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Sous-comité sur la santé des populations

 

Délibérations du Sous-comité sur la Santé des populations

Fascicule 6 - Témoignages du 20 mai 2008 -  après-midi


ST. JOHN'S, le mardi 20 mai 2008

Le Sous-comité sur la santé des populations du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 13 h 5, pour poursuivre son étude sur les divers facteurs et situations qui contribuent à la santé de la population canadienne, appelés collectivement les déterminants sociaux de la santé.

Le sénateur Wilbert J. Keon (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Honorable ministre, sénateurs, mesdames et messieurs, nous sommes très heureux de poursuivre nos audiences et de recevoir le ministre, l'honorable Shawn Skinner, ministre des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi.

Shawn Skinner, ministre des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi, gouvernement de Terre-Neuve-et- Labrador : Merci beaucoup. Je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui. Je suis accompagné de deux membres du personnel du Ministère — Aisling Gogan et Lynn Vivian-Book —, et, lorsque j'aurai terminé ma déclaration initiale, je vais céder la parole à Aisling pour lui permettre de présenter un exposé au nom de notre gouvernement.

Permettez-moi d'abord de souhaiter sincèrement la bienvenue à chacun d'entre vous. Nous sommes heureux de vous recevoir dans notre province, et nous espérons que vous profitez du temps extraordinaire qu'il fait ces jours-ci. Une personne m'a dit qu'elle trouvait qu'il faisait un peu froid, mais, pour nous, c'est une température agréable, en fait. Je ne sais pas exactement d'où cette personne venait, mais il ne fait jamais beaucoup plus chaud que ça ici; de toute façon, bienvenue à tous. Je suis heureux que vous puissiez tenir quelques audiences ici, dans notre province.

J'ai l'intention de ne formuler aujourd'hui que quelques observations. Je n'ai pas préparé d'exposé, mais j'ai apporté des notes que je vais citer, et je ne vais parler que quelques instants de notre Stratégie de réduction de la pauvreté en général et des liens qu'il y a entre cela et la santé des populations. Ensuite, comme je disais, je vais céder la parole à Aisling, qui va vous présenter un exposé plus structuré.

Au nom du premier ministre Williams et du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, je veux vous dire que je suis très heureux de pouvoir discuter avec vous ici aujourd'hui et que nous sommes très contents que le Sénat ait jugé pertinent de s'intéresser de près à la pauvreté. C'est un sujet qui accapare notre attention depuis quatre ans environ, ce qui fait que nous sommes heureux de voir que le Sénat s'intéresse également à la question, et nous sommes convaincus que la pauvreté a des répercussions importantes sur la santé des populations en général. Nous sommes contents de voir que le Comité se penche sur la question. Je pense que le fait que vous voyagiez un peu partout au pays a contribué à plusieurs égards au travail que vous faites. Entre autres, cela va contribuer à sensibiliser la population en général. Je pense que le fait que vous êtes ici, que les médias vont en parler et que les gens de la province vont savoir que vous êtes ici est important. La conscience du lien entre le niveau de revenu des gens et leur capacité de jouir d'une pleine inclusion sociale est une chose très importante. Je pense que votre travail va contribuer à cette conscience. Je pense aussi que vous allez nous aider à créer le mouvement nécessaire pour régler certains des problèmes sociaux sous-jacents auxquels nous sommes confrontés. Ce sont des problèmes complexes qu'il faut régler pour tenter de mettre fin à la pauvreté et d'assurer la santé de la population.

C'est toujours agréable pour nous d'avoir l'occasion de parler du travail que nous avons fait, parce que ça nous aide à prendre un nouvel élan et à nous attaquer aux problèmes qui existent dans la province. Encore une fois, merci de nous offrir cette occasion et merci de visiter notre province.

Sans vous ennuyer avec tous les détails, je suis sûr que vous savez qu'il existe un vaste ensemble de données montrant que la pauvreté a davantage de répercussions sur la santé que tout autre facteur touchant la vie d'une personne. Votre étude sur la santé des populations vous a amenés à vous pencher sur la question de la pauvreté. Dans le cadre de notre Stratégie de réduction de la pauvreté, nous avons déterminé que, si notre objectif était d'assurer la santé et la productivité de la population de Terre-Neuve-et-Labrador, il fallait que nous fassions quelque chose pour régler le problème de la pauvreté de la province.

Notre façon d'aborder le problème de la pauvreté correspond en grande partie à une approche axée sur la santé des populations, et notre définition de la pauvreté est de grande portée et elle n'est pas fondée sur le revenu d'une personne seulement. Nous avons discuté au début de la façon dont nous allions définir la pauvreté, et c'est quelque chose que nous avons réglé très rapidement. Nous avons passé beaucoup de temps à parler, et peu de temps à agir. Nous laissons donc à d'autres le soin d'établir les définitions. Nous instaurons des programmes, des politiques, des règlements et des services qui, selon nous, vont permettre de régler le problème de la pauvreté.

Notre définition de la pauvreté est une définition de portée générale, et elle n'est pas fondée seulement sur le revenu d'une personne. Elle a trait à l'inclusion sociale autant qu'au revenu, et nous reviendrons là-dessus tout à l'heure.

Je sais que les gens qui s'occupent chez nous des comptes communautaires vous ont présenté un exposé. Le travail de réduction de la pauvreté que nous faisons est influencé par le travail de ces gens. Cela nous a permis d'adopter une approche axée sur les données. C'est quelque chose de très, très important pour nous, et nous travaillons encore beaucoup avec Alton Hollett et son équipe pour essayer de déterminer quels outils de mesure et quelles mesures nous allons utiliser dans l'avenir pour évaluer le degré de succès de nos activités. Nous allons continuer d'utiliser les comptes communautaires comme outil qui nous permettra d'ajouter de nouvelles composantes comme la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador, qui va nous permettre de déterminer le degré de succès de nos interventions à l'échelle communautaire.

Notre stratégie en est à sa deuxième année d'existence. Lorsque nous avons commencé à l'appliquer, nous nous sommes engagés à effectuer des consultations auprès des collectivités au cours de la deuxième année. La stratégie est un programme de dix ans, et nous souhaitions revenir discuter avec nos citoyens après deux ans. Mis à part le volet des consultations, l'autre volet, c'est celui de l'évaluation, et c'est la raison pour laquelle nous avons tant travaillé avec les gens des comptes communautaires pour essayer de déterminer comment nous allons évaluer nos progrès. Une bonne partie des outils d'évaluation généraux ne s'appliquent pas ici, et je vous dirais que c'est le cas dans toutes les provinces, et non seulement à Terre-Neuve-et-Labrador. Ces outils nationaux, s'ils ont une utilité et s'ils permettent de faire des comparaisons générales une année sur l'autre, ne reflètent pas la réalité géographique ni la situation de la population de notre province, entre autres choses. Nous avons besoin d'outils locaux, et c'est là que les comptes communautaires interviennent. Nous sommes d'avis que nous allons obtenir davantage de succès en faisant des mesures précises à l'aide d'outils locaux plutôt que d'outils nationaux.

Nous pensons que notre prospérité dépendra dans l'avenir de la santé de notre population. Nous pensons également qu'une population en santé est une population dont tous les membres ont l'occasion d'apporter une contribution. Ainsi, l'inclusion sociale fait vraiment partie de nos discussions, et, dans le cadre de la Stratégie de réduction de la pauvreté, nous envisageons d'exécuter certains des programmes, initiatives et politiques que nous avons exécutés sous le titre de la réduction de la pauvreté. Nous les avons toujours vus comme touchant également l'inclusion sociale. Il est important que les gens puissent participer, apporter une contribution et réaliser leur plein potentiel. Nous pensons que nos initiatives de réduction de la pauvreté doivent inclure ces choses aussi. Il ne s'agit pas que du revenu ou de l'argent; il s'agit de participation, d'inclusion et de réalisation du plein potentiel des gens.

Notre Stratégie de réduction de la pauvreté comporte trois éléments principaux : l'atténuation, la réduction et la prévention de la pauvreté. Toutes nos initiatives appartiennent à l'une ou l'autre de ces trois catégories.

Nous prenons des engagements à long terme dans le cadre de nos initiatives, et nous essayons toujours d'adopter une approche globale. Les initiatives que nous avons lancées il y a deux ans sont toujours en cours, mais nous leur avons donné de l'ampleur. Nous avons commencé par un certain budget en 2006, puis nous l'avons majoré en 2007. Nous avons donné de l'ampleur aux initiatives lancées en 2006, et, dans le budget 2008, de nouvelles initiatives ont fait passer notre engagement budgétaire à environ 100 millions de dollars par année. Il s'agit d'initiatives auxquelles nous ajoutons constamment des éléments, auxquels nous donnons constamment de l'ampleur. Ce n'est pas le genre de chose qu'on fait au cours d'une année budgétaire pour l'oublier au cours de la suivante. Nous organisons nos initiatives de façon très stratégique, et, lorsque nous lançons une nouvelle initiative, c'est dans l'idée qu'elle se poursuive pendant plusieurs années. Nous nous engageons à soutenir ces initiatives à long terme.

Notre gouvernement pense que nous devons régler le problème de la pauvreté. Nous avons constaté que bon nombre de nos citoyens étaient vulnérables et n'obtenaient pas le soutien dont ils avaient besoin pour participer pleinement à la société. Nous avons donc fait une priorité de la réduction de la pauvreté. Encore une fois, je reviens au volet de l'inclusion sociale et au fait qu'il y a des gens vulnérables dans la province. Ces gens peuvent s'occuper d'eux- mêmes si on leur en offre la possibilité et si on leur donne accès à des mesures de soutien.

Nous pensons que, pour rendre la société vraiment meilleure, nous devons nous assurer que nous offrons aux gens vulnérables les mesures de soutien dont ils ont besoin. Il faut faire en sorte qu'ils soient en mesure de participer. Pour décrire cette situation, le premier ministre a parlé de la marée qui soulève tous les bateaux, et c'est ça notre approche. Nous connaissons une bonne période, et notre situation va encore s'améliorer, et nous pensons que tout le monde devrait en profiter. Ainsi, avec la marée montante, avec l'argent qui afflue, les possibilités se multiplient sur le plan économique dans la province, et, comme l'eau soulève tous les bateaux, la croissance économique devrait profiter à tous, et il ne devrait pas y avoir d'exclus ni de laissés-pour-compte. Tout le monde devrait avoir la possibilité de s'assurer d'obtenir sa part du gâteau et des avantages découlant de la croissance économique.

Pour nous, la Stratégie de réduction de la pauvreté est un point de départ. En 2006, nous nous sommes engagés à faire en dix ans de notre province, qui se classait au premier rang au chapitre de l'incidence de la pauvreté, celle où l'incidence de la pauvreté serait la plus faible. Certaines personnes ont posé la question de savoir si nous allions être en mesure de faire disparaître complètement la pauvreté; je suis toujours prudent dans ces cas-là, et, pour être honnête avec vous, je ne crois pas que nous arrivions un jour à éliminer complètement la pauvreté. Je pense qu'il y aura toujours des gens qui souffrent pour toutes sortes de raisons. Je pense qu'il y aura toujours des situations où des gens vont se retrouver à vivre dans la pauvreté ou dans des situations où ils ne seront pas en mesure de participer pleinement, et c'est la raison pour laquelle il y a des gouvernements, pour laquelle il y a des programmes sociaux, et pour laquelle il y a des gens qui aident d'autres gens.

Notre objectif est de passer de l'incidence de la pauvreté la plus élevée au pays à la plus faible en dix ans, et deux années environ se sont écoulées depuis que nous nous sommes fixés cet objectif. Nous avons connu certains succès. Nous pensons avoir réalisé des progrès, mais l'année courante va être une année pivot pour nous, vu que nous allons effectuer des consultations auprès de nos groupes communautaires pour voir comment nous nous débrouillons selon eux, et vu aussi les outils de mesure que nous allons utiliser pour établir certains niveaux de référence qui nous permettront ensuite de voir les progrès que nous réaliserons.

Encore une fois, pour pouvoir voir ce genre d'initiatives fonctionner, il faut du leadership, il faut un engagement, et je ne m'en cache pas. Le premier ministre Williams a déclaré que la pauvreté était une chose dont le gouvernement devait s'occuper. Il a inscrit la pauvreté au programme du gouvernement. Il a insisté là-dessus et dit que c'était quelque chose dont nous devions nous occuper. Nous, les ministres de son cabinet et ses collègues du caucus, ainsi que les fonctionnaires qui travaillent avec nous au ministère, avons fait de cela une priorité. C'est ce qu'il faut faire. Il faut du leadership et un engagement. Il faut s'engager et il faut que cet engagement soit celui de tout le monde, du sommet de l'organisation jusqu'à la base, pour que tout le monde connaisse l'orientation du gouvernement et sache ce qu'il fait.

J'ai parlé du fait que nous avons investi 100 millions de dollars dans notre Stratégie de réduction de la pauvreté. Pour certains d'entre vous qui venez peut-être de provinces de taille plus importante que la nôtre, ça ne semble peut- être pas beaucoup d'argent. Je peux vous dire que, ici, à Terre-Neuve-et-Labrador, c'est pas mal d'argent. C'est un engagement financier énorme, et c'est un engagement que nous avons pris au sein du gouvernement, où il y a un comité interministériel. Dans tout ce que nous faisons, nous parlons de l'atténuation, de la réduction et de la prévention de la pauvreté.

Il s'agit d'un investissement important pour notre province, mais, encore une fois, je vous rappelle qu'il ne s'agit que d'un volet. Nous avons adopté une approche à multiples facettes au chapitre du développement social, ainsi que du développement économique, et je pense que les deux choses vont ensemble. Le développement social et le développement économique ne sont pas deux routes qui ne s'éloignent jamais l'une de l'autre ni ne se croisent. Ce sont deux routes qui doivent se croiser. Pour ce qui est du développement social, lorsque nous parlons de cela, nous parlons également en même temps de notre développement économique et des investissements que nous avons faits pour renforcer les capacités de la province, pour bâtir nos établissements d'enseignement, nos établissements de soins de santé, notre infrastructure, et pour prendre certaines mesures touchant nos économies rurales. Nous voulons nous assurer de renforcer notre assise économique, parce que, ce faisant, nous allons également renforcer notre assise sociale, et c'est de là que vient notre Stratégie de réduction de la pauvreté. Nous ne nous préoccupons pas seulement du volet social, et ce n'est pas seulement à cet égard que nous agissons; il y a aussi le volet économique, parce que nous pensons que les deux choses vont de pair.

Le meilleur outil de prévention de la pauvreté que nous pouvons utiliser, c'est d'offrir à nos citoyens des emplois intéressants et bien rémunérés. C'est ce que les gens veulent. Ils veulent être en mesure de s'occuper d'eux-mêmes et d'apporter une contribution à la société, et l'une des meilleures façons d'y arriver, c'est de nous assurer d'offrir aux habitants de la province des possibilités qu'ils puissent saisir sur le plan économique.

Comme gouvernement, nous croyons qu'il est tout à fait sensé, sur les plans social et économique, de favoriser l'inclusion plutôt que l'exclusion. Les éléments du renforcement des capacités comme l'éducation et les soins de santé sont des choses importantes par rapport à ce que nous essayons de faire dans le cadre de notre programme social. Je pense que vous allez recevoir un peu plus tard cet après-midi des gens du ministère de la Santé qui vont vous parler de notre stratégie de mieux-être et de la façon dont elle s'inscrit dans le cadre de la Stratégie de réduction de la pauvreté et de l'approche à multiples facettes.

Comme gouvernement, nous nous sommes engagés à agir de façon conforme aux décisions stratégiques que nous avons prises, et toutes ces décisions sont liées au but ultime d'améliorer la situation socio-économique de notre province.

Je veux vous transmettre le message suivant : à l'occasion de nos rencontres avec différents collègues et ministres provinciaux du Travail, du Logement et des Services sociaux, nous essayons tous de faire individuellement quelque chose pour éliminer la pauvreté dans nos provinces respectives. Je pense qu'une approche nationale rendrait nos efforts de réduction de la pauvreté plus efficaces. C'est à mon avis quelque chose qui doit faire partie du programme fédéral. Dans ce domaine, le gouvernement fédéral peut donner l'exemple. Nous pourrons ensuite mettre nos ressources en commun pour essayer de régler le problème.

Je laisse à des gens plus éclairés que moi le soin de déterminer comment ça doit se passer. Je peux certainement pour ma part y réfléchir. J'encourage le gouvernement fédéral et chacune des provinces et chacun des territoires du pays à travailler ensemble pour faire disparaître la pauvreté de notre pays, parce que je pense que ce serait avantageux pour nous tous.

Aisling Gogan, directrice, Stratégie de réduction de la pauvreté, ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Merci; je vais essayer de m'en tenir à quelques brèves observations, parce que je sais que vous voulez pouvoir poser des questions. Dans votre invitation, vous avez indiqué que vous aimeriez en savoir davantage sur la façon dont nous coordonnons une approche pangouvernementale. Je pensais simplement donner suite à la déclaration initiale du ministre Skinner en vous fournissant des détails à cet égard.

