Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 8 - Témoignages du 1er octobre 2009
OTTAWA, le jeudi 1er octobre 2009
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 8 h 5 pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.
L'honorable Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
[Traduction]
Au nom du comité, je souhaite la bienvenue à nos témoins à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
Je suis le sénateur Mockler du Nouveau-Brunswick. Je suis le président du comité.
Je demanderais aux membres du comité de se présenter.
Le sénateur Mahovlich : Je suis le sénateur Mahovlich de l'Ontario.
Le sénateur Hubley : Je suis le sénateur Hubley de l'Île-du-Prince-Édouard.
Le sénateur Eaton : Je suis le sénateur Eaton de l'Ontario.
Le sénateur Plett : Je suis le sénateur Plett du Manitoba.
Le sénateur Rivard : Je suis le sénateur Rivard de Québec.
Le président : J'aimerais informer les témoins que notre comité poursuit son étude sur l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada. Depuis le début de son étude, le comité entend des témoignages sur les difficultés actuelles et passées de l'industrie. Aujourd'hui, tout comme au cours de séances futures, nous allons nous pencher sur l'avenir du secteur forestier. Nous allons nous concentrer sur les défis, les innovations et les perspectives du secteur. Comme je vous l'ai dit en privé, nous avons des défis à relever en ce qui concerne les gouvernements et les intervenants. Il ne fait aucun doute pour nous qu'il est possible d'améliorer ce secteur. Je profite de l'occasion pour remercier les témoins des deux groupes qui comparaissent ce matin.
Nous accueillons, du Réseau canadien d'innovation dans la biomasse, Marie Preville, directrice générale intérimaire du Bureau de recherche et de développement énergétiques (BRDE), Hamid Mohamed, directeur adjoint de programmes du BRDE, et Jeff Karau, agent de projets du Service canadien des forêts.
[Français]
Le deuxième groupe est le Centre de recherche en pâtes et papiers de l'Université du Québec à Trois-Rivières, représenté par M. François Brouillette, professeur agrégé, chaire de recherche industrielle CIBA sur les produits chimiques papetiers, ainsi que M. Daniel Montplaisir, professeur agrégé, chaire de recherche industrielle KRUGER sur les technologies vertes.
[Traduction]
Merci d'être venus ce matin. Après vos exposés, les membres du comité vous poseront des questions qui sont pour vous l'occasion de nous fournir d'autres informations.
Mary Preville, directrice générale intérimaire, Bureau de recherche et de développement énergétiques, Réseau canadien d'innovation dans la biomasse : Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour m'adresser à vous au nom du Réseau canadien d'innovation dans la biomasse. Ressources naturelles Canada gère le réseau. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à toutes vos questions. Nous avons un exposé qui, je crois, a été distribué dans les deux langues officielles.
Nous utilisons le sigle RCIB pour désigner ce réseau de chercheurs fédéraux, de gestionnaires de programmes, d'analystes de politiques et de conseillers experts. Le RCIB travaille avec des partenaires de l'industrie, des universités et des provinces. Il a établi des liens avec la collectivité internationale et s'intéresse beaucoup à la bioéconomie en accordant une importance particulière à la bioénergie.
Le réseau a été créé il y a environ cinq ans. Il est appuyé par un comité exécutif interministériel fédéral et un comité consultatif externe. Le président de ce comité consultatif est M. Ron Kehrig, d'Entreprise Saskatchewan. Ses membres représentent les provinces ainsi que des universités et l'industrie de toutes les régions du pays.
Il comprend également un comité du portefeuille en recherche-développement qui gère les programmes en R-D bioénergétiques de Ressources naturelles Canada qui sont exécutés par tous ceux qui ont un rôle en matière de bioénergie au gouvernement fédéral.
À la page 3 de mon exposé, vous trouverez la liste des ministères et organismes fédéraux qui participent au RCIB. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le CRSNG, relie les universités. Il relève de RNCan, qui comprend le Service canadien des forêts, les laboratoires de Ressources naturelles Canada dans le secteur de l'innovation et de la technologie énergétique, l'Office de l'efficacité énergétique et notre Bureau de la recherche et du développement énergétiques. Le Conseil national de recherches a également un vaste programme de bioéconomie. Il y a également l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Industrie Canada, Santé Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada ainsi qu'Environnement Canada. Voilà pour la composante fédérale du réseau.
[Français]
À la page 4, nous parlons des stratégies du réseautage du Réseau canadien d'innovation dans la biomasse. Le RCBI est un lien avec les programmes fédéraux et provinciaux appropriés, les universités et l'industrie. Il établit des partenariats pour cofinancer de plus gros projets de recherche et de développement et pour promouvoir un transfert plus efficace le long de la chaîne de l'innovation. Il travaille avec les responsables de la réglementation pour faire face aux lacunes et obstacles en matière de connaissance technique. Cela touche surtout le développement des codes et standards pour les nouvelles technologies.
Le réseau bâtit une coopération internationale surtout avec les organisations internationales, l'agence internationale de l'énergie, l'OCDE, l'APEC, le partenariat mondial sur l'énergie menée par l'Italie et qui a été le produit d'une rencontre du G8 il y a quelques années. Il y a aussi de plus en plus de groupes de travail nord-américains sur l'énergie. Le Canada, les États-Unis et le Mexique travaillent ensemble. On a également le dialogue Canada-États-Unis sur l'énergie; les leaders des deux pays ont annoncé le Plan d'action pour le dialogue récemment.
[Traduction]
À la page suivante se trouve le tableau impressionnant de l'univers du RCIB. Il montre le réseau de liens que le RCIB a établi avec des organismes provinciaux, les provinces elles-mêmes, des organismes internationaux et d'autres organismes nationaux. Il a également noué des liens avec d'autres programmes gouvernementaux afin d'assurer l'efficacité de nos projets de recherche. Il veille tout particulièrement à éviter les chevauchements et à créer des synergies lorsque c'est possible.
L'an dernier, le RCIB a organisé une réunion nationale de réseautage à laquelle ont participé des représentants fédéraux et provinciaux, ainsi que des universitaires, pour aider à déterminer les mesures futures en matière de recherche — développement et pour trouver des moyens de mieux collaborer.
À la page suivante se trouve de l'information sur la coopération internationale. J'ai déjà mentionné quelques-uns des organismes multilatéraux. Les deux premiers sont l'APEC et le Partenariat mondial sur la bioénergie, qui est dirigé par l'Italie. L'Agence internationale de l'énergie a un certain nombre d'accords de mise en œuvre dans le cadre desquels des pays se réunissent pour mettre en commun leurs ressources — soit financières, humaines ou des résultats — afin de tirer parti des efforts déployés. Certains concernent directement la recherche — développement en bioénergie, comme l'accord d'application de la bioénergie. Les autres qui sont mentionnés comportent tous un élément de bioénergie. Par exemple, l'accord de mise en place de carburants de remplacement pour les moteurs s'intéresse aux biocarburants. Technologies et systèmes énergétiques pour l'industrie a un volet sur les bioraffineries et la recherche-développement. Le groupe d'experts sur la technologie scientifique et énergétique s'intéresse à un grand nombre de questions scientifiques fondamentales liées à l'énergie.
Nous avons également donné la liste des relations bilatérales où la bioénergie fait l'objet de discussions. Il y a le Chili, l'Union européenne, le Brésil et l'Inde. Les premières activités bilatérales sont généralement des ateliers conjoints.
Je vous ai parlé de l'étendue et de la portée du réseau. Les quatre domaines de la R-D énergétique du RCIB sont des matières premières, c'est-à-dire que les produits de culture et de résidu agricoles sont disponibles. Il ne s'agit pas de cultures vivrières, mais bien de déchets et de résidus, ce qu'on laisserait pourrir. Il y a la fibre ligneuse, y compris dans une large mesure, des déchets et les résidus, le fumier de bétail et les déchets solides municipaux. Voilà en gros la biomasse qui peut être transformée en énergie. Pour ce faire, on utilise un certain nombre de technologies. Il y a la combustion, que tout le monde connaît — le fait de brûler du bois ou d'autres matières.
Il y a une nouvelle technologie que l'on appelle la gazéification, qui permet de produire de l'essence synthétique en vue de générer de l'électricité; il y a la pyrolyse, qui extrait l'huile des biofibres et des résidus pour produire de la chaleur et de l'énergie, de l'électricité et d'autres combustibles. La fermentation et la digestion produisent des gaz que l'on convertit en énergie.
La biomasse est utilisée pour obtenir de nombreux produits comme de l'énergie, des produits chimiques et des biomatières. Nous appelons ces processus des procédés biocomplexes et des bioraffineries. La recherche- développement concerne également la durabilité et les outils de mesure de la performance dans le but de prendre en compte l'analyse du cycle de vie de toutes ces technologies de l'avenir et ce, en vue d'adopter les politiques appropriées.
À la page 9, on présente des exemples de succès récents en recherche-développement; je ne vais pas tous vous les expliquer. Ils sont le résultat du volet sur les matières premières, des différents systèmes de récolte des collectes, des diverses technologies de conversion en énergie, y compris des critères environnementaux qui ont été établis pour les biocombustibles, c'est-à-dire le meilleur endroit pour construire des usines de biocombustible.
