de vue de la santé. Je me suis beaucoup servi du terme « nébuleux » cet après-midi, mais je vais l'utiliser encore une fois. Nous semblons tout simplement ignorer comment et quand introduire ces mesures. La vie était un peu plus simple avant, mais cette époque est révolue. Je ne pense pas que la vie redeviendra simple. À l'époque où nous avions un âge fixe pour la retraite, par exemple, c'était un excellent moment pour mettre en œuvre ce genre de programmes associés à la pension. Aujourd'hui, il n'existe plus d'échéancier sur la route de la vie. Nous devons trouver une autre façon de procéder.

Le sénateur Cordy : C'est un excellent point. Comment créer un continuum? Comment faire pour que l'apprentissage continu débute dès l'enfance, de façon à ce qu'il n'y ait pas un apprentissage continu à l'âge scolaire, puis un autre à l'âge adulte et, enfin, un tout nouvel aspect de l'apprentissage à la retraite?

Nous avons entendu aujourd'hui et les jours précédents qu'il faut s'assurer que les aînés continuent d'être actifs. Je ne crois pas que cela commence quand vous devenez une personne âgée. Je n'ai pas de résultats d'étude, mais peut-être que vous en avez. Il me semble que si vous avez été physiquement actif tout au long de votre vie et si vous vous êtes impliqué dans votre collectivité, alors il est fort possible que cela ne change pas après votre retraite. Par contre, les gens qui sont restés enfermés dans leur foyer, qui n'ont pas participé à leur collectivité ou qui n'ont pas été physiquement actifs éprouveront plus de difficultés à commencer après leur retraite. Cette hypothèse est-elle exacte?

Mme Austin : C'est vrai, en partie. En vieillissant, et surtout dans la cinquantaine, la plupart des gens se définissent en fonction de leur travail. Quand l'heure de la retraite arrive, ils se sentent désemparés. Ils ne savent pas ce qu'ils vont faire de leur vie. Souvent, ils se retrouvent sans réseau d'amis, les familles et les enfants étant partis s'installer ailleurs. Ils viennent peut-être tout juste de perdre leurs parents et se voient maintenant vieillir. Ils deviennent souvent dépressifs. Ils n'ont pas de contacts sociaux et peuvent se sentir isolés.

C'est tout particulièrement le cas de certains professionnels, comme les directeurs exécutifs et les présidents d'entreprises qui n'ont pas un vaste réseau social en raison de la nature de leur travail. Ils partent à la retraite après avoir passé leur vie à prendre des décisions, à diriger d'autres personnes. Ils se retrouvent maintenant seuls. Ils ne savent tout simplement pas comment créer de nouveaux contacts.

Le sénateur Cordy : Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes? Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'ai entendu dire que les femmes arrivent à développer des réseaux sociaux plus forts. Je me demande tout simplement si des recherches ont été menées là-dessus.

Mme Austin : Je n'ai pas les études qui le prouvent sous la main, mais je dirais que c'est vrai. Les femmes ont tendance à être socialement plus ouvertes. Beaucoup d'hommes ont l'impression qu'ils n'ont plus de rôle utile à jouer dans la société. Je pense que c'est parce qu'ils se laissent davantage absorber par le travail alors que les femmes, elles, ont tendance à travailler et à s'occuper de la famille. Cette perception sexiste existe toujours, malheureusement, même si les attitudes évoluent. La prochaine génération, espérons-le, pensera différemment.

Le sénateur Cordy : Madame Austin, vous avez dit que votre organisme ne reçoit pas d'aide financière. Qui vous finance?

Mme Austin : Nous sommes financés essentiellement par Santé Canada, en fonction des projets. Nous menons surtout des recherches axées sur les projets. Nous passons d'un projet à l'autre. Une fois qu'un projet est mené à terme, nous ne savons pas si nous aurons accès à du financement pour en réaliser un autre. Pour être honnête avec vous, ce domaine, pour moi, est nouveau. J'ai assisté récemment à une conférence sur les personnes âgées, et c'est une situation que de nombreux participants ont maintes fois déplorée. Les associations pour personnes âgées sont surtout dirigées par des bénévoles. Bon nombre d'entre elles n'ont pas de personnel. Il est très difficile pour elles de répondre aux attentes sans l'aide de personnel, surtout quand on voit les subventions qui sont accordées.

Le sénateur Cordy : Madame Wood et monsieur Milner, êtes-vous également financés par Santé Canada?

