Délibérations du Sous-comité sur la Santé des populations
Fascicule 3 - Témoignages du 27 mars 2009 (séance de l'après-midi)
OTTAWA, le vendredi 27 mars 2009
Le Sous-comité sur la santé des populations du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui à 13 h 00 pour étudier les facteurs et situations qui contribuent à la santé de la population canadienne, appelés collectivement déterminants sociaux de la santé, et pour faire rapport sur ce sujet.
Le sénateur Wilbert J. Keon (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Chers collègues et invités, il est maintenant temps d'entendre parler des garderies. Nous sommes en communication avec un certain nombre de gens de la Bande de Seabird Island. Nous vous voyons tous et j'espère qu'il en est de même pour vous. Je suis le sénateur Keon et je vous présente, à ma droite, le sénateur Cook, le sénateur Eaton, le sénateur Pépin et le sénateur Champagne.
Nous allons commencer par entendre Mme Brown, la directrice de service de garderie. Nous aimerions, madame, que vous nous parliez de votre garderie.
Carlene Brown, directrice de service de garderie, Bande de Seabird Island : Je suis la directrice du programme de la petite enfance de la Bande de Seabird Island. Je dirige la garderie et le programme préscolaire. Notre garderie détient un permis l'autorisant à accueillir 47 enfants ayant entre l'âge de la naissance et six ans et répartis en trois sections en fonction de leur âge, soit de 0 à 18 mois, de 18 mois à trois ans et de trois ans à six ans. La première section compte 12 enfants et la dernière 25, dont les plus âgés ont 5 ans.
Le président : Combien d'employés avez-vous?
Mme Brown : Nous avons 12 employés qui se consacrent aux enfants et un concierge qui s'occupe des repas et du ménage.
Le président : Vos 12 employés s'occupent-ils des enfants de tous les groupes d'âge ou certains sont-ils spécialisés pour prendre soin, par exemple, des plus jeunes.
Mme Brown : Certains sont spécialisés. La plupart des employés sont affectés à une section précise, mais il leur arrive de changer de place et de se mélanger. Ils ont la possibilité de travailler avec tous les enfants.
Le président : Avez-vous des questions à poser à Mme Brown?
Le sénateur Eaton : Les témoins peuvent-ils se présenter afin que nous sachions quel organisme chacun d'eux représente?
Le président : Lorsque je les inviterai à prendre la parole, chacun d'eux nous dira ce qu'il fait.
Madame Suave, pourriez-vous nous dire quel est votre rôle à la garderie et ce que vous y faites précisément?
Cheryl Suave, employée, Bande de Seabird Island : Je travaille au programme des nourrissons de Seabird Island, soit des enfants entre l'âge de la naissance et trois ans, ce qui implique d'assumer plusieurs rôles. Si ce programme nous amène à travailler surtout au domicile des enfants, nous avons aussi recours à des programmes communautaires, comme la garderie, en y adressant les familles avec lesquelles nous travaillons. Je donne également aux familles des précisions sur le développement de leurs enfants et participe aussi à d'autres programmes de Seabird Island comme le Programme d'aide préscolaire et le programme Parent and Tots, en incitant et en aidant les parents à y participer.
Beaucoup d'autres programmes sont offerts à Seabird, par exemple, des programmes de musique pour les petits. J'aide et incite les parents à participer à ces programmes. Dans le cadre de mes fonctions, j'enseigne également le massage des nourrissons. Ces massages sont importants, parce qu'ils aident les parents à réaliser l'affection qu'ils portent à leurs enfants et favorisent des communications complètes avec leurs bébés. Je m'efforce, par diverses façons, d'inciter et d'aider les parents à profiter de nombreux programmes et, plus important encore, de celui dont nous parlons aujourd'hui : la garderie.
Le sénateur Champagne : Bonjour mesdames et messieurs. Madame Suave, quel type de formation avez-vous suivie et où? Comment vous êtes-vous préparée à prendre ainsi soin des enfants et, comme vous le dites, à l'enseigner autour de vous?
Mme Suave : C'est une bonne question. J'ai fait des études en éducation de la petite enfance ayant des besoins spéciaux et en développement des nourrissons et des tout-petits. J'ai consacré probablement plus de vingt ans de ma vie à l'éducation de la petite enfance en assumant diverses fonctions, toujours en m'occupant des bébés et des tout-petits, et en travaillant dans le cadre de programmes destinés aux nourrissons ayant des besoins spéciaux.