À la page 10 se trouve une liste partielle de nos partenaires en recherche-développement dans nos quatre secteurs de recherche. Il y en a plusieurs dans le domaine des matières premières, les gouvernements provinciaux et fédéral, les universités, les industries — de nombreux organismes différents, y compris des propriétaires fonciers. Dans le domaine de la transformation et de la séparation, on retrouve des organismes semblables, y compris Technologie du développement durable du Canada, qui a un important programme de bioénergie.
Parmi les organismes qui s'intéressent aux bioraffineries, notons : le CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le programme PARI d'Industrie Canada, le Centre québécois de valorisation des biotechnologies, BIOTECanada et le Conseil des ministres de l'énergie, un groupe de ministres de l'énergie des gouvernements fédéral et provinciaux qui s'intéresse en particulier aux biocombustibles.
À la dernière page, je mentionne certains des outils de communication du RCIB. Nous avons un site Web public. Nous avons également un site Web privé que nous utilisons pour distribuer des données plus particulières ainsi que des rapports. Nous demandons simplement aux gens de s'inscrire, et nous sommes heureux de leur donner accès à cette information. Nous y mettons de l'information sur les projets, notamment sur les projets de recherche et développement, et nous avons également un dépliant à l'intention du grand public.
[Français]
Daniel Montplaisir, professeur agrégé, chaire de recherche industrielle KRUGER sur les technologies vertes, Centre de recherche en pâtes et papiers, Université du Québec à Trois-Rivières : Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné la chance de m'adresser au comité. Je m'appelle Daniel Montplaisir, je suis professeur agrégé à l'UQTR, je suis titulaire de la chaire de recherche industrielle Kruger sur les technologies vertes et membre du Centre intégré en pâtes et papiers.
Pour vous parler très brièvement de mon expérience, il y a seulement un an que je suis au Centre intégré en pâtes et papiers. J'ai une expérience en milieu industriel d'environ 18 ans, dont une grande partie chez Kruger, producteur de pâtes et papiers. Mes champs d'expertise sont principalement dans le domaine des pâtes et papiers, c'est donc ce sur quoi je vais vous entretenir aujourd'hui.
Concernant le Centre intégré en pâtes et papiers, il est situé sur le Campus de l'Université de Trois-Rivières. Nous avons des équipements et des ressources. Le Centre intégré, c'est le regroupement de plusieurs organismes de niveaux formation et recherche collégiale, ce qui en fait un centre spécialisé en pâtes et papiers. Ce centre spécialisé est davantage axé vers le transfert technologique, la recherche appliquée et le support à l'industrie. M. Brouillette et moi faisons partie du Centre de recherche en pâtes et papiers de l'Université de Trois-Rivières. Il est dédié principalement à de la recherche universitaire et la formation d'étudiants au niveau maîtrise et doctorat.
Présentement, au Centre intégré en pâtes et papiers, nous faisons de la recherche que l'on appelle « traditionnelle », donc procédés de pâtes et papiers, procédés de mise en pâte, et cetera; nous avons développé un secteur innovation plus axé sur le bioraffinage, développement de bio et nanotechnologies ainsi que l'utilisation de nouvelles sources de fibre. C'est principalement dans cette section que se situe ma chaire de recherche sur les technologies vertes.
Pour revenir à cette chaire, elle est principalement dédiée à la bioraffinerie forestière et un effort intensif est fait pour développer des technologies vertes, c'est-à-dire des technologies ayant un faible impact sur l'environnement afin d'effectuer le bioraffinage.
On entend par « bioraffinage », la dégradation du matériel, le bois, le matériel lignocellulosique pour en faire des produits chimiques, un peu comme ce dont madame nous a parlé précédemment dans sa présentation.
Je suis un ardent défenseur du bioraffinage forestier. Je crois que devant l'importance de la crise actuelle dans le secteur des pâtes et papiers, il est impératif de développer de nouveaux marchés.
Pour vous donner un exemple de la situation, de 2000 à 2009, le marché du papier journal a décliné de 42 p. 100 en Amérique du Nord, ce qui est sans précédent dans l'histoire. Et on a peu d'espoir de voir cette consommation augmenter un jour; au contraire, il devrait continuer à diminuer. Il en est de même, dans des proportions moins élevées, pour les autres grades de papier : tous les papiers destinés à l'impression et à ce que j'appelle les médias de consommation rapide, soit les journaux et revues. On peut parler des encarts publicitaires aussi. D'où le besoin de développer de nouveaux produits.
L'avantage de l'industrie papetière est de posséder toute l'infrastructure nécessaire pour récolter le bois en forêt et l'apporter en milieu urbain. Nous avons l'infrastructure, l'énergie, les travailleurs, l'organisation, c'est donc un avantage important pour y intégrer des bioraffineries forestières à leurs opérations. Par contre, les défis sont très grands.
Lorsqu'on parle de bioraffinage en général, les matières dites de première génération — soit la canne à sucre, l'amidon provenant du maïs et l'huile végétale également — sont des matières dont les technologies sont maintenant relativement bien connues comparativement à la bioraffinerie forestière; ce sont des matières qui se transforment plus aisément que le bois.
Au niveau du bois et de la matière forestière, nous avons de grands défis technologiques à relever au niveau de l'hydrolyse et de la transformation pour en faire des produits chimiques et des bioproduits, mais l'avantage du bois réside dans le fait... Dans les médias, l'an dernier, vous vous rappelez probablement la polémique sur ce que l'on a appelé aux États-Unis le « Food -vs- Fuel ». Il y avait ce problème d'attribution de ressources servant à l'alimentation détournée vers la fabrication de produits chimiques et d'énergie. Différents pays, dont l'Asie, ont mis de la pression sur le prix du riz, par exemple, ou le prix du maïs au Mexique. Donc, l'avantage de l'utilisation de la matière forestière réside dans le fait qu'elle viendrait détacher de la chaîne alimentaire la bioraffinerie.
Pour toutes ces raisons, je crois que le bioraffinage demeure une solution de choix.
Pour revenir à notre recherche en milieu universitaire, au niveau des sources de financement, elle est principalement financée par le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada. Notre recherche bénéficie occasionnellement de fonds privés. C'est le cas de ma chaire de recherche ainsi que celle de M. Brouillette. Nous avons cette chance, mais nous faisons plutôt figure d'exceptions dans notre milieu.
Pour ce qui est du Centre de recherche en pâtes et papiers, les programmes sont excellents, ils soutiennent très bien la recherche universitaire. Le problème actuel serait le manque de financement pour des projets à court terme sur la recherche appliquée. Devant l'ampleur de la crise forestière, on devrait faire place à une recherche moins fondamentale, plus appliquée, qui pourrait apporter des transferts technologiques rapides à l'industrie pour prévenir les dommages tels les fermetures d'usine et même l'écroulement de l'infrastructure.
François Brouillette, professeur agrégé, chaire de recherche industrielle CIBA sur les produits chimiques papetiers, Centre de recherche en pâtes et papiers, Université du Québec à Trois-Rivières : Monsieur le président, je vous remercie de l'occasion que vous me donnez pour vous parler de la chaire de recherche. Je viens de l'Université du Québec à Trois-Rivières, du CRTP, la partie universitaire du Centre intégré sur la recherche en pâtes et papiers.
En tant que titulaire de la chaire, ma formation repose sur l'étude de la chimie et des sciences de l'environnement. J'ai une expérience de travail dans le domaine du partenariat public et privé au ministère de l'Environnement du Québec et au sein de LPM Technologies, qui était une PME dans le domaine des produits chimiques spécialisés pour les pâtes et papiers. J'ai également une expérience chez CIBA, une multinationale qui œuvre dans le domaine des produits chimiques pour les pâtes et papiers. Depuis 2005, je suis à l'Université du Québec à Trois-Rivières en tant que titulaire de la chaire de recherche CIBA.
La chaire fut créée en 2005, un partenariat entre l'Université de Trois-Rivières et l'industrie (CIBA). Nous sommes situés sur le campus, dans les installations du centre intégré en pâtes et papiers. La ville de Trois-Rivières constitue un secteur majeur de recherche sur les pâtes et papiers. Nous tentons de développer de nouvelles voies de recherche autour des pâtes et papiers tout en restant près de nos compétences de base.
Une chaire de recherche comporte habituellement peu de membres. À l'heure actuelle, elle se compose d'étudiants au niveau de la maîtrise et du doctorat, de trois stagiaires postdoctoraux, d'un professionnel de recherche et d'une assistante technique. Nous recevons également beaucoup de stagiaires de premier cycle, d'ici et de l'étranger, attirés par la réputation internationale de la recherche sur les pâtes et papiers qui se fait à Trois-Rivières.
Qu'est-ce qui a amené à la création de la chaire? En 2005, la recherche et le développement dans le domaine des pâtes et papiers, à Trois-Rivières, se déplaçaient de plus en plus des producteurs vers les fournisseurs de l'industrie. Beaucoup de compagnies papetières avaient donc dû fermer leur centre de recherche. On se fiait aux fournisseurs pour développer les nouvelles technologies. CIBA étant à cette époque un fournisseur de pâtes et papiers, il semblait logique de financer une chaire pour procéder à la recherche, d'autant plus qu'il s'agissait d'un milieu universitaire, indépendant de la compagnie.
Le fait que le Canada soit un marché important pour les fournisseurs de produits chimiques spécialisés pour les pâtes et papiers et que les partenariats entre universités et industries sont bénéfiques aux deux parties a attiré des ressources humaines et des équipements uniques au CIPP.