M. Milner : Non. Notre organisme compte 5 600 membres qui regroupent des villages de retraités, des communautés pour adultes actifs, des centres pour personnes âgées et des YMCA.

Mme Wood : Environ 50 p. 100 des coûts de fonctionnement de l'organisme sont assumés par les membres par le biais d'inscriptions, d'abonnements, de dons généreux. Le reste des fonds provient du programme de financement par projet. La situation est à peu près la même. Sur un budget de 400 000 $, nous recevons 32 000 $ sous forme de financement de base. En fait, ce montant est lié à l'exécution de nos programmes de technologie de sorte qu'il ne constitue pas vraiment du financement de base.

Le sénateur Cordy : Certaines personnes ont déclaré au comité, ou à d'autres comités dont je fais partie, qu'il y a tellement de formalités administratives qui accompagnent le financement par projets qu'il y a lieu de se demander s'il est même utile de présenter une demande de subvention. Êtes-vous du même avis?

Mme Austin : La concurrence est très vive. Parfois, vous remplissez 20 propositions de projets, et seules une ou deux sont acceptées. Les choses étaient plus simples dans le passé. Remplir une proposition prend beaucoup de temps. On cherche toujours à obtenir des fonds. Il faut être honnête et faire preuve de créativité. Une fois la subvention reçue, il faut remplir de nombreux rapports.

Le sénateur Cordy : Madame Wood, existe-t-il d'autres organismes comme le vôtre au Canada? Encourager les personnes âgées à participer à des programmes d'acquisition continue du savoir est une excellente initiative.

Mme Wood : Comme je l'ai mentionné, il y a de nombreux programmes offerts au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L'organisme Creative Retirement a ceci de particulier qu'il n'est pas affilié à une université. Les établissements d'éducation permanente et les centres d'apprentissage pour personnes du troisième âge de par le monde sont financés par les universités. Ils ne reçoivent pas des sommes énormes, en partie parce que l'on a tendance à réduire le financement des programmes d'éducation permanente pour personnes âgées, mais ils ont accès à cette source de fonds.

Par ailleurs, il est vrai que remplir des demandes de subvention peut constituer une tâche lourde. Toutefois, et cela a toujours été le cas, l'insuffisance de fonds pour couvrir les coûts de fonctionnement et les frais administratifs présente un défi. Le programme Nouveaux Horizons pour les aînés, que nous sommes heureux de voir renaître, comporte à cet égard une lacune : les frais administratifs ne peuvent dépasser 25 p. 100 de la demande de financement.

Une subvention de 10 000 ou de 15 000 $ ne représente pas un montant énorme. L'idée d'avoir des projets dirigés par des aînés, pour des aînés, est louable. Toutefois, les personnes âgées avec lesquelles nous travaillons ne veulent pas participer à un projet qu'elles devront diriger et administrer pendant un, deux, trois ans. Elles veulent bénéficier d'une certaine souplesse, choisir ce qu'elles vont faire et quand, mais sont prêtes à vous aider. Elles ne veulent pas diriger les opérations. Il doit toujours y avoir une personne au sein d'une association qui doit agir comme élément moteur des projets.

Le sénateur Cordy : Je peux comprendre cela, car si vous avez participé à des activités toute votre vie, vous estimez que vous avez droit à une certaine flexibilité. Quand vous vous engagez à participer à un projet, vous avez moins de temps à consacrer aux voyages et à la famille.

Monsieur Milner, vous avez parlé des facteurs qui incitent les personnes âgées à devenir plus actives et des installations qui s'offrent à elles. J'ai vu des centres pour personnes âgées en Floride, par exemple. J'adore aller à la piscine quand celle-ci est réservée aux personnes âgées. Il y a peu de chances que je fréquente une piscine publique à Halifax. Par ailleurs, je n'ai aucune envie d'aller dans un gymnase rempli d'adeptes de la musculation, bien qu'il y ait des gymnases, aujourd'hui, conçus pour les femmes. Existe-t-il un marché pour les centres d'activités pour personnes âgées?

M. Milner : Il existe un marché énorme. À preuve : les groupes Fit After 50, Club 50, Age Well, et cetera. De nombreux centres destinés aux personnes âgées de 50 ans et plus voient le jour.