J'ai eu beaucoup de chance de travailler à Seabird Island et de pouvoir ainsi suivre diverses formations. C'est ainsi que j'ai pu apprendre à masser les nourrissons grâce à l'Association internationale en massage pour bébés. Cela m'a ensuite permis de donner des cours, ici à Seabird, et d'intervenir en personne aux domiciles de familles. Je suis également mère de deux enfants, ce qui a aussi contribué, je crois, à me donner beaucoup d'expérience.
Le président : Madame Ludman, vous êtes mère, n'est-ce pas?
Fallon Ludman, parent, Bande de Seabird Island : Oui.
Le président : Pouvez-vous nous parler des services de la garderie que vous utilisez, de ce qu'elle vous apporte, et cetera.?
Mme Ludman : Ma fille avait environ six mois quand elle a commencé à aller à la garderie. J'ai repris un travail à temps plein quand elle avait huit mois. Je ne pourrais pas travailler sans la garderie parce que je n'aurais personne pour s'occuper d'elle. C'est une excellente garderie. Elle l'adore. Elle pleure pour y aller les fins de semaine. Elle adore les excursions. Elle y apprend des choses.
Le sénateur Eaton : Quel âge a-t-elle?
Mme Ludman : Elle a trois ans maintenant.
Le sénateur Eaton : A-t-elle commencé à écrire ou à s'intéresser aux livres?
Mme Ludman : Oui.
Le sénateur Eaton : Comment trouvez-vous qu'elle se comporte par rapport aux enfants qui ne vont pas à la garderie? Est-ce quelque chose que vous avez pu observer?
Mme Ludman : Oui. Elle connaissait l'alphabet à 18 mois. Elle connaît également le nom de toutes les couleurs. Elle est vraiment intelligente.
Le sénateur Eaton : Est-ce que la garderie vous incite à faire des choses avec elle à la maison, comme lui faire la lecture le soir?
Mme Ludman : Oui. Je lui fais la lecture tous les soirs. Elle reconnaît certains mots et certaines couleurs.
Le sénateur Eaton : Et à propos des activités physiques? Les enfants pratiquent-ils des jeux pour améliorer leur coordination?
Mme Ludman : Oui, ils en font de toutes sortes tous les jours : des casse-tête, des jeux et du bricolage. Elle me ramène tous les jours ses bricolages de la journée et j'en ai une tonne à la maison.
Le sénateur Eaton : Et qu'en est-il de l'aide aux parents? Si vous butez sur un problème ou avez besoin de conseils, vous sentez-vous à l'aise pour poser des questions au personnel?
Mme Ludman : Oui. Ils m'ont beaucoup aidée parce que ma fille faisait de l'eczéma quand elle était bébé et que je devais lui appliquer six crèmes différentes plusieurs fois par jour.
Le sénateur Eaton : Le personnel a donc aussi été en mesure de vous donner des conseils de nature médicale?
Mme Ludman : Oui.
Le sénateur Pépin : Madame Suave, vous nous avez dit accepter les nouveau-nés. Voulez-vous dire par là que vous acceptez des bébés âgés d'un mois ou de six mois? À quel âge les acceptez-vous? Quel âge doivent-ils avoir?
Mme Brown : La plus jeune que nous ayons eue à la garderie avait trois mois quand elle est arrivée. C'était pour des raisons médicales. Elle avait les oreillons.
Le sénateur Pépin : Votre garderie est-elle ouverte sept jours par semaine, les fins de semaine, le soir? Quels sont vos horaires?
Mme Brown : Nous sommes ouverts du lundi au vendredi, de 7 h 30 à 17 h 30.
Le sénateur Pépin : Assurez-vous un service de garde après l'école?
Mme Brown : Il y a un programme de garde après l'école à Seabird Island pour les enfants âgés de six à 12 ans.
Le sénateur Pépin : C'est très bien.
Le sénateur Eaton : Puis-je poser une question supplémentaire dans le prolongement de celle du sénateur Pépin? Quand vous accueillez des nouveau-nés, disposez-vous de moyens pour vérifier s'ils sont victimes, par exemple, du syndrome de l'alcoolisme fœtal, d'autisme ou de tout autre problème de santé touchant certains nouveau-nés?