Lorsqu'on a créé la chaire, l'objectif essentiel à l'époque était de travailler au développement de papiers à valeur ajoutée qui venaient remplacer le papier journal. La façon d'y parvenir était de procéder sans faire de modifications majeures aux procédés des usines qui fabriquaient déjà majoritairement du papier journal. Il s'agissait d'utiliser des additifs chimiques pour permettre de fabriquer les fameux grades à valeur ajoutée. À cette époque, les bénéfices pour le Canada étaient la facilité de la transition vers les grades à valeur ajoutée et l'augmentation de la compétitivité auprès des imprimeurs, car ces grades à valeur ajoutée servent à l'imprimerie commerciale tels que les magazines ou revues. Cela concourrait au développement d'une masse critique de chercheurs dans le domaine et à l'augmentation d'une production locale de produits chimiques spécialisés.
Nous nous sommes rendu compte que tous les fournisseurs de l'industrie, qui font également leur propre développement maintenant, se retrouvent à l'extérieur du Canada. J'ai moi-même travaillé pour un producteur canadien qui avec le temps a vendu ses actifs à une société étrangère. Nous voyions que tout le marché se développait à l'extérieur du Canada. Notre travail était une façon de rapatrier une production locale au Canada en ce qui concerne les additifs qui servaient à l'industrie.
Le financement de la chaire est basé sur un partenariat industriel et privé. Notre partenaire principal est le CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et génie du Canada. Le Conseil a plusieurs programmes qui financent la chaire, dont la recherche RDC et plusieurs autres. Le CRSNG est un partenaire essentiel pour notre recherche. Même si nous déplorons que les projets à court terme soient défavorisés, j'ai quand même noté que même si les projets doivent être portés sur des périodes de cinq ans, il y a quand même de la flexibilité en cours de route. Nous étions capables de convaincre le Conseil de maintenir notre financement, mais compte tenu du contexte, nous devions dévier un peu notre recherche de sorte qu'elle soit plus adaptée à la situation actuelle. Le Conseil comprend très bien la situation. De cette façon, le financement a pu se poursuivre même si nous ne continuions pas exactement le plan initial de la recherche de la chaire.
CIBA était le partenaire industriel à l'époque. Il fournit un appui essentiel en exposant le point de vue de l'industrie. Il est important d'avoir des retours de la partie industrielle ce qui est souvent absent en milieu universitaire. CIBA a été acquis par BASF, mais continue malgré tout à appuyer la chaire.
Notre budget total est de deux millions de dollars sur cinq ans. Cela peut paraître élevé, mais une bonne partie du budget sert à faire des projets pilotes et, pour ce faire, les coûts sont élevés. Une bonne partie sert à faire des essais de production de papier ou de produits chimiques.
Depuis 2005, notre objectif est de sauver le plus de machines à papier journal possible dans l'est du Canada par la production de papier à valeur ajoutée sans modifier le procédé, mais en y ajoutant des additifs chimiques. Au début, l'objectif immédiat était d'améliorer l'imprimabilité des papiers selon deux paramètres essentiels, la recherche d'une bonne cohésion de surface du papier et d'une bonne uniformité de la feuille.
Cependant, cela est insuffisant dans le contexte actuel, il faut se tourner vers autre chose, car même le marché des papiers à valeur ajoutée est en baisse. On vient de prendre le virage récemment, plus particulièrement au cours des derniers mois, où nous travaillons sur de nouveaux projets en laboratoire.
Donc, plutôt que d'aller vers l'ajout d'additifs pour faire du papier à valeur ajoutée pour l'impression, on va se tourner vers des modifications chimiques de la cellulose ou des fibres lignocellulosiques, parce qu'il y a de la lignine et de la cellulose dans les fibres, et modifier de façon chimique et permanente les propriétés des fibres afin de pouvoir les incorporer dans d'autres types de matériaux que le papier ou dans des papiers plus spécialisés.
À l'heure actuelle, il y a des procédés qui existent depuis plusieurs années pour atteindre ces objectifs. Il faut quand même s'adapter dans le contexte de la chimie verte et du respect de l'environnement. Des procédés existent pour ce faire, mais qui ne sont pas nécessairement adaptés aux exigences environnementales d'aujourd'hui. Il y a donc encore de la recherche à faire sur ce sujet. Les produits qu'on peut fabriquer sont des produits à plus faible volume que le papier journal évidemment, mais qui peuvent être attribués à une ou deux usines au Québec ou au Canada. On parle de papier résistant à la graisse, super absorbant, emballages spéciaux, même de l'électronique imprimée; on aura besoin de supports papier qui peuvent imprimer de l'électronique, remplacement du plastique, et cetera.
Les travaux actuels de la chaire sont la partie plus axée vers le futur : modifications du niveau d'hydrophobicité des fibres, ce qui signifie être capable d'ajuster le degré de résistance à l'eau ou à la graisse d'une fibre en la modifiant, mais dans certaines conditions, et une modification qui pourrait se faire à l'échelle industrielle sans devoir apporter de grandes modifications au procédé.
Deuxièmement, on cherche des procédés de consolidation de la structure fibreuse, donc des fibres plus résistantes et facilement recyclables. Ces deux propriétés sont un peu opposées, mais il faut trouver la façon de les obtenir. Il y a également l'application dans des grades spécialisés.
Finalement, il ne faut pas oublier que l'on va continuer à fabriquer du papier traditionnel, car il y aura toujours un marché pour ce papier, ne serait-ce que pour le papier d'emballage ou les papiers sanitaires. Certains grades de papier vont demeurer, ce n'est pas tous les grades de papier qui vont disparaître du jour au lendemain. Il faut garder une expertise dans ce domaine parce qu'il va continuer à en avoir.
À la page suivante, vous trouverez un exemple de résultat pour satisfaire la curiosité de ceux qui se demanderaient en quoi consiste la modification d'une fibre pour la rendre plus résistante à l'eau. On voit en bas trois feuilles de papier. Ce que l'on voit en noir, en bas, ce sont les fibres d'une feuille de papier. Et on voit une goutte d'eau qui a été déposée dessus. Plus la goutte d'eau ressort de la surface de la fibre, plus la fibre est résistante à l'eau. Donc, à l'aide d'une modification chimique simple qu'on a faite — et on parle aussi d'une réaction de chimie verte qui applique les principes de la chimie verte —, on est capable d'atteindre cet objectif à différents niveaux d'hydrophobicité. C'est un petit exemple de ce que l'on fait.
Pour terminer, je vais enlever mon chapeau de titulaire de la chaire et mettre celui de directeur des programmes de maîtrise et de doctorat en pâtes et papiers à l'Université du Québec à Trois-Rivières pour dire qu'il est important de ne pas oublier l'aspect de formation de personnel qualifié afin de continuer à développer les nouveaux projets et à faire fonctionner l'industrie. Parce qu'on a noté que dans le passé récent, plusieurs ingénieurs, plusieurs scientifiques ont quitté l'industrie soit à cause des fermetures d'usines ou des centres de recherche. Ces gens ont quitté, souvent des gens assez jeunes, et même si la situation s'améliore, ils ne reviendront pas à l'industrie parce qu'ils ont tourné la page et sont passés à autre chose. Il est plus important que jamais de maintenir des programmes de formation de cycle supérieur surtout quand on parle de scientifiques et de recherches.
Dans le domaine des pâtes et papiers et des domaines adjacents qu'on est en train de développer, il faut que ces programmes soient attrayants pour les étudiants de premier cycle, car lorsqu'ils terminent un baccalauréat en génie ou en chimie, des études supérieures en pâtes et papiers peuvent sembler inintéressantes. Donc il faut adapter ces programmes de formation aux nouveaux domaines de recherche que l'on veut développer. Mais il faut quand même conserver un profil pâtes et papiers parce que comme je l'ai dit, il va toujours y avoir une certaine industrie et il faut des gens qui ont les connaissances pour faire fonctionner cette industrie.
À l'Université du Québec à Trois-Rivières, on a amorcé le virage en ce sens, on avait une maîtrise et un doctorat en science des pâtes et papiers, un doctorat en génie papetier. On a déjà amorcé une modification de ces programmes pour s'adapter à ces nouvelles réalités.
Le sénateur Poulin : Mme Preville, j'aimerais vous remercier pour votre présentation. Votre réseau de partenariat est extrêmement impressionnant. Finalement, vous allez chercher tous les partenaires possibles, tant au national qu'au provincial, tant au niveau de l'industrie, liée justement au développement de toute une nouvelle économie.
J'aimerais mieux saisir le résultat de votre travail. Je regardais les trois principales stratégies : le lien entre les différents partenaires, le travail avec tout le régime de réglementation et ensuite la coopération internationale. Pourriez-vous nous donner un exemple d'un partenariat, d'un projet concret qui démontre la réussite de votre alliance?
Mme Preville : Si vous me le permettez, je vais demander à mon collègue de Service canadien des forêts s'il veut parler de ce que l'on fait pour comprendre les ressources.
[Traduction]
Jeff Karau, agent de projets, Service canadien des forêts, Réseau canadien d'innovation dans la biomasse : Nous avons un certain nombre d'affiliations, avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et avec un autre groupe international, l'Agence internationale de l'énergie, l'AIE. Nous réalisons un projet intitulé OVCAIN, outil de visualisation cartographique et d'analyse de l'inventaire de la biomasse.
