Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 3 - Témoignages du 3 mars 2008
OTTAWA, le lundi 3 mars 2008
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 17 h 3 pour étudier, afin d'en faire rapport de façon ponctuelle, l'application de la Loi sur les langues officielles, ainsi que des règlements et instructions en découlant, au sein des institutions assujetties à la Loi.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Honorables sénateurs, nous allons commencer la réunion. Je m'appelle Maria Chaput, je viens du Manitoba et je préside le Comité sénatorial permanent des langues officielles.
À ma gauche, le sénateur Comeau, de la Nouvelle-Écosse, le sénateur Murray, de l'Ontario, le sénateur Keon, de l'Ontario également, et finalement le sénateur Losier-Cool, du Nouveau-Brunswick.
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles, conformément à son mandat, étudie l'application de la Loi sur les langues officielles ainsi que des règlements et instructions qui en découlent au sein des institutions assujetties à la Loi.
Honorables sénateurs, permettez-moi de vous présenter nos témoins d'Air Canada, invités à comparaître aujourd'hui. Mme Louise McEvoy, chef de service générale, Langues et Diversité, et M. Joseph Galimberti, directeur, Relations avec les gouvernements et les collectivités.
Air Canada a des responsabilités par rapport à la Loi sur les langues officielles, notamment sur les provisions de la loi en ce qui concerne la langue de service. Elle est assujettie aux politiques de l'Agence de la fonction publique du Canada en ce qui concerne les parties IV, V et VI de la loi.
Depuis 2004, Air Canada est une filiale en propriété exclusive d'une nouvelle société mère : la société Gestion ACE Aviation Inc.
[Traduction]
En ma qualité de présidente du comité et au nom de nos membres, permettez-moi d'abord de vous remercier de comparaître devant nous aujourd'hui. Madame McEvoy, monsieur Galimberti, veuillez nous présenter vos remarques préliminaires.
Louise McEvoy, chef de service générale, Langues et Diversité, Air Canada. Honorable sénateurs, bonsoir et merci de l'occasion qui nous est donnée de comparaître aujourd'hui. Je m'appelle Louise McEvoy et je suis responsable des langues officielles à Air Canada. Je suis accompagnée de mon collègue Joseph Galimberti, directeur des relations gouvernementales.
À Air Canada, l'engagement de servir la clientèle dans la langue officielle de son choix, est une valeur fondamentale, et nous investissons depuis longtemps d'importantes ressources dans des programmes et activités visant à renforcer le bilinguisme. Nous sommes résolus à servir nos 34 millions de clients dans l'une ou l'autre des langues officielles, que ce soit par téléphone ou en personne, par l'entremise de notre site Web et autres produits en ligne, dans les dizaines d'aéroports que nous desservons ou à bord des milliers de vols que nous effectuons à l'échelle de la planète.
Air Canada favorise également l'utilisation des deux langues au travail, dans le cadre des communications, de la formation ou de la supervision de l'ensemble des employés de la société. Nous appuyons en outre les groupes minoritaires de langues officielles à l'échelle du pays, notamment en parrainant des événements.
[Français]
Cela dit, nous reconnaissons d'emblée que tout n'est pas parfait. Nous recevons notre part de plaintes, et bien qu'il y en ait relativement peu compte tenu du nombre de passagers que nous servons, nous sommes d'avis qu'une seule plainte est une plainte de trop. Nous sommes conscients qu'à l'instar de toutes les institutions assujetties à la Loi sur les langues officielles, nous avons l'obligation de respecter et même d'excéder les exigences formulées par le Parlement dans cette loi. Nous continuons de travailler en vue d'atteindre cet objectif.
Nous estimons avoir accompli des progrès importants, mais nous faisons toujours face à des obstacles profonds et importants pour respecter nos obligations.
Comme vous le savez, nous avions demandé une aide financière au gouvernement dans le but de renforcer nos compétences linguistiques après l'intégration, entièrement aux frais d'Air Canada, du personnel à 87 p. 100 anglophone unilingue des anciennes Lignes aériennes Canadien International. Cela avait été recommandé par le Comité mixte permanent sur les langues officielles dans son rapport de février 2002. Bien que l'intégration ait eu lieu il y a plus de sept ans, ces employés unilingues font toujours partie du personnel de la société et ils seront encore assez nombreux dans un avenir prévisible.
Malheureusement, le soutien financier recommandé par vos pairs et par vos collègues de la Chambre des communes nous a continuellement été refusé. Par exemple, en 2003 et en 2005, Air Canada a été invité à demander une aide financière par l'entremise du Fonds d'innovation en matière de langues officielles du Conseil du Trésor, ce que nous avons fait. Les deux fois, notre demande a été rejetée par écrit et on nous a finalement avisés d'exiger nous-mêmes d'être désormais exclus de pareilles invitations, car nos demandes ne seraient jamais acceptées.
On sait que le Parlement tient à ce qu'Air Canada soit assujetti aux dispositions de la Loi sur les langues officielles. Si cela est vraiment la volonté du Parlement, nous suggérons que les recommandations initiales du comité mixte soient réaffirmées et qu'Air Canada ait accès au même soutien financier raisonnable que les autres institutions fédérales assujetties à des obligations similaires.
L'embauche de personnel constitue pour nous un défi considérable. Comme de nombreux employeurs du gouvernement fédéral, nous avons de plus en plus de difficulté à recruter du personnel bilingue à l'extérieur du Québec, de la région de la capitale nationale et de Moncton.
Pour illustrer la nature du problème, il suffit de dire que ces sept dernières années, nous avons dû embaucher des agents de bord à Montréal pour ensuite les muter dans nos bases de service en vol de Toronto, Calgary et Vancouver. Au total, près de 1000 agents de bord ont été ainsi déplacés.
[Traduction]
Mais il s'agit là d'une solution temporaire non applicable à long terme. Le fait est que la grande majorité des agents de bord de Montréal qui sont mutés dans d'autres villes tentent de revenir à Montréal dès qu'un poste vacant devient disponible dans cette ville.
Dans nos bases d'exploitation ailleurs au Canada, il n'y a tout simplement pas assez de candidats qualifiés pour combler les postes qui se libèrent, un problème exacerbé par le manque de financement pour un programme qui nous permettrait d'offrir une formation linguistique aux nouveaux employés. Nous avons demandé l'aide du Commissariat aux langues officielles, du Conseil du Trésor et des membres du comité des langues officielles de la Chambre des communes pour trouver et recruter des candidats bilingues qualifiés, particulièrement à Toronto et dans l'Ouest canadien. Jusqu'ici, ces démarches n'ont connu aucun succès.
Notre plus récent blitz d'embauche à Toronto illustre bien les problèmes que nous avons dernièrement à recruter des candidats bilingues. Air Canada voulait combler 600 postes d'agents de bord en embauchant exclusivement des candidats bilingues. Sur plus de 1 600 candidats rencontrés, 464 ont été conviés à une seconde entrevue. Dans ce deuxième groupe, 44 p. 100 des candidats étaient unilingues et seulement 9 pour 100, soit 44 candidats, étaient bilingues; 76 autres candidats, soit 16 p. 100, pouvaient réussir un test oral extrêmement simple, ce qui ne correspond pas à un niveau acceptable dans le secteur des services.