Mme Brown : Oui, nous utilisons des outils de détection, entre autres le Ages and Stages Questionnaire (ASQ). Si le personnel a des doutes particuliers, nous faisons alors appel aux services de Mme Suave qui a une plus grande expérience que nous des outils d'évaluation plus détaillés.
Le sénateur Callbeck : Où se trouve Seabird Island?
Mme Brown : Seabird Island se trouve dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, à environ une heure et demie de route de Vancouver.
Le sénateur Callbeck : Combien d'enfants avez-vous à la garderie?
Mme Brown : Notre permis nous autorise à en accueillir 47 à temps plein.
Le sénateur Callbeck : Comment la garderie est-elle financée?
Mme Brown : Nous facturons des frais aux parents. Ceux qui n'en ont pas les moyens reçoivent une subvention du ministère. Nous recevons également des fonds de Sto :lo Nations Resources Development.
Le sénateur Callbeck : Madame Suave, vous avez évoqué les programmes destinés aux parents. La fréquentation de ces programmes est-elle bonne?
Mme Suave : Il y a souvent beaucoup de monde à les suivre. Dans notre collectivité de Seabird Island, nous avons vraiment beaucoup de travail à faire pour instaurer des relations, pour que les familles se sentent à l'aise et souhaitent découvrir les diverses solutions qui s'offrent à elles, et les explorer.
Une fois cette relation établie, on réussit très souvent à les inciter à profiter de programmes comme celui de la garderie de Seabird Island, des programmes préscolaires, de programmes pour parents et tout-petits, de programmes prénataux et postnataux, des cours de massage, de musique et de diverses autres ressources disponibles dans la collectivité, comme les programmes de bibliothèque, et cetera.
Le président : Madame Nickel, pouvez-vous nous dire comment vous utilisez la garderie?
Bonnie Nickel, parent, Bande de Seabird Island : J'ai deux enfants âgés de quatre et cinq ans. Ils vont à la garderie depuis l'âge d'un an. Ils ont commencé dans la section des tout-petits. Tous deux ont profité de services de soutien dans le domaine de la santé. Ils ont suivi des séances d`orthophonie et d'autres thérapies.
Ce que j'apprécie le plus à la garderie est que les enfants y apprennent à faire preuve de beaucoup d'empathie envers les autres enfants, ce qui fait que les miens, quand ils ne sont pas à la garderie et qu'ils jouent ailleurs, sont capables d'être doux et gentils. On leur enseigne les bonnes manières. Comme Mme Ludman, sans la garderie, je ne pourrais pas travailler.
Le président : Quel genre de travail faites-vous, madame Nickel? Travaillez-vous de 9 à 5?
Mme Nickel : Oui.
Le président : Vous n'êtes pas obligée de travailler les fins de semaine ou le soir?
Mme Nickel : Non, heureusement pour moi, je travaille de 8 h 30 à 16 h 30, du lundi au vendredi.
Le sénateur Andreychuk : Puis-je vous demander ce que vous faites?
Mme Nickel : Je m'occupe de santé communautaire. Je travaille pour Seabird Island mais dans les Premières nations Chawathil et Skawahlook.
Le sénateur Callbeck : Quelle est la superficie de Seabird Island?
Steven MacKinnon, technicien, Bande de Seabird Island : Mille neuf cent quarante-trois hectares. Je m'appelle Steven MacKinnon et je suis ingénieur réseau.
Le sénateur Callbeck : Quelle est la superficie de l'île? Combien a-t-elle d'habitants, et cetera.?
M. MacKinnon : L'île mesure à peu près 5,2 kilomètres de long par 3,18 kilomètres de large. Elle compte environ 800 habitants.
Le sénateur Callbeck : À quelle distance se trouve-t-elle de la terre ferme?
M. MacKinnon : Elle porte le nom de Seabird Island mais le nom est trompeur parce que nous sommes reliés directement à la terre ferme.
Le sénateur Callbeck : Je vis à l'Île-du-Prince-Édouard et nous avons un lien avec le continent, mais nous nous considérons toujours comme des îliens.
M. MacKinnon : C'est bien vrai. Je viens des Maritimes et je sais fort bien de quoi vous parlez.
Le sénateur Pépin : Si vous vouliez améliorer un service, quel serait-il? Si on vous disait qu'il y a un service que vous pouvez obtenir, quel serait-il? De quoi avez-vous besoin?