L'OVCAIN est un système de cartographie de l'inventaire qui utilise un SIG pour trouver les résidus, leur proximité à un site éventuel de transformation et la disponibilité de ses ressources. Nous travaillons avec Agriculture Canada et le Centre canadien de télédétection pour la réalisation de ce projet. Les États-Unis s'intéressent beaucoup à cette activité. Nous avons présenté ce modèle en Europe, où il a reçu un accueil élogieux.
C'est un bon outil de collaboration, qui optimise la proximité des ressources et des utilisateurs éventuels. Le Canada est vaste. C'est vrai que nous avons d'immenses ressources, mais parfois la distance entre ces ressources et l'utilisateur final est prohibitive. On peut considérer qu'il s'agit d'un outil de localisation permettant de déterminer la quantité de substances, de matières premières ou de résidus disponibles. Cela nous aide à déterminer le niveau d'activité qu'il serait possible de maintenir à long terme. On ne voudrait pas que tout le monde se fasse concurrence pour obtenir la même ressource.
Le sénateur Poulin : Est-ce que cet outil pourrait devenir un moyen pour le gouvernement de générer des recettes? M. Mohamed a très envie de répondre à cette question.
Hamid Mohamed, directeur adjoint de programmes, BRDE, Réseau canadien d'innovation dans la biomasse : Cela constitue la première phase. C'est la phase de développement, puisqu'elle fait partie du programme de recherche et développement. Cependant, nous ne savons pas encore très bien ce que nous allons en faire. Tout a commencé en Saskatchewan. D'autres organismes, comme l'Agence spatiale, participent également. Nous songeons à une coopération internationale. Nous souhaitons également coopérer avec les provinces. Comme je le disais, c'est la première phase et il y en aura ensuite une deuxième et une troisième.
Nous avons également un autre outil à Ressources naturelles Canada qui s'appelle RETScreen, un logiciel d'analyse de projet d'énergie propre, qui permet de localiser l'énergie renouvelable et les installations énergétiques renouvelables. Il est en fait répandu dans le monde entier maintenant. Tout le monde l'utilise.
Au début, nous le donnions gratuitement, et maintenant de nombreuses personnes y ajoutent des fonctions et contribuent ainsi à l'enrichir. Ces outils ont parfois besoin d'être mis à jour et élargis, et c'est ce qui se produit maintenant, si bien que nous en bénéficions également.
Le sénateur Poulin : De quelle manière en bénéficiez-vous?
M. Mohamed : Nous pouvons maintenant utiliser cet outil au Canada à bien d'autres fins.
Le sénateur Poulin : Permettez-moi de reformuler ma question. Pour moi, le terme « bénéfices » veut également dire des recettes, et je trouve que ce sont des résultats de recherche incroyables obtenus au Canada grâce à la création de partenariats. Y a-t-il un mécanisme, un modèle, dans votre partenariat, pour générer des recettes vu l'intérêt que cet outil suscite dans d'autres pays?
M. Mohamed : C'est Agriculture Canada qui est le ministère responsable, et je lui laisse le soin de prendre cette décision.
[Français]
Le sénateur Poulin : La recherche va finalement faciliter la croissance et la survie de l'industrie des pâtes et papiers au pays. Vous avez parlé de projets concrets. Pouvez-vous donner un exemple de projet dont la réussite profiterait à l'industrie ou aurait un impact positif dans un avenir rapproché?
M. Montplaisir : Je suis à la chaire de recherche de l'Université de Trois-Rivières depuis décembre dernier. Le laboratoire a démarré au mois de mai de cette année, c'est pourquoi nous ne nous sommes pas tellement avancés en termes de projets. Par contre, il y a un projet qui se rapproche d'un transfert technologique prévu pour la fin de l'année 2009. La chaire de recherche s'est engagée à fournir à Kruger, une ou deux fois l'an un transfert technologique à l'industrie, un potentiel à tester en industrie.
Kruger est un partenaire industriel qui possède une usine de cogénération et qui produit des cendres en grosse quantité. Nous avons découvert que ces cendres avaient une teneur élevée en oxyde de calcium que nous avons transformé en pigment minéral. C'est un pigment qui, ajouté au papier, remplace la glaise qui est un pigment qui provient du Brésil et de la Géorgie. Pour ce projet, nous en sommes à l'étape de tentative de transfert technologique à l'industrie.
Le sénateur Poulin : Si je comprends bien, aux termes de l'entente avec Kruger, la compagnie s'attend à ce que vous offriez un résultat concret qui contribuera à leur succès?
M. Montplaisir : Oui, effectivement.
Le sénateur Poulin : C'est une entente importante et intéressante.
M. Montplaisir : Il y a le volet court terme et il y a le volet long terme.
Le sénateur Poulin : Monsieur Brouillette, pouvez-vous commenter?
M. Brouillette : C'est un peu la même chose avec notre partenaire CIBA puisqu'il y a un engagement moral à fournir des technologies. Sur une période de cinq ans, on parlait d'une technologie qui s'applique vraiment en industrie. Un bon transfert technologique justifie amplement l'existence de la chaire.
Un exemple de transfert de technologie serait l'amélioration des papiers imprimés par le développement de nouveaux additifs chimiques. Nous avons développé un additif qui permet la diminution du détachement de la fibre à la surface de la feuille lorsqu'elle est imprimée. Il s'agit d'un problème majeur, c'est pourquoi nous avons développé un test qui prévoit le niveau de détachement de la fibre.
Par la suite, nous avons modifié directement la fibre plutôt que d'ajouter un produit à la pâte. Il fallait adapter le même additif dans le but de le faire réagir avec la fibre en l'attachant directement. C'est d'ailleurs cet additif qui a été greffé à la fibre et qui donne les mêmes propriétés, mais de façon permanente, sans avoir à se soucier du niveau de rétention de la fibre dans la feuille.
C'est l'exemple d'un produit qui a progressé et qui s'applique présentement en industrie. Un autre transfert de technologie viendra plus tard et visera la modification des fibres.
Le sénateur Poulin : Sans vouloir être indiscrète, selon les termes de l'entente avec CIBA, qui est responsable de la mise en marché d'un nouveau produit technologique? Est-ce la compagnie privée ou la chaire?
M. Brouillette : Toutes les chaires fonctionnent à peu près de la même façon à l'Université de Trois-Rivières. Étant donné que la recherche est financée par le CRSNG, il faut suivre les règles des organismes subventionnaires du gouvernement fédéral.
La propriété des découvertes revient aux chercheurs ou à l'université, non pas à la compagnie. Par ailleurs, la compagnie dispose d'un court laps de temps pour faire les démarches pour l'obtention d'un brevet. Elle peut alors obtenir un permis d'exploitation et des redevances sont payées à l'université. La compagnie doit le faire dans un court laps de temps parce que les étudiants doivent publier leurs résultats et cette publication est nécessaire à l'obtention de leur diplôme, surtout au niveau du doctorat.
En résumé, la compagnie décide si la technologie l'intéresse ou non. Si c'est le cas, elle fait les démarches pour l'obtention d'un brevet et l'université lui accorde un permis d'exploitation.
M. Montplaisir : Le brevet appartient à l'université et aux chercheurs. On parle d'un permis exclusif de durée limitée pour l'industrie. Il reste que la découverte s'ouvrira au marché canadien en général après un certain nombre d'années, durée qui n'est pas aussi élevée que la durée du brevet.
Le sénateur Rivard : Ma question s'adresse aux deux docteurs présents ici ce matin. Y a-t-il d'autres chaires de recherche en pâtes et papiers au Québec?
M. Brouillette : À l'Université de Trois-Rivières, il y a une chaire de recherche axée sur les biotechnologies et l'environnement et une autre axée sur les papiers à valeur ajoutée. Dans les autres universités au Québec, il y a aussi des chaires de recherche liées au domaine des pâtes et papiers, dont entre autres la Polytechnique et l'Université McGill.
Le sénateur Rivard : Avec la baisse de la demande de papier journal et la chute des prix, le désencrage est-il encore viable?
M. Montplaisir : Chez Kruger, j'ai travaillé au développement d'un gros projet de désencrage. Il y a deux ans, on était censé de l'installer à Trois-Rivières et le projet a été abandonné pour des raisons d'approvisionnement. Il y a eu aussi la pression de la Chine sur l'exportation de vieux papier.
Je dirais que le recyclage du papier pour en faire du papier journal est moins attrayant qu'il l'était il y a 10 ou 15 ans. Lorsqu'on parle de bioraffinage, on parle de résidu forestier. On pourrait utiliser le résidu urbain pour faire du bioraffinage, pour faire autre chose que du papier recyclé. Cela pourrait mener à d'autres possibilités de marché.
Le sénateur Rivard : Avez-vous fait des recherches sur ce plan?
M. Montplaisir : C'est un des nombreux éléments qui figurent sur ma liste.
Le sénateur Rivard : En ce qui concerne la conversion de la biomasse, on sait que tout le monde se plaint qu'il y a trop de déchets urbains et que le mode d'incinération est peut-être le moins dommageable parce que la plupart des incinérateurs récupèrent la chaleur pour en faire soit de l'électricité, de la cogénération ou même d'autres technologies comme la pyrolyse.
Est-ce qu'il y a beaucoup de demandes ou est-ce que la plupart des incinérateurs municipaux ou régionaux sont strictement des incinérateurs conventionnels, avec lesquels l'énergie de la combustion est perdue? Est-ce qu'il y a de plus en plus de pyrolyse, de cogénération ou autre? Quel est votre rôle pour développer ces technologies? Est-ce que ce sont des aides financières? Pour résumer, quelle est la problématique?