Plus précisément, je vais vous décrire les mécanismes et les processus auxquels nous avons recours pour nous assurer que notre approche est globale et pangouvernementale. Lorsque nous nous penchons sur l'expérience d'autres pays et sur les expériences que nous avons vécues ici, au Canada, toutes les données nous indiquent ce dont nous avons besoin. Nous avons besoin d'une approche globale pour être en mesure de régler un problème complexe comme celui de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Comme le ministre Skinner l'a dit, lorsque nous parlons de la pauvreté, nous parlons en fait de la santé des populations par l'intermédiaire des déterminants sociaux de la santé. Pour nous, l'inclusion sociale fait partie de la définition. Ce n'est pas tout le monde qui sait à quoi renvoient les expressions « santé des populations » et « déterminants sociaux de la santé », mais je pense que tout le monde a une bonne idée de ce que signifie le terme « pauvreté ». Par ailleurs, ce qui se produit au sein de la fonction publique si l'on utilise un terme comme « santé des populations » ou « déterminants sociaux de la santé », c'est que tout le monde se dit, oh, eh bien, c'est la responsabilité du ministère de la Santé et des Services communautaires. L'un des avantages que présente le fait d'utiliser le terme « pauvreté », c'est qu'il est clair que ce n'est pas la responsabilité d'un seul ministère. Ça aide les gens à comprendre qu'il faut adopter une approche globale pour régler le problème.

L'orientation qu'on nous a donnée, c'est une orientation axée sur la prévention et sur l'intervention dès le début du cycle, pour le rompre. Nous avons beaucoup parlé de la nature intergénérationnelle de la pauvreté, ainsi que du fait de réduire et d'atténuer les effets négatifs de la pauvreté. M. Skinner en a parlé.

Pour ce qui est du succès des initiatives et de l'approche globale, l'élément clé a été le degré de leadership dont on a fait preuve dans ce dossier. Le ministre Skinner a parlé de l'engagement du premier ministre et du comité ministériel à superviser l'application de la stratégie. Neuf ministres forment ce comité. Plus de la moitié de notre cabinet provincial supervise l'application de la Stratégie de réduction de la pauvreté. Les ministres des Affaires autochtones, de l'Éducation, des Finances, de la Santé et des Services communautaires, des Finances, de la Justice, des Affaires du Labrador, de l'Innovation du Commerce et du Développement rural, ainsi que le ministre responsable du secteur du bénévolat et des organisations sans but lucratif font partie de ce groupe. L'une des choses qui, à mon avis, est très importante, c'est que, en plus des ministères à vocation sociale dont on s'attend à ce qu'ils fassent partie de cette liste, vous avez remarqué qu'il y a aussi le ministère des Finances et le ministère de l'Innovation, du Commerce et du Développement rural. Pour réfléchir à cette question dans un contexte global, il a été vraiment important de faire preuve de ce degré de leadership dans l'ensemble du gouvernement. Quiconque d'entre vous a déjà travaillé au sein de la fonction publique ou a déjà participé à ce genre d'activités sait probablement qu'il est très difficile de travailler de façon horizontale au sein d'un gouvernement. Nous faisons partie des ministères, qui sont des structures verticales, et nous avons l'habitude de travailler en vase clos. Si nous ne faisons pas preuve de ce degré de leadership et si nous n'étions pas poussés à travailler de cette façon, je ne pense pas que nous connaîtrions du succès.

Il y a également un comité ministériel et un comité des sous-ministres, auxquels sont représentés, de la même façon qu'au comité des ministres, des organismes connexes comme notre Bureau des politiques sur la condition féminine, notre Secrétariat rural, la Société de logement, entre autres. Ces comités jouent également un rôle de leadership essentiel au niveau ministériel; les sous-ministres poussent leurs ministères à travailler de cette façon. Nous sommes également chanceux que l'idée ait fait son chemin progressivement au sein de notre fonction publique, mais, si nous voulons vraiment changer les choses dans ces domaines, nous devons faire en sorte qu'il y a une collaboration entre les ministères.

Lorsque nous songeons à la pauvreté, il y a des choses que nous pouvons faire au sein du ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi. Il y a des choses que le ministère des Finances peut faire, par exemple réduire l'impôt sur le revenu, mais à moins que nous ne travaillions ensemble, nous n'arriverons pas à faire ce qu'il faut faire pour sortir les gens de la pauvreté.

Il y a également un groupe de travail composé de directeurs. Lorsque nous nous réunissons, nous essayons d'oublier que nous sommes là pour représenter notre ministère respectif, qui a son mandat particulier, et nous essayons d'adopter, comme point de départ, la perspective des gens qui vivent dans la pauvreté ou qui sont vulnérables à cet égard. C'est quelque chose qui a été très important. Je pense que c'est peut-être difficile parfois à expliquer, mais, normalement, lorsque nous nous réunissons tous, nous sommes là, je suis du ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi, il y a une autre personne qui est du ministère de la Santé et des Services communautaires, et nous essayons tous de réfléchir à ce qui constitue notre petite part, à ce que nous avons à apporter et à ce qui manque pour dresser un portrait global de la situation. Travailler ainsi nous a permis d'envisager les choses de ce point de vue global. Nous envisageons les problèmes du point de vue des gens qui vivent dans la pauvreté.

L'autre élément clé, c'est que la division de la Stratégie de réduction de la pauvreté a pour principale responsabilité la réduction de la pauvreté. Pour ce qui est de réfléchir, à l'échelle nationale, à la façon dont cela pourrait fonctionner au gouvernement fédéral, il est important que quelqu'un au sein de la fonction publique se concentre sur ce genre d'initiatives complexes pour que le mouvement se maintienne, et que ce soit la responsabilité principale de cet intervenant.

Pour ce qui est de notre façon de travailler et des principaux éléments de notre processus général, nous avons passé en revue l'ensemble de nos programmes et services. Nous avons analysé les effets combinés de nos programmes et services, ceux qui existaient déjà et les nouveaux. C'est vraiment une tâche complexe si l'on pense à des choses comme l'effet marginal des taux d'imposition et à la façon dont tous les programmes provinciaux et fédéraux se combinent et à ce que cela signifie pour les gens. Nous avons entrepris des travaux de recherche et nous étudions la façon d'évaluer nos progrès tout en essayant de déterminer qui vit dans la pauvreté et pourquoi. Nous avons également effectué des consultations dans les collectivités. Nous discutons constamment avec celles-ci. Nous entretenons de bonnes relations avec toutes sortes de partenaires communautaires. Comme le ministre Skinner l'a dit, cette année, nous allons multiplier les efforts pour essayer de discuter avec le plus de gens possible de la façon dont nous nous en tirons et sur ce que nous devons faire dans l'avenir. Il est important d'entreprendre ce travail en dehors du mandat d'un seul ministère, parce que je pense que la réponse serait très différente si c'était le cas. Par ailleurs, je ne peux insister suffisamment sur l'importance du lien que nous entretenons avec nos partenaires communautaires.

Lynn Vivian-Book, sous-ministre adjointe, Revenu, Emploi et services à la jeunesse, ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Bonjour. Je veux simplement mettre en lumière un autre élément qui est très important pour ce qui est d'adopter une approche globale et intégrée face à la pauvreté, qu'on parle d'une approche horizontale ou d'une approche pangouvernementale. Un autre élément essentiel, ce sont les liens avec d'autres stratégies ou d'autres grandes initiatives. Pour notre gouvernement, il y en a plusieurs, et celles-ci en sont à des étapes différentes de leur évolution. Elles ont des structures légèrement différentes les unes des autres sur le plan de l'approche, mais il y a parmi celles-ci la stratégie sur le mieux-être, dont vous allez entendre parler tout à l'heure. Il y a également la stratégie sur le vieillissement en santé et les aînés, la stratégie de prévention de la violence, le cadre relatif à la santé mentale et à la dépendance, la stratégie sur le sport et les activités de loisirs et le plan sur l'énergie. Il y a des conférences annuelles de femmes autochtones qui alimentent le programme et un plan stratégique pour le Nord. Ainsi, il y a de nombreuses stratégies, et elles comportent toutes des éléments qui appuient l'initiative relative à la pauvreté et que nous pouvons soutenir dans le cadre de cette initiative. L'un des moyens par lesquels nous le faisons, c'est la représentation conjointe au sein de différents comités. Nous mettons l'accent sur le renforcement des représentations conjointes, puisque nous pensons pouvoir trouver des indicateurs communs. Nous pensons qu'il y a des choses à apprendre des autres stratégies et que nous pouvons bâtir quelque chose à partir de là en utilisant les comptes communautaires comme fondement dans bien des cas. Nous envisageons également d'effectuer de façon concertée non seulement la planification, mais également le travail dans l'ensemble de ces initiatives. Celles-ci vont prendre de l'ampleur au fur et à mesure que notre travail avancera. Il est essentiel pour nous de maximiser l'intégration, et je pense qu'il y a encore du travail à faire dans ce domaine, mais nous avons fait un bon bout de chemin. Les fonctionnaires de nos ministères provinciaux ont l'habitude de travailler ensemble, et je pense que nous avons été en mesure de faire avancer les choses. Aisling vous a expliqué l'idée selon laquelle le fait de mettre l'accent sur la pauvreté est un avantage parce que, de cette façon, la pauvreté n'est pas l'apanage d'un seul ministère, et cela a permis aux autres ministères de participer plus facilement au débat. C'est à la fois un avantage et un défi. C'est certainement un défi à l'échelle fédérale-provinciale, parce qu'il n'y a pas qu'une seule tribune où présenter des programmes ou des questions. Il n'y a pas qu'une seule tribune, mais ça ne signifie pas qu'il ne faut pas y participer, même si ça pose des défis de plus.

Même si nous parlons aujourd'hui de la pauvreté, il est clairement essentiel pour nous de maximiser le travail que nous effectuons dans le cadre de l'ensemble des stratégies du gouvernement, et nous continuons de suivre cette voie. Je pense qu'il est impossible de tout régler d'un coup et que le fait de s'appuyer sur les différentes stratégies et de les présenter comme une approche intégrée va nous être utile du point de vue des leçons apprises et de l'expérience d'élaboration de politiques horizontales et verticales.

Le président : Merci beaucoup. Le ministre nous a déjà dit que nous sommes évidemment venus ici pour étudier les comptes communautaires et l'approche pangouvernementale, et il avait tout à fait raison.

J'aimerais parler de la façon dont vous utilisez l'information extraordinaire qu'offrent à l'échelon communautaire les comptes communautaires. À mon avis, c'est l'information de la meilleure qualité qu'on trouve au pays. J'aimerais parler de la façon dont vous l'utilisez pour organiser les choses dans les collectivités, parce que des changements réels se produisent à l'échelon communautaire. On a besoin de tout; on a besoin d'interventions fédérales, provinciales et municipales, mais je pense que les vrais changements se produisent à l'échelon communautaire, où les gens se comprennent, où ils savent ce qu'il faut faire. Je pense que, du point de vue de la correction des écarts entre les différentes collectivités sur le plan de la santé, il faut organiser les choses à l'échelon communautaire. Comment pouvez-vous utiliser cette riche information pour organiser les collectivités?

Mme Gogan : Les comptes communautaires sont un outil puissant puisqu'ils permettent la diffusion d'information auprès des collectivités, des groupes communautaires et des particuliers, qui peuvent y apprendre des choses au sujet de leurs collectivités ou obtenir des données à l'appui de ce qu'ils savent déjà, dans bien des cas, au sujet de leurs collectivités. Ainsi, le gouvernement a fait la promotion de l'utilisation des comptes communautaires, et, comme vous l'avez probablement déjà entendu dire ce matin, une formation est offerte régulièrement aux groupes communautaires ou aux simples citoyens qui veulent apprendre à utiliser les comptes communautaires. Si nous utilisons de l'information, cela signifie que les collectivités peuvent avoir accès à cette même information aussi. Cela contribue à la transparence de nos activités et à nous rendre responsables, parce qu'il y a aussi de l'information contenue dans les comptes communautaires sur laquelle nous pouvons ne pas insister. D'autres collectivités peuvent nous présenter cette information et nous dire, par exemple, que le recours au soutien du revenu est plus élevé chez elles, en fonction de l'information. Nous envisageons également depuis un certain temps d'ajouter un outil capable d'évoluer et de prendre de l'ampleur aux comptes communautaires. De l'information sur la sûreté des collectivités, par exemple, a été ajoutée assez récemment, et nous allons bientôt ajouter également une mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette mesure va permettre aux gens d'étudier des façons de s'attaquer au problème de la pauvreté ou du faible revenu à l'échelon communautaire. Ils vont être en mesure de définir le problème et de se concentrer sur les chefs de famille monoparentale ou sur les adultes âgés et célibataires, entre autres. C'est quelque chose d'utile dans le cadre du dialogue avec le gouvernement. Je pense que l'élément principal, c'est que l'information existe et peut être utilisée par les comptes communautaires, ce qui nous permet de discuter des problèmes à différents niveaux. Lorsque nous avons procédé à nos consultations en 2005, nous avions un document d'information contenant certains chiffres relatifs à notre façon de voir le problème, puis les groupes communautaires ont pu l'utiliser et utiliser les comptes communautaires lorsque nous nous sommes rendus dans leurs collectivités pour discuter avec eux. Nous avons encouragé ce dialogue. Parallèlement, nous sommes en train de rédiger un petit document d'information qui va donner forme à notre prochaine ronde de consultations. Ce procédé permet un débat à un niveau différent et permet aux intervenants des collectivités de participer au débat avec plus de confiance puisqu'ils obtiennent des données pour appuyer leurs propos.

Le président : Monsieur le ministre, j'ai devant moi la carte de Terre-Neuve-et-Labrador et je vois que vous y avez indiqué par des points rouges les secteurs où il y a des problèmes. Y a-t-il des organisations en place dans ces endroits qui peuvent parler directement avec les citoyens? Je suis tout à fait convaincu que le changement se produit sur le terrain. Cependant, je ne suis pas sûr qu'il y a parmi nous quelqu'un qui comprend vraiment ce qu'est une collectivité. Je ne suis pas sûr que nous savons quelle taille une collectivité doit avoir et si elle doit sortir de l'isolement par un heureux hasard, comme ça a été le cas pour la plupart. Je ne sais pas si les collectivités devraient correspondre aux municipalités ou si elles devraient être définies en fonction du code postal, et ainsi de suite.

Avez-vous progressé suffisamment dans votre travail pour examiner ces points rouges dans votre bureau et vous dire, puis, voilà ce que je vais faire, et voilà où je vais intervenir? Vous êtes laissé à vous-même, puisqu'il n'y a pas vraiment d'exemples au pays desquels vous pourriez vous inspirer.

M. Skinner : Lorsque j'examine ces points rouges, j'ai l'impression que nous faisons des progrès, quoique je n'ai pas beaucoup d'expérience personnelle en dehors du ministère dans laquelle puiser. Tout ce que je peux vous dire, de façon anecdotique, j'imagine, c'est que je pense qu'il y a énormément de gens dans nos collectivités qui sont tout à fait disposés à nous aider à améliorer nos collectivités et notre province. Ce n'est pas quelque chose que nous avons besoin d'imposer aux gens. C'est quelque chose qu'ils attendent, en fait; ils sont chez eux et ils attendent que nous mettions les ressources du gouvernement à leur disposition pour les aider dans ce qu'ils essaient de faire. À de nombreux égards, je pense que ce que nous essayons de réaliser est tout à fait complémentaire. D'après mon expérience, en fonction des enjeux ou des décisions stratégiques qu'on essaie d'arrêter, il y a des leaders dans la collectivité qui prennent la parole. Ces leaders sont reconnus comme tels dans leurs collectivités, et les gens leur permettent de les représenter pour ce qui est des enjeux en question.

La plupart du temps, il n'est pas difficile de trouver les gens à qui il faut s'adresser pour faire avancer les choses. Comme Aisling l'a dit, la beauté des comptes communautaires, c'est que l'information est accessible à tous; il n'y a pas de surprise. De plus, si nous essayons de faire en cachette quelque chose que nous ne ferions pas au grand jour, des gens vont le savoir de toute façon parce qu'ils ont accès à la même information. Le degré de responsabilisation est donc très élevé. En plus de ce degré de responsabilisation, la précision géographique de l'information et des comptes communautaires aide à faire ressortir le caractère unique des régions dont nous parlons, ce qui fait qu'une solution appliquée à tel ou tel endroit sur la carte peut ne pas être appliquée un mille plus loin, parce que la situation est légèrement différente à cet endroit. En raison de la taille de notre province, une collectivité A et une collectivité B peuvent être très près l'une de l'autre, mais être différentes sur le plan des problèmes auxquels elles sont confrontées et du genre d'intervention dont elles ont besoin pour les régler. Je pense que nous avons une assise communautaire très forte, et que beaucoup de gens sont prêts à nous aider et attendent avec impatience l'aide et les ressources que nous pouvons leur fournir. J'ai toujours le sentiment que nous travaillons en partenariat avec les membres de nos collectivités. Il arrive que nous ayons des divergences d'opinion, mais de façon générale, nous avons été en mesure de continuer de faire avancer les choses parce que nous sommes tous dans la même situation et que nous sommes tous conscients de la réalité. Il ne s'agit pas d'un portrait tracé par le gouvernement ou par une autre organisation; il s'agit d'un portrait des choses telles qu'elles sont. C'est la réalité, et comme les gens respectent et comprennent l'information, on peut travailler avec celle-ci et faire avancer les choses à partir de là.