Mme Brown : Je crois que nous faisons ce que nous pouvons, mais une question qui nous préoccupe beaucoup est celle des services de santé mentale pour les jeunes enfants. Je souhaiterais donc que nous disposions de plus de services de conseils pour les jeunes enfants.
Le sénateur Pépin : Avez-vous des médecins ou des infirmières spécialisés en santé mentale pour les enfants ou pour les adultes?
Mme Brown : Oui, il y en a. Nous avons une clinique médicale dans les locaux de Seabird Island, et des infirmières y travaillent. Nous avons des conseillers et certains professionnels en santé mentale.
Le sénateur Pépin : Je vous remercie.
Le président : Comment votre culture autochtone cadre-t-elle avec tout ceci? Vous veillez, madame, à l'instruction de vos enfants et l'un d'eux ou les deux ont suivi des séances d'orthophonie. Celles-ci se donnent-elles en anglais ou dans une langue autochtone?
Mme Nickel : Les séances d'orthophonie se donnent en anglais, mais ils apprennent aussi la langue Halkomelem à la garderie.
Le président : Quelle langue parlez-vous à la maison?
Mme Nickel : Nous parlons l'anglais.
Le sénateur Pépin : Est-ce que tout le monde parle l'anglais à la maison?
Mme Nickel : Le père de mes enfants parle un peu l'halkomelem.
Le sénateur Cook : Je vous remercie de nous avoir fait part de tout cela aujourd'hui. Je vous ai entendu dire que quelqu'un n'a pu se joindre à vous aujourd'hui. Il manque donc une personne que nous n'entendrons pas puisque vous êtes cinq, si je ne me trompe. C'est bien ça.
Carolyn Neufeld, directrice de santé, Bande de Seabird Island : Je m'appelle Carolyn Neufeld, et je suis directrice de santé. Mme Beadman a eu un empêchement de dernière minute et c'est la raison pour laquelle je me suis proposée pour répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Le sénateur Cook : Je viens de la province de Terre-Neuve, où il y a une bande indienne du nom de Conne River. Si vous me permettez l'expression, je dirais qu'elle est très autosuffisante. Elle a sa clinique sur la réserve, ses écoles, qui vont de la maternelle à la 12e année. Elle est autosuffisante puisqu'elle dispose de toutes les installations dont peut avoir besoin une famille avec des enfants qui grandissent. Les membres de la bande n'ont pas besoin d'aller ailleurs.
J'aimerais faire la comparaison entre la façon dont Conne River et votre réserve ou votre collectivité sont organisées. Pouvez-vous d'abord me dire si vous avez une clinique médicale sur place et me préciser le personnel dont elle dispose?
Mme Neufeld : Oui, nous avons une clinique médicale. Nous avons aussi un cabinet dentaire avec trois dentistes et tout le personnel. Nous avons deux médecins et une infirmière-praticienne, ce qui fait six employés au total. La clinique est ouverte du lundi au vendredi, mais est fermée pendant la fin de semaine et n'offre pas de services d'urgence. Nous voulions effectivement avoir un genre de guichet unique. Nous voulions que les familles aient accès à tout ce dont elles avaient besoin dans la collectivité afin de les aider à franchir toutes les étapes de la vie.
Nous avons beaucoup de chance. Nous avons une école secondaire, une école primaire, une garderie, un centre préscolaire et nous venons tout juste d'ouvrir notre collège, et nous continuons à nous efforcer de combler toutes les lacunes que nous constatons.
Le sénateur Cook : Tout ce personnel compétent qui travaille dans votre collectivité en est-il originaire ou vient-il de l'extérieur?
Mme Neufeld : Un peu les deux. Notre priorité est d'essayer de former des gens de Seabird Island. Nous venons tout juste de faire de la publicité pour un programme d'infirmières auxiliaires qui a suscité 39 candidatures et notre garderie est une vedette dans ce domaine. Nous avons mis en œuvre deux programmes d'éducation de la petite enfance qui ont permis à plus de 30 personnes d'obtenir leurs diplômes. Nous avons également des programmes de garderie familiale et d'autres pour répondre à des besoins spéciaux. Nous avons récemment donné de la formation dans le cadre d'un programme de responsabilisation des adultes. Nous nous efforçons aussi d'offrir à tous les habitants de Seabird la possibilité de trouver un travail, un centre ou domaine d'intérêt et de leur offrir sur place la formation nécessaire pour qu'ils ne soient pas obligés de partir. Certains restent, d'autres partent, mais ils ont au moins le choix.