L'expression « centres pour personnes âgées » pose elle-même un défi, car la clientèle existante vieillit et devient plus frêle. La nouvelle clientèle, elle, sera issue de la génération du baby-boom. Les enfants du baby-boom ne se considèrent pas comme des personnes âgées. Aucune personne, en fait, ne se considère comme étant âgée. Ma grand-mère de 96 ans parle toujours de « ces vieillards ». Elle n'est pas vieille; ce sont les autres qui sont vieux. Les recherches effectuées par l'association AARP montrent que l'expression « personnes âgées » peut être mal perçue, selon la personne à qui vous vous adressez.

Certains villages de retraités et communautés pour adultes actifs sont dotés de très beaux centres de conditionnement physique et de bien-être. Il y a de magnifiques centres pour personnes âgées au sud de la frontière, par exemple à Chicago, qui compte dix ou 12 centres, et à Bothell, dans l'État de Washington. C'est un phénomène toutefois discret, car le concept n'est pas tellement populaire et ne reçoit pas beaucoup d'attention de la part de la presse. Mais c'est dans ce domaine que travaillent les membres de notre organisme.

Le sénateur Cordy : Ma dernière question porte sur l'information destinée aux personnes âgées. J'ai lu récemment que jusqu'à 320 000 Canadiens ont droit au supplément de revenu garanti en vertu du programme de Sécurité de la vieillesse, mais qu'ils ne le reçoivent pas. Cela donne à penser que les services du gouvernement n'arrivent pas à communiquer avec les personnes âgées. Manifestement, le gouvernement renseigne très mal les personnes âgées au sujet des programmes qui existent.

Monsieur Milner, vous avez parlé de la nécessité de présenter des messages que les personnes âgées sont susceptibles de comprendre. Quel moyen fonctionne le mieux?

M. Milner : Il suffit de regarder les campagnes télévisées du savon Dove, qui exaltent le pro-âge et la vraie beauté. Les ventes ont augmenté de 700 p. 100 au cours des quatre premiers mois. Les annonces figurent dans plus de 800 publications différentes. Dove a remporté le prix pour la campagne de commercialisation la plus efficace aux États-Unis.

Pourquoi cette campagne fonctionne-t-elle? Tous les autres produits mettent l'accent sur le fait qu'ils retardent le vieillissement — des produits généralement destinés aux peaux jeunes et lisses — et les publicités montrent des gens âgés de 18 et de 19 ans qui disent: « Je n'ai pas une seule ride. » Bien sûr qu'ils n'ont pas de rides; ils n'ont pas encore atteint l'âge d'en avoir. La société Dove a fait de l'excellent travail avec cette campagne. Elle a mené des recherches approfondies en vue de bien cibler le marché. Une telle stratégie serait certainement utile. Nous sommes à l'aube d'un jour nouveau, d'une ère nouvelle, et il faut adopter une approche nouvelle.

Mme Austin : La publicité montre des personnes plus âgées qui livrent le message de façon très positive. On célèbre la vieillesse au lieu d'essayer de la cacher.

Le sénateur Cordy : Devrions-nous nous tourner vers la télévision pour faire passer le message?

Mme Austin : C'est, de loin, le meilleur outil, car il permet d'atteindre un très vaste auditoire. Les gens apprennent plus lorsque l'information est présentée visuellement plutôt que verbalement, ou par écrit. La télévision est de loin le média le plus puissant. Malheureusement, c'est également le plus coûteux.

Le sénateur Cordy : C'est vrai.

Mme Wood : La télévision est certes un médium important. Toutefois, le nombre de personnes qui ne réclament pas le SRG témoigne de l'existence d'un problème systémique plus sérieux. J'ai l'impression que ces gens sont tombés entre les mailles du filet. Ils pensent peut-être qu'ils n'ont pas à remplir de déclaration d'impôt parce qu'ils ne gagnent pas d'argent. Ils vivent peut-être à la limite du seuil de pauvreté ou en dessous de celui-ci, ne remplissent pas de déclaration d'impôt et ne reçoivent donc pas la prestation. Nous ne le saurons jamais si nous n'avons pas de renseignements à leur sujet.

Comment atteindre les personnes qui se trouvent dans cette situation? Je ne crois pas que la télévision soit la solution dans leur cas, bien qu'elle puisse constituer un moyen puissant de promouvoir la vie active.

Nous devons prendre garde de ne pas créer de nouveaux stéréotypes fondés sur l'âge. Qu'arrive-t-il aux personnes dont le vieillissement n'est pas réussi, qui ne vieillissent pas en restant actives, qui ne mènent pas une vie active? Comment se sentent-elles? Quel message voulons-nous leur transmettre? Par ailleurs, quel message envoyons-nous au gouvernement et aux collectivités concernant la responsabilité que nous avons envers les personnes qui ne font pas partie de la vaste catégorie de ceux qui mènent une vie active et connaissent un vieillissement réussi?