Mme Preville : Le gros du travail que fait le réseau concernant les déchets municipaux est au niveau de ce qu'on appelle en anglais le feed stock; cela change continuellement, c'est le gros problème. Ce n'est jamais stable, alors les technologies requises doivent changer et s'adapter aussi. C'est plutôt la combustion qu'on regarde dans ce domaine, parce que c'est la combustion qui peut traiter les différences du feed stock. Cela ne veut pas dire que dans le futur on ne pourra pas commencer à regarder les nouvelles technologies comme la pyrolyse, mais il y a beaucoup de défis et c'est vraiment à long terme. Je ne sais pas si M. Mohamed veut rajouter quelque chose.
[Traduction]
M. Mohamed : Comme vous le savez, avec le temps, il y a des changements au sujet desquels nous n'avons pas grand-chose à dire. Nous examinons les diverses technologies qui peuvent servir de base pour diverses applications. Nous nous occupons surtout de la biomasse agricole et forestière, mais il y a une entreprise québécoise, Enerkem, qui gazéifie les déchets urbains solides. Elle a une usine au Québec et en construit une autre en Alberta.
[Français]
Le sénateur Rivard : Toujours dans la biomasse, ce qui coûte terriblement cher aux municipalités et aux hôpitaux, c'est de se débarrasser de ce qu'on appelle les déchets pathologiques.
Est-ce que vous vous êtes déjà penchés sur d'autres méthodes? Je sais qu'il n'y a qu'un seul incinérateur au Québec — je pense qu'il se situe dans la région. Cela coûte une fortune aux clients. Est-ce que vous vous êtes déjà penchés sur d'autres façons de traiter ces déchets dans ce domaine, autres que l'enfouissement ou l'incinération?
Mme Preville : Non, c'est un domaine sur lequel le réseau ne s'est pas encore penché et qu'il n'étudie pas pour le moment.
[Traduction]
Le sénateur Fairbairn : Je vous remercie de nous avoir raconté cette histoire fascinante. Vous dites que vous travaillez avec d'autres provinces, tant en agriculture qu'en foresterie. Je viens de Lethbridge, en Alberta, et nous pratiquons l'agriculture partout en Alberta et nous avons beaucoup d'arbres.
Est-ce que nos universités, soit celle d'Edmonton, de Calgary ou même de Lethbridge, travaillent avec vous? Cela semble devenir de plus en plus difficile. Bien sûr, nous sommes dans les montagnes, si bien qu'il y a souvent des intempéries, qui n'existent pas nécessairement ailleurs au Canada. Est-ce que les universités ont communiqué avec vous? Je l'espère.
M. Mohamed : Merci, madame le sénateur. Nous avons de nombreux contacts en Alberta et nous discutons avec les deux ministères provinciaux. En septembre dernier, nous avons tenu une réunion à Ottawa à laquelle nous avons invité des gens de toutes les provinces, dont plusieurs de l'Alberta. L'une de nos collègues de l'Alberta, Kirsty Piquette, participe au groupe de travail sur les bioraffineries de l'agence internationale.
Nous sommes en train de construire le réseau. Nous prévoyons rencontrer toutes les universités qui ont des centres de recherche en énergie, mais cela se fera plus tard. Cela fait partie du plan de réseautage du RCIB.
Le sénateur Fairbairn : Étant donné les difficultés que connaissent certaines de ces industries, ce que vous faites est extraordinaire, d'autant plus que vous allez de l'avant et que vous aidez d'autres régions du pays. Parfois, les gens pensent que cela concerne juste une région du Canada, mais cela intéresse l'ensemble du pays. C'est certainement le cas dans ma province, et je suis ravie de l'entendre.
M. Mohamed : Nous reconnaissons les diversités régionales, et c'est pourquoi nous devons avoir un plan régional tout en ayant une vision nationale.
Mme Preville : De toutes les sources d'énergie qui existent dans notre pays, et nous avons beaucoup de chance de les avoir, la bioénergie est la seule qui intéresse toutes les provinces et tous les territoires. Cependant, chaque région a ses particularités, chaque province et territoire s'y intéresse et la bioénergie est une priorité.
Le sénateur Eaton : Madame Preville, vous avez certainement un réseau très impressionnant. Est-ce que vous investissez ou avez des liens dans le secteur privé?
Mme Preville : La composante fédérale du réseau investit dans la recherche et le développement. Une partie de cet argent est versée au secteur privé, une partie va directement aux universités, et le gros de la recherche est effectué dans les laboratoires fédéraux de Ressources naturelles Canada, du Conseil national de recherches et d'Agriculture et Agroalimentaire, entre autres. Toutefois, il y en a effectivement une partie qui va au secteur privé.
Le sénateur Eaton : Je pose la question car les biocarburants, provenant soit de l'éthanol, de la graisse de poulet ou de la cellulose, semblent susciter beaucoup d'intérêt. Il y a tellement de sources. Maintenant qu'il existe des véhicules hybrides, combien de temps faudra-t-il attendre avant de pouvoir faire le plein de biocarburant?
Je veux parler d'automobiles, d'avions ou de n'importe quel mode de transport. Je songeais au transport, mais vous pouvez inclure le chauffage, si vous le voulez.
M. Mohamed : Il y a des technologies connues. Par exemple, il y a des entreprises qui utilisent des technologies de gazéification pour produire de la chaleur et de l'électricité. Il y a un bon exemple à Victoria. Dockside Green a choisi une société qui s'appelle Nexterra. Bien sûr, il y a Enerkem au Québec qui utilise elle aussi une technologie de gazéification pour produire de la chaleur et de l'électricité. Il y a la société Iogen qui produit de l'éthanol à partir de la cellulose au moyen d'une technologie de fermentation.
Le sénateur Eaton : Oui, mais combien de temps faudra-t-il attendre pour pouvoir l'utiliser dans les transports?
M. Mohamed : Il y a déjà de l'éthanol dans l'essence.
Le sénateur Eaton : Mais je ne peux pas en remplir le réservoir de mon auto, et on ne peut pas l'utiliser dans un avion ou un navire.
M. Mohamed : Je ne peux pas vous répondre, car ces technologies sont en train d'être mises au point. Puis, il faut construire des usines, et cetera. Cela dépend également de la conjoncture économique, du prix du pétrole, et cetera.
Le sénateur Eaton : Est-ce que le Canada est avancé; sommes-nous dans le peloton de tête ou dans le peloton de queue? Où est-ce que vous nous situez dans l'univers des biocombustibles?
M. Mohamed : Nous sommes des chefs de file dans la mise au point de nouvelles technologies. Nous avons de bonnes entreprises qui ont des technologies de pointe.
Mme Preville : Nous sommes des chefs de file en particulier pour la production d'éthanol et de biocombustibles à partir de matière cellulosique, plutôt que du maïs ou des céréales, ce qui est dépassé. Nous pouvons produire les carburants que vous trouvez à la pompe. Nous voulons utiliser les nouvelles technologies de transformation de la fibre ligneuse et d'autres fibres cellulosiques, qui autrement se perdraient.
Le sénateur Eaton : Est-ce qu'il y en a encore pour dix ans?
M. Mohamed : De nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans l'adoption d'une nouvelle technologie. Parfois c'est rapide, peut-être cinq ou dix ans. Parfois il faut des décennies.
Le sénateur Eaton : Est-ce le ministre qui vous fixe des priorités ou est-ce que vous décidez vous-même, à l'interne, comment dépenser vos énergies et votre argent? Avez-vous tellement de responsabilités que vous n'arrivez pas à établir des priorités?
Mme Preville : Il y a plus d'une réponse à cette question. Premièrement, les priorités d'investissement des fonds du RCIB font en général l'objet d'un examen tous les quatre ans. Le RCIB est un poste dans le Budget des dépenses principal de Ressources naturelles Canada. Les priorités sont établies avec l'aide de nos partenaires des autres ministères. Deuxièmement, des priorités nous sont fixées lorsque des programmes sont mentionnés dans le budget fédéral. Lorsque cela arrive, les fonds que nous recevons sont accompagnés de directives.
Le sénateur Eaton : Dans le cadre de ces audiences, nous avons entendu un jeune médecin autochtone de l'Université Lakehead, quelqu'un de très intéressant, qui nous a dit que les Autochtones qui s'intéressent à la foresterie ne peuvent pas étudier dans ce domaine. Il dit que les grands ministères comme le vôtre n'ont pas mis en place les mécanismes nécessaires.
Avez-vous un moyen d'amener des étudiants autochtones, du Nord du Québec, par exemple, à s'intéresser à vos programmes?
M. Brouillette : Pas dans mon centre...
[Français]
Le sénateur Eaton : Vous n'avez pas de tels étudiants dans votre faculté?
M. Brouillette : Des Premières nations, non, pas à ma connaissance.
[Traduction]
M. Brouillette : Nous avons de nombreux étudiants étrangers. Il est extrêmement difficile de recruter des étudiants diplômés au Canada et au Québec qui s'intéressent aux pâtes et papiers. C'est pourquoi nous avons un grand nombre d'étudiants étrangers dans notre université. Lorsqu'ils ont fini leurs études, ils souhaitent rester ici et travailler dans l'industrie, mais il est difficile d'attirer des étudiants canadiens.