Le sénateur Cochrane : Monsieur le ministre Skinner, merci d'être ici aujourd'hui et du leadership dont vous avez fait preuve dans le cadre de vos fonctions au chapitre de la promotion de la réduction de la pauvreté dans la province.

Plus tôt au cours de la journée, nous avons examiné la question du système des comptes communautaires. Nous avons reçu trois témoins, et ça m'a rendu très fière de voir que ce genre de système est en place chez nous. Je suis fière des gens qui ont instauré ce système, et, comme je viens de Terre-Neuve, je suis fière, je dois vous le dire. Je suis impressionnée par la valeur de cet outil qui s'inscrit dans le cadre d'une approche fondée sur des données. Nous avons besoin d'un outil qui peut servir de support pour les données, et ces témoins nous ont montré que nous disposons de ce genre d'outil.

Madame Vivian-Book, vous avez parlé de certaines initiatives liées à la Stratégie de réduction de la pauvreté, et notamment de la stratégie sur le vieillissement en santé et le mieux-être, et je ne peux m'empêcher de me demander quelle a été l'incidence des comptes communautaires sur l'élaboration de ces initiatives.

Mme Vivian-Book : Du point de vue du mieux-être et du vieillissement des aînés, je pense qu'il y a de plus en plus de liens. Je pense que les données qu'on a examinées au départ étaient les indicateurs de l'état de santé et de nombreux indicateurs courants. Maintenant, le fait d'ajouter de l'information sur le revenu, sur le degré de scolarité, sur tout ce que nous pouvons tirer des comptes communautaires, ça n'a pas nécessairement été ce qui a déclenché les initiatives, mais c'est assurément quelque chose qui en fait partie à l'heure actuelle. On utilise cette information lorsqu'on fait des choix au sujet des initiatives et des approches, ainsi que de l'approche communautaire. Je ne peux pas dire que ce sont les comptes communautaires qui ont été l'élément déclencheur. Cependant, on les utilise et va continuer de le faire au fur et à mesure que de nouveaux renseignements vont s'y ajouter. Ce n'est pas l'élément qui a déclenché l'une et l'autre initiative.

Le sénateur Cochrane : Quel a été l'élément déclencheur?

Mme Vivian-Book : Pour ce qui est du mieux-être — et je travaillais au ministère de la Santé et des Services communautaires à l'époque où celui-ci était responsable de ce domaine —, ça a certainement été les indicateurs de l'état de santé, les indicateurs relatifs au mode de vie pour ce qui est du tabagisme, de l'hygiène et de l'incidence élevée des maladies chroniques. Il y a eu aussi le fait de reconnaître cela pour obtenir des résultats en santé cardiovasculaire, et nous avions acquis beaucoup d'expérience dans le cadre du programme et des approches touchant la santé cardiovasculaire, ainsi que le fait d'envisager des approches comme des cuisines communautaires. Nous avons adopté une approche très générale face à ces choses, mais l'élaboration des comptes communautaires se faisait à ce moment-là en parallèle. Ainsi, il y avait des liens, et les liens importants à ce moment-là avaient pour objectif de garantir que les comptes communautaires contiennent davantage de renseignements que les indicateurs relatifs à la population couramment utilisés, de garantir qu'ils comportent les indicateurs pouvant être utilisés dans l'élaboration de stratégies plus complexes. Comme je l'ai mentionné, il y a des stratégies qui touchent l'ensemble du gouvernement et qui en sont à différentes étapes de leur application, et je pense que notre travail consiste à nous assurer que celles-ci se complètent le plus possible et profitent du travail effectué dans le cadre des comptes communautaires. Je pense que les comptes communautaires se trouvent améliorés par ce qui ressort des autres stratégies et que nous profitons à notre tour des comptes communautaires.

Le sénateur Cochrane : Je pense que le programme des comptes communautaires a été créé en 1998 et que l'objectif était de relever les forces et les besoins des collectivités pour décrire le paysage social chez soi et ailleurs. C'est le reflet de l'engagement du gouvernement à utiliser des techniques de prise de décisions fondées sur les données, qui peuvent également servir d'outils de progrès. Est-ce que c'est ce que votre ministère fait, monsieur le ministre? C'est ainsi que les choses ont commencé, mais est-ce que c'est encore ce que vous faites? Utilisez-vous cette plate-forme pour les initiatives actuelles du gouvernement?

M. Skinner : Je pense que la réponse courte, sénateur, c'est que oui, c'est ce que nous faisons, mais je pense que nous commençons également à prendre conscience de la grande quantité d'informations que contiennent les comptes communautaires. Je pense que nous n'étions pas conscients du fait que tant d'information était à notre disposition et que nous n'avions pas compris à quel point celle-ci pourrait nous être utile. Maintenant que nous commençons à l'utiliser davantage, chaque fois que nous y avons recours, nous nous disons, mon Dieu, nous pourrions faire quelque chose d'autre et il y a là-dedans de l'information qui pourrait étayer d'autres opinions. C'est un peu comme un coffre plein d'informations dans lequel nous découvrons quelque chose de nouveau qui pourrait nous être utile chaque fois que nous l'ouvrons et commençons à utiliser ce qu'il y a dedans.

Pour répondre à votre question, je dirais que oui, nous utilisons encore les comptes communautaires aux fins pour lesquelles ils ont été créés. Cependant, je pense qu'ils offrent des possibilités dont nous n'avons même pas encore pris conscience pour ce qui est de contribuer à l'orientation des nouvelles politiques gouvernementales. Je pense que nous ne prendrons pas pleinement conscience de ces possibilités avant d'avoir travaillé davantage avec les comptes communautaires. Je pense que nous sommes loin de les avoir utilisés pleinement pour ce qui est de l'orientation des politiques gouvernementales. Par « nous », j'entends le gouvernement ainsi que nos partenaires communautaires. Je pense qu'eux non plus n'ont pas tout à fait pris conscience des possibilités qui s'offrent, puisque certains utilisent beaucoup les comptes communautaires et en ont une bonne maîtrise, alors que certains ne font qu'effleurer la surface, mais je pense qu'il reste beaucoup de choses à faire.

Le sénateur Cochrane : Qu'entendez-vous par « certains »?

M. Skinner : Certains groupes communautaires connaissent les comptes communautaires et les utilisent beaucoup dans le cadre du travail qu'ils font au chapitre de leurs rapports avec le gouvernement. Certains autres groupes et leaders communautaires ne font que commencer à utiliser le système des comptes communautaires dans le cadre de leur travail. C'est quelque chose d'assez nouveau pour eux, et ils n'ont pas pris conscience des possibilités qu'offre l'information contenue dans les comptes communautaires.

Le sénateur Cochrane : Lorsqu'ils utilisent ce programme et qu'ils déterminent exactement où se trouve le problème, s'adressent-ils à vous pour l'élaboration d'un programme, et s'agit-il d'une entreprise conjointe?

M. Skinner : Je ne veux pas dire de l'information que contiennent les comptes communautaires qu'elle est le moyen par lequel les gens cernent les problèmes, parce que je pense qu'il s'agit davantage d'examiner l'information et de déterminer ce qui doit être changé et les raisons pour lesquelles nous pensons que cela doit changer. Ce ne sont pas nécessairement des problèmes qui sont relevés; ce peut être des défis que les collectivités doivent relever.

Les gens de l'Association canadienne pour la santé mentale m'ont parlé récemment des défis qui se posaient au sein de leur organisation en ce qui a trait à la santé mentale et aux logements. Ils ont établi des liens entre la pauvreté, les possibilités économiques, le recours aux services de santé mentale et le logement et ils m'ont proposé des solutions. Comme je suis le ministre responsable du Logement, ils m'ont proposé des solutions qui, selon eux, pourraient combler ce qu'ils jugeaient comme étant les besoins des collectivités. Nous avons discuté, et nous avons essayé d'intervenir dans le cadre de différentes initiatives budgétaires. C'est donc un exemple de la façon dont un groupe particulier s'est adressé à nous.

Je suis sûr qu'Aisling peut vous expliquer comment elle utilise les comptes communautaires, du point de vue du gouvernement, pour mener des initiatives gouvernementales.

Mme Gogan : Je vais participer également à la séance de demain matin, alors je sais que j'aurai l'occasion de reparler davantage de mon expérience d'utilisation des comptes communautaires.

Assurément, si nous voulions examiner, par exemple, le recours au soutien du revenu dans l'ensemble de la province ou simplement la situation des familles dont le revenu est inférieur à un seuil donné pour voir les différences sur le plan géographique, ou encore si nous envisagions des programmes ciblant les chefs de famille monoparentale, nous pourrions utiliser les comptes communautaires pour déterminer où se trouvent les groupes les plus importants dans le but d'instaurer un programme. La dynamique de certains de ces groupes fait qu'ils sont surtout composés de mères monoparentales, et celles-ci trouvent utile de se réunir parce qu'elles peuvent s'entraider, et nous avons connu beaucoup de succès dans le cadre de certains de ces programmes au chapitre de la transition vers l'emploi.

Nous sommes en mesure d'utiliser les comptes communautaires ainsi que nos propres données administratives pour déterminer à quel endroit il est sensé d'offrir un programme du genre et pour déterminer où il convient plutôt d'élaborer un modèle différent, s'il ne s'agit pas d'un type de groupe qu'on peut réunir. C'est un bon outil de planification. J'ai hâte de pouvoir vous parler demain d'exemples précis.

Le président : Je pense que l'énorme avantage que vous obtenez des comptes communautaires, c'est qu'ils sont réellement liés à la productivité. Nous parlons tous, depuis aussi longtemps que je me rappelle, de l'économie du savoir. Nous sommes tous capables de nous plaindre longuement du fait que nous gaspillons nos ressources parce que notre économie n'est pas fondée sur le savoir, de ce que nous tirons tout ce que nous possédons du sol et ainsi de suite, ainsi que du fait que nous n'en tirons pas pleinement avantage parce que nous n'avons pas établi les liens entre les différents éléments.

L'organigramme des comptes communautaires, qui était auparavant entièrement axé sur le mieux-être, est devenu un moteur économique, et je pense que c'est quelque chose d'extraordinaire, et nous allons en parler dans notre rapport pour essayer de leur voler la vedette le plus possible. C'est une blague, évidemment; nous allons dûment faire état de ce qu'ils ont accompli.

Monsieur le ministre, avez-vous des idées, maintenant que vous êtes sur le point de devenir une province riche, qui l'an prochain subventionnera l'Ontario, quant à la façon dont vous pouvez exploiter cet outil pour créer le noyau nécessaire à une économie du savoir.

M. Skinner : Nous devons répondre à la fameuse question à un million de dollars. Vous dites que notre province va devenir une province riche. Nous sommes en train d'accumuler les richesses grâce à l'exploitation de ressources non renouvelables. Le temps dont nous disposons est limité, et nous le savons. Il nous en reste de moins en moins avec chaque jour qui passe. Nous avons peut-être 10 ou 20 ans devant nous, mais certainement pas 50 ou 60 ans, d'après l'information dont j'ai pris connaissance. Nous ne disposons que de très peu de temps pour essayer de bâtir quelque chose sur nos succès.

L'une des choses que nous devrons faire dans l'avenir et que nous allons faire, d'après moi, c'est que, en ce moment, nous utilisons les comptes communautaires dans le domaine du développement social, et dans le domaine des mesures de soutien social, mais, comme je l'ai dit dans ma déclaration au début de la séance, nous devons arriver à faire aller de pair développement social et développement économique.

Je pense que c'est lorsque nous commencerons à utiliser l'avantage des comptes communautaires pour favoriser la croissance économique que nous tirerons pleinement partie des possibilités qu'ils offrent. À l'heure actuelle, on les utilise pour le développement social parce qu'ils nous permettent de voir très clairement le genre de défi qu'il faut relever d'une communauté à l'autre et d'un quartier à l'autre. Ça fait longtemps que les ressources financières de la province ne sont pas adéquates, et, comme notre situation économique n'est pas terrible depuis longtemps, nous n'avons pas eu la capacité de faire certains investissements nécessaires.

Le tableau que brossent les comptes communautaires révèle les besoins importants. Il y a beaucoup de besoins, beaucoup de monde, beaucoup de quartiers et beaucoup de collectivités qui ont besoin d'investissements pour rétablir un niveau acceptable de développement social et d'inclusion sociale.

En même temps, il faut que nous envisagions les comptes communautaires du point de vue de la croissance économique. Nous devons utiliser les comptes communautaires pour découvrir les possibilités économiques qu'ils nous permettent de découvrir grâce à l'information qu'ils contiennent et qui nous permet de dresser un portrait économique des collectivités, en plus du portrait social. Je pense que c'est ainsi que nous allons vraiment commencer à voir les choses avancer. J'espère que c'est ce que nous allons faire. Je pense qu'il va falloir encore un peu de temps avant que nous commencions vraiment à utiliser cette information. Pour l'instant, je nous vois comme étant en train de faire du rattrapage, après « des années de négligence », faute de trouver une meilleure façon de dire les choses, des années pendant lesquelles nous n'avions tout simplement pas l'argent nécessaire pour faire le genre de chose qu'il fallait faire.

Je pense qu'il va être possible dans l'avenir de faire davantage de travail du côté économique, en lien avec le travail de développement social que nous faisons depuis quelques années et que nous allons continuer de faire pendant quelques années encore, et en utilisant celui-ci comme fondement.

Le président : Nous devons une fière chandelle au sénateur Cook, parce qu'elle nous a toujours communiqué les bonnes nouvelles de Terre-Neuve, et c'est intéressant, parce que lorsque nous nous trouvons dans d'autres régions du pays, elle dit souvent, « Eh bien, je viens de Terre-Neuve », et je lui réponds toujours, « Sénateur Cook, pas besoin de dire à tout le monde que vous venez de Terre-Neuve. » Sénateur Cook, vous avez une question.

Le sénateur Cook : Vous gérez le changement. C'est à ça que ça revient. Je veux vous poser quelques questions au sujet des données, de la collecte de données et de l'accès à celles-ci. Nous avons souvent entendu dire à l'occasion de nos réunions qu'il y a des obstacles et des lois sur la protection des renseignements personnels. Il y a des organismes qui ne savent pas quoi faire avec leurs données. Est-ce que vos données sont les données provinciales, ou utilisez-vous celles de Statistique Canada? Est-ce que vos besoins sont comblés? Dans la négative, quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés?

Quelles améliorations aimeriez-vous voir apporter au chapitre de l'accès aux données et de la façon dont elles sont présentées? D'après ce que je comprends, le gouvernement a recours à l'extraordinaire outil que sont les comptes communautaires plus que tout autre organisme.

Je me demande si des ONG ou d'autres organisations utilisent les comptes communautaires, qui sont accessibles gratuitement en ligne. Je pense, parce que ces choses sont si proches de moi, à la Stella Burry Corporation, ainsi qu'à la stratégie relative à l'itinérance, au logement abordable, et même à mon petit centre d'accueil pour les clients des soins de santé mentale comme le Pottle Centre. Je comprends d'après ce que j'ai entendu dire par les témoins extraordinaires que nous avons reçus aujourd'hui, que les comptes communautaires peuvent être utiles même à cette échelle, et j'aimerais simplement savoir ce que nous faisons dans ce domaine.

Mme Gogan : Je vais commencer par répondre à votre question sur l'utilisation des comptes communautaires par les ONG, par la Stella Burry Corporation et dans le domaine de l'itinérance, puis le ministre voudra peut-être ajouter quelque chose. Nous avons un projet en cours en collaboration avec le Bureau de la statistique de Terre-Neuve-et- Labrador, ainsi qu'avec les responsables de la Stratégie de réduction de la pauvreté et de l'initiative relative aux sans- abri, qui vise à trouver des moyens de mesurer le risque d'itinérance, et c'est lié à la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre-Neuve-et-Labrador. Certaines des mêmes données sous-jacentes que celles qui vont nous permettre de calculer la mesure sont également utilisées pour créer cette mesure. Nous n'aimons pas beaucoup l'expression « risque d'itinérance », mais ce n'est qu'un nom conceptuel utilisé pour l'instant.

Nous travaillons en collaboration très étroite avec nos partenaires communautaires à cet égard. Nous travaillons avec Bruce Pierce, Jocelyn Green et d'autres à essayer de régler ce problème, parce que nous sommes très préoccupés vu les changements qui vont toucher la situation économique de la province. Nous constatons déjà l'existence d'un plus grand nombre de problèmes liés à l'itinérance et au logement abordable. Nous devons agir dès maintenant si nous voulons éviter un problème grave qui pourrait survenir très bientôt. Je sais que c'est une question que le ministre Skinner suit de près, comme ministre responsable du logement.

Bon nombre des groupes communautaires de notre province utilisent les comptes communautaires, comme le font des citoyens de certaines des petites collectivités, mais c'est très inégal. Certaines organisations y ont recours constamment et savent très bien ce que les comptes communautaires ont à offrir, alors que d'autres en ont seulement entendu parler et ne les ont probablement jamais utilisés. La promotion des comptes communautaires fait partie de nos objectifs, et nous avons espoir, en diffusant la mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation à Terre- Neuve-et-Labrador, que cela va renouveler l'intérêt des collectivités pour cet outil. Peut-être certaines personnes qui n'y ont pas jeté un coup d'œil depuis un certain nombre d'années y reviendront-elles pour voir quelle information est accessible. Nous allons peut-être également attirer de nouveaux usagers. Nous entretenons de bonnes relations avec les collectivités et nous avons conclu un partenariat avec celles-ci. De la même façon, lorsque nous avons ajouté aux comptes communautaires des données sur la sûreté des collectivités, nous avons sollicité la participation de beaucoup de nos partenaires communautaires. Beaucoup des changements que vous pouvez constater, si vous regardez ce qui s'est passé au fil du temps, des choses qu'on a ajoutées aux comptes communautaires, ce sont les choses qu'on a ajoutées parce que les collectivités ont parlé de ce qu'elles voudraient y voir ajouter, comme l'ont fait les usagers qui font partie du gouvernement.