Plusieurs de ces candidats ont pris part à des programmes d'immersion en français et lorsqu'ils ont dû passer un examen très élémentaire pour évaluer leur capacité de communiquer en français, la plupart étaient tout simplement incapables de répondre aux critères même les plus simples.
La situation est la même chaque fois qu'Air Canada entreprend de recruter à l'extérieur du Québec. Notre objectif est toujours d'embaucher exclusivement des candidats bilingues pour combler les postes vacants, mais il n'y en a jamais assez.
[Français]
L'accès à des candidats et à des employés bilingues est encore plus crucial pour Air Canada, vu la mobilité inhérente de notre lieu de travail principal, nos avions.
La réalité fondamentale dans le secteur du transport aérien est qu'au cours d'une même journée, nos clients ou nos employés peuvent très bien commencer par prendre un vol au départ d'une destination où les réalités démographiques font en sorte que les obligations en matière de bilinguisme s'appliquent, pour enchaîner ensuite sur un vol pour lequel ces obligations ne s'appliquent plus et ainsi de suite.
Pour cette raison, nous avons décidé qu'il fallait être en mesure d'offrir le service dans les deux langues sur toutes nos lignes sans exception. Parce que nous avons choisi d'ignorer les considérations démographiques dans le déploiement du service, notre propre application de la Loi sur les langues officielles est en fait plus stricte que celle d'autres institutions fédérales.
En conclusion, nous ne sommes certainement pas parfaits, mais nous prenons nos obligations sérieusement et nous corrigerons les lacunes dès qu'elles sont relevées. Nous sommes résolus à continuer d'améliorer notre capacité de servir nos clients dans la langue officielle de leur choix, peu importent les difficultés. Pour nous, cela est tout simplement une décision commerciale pleine de sens, quelles que soient nos obligations législatives.
Ceci conclut nos observations préliminaires. Ce sera avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
Le sénateur Goldstein : Madame McEvoy, vous avez fait une excellente présentation. J'ai remarqué avec plaisir et aussi avec un peu d'orgueil le paragraphe suivant :
[Traduction]
Le fait est que la grande majorité des agents de bord de Montréal qui sont mutés dans d'autres villes tentent de revenir à Montréal dès qu'un poste vacant devient disponible dans cette ville.
[Français]
Il me fait plaisir de voir que vos agents de bord ont bon goût quant au choix d'une ville d'habitation.
[Traduction]
Le gros de votre exposé porte sur vos tentatives infructueuses d'obtenir une aide financière du gouvernement et d'autres sources, mais principalement du gouvernement et d'organismes dirigés par le gouvernement.
Air Canada est une entreprise rentable. Cela n'a pas toujours été le cas, mais ce l'est maintenant. Comment pourriez- vous justifier qu'un gouvernement offre une aide financière à une entreprise extrêmement lucrative — qui appartient en majorité à des intérêts non canadiens, ajouterais-je; je peux me tromper à ce sujet; ou dont une grande part en tout cas appartient à des intérêts non canadiens, ce qui n'a aucun rapport, en fait — mais de toute façon, une entreprise qui réalise des bénéfices, contrairement à des dizaines d'autres entreprises qui ont réussi à se franciser ou à devenir bilingues, surtout au Québec, sans aide gouvernementale; des entreprises assujetties aux pressions du gouvernement mais qui n'ont reçu de ces gouvernements aucune aide financière. Expliquez-moi comment un gouvernement, conservateur, libéral ou autre, pourrait justifier l'utilisation de l'argent des contribuables pour aider une entreprise rentable à respecter ses obligations.
Mme McEvoy : Pour commencer, notre argument est qu'Air Canada investit déjà beaucoup d'argent dans des activités linguistiques : plus de deux millions de dollars chaque année pour la formation et les examens linguistiques. La société est consciente de ce que cela n'est pas suffisant. Deuxièmement, Air Canada est assujetti à des obligations sans pour autant disposer des mêmes ressources que les autres institutions assujetties aux mêmes obligations. C'est sur cela que repose notre raisonnement.
Le sénateur Goldstein : Par le passé, le gouvernement fédéral a lui aussi eu des difficultés à recruter et à conserver du personnel bilingue. Il a mis sur pied un programme qui lui a permis d'obtenir un certain succès, celui des primes offertes aux personnes qui sont bilingues ou qui sont devenues bilingues. Avez-vous envisagé cette solution?
Mme McEvoy : Nous l'avons déjà envisagée auparavant. Mais nous ne l'avons pas adoptée. Nos employés multilingues et bilingues, plus particulièrement, sont récompensés d'autres façons. Ils sont affectés à de meilleurs vols et ont de meilleures conditions de postulation. Nous estimons que c'est un meilleur incitatif.
Le sénateur Goldstein : Hier, j'étais à bord d'un avion allant de la Finlande jusqu'à Paris et de Paris jusqu'à Montréal appartenant à deux compagnies aériennes différentes. Tout le personnel de bord parlait anglais et français, et sur le dernier segment, italien et espagnol. Pouvez-vous m'aider à comprendre pourquoi ces sociétés aériennes sont en mesure d'offrir ce service et nous pas?
Mme McEvoy : S'agissait-il de sociétés aériennes européennes?
Le sénateur Goldstein : Oh, oui.
Mme McEvoy : C'est ce que nous constatons nous aussi. C'est ce que nous observons chez les sociétés aériennes européennes. Celles-ci ont la possibilité de trouver plus de candidats qui parlent de telles langues. Au Canada, lorsque nous cherchons des candidats qui parlent une troisième langue pour l'une de nos destinations, nous arrivons rarement à trouver des candidats qui soient à la fois bilingues et qui possèdent cette langue. C'est un fait. Je ne peux pas vous en expliquer les raisons.
Le sénateur Goldstein : Toutefois, lorsqu'il est à l'avantage commercial d'Air Canada de trouver des agents multilingues, elle le fait. Par exemple, dans les vols quotidiens de Montréal à Tel Aviv, on trouve sans exception, des agents de bord qui parlent l'anglais, le français, l'arabe et l'hébreu. J'ai pris ce vol 50 ou 60 fois environ. Pourquoi êtes- vous en mesure d'obtenir de tels résultats sur des trajets commercialement avantageux alors que vous semblez incapables d'en faire autant pour d'autres trajets?
Mme McEvoy : Nous affectons au moins un agent de bord bilingue sur tous nos vols, plus si nous le pouvons, en fonction du nombre de sièges, de même que des agents qui parlent d'autres langues, selon la destination. Effectivement, pour le vol vers Tel Aviv, nos agents parlent l'anglais, le français, l'arabe et l'hébreu. Pour nos vols vers la Chine, nos agents parlent l'anglais, le français, le mandarin et le cantonnais. Cela s'applique à la plupart des vols. Quant aux vols à l'intérieur du Canada, nous affectons des agents de bord bilingues, mais ils ne le sont pas tous. Nous avons de la difficulté à les recruter, mais nous en affectons au moins un à chaque vol, et davantage lorsque c'est possible.