M. Milner : La notion de vieillissement actif englobe tous ces éléments. Je peux vieillir en restant actif, même si je suis une personne frêle ou à charge. Je ne suis pas en mesure de faire les choses que fait un coureur de marathon, mais je continue de vieillir de manière active. Ce qui importe, c'est la façon dont vous définissez cette notion. Vous avez raison. Il ne faut pas en faire un terme élitiste, comme il ne faut pas que l'expression « personne âgée » soit perçue de façon négative.

Il existe des exemples sur le marché. J'ai parlé au Dr David Buchner, du U.S. Centers for Disease Control and Prevention. Il soutient qu'un changement met environ 30 ans à se produire. Si c'est le cas, tournons-nous vers les exemples qui ont donné des résultats plus rapides. Prenons le groupe Mothers Against Drunk Driving. Leur message est allé droit au cœur et les changements se sont produits plus rapidement. Ils se sont servis de la télévision, mais ont également fait appel à des gens au sein de la collectivité pour faire passer le message.

Le sénateur Murray : Au cours des dernières semaines, et aujourd'hui encore, on nous a exposé des approches très sensées en matière de politique publique dans ce domaine. En vue de préparer notre rapport final, nous devrons aborder tôt ou tard l'éternelle question canadienne à savoir qui fait quoi en ce qui concerne non seulement les responsabilités du fédéral et des provinces, mais également du palier municipal, du secteur privé et du secteur bénévole. Si nous ne le faisons pas, les idées flottent dans l'espace sans qu'on y donne suite. Il est important pour un comité comme le nôtre d'être le plus précis possible pour déterminer qui devrait être responsable de la mise en œuvre des politiques que nous recommandons. J'imagine que nous pourrions juste aborder les responsabilités du gouvernement fédéral, mais je ne crois pas que ce soit la démarche la plus souhaitable pour un comité comme le nôtre qui intervient sur un front aussi large. Quand elle a évoqué le manque de fonds dans sa réponse aux questions du sénateur Cordy, Mme Austin a dit que grâce au soutien des trois paliers de gouvernement, nous pouvons ensemble concrétiser la vision de la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains.

Permettez-moi de commencer par Mme Wood. Vous oeuvrez dans la province du Manitoba. Vous avez dit que vos fonds provenaient en grande partie des frais d'abonnement et d'utilisation, d'un nombre élevé de dons et, dans une moindre mesure, de projets financés, par Santé Canada, j'en déduis.

Mme Wood : Le financement peut provenir du gouvernement provincial, des villes et des conseils des arts.

Le sénateur Murray : Oui, bien sûr. Ce n'est pas uniquement une question de santé. Pourriez-vous me dire comment le gouvernement du Manitoba vous aide?

Mme Wood : Nous recevons des fonds par l'entremise de la stratégie En avant les années, une initiative du Manitoba. C'est un financement modeste. À une certaine époque, il s'élevait à 20 000 $, mais il a été réduit à 10 000 $. Nous recevons du financement de la Winnipeg Regional Health Authority pour des programmes de technologie, qui vient également du gouvernement.

Nous appuyons d'autres organismes, comme le programme Partners Seeking Solutions with Seniors, qui porte sur la consommation et l'abus de drogues et de médicaments. Nous touchons des droits administratifs pour gérer l'argent et les projets avec le programme. Cependant, cela est financé par le gouvernement fédéral.

Une autre part importante de notre financement provient de fondations à Winnipeg. La Winnipeg Foundation donne un appui solide à Creative Retirement. Le gouvernement du Manitoba nous accorde certes des fonds, mais il n'est absolument pas notre principale source de financement.

Le sénateur Murray : Cet aspect m'intéresse, madame Wood. Nous sommes heureux de vous voir ici aujourd'hui et d'entendre parler de ce que vous faites. Avez-vous déjà témoigné devant un comité de l'Assemblée législative du Manitoba? Faites-vous régulièrement des représentations auprès du gouvernement provincial au sujet de ce qu'il devrait faire pour vous?

Mme Wood : Oui, nous le faisons.

Le sénateur Murray : Mais vous obtenez un succès limité?