M. Skinner : Comme dans toutes les autres provinces, c'est en ville qu'on utilise le plus des ressources, parce que la capacité des organisations est plus grande ici. Dans certaines régions de la province, il est impossible d'accéder à Internet, ce qui fait que les gens ne peuvent pas obtenir l'information en ligne. Certains des groupes que vous avez mentionnés et qui se trouvent dans la région d'Avalon et dans les alentours peuvent utiliser cela plus facilement simplement parce qu'ils ont un meilleur accès. Une autre initiative que nous mettons à l'essai, au gouvernement, c'est d'offrir un accès à Internet partout où il y a un bureau provincial. Nous allons offrir un accès à Internet à ces collectivités, et nous espérons que d'autres personnes pourront utiliser cet accès comme un levier.

Pour ce qui est des usagers, les comptes communautaires sont accessibles à tous, et je vous dirais, comme Aisling, qu'il y a des groupes qui les utilisent, mais que, encore une fois, on ne comprend pas encore très bien comment les utiliser. Dans les discussions avec nos partenaires communautaires, nous en parlons comme d'un outil que nous utilisons dans le cadre de notre processus décisionnel et d'élaboration de politiques. Je pense que nous soulignons ainsi l'importance des comptes communautaires aux yeux des groupes communautaires et des ONG avec lesquels nous faisons affaire, et ceux-ci fouillent à leur tour dans ces données pour voir comment ils pourraient les utiliser à leurs propres fins.

Je vous répète que je pense que c'est quelque chose que les gens des collectivités cherchent encore à comprendre, quant au contenu et à l'utilisation. Plus nous allons organiser de séances d'information et de sensibilisation, plus les gens vont être en faveur de l'utilisation des comptes communautaires, selon moi. On ne les utilise pas autant qu'on devrait le faire, et pas autant que je souhaiterais qu'on le fasse, surtout à l'extérieur de la principale région urbaine, mais je pense que c'est un outil que ces groupes vont utiliser davantage dans l'avenir.

Le sénateur Cook : Ma première question concernait les données accessibles. Cherchez-vous à obtenir d'autres données que celles qui proviennent de sources provinciales?

Mme Gogan : Oui, sénateur, et Alton va en parler plus en détail demain. Ils sont confrontés à certains des problèmes, mais ils en ont surmonté beaucoup. L'une des choses qui font que les comptes communautaires sont novateurs, c'est qu'ils permettent à tout le monde d'accéder aux données de Statistique Canada, parce qu'il y a habituellement des frais liés à l'achat des données et que, normalement, lorsqu'on en fait l'acquisition, c'est seulement pour usage personnel. Notre Bureau de la statistique est parvenu à une entente avec Statistique Canada qui lui permet de diffuser les données comme il le fait.

Pour ce qui est de l'accès à d'autres données et de la confidentialité de ces données, c'est sûr que nous faisons face à des problèmes, et il y a toujours cet équilibre — on veut protéger les renseignements personnels des gens et maintenir la confidentialité, et nous nous retrouvons parfois dans la situation où nous savons que ce que nous essayons de faire n'est pas ce qui préoccupe les citoyens.

Les citoyens sont préoccupés par le fait d'être identifiés et qu'on s'immisce dans leur vie privée, et non par les études qui sont entreprises qui peuvent permettre de comprendre un problème et d'y trouver une solution. C'est sûr que nous jetons un coup d'œil sur le genre de document de renonciation à leurs droits que les gens signent lorsqu'ils fournissent de l'information. Nous voulons nous assurer de pouvoir utiliser cette information aux fins de la recherche, tout en protégeant la vie privée des gens et en assurant la confidentialité de leurs renseignements personnels. Nous faisons face parfois à des problèmes lorsque nous ne pouvons établir les liens que nous souhaiterions établir entre les données parce que celles-ci ont été recueillies pour certaines fins précises. Quiconque fait des recherches a déjà été confronté à ce genre de problèmes. C'est un problème qui se pose toujours, c'est sûr.

Le sénateur Cook : J'aimerais qu'on définisse ce problème, monsieur le président. Peut-être pourriez-vous nous parler demain de ce qu'il en coûte pour obtenir ces données et de certaines des choses dont il pourrait être utile que nous parlions dans notre rapport. Si nous relevons les obstacles, peut-être pourrons-nous trouver le moyen de les supprimer.

[Français]

Le sénateur Pépin : En juin 2006, votre gouvernement a publié le rapport Reducing Poverty, an Action Plan for Newfoundand in Labrador. Un des buts de ce plan d'action était de mettre de l'avant le développement de la petite enfance. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les façons que vous comptez utiliser pour mettre de l'avant le développement de la petite enfance dans votre province? Et sur la base de quels indicateurs allez-vous déterminer les progrès réalisés au niveau de la petite enfance, comme il est prévu, tous les deux ans?

[Traduction]

Mme Vivian-Book : L'une des principales hypothèses de l'initiative sur la pauvreté, comme vous l'avez fait remarquer, c'est que le développement de la petite enfance est un déterminant. Ce fait a été prouvé par des données dans le cadre des nouvelles initiatives sur lesquelles on a mis l'accent dans le cadre de l'initiative sur la pauvreté et par le fait qu'on a beaucoup mis l'accent sur la prévention dans ces initiatives. Dans celles qui ont été financées, par exemple, on a prévu des sommes supplémentaires pour des clubs de santé des nourrissons qui font la promotion du mieux-être en soutenant les femmes pendant leur grossesse et dans les premières étapes de leur rôle de mère. Nous avons vu créer plusieurs initiatives axées sur la petite enfance. C'est par ailleurs quelque chose qui complète le plan relatif à l'apprentissage des jeunes enfants et aux garderies du gouvernement, qui est lié aux questions de la petite enfance et des garderies.

Il y a eu aussi de nombreuses initiatives comme les améliorations apportées à notre supplément alimentaire pour les mères et leurs nourrissons, ainsi qu'à la prestation pour enfants de Terre-Neuve-et-Labrador. Beaucoup d'initiatives, surtout celles du domaine de la prévention, sont maintenant axées sur la petite enfance. Par ailleurs, des fruits et des légumes frais sont maintenant distribués par l'intermédiaire de clubs, dans le cadre de notre programme Kids Eat Smart. Bon nombre de ces initiatives ont reçu du soutien. Je pense qu'on peut dire sans craindre de se tromper que, dès le début... et les ministres se sont assurément montrés très intéressés et très convaincus de ce que, pour vraiment régler le problème de la pauvreté et pour examiner ces questions, le développement de la petite enfance et le fait d'offrir un bon départ aux citoyens sont des éléments essentiels du processus.

Eleanor Swanson, directrice, Équipe du mieux-être, ministère de la Santé et des Services communautaires, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Sénateurs, je suis heureuse d'être ici. Bonjour à tous. Nous avons commandé du beau temps pour vous.

Je vais commencer par faire un petit survol de la question qui va me prendre quelques minutes. J'ai remarqué, à la lecture des documents d'information, que vous vous intéressez aux partenariats, aux collaborations et au renforcement des capacités communautaires dans ces domaines particuliers.

Nous venons tout juste de terminer l'évaluation de la première étape du Plan provincial de mieux-être, et j'ai fait circuler notre rapport, qui s'intitule Achieving Health and Wellness : Provincial Wellness Plan for Newfoundland and Labrador. J'ai avec moi des exemplaires du rapport sommaire de cette évaluation, et si vous le souhaitez, je peux certainement faire avec vous un survol de ce rapport, parce que cela pourrait mener à de nouveaux renseignements et pourrait répondre à certaines de vos questions.

Je vais commencer par le rapport intitulé Achieving Health and Wellness : Provincial Wellness Plan for the Province of Newfoundland and Labrador. Il y a eu de vastes consultations à l'échelle de la province au sujet de plan stratégique en matière de santé, et il est ressorti de ces consultations qu'il convenait d'accorder une attention particulière à cette question clé. La province a créé un conseil consultatif sur le mieux-être, dont sont membres les organisations gouvernementales et non gouvernementales qui forment un énorme réseau de partenaires. Le conseil compte également dans ses rangs des organisations communautaires, notamment les organisations qui se consacrent au cancer, aux maladies cardiovasculaires, aux maladies pulmonaires, ainsi que l'Association pour la santé mentale. Il y a aussi des associations professionnelles qui sont représentées au sein du conseil, notamment celles des médecins, des infirmières, des paramédicaux, et tous les ministères intéressés directement par un lien avec la promotion de la santé et le mieux-être sont également représentés. C'est une organisation à plusieurs niveaux.

Le gouvernement provincial a demandé au conseil consultatif sur le mieux-être de la province de déterminer les priorités en matière de promotion de la santé et de mieux-être pour celle-ci. Le document que le gouvernement a publié constituait une réponse à ces recommandations. Je ne peux pas dire qu'une recommandation particulière a été exclue; le rapport porte sur à peu près tout ce qui a été recommandé, et ce que nous sommes en train de voir, c'est que les choses se produisent de façon graduelle. Le conseil continue de se réunir une fois tous les deux mois et continue de guider l'application du plan provincial du mieux-être.

Pour la première étape, qui allait de 2006 jusqu'à l'année courante, nous nous sommes concentrés sur la saine alimentation, l'activité physique, la prévention du tabagisme et la prévention des blessures. Les thèmes de la deuxième étape sont la promotion de la santé mentale, le développement des enfants et des jeunes, la santé environnementale et la protection de la santé. Ce n'était pas entièrement des choses nouvelles; on effectuait déjà du travail dans ces domaines lorsque nous avons entamé la première étape, mais nous avons mis davantage l'accent sur les différents éléments au fur et à mesure que notre travail avançait. Cette année, le document de la deuxième étape va décrire la façon de faire progresser les choses dans nos quatre domaines prioritaires. Le travail de la première étape se poursuit. C'est un processus continu pour tous les domaines prioritaires.

Dans chacun des domaines, il y a un groupe de travail ou il y avait un comité consultatif. Ces groupes ont fait un certain travail et rédigé un document qu'ils ont présenté au conseil aux fins d'approbation. Une fois le document approuvé par le conseil, on l'a présenté au ministre de la Santé pour qu'il puisse envisager des façons d'orienter les activités du gouvernement visant à régler les problèmes en question.

Les principales orientations décrites dans le Plan provincial de mieux-être sont les suivantes : le renforcement des partenariats et des collaborations, la création de nouvelles initiatives et l'expansion des initiatives existantes en matière de mieux-être, la création des nouveaux programmes et services dont nous avons besoin pour régler les problèmes en question, la sensibilisation de la population et le renforcement de la capacité de promotion de la santé dans la province. Pour ce qui est du renforcement des partenariats, j'ai parlé du conseil consultatif sur le mieux-être de la province. Il y avait une alliance pour la prévention du tabagisme, et je pense qu'il s'agit d'un autre exemple unique de rassemblement de tous les partenaires intéressés par un sujet particulier. Je m'occupais du problème du tabagisme à l'époque, et ce qui se passait, c'est que le ministre recevait une demande de rencontre avec les représentants de l'Association médicale, ainsi que des organisations qui se consacrent aux maladies pulmonaires, aux maladies du cœur et au cancer. Tous ces représentants se sont réunis et nous ont demandé de faire quelque chose au sujet du tabagisme. Nous les avons invités à mettre leurs efforts en commun, à présenter au gouvernement un budget qui, selon eux, les aiderait à prendre les mesures particulières qui étaient nécessaires, sur le plan des ressources, et ainsi, l'alliance s'est formée. Elle existe depuis huit ou neuf ans, et elle fonctionne très bien. Il y a au sein de la Division de la promotion de la santé et du mieux-être un consultant en matière de promotion de la santé qui se spécialise dans le domaine du tabagisme. Ce consultant est notre lien, et il offre un important leadership et une importante orientation au conseil. Nous finançons ce conseil.

L'autre domaine, pour le dire en passant, en ce qui a trait aux partenariats et aux collaborations, ce sont les coalitions régionales pour le mieux-être. Celles-ci font en quelque sorte la même chose que le conseil provincial, mais à l'échelle régionale, et elles sont davantage axées sur les collectivités. Elles ont vu le jour dans le cadre de ce qu'on appelait le programme de santé cardiovasculaire de Terre-Neuve-et-Labrador. Les sénateurs ont probablement déjà entendu parler de ce programme, qui avait un bon taux de participation dans les années 90. Nous avions alors un très bon programme de santé cardiovasculaire, et pour mobiliser les membres des collectivités, nous avons établi les coalitions et les avons invitées à adopter un point de vue plus général sur le mieux-être. Les coalitions ont accepté, elles ont donné de l'ampleur à leur mandat et trouvé de nouveaux membres, et elles continuent d'être très actives à l'échelle régionale.

Un troisième exemple de partenariats, c'est toute la question des jeunes et du mieux-être, et je pense que la meilleure façon d'en parler, c'est de parler d'un projet intitulé Healthy Students, Healthy Schools. Il s'agit d'un partenariat entre les ministères de la santé et de l'éducation, et nous avons dû quitter les compartiments définis par nos compétences et échanger et accepter de travailler en collaboration. Le premier projet que nous avons lancé s'intitulait Lignes directrices sur l'alimentation en milieu scolaire, et on a donc jugé que le ministère de la Santé possédait l'expertise en matière de santé et nutrition, parce qu'il y a un nutritionniste au sein du personnel de celui-ci, et c'est bien entendu le ministère de l'Éducation qui offre le programme dans la province. Nous avons cherché le lien, et nous avons offert du financement à chacun des arrondissements scolaires pour l'embauche d'une personne-ressource dont le rôle sera d'appliquer ces lignes directrices et d'organiser ces activités permanentes que nous entrevoyions pour l'avenir. Nous avons formé un excellent partenariat axé sur nos jeunes.

Le dernier domaine, c'est la prévention des blessures, pour laquelle il y avait une coalition dans le passé. Dans le cadre d'une série de téléconférences — les téléconférences étant quelque chose qui fonctionne très bien dans la province, parce qu'elle est grande et qu'il s'agit d'une façon peu coûteuse de se réunir, mais qui est très utile —, nous avons rassemblé tous les groupes qui s'occupent de la prévention des blessures. En réalité, nous avons étendu cette pratique à toute la région de l'Atlantique, et on tient maintenant régulièrement des téléconférences dans le cadre desquelles des groupes du même genre et les gouvernements des quatre provinces de l'Atlantique échangent de l'information sur ce qu'ils font au sujet de telle ou telle question.

Pour ce qui est de la deuxième orientation, je pense que j'ai déjà parlé d'un certain nombre des questions qu'elle englobe. Il est difficile de s'en tenir à une seule chose dans le cadre d'une approche très générale. Tout cela est en lien avec les initiatives ou les programmes et services que nous offrons, et j'ai parlé des écoles. Le programme dont j'aimerais parler, c'est le Programme provincial de subventions pour le mieux-être.

Lorsque le conseil a mis au point le plan provincial de mieux-être, les organisations communautaires qui ont participé au processus ont dit : « Vous savez, c'est bien, nous savions que nous avions besoin de ressources gouvernementales à l'échelon provincial. » C'est ainsi que la division que je dirige a été créée. Nous savions également que les régions avaient besoin de ressources pour soutenir les collectivités, mais les organisations communautaires nous ont dit : « Nous avons besoin de ressources aussi, alors que pouvez-vous faire pour nous? » Ce que nous avons fait, c'est que nous avons décidé d'accorder des subventions annuelles de 500 000 $ aux organisations communautaires qui, bien entendu, doivent s'occuper des enjeux prioritaires que nous avions définis et contribuer à réaliser les objectifs du plan. Nous avons fait ça pendant trois années d'affilée. C'est une expérience d'apprentissage que d'entreprendre quelque chose d'aussi gros et d'aussi complexe, et je pense que nous nous en sommes très bien tirés. L'évaluation a en grande partie porté là-dessus, alors si nous parlons du rapport d'évaluation, vous allez pouvoir prendre connaissance de certaines des réactions à cette initiative.

La troisième orientation principale du plan, c'est la sensibilisation de la population, et la chose la plus importante que nous avons faite à cet égard, ça a été de créer un site Web pour le Plan provincial de mieux-être. Je dois dire que c'est la première fois que je participais à la création d'un site Web. Nous avons commencé il y a trois ans. C'est très difficile de mettre les choses à jour tout le temps, de fournir les ressources nécessaires, et ainsi de suite. Je pense que si vous visitez le site, vous allez trouver qu'il est un peu dépassé, et nous venons tout juste de recommencer à embaucher des gens pour qu'ils y travaillent et pour qu'ils le mettent à jour pour nous, mais c'est la principale chose que nous avons faite.