Le sénateur Murray : Reprenez-moi si je me trompe, mais la raison pour laquelle vous demandez l'aide du gouvernement pour respecter les obligations que vous confère la Loi sur les langues officielles, c'est que vous êtes assujettis à cette loi, mais pas vos concurrents. Porter Airlines n'y est pas assujetti, non plus que WestJet. En fait, aucune autre société aérienne au Canada n'est assujettie à cette loi. Vous êtes assujetti aux dispositions de la Loi sur les langues officielles parce que votre société y était assujettie lorsqu'elle était une société d'État et que, lorsque nous, le gouvernement, le Parlement, l'avons privatisée, nous avons décidé que vous continueriez d'y être assujettis. Nous avons également décidé que votre administration centrale demeurerait à Montréal. Est-ce exact?
Mme McEvoy : C'est exact.
Le sénateur Murray : Je dois avouer que je comprends la position d'Air Canada et que je suis passablement dérouté d'entendre que le gouvernement lui aurait dit de cesser de présenter des demandes d'aide financière parce que cette aide lui serait toujours refusée. Nous devrons poser des questions au gouvernement à ce sujet. Si vous estimez qu'une aide financière résoudrait votre problème, le gouvernement devrait alors desserrer les cordons de sa bourse, si nous continuons d'insister comme nous le faisons et comme nous le devons pour que vous soyez assujettis aux dispositions de la Loi sur les langues officielles. Le gouvernement est peut-être également en mesure de vous offrir une aide autre que financière. Il possède une certaine expérience de la formation linguistique, entre autres, dans laquelle il a remporté un certain succès. Je dois dire que j'ai une certaine sympathie pour votre point de vue. Nous devrons en discuter avec les ministres compétents à un moment donné.
Je vous signale, au sujet de la prime au bilinguisme qui existe dans la fonction publique, que les commissaires successifs des langues officielles ont recommandé son abolition.
Le sénateur Comeau : Et les comités également.
Le sénateur Murray : Oui, cette abolition a été appuyée par divers comités. J'en comprends les raisons.
Vous œuvrez dans un climat de concurrence et votre société aérienne a été privatisée. Je suppose que même si vous ne versez pas de prime au bilinguisme, la connaissance de plusieurs langues doit bien être prise en compte dans le salaire n'est-ce pas?
Mme McEvoy : L'incitatif, pour nos employés, est qu'ils travaillent sur des meilleurs vols ou qu'ils ont de meilleurs programmes de travail à l'aéroport.
Le sénateur Murray : Mais l'incitatif n'est pas nécessairement pécuniaire?
Mme McEvoy : Pas nécessairement, mais ils ont de meilleures conditions de travail?
Le sénateur Murray : Sont-ils membres d'un syndicat?
Mme McEvoy : Oui.
Le sénateur Murray : Merci, madame la présidente.
[Français]
La présidente : Suite aux questions posées par le sénateur Goldstein, vous avez bien dit que, dans la mesure du possible, vous vous organisez pour avoir au moins une personne bilingue sur chaque vol, par exemple, Montréal- Winnipeg. Vous dites que, habituellement, c'est le cas.
Mme McEvoy : C'est habituellement le cas.
La présidente : Dans votre présentation, vous avez parlé du recrutement de « candidats qualifiés dans les deux langues officielles ». J'aimerais connaître votre définition d'un candidat qualifié dans les deux langues officielles.
Mme McEvoy : Il s'agit d'un candidat qui réussit un test prouvant qu'il est capable de s'exprimer de manière professionnelle sans trop faire d'erreurs. Certains candidats ont une qualification équivalant à la langue maternelle et d'autres ont un niveau un peu moins fort, mais qui sont quand même qualifiés, c'est-à-dire que, après avoir fait leur formation initiale, ils ont la capacité de s'exprimer correctement et de faire des annonces de façon professionnelle, sans trop faire d'erreurs.
La présidente : Les candidats sont évalués de façon orale et non pas à l'écrit, si je comprends bien?
Mme McEvoy : Exact.
La présidente : Parce que ce n'est pas nécessaire.
Mme McEvoy : Ce n'est pas nécessaire.
La présidente : À travers le Canada, le français est souvent parlé avec des accents variés et des expressions courantes différentes. Je parle de la communauté acadienne, par exemple. Le fait de parler français avec un accent peut-il leur nuire?
Mme McEvoy : Que ce soit les Acadiens ou les Montréalais ou les Manitobains, si la personne parle français de façon professionnelle, quel que soit son accent, elle sera qualifiée. L'accent n'est pas un facteur. La prononciation est importante, mais pas l'accent.
La présidente : Offrez-vous de la formation à ces personnes après qu'elles aient passé le test?
Mme McEvoy : Au besoin. Tous les agents de bord, s'ils sont qualifiés en français et en anglais, ont un atelier d'annonces au micro; s'ils ne sont pas qualifiés, ils doivent assister à un atelier intitulé « Un moment s'il vous plaît » qui contient les éléments de base du français et des stratégies pour ne pas laisser un client en plan dans l'avion ou à l'aéroport.
Le sénateur Tardif : J'aimerais poser des questions par rapport aux parties IV, V et VI de la Loi sur les langues officielles à laquelle vous êtes assujetti. Il y a quelques semaines, nous avons reçu des représentants de l'Agence de la fonction publique qui nous ont informés qu'ils ne pouvaient pas appliquer de mesures disciplinaires avec vos employés. Je voudrais donc savoir de quelle manière vous gérez les plaintes qui sont présentées devant le Commissaire aux langues officielles.
Mme McEvoy : Dès qu'on reçoit une plainte de la part du Commissaire aux langues officielles, au besoin, nous la faisons traduire afin que l'employé comprenne parfaitement de quoi il s'agit. Ensuite, la plainte est envoyée au supérieur de l'employé et les mesures sont prises. L'employé est convoqué et mis au courant de la plainte, et des mesures appropriées sont prises.
Le sénateur Tardif : Des mesures ont-elles été prises concernant l'incident en Nouvelle-Écosse alors qu'un certain M. Jean Léger a demandé à être servi en français?
Mme McEvoy : Oui, en mars 2007, tout à fait.
Le sénateur Tardif : Je crois que c'est plus récent.
Mme McEvoy : Le reportage est récent, mais l'incident a eu lieu en mars. Des excuses ont été faites et des mesures ont été prises, mais le reportage est sorti plus tard.
Le sénateur Tardif : Quels genres de mesures ont été prises?
Mme McEvoy : Des mesures sont prises de façon distincte pour chaque employé et selon le syndicat auquel l'employé est affilié. Si un employé a un dossier parfait, nous appliquons une première étape, sinon la deuxième et ainsi de suite.
Pour ce qui est d'une plainte linguistique, l'employé doit suivre le cours « Un moment s'il vous plaît » s'il n'est pas bilingue, et s'il est bilingue, il est envoyé au cours de maintien de l'acquis. Nous offrons beaucoup de formations dans toutes les villes du Canada, incluant Halifax.
Le sénateur Tardif : Si je comprends bien, une note sera portée au dossier de l'employé et on lui impose une formation linguistique; c'est cela?
Mme McEvoy : Oui. En fait, pour ce qui est d'Halifax, l'équipe des Langues officielles a fait une séance de sensibilisation avec les employés concernés par la plainte.