Le sénateur Cook : Voulez-vous dire que, s'ils veulent partir ailleurs, vous les préparez à le faire?
Mme Neufeld : C'est exact. Nous sommes des partisans de la « théorie du saumon ». Ils reviendront un jour, quand ils seront prêts.
Le sénateur Cook : Si vous deviez dresser une liste de souhaits, que voudriez-vous y inscrire pour répondre aux besoins de votre collectivité?
Mme Neufeld : L'une des choses les plus importantes que nous aimerions mettre sur pied serait un centre d'excellence pour les programmes de la petite enfance. Nous voulons regrouper tous les services à la petite enfance sous un même toit. On y trouverait des services d'orthophonie, de santé maternelle et infantile, d'accompagnement des enfants, de garderie, préscolaires et, si possible, de santé mentale pour les enfants et de thérapie par le jeu. Nous voulons également nous intéresser à la physiothérapie et à l'ergothérapie. Nous aimerions tout avoir sur le même toit.
Nous nous occupons actuellement de 13 autres bandes et nous avons donc un rayonnement important. Nous disposons d'un autobus qui nous permet d'offrir des services sur une distance de 250 kilomètres. Beaucoup de gens nous sont adressés et nous avons beaucoup d'occasions d'aider des parents partout. Nous aimerions vraiment être en mesure de construire ce centre d'excellence dans les domaines de la formation et de la recherche, et dans tous les domaines ayant trait à l'expérience autochtone.
Le sénateur Cook : Comment êtes-vous financés? Vous nous avez dit offrir des services à d'autres bandes. Vous versent-t-elles des fonds? Comment vos activités sont-elles financées?
Mme Neufeld : De diverses façons. Le ministère des Enfants et de la Famille nous verse de fonds au titre de l'aide aux enfants, y compris pour les programmes autochtones de développement du jeune enfant. Nous recevons également des fonds dans le cadre de l'Accord sur l'aménagement rural et le développement agricole ou des services d'emplois. S'y ajoutent les frais facturés aux parents et les subventions. La Bande de Seabird Island verse une partie importante des budgets des programmes et des services à même son fonds de la taxe sur l'essence. Il y a aussi bien évidemment Santé Canada avec son programme d'aide préscolaire, et d'autres programmes. AINC contribue également au financement du centre préscolaire parce que celui-ci est ouvert cinq jours complets pendant la semaine. Ce sont là les sources de financement qui nous permettent de mettre en œuvre nos programmes et nos services.
Le sénateur Cook : Il faut vous en féliciter.
Disposez-vous de bénévoles pour vous aider à organiser vos nombreuses activités et les programmes que vous mettez en œuvre sur votre réserve?
Mme Brown : Nos parents sont merveilleux. Ils nous font don de beaucoup de leur temps pour participer à nos excursions avec nous. Nous avons également des anciens qui participent avec nous à des activités dans le cadre des divers programmes. Ce sont des bénévoles, oui.
Mme Neufeld : En ce qui concerne les bénévoles, il faut savoir une chose importante à propos de Seabird. Nous essayons d'avoir beaucoup de bénévoles pour les groupes sportifs et pour d'autres organismes de même nature parce qu'ils ont besoin de lever des fonds. Nous avons décidé de confier les services de traiteur ou d'achat de nourriture uniquement à nos groupes sportifs. Ces services sont donc maintenant assurés à l'interne par des groupes de bénévoles sportifs — fournitures et tout le reste — ce qui leur permet d'organiser des activités sportives pour leurs propres enfants. Cela a donné d'excellents résultats.
Le sénateur Cook : J'ai une dernière question à vous poser, un peu délicate. Y a-t-il des problèmes de drogue chez vos jeunes?
Mme Neufeld : Il y a des problèmes de drogue partout au Canada. Je ne dirais pas qu'il y en a plus ou moins à Seabird qu'ailleurs au Canada. Notre taux de chômage est faible. Beaucoup de nos jeunes travaillent. Beaucoup de gens sont très ouverts pour recevoir des conseils et obtenir de l'aide, mais ils sont encore confrontés à des difficultés, comme l'abandon scolaire. Je ne crois pas que la drogue pose plus de problèmes ici qu'ailleurs.