De plus, toutes les coalitions régionales pour le mieux-être ont créé leurs propres sites, et ceux-ci sont tous en lien avec le nôtre. Il y a également un site du programme Healthy Students, Healthy Schools, accessible à livinghealthyschools.com. Nous suivons la tendance, et nous diffusons de l'information publique dans le Web.

La dernière orientation avait trait au renforcement des capacités en matière de promotion de la santé. J'ai mentionné le fait que les ressources et le financement que nous avons été en mesure d'obtenir découlaient de l'accord des premiers ministres sur la santé. Lorsque les premiers ministres se sont réunis il y a trois ou quatre ans, l'un des domaines que notre province voulait voir financer, c'était toute la question de la promotion de la santé et du mieux- être. C'est le plus important apport d'argent que j'ai vu en 30 ans de carrière au gouvernement provincial. Ces fonds nous ont permis d'avancer et de faire les choses que nous avons été en mesure de faire. La majeure partie de ce financement est indéniablement allée aux régies régionales de la santé, pour leur permettre d'avoir du personnel sur le terrain capable de faire avancer les choses. C'était une décision que nous voulions clairement prendre. Les coalitions régionales pour le mieux-être reçoivent également du financement annuel de notre part pour la réalisation de leurs programmes.

La dernière diapo qui porte sur le plan de mieux-être, ce volet de la séance d'aujourd'hui, concerne l'évaluation, la responsabilisation, et j'ai des résultats du plan d'évaluation. Nous avons publié notre rapport d'étape annuel pour l'an dernier, et nous sommes en train de travailler sur le rapport de l'année en cours. Je n'ai pas apporté d'exemplaire du rapport d'étape, mais je suis tout à fait disposée à le fournir au comité.

On a demandé à une tierce partie de faire l'évaluation, ce qui fait qu'elle est objective. Ça a été une évaluation très complète, effectuée par le moyen d'entrevues avec les principaux intervenants, de groupes de concertation, ainsi que de questionnaires. Beaucoup de données ont été recueillies au cours de cette évaluation.

Vous pouvez voir que les principaux domaines de l'évaluation correspondent aux principales orientations du plan. Il s'agissait de déterminer si nous avons bel et bien établi ces partenariats, si nous avons été en mesure de renforcer les politiques publiques et les programmes, si nous avons renforcé nos capacités, et si nous avons accru notre soutien aux coalitions et si nous avons exécuté le Programme de subventions pour le mieux-être. Je pense que j'ai parlé des éléments fondamentaux et que vous pouvez voir sur quoi était axée l'évaluation.

Les principaux résultats ont confirmé l'existence des partenariats au sein du gouvernement et des organisations communautaires, tant à l'échelon provincial que dans les régions. Il y a une discussion sur chacun des domaines dont j'ai parlé et une rétroaction très positive. Un des points soulevés concernait le conseil consultatif provincial sur le mieux-être. Ce qui se passait aux réunions de notre conseil, c'est qu'il y a avait beaucoup de comptes rendus de la part des groupes de travail, et ce sont ces groupes qui dirigeaient le personnel de notre division. Nous avons demandé aux organisations de jouer un rôle plus proactif, de parler de ce qu'elles font et des liens avec nos activités. Il nous appartient de jouer un rôle plus proactif et d'examiner les recommandations formulées au départ par le conseil. Il nous appartient également de vérifier que le gouvernement les a appliquées. Il y a des éléments sur lesquels le conseil lui- même doit revenir, et il doit demander au gouvernement de se pencher sur ceux-ci. Enfin, nous avons fait en sorte que le conseil participe davantage à l'application des nouveaux éléments du programme.

Pour ce qui est du deuxième résultat principal et de la question des politiques, j'ai parlé des lignes directrices sur l'alimentation en milieu scolaire, des écoles sans fumée et de notre programme Healthy Students, Healthy Schools. Ces programmes ont été jugés par tous comme étant d'excellents exemples. On nous a dit que les gens étaient particulièrement contents de ces programmes et trouvaient qu'il s'agissait d'initiatives valables. L'augmentation des ressources a confirmé le fait que nous avons réalisé ce que nous avions prévu. Il est clair que le financement a été consacré à la structure existante.

Les coalitions régionales pour le mieux-être offrent également de petites subventions à des groupes et organisations qui s'occupent du mieux-être à l'échelle communautaire. Elles offrent des fonds aux groupes qui veulent entreprendre quelque chose qui contribue à l'application du programme dans leurs propres collectivités. Il s'agit parfois d'un seul événement; parfois, c'est pour faire l'acquisition de ressources dans le cadre d'un effort qu'on essaie de déployer, par exemple, dans le but d'inciter les gens à faire de l'exercice. Certaines des ressources sont consacrées à ce genre de programmes, par exemple la marche et les sentiers en nature. On a utilisé des fonds pour installer des panneaux indicateurs, de façon à assurer la sécurité des gens qui empruntent les sentiers provinciaux.

Les subventions ont été bien accueillies. L'évaluation révèle les petits problèmes que nous avons eus au début lorsqu'il s'est agi de concevoir le programme de façon que toutes les organisations qui pouvaient en profiter puissent faire une proposition. Le moyen que nous avons utilisé a été de passer par les membres de la Chambre d'assemblée. Nous leur avons fait parvenir un avis, les appels de propositions et les lignes directrices. Nous les avons encouragés à faire circuler ces appels de proposition auprès de tous les groupes communautaires qu'ils connaissaient. Nous nous sommes également adressés aux coalitions régionales pour le mieux-être, parce que celles-ci ont certainement toutes sortes de partenaires, ce qui fait qu'elles ont distribué les appels de propositions à leur clientèle. Nous les avons également distribués à nos régies régionales de la santé, parce qu'elles sont nos collectivités et parce qu'elles se trouvent un peu partout dans la province. Ce sont les infirmières en santé publique, les nutritionnistes régionaux, les travailleurs sociaux, et ainsi de suite, qui s'occupent des gens dans la province. Nous avons également diffusé les appels de propositions auprès de ces gens, et nous pensons ainsi avoir fait suffisamment de publicité autour du programme dans le cadre duquel nous voulions recevoir des demandes.

Je pense que, ce qui a été un bon signe, c'est que nous avons tiré des leçons du premier appel de propositions pour améliorer le second et le troisième, ce qui nous a aidés à progresser. Vous pouvez voir des commentaires au sujet de l'efficacité du processus. Il y a clairement une certaine satisfaction... mon Dieu, les organisations communautaires sont tellement reconnaissantes d'obtenir du financement pour faire ce qu'elles font, pour appliquer leurs nouvelles idées. Je dois préciser que l'objectif du programme de subventions pour le mieux-être n'est pas de subventionner une activité ponctuelle. Nous avons fait une sélection, et nos critères de sélection étaient très précis. Une équipe a travaillé au processus de sélection, puis nous avons présenté nos recommandations au ministre, qui les a approuvées. Nous voulions nous assurer qu'il y avait une possibilité de durabilité et qu'il y avait peut-être des choses qui pouvaient être intégrées au mandat de la régie régionale de la santé. Nous ne voulions pas faire en sorte que les organisations aient à présenter une nouvelle demande chaque année pour obtenir un financement continu, parce que nous voulions être en mesure de continuer à modifier ces domaines prioritaires et à progresser. C'est sûr que ça a été un peu difficile, mais nous avons connu d'excellents succès qui font maintenant partie de ce que nous faisons dans le cadre des programmes de santé communautaire.

Le Plan provincial de mieux-être a vu le jour pendant que nous procédions à la restructuration de nos régies de la santé. Ça a bien tombé, puisque la restructuration a permis d'inscrire le mieux-être et la promotion de la santé dans le mandat de toutes les régies de la santé. C'était assurément un avantage pour nous et une façon d'avoir une approche très rationalisée pour chacune des régies de la santé. Le rôle et le mandat des gens sont ainsi devenus très clairs. Je pense que ça a très bien tombé.

Nous avons reçu la confirmation du fait que nous devons continuer d'avoir une approche en matière de santé des populations qui inclut les déterminants sociaux, économiques et environnementaux de la santé. C'est l'un des principes de nos programmes : ceux qui en ont le plus besoin y ont accès en premier, et ils sont offerts aux gens qui ont les besoins les plus importants. Quelque chose comme des nouvelles lignes directrices sur l'alimentation en milieu scolaire qui permettent à chacun des enfants qui fréquentent l'école de faire les bons choix pour sa santé, et ce que nous essayons de faire en ce moment, c'est de nous assurer que les aliments sains ne sont pas nécessairement les plus chers et qu'il est possible de faire le choix santé en choisissant les aliments abordables.

Je sais que les gens qui sont ici qui représentent la Stratégie de réduction de la pauvreté ont parlé d'un programme qui est également une organisation et qui s'appelle Kids Eat Smart. La fondation s'occupe de l'organisation du travail auprès des collectivités pour l'élaboration et l'application de programmes d'alimentation en milieu scolaire. Il s'agit de programmes de déjeuner, de dîner et de collation, ainsi que de certains programmes de collation après les heures de classe. On a majoré le financement de ces programmes cette année pour faire en sorte que toutes les écoles de la province qui souhaitent y accéder puissent le faire, pour qu'ils soient d'accès universel. Il s'agit d'une approche non stigmatisante dans laquelle les gens paient ce qu'ils peuvent pour les repas. Ce programme a vu le jour dans le cadre du programme des dîners à l'école de St. John's. Les enfants rapportent chez eux une enveloppe qui contient le menu du mois. Les parents cochent certains repas dans la liste, qu'ils rapportent à l'école dans une enveloppe scellée. Les parents mettent dans l'enveloppe le montant qu'ils peuvent se permettre de consacrer aux repas. Ainsi, aucun enfant n'est stigmatisé par le manque d'argent, et personne ne sait qui a payé et qui n'a pas payé.

Le leadership est une chose essentielle dans ce domaine, et j'affirme de nouveau que les régies régionales de la santé ont trouvé les bonnes personnes. Nous avons ces gens à l'échelon provincial; nous avons une division, ce qui fait que nous savons de qui le leadership doit venir et de qui c'est la responsabilité. Ce qui est important, pour exécuter ces programmes, c'est de disposer de ressources suffisantes. L'un des domaines dans lesquels il n'y a pas encore de financement permanent, c'est cette personne qui assure la liaison entre le milieu de la santé et les écoles. Le ministère de la Santé a financé ces postes au sein des régies de la santé et les a affectés au réseau scolaire. Ainsi, il y a un lien obligatoire, parce qu'il y a une personne de la régie de la santé qui est affectée au réseau scolaire, et ce sont des gens qui ont de l'expérience dans différents domaines. Nous avons eu de la chance, parce que, au départ, notre priorité, c'était les lignes directrices sur l'alimentation en milieu scolaire, et je pense que trois des six titulaires de poste étaient des nutritionnistes, ce qui a été utile, et ce qui a aidé les autres, parce que les trois nutritionnistes ont pu les aider. Ce que nous constatons, c'est que les gens des arrondissements scolaires et de l'administration, par exemple les directeurs d'école à la retraite, sont très intéressés à occuper ce genre de poste, et ils sont une ressource extrêmement précieuse, parce qu'ils comprennent vraiment le réseau et ont plein de connaissances à mettre à profit. C'est un beau mélange de gens.

On nous a recommandé de continuer de fournir les ressources nécessaires pour soutenir ces programmes. En outre, nous devons continuer de faire du travail dans le domine des communications et de la promotion, et nous devons essayer d'améliorer un peu le site web.

L'une des recommandations de l'évaluation du programme de subventions pour le mieux-être, c'est que nous devons vraiment aborder les projets du point de vue de notre division et essayer de tirer davantage de « leçons » de ces projets. C'est quelque chose que nous nous sommes engagés à faire. Un consultant qui travaille avec moi se spécialise dans les évaluations, ce qui fait que nous nous penchons là-dessus. On nous a recommandé de ne pas procéder à un autre appel de propositions publiques cette année. Je ne sais pas si nous allons le faire. Nous allons peut-être le faire, mais d'une autre façon. La procédure est trop lourde pour nous, et il y a encore des projets que nous essayons de mener à terme. Nous allons voir comment les choses vont se passer, et j'imagine que la sagesse, c'est d'apprendre des choses qu'on a, et, lorsqu'on fait l'objet d'une évaluation, de profiter aussi de cette sagesse.

La dernière recommandation, c'est de continuer à soutenir les coalitions régionales pour le mieux-être, qui sont si essentielles.

Le président : Merci beaucoup. C'est très intéressant, et je vous félicite pour vos progrès.

Dans votre exposé, vous n'avez pas mentionné l'utilisation de l'information qui figure dans les comptes communautaires. Dans notre rapport, nous tenterons de traiter des disparités en matière de santé au Canada, ces enclaves où l'état de santé est très mauvais. On peut certainement trouver des indicateurs dans les comptes communautaires, car, même si on parle de « bien-être » dans le cadre de ce système, c'est très semblable à la notion de santé de la population; à mon avis, c'est un synonyme.

Lorsque vous réfléchissez dans votre bureau et que vous regardez les points rouges sur la carte de Terre-Neuve-et- Labrador, qui désignent les zones problématiques, pensez-vous à une stratégie particulière pour que ces points rouges passent au jaune? Le ministre a bien répondu à cette question, mais, évidemment, c'est un travail en cours. Tout n'est pas encore résolu. Vous avez fait beaucoup de progrès en matière de promotion de la santé, de prévention des maladies et de services communautaires. Vous arrive-t-il de cibler ces zones où le taux de bien-être est inférieur?

Mme Swanson : Lorsqu'on a conçu le plan provincial de mieux-être, j'ai mentionné qu'il avait été fondé sur un plan stratégique en matière de santé. Dans le cadre du processus de consultation pour ce plan stratégique, nous avons établi les profils à partir des comptes communautaires. Nous les avons organisés en fonction de tous les déterminants de la santé. Lorsque nous nous sommes rendus dans les régions sanitaires, ces profils encadraient les discussions. Nous les avons utilisés pour déterminer quelles priorités devraient être mises de l'avant. Nous les avons bien utilisés.

La philosophie de notre gouvernement est que nous voulons nous assurer que toutes les régions de la province ont accès au service ou au programme. Durant la première année du programme provincial de subventions pour le mieux- être, le volet communautaire au cours duquel on allait sur le terrain et on sollicitait de nouvelles propositions, nous avons analysé où la répartition des subventions et du financement, et nous avons remarqué qu'il existait certains écarts d'une région à l'autre. Nous n'avons pas été étonnés de constater que les régions qui touchaient moins d'argent étaient moins évoluées sur le plan de l'organisation communautaire. Ce sont les points rouges, les régions où les besoins sont plus marqués.

L'année dernière, nous nous sommes rendus dans ces collectivités pour apprendre d'elles, pour vraiment travailler avec elles et les aider à obtenir une subvention communautaire ou plusieurs subventions communautaires — les subventions pour le mieux-être —, et nous leur avons demandé quels étaient les problèmes là-bas. Dans certains cas, ces problèmes ne figuraient pas parmi nos priorités, mais nous les avons financés quand même.

Le président : Il existe de toute évidence d'énormes disparités entre les organismes communautaires aussi, entre les conseils communautaires plutôt performants et les collectivités plus modestes qui ont très peu d'organismes et de ressources. Existe-t-il des instruments pour aider les collectivités qui ne sont pas bien organisées? Existe-t-il des organisations pour les aider à s'organiser? Je dois dire que, à mon avis, les collectivités qui s'organisent elles-mêmes s'en tirent mieux que si cette tâche est assurée par un bureaucrate. Le principe visant à autoriser l'initiative humaine est judicieux. Toutefois, lorsqu'elles ont besoin d'aide, existe-t-il des mesures pour les aider?

Mme Swanson : Les ressources consenties par l'entremise des régies régionales de la santé l'ont été, en réalité, à cette fin, donc les démarches étaient variées. Certaines collectivités peuvent avoir besoin d'un expert-conseil en promotion de la santé, tandis que d'autres peuvent avoir besoin d'un expert-conseil en matière de capacités. Les experts-conseils étaient envoyés précisément pour accomplir cette tâche et dire : « Écoutez, nous savons que votre collectivité est aux prises avec des difficultés, des problèmes. » Nous n'entretenons pas de liens assez étroits avec cette collectivité. Nous voulons voir notre programmation refléter davantage dans cette collectivité, c'est pourquoi nous avons travaillé avec elle, soit pour tenter d'y verser une subvention pour le mieux-être, soit pour travailler au renforcement des capacités.

Prenons par exemple les Clubs Garçons et Filles qui existent dans de nombreuses régions rurales. Ces clubs varient quant à leur capacité d'aller de l'avant. Nous en avons invité cinq ou six pour qu'ils nous parlent des types de programmes qu'ils offrent, en fonction de nos priorités et de la saine alimentation et de l'activité physique, entre autres. Ils participaient à ce genre de programme. Nous avons mis à leur disposition les personnes-ressources provinciales, quelques-uns de nos experts-conseils ainsi que du personnel régional, et on les a énormément aidés. Cette activité a eu pour conséquence de permettre la création de liens entre ces organismes. Ils ont profité l'année dernière d'une part du financement sous forme de subventions, et maintenant, ce que nous espérons, c'est qu'ils soient en mesure de prendre une envergure provinciale, car ils existent dans de nombreuses collectivités partout dans la province.