Le sénateur Tardif : Vous avez pris des mesures pour vous assurer que cet incident ne se reproduira plus dans ce contexte.
Mme McEvoy : Oui.
Le sénateur Tardif : Comment expliquer le fait qu'on ait appelé la Gendarmerie royale du Canada pour un tel incident?
Mme McEvoy : Depuis septembre 2001, les employés ont un protocole à suivre lorsqu'il y a des passagers qui sont indisciplinés.
Le sénateur Tardif : Parler français n'est certainement pas considéré comme une indiscipline?
Mme McEvoy : Pas du tout. La personne est probablement devenue indisciplinée parce qu'elle n'arrivait pas à se faire servir en français. Et là, on est 100 p. 100 coupable.
Donc, une fois que la personne est devenue indisciplinée, à ce moment-là, l'employé doit agir selon un protocole soit à l'aéroport ou à bord d'un avion.
À ce moment-là, la GRC n'est pas appelée parce que la personne veut être servie en français, mais plutôt parce qu'à la suite de cet incident, la personne a eu un comportement indiscipliné selon l'employé qui a fait appel à la GRC. Ce n'était probablement pas la GRC, dans ce cas-ci.
Le sénateur Tardif : Oui, c'était la Gendarmerie royale du Canada, d'après les informations que j'ai eues. On a vu les résultats catastrophiques à Vancouver alors que quelqu'un ne pouvait pas s'exprimer dans une langue quelconque et que personne ne pouvait comprendre la situation.
Mais pour revenir à cet incident sur les langues officielles, je trouve que c'est absolument inacceptable ce qui s'est passé à Halifax.
Mme McEvoy : Tout à fait, et c'est ce que nous avons fait comprendre aux employés impliqués dans l'incident.
Le sénateur Losier-Cool : Bonjour à vous deux. Dans votre présentation, j'ai vraiment senti une bonne volonté de votre part en ce qui a trait au recrutement. Je déplore qu'il y ait si peu de candidats bilingues, mais je comprends que ce n'est pas votre faute. Encore une fois, il faudrait évaluer la formation bilingue que les Canadiens et les Canadiennes devraient avoir avant d'aller sur le marché du travail.
Cela dit, le sénateur Tardif a mentionné plus tôt que nous avions reçu l'agent de la fonction publique qui nous a dit que vous aviez mis sur pied un nouveau modèle de formation linguistique. Est-ce que c'est votre nouveau programme « Un moment s'il vous plaît »? Pouvez-vous nous expliquer un peu le programme?
Mme McEvoy : On a intitulé le cours « Un moment s'il vous plaît » parce qu'on voudrait que les employés en contact avec le public, au lieu de dire : Sorry, I don't speak French, disent : un moment s'il vous plaît, et qu'ils aillent chercher quelqu'un qui parle le français. À défaut de trouver un collègue qui peut les aider immédiatement, on leur donne également les bases nécessaires pour être soit agent de bord ou agent dans un aéroport.
Le sénateur Losier-Cool : Est-ce d'autres membres du personnel ou une école de langues qui donnent ces bases?
Mme McEvoy : On a une équipe de professeurs à l'interne qui donnent des cours de français et d'anglais partout au Canada. Ces professeurs offrent cet atelier qui s'appelle « Un moment s'il vous plaît », ou alors l'autre atelier qui s'appelle « Annonce en vol » ou « Annonce à l'aéroport ». Ce sont des ateliers de trois heures donnés à tous les nouveaux employés et qui sont également offerts sur demande partout au Canada pour les employés déjà en poste.
Le sénateur Losier-Cool : C'est offert sur les heures de travail?
Mme McEvoy : Cela dépend du syndicat auquel l'employé appartient. Les employés membres des TCA suivent ces cours durant les heures de travail et les autres durant leur temps personnel. Mais pour les nouveaux employés, c'est durant les heures de travail.
Le sénateur Losier-Cool : Est-ce que cette formation linguistique fait partie de votre plan lorsque vous demandez du financement supplémentaire?
Mme McEvoy : Globalement, on avait fait une demande pour nous aider dans la formation linguistique. Si on avait plus de moyens, on offrirait des cours à plus d'employés. En ce moment, c'est encore sur une base volontaire pour les nouveaux employés. Ceux qui arrivent, on s'assure qu'ils ont eu le cours. Mais pour les autres, c'est sur une base volontaire. Si on avait les moyens, on pourrait s'assurer que plus d'employés suivent les cours durant les heures de travail.
Le sénateur Losier-Cool : Dans de nombreuses présentations du commissaire aux langues officielles et dans les rapports des Comités des langues officielles, on nous dit toujours qu'Air Canada a la palme.
Mme McEvoy : Oui, on est parmi les 10 premiers.
La présidente : Les trois premiers.
Le sénateur Losier-Cool : Comment expliquez-vous cela?
Mme McEvoy : Nous avons 34 millions de passagers par an, 6 000 ou 7 000 agents de bord en ce moment, 3 000 agents passagers aux aéroports. Jamais le même employé ne fera l'objet d'une plainte deux fois, mais c'est la sensibilisation de tous ces employés.
Pour illustrer la situation, je donne toujours l'exemple que lorsqu'une personne arrive aux douanes, elle sait exactement où aller pour se faire servir en français, tandis que dans un avion, on ne peut pas mettre les passagers francophones entre les rangées 12 et 15. Cela ne se fait pas.
Le sénateur Comeau : Merci à vous deux de votre présence ici pour nous faire part de votre approche dans le recrutement du personnel bilingue au Canada.
Je veux revenir au fait que vous avez de la difficulté à recruter des personnes bilingues à l'extérieur du Québec, de la région de la capitale nationale et de Moncton.
J'aimerais connaître la façon par laquelle vous allez à l'extérieur de ces trois régions principales. Pourriez-vous m'indiquer où vous allez?
Mme McEvoy : Nous mettons des annonces dans les journaux comme tout le monde, mais nous approchons également toutes les communautés francophones, à l'extérieur du Québec et partout au Canada, pour établir des contacts avec eux et retourner chez eux leur faire part de nos objectifs de recrutement.
Par exemple, il y a du recrutement qui se fait actuellement pour les aéroports. Les langues officielles ont établi les premiers contacts avec ces communautés et maintenant, ils ont donné le mandat à notre service de recrutement de retourner dans les communautés, placer des annonces dans les journaux et ainsi de suite.
Le sénateur Comeau : Par exemple, en Nouvelle-Écosse, qui avez-vous approché?
Mme McEvoy : Il faudrait que je vous revienne à ce sujet.
Le sénateur Comeau : Dans votre documentation, vous avez dit avoir approché le Commissaire aux langues officielles, le Conseil du Trésor et les membres du Comité des langues officielles de la Chambre des communes pour vous aider. Avez-vous approché, par exemple, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse pour leur faire part de vos difficultés à trouver des agents bilingues à l'extérieur de Moncton et leur demander leur aide?
Mme McEvoy : Je ne peux pas vous dire qui exactement on a approché en Nouvelle-Écosse. Mais je vais me renseigner.
Le sénateur Comeau : J'aimerais bien le savoir. Avez-vous approché par exemple l'Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse?
Mme McEvoy : Oui, j'en suis certaine, le nom m'est familier.