Mme Wood : Oui. Nous recevions un financement de base dans les années 1980, mais nous l'avons perdu en 1996. Nous avons fait de nombreux appels. Nous avons comparu devant le Conseil manitobain sur le vieillissement. Nous avons témoigné devant divers organismes gouvernementaux. Nous avons rencontré l'ancien premier ministre. Nous tentons sans cesse de soulever la question.

Dans les observations que j'ai faites aujourd'hui sur la nécessité de définir plus largement le vieillissement, nous n'aboutissons à rien en disant simplement que nous avons besoin d'un financement de base et que le gouvernement doit en faire une priorité.

Le sénateur Murray : À plusieurs niveaux.

Mme Wood : C'est exact. Nous avons mené un projet pilote financé par le programme Nouveaux Horizons pour les aînés. Nous enseignons l'informatique à des réfugiés afghans. Nous exécutons actuellement un programme dans lequel nous donnons des cours d'informatique à des gens qui apprennent l'anglais comme langue seconde. Il est absolument étonnant d'observer les étudiants dans ces classes. Nous offrons ce programme grâce au soutien de la stratégie En avant les années. Nous aimerions faire de ces projets un élément régulier de nos programmes de technologie, mais nous ne pouvons obtenir de fonds pour tout projet qui ne débouche pas sur un emploi à la fin de la formation.

Pour les immigrants et les réfugiés, un organisme comme Creative Retirement — qui enseigne aux apprenants âgés et propose un style d'apprentissage différent, plus lent et plus répétitif — est une étape nécessaire avant de passer au niveau de formation suivant pour pouvoir entrer sur le marché du travail. C'est un autre sujet sur lequel nous devrons nous pencher.

Le sénateur Murray : De façon générale cependant, le projet est à l'heure actuelle principalement financé par les frais d'utilisation, comme nous les appellerons; puis les dons privés, les fondations, et cetera.; et, derniers en liste, les gouvernements fédéral et provincial. Est-ce exact?

Mme Wood : Oui.

Le sénateur Murray : Madame Austin, j'ai répété ce que vous avez dit concernant le soutien des trois paliers de gouvernement. Pouvez-vous décrire quels sont, d'après vous, les rôles respectifs des trois paliers de gouvernement?

Mme Austin : Le palier fédéral doit certes assumer un rôle pour appuyer les organismes comme le nôtre d'une manière quelconque en versant des fonds destinés à la santé. Le palier local, municipal, peut aider à fournir les endroits où les personnes âgées peuvent être actives. Il peut subventionner quelques-unes des activités auxquelles participent les personnes âgées en se servant des taxes municipales. Il y a possibilité pour tous les paliers de gouvernement de faire leur part.

Le sénateur Murray : Qu'en est-il du palier provincial?

Mme Austin : Le palier provincial est doté d'un secrétariat aux affaires des personnes âgées. Il doit assumer ses responsabilités et débloquer des fonds lui aussi.

Le sénateur Murray : Quand vous faites des représentations en matière de politique et des demandes de financement, combien de temps et d'efforts consacrez-vous au palier provincial par rapport aux paliers municipal et fédéral?

Mme Austin : Nous sommes un organisme-cadre national composé d'environ 21 organismes provinciaux ou nationaux.

Le sénateur Murray : Les provinces et territoires sont-ils tous représentés?

Mme Austin : Oui.

Le sénateur Murray : Discutent-ils parfois de la nécessité d'avoir une stratégie provinciale de même qu'une stratégie fédérale ou nationale?

Mme Austin : Je suis, en fait, la première directrice exécutive nationale que l'organisme ait eue et j'occupe ce poste depuis seulement six semaines. Cela fait partie du problème. L'organisme reçoit du financement destiné à un projet et embauche une personne pour gérer le projet, mais une fois le travail terminé, la personne doit partir.

Le sénateur Murray : Qui lui accorde du financement?

Mme Austin : Le financement provient généralement de Santé Canada. La plupart du travail en matière de vie active repose sur de la recherche axée sur les personnes âgées afin de les aider à faire face à une maladie particulière dont elles souffrent, faire de la prévention pour éviter qu'elles ne contractent la maladie ou les encourager à s'adonner à une activité physique appropriée pour contribuer à atténuer certains des symptômes d'une maladie.