Nous tenons compte des aspects que vous avez soulevés, c'est pourquoi nous tentons d'avoir un effet catalyseur, de fournir un peu de ressources et un peu de leadership pour dire : « Écoutez, vous savez que le besoin existe, alors laissez- nous tenter de faire bouger les choses. »

[Français]

Le sénateur Pépin : Vous avez dit qu'une réunion des partenaires s'occupe de ces mêmes sujets aux deux mois. Avez- vous un groupe qui s'occupe de travailler sur le dossier du vieillissement de la population et comment le processus se fait-il?

[Traduction]

Mme Swanson : Une division du gouvernement provincial s'occupe du vieillissement de la population, et elle est notre partenaire lorsque nous traitons de questions concernant le vieillissement de la population. Lorsque nous avons octroyé les subventions pour le mieux-être, nous savions très bien qu'il fallait veiller à ce qu'elles tiennent compte de tous les groupes d'âge de la population. Bien des subventions étaient dirigées vers des groupes d'aînés. Beaucoup étaient destinés à la prévention des chutes et des blessures, et certaines subventions visaient la promotion de l'activité physique et de la saine alimentation.

Un programme qui s'appelle Moving for Health a été lancé par un groupe d'aînés. Le programme a vu le jour dans une petite région, mais nous avons pris leur bonne idée et c'est maintenant un programme d'envergure provinciale. Le programme a été lancé dans le cadre de notre programme relatif à la santé cardiovasculaire, et les coalitions régionales pour le mieux-être ont contribué à la conception du programme initial. Il a été très bien accueilli. Nous nous sommes assurés que les ressources du programme étaient disponibles partout dans la province afin qu'il prenne une envergure provinciale.

Oui, il existe une division du gouvernement provincial consacrée au vieillissement et aux aînés, et nous veillons à ce que ces aspects soient reflétés dans les programmes que nous créons.

[Français]

Le sénateur Pépin : Ce programme fonctionne-t-il aussi bien que les autres? Existe-t-il des problèmes spécifiques à ce groupe plutôt qu'à un autre?

[Traduction]

Mme Swanson : Je ne me suis pas penchée sur cette question, je n'ai donc pas la réponse. Je suis désolée.

[Français]

Le sénateur Pépin : Vous avez dit que l'information était distribuée par Internet. Mais les familles et les enfants qui vivent dans la pauvreté n'ont sûrement pas accès à l'information sur Internet. Comment l'information se rend-t-elle alors? Vous avez dit que « l'information est distribuée par Internet ». Alors, comment tous les jeunes, pauvres ou pas, ont-ils accès à cette information?

[Traduction]

Mme Swanson : Je suis entièrement d'accord avec vous. Internet est utilisé à un niveau beaucoup plus élevé. Les programmes sont créés à l'échelon communautaire. Par exemple, je crois que les gens qui participent à la Stratégie de réduction de la pauvreté ont peut-être mentionné le centre de ressources familiales et les Clubs bébé en santé. Un certain nombre de nos programmes sont établis à des endroits donnés, parce qu'on a déjà déterminé que ce sont les secteurs de la province qui en ont le plus besoin. En fait, les collectivités ont-elles mêmes mis le programme au point, puis nous avons pu collaborer avec elles pour le perfectionner et l'élargir dans certains cas. Tout cela naît dans la collectivité, en effet, pas sur Internet.

Le sénateur Cochrane : Madame Swanson, j'aimerais vous demander dans quelle mesure vous savez que l'on utilise la stratégie des comptes communautaires dans la collectivité lorsque vous parlez de ce concept de mieux-être. Je vous le demande parce que la stratégie des comptes communautaires permettrait de déterminer où se trouvent les problèmes, et dans quel secteur particulier, pour éviter de faire double-emploi avec des programmes dans des secteurs où ils ne sont pas nécessaires.

Mme Swanson : Oui, le processus passe en fait par les régies régionales de la santé, car ce sont elles qui connaissent le mieux leur collectivité. Les régies régionales de la santé se servent des comptes communautaires à cette fin et nous utilisons alors ces renseignements pour compléter la programmation. La première année du programme provincial de subventions pour le mieux-être, nous n'avions pas invité les régies régionales de la santé à participer à la prise de décisions relative à la sélection des projets, et c'était une erreur, une grave erreur. Elles ont été informées par ricochet, et elles étaient d'accord avec nos choix. Dans le cadre de la deuxième vague de propositions, nous avons fait en sorte que toutes les propositions touchant une régie de la santé particulière leur soient transmises. Nous avons rencontré un groupe régional, pas seulement du personnel de la régie régionale de la santé, mais aussi des organismes régionaux membres de la coalition pour le mieux-être. Ils connaissent leur collectivité, parce qu'ils consultent les comptes communautaires et les données qu'ils renferment, et ils savent quelles collectivités ont besoin de ressources. Ainsi, ils auraient pu nous aider lorsque nous avons déterminé que certaines régions relevant du secrétariat rural n'avaient pas touché une seule subvention pour le mieux-être, et qu'il n'y avait donc aucune activité dans ces régions. Nous avons travaillé avec les régies régionales de la santé pour déterminer qui sont les personnes clés; nous allons avec ces personnes dans les collectivités, et nous les invitons à participer. Dans bien des cas, à tout le moins, ils collaborent à la direction des discussions que nous tenons au sujet de la manière de s'attaquer aux problèmes liés au plan de mieux-être.

Le sénateur Cochrane : Parlez-moi de votre évaluation. Avez-vous des histoires positives à nous raconter?

Mme Swanson : Oui, sénateur, j'en ai. L'exemple qui ressort certainement de cette évaluation est l'initiative Healthy Students, Healthy Schools, parce que le programme a si bien fonctionné. À l'échelle du Canada, il y a un Consortium conjoint pour les écoles en santé ayant justement pour mandat d'examiner cette question de la santé dans les écoles, et nous avons pu nous inspirer de ce modèle lorsqu'est venu le temps de nous organiser et de financer une telle initiative pour notre province.

À titre d'exemple — et cela ne figure pas parmi les exemples soulevés dans l'évaluation —, j'ai mentionné que le programme de subventions pour le mieux-être avait fait une mise de fonds initiale pour examiner de nouvelles idées novatrices permettant de s'attaquer aux problèmes qui reflètent les priorités. Nous avons financé les centres de ressources familiales, et l'un d'eux a établi un partenariat avec un centre urbain, ici à St. John's, et un autre, avec un centre rural dans la péninsule Burin. Le programme comporte cinq volets. L'année suivante, ils ont séparé le programme en deux : la phase un et la phase deux. Pendant la première phase, ils ont conçu le programme et ils ont déterminé quelle documentation était nécessaire; ils ont accompli un travail merveilleux. Les documents qu'ils ont envoyés étaient sensationnels. L'année suivante, nous les avons financés, et ils ont offert le programme. Le financement qu'ils ont reçu suffisait à mettre le programme en œuvre dans cinq autres centres de ressources familiales. Ils ont assuré la formation. Ils ont confié en sous-traitance — au Réseau pour la sécurité alimentaire — le projet lié au jardinage. Ils ont mis sur pied un mécanisme axé sur le financement de contrepartie, le Level Best Club, qui permet de doubler la somme de 15 $ qu'investit une famille chaque mois. Cette mesure aide la famille à acheter des aliments en vrac, à économiser de l'argent et à manger plus d'aliments sains. Ils tiennent des cuisines communautaires où l'on peut apprendre à cuisiner. C'est la manière fondamentale de permettre aux gens d'acquérir les compétences. Ces compétences ne peuvent être acquises sur Internet. Les participants apprennent à faire des achats judicieux et à préparer des aliments et, fort de ces compétences, ils possèdent les ressources dont ils ont besoin pour faire la cuisine et apprendre à offrir des repas sains et des aliments sains à leur famille.

Cette année, nous prévoyons faire en sorte qu'ils continuent à assurer la direction du programme pour qu'il prenne de l'expansion. Au bout du compte, il deviendra — et le processus est en marche dans certaines régions sanitaires — partie intégrante de la programmation continue de la régie régionale de la santé. Est-ce que cela vous donne une idée? Il existe beaucoup d'exemples semblables, à plus petite et à plus grande échelle, sans aucun doute.

Le sénateur Cochrane : Ce genre de programme est-il mis en œuvre? La stratégie prévoit-elle que le programme devrait être mis en œuvre?

Mme Swanson : Oui, et, assurément, les centres de ressources familiales en sont un, et comme je l'ai dit, il y a les Clubs Garçons et Filles, organismes communautaires qui jouent un rôle très stratégique.

Le président : Merci beaucoup, Eleanor, pour votre temps, vos connaissances et votre excellent exposé.

Darlene Scott, adjointe de programme principale, Conseil des services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador : Merci beaucoup d'avoir invité le Conseil des services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador à venir parler de la santé de la population. Je suis chargée de programme principale au Conseil des services communautaires. Peggy Matchim m'accompagne. Elle coordonne l'initiative Collectivités dynamiques à St. John's, projet des plus intéressants que nous voulons citer en exemple pour les bienfaits qu'il offre.

Avant que nous fassions cela, j'aimerais parler un peu de plusieurs choses — tout d'abord, le Conseil des services communautaires — et ensuite, j'aimerais aborder certaines questions liées au secteur bénévole en général. Je peux entrer dans les détails si vous avez des questions, car je crois savoir que vous avez effectivement des questions à poser. Veuillez garder à l'esprit que je ne suis pas statisticienne et que je ne serai peut-être pas en mesure de me souvenir de chaque chiffre.

Le Conseil des services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador, si vous n'avez jamais entendu parler de nous, existe depuis plus de 30 ans. Nous sommes un organisme sans but lucratif, ce qui signifie, bien sûr, que nous sommes dirigés par un conseil d'administration, mais nous avons aussi du personnel. À tout moment, nous pouvons disposer de 10 à 25 employés, selon le nombre de projets auxquels nous participons. Les genres de secteurs sur lesquels nous axons nos activités — et c'est le cas depuis plus de 30 ans —, incluent des choses comme la promotion des contributions du secteur communautaire bénévole sans but lucratif dans notre société. Nous faisons la promotion du bénévolat et, en fait, nous comptons environ 180 centres de bénévolat. Évidemment, nous étions le seul centre de bénévolat à Terre- Neuve-et-Labrador avant que d'autres organismes nous emboîtent le pas, à l'université, par exemple. Nous menons des recherches dans le secteur des organismes sans but lucratif. Nous militons à l'égard de questions liées à la politique publique, de temps à autre. Nous sommes très actifs et très engagés dans la création de liens visant à promouvoir la collaboration à tous les échelons et entre les secteurs.

En ce qui concerne votre rapport, nous nous intéressons principalement au renforcement des mesures intersectorielles, du point de vue de la santé de la population; à la mobilisation et à l'engagement, dans le cadre du travail sur la santé de la population, des secteurs autres que celui de la santé; à la mise en œuvre d'une stratégie fédérale sur la santé de la population; et au cadre stratégique FPT en matière de santé, car c'est exactement de ce sujet que nous aimons parler constamment.

Tout d'abord, quelques mots sur le secteur bénévole sans but lucratif à Terre-Neuve-et-Labrador et j'espère que vous avez eu l'occasion de regarder certaines de nos recherches. Elles sont accessibles en ligne, au csc.nf.net. C'est facile à trouver. Nous avons fait des recherches; nous effectuons du renforcement des capacités et du réseautage dans le secteur depuis nos débuts, il y a 30 ans, et, si vous nous invitez, nous pouvons mettre à contribution les résultats de sondages, de groupes de discussion et de tables rondes et promouvoir le plus grand nombre possible d'efforts de réseautage et de collaboration. Au cours des dernières années, ces activités ont supposé de mesurer la taille et la valeur du secteur bénévole communautaire. Dans le Canada atlantique, nous savons qu'il existe 13 000 organismes constitués en personne morale. Nous croyons que cela ouvre la voie à une puissante force sociale et économique, et pas juste dans le Canada atlantique, car ce phénomène est bien documenté partout au pays. La plupart des gens de notre secteur travaillent à l'échelle d'un quartier ou d'une collectivité, et leur travail se limite souvent à une région particulière d'une province, ou dans une région plus étendue, comme le Canada atlantique.

À Terre-Neuve-et-Labrador, il y a probablement plus de 5 000 groupes communautaires. Il est probable que près d'un millier de ceux-ci, ou peut-être un peu plus, sont effectivement enregistrés à titre d'organismes de bienfaisance et, de ce nombre, environ la moitié sont des organismes confessionnels. Nous tentons donc de suivre la situation, nous tentons d'établir un registre des services communautaires afin que nous sachions qui est actif dans le secteur bénévole communautaire et combien de personnes se consacrent à ces activités. Évidemment, le secteur bénévole sans but lucratif est aux prises avec des difficultés semblables, et c'est seulement dans les dernières années que la recherche a été effectuée et que les gens ont pris connaissance de ces points communs. Les genres de questions qui ressortent de nos recherches touchent la réduction du financement gouvernemental et l'incapacité d'obtenir le financement de base. Je suis certaine qu'on vous a parlé abondamment du recours excessif au financement de projet; souvenez-vous bien que j'ai dit que nous ressemblons un peu à un accordéon, nous pouvons avoir dix employés un jour et, dans six mois, nous pouvons en avoir 25. Cela dépend de la nature de notre financement, et il est toujours établi en fonction des projets. Nous percevons cela comme un recours excessif. Toutefois, c'est aussi une force; grâce à la résilience qui provient de la capacité du secteur bénévole à être souple.

À notre avis, nous avons l'occasion en or de maximiser le rôle du secteur bénévole, qui présente le potentiel nécessaire, à l'égard des fondements de la santé de la population. Les groupes bénévoles sans but lucratif ont signalé que, pour continuer leur travail et optimiser leurs ressources, ils ont besoin d'investissements ciblés et d'un soutien au du secteur. Je sais que j'ai dit que nous étions souples, mais parfois, cela veut dire que l'on peut manquer de stabilité, et c'est là tout l'intérêt d'un investissement ciblé.

Les groupes ont signalé le besoin de structures de financement stables pour diminuer le recours au financement de projet. Nous voulons diminuer notre dépendance au financement de projet. Il y a un besoin de formation et de perfectionnement professionnel dans notre secteur, tout comme dans n'importe quel autre secteur. Si vous travaillez dans la fonction publique, vous voulez avoir accès à la formation et au perfectionnement professionnel; si vous travaillez dans le milieu des affaires, il en va de même. Assurément, dans notre secteur, c'est un problème récurrent, et la crainte persiste : parfois, vous êtes si occupé à dispenser un service ou à vous rendre à une réunion que la formation et le perfectionnement des compétences ne sont pas nécessairement accessibles. Selon nous, ce secteur profiterait particulièrement du renforcement des capacités.

Je vais laisser la parole à Peggy Matchim, qui présentera brièvement un exemple illustrant comment le secteur communautaire peut mettre à contribution les aptitudes et les compétences de tant de personnes, bien souvent à très peu de coûts. Nous aimons parler, dans notre secteur, de l'optimisation des ressources, c'est-à-dire de veiller à ce qu'un peu d'argent aille loin. Dans le secteur bénévole, si vous octroyez une petite somme pour un projet, vous vous apercevez rapidement que la personne a recruté 100 ou 120 bénévoles pour travailler à atteindre les buts et les objectifs du projet.

Avant que nous passions à autre chose, je voudrais seulement inscrire ce que nous faisons dans le contexte d'un document antérieur concernant la santé de la population, juste pour que vous sachiez à quel point nous sommes certains d'être sur la bonne voie. C'est un extrait du rapport du Forum national sur la santé intitulé La santé au Canada : un héritage à faire fructifier. Le texte a été publié en 1997.

Les communautés fortes et dynamiques se caractérisent par un leadership manifeste et se font tributaires des réseaux bien établis d'amis, de parents, de voisins et d'associations.

C'est là l'essence de la petite discussion que nous voulons avoir avec vous aujourd'hui. Le leadership est là et attend juste qu'on l'utilise de façon ciblée dans le secteur bénévole, mais certains éléments doivent être en place, et nous espérons que l'exemple des Collectivités dynamiques renforcera cette croyance.

Peggy Matchim, coordinatrice, Vibrant Communities, Conseil des services communautaires de Terre-Neuve-et- Labrador : Merci encore à tous de nous avoir invités aujourd'hui. C'est merveilleux de participer à cette discussion. Je crois savoir que vous avez entendu parler un peu des Collectivités dynamiques, alors je ne pense pas devoir vous exposer les rouages de l'initiative nationale des Collectivités dynamiques et tout ce qu'elle suppose.

La première fois que nous avons abordé cette chose qu'on appelle les Collectivités dynamiques, bon nombre d'entre nous travaillaient déjà au développement communautaire et à la réduction de la pauvreté depuis plusieurs années, et je crois que notre première question était de savoir si nous avions intérêt à nous lancer dans un autre projet. Cette initiative va-t-elle nous élever à un autre niveau, et nécessitera-t-elle une contribution supérieure à ce que les gens peuvent donner? Nous avons eu de nombreuses discussions sur la valeur ajoutée. Je crois que beaucoup d'entre nous y voyions une importante valeur ajoutée, surtout parce que les Collectivités dynamiques visent à favoriser la participation du secteur privé à titre de partenaire et à mobiliser les gens eux-mêmes qui vivent avec un faible revenu et dans la pauvreté, peu importe la définition, en plus de la collectivité et du gouvernement. Je crois que nous avions l'habitude de collaborer avec la collectivité et le gouvernement, mais pas tant dans un cadre où ces autres intervenants sont toujours là. Cette structure était très différente et a ouvert la voie à de nouveaux types de discussions et de travaux. Cette démarche intersectorielle entraîne une toute nouvelle dynamique.