Le sénateur Comeau : Avez-vous approché le Collège de l'Acadie, qui serait ravi d'offrir de recruter et d'entraîner des gens.
Mme McEvoy : Les universités et les collègues sont habituellement notre public cible pour le recrutement. Je vais vous donner la liste.
Le sénateur Comeau : Cela me surprend énormément que vous n'ayez pas eu de succès avec ces groupes. Je suis assuré que le Campus Saint-Jean d'Edmonton, Saint-Boniface au Manitoba et les fédérations qui représentent ces communautés seraient heureux de vous aider à ce niveau. Vous seriez surprise de voir qu'il y a beaucoup plus de personnes bilingues dans les provinces que vous ne le pensez.
Mme McEvoy : Certainement.
Le sénateur Comeau : Il y a un vaste réseau où aller recruter des employés.
Mme McEvoy : Quand on embauche pour Montréal, par exemple, cela ne pose pas de problèmes, mais quand on embauche à l'extérieur, pour amener des agents de bord à Toronto, là où sont nos véritables besoins actuellement...
Le sénateur Comeau : Beaucoup de ces jeunes doivent aller travailler maintenant dans les coins où ils n'ont pas vraiment envie d'aller, comme dans le très grand nord de l'Alberta.
Mme McEvoy : Ce n'est pas qu'ils n'ont pas nécessairement envie d'aller à Toronto...
Le sénateur Comeau : Je pense qu'ils seraient contents d'aller à Toronto.
Mme McEvoy : On ne se décourage pas.
Le sénateur Comeau : Il y a un intérêt spécial à travailler pour Air Canada; votre très grande réputation n'est plus à faire. Vous devriez être très fiers, parce que vous êtes l'une des meilleures lignes aériennes au monde.
Mme McEvoy : Air Canada est effectivement un employeur recherché, mais il y a ce défi de faire accepter aux gens de voyager pour aller travailler, même si c'est pour voyager de nouveau par la suite.
Le sénateur Comeau : Quand vous donnez des instructions au service de recrutement d'Air Canada, demandez-vous que le recrutement se fasse dans les écoles bilingues ou dans les universités francophones?
Mme McEvoy : Le recrutement se fait lorsqu'il y a un manque de personnel. Avec l'équipe des langues officielles et l'équipe des ressources humaines d'Air Canada, nous avons commencé à faire des présentations dans les écoles secondaires, car nous croyons qu'il est vraiment important de dire aux jeunes qu'ils doivent continuer à parler français et anglais, qu'on a besoin d'eux, et que ce sont les langues qu'ils vont parler qui feront en sorte qu'ils trouveront un bon emploi plus tard.
Le sénateur Comeau : Je vous encourage à examiner le concept d'un partenariat avec les universités desquelles graduent des gens bilingues tous les ans. Je suis certain que beaucoup d'universités seraient ravies de le faire.
Mme McEvoy : Oui, il y en a partout au Canada.
Le sénateur Comeau : Il y a aussi les collèges qui pourraient offrir des cours si vous avez des difficultés. Je suis certain aussi que vous pourriez embaucher un grand nombre de finissants.
Mme McEvoy : Oui.
Le sénateur Comeau : Finalement, quel a été le résultat de l'événement impliquant Air Canada et M. Léger en Nouvelle-Écosse? On sait que la Gendarmerie royale du Canada a été appelée et lorsqu'on fait appel à la GRC, c'est pour quelque chose de sérieux.
Si, à l'aéroport de Halifax j'insistais pour me faire servir en français et qu'un agent un peu trop zélé décidait d'appeler la Gendarmerie royale du Canada pour me confronter, je me demande si je ferais tout ce que M. Léger a fait. Probablement que je n'aurais pas eu son courage.
Est-ce que M. Léger a été jugé indiscipliné par l'agent de bord ou par Air Canada?
Mme McEvoy : Par l'agent de bord parce que c'est lui qui prend cette décision. Et cela s'est réglé immédiatement après parce que M. Léger a pu prendre le vol suivant.
Le sénateur Comeau : Oui, mais le fait d'appeler la Gendarmerie royale demeure un problème. Il y a aussi l'excuse du 11 septembre 2001 que les agents utilisent trop souvent. Je comprends que l'agent doit être absolument prudent, mais cet homme avait quand même le droit de se faire servir dans sa langue.
Mme McEvoy : Tout à fait. Et on le reconnaît.
Le sénateur Comeau : Je trouve inacceptable que dans ce cas on se soit servi de l'excuse du 11 septembre 2001.
Mme McEvoy : C'est pour cette raison qu'un effort de sensibilisation est fait auprès des employés. On veut savoir s'ils perdent leurs moyens parce qu'ils ne parlent pas la langue parce que généralement, les employés d'Air Canada ne traitent pas les passagers de cette façon.
Le sénateur Losier-Cool : Le sénateur Comeau a piqué ma curiosité lorsqu'il a parlé des universités et des collèges. Actuellement, si quelqu'un veut devenir agent de bord, quelles sont les exigences académiques? Demande-t-on un diplômé du cégep, d'un collège communautaire ou simplement le secondaire?
Mme McEvoy : Simplement le secondaire.
Le sénateur Losier-Cool : Et quelle est la formation par la suite?
Mme McEvoy : Dès leur arrivée, les agents de bord suivent une formation de huit semaines.
Le sénateur Losier-Cool : Est-ce que le salaire dépasse le salaire minimum?
Mme McEvoy : Le salaire et les conditions de travail sont très intéressants.
Le sénateur Losier-Cool : Je pense que c'est des peanuts.
[Traduction]
Le sénateur Keon : Tout d'abord, il me semble que l'insatisfaction que je constate à bord des avions, y compris ceux d'Air Canada, n'a pas grand-chose à voir avec la langue. Il semble que le service dans les aéroports ne fait qu'empirer. J'ai l'impression que les avions que je prends n'arrivent à peu près plus jamais à la porte désignée, et généralement, il faut attendre. Il arrive que l'avion doive être envoyé à deux portes différentes avant que nous puissions en descendre. Généralement, cela met les gens de mauvaise humeur, bien que je ne crois pas que l'on puisse blâmer les sociétés aériennes pour tous les problèmes. Voyager est devenu une entreprise beaucoup plus complexe qu'elle ne l'était il y a 25 ou 30 ans, à l'époque où c'était très agréable.
Mais pour revenir au problème de la langue, vous dites bien clairement, me semble-t-il, que puisque le gouvernement vous impose le bilinguisme, vous ne pouvez pas à la fois exploiter la société aérienne de façon rentable tout en investissant dans le bilinguisme. Il est tout à fait clair à mon avis que si le gouvernement du Canada veut que votre société soit bilingue, il doit vous en donner les moyens, puis le problème sera résolu, n'est-ce pas?
Mme McEvoy : Exactement; cela résoudrait en partie le problème.
Joseph Galimberti, directeur, Relations avec les gouvernements et les collectivités, Air Canada : Au moins, nous serions jugés en fonction des mêmes critères que les autres institutions fédérales.