Le sénateur Mahovlich : Ma question est semblable. On m'a dit que la meilleure plante pour produire de l'éthanol, c'est le varech. Il paraît qu'on peut extraire davantage d'éthanol du varech que de toute autre plante. Nous brûlons des arbres depuis toujours. On aurait pu croire qu'un arbre produirait plus d'éthanol que le varech.
Avons-nous fait suffisamment d'études pour déterminer combien d'éthanol il y a dans un arbre?
[Français]
M. Montplaisir : Dans les recherches que j'entreprends de mon côté, le centre d'intérêt n'est pas nécessairement la production d'éthanol.
Nous visons à fabriquer également des produits plus spécialisés, à plus grande valeur que l'éthanol.
La matière forestière sera à déterminer dans le futur, mais il y a des choses beaucoup plus faciles à fabriquer que l'éthanol, si on compare à la canne à sucre du Brésil, si on compare au maïs, il y a certainement une difficulté avec la matière forestière. Mais du côté de la matière forestière, en plus de la cellulose qui peut fabriquer de l'éthanol et d'autres dérivés, nous avons également de la lignine qui est une structure chimique qui peut amener des produits complètement différents de l'éthanol, qui peuvent remplacer des monomères qui sont fabriqués à partir du pétrole, actuellement, pour des ressources plus renouvelables.
[Traduction]
M. Mohamed : Je suppose que vous voulez parler des algues. On les utilise surtout pour produire du biodiesel et du carburant pour aéronef plutôt que pour en tirer de l'éthanol. C'est un domaine où il reste encore beaucoup de recherche à faire. Nous ne savons pas encore très bien comment cultiver les algues ni comment elles poussent au Canada. Le Conseil national de recherches a un programme de recherche sur l'algue et il est en train de créer un réseau pancanadien dans ce domaine.
Le sénateur Plett : L'une des matières premières que vous utilisez pour produire de l'énergie, c'est le fumier de bétail. Je viens du Manitoba. L'un de nos pires problèmes, c'est le grand nombre de porcs. Les gens veulent construire de nouvelles porcheries. L'un de nos problèmes est l'épandage du lisier de porc. On rejette de nombreuses demandes parce que les promoteurs n'ont pas suffisamment de terres pour éliminer le lisier. Il me semblerait logique de voir des usines partout au Manitoba qui utiliseraient ce lisier pour créer de l'énergie tout en réglant un de nos problèmes. Le Québec aussi a de nombreuses porcheries et le même problème.
Pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet?
M. Mohamed : Nous avons un programme qui vise à utiliser le lisier de porc pour produire du biogaz. C'est une technologie connue, mais nous n'avons pas encore la réglementation et les normes qu'il nous faut. Nous ne participons pas à cette étape. En fait, le Manitoba a une stratégie en matière de biocombustible, et cela en fait probablement partie. Combien de lisier peut-on répandre sur une terre? Je vais laisser à Agriculture Canada le soin de répondre à cette question.
Le sénateur Finley : Vous nous avez fait des exposés très intéressants. Pouvez-vous me dire en gros ce que représente, en dollars actuels, une baisse de 42 p. 100 dans la production de papier journal?
M. Montplaisir : Prenons par exemple une production de 5 millions de tonnes et un prix qui varie entre 600 $ et 700 $; disons en gros 500 $ la tonne.
Le sénateur Finley : Cela fait environ 1,5 milliard de dollars par année.
Avez-vous une idée du montant total que les secteurs public et privé investissent dans la R-D pour remplacer ce 1,5 milliard de dollars, à supposer que cet argent puisse être remplacé?
M. Montplaisir : À l'heure actuelle, le secteur privé n'investit pas beaucoup dans les pâtes et papiers. La plupart des entreprises contribuent à FPInnovations, un consortium de recherche. À l'heure actuelle, la plupart des usines de pâtes et papiers ne contribuent pas parce qu'elles appartiennent à AbitibiBowater, qui connaît des difficultés financières.
Le sénateur Finley : J'aurais une question pour le Réseau canadien d'innovation dans la biomasse. Vous avez un vaste réseau de liens. Je vais me concentrer sur les liens à l'intérieur du Canada. Pouvez-vous nous dire à combien s'élève à peu près la valeur totale de la R-D, tant publique que privée, qui se fait dans votre réseau canadien?
Mme Preville : Pour l'exercice financier 2008-2009, les fonds de R-D administrés par le RCIB s'élèvent à 5,25 millions de dollars par année. Au cours des deux à quatre dernières années, nous avons pu multiplier ce montant par un facteur 2,5, ce qui donne un total d'environ 13 millions de dollars par année.
Toutefois, vous devez comprendre qu'il s'agit là simplement de l'effet de levier des investissements du RCIB. Il y a bien d'autres programmes d'investissement au pays, au CRSNG, dans d'autres ministères fédéraux, dans les agences de développement régional, et cetera. Je ne pourrais pas vous dire le montant total aujourd'hui.
Le sénateur Finley : Cette question est toute nouvelle pour moi. Je ne suis sénateur que depuis quelques semaines, et c'est la deuxième séance à laquelle je participe. Ce qui me frappe, c'est qu'un secteur de l'économie forestière perd 1,5 milliard de dollars par année. L'un des principaux réseaux est le Réseau canadien d'innovation dans la biomasse. Si, grâce à votre effet de levier, il y a 13 millions de dollars d'investissement par année, je suppose qu'à ce rythme-là, il faudra une centaine d'années pour remplacer ces 1,5 milliard de dollars.
Au Canada, peut-on s'adresser à une autorité quelconque et dire : « Voyons quelle est la stratégie en l'occurrence »? J'ai assisté à deux réunions du comité et rencontré des représentants de diverses organisations. Votre propre organisme représente un vaste réseau d'organisations. Vous entretenez des liens avec le secteur privé et le secteur de l'éducation, et cetera.
Où peut-on trouver une stratégie globale? Où peut-on trouver la volonté d'investir en prévision d'un rendement? Il est tout à fait louable de faire de la recherche et du développement, mais j'ai sous les yeux une somme de 1,5 milliard de dollars, qui représente des baisses — il y a donc tout un ensemble d'éléments auxiliaires qui ont disparu et qui ne reviendront sans doute jamais, comme vous le dites. Quelle est la stratégie à cet égard?
M. Brouillette : Quant à nous, il y a une initiative pour le secteur forestier parrainée par le CRSNG et menée sous la houlette de FPInnovations, à Montréal. Il y a quatre volets différents dans ce programme, mais il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une petite somme d'argent. Un budget d'un milliard de dollars pour quatre réseaux et 60 à 70 scientifiques canadiens, ce n'est pas énorme.
Le sénateur Finley : On peut supposer qu'il y a une composante industrielle et il doit y avoir une composante agricole. N'y a-t-il pas dans ce cas-là une stratégie globale quelconque, industrielle ou publique?
M. Mohamed : Le ministère de l'Agriculture, tout comme le secteur forestier, est en train d'élaborer des stratégies. Certaines provinces ont également des stratégies. Le dossier est complexe et met en cause une biotechnologie de base, des éléments de génétique, et cetera, et les activités mènent à la ferme. Une structure d'ensemble pour les sciences et la technologie et pour les investissements, entre autres, constitue une tâche gigantesque.
Le sénateur Finley : Je veux bien que ce soit gigantesque. Toutefois, je ne cesserai pas de poser la question. Je reviens au fait que nous perdons 1,5 milliard de dollars par année. Je pense que nous devrions tous être extrêmement préoccupés à cette idée. S'il s'agissait d'une entreprise, je suppose qu'un des impératifs stratégiques serait de dire : « C'est là qu'il nous faut concentrer l'argent pour remplacer dans l'immédiat la perte de revenus ».
Mme Preville : Sénateur Finley, je comprends très bien votre question. Elle porte essentiellement sur l'industrie des pâtes et papiers, ce qui n'est pas une priorité du Réseau canadien d'innovation dans la biomasse, si bien qu'il nous est impossible de vous répondre pour l'instant.
Le sénateur Finley : Toutefois, les arbres vous intéressent au plus haut point, n'est-ce pas?
Mme Preville : Absolument.
Le sénateur Finley : Les autres ont aussi un intérêt particulier dans les arbres.
Mme Preville : Pour des raisons différentes toutefois.
Le sénateur Finley : Tout à fait. Je me rappelle cependant les circonstances entourant l'invention des papillons adhésifs, les Post-it. La même chose s'est produite. Accidentellement, il y a eu un chevauchement qui a donné lieu à une nouvelle invention, un des produits de consommation les plus vendus dans le monde.
Je vais m'en tenir là car j'aborde un sujet que je ne devrais probablement pas évoquer. Je voulais qu'on m'explique les relations et qu'on m'indique la personne responsable.
Le président : L'industrie forestière relève des provinces. Toutefois, quand il y a une crise, les provinces demandent au gouvernement fédéral de jouer un rôle plus important ou encore de participer aux discussions.
Le gouvernement a investi des sommes considérables dans divers secteurs de l'industrie pour venir en aide aux collectivités touchées par la crise. Par exemple, le gouvernement a un programme d'adaptation communautaire à hauteur d'un milliard de dollars. Le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire de ses organismes de développement régional, a apporté son soutien aux collectivités durement touchées par la récession mondiale.
Nombre d'entreprises se tournent vers la biomasse et l'innovation. Comme vous l'avez dit, monsieur Mohamed, c'est le cas dans toutes les provinces et tous les territoires.