L'autre chose qui est intéressante au sujet des Collectivités dynamiques, c'est que nous avions mis en œuvre le plan social stratégique dans la province, que certains d'entre vous connaissent peut-être. C'était une initiative gouvernementale qui visait à changer la façon dont le gouvernement fait les choses. Beaucoup des mesures du plan social stratégique étaient axées sur la collaboration du gouvernement avec la collectivité et d'autres partenaires. Ce plan a été en vigueur pendant environ cinq ans, puis on y a apporté des changements. Grâce à cette expérience de collaboration, à mon avis, le concept des Collectivités dynamiques ne nous était pas complètement nouveau. Nous avions travaillé avec des groupes communautaires et différents ministères, nous avons jeté un regard d'ensemble sur la situation et sur ce que nous pouvions faire pour améliorer notre région. Le concept des Collectivités dynamiques n'était pas nouveau ici, et les gens l'ont adopté sans réserve, surtout certains des partenaires qui étaient vraiment enthousiasmés par l'idée du plan social stratégique. Ils étaient ravis de ce concept, et leur enthousiasme était d'autant plus fort que le projet mobilisait le secteur privé et les gens qui peuvent parler de la réalité de la pauvreté.

Au chapitre de la pauvreté et de la réduction de la pauvreté, puisque nous travaillions au développement communautaire de la ville, nous savions qu'il existait une pauvreté considérable à St. John's, mais il existait à l'échelon provincial une perception selon laquelle la région était prospère. « Ne venez pas parler de la pauvreté à St. John's alors que nous avons tellement de problèmes à régler dans la province, dans les collectivités rurales et éloignées. » L'une des premières choses que nous avons fait — c'était en fait à l'époque précédant les Collectivités dynamiques —, c'était de suivre de très près nos comptes communautaires. Après quelques années, nous avons pu enrichir les comptes communautaires ce qui a mené à neighbourhoodaccounts.ca. Nous avions l'habitude d'afficher une seule statistique pour la ville de St. John's dans son ensemble. On pouvait dire, par exemple, que le revenu moyen d'une famille était de 33 000 $. Maintenant, pour St. John's, il y a 98 quartiers dont il est possible de visualiser les chiffres, dans la section des données par quartiers des comptes communautaires. Ces données brossent un portrait totalement différent de notre ville mettant en relief des disparités étonnantes : dans un quartier, le revenu moyen des familles est de 98 000 $, et dans un autre quartier, il est de 24 000 $.

Ces données probantes ont vraiment changé ce que nous pouvions faire, et elles nous ont permis une mobilisation qui va bien au-delà de toutes attentes. Une des choses que nous voulions faire était de communiquer ces renseignements aux gens qui vivent dans ces quartiers où la situation est difficile. Nous avions peur que cette information ne stigmatise les gens, et nous avons fait attention à la manière dont nous avons présenté ces données par quartiers. C'était fantastique, car les gens se sentaient habilités par ces données et pouvaient dire : « Vous voyez? C'est là, les chiffres sont là, et l'information est affichée sur un site gouvernemental. »

Il faut utiliser le revenu comme mesure, bien sûr, lorsque nous parlons de pauvreté et de réduction de la pauvreté, mais nous savons tous que la pauvreté englobe bien plus de choses que le revenu. Ce n'est vraiment qu'une seule mesure. À Collectivités dynamiques St. John's, nous avons exploré différents indicateurs pour repérer les quartiers dans notre ville qui doivent vraiment être pris en main. Nous regardons le revenu des familles et le taux d'emploi, et, dans certains des quartiers, on observe des taux de chômage qui oscillent entre 40 et 65 p. 100.

Comme la définition de l'emploi suppose au moins une semaine de travail dans une année, nous savons que, dans ces quartiers, il existe vraiment des points névralgiques où nous devons concentrer nos efforts. Une forte proportion de gens, de l'ordre de 51 p. 100, ou même jusqu'à 55 p. 100 dans certains quartiers, dépend du soutien du revenu. Dans certains de ces quartiers, beaucoup d'adultes n'ont pas leur diplôme d'études secondaires. La proportion peut s'élever jusqu'à 56 p. 100 dans certains quartiers. Il s'agit d'adultes âgés de 18 à 65 ans. Nous ne parlons même pas des gens âgés de plus de 65 ans.

Je crois que, si on regarde un groupe d'indicateurs comme ça, on commence vraiment à avoir une idée des quartiers qui sont aux prises avec de multiples problèmes. En ce qui a trait à la santé de la population, sur le plan géographique, nous pouvons vraiment voir où nous devons orienter certains de nos efforts. Je ne dis pas que la pauvreté accable seulement ces quartiers définis, mais il faut le voir de cette façon, si nous voulons adopter une démarche axée sur l'endroit et aider les gens où ils vivent. Nous avons maintenant accès aux données probantes, qui sont très précieuses.

À mesure que les politiques et les systèmes évoluent, le but à long terme de Collectivités dynamiques St. John's ne consiste pas simplement à rassembler les gens et à concevoir des projets ou des programmes novateurs juste pour la forme. Les représentants de l'initiative nationale des collectivités dynamiques ont peut-être déjà fait cette mise au point. Nous voulons faire du bon travail et nous voulons avoir un impact sur la vie des gens. Notre objectif est d'inviter le gouvernement et le secteur privé à être nos partenaires, pour qu'au bout du compte, ou à un certain moment, nous puissions commencer à influer sur la manière de faire les choses et de travailler ensemble; c'est vraiment notre but ultime.

Nous voulons accomplir plusieurs choses dans le cadre de Collectivités dynamiques, mais nous avons prévu six initiatives de départ, et l'une d'elles consiste à adopter une démarche complète de recherche communautaire, afin d'accroître le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires chez les jeunes. Nous concentrons nos efforts sur l'un des plus gros quartiers de la ville, également l'un des plus pauvres. Dans certains de ces quartiers, on affirme qu'on a vu seulement un ou deux diplômés au cours des 15 ou 20 dernières années. Nous sommes ravis que des membres du personnel de l'Université Memorial, du ministère de l'Éducation, de notre gouvernement provincial, des responsables de notre stratégie de réduction de la pauvreté et un certain nombre de groupes communautaires collaborent tous pour déterminer ce qu'il faut pour changer les choses. Nous voulons vraiment apprendre sur le tas et adopter une démarche de recherche active en travaillant en étroite collaboration avec le quartier et le centre communautaire qui s'y trouve.

Dans le cadre de l'une de nos réunions de planification, nous avons entendu des témoignages d'employeurs et, de chefs d'entreprises et de membres de la collectivité selon lesquels les employeurs ne pouvaient pas trouver de candidats pour combler les postes disponibles. Ils ont déclaré qu'ils ne pouvaient trouver personne et que, lorsqu'ils parvenaient à trouver quelqu'un, la personne ne demeurait pas en poste. Ils ont signalé que les gens n'étaient pas fiables. En même temps, de l'autre côté du débat se trouvaient les gens qui œuvrent dans ces quartiers. Ils disaient : « Non, attendez un instant, nous avons ces gens, il n'y a pas de pénurie. Qu'est-ce qui se passe? Il y a pourtant des postes de débutant qui offrent un salaire décent et de bons avantages sociaux, ce qui correspondrait parfaitement aux besoins. » Donc, mon rôle de coordinatrice de Collectivités dynamiques consistait à animer cette discussion pour qu'elle passe à l'étape suivante. C'est à ce moment que notre centre communautaire a formé un partenariat avec un employeur local important, Fortis Properties. Nous lui avons dit : « Écoutez, si vous garantissez 15 entrevues au bout de cinq semaines, nous trouverons les candidats, nous leur offrirons un petit programme et une courte formation en dynamique de la vie et en compétences essentielles, et nous leur offrirons un encadrement axé sur les entrevues et ce genre de choses. » À la fin de ce projet pilote, 9 des 14 personnes qui dépendaient du soutien du revenu ont décroché un emploi après cinq semaines. Je veux dire, nous étions absolument étonnés — les partenaires provinciaux et les représentants du ministère des Ressources humaines, du Droit du travail et de l'Emploi étaient absolument étonnés —, alors, il va sans dire que nous voulons continuer cette activité.

Chose assez intéressante, le ministre Skinner, à la tête de Ressources humaines, Droit du travail et Emploi, a récemment annoncé que de l'aide financière serait versées pour que les centres communautaires fassent connaître ce modèle à d'autres régions de la province où il y a une forte incidence de personnes qui habitent des logements sociaux. Ainsi, une première réunion a déjà donné naissance à une réussite, et je crois qu'il y a de nombreuses autres possibilités de collaborer dans le cadre d'initiatives qui ne coûtent presque rien et de réaliser des interventions rapides et abordables qui auront une incidence profonde sur certaines personnes.

Le dialogue multisectoriel aide à étudier les obstacles et à explorer les solutions stratégiques liées à la transition vers le marché du travail. Une des leçons que nous avons dégagées de ce projet pilote Makin' it Work et que nous avons apprises de nos autres programmes d'emploi, c'est qu'il existe toujours des barrières stratégiques. Certaines personnes ont participé au programme et n'ont pas intégré le marché du travail. Nous devons travailler sur certaines choses, et nous pouvons compter sur la participation fantastique des partenaires de plusieurs ministères à une série de tables rondes cette année. Idéalement, nous aimerions lancer des projets pilotes tout en continuant à lancer d'autres programmes Makin' it Work; nous examinons certaines idées à mesure que nous avançons.

Le projet Looking for Vibrant Neighborhoods s'attache à des quartiers à faible revenu dont la population, aux prises avec des difficultés, n'a pas de centre communautaire. Beaucoup d'entre eux n'ont pas accès à un centre communautaire doté d'un personnel et de programmes, et ces quartiers sont très isolés dans la ville. Leur population ne participe pas aux programmes de la régie de la santé de l'Est ni aux programmes offerts par toutes sortes de partenaires différents. Donc, notre travail consiste à rencontrer une à la fois les personnes, qui vivent dans ces quartiers, à prendre un café avec elles et à tenter d'établir des liens entre ces personnes et tous les merveilleux programmes et services qui sont en place dans notre ville, mais auxquels ces personnes n'accèdent tout simplement pas — elle ne tire pas profit de ces mesures. C'est l'objectif de cette initiative.

Le Citizen's Voice Network est une autre des réussites initiales de l'initiative des Collectivités dynamiques. Nous avons constaté que, au moment où nous avons commencé à parler des Collectivités dynamiques et de ce que nous voulions faire pour réduire la pauvreté, les gens qui n'assistaient pas à ces réunions étaient justement ceux qui vivaient dans la pauvreté. Tous les autres partenaires étaient présents, même le secteur privé, mais nous ne pouvions parler aux gens dont le témoignage était le plus important. Encore une fois, il a fallu retourner dans ces quartiers et tenir des dîners-pizza et des discussions, ce genre de choses, et pendant l'une de ces discussions, quelqu'un a dit : « Vous savez, c'est fantastique, j'ai l'impression de contribuer à quelque chose, mais cela ne devrait pas juste se produire une fois. Cela devrait continuer, il faudrait le faire régulièrement, car autrement, comment pourrons-nous savoir ce qu'il adviendra de nos actions? » Nous avons lancé le Citizen's Voice Network et maintenant, 35 personnes de partout dans la ville se réunissent régulièrement. C'est un forum qui leur permet de mettre en commun l'information, d'apprendre et d'influer collectivement sur l'élaboration des politiques et la prise de décisions. Nous avons organisé une réunion entre ces personnes et des représentants de notre régime d'assurances-médicament. Ils vont rencontrer dans quelques mois des représentants du ministère des Ressources humaines, Droit du travail et de l'Emploi, et ils pourront poser des questions au sujet du soutien du revenu, de la façon de le dispenser et de certaines des barrières liées à cette mesure. Ils ont dit qu'ils espèrent que ce forum sera positif et axé sur le travail en partenariat, plutôt qu'une séance qui se déroulerait dans un climat antagoniste ou conflictuel ou ce genre de chose. Ainsi, nos partenaires gouvernementaux, puisqu'ils participent déjà à l'initiative des Collectivités dynamiques, ont hâte de prendre part à l'événement.

Nous avons entendu parler, à plusieurs reprises, non pas de ce qu'est la pauvreté, mais de ce qui doit être fait pour que les gens accèdent à un nouveau degré de services de garde pour les enfants. Nous avons mis au point une équipe d'intervention qui est allée consulter les organismes déjà en place dans la ville et qui a accompli du travail à l'égard des services de garde. Ces gens ont été freinés dans leur élan au cours des dernières années. Ils avaient l'impression que beaucoup de leur travail effectué dans le cadre du programme universel de services de garde avait été relégué aux oubliettes. Nous nous sommes dits : « Qu'est-ce qui doit se produire? Comment nous y prendre pour raviver la flamme et travailler tout en poursuivant le dialogue? »

Nous avons un groupe de personnes composé, entre autres, de parents qui ont très hâte d'amener ce dialogue à l'avant-plan de nos préoccupations, comme il se doit, et de le rattacher au marché du travail et à la réduction de la pauvreté. Au bout du compte, il existe six initiatives de départ s'inscrivant dans les Collectivités dynamiques, alors nous tentons d'abattre les cloisons entre les efforts déployés pour combler les besoins des jeunes, ceux des parents, ceux du quartier et ceux des jeunes enfants dans une famille. Nous voulons vraiment commencer à tout intégrer, de façon à ce qu'un parent qui participe à un programme d'emploi puisse prendre part à un programme Makin' it Work et se faire entendre sur la question des services de garde. Nous voulons vraiment relier les six initiatives, partout où nous le pouvons.

Voilà donc un aperçu de ce qui se passe dans le cadre de Collectivités dynamiques. Tout cela est relativement nouveau, et nous venons tout juste de passer à l'étape de la mise en œuvre. Vous trouverez plus de détails dans notre mémoire.

Mme Scott : Nous avons déposé un mémoire à votre intention. Toutefois, nous tenons à souligner que, si l'on travaille de façon stratégique à l'élaboration des politiques, la collectivité est là et elle est en mesure de fournir son aide, et que si l'on parvient, par exemple, à établir un leadership ou à assurer une coordination, comme l'a fait Peggy pour les Collectivités dynamiques, on peut aller loin. Des centaines de personnes participent à l'initiative des Collectivités dynamiques. Elles ont l'impression de travailler, dans l'intérêt de la collectivité, à l'augmentation du revenu; et le revenu est un déterminant de la santé. Néanmoins, si le Conseil des services communautaires n'avait pas réussi à mettre en place un coordonnateur compétent, toutes les choses que vous a décrites Peggy, qui porteront beaucoup de fruits, n'auraient pas été possibles. En fait, on a probablement même mis une ou deux années pour mettre Peggy en poste. Il faut toujours lutter pour obtenir la capacité dans le secteur bénévole communautaire, mais il est formidable de constater ce qu'on peut créer de toutes pièces, et ce qu'on pourrait accomplir en partenariat avec le gouvernement si, par exemple, on disposait d'un plus grand financement de base, si on jouissait d'une plus grande stabilité à l'égard des projets et si on disposait de plus de ressources consacrées à la formation. Je suis émerveillée de constater l'ampleur des ressources qu'on peut mettre à contribution à l'échelon communautaire, mais nous avons besoin de ces soutiens.

Je ne veux pas conclure sur une note négative, mais il faut que ces choses soient en place. L'idée d'une stratégie fédérale de santé de la population est vraiment intéressante. C'est ce que nous faisons. Vous savez, différentes collectivités ont différents noms pour la désigner, mais nous voulons tous la même chose. Nos résultats voulus sont les mêmes, et je crois que l'essentiel, c'est d'exploiter cet élan et cette coordination pour vraiment aller de l'avant et faire en sorte que ça fonctionne.

Nous avons aussi entendu parler de la stratégie fédérale de réduction de la pauvreté. Encore une fois, il existe des liens évidents et clairs entre la santé et la pauvreté, et si tout le monde peut convenir de certains objectifs communs et tendre vers un même résultat, alors nous sommes partants.

Le président : Merci beaucoup à toutes les deux. Lorsque certains de ces problèmes seront enfin réglés, je suis convaincu que ce sera grâce à des personnes comme vous, à l'échelon communautaire.

Nous avons appris d'autres témoins que, parfois, les écoles pouvaient servir de centre communautaire, qu'il est possible d'accéder aux écoles et de les utiliser comme centre communautaire à certains endroits. Je signalerais toutefois qu'il y a d'autres endroits où cela est impossible.

Le sénateur Cook : Votre exposé était très édifiant.

Vous avez fait face à des réductions du financement gouvernemental. Votre financement provient-il du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial ou des deux? Je vois que les Collectivités dynamiques touchent un financement privé de la Banque royale du Canada et de la McConnell Family Foundation. Comment s'établit votre assise financière?