Le sénateur Keon : Un instant. Le problème dans la fonction publique, à mon avis, est largement résolu. C'est parce que, si des postes exigent des compétences linguistiques particulières, le gouvernement offre la formation nécessaire et les employés acquièrent les compétences linguistiques.
Mme McEvoy : C'est notre situation actuelle; il faudrait que nous offrions de la formation à ces employés.
Le sénateur Keon : J'ai l'impression que suffisamment de jeunes canadiens sortent des écoles d'immersion française ou des écoles francophones, entre autres, pour qu'il soit facile de leur faire acquérir les compétences nécessaires pour tenir une conversation, et c'est tout ce que vous exigez...
Mme McEvoy : C'est exact; c'est exactement où nous en sommes pour l'instant.
Le sénateur Keon : ... de tenir une conversation amicale et claire avec les passagers. Ce n'est pas une tâche herculéenne. Il semble y avoir là un obstacle facile à surmonter.
Mme McEvoy : Nous devons non seulement leur faire acquérir des compétences nécessaires pour tenir une conversation et faire des annonces, mais ces employés doivent également entretenir ces compétences, et dans leur travail de tous les jours, ils n'en ont pas beaucoup l'occasion. Ils ne pratiquent pas leurs compétences linguistiques quotidiennement, et nous devons donc leur offrir la formation nécessaire pour cela.
Le sénateur Keon : Dans bien d'autres domaines, dans ma profession antérieure, il faut constamment tenir ses compétences à jour.
Mme McEvoy : Un grand nombre d'employés le font, mais pas en nombre suffisant, de toute évidence.
Le sénateur Keon : Par conséquent, ce que vous nous demandez est très clair.
Mme McEvoy : C'est exact.
Le sénateur Goldstein : Je continue d'être préoccupé par l'approche que vous adoptez. Je vis encore au Québec, mais j'y vivais déjà en 1976, à l'époque où le gouvernement de la province a exigé que des entreprises unilingues anglaises se francisent, grâce au tordage de bras et au moyen de mesures souvent déplaisantes. Je parle entre autres de Bell Canada, de toutes les banques à l'exception de la Banque Nationale, qui était déjà en majorité francophone, et de toutes les sociétés d'assurances, sauf celles fondées au Québec. En 10 ans à peine, ces entreprises sont devenues vraiment francophones et pour la plupart bilingues sans aide financière du gouvernement, grâce aux fortes pressions que le gouvernement du Québec a exercées, bien qu'il n'y ait eu aucune compétence du point de vue juridique, sur des entreprises comme Bell Canada, les banques ou les sociétés d'assurance, à de rares exceptions près.
Je vais donc revenir à ma question précédente. Le gouvernement du Canada n'a pas exigé qu'Air Canada devienne bilingue, bien qu'elle devrait l'être dans l'esprit d'un bon nombre de gens. Je ne critique pas vos efforts. Vous faites des efforts, mais ils ne portent pas fruit, ou du moins pas suffisamment.
Vous avouez que vous n'obtenez pas les résultats que vous souhaiteriez. Qu'est-ce qui vous empêche de faire les efforts supplémentaires nécessaires? Nous savons que grâce à un effort supplémentaire, vous obtiendriez ces résultats. Nous l'avons constaté dans le cas de Bell Canada, de la Banque Royale, de la Banque de Montréal, et cetera. Pourquoi n'est-ce pas le cas d'Air Canada?
Mme McEvoy : C'est le cas d'Air Canada, dans la province de Québec. Notre société est entièrement bilingue dans cette province. Notre problème, c'est de trouver des candidats ailleurs au Canada. C'est pour cette raison que nous embauchons des gens à Montréal et que nous les transférons ensuite à Toronto, Calgary ou Vancouver. Nous n'arrivons pas toutefois à trouver des candidats bilingues dans ces villes.
[Français]
Le sénateur Tardif : Je voudrais faire un commentaire avant de poser ma question. Madame McEvoy, vous avez indiqué que vous ne pouviez pas trouver les candidats. Dans ma province, en Alberta, il y a plus de 30 000 étudiants inscrits dans les programmes d'immersion et plus de 200 000 étudiants inscrits dans les programmes de français langue seconde. Je n'arrive pas à comprendre qu'on ne puisse pas trouver des candidats de l'Alberta, de la Colombie- Britannique, de la Saskatchewan ou ailleurs pour pourvoir à ces postes.
J'appuie entièrement les commentaires de mon collègue, le sénateur Comeau, en ce sens que je pense qu'il faut réorienter le recrutement, aller dans les endroits où l'on trouve les gens qui font une formation en français, francophones et francophiles, car il y a encore plusieurs étudiants anglophones dans les programmes d'immersion, en français langue seconde, qui cherchent des occasions pour utiliser leur français après leurs études au secondaire. Si, justement, une compagnie comme Air Canada annonçait ou distribuait un dépliant publicitaire disant « Air Canada vous encourage à continuer vos études en français », quelle mesure incitative ce serait pour les jeunes et quel encouragement! Mais ce n'est pas ma question, c'est simplement un commentaire et je vous encourage à le faire.
Votre plan d'action linguistique ne contient aucun objectif en ce qui concerne la partie VII de la Loi sur les langues officielles; la partie qui touche au développement et à l'épanouissement des communautés en situation minoritaire. Pourquoi, et que faite-vous pour la partie VII de la Loi sur les langues officielles?
Mme McEvoy : Cela se traduit surtout par des commandites et du soutien aux communautés dans des événements comme les Rendez-vous de la Francophonie, le Festival du voyageur, pour ne nommer que ceux-là. Cela se traduit surtout comme cela en ce moment à Air Canada, partout au Canada.
Le sénateur Tardif : Parce que, justement dans la partie VII, vous devez maintenant mettre sur pied des mesures positives. Qu'est-ce que cela veut dire pour vous le concept de mesures positives?
Mme McEvoy : Avec le groupe de M. Galimberti, Relation avec les gouvernements et les communautés, nous avons des gestionnaires qui sillonnent le Canada à longueur d'année pour rencontrer les communautés. Et les communautés de minorités font partie de ces groupes. C'est un service qui existe maintenant à Air Canada.
Le sénateur Tardif : Quel est le but de ces rencontres?
Mme McEvoy : C'est d'écouter ce que veulent les communautés. Par exemple, il y a eu l'ajout d'un vol à Bathurst, à un moment donné, après une rencontre; cela peut se traduire par un soutien, une commandite, cela peut également se traduire par un vol ajouté à un endroit ou un service quelconque offert pour une communauté.
[Traduction]
Le sénateur Murray : Pour revenir à notre discussion précédente, comme je l'ai dit, il est évident que puisque vous êtes assujettis à des obligations légales dont sont dispensés vos concurrents, vous avez un motif raisonnable de demander au gouvernement de vous accorder une aide financière et toutes les ressources techniques dont dispose le gouvernement.
Il semble que vous dépendiez exclusivement ou en grande partie de votre recrutement pour accroître le bilinguisme de votre effectif ou augmenter vos ressources bilingues. Air Canada n'offre donc pas de formation linguistique?
Mme McEvoy : Nous offrons de la formation dans huit villes. Dans les six bases que nous avons dans nos huit principaux aéroports, nous offrons régulièrement de la formation à tous les niveaux : des cours pour débutants, des cours de maintien des compétences et des ateliers spécialisés que nous dirigeons.