Il y a encore un autre milliard de dollars. Je voudrais savoir si les producteurs de pâtes et papiers veulent améliorer leur efficacité énergétique et leur performance environnementale. Je suis convaincu que s'il n'y avait pas de crise économique actuellement, vous ne seriez pas venus témoigner aujourd'hui. Mes producteurs ne se retrouveraient pas à la même table que ceux qui annoncent de nouveaux produits pour l'avenir.
J'ai vu qu'il existait un nouveau produit, des panneaux légers. Pour déplacer un panneau de placage de 4 sur 8, il faut deux personnes, alors que pour déplacer ces nouveaux panneaux, il n'en faut qu'une seule.
Croyez-vous que le gouvernement fédéral devrait utiliser l'argent investi aujourd'hui pour jouer un rôle accru dans la gestion du secteur forestier sur les terres privées et les terres de la Couronne à l'échelle du pays?
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, car je sais que vous travaillez dans le domaine de la recherche et du développement. Il est clair qu'au bout du compte, vous devez commercialiser le fruit de vos recherches. Je vois le réseau de partenaires, madame Preville. Que pensez-vous du rôle du gouvernement fédéral dans la gestion de la foresterie?
Mme Preville : Le gouvernement fédéral a un rôle clair à jouer en matière de recherche et développement dans tous les secteurs énergétiques. Les provinces sont responsables non seulement de la foresterie, mais de toutes les ressources énergétiques. Toutefois, un des rôles clés, que l'on nous a attribué d'ailleurs, est d'œuvrer dans la recherche et le développement. Nous continuons d'allouer les ressources de la meilleure façon possible en partenariat avec autant d'organisations et d'experts que possible.
[Français]
M. Brouillette : Dans la vie de tous les jours, ce sont vraiment les organismes subventionnaires qui nous aident à faire notre recherche, et c'est le principal impact qu'a le gouvernement fédéral sur notre recherche. Pour ce qui est du transfert de technologie, on peut en faire une partie avec les subventions que nous recevons.
Par exemple, au CIPP nous avons l'intégration avec le niveau collégial qui permet de faire ce transfert technologique qui est provincial, car les collèges sont de juridiction provinciale. Pour nous, c'est vraiment le financement de la recherche qui est le principal secteur dans lequel le gouvernement peut agir.
Le président : Dois-je en conclure que le gouvernement fédéral devrait investir davantage dans la recherche et le développement de nouveaux produits et/ou être à la table avec leurs partenaires provinciaux? À mon avis, ce n'est pas seulement provincial puisqu'il y a des initiatives axées sur les communautés. Je crois que les communautés ont un rôle important à jouer dans la crise que nous vivons présentement, que ce soit sur le plan provincial, territorial ou fédéral.
Quel est le pourcentage de recherche et développement présentement commercialisé versus celui qui ne l'est pas, que ce soit dans le domaine forestier ou dans le domaine des pâtes et papiers?
Mme Preville : C'est une très bonne question. Je n'ai pas de pourcentages exacts à vous donner. Dans la recherche et le développement — et peut-être que mes collègues de l'université m'appuieront sur ce point — il y a tellement d'éléments de risque et de types de recherche et développement.
S'agit-il de recherche et de développement qui se fait au niveau scientifique à très long terme et qui vise un changement complet de l'industrie, mais qu'on ne verra pas d'ici 34 ans? Ou s'agit-il de quelque chose qui se fait à court terme et qui essaie de résoudre un problème immédiat?
C'est complètement différent comme recherche et développement. C'est la raison pour laquelle il n'est pas possible pour moi de vous donner un pourcentage exact.
M. Montplaisir : Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il est difficile d'avoir un chiffre exact. Concernant la recherche qui se fait dans le domaine forestier et des pâtes et papiers et via les partenariats avec des universités canadiennes, je pense que nous avons une bonne part de projets à court et à moyen terme.
Nous sommes des chercheurs en constante communication avec l'industrie et avec le secteur privé et je crois que nous sommes quand même favorisés de ce côté. Dans le cas de la recherche qui se fait dans nos chaires industrielles, on pourrait facilement dire que plus de 50 p. 100 de la recherche aura un impact sur nos partenaires respectifs. Sans généraliser, je peux affirmer que nous sommes très près de l'industrie.
[Traduction]
Le président : Monsieur Mohamed, on entend souvent que pour protéger l'industrie et les forêts de demain, nous devons créer des plantations et faire beaucoup de sylviculture. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet, compte tenu de votre expérience?
Relativement à ces domaines précis que sont la sylviculture et les plantations, et en vous fondant sur vos partenaires, organismes, ministères et intervenants, y a-t-il un avenir pour les industries du bois résineux et du bois feuillu?
M. Karau : Je vais tenter de répondre à cette question. D'abord, en ce qui concerne la foresterie de plantations et la bioénergie, le RCIB joue un rôle actif dans la création de ces plantations. L'avantage des plantations, c'est qu'elles permettent de produire plus et, de toute évidence, elles sont moins éloignées de l'utilisateur final.
Un autre sénateur a proposé d'utiliser du fumier. C'est l'occasion idéale d'utiliser différents types de fumier comme engrais parce qu'il ne s'agit pas d'une culture vivrière.
Nous utilisons la sylviculture et exploitons des plantations de bois résineux pour produire des articles à dimension fixe, comme des 2 par 4. Cela permet, entre autres, d'accroître l'uniformité des produits. Toutefois, les forêts au Canada sont si vastes qu'elles continueront probablement de constituer la principale source de matières premières pour les produits de bois résineux et de bois feuillu. Il existe certains débouchés pour des produits spécialisés pour lesquels on cultiverait des bois feuillus précis, mais le RCIB se concentre principalement sur des systèmes à courte rotation qui produisent d'importantes quantités de matériaux en très peu de temps.
Le président : En ce qui concerne la réponse que vous m'avez donnée au sujet du fumier, pour reprendre la question du sénateur Plett, la fertilisation des préplantations accélérerait-elle la croissance de nos arbres?
M. Karau : Il s'agit d'une forme de gestion à haute intensité. On ne pourrait pas la mettre en œuvre à grande échelle. À petite échelle, elle augmente la productivité. Elle fournit aussi une méthode d'élimination pour un produit qui parfois a une valeur négative.
Le président : Existe-t-il des projets ou des projets pilotes?
M. Karau : Oui.
Le président : Où sont menés ces projets pilotes?
M. Karau : Quelques projets ont été lancés au Québec en collaboration avec le Jardin botanique de Montréal. Il existe aussi des projets pilotes au sud du Québec, près de Huntington. La superficie de ces projets pilotes varie de 5 à 20 hectares environ.
Le président : Existe-t-il des projets pilotes de ce genre dans l'Ouest canadien?
M. Karau : On y trouve des plantations et des systèmes à courte rotation. Toutefois, je ne pense pas que nous accomplissons beaucoup dans l'Ouest canadien dans le domaine de l'élimination du fumier.
Le sénateur Eaton : Un professeur des Maritimes nous a dit que le Canada manquait de feuillus de bonne qualité. Certains fabricants de meubles doivent importer du bois feuillu de qualité parce que nous n'en avons pas suffisamment pour produire des meubles et des articles spécialisés comme des moulures.
Est-ce que nous envisageons de produire de nouvelles cultures de feuillus que nous pourrions mieux gérer? Les projets portant sur les feuillus sont à très long terme.
M. Karau : Oui. Sans entrer dans les détails, au Canada, il faut beaucoup de temps pour produire un arbre de taille et de qualité suffisantes pour qu'il soit utilisé dans la fabrication de meubles. En raison de notre climat, les zones où poussent des feuillus de qualité sont très restreintes. Nous produisons principalement de grandes quantités de bois résineux. Les meilleures régions pour faire pousser des feuillus de qualité sont très peuplées puisqu'elles sont situées au sud du pays.
Les systèmes à courte rotation pour la culture du peuplier constituent une occasion pour nous, comme pour le RCIB. On jette le discrédit sur le peuplier, prétendant qu'il n'est pas un bois feuillu très prisé. Toutefois, il convient de signaler qu'on commence à l'utiliser à un certain nombre de fins, notamment pour les moulures. Il n'y a pas d'exigence structurelle pour les moulures. Il suffit d'utiliser un bois que l'on peut façonner facilement et qui a belle apparence. Le peuplier pourrait combler certaines des brèches dans le domaine du bois feuillu.
En ce qui concerne les autres espèces, je ne pense pas que bien des chercheurs tentent d'améliorer notre production de bois feuillu. Il existe un certain marché pour les planchers, par exemple, mais dans le cas de la production de meubles, la plupart du bois feuillu provient d'ailleurs.
Le président : Pouvez-vous nous dire avec qui nous devrions communiquer pour obtenir des renseignements sur les projets pilotes en lien avec le fumier?
M. Karau : Vous devriez idéalement communiquer avec Agriculture Canada puisqu'il s'agit d'un sous-produit agricole.
Le président : Dans le domaine de la biomasse et de la protection de l'environnement, deux types d'exploitation présentent un potentiel intéressant : les centrales thermiques alimentées à la biomasse et les exploitations de granules de bois. La Suède et l'Autriche en sont un bon exemple; ce sont des chefs de file mondiaux dans le domaine de la production de granules de bois.
Avez-vous des observations à formuler au sujet de l'avenir de l'industrie canadienne dans la production de granules de bois? Sera-t-elle un jour concurrentielle si les marchés sont plus réceptifs?