Mme Scott : Le Conseil des services communautaires fait office de cadre organisationnel; notre financement provient d'une diversité de sources. Nous présentons constamment des propositions aux gouvernements fédéral et provincial et aux administrations municipales. Nous tenons aussi des campagnes de financement, activité assez répandue dans le secteur communautaire sans but lucratif. En général, vous constaterez que très peu d'organismes sans but lucratif disposent d'une source unique de financement. Par exemple, dans le Canada atlantique, il existe des fondations qui offrent du financement. Si nous étions comme la Calgary Chamber of Volontary Organizations, nous profiterions peut-être d'un don annuel de 100 000 $ à 350 000 $ par année de la Muttart Foundation, mais les choses sont un peu différentes ici à St. John's.

Notre financement provient d'une combinaison de subventions fédérales, provinciales et municipales ainsi que de nos collectes de fonds. De plus en plus, les groupes sans but lucratif tentent de trouver de nouvelles sources de revenus en se transformant en entreprises sociales qui touchent des frais pour leurs services. Dans une certaine mesure, c'est ainsi que nous assurons notre financement, mais je vais laisser Peggy parler des détails du financement des Collectivités dynamiques.

Mme Matchim : Une autre chose qui nous a attiré chez l'initiative nationale des collectivités dynamiques était les soutiens financiers qui s'y rattachaient. De nombreuses personnes qui ont travaillé dans la collectivité ont participé à toute une gamme d'initiatives et d'efforts où nous tentons de collaborer, mais aucune mesure de soutien du personnel n'était en place pour maintenir cette collaboration. Vous savez comment cela fonctionne : une seule personne est chargée de veiller à ce que le groupe se rencontre le mois prochain, mais cette personne doit soumettre une proposition avant telle date, ou je ne sais quoi. Alors, ce qui était très intéressant de l'initiative nationale des collectivités dynamiques, c'est qu'elle verse des fonds de contrepartie en fonction de ce que nous pouvons amasser à l'échelon local au début. Ensuite, il y a une réduction du ratio, vous savez, à deux pour un, et ce genre de chose, et l'idée, c'est que, au bout du compte, nous devenions viables.

Actuellement, nos sources de financement proviennent de la Ville de St. John's, de notre gouvernement provincial et de certaines fondations, et nous sommes également très fiers de pouvoir compter sur deux sociétés partenaires. Comme vous pouvez l'imaginer, c'est tout un défi que de convaincre certains de nos partenaires du milieu affaires de soutenir ce genre de chose, car tout ce que nous avons fait pendant un an, c'est planifier des mesures de réduction de la pauvreté. La mobilisation de ces joueurs a été très difficile, mais, grâce à certaines des réussites passées, surtout dans le cadre de l'initiative Makin' it Work, ils sont très enthousiastes et ils commencent à voir le potentiel du programme. Je leur ai dit — et ce ne sont que des paroles en l'air, je vous assure — que nous ne voulions pas seulement leur argent. Nous ne voulons pas seulement un chèque de 50 000 $. Ce que nous voulons, c'est que l'un de leurs vice-présidents participe aux réunions de notre équipe de leadership qui discute des façons de réduire la pauvreté. Ce que nous voulons, c'est que leur personnel participe au programme de mentorat à l'école d'un quartier. Ce que nous voulons, c'est qu'ils participent à la vie dynamiques des quartiers, qu'ils soient vraiment emballés à l'idée d'adopter un quartier, puis ensuite, de lancer un défi à d'autres entreprises. Je veux dire, ce qu'ils font au bout du compte est important. C'est cela qui va changer les choses, mais le fait qu'ils soient intéressés et qu'ils participent au dialogue, c'est ce qui est vraiment fantastique. Vous savez, l'idée n'est pas de suivre le modèle de la bienfaisance. C'est la façon dont ont toujours contribué les entreprises de cette ville, je dirais. Vous savez, elles contribuent à des collectes de fonds et elles remplissent des paniers de Noël, mais nous leur avons dit : « Ce n'est pas là le but de notre organisme. » Nous avons besoin de votre tête et de votre cœur — mais aussi du chèque.

Le sénateur Cook : Y a-t-il un lien avec la stratégie de réduction de la pauvreté du gouvernement?

Mme Scott : Les responsables de cette stratégie ont offert du soutien à l'initiative des Collectivités dynamiques, et l'un d'eux siège même au conseil des Collectivités dynamiques. Je ne sais pas combien de temps cela va durer, parce que les Collectivités dynamiques relèvent de St. John's, mais je crois qu'ils voient bien — et nous en avons déjà eu la preuve — que ce que nous faisons sert de modèle. Je crois qu'il y a déjà des répercussions dans d'autres parties de la province. On présente le modèle Makin' it Work à quatre autres organismes de Terre-Neuve-et-Labrador. Je crois qu'ils voient bien cela. Ils voient le potentiel. Il s'agit d'un modèle. Je dois dire que, à mon avis, ils ont joué un rôle crucial dans l'obtention d'une aide financière du gouvernement provincial, du fait que nos activités étaient compatibles avec les leurs. Ils voient la valeur de ce que nous faisons et ils comprennent que nous pouvons optimiser certains des travaux qu'ils tentent d'accomplir, vous savez, à l'interne. Nous avons donc, noué des liens étroits avec eux tout au long de leur cheminement.

Le sénateur Cook : Je connais un organisme tel que le vôtre grâce à mon expérience auprès de Stella Burry. Vous devez mobiliser une personne qui consacre ses énergies à la recherche de financement et des occasions qui s'offrent, ce qui peut vraiment être un fardeau pour un organisme comme le vôtre.

Mme Matchim : Certainement. J'ai peine à croire que je suis toujours aussi enthousiaste après tant d'années. Les responsables de Collectivités dynamiques recrutent ces personnes comme partenaires. Ce n'est pas comme si nous étions ici, en train de faire quelque chose, et qu'ensuite, nous allions frapper à la porte du gouvernement, puis des entreprises. Ils se trouvent déjà à nos côtés. Donc, à tout moment, si le groupe manifeste le désir de faire quelque chose, eh bien, on peut demander tout de suite ce que chacun peut offrir comme contribution. Nous partageons les ressources, mais aussi la réussite. En fait, cette façon de collaborer est si novatrice, que nous avons du personnel affecté à l'une ou l'autre de ces six initiatives. Chaque initiative relève d'un organisme différent, vous voyez? Je veux dire qu'il existe un organisme directeur avec lequel vous serez logiquement associé si vous êtes affecté au projet de l'école secondaire du quartier de Rabbittown. Les gens ont beaucoup de difficultés à saisir le concept des Collectivités dynamiques à St. John's — oui, il y a des employés un peu partout, mais ils ne relèvent pas d'un seul et même organisme. C'est vraiment une démarche de collaboration. Nous savons que nous devons travailler de cette façon. Je crois que Darlene l'a dit avant que nous arrivions ici : le moment est opportun. Nous savons que nous manquons de ressources. Nous savons ce que nous voulons accomplir, et il faut trouver de nouvelles façons de faire. Cela suppose de miser sur le financement de différents partenaires, mais aussi d'utiliser les ressources de façon judicieuse.

Le sénateur Cook : C'est un bon message, oui.

[Français]

Le sénateur Pépin : Vous avez parlé du développement de la petite enfance et des services de garde et on sait tous que c'est une des priorités les plus importantes. Vous avez aussi dit que « le dialogue est discontinué au sujet des garderies ». Qu'est-il arrivé? J'avais l'impression que vous aviez commencé un réseau. Les fonds ont manqué, mais est-ce le leadership qui a fait défaut? Que s'est-il passé pour que le dialogue cesse? À quel stade êtes-vous rendus maintenant? Est-ce que vous êtes encore au stade de créer des liens? Vous aviez ces liens avant que tout commence, parce que cela a fonctionné un moment donné. Qu'est-il arrivé?

[Traduction]

Mme Matchim : Je ne pense pas que cette question ait déjà été complètement réglée, je ne pense pas que nous ayons déjà eu des solutions. Lorsque nous avons rassemblé les intervenants des services de garde, des représentants de la Ville de St. John's, de la régie régionale de la santé et de certains centres de ressources familiales ainsi que des parents, nous avons constaté qu'il y avait beaucoup d'énergie et d'enthousiasme dans le cadre de l'élaboration d'un plan pour le service universel de garde. Ensuite, lorsque les choses ne se sont pas déroulées comme ces gens l'avaient espéré et attendu, ils ont dit qu'on avait freiné leur élan et, depuis, ils ne font plus beaucoup d'activités militantes. Ils ont tous déclaré que les listes d'attente pour les services de garde subventionnés sont ridicules. Ensuite, ils ont déclaré que, en plus de leurs propres listes d'attente, ils ne savent même pas quel genre de besoins existent dans la Ville de St. John's. Je crois qu'on accomplit du travail dans les collectivités rurales pour aider, mais nous n'en sommes pas arrivés là pour la Ville de St. John's; c'est-à-dire que nous n'avons pas examiné ces quartiers de personnes à faible revenu et ce qui leur est offert au chapitre des services de garde. Je ne fais que coordonner le groupe. Je ne suis certainement pas une experte sur les questions liées aux services de garderie. Une des choses auxquelles ils tenaient vraiment était de mener des recherches afin de comprendre les besoins, surtout ceux des parents à faible revenu. Ces gens sur les listes d'attente ne luttent même pas pour leur propre cause, et ils ne savent même pas comment s'y prendre pour s'inscrire sur une liste d'attente.

[Français]

Le sénateur Pépin : Même s'ils sont sur la liste d'attente, il faut que les services de garde fonctionnent. J'ai l'impression qu'actuellement vous êtes encore à l'étape d'étude. Combien de temps prévoyez-vous avant que la réalisation des services de garde s'établisse? Est-ce un manque de fonds du provincial ou du fédéral? C'est tellement important pour les familles à faible revenu, c'est quelque chose de merveilleux pour les tout-petits.

[Traduction]

Mme Matchim : Je devrais préciser que nous sommes un groupe communautaire qui milite pour l'amélioration des services de garde. Nous avons réuni certains des fournisseurs de services de garde pour entendre leur témoignage de vive voix, mais voici ce que nous faisons valoir : les gens ne peuvent pas participer aux autres initiatives s'ils n'ont pas accès à des services de garde. Nous sommes un groupe communautaire qui milite pour cette cause.

[Français]

Le sénateur Pépin : Tenez-vous des réunions? Avez-vous des groupes communautaires, des représentants des municipalités et du gouvernement lors de ces réunions? Faites-vous partie du groupe qui met de l'avant votre dossier?

[Traduction]

Mme Matchim : Le groupe des Collectivités dynamiques?

Le sénateur Pépin : Oui.

Mme Matchim : Oui.

[Français]

Le sénateur Pépin : Vous avez dit que vous vous occupez des gens jusqu'à 65 ans. Où se retrouvent les personnes de 65 ans et plus? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui s'occupe d'eux ou bien ils ne font pas partie du groupe?

[Traduction]

Mme Matchim : Non, je crois qu'il y a confusion. Je faisais seulement allusion à une statistique qui montre que, dans certains de nos quartiers où le revenu moyen est faible, les gens âgés de 18 à 65 ans, parfois dans une proportion qui va jusqu'à 55 p. 100, n'ont pas leur diplôme d'études secondaires.

Le sénateur Cochrane : Merci d'être venue. Je suis très impressionnée par ce que vous faites. C'est merveilleux d'entendre toutes ces bonnes choses. Connaissez-vous la stratégie des comptes communautaires? Comment l'utilisez- vous? Avez-vous accès à ce réseau?

Mme Matchim : Toutes les statistiques que j'ai évoquées, les nouvelles données par quartiers que nous possédons, sont à notre disposition grâce aux comptes communautaires. En fait, nous avons travaillé avec les responsables pendant quelques années pour que les données puissent être recueillies par quartiers. Cela a vraiment permis de comprendre la nature des collectivités dynamiques de St. John's. Si ce n'était pas de ces données, je crois que nous ne saurions pas dans quelle direction déployer nos efforts.

Le sénateur Cochrane : Le fait d'avoir mobilisé les gens du milieu d'affaires est une excellente chose. Nous avons entendu beaucoup de représentants d'organismes canadiens. Lorsque les entreprises participent à la résolution de problèmes et s'attachent aux gens aux prises avec des problèmes et des difficultés, ce elles eux qui trouvent les solutions. Il y a beaucoup de gens intelligents. Ils en ont accompli tellement, et ils sont prêts à offrir une contribution. Plus vous réussissez à mobiliser de gens du milieu des affaires, mieux vous vous en porterez, et vous dites que vous en avez seulement deux à votre conseil?

Mme Matchim : Oui.

Le sénateur Cochrane : J'espère que vous tentez d'en mobiliser d'autres.

Mme Matchim : Certainement.

Le sénateur Cochrane : Oui, allez-y fort.

Mme Matchim : C'est ce que nous ferons.

Le rôle de notre société commanditaire principale, qui vient de se joindre à nous, est de stimuler la participation d'autres entreprises. Nous avons fait face à un défi de taille lorsque nous avons invité les gens d'affaires à participer aux discussions au sujet de la réduction de la pauvreté. Cela a été très difficile.

Le sénateur Cochrane : Vous en avez deux, et vous irez plus loin à partir de là.

Mme Matchim : Certainement.

Le sénateur Cochrane : Dans le cadre du programme Makin' it Work, neuf personnes sur quatorze ont décroché un emploi. Ont-ils conservé leur poste?

Mme Matchim : Sur les neuf, je crois que deux ou trois personnes ont quitté leur emploi depuis. L'une d'entre elles, je sais, a démissionné parce qu'elle ne pouvait pas trouver de garderie pendant les soirées et les fins de semaine; avec son salaire de 12 $ l'heure, elle ne pouvait tout simplement pas joindre les deux bouts. C'est pourquoi nous voulons tenir les discussions stratégiques de concert avec les responsables de Makin' it Work parce que tout le monde parle du succès de ce programme. Toutefois, nous devons nous demander pourquoi certaines de ces personnes ont quitté leur emploi, et pourquoi certaines personnes n'ont pas accepté les postes. C'est cela qui est vraiment passionnant au sujet de cette initiative, et c'est cela que nous voulons continuer de faire.

Le reste d'entre elles travaillent, et plusieurs sont passées à des postes permanents à temps plein assortis d'avantages sociaux. J'en ai croisé une au Wal-Mart l'autre jour, et elle a dit : « Je suis en vacances, des vacances payées, j'ai des avantages sociaux. » Je veux dire, c'est une personne qui a bénéficié du soutien du revenu pendant plusieurs années.

Le sénateur Cochrane : Je crois que c'est fantastique.

Mme Matchim : Ça l'est.

Le sénateur Cochrane : Ma chère, c'est merveilleux. Vous devez continuer votre bon travail.

[Français]

Le sénateur Pépin : Mme Scott nous a dit qu'il y avait une réduction du financement du gouvernement. On mentionne dans le document une réduction de 66 p.100. Toutefois, suite aux témoignages qu'on a entendus aujourd'hui, j'avais l'impression qu'il y avait un appui important du gouvernement. Une réduction de 66p. 100 c'est énorme! Est-ce une réduction étalée sur plusieurs années?

[Traduction]

Mme Scott : Je me suis fondée sur les statistiques du rapport NSBO de l'Atlantique de 2003. Je pourrais certainement vous envoyer le lien Internet pour que vous puissiez y jeter un coup d'œil. Une proportion de 66 p. 100 des organisations bénévoles ont indiqué que c'était un problème avec lequel ils se débattaient depuis un moment, ce qui a nui à leur capacité d'accomplir leur mission et leurs objectifs. Près de 70 p. 100 des groupes ont signalé que, à un certain point, oui, ils avaient été soumis à une réduction. C'est une situation classique et chronique dans le secteur bénévole. Ce qui arrive souvent, c'est qu'on obtient un financement pour six mois, et on tente de le faire durer pendant 12 mois. C'est un projet novateur, puis c'est fini, on lui a coupé les ailes, et il ne peut plus continuer.

Le sénateur Pépin : Je sais.

Mme Scott : Tout le monde a le même problème, un parmi bien d'autres.

Le président : Merci beaucoup à toutes les deux. C'était vraiment instructif. Je ne sais pas d'où vous tirez votre énergie, mais vous êtes certainement enthousiastes, et je vous souhaite la meilleure des chances.

Mme Scott : Merci beaucoup. Nous sommes très intéressées par les travaux du comité qui se penche sur la question de la stratégie fédérale de lutte contre la pauvreté. Il y a beaucoup d'excellent travail qui s'est fait dans les collectivités dans le cadre de stratégies de réduction de la pauvreté. Bien sûr, vous savez tout sur la stratégie de Terre-Neuve, ou j'imagine que vous entendrez encore d'autres témoignages à ce sujet, mais c'est le genre de choses dont parlent les gens du secteur bénévole communautaire depuis bien des années, et ils veulent continuer à participer, vous savez, en collaboration. Nous vous sommes très reconnaissantes de votre invitation aujourd'hui.

Le président : Nous pensions que nous devions aborder ces deux sujets en même temps. Le sénateur Eggleton préside le sous-comité en question, et je suis le vice-président; ainsi, nous nous assurons du chevauchement nécessaire, espérons-nous, afin de jeter les fondements dont on a besoin pour changer les choses.

La séance est levée.


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