Le sénateur Murray : Nous n'avons pas une bonne idée de ce que les diverses provinces font. Nous pouvons probablement faire des recherches, mais nous ne sommes pas en mesure de convoquer des ministres provinciaux très souvent et de leur demander de rendre des comptes parce que c'est à leur assemblée législative provinciale et à leurs électeurs qu'ils doivent rendre des comptes. Nous avons tous nos préconceptions. Je peux vous dire carrément que ma préconception dans ce dossier, c'est que le rôle du gouvernement fédéral envers les personnes âgées est, premièrement, d'offrir un bon soutien du revenu, deuxièmement, d'effectuer d'excellentes recherches, dans lesquelles j'inclurais des éléments tels que la publicité nationale, comme vous l'avez mentionnée et, troisièmement, de donner l'exemple en ce qui concerne nos propres employés. En tant qu'institution, nous ne travaillons pas sur le terrain. Lorsque nous sommes sur le terrain, nous faisons double emploi avec ce qu'un autre organisme fait ou devrait faire ou interférons avec celui-ci. C'est une préconception que je reconnais d'emblée.

Monsieur Milner, si je comprends bien, certains de vos membres sont des organismes à but lucratif, est-ce vrai?

M. Milner : Environ 90 p. 100 sont des organismes sans but lucratif.

Le sénateur Murray : Où obtenez-vous votre financement?

M. Milner : Nous obtenons notre financement grâce aux recettes publicitaires de six publications. Nous organisons quatre conférences qui génèrent des revenus. Les adhésions, les produits et les services sont aussi des sources de revenu.

Le sénateur Murray : Connaissez-vous les organismes que ces deux témoins représentent?

M. Milner : Je connais la Coalition d'une vie active pour les aîné(e)s.

Le sénateur Murray : Qu'en est-il de la Fédération internationale du vieillissement? Mme Barratt était ici plus tôt. Elle en est la secrétaire générale.

M. Milner : Oui, je connais l'organisme.

Le sénateur Murray : Êtes-vous associé à ces organismes d'une quelconque façon?

M. Milner : Non.

Le sénateur Murray : Devriez-vous l'être?

M. Milner : Tout à fait.

Le sénateur Murray : Pourquoi ne l'êtes-vous pas?

M. Milner : C'est une excellente question. Nous sommes associés à divers organismes au sud de la frontière, y compris l'Administration on Aging, le National Institute on Aging et l'AARP. Lorsque nous avons pris des mesures pour nous associer à des groupes différents au Canada, cela n'a pas mené très loin. À l'heure actuelle, environ 80 p. 100 de nos membres viennent des États-Unis.

Le sénateur Murray : Où êtes-vous établi?

M. Milner : À Vancouver.

Le sénateur Murray : La relation semble être nord-sud. Est-ce parce que toutes les bonnes idées viennent de là?

M. Milner : Non, ils comptent sur nous pour trouver les idées. Les bonnes idées viennent d'ici.

Le sénateur Murray : En examinant un grand nombre des recommandations, quelqu'un comme moi dira que telle recommandation est principalement fédérale et telle autre est principalement provinciale, ou peut-être conjointe, exclusivement fédérale, exclusivement provinciale. Les témoins nous suggèrent ces idées et nous devons songer à qui devrait les mettre en œuvre. Il ne s'agit pas seulement d'examiner les coûts pour le Trésor fédéral — nous imprimons l'argent, comme vous le savez —, mais également de déterminer la façon la plus efficace d'atteindre l'objectif visé. Je vous remercie tous beaucoup.

Mme Wood : Les directeurs généraux des secrétariats provinciaux et territoriaux se rencontrent annuellement. J'ignore si vous avez déjà essayé d'obtenir de l'information d'eux en tant que groupe, mais c'est une chose qu'ils font.

Le sénateur Murray : Parlez-vous des fonctionnaires?

Mme Wood : Oui, ce ne sont pas toutes les provinces qui ont un secrétariat, par contre.

Le sénateur Murray : Je vois; vous parlez des rencontres entre les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux, et tout le reste.

Mme Wood : Les directeurs généraux se rencontrent annuellement et font part de ce qu'ils ont découvert en essayant de mettre au point une approche plus complète pour le pays.

À mon avis, le gouvernement fédéral a la capacité d'élaborer une approche plus universelle et c'est ce que nous recherchons.

Le sénateur Murray : C'est une question de collaboration compte tenu de la nature du pays, comme vous le savez très bien.

Le vice-président : Avez-vous d'autres questions, honorables sénateurs? Si vous n'en avez pas, je tiens à remercier nos témoins d'être venus aujourd'hui et d'avoir étoffé notre rapport.

La séance est levée.


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