Je crois fermement que nous devrions nous tourner vers les marchés à créneau. Un jour, on en arrivera à se disputer les arbres pour produire des granules de bois, et les entreprises retourneront de nouveau à la production de bois d'œuvre.
M. Karau : À l'heure actuelle, presque toute la production de granules de bois canadienne est exportée. Paradoxalement, le marché intérieur est très limité. S'il y a une occasion à saisir, ce serait celle de renforcer nos capacités nationales pour accroître notre utilisation de granules de bois. La co-cuisson au charbon ou le remplacement du charbon par des granules de bois constituent une avenue intéressante, surtout pour le secteur énergétique. Le Canada, par l'entremise du RCIB et de l'AIE, est actif dans ce domaine grâce aux recherches portant sur un nouveau processus appelé torréfaction qui permet de produire des granules de bois à concentration énergétique accrue. Ce processus serait intéressant parce que les granules contiennent plus d'énergie calorique, sont plus résistantes aux intempéries et ne dégagent pas de gaz nocif, et cetera. Nous jouons un rôle actif sur la recherche de production de granules de bois.
La production de granules de bois constitue une solution pour le secteur forestier, s'il cherche à enrichir ses activités habituelles.
Le président : Le gouvernement devrait-il encourager les Canadiens à chauffer leur résidence et leurs entreprises aux granules de bois?
Mme Preville : Le RCIB ne peut pas répondre à cette question.
Le président : Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Mme Preville : Sans commentaire.
Le président : Le Brésil, par l'entremise de ses travaux en recherche — développement, cherche à trouver les combinaisons gagnantes permettant d'aider le pays et les chefs de file mondiaux à produire davantage de pâtes et papiers. Quel est le bilan du Canada dans ce domaine par rapport à celui du Brésil?
M. Montplaisir : Ni l'un ni l'autre ne connaissons l'industrie brésilienne suffisamment pour pouvoir répondre à cette question. Je suis désolé.
[Français]
Le président : Est-ce qu'il y a beaucoup de recherches avec le Brésil, l'Europe et les États-Unis? On sait que la crise est réelle.
M. Montplaisir : L'information scientifique circule beaucoup à travers le monde. Avec tous les moyens que nous avons via les centres de documentation électronique, avant d'entreprendre nos recherches, on effectue des recherches biographiques et on cherche l'information la plus pertinente et la plus récente partout dans le monde. L'information est là. S'il y a quelque chose d'intéressant au Brésil, on va mettre la main dessus sur un sujet donné. Beaucoup d'informations proviennent du Japon, de la Chine sur plusieurs sujets dont la technologie de la transformation, du bioraffinage et le bio-cellulosique. L'information quand elle est disponible et publiée, on peut aller la chercher.
Quant à l'aspect recherche privée dans certains pays, peut-être le Brésil, on n'a pas toujours accès à l'information. L'information publique circule beaucoup.
Le président : Vous avez aussi mentionné, les gens de Trois-Rivières, qu'on perdait un énorme pourcentage de personnel qualifié, dans le domaine des pâtes et papiers, qui quitte l'industrie et se dirige ailleurs.
M. Montplaisir : Oui.
Le président : Est-ce que vous pouvez nous dire avec la situation actuelle quel pourcentage a quitté l'industrie?
M. Montplaisir : Je peux vous parler de mon expérience personnelle chez Kruger. Si je prends l'exemple de l'usine de Trois-Rivières à laquelle j'étais rattachée récemment, on parle d'employés-cadres spécialisés.
Pour une usine de 1 000 employés, nous étions de 160 à 165 employés-cadres. Présentement, la tendance est autour de 100 employés-cadres en main-d'œuvre spécialisée et en ingénieurs. C'est surtout la rétention des jeunes ingénieurs et professionnels qui est difficile. Plutôt que de travailler avec une très forte pression dans un secteur difficile comme celui des pâtes et papiers, s'il y a un secteur autre comme l'aluminerie qui est en essor économique et qui va bien, pour un salaire équivalent et un travail plus agréable dans un secteur économique plus fort, le choix est facile.
Lorsque j'ai quitté Kruger pour me joindre à l'université, à 42 ans, j'étais le quatrième employé-cadre le plus jeune de l'usine. Il n'y avait plus d'employés-cadres de moins de 30 ans. Il y en avait quelques-uns entre 30 et 40 ans. C'est ce groupe qui semble problématique au Québec.
Lors de départs massifs à la retraite d'employés-cadres plus âgés, peu de jeunes ayant cinq à huit ans d'expérience pourront assurer la relève.
M. Brouillette : On avait beaucoup d'ingénieurs dans ce groupe d'âge qui venaient à l'Université de Trois-Rivières pour obtenir une maîtrise dans le domaine des pâtes et papier. Ils provenaient du secteur du génie chimique et génie mécanique. Ils ne connaissaient pas le secteur des pâtes et papiers. Ils ont obtenu un emploi dans ce domaine et venaient faire une maîtrise alors qu'ils conciliaient travail et études. Ces gens ont pour la plupart quitté le programme avant d'avoir terminé leur maîtrise. Ils ne voulaient plus travailler dans ce domaine. On a eu une fuite d'étudiants. Il nous reste actuellement trois étudiants dans le programme. Ces derniers travaillent pour des compagnies qui croient encore beaucoup à la recherche et s'y impliquent. Ce sont ces gens qui poursuivent leur maîtrise et qui ont le support de leur employeur pour continuer.
Le président : Quel rôle joue le Conseil national de la recherche chez vous?
Mme Preville : M. Mohamed va répondre.
[Traduction]
M. Mohamed : Le Conseil national de recherches dispose d'une vaste gamme de ressources en recherche- développement, en bioénergie et en produits biochimiques. Il a lancé un nouveau programme appelé Programme national sur les bioproduits et collabore avec divers partenaires.
Le président : Parmi vos partenaires, on compte le CNRC, l'Institut de recherche en biotechnologie du CNRC, le Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC et l'Institut de technologie des procédés chimiques et de l'environnement du CNRC. Ai-je raison de conclure que le CNRC joue un rôle important dans la commercialisation de la directivité après la recherche-développement? Quel est son impact sur vos partenaires?
M. Mohamed : Je laisserai les représentants du CNRC répondre. Ils disposent de mécanismes pour commercialiser le fruit de leurs efforts et, bien sûr, ils collaborent avec les entreprises. Quel en est l'impact sur notre réseau? Ils constituent un partenaire merveilleux. En fait, nous n'avons pas d'emprise sur le réseau. Nous collaborons avec divers ministères et organismes gouvernementaux pour créer des synergies et lancer des projets communs dans certains domaines. Les méthodes de commercialisation des ministères font partie de leurs activités de mise en marché.
Le président : Comme nous allons certainement entendre des témoins du CNRC, nous leur demanderons quel est l'impact de la commercialisation des projets.
[Français]
En recherche et développement, pour les pâtes et papiers, pouvez-vous me dire quel pourcentage devient commercialisé?
M. Brouillette : C'est à peu près 50 p. 100. Dans notre cas, on parle de chaires de recherche industrielles. Tous nos résultats sont publics. À ce moment, on ne connaît pas l'utilisation qui en est faite, mais une bonne partie est utilisée.
[Traduction]
Le président : Fort de votre professionnalisme et de votre collaboration avec de nombreux secteurs, vous nous avez fourni des renseignements utiles. À votre avis, à quoi ressemblera l'avenir de l'industrie forestière au Canada? Pouvez- vous nous fournir un aperçu de ce qu'il faudra faire pour soutenir le développement économique, la création d'emplois et nos collectivités en général?
M. Karau : Je pense qu'à l'avenir, le secteur forestier se diversifiera de plus en plus. Il produira des articles nouveaux et conventionnels. Le bioraffinage est probablement très prometteur. Nous devrons accroître nos capacités d'adaptation ainsi que prévoir les changements dans la demande et y réagir. Nous allons réussir.
Le président : Oui, car notre pays est le meilleur.
[Français]
M. Montplaisir : La façon de voir le futur c'est d'utiliser la ressource forestière de la façon la plus complète possible. C'est une ressource précieuse. On a parlé beaucoup de la fibre lignocellulosique. Il y a de l'écorce, des branches qu'on laisse par terre et des résidus. Il faut les utiliser davantage. Il pousse au Canada des bois de grande qualité. Il s'agit d'utiliser, au meilleur de leurs propriétés, chacun des produits, chacun des résidus générés.
Le sénateur Eaton parlait d'un manque d'approvisionnement en bois dur. Une façon de contrer ce problème est de l'utiliser là où ses propriétés et qualités sont nécessaires. Il est possible de construire des meubles avec d'autres produits que le bois dur sur des parties de meuble qu'on ne voit pas. Ce genre de stratégies permettent d'exploiter au meilleur les produits de nos fibres, de bois, les produits composés, de la bioraffinerie, et cetera.
[Traduction]
Le président : Au nom des membres du comité, je voudrais remercier chacun d'entre vous d'être venu ici ce matin. Vos exposés ont été très enrichissants. Si vous voulez nous faire parvenir davantage de commentaires, n'hésitez pas et communiquez avec nous par courriel ou par écrit.
Chers collègues, mardi prochain, le comité se réunira à huis clos pour examiner l'ébauche de rapport qui a été distribuée cette semaine. De plus, jeudi, nous allons entendre des témoins — et je sais que le sénateur Eaton y tient —, qui nous parleront de l'utilisation du bois dans l'industrie de la construction.
(La séance est levée.)