Le sénateur Murray : Vous avez dit, si j'ai bien compris, que la participation à cette formation est volontaire n'est-ce pas?
Oui, elle est volontaire, et selon le syndicat auquel appartiennent les employés, elle est offerte pendant les heures de travail ou en dehors des heures de travail.
Le sénateur Murray : Quelle est l'efficacité des programmes de formation?
Mme McEvoy : Des centaines d'étudiants viennent chaque année suivre nos cours. Ils sont très motivés.
Le sénateur Murray : Ce qui les motive, c'est que l'acquisition des compétences nécessaires leur permettra d'avoir de meilleures affectations?
Mme McEvoy : C'est exact, et bon nombre d'entre eux réussissent à se qualifier comme bilingues.
Le sénateur Murray : Dans votre recrutement, avez-vous envisagé de faire de la formation linguistique une condition d'embauche? Le faites-vous?
Mme McEvoy : Cela ne fonctionne pas vraiment de cette façon. Ce qui est une condition d'embauche, c'est de maintenir ces compétences. Le bilinguisme est une condition d'emploi, puisque nous n'engageons de façon permanente que des candidats bilingues.
Le sénateur Murray : La condition d'embauche est qu'ils acquièrent les compétences linguistiques?
Mme McEvoy : La condition est qu'ils maintiennent leurs compétences.
Le sénateur Murray : S'ils n'ont aucune compétence linguistique au départ, ils seraient néanmoins admissibles à recevoir de la formation, n'est-ce pas?
Mme McEvoy : Oui, ils y seraient admissibles, mais l'acquisition de la langue n'est pas une condition.
Le sénateur Murray : Je suis sûr que vous avez étudié la question, mais dans la fonction publique, certains postes sont désignés bilingues. Si le titulaire n'est pas bilingue, il dispose d'un certain délai pour le devenir, ou on lui offre une formation à cette fin. Je ne sais pas si un régime comme celui-là pourrait s'appliquer à une organisation comme Air Canada.
Mme McEvoy : En fait, nous examinons une possibilité semblable. Toutefois, nous n'en avons pas encore discuté avec les syndicats.
Le sénateur Murray : Enfin, je veux m'assurer de mieux comprendre quelle est la position du gouvernement pour ce qui est du respect des obligations linguistiques que vous impose la loi sur les langues officielles. Que vous a dit le gouvernement, à part de ne plus présenter de demandes? Il doit bien exister des preuves écrites quelque part.
Mme McEvoy : On nous a dit qu'il existe des catégories d'institutions, et il semble que nous n'appartenons pas à la bonne catégorie, comme par exemple un ministère.
Le sénateur Murray : Nous comprenons cela.
Mme McEvoy : C'est la raison du refus.
Le sénateur Murray : Le Parlement a décidé de vous imposer cette obligation lorsque votre société a été privatisée. C'est une obligation à laquelle n'est assujettie aucune autre société aérienne. Que vous répond le gouvernement? Que vous n'appartenez pas à cette catégorie? Que vous n'appartenez pas à la bonne catégorie? Est-ce la réponse qui vous est donnée?
Mme McEvoy : Oui, c'est la réponse.
Le sénateur Murray : Merci.
La présidente : Pourriez-vous envoyer plus de renseignements au comité au sujet de la question du sénateur Murray?
Mme McEvoy : Je peux vous envoyer des copies des courriels qui ont été échangés à l'époque.
Le président : Parfait. Sénateur Comeau, avez-vous une question complémentaire?
Le sénateur Comeau : Oui. Elle est dans la même veine que les questions du sénateur Murray.
[Français]
J'ai deux ou trois questions brèves. La formation chez Air Canada en ce moment est effectuée à l'interne par des gens d'Air Canada?
Mme McEvoy : La formation linguistique?
Le sénateur Comeau : Oui?
Mme McEvoy : Ce sont des professeurs employés de l'entreprise.
Le sénateur Comeau : Considérez-vous faire appel à des ressources extérieures à l'entreprise? Il existe des professionnels très compétents dans la formation de gens unilingues ou ayant de grandes difficultés dans une deuxième langue. Il s'agit d'une expertise tout à fait particulière; cela prend des années d'expérience avant d'être en mesure d'effectuer ce genre de formation. C'est une de mes recommandations : faire appel à des ressources extérieures.
Mme McEvoy : Ce sont des professeurs diplômés.
Le sénateur Comeau : Ceux dont je parle sont des professionnels dans des institutions qui connaissent la manière de former des gens dans une deuxième langue. C'est une autre recommandation.
La présidente : Le temps passe et j'accepterai donc deux autres questions.
[Traduction]
Le sénateur Goldstein : Avez-vous pensé à la formation en cours d'emploi et à donner à vos employés unilingues quelque 10, 12 ou 16 semaines de congé payé pour qu'ils puissent participer à des cours intensifs de français, — avec des examens et des critères pour mesurer le succès à la fin des cours pour vous assurer qu'il ne s'agit pas simplement de vacances payées. Comme ça, les employés pourraient revenir avec une capacité raisonnable de servir les Canadiens dans les deux langues officielles.
Mme McEvoy : Oui, nous étudions cette possibilité en ce moment-ci, comme j'ai déjà dit. Néanmoins, on n'en a pas discuté avec les syndicats. C'est à l'étude. Cette mesure coûterait très cher, et nous revenons toujours à cela.
Le sénateur Goldstein : Nous revenons à cela. Je comprends que votre entreprise est une entreprise commerciale, et que les entreprises commerciales sont là pour faire des bénéfices. Tous autour de la table le comprennent. Néanmoins, votre entreprise est assujettie à certaines obligations, pour diverses bonnes raisons de politique gouvernementale. Le gouvernement pourrait faire respecter ces obligations de façon assez désagréable, s'il le voulait. Évidemment, il a décidé de ne pas agir ainsi.
Est-ce qu'il y aurait un moyen d'encourager Air Canada à faire un effort très spécial, qui coûtera de l'argent bien sûr parce que tout effort coûtera de l'argent — pour que cela se produise?
Deuxièmement, si vous demandez de l'aide financière et que vous dites dès le départ combien d'argent Air Canada est prêt à investir dans un programme si le gouvernement aide à le mettre en œuvre, cela ne changerait-il pas un peu la situation? Nous serions beaucoup moins prêts à utiliser la méthode forte, et beaucoup plus prêts à exercer des pressions sur le gouvernement.
Mme McEvoy : Si je ne m'abuse, nous avons présenté notre plan d'action linguistique au comité en 2001, au moment où nous avions une recommandation. Nous n'avions pas demandé le montant total, nous avions indiqué le montant qu'il faudrait pour que tous nos employés possèdent les rudiments de la langue pour pouvoir se qualifier dans les deux langues officielles. Nous pouvions le faire.
Le sénateur Goldstein : Puis-je voir ce document? Votre société s'était-elle engagée à en payer une partie si le gouvernement payait l'autre partie?
Mme McEvoy : Je suis sûre que la société ne s'attendait pas à ce que le gouvernement paye la totalité du coût. Oui, nous étions conscients de cette obligation, et nous voulions y investir des ressources.
Le sénateur Goldstein : Pouvons-nous voir cette demande?
Mme McEvoy : Le plan d'action de 2001? Bien sûr.
Le sénateur Goldstein : Si cela ne vous dérange pas. Merci.
Mme McEvoy : Chaque année, nous investissons quelque 2 millions de dollars dans la formation linguistique et dans l'évaluation des connaissances linguistiques.
Le sénateur Goldstein : Madame McEvoy, quel est votre bénéfice net cette année?
M. Galimberti : Le bénéfice net serait comparable à celui de WestJet, et WestJet n'est pas obligé de dépenser...
Le sénateur Goldstein : Faites-moi confiance, quel est votre bénéfice net?
M. Galimberti : J'hésite de vous donner un chiffre exact de mémoire. Ce chiffre n'est pas négligeable, mais vous devez aussi reconnaître que seulement quatre ou cinq ans se sont écoulés depuis la restructuration de nos activités sous la protection de la Loi sur la faillite. L'industrie du transport aérien est ...
Le sénateur Goldstein : Je connais bien votre processus de restructuration. J'y ai beaucoup participé. Je sais...
M. Galimberti : Vous n'êtes donc pas sans connaître la nature fragile de l'industrie.
Le sénateur Goldstein : ... que la valeur marchande de vos actions qui était presque insignifiante a atteint un niveau très élevé. Votre capitalisation boursière est assez élevée.
M. Galimberti : C'est intéressant que vous parliez de nos actions...
Le sénateur Goldstein : S'il vous plaît, laissez-moi finir ma question. Je ne propose pas que vous devriez dépenser tout votre bénéfice, mais je dirai respectueusement qu'une dépense de 2 millions sur des bénéfices de 100 millions, ce n'est pas beaucoup.
M. Galimberti : C'est 2 millions de plus que n'engage aucune autre entreprise dans le secteur canadien.
Le sénateur Goldstein : Peut-être que nous devrions voyager plus souvent avec WestJet.
[Français]
Le sénateur Losier-Cool : Merci, madame la présidente. J'ai une toute petite question. Vous avez mentionné le syndicat à plusieurs reprises. Pouvez-vous nous dire si vos agents de bord — commençons par les agents de bord parce que c'est plus précis — sont davantage bilingues parmi les jeunes qui forment la relève que ceux déjà protégés par le syndicat dû à un certain nombre d'années d'ancienneté?
Mme McEvoy : Jusqu'à dernièrement je dirais que oui, malgré des difficultés en matière de recrutement. Il est certain que nous voulons recruter que des agents de bord bilingues, alors effectivement les employés embauchés plus récemment sont davantage bilingues que ceux ayant un certain nombre d'années d'ancienneté.
Le sénateur Losier-Cool : Tant mieux. Merci.
[Traduction]
Le sénateur Murray : Je me demande si vous êtes au courant des programmes de formation linguistique d'autres compagnies aériennes. Vous avez parlé des compagnies européennes. Peut-être peuvent-elles résoudre leur problème par le recrutement. Cela serait facile à comprendre. Que font les compagnies aériennes du Royaume-Uni et des États- Unis?
Mme McEvoy : Nous faisons partie d'un groupe qui s'appelle IALCO, « International Airline Language and Communication Organisation ». Nous nous rencontrons chaque année. Les Américains n'ont pas participé à la réunion depuis sept ou huit ans.
Les compagnies aériennes européennes sont très fortes du côté de la formation linguistique aussi. Elles engagent des candidats multilingues.
Le sénateur Murray : Engager des candidats multilingues, si on les trouve, c'est évidemment la méthode la plus facile et la plus directe. Que font-elles en ce qui concerne la formation linguistique de leurs employés?
Mme McEvoy : En principe, les compagnies aériennes dans le monde entier forment leur personnel en anglais. C'est en anglais qu'ils doivent tous se perfectionner. KLM et Air France font de la formation linguistique à l'interne. British Airways faisait de la formation il y a quelques années. Je ne sais pas si elle en fait encore.
Le sénateur Murray : Vous dites que KLM et Air France enseignent principalement l'anglais?
Mme McEvoy : Oui, l'anglais.
Le sénateur Murray : Merci.
Mme McEvoy : Il n'y a pas de quoi.
[Français]
Le sénateur Tardif : Pouvez-vous me dire si la direction d'Air Canada est surprise des pauvres résultats attribués à Air Canada année après année par le commissaire aux langues officielles? Aussi, ont-ils mis de l'avant un plan d'action pour remédier à cela?
Mme McEvoy : Le plan d'action présenté en 2001 est un plan s'échelonnant sur dix ans. C'est un plan d'action pour lequel notre groupe aux langues officielles rend des comptes à notre direction concernant les statistiques, les plaintes, le nombre d'employés bilingues, le nombre d'employés en formation et ainsi de suite. La haute direction s'y intéresse de près.
Le sénateur Tardif : Évidemment, vous allez me dire oui, mais y a-t-il un engagement de la part de la direction d'Air Canada afin de répondre aux exigences de la Loi sur les langues officielles et même d'aller au-delà de ces exigences?
Mme McEvoy : Tout à fait, M. Brewer, notre président, l'a dit au Commissaire aux langues officielles qui est venu le rencontrer en janvier.
Il lui a dit que c'était non seulement important pour lui, mais qu'il voulait également mesurer la qualité du service dans les deux langues officielles. On est présentement en train de mettre cela sur pied.
Le sénateur Tardif : Si le plan d'action a été mis sur pied en 2001, il n'a pas donné, de toute évidence, de grands résultats. Il faudrait peut-être penser à le refaire.
Mme McEvoy : Nous le mettons à jour chaque année, et on suit le plan d'action selon nos capacités. Oui, effectivement, peut-être qu'il faudrait en faire un nouveau avant l'aboutissement de celui qui est en cours.
Le sénateur Tardif : Le montant de deux millions, qui est le montant que vous investissez présentement dans la formation linguistique, représente quel pourcentage de votre budget?
Mme McEvoy : Du budget de l'entreprise?
Le sénateur Tardif : Oui?
Mme McEvoy : J'aurais de la difficulté à vous le dire, mais je prends note de votre question.
[Traduction]
Le sénateur Goldstein : Madame McEvoy, permettez-moi non pas de vous poser une question mais de présenter des excuses. Vous nous avez présenté un cas avec lequel certains d'entre nous ne sommes pas tous d'accord. Néanmoins, vous l'avez présenté de façon honnête, franche et équitable. Mon commentaire à propos de voyager par WestJet était de mauvais goût et je m'en excuse.
Mme McEvoy : C'est gentil de votre part, sénateur.
[Français]
La présidente : Madame McEnvoy, monsieur Galimberti, je vous remercie, au nom des membres du comité, de votre présence devant le comité aujourd'hui, ainsi que pour la discussion et les réponses que vous nous avez données de façon si honnête. Vous allez nous faire parvenir l'information que les sénateurs vous ont demandée?
Mme McEvoy : Tout à fait.
La présidente : Merci beaucoup. Honorables sénateurs, nous suspendons pour quelques minutes et nous reprendrons à huis clos pour les travaux futurs du comité.
Le comité poursuit ses travaux à huis clos.