Le sénateur Cook : Je vous remercie de m'avoir fait part de votre point de vue.
Le président : Avons-nous d'autres questions?
Il me semble que vous desservez une région assez étendue. Seabird Island elle-même est petite, mais vous desservez beaucoup de gens de l'extérieur. Est-ce exact?
Mme Brown : Oui.
Le sénateur Champagne : Êtes-vous tous nés sur l'île ou certains viennent-ils de la terre ferme?
Mme Ludman : Je suis née ici.
Le sénateur Champagne : Qui d'autre? Êtes-vous née dans la région de Vancouver ou venez-vous de l'Est du Canada?
Mme Brown : Je suis née et j'ai été élevée à Vancouver.
Le sénateur Champagne : Qu'est-ce qui vous a amenée à Seabird Island?
Mme Brown : On m'a offert le poste de directrice du service de garderie. Ma famille et moi avons alors déménagé de Vancouver à Agassiz, qui se trouve à environ cinq minutes de Seabird, et cela fait maintenant 11 ans que je suis ici.
Le sénateur Champagne : Et qu'est-ce qui a amené là les autres personnes qui n'y sont pas nées? D'où venez-vous et pourquoi avez-vous déménagé à Seabird?
Mme Suave : Je suis née à Calgary, en Alberta, et j'ai déménagé en Colombie-Britannique. Mon mari et moi vivons à une quarantaine de minutes de Seabird Island et je fais la route tous les jours. Je m'y plais beaucoup. Je ne peux pas imaginer vivre ailleurs. C'est un endroit extraordinaire.
Mme Nickel : J'ai été élevée dans la région de l'île de Vancouver, sur une petite île appelée Quadra. J'ai déménagé à Vancouver pour aller au collège, puis à Seabird, il y a cinq ans. J'y suis restée depuis.
Mme Neufeld : Je suis née dans les îles de la Reine Charlotte. Mon grand-père était un marin britannique qui a quitté le bord pour épouser sa femme autochtone à cet endroit-là. Ils vivaient à environ 10 kilomètres d'ici et j'ai grandi à quelque 25 kilomètres de Seabird Island pour y revenir travailler il y a 13 ans.
Le sénateur Champagne : Veuillez pardonner ma curiosité, mais je voulais savoir pour ceux d'entre vous qui ne sont pas nés sur place et qui n'y ont pas été élevés, d'où vous veniez et ce qui vous y avait attirés. Nous avons même recueilli une histoire du genre « Il était une fois » avec un marin britannique qui a épousé une femme autochtone. Et vous voilà ici. Je crois que vous faites un excellent travail avec ces enfants. Vous devez avoir pour devise « Aide-toi et Dieu t'aidera ».Vous êtes un exemple concret de ce qu'il est possible de faire. Je vous félicite de tout mon cœur.
Le président : Y a-t-il autre chose que vous aimeriez demander aux sénateurs? Avez-vous des questions pour nous?
Mme Brown : Quel est exactement votre rôle?
Le président : Nous préparons un rapport sur la santé de la population visant à améliorer la santé, le bien-être et la productivité de tous les Canadiens qui ne sont pas en aussi bonne santé que leurs citoyens. En d'autres termes, il s'agit de corriger les disparités dans le domaine de la santé que l'on constate au Canada. Une partie importante de notre rapport est consacrée aux peuples autochtones. Nous sommes donc désireux de savoir comment les choses se passent dans votre région, dans quelle mesure vous êtes satisfaits de vos installations, et ce genre de choses.
Nous avions l'intention de nous rendre dans cette région et de vous rendre visite, mais nous manquons de temps. Nous devons terminer notre rapport et c'est la raison pour laquelle nous avons plutôt organisé une vidéoconférence et nous vous remercions d'avoir pris le temps de venir et de parler avec nous.
Le sénateur Pépin : On nous avait dit que les femmes des collectivités autochtones sont très dynamiques et impliquées dans leurs collectivités. Est-ce le cas sur votre petite île? Peut-être plus que les hommes? Je ne sais pas.
Mme Brown : Beaucoup de femmes de Seabird travaillent dans la collectivité. Six membres du personnel de la garderie sont des membres de la collectivité qui ont fait toute leur scolarité ici, à Seabird, qui ont monté le programme et qui travaillent maintenant à temps plein dans la garderie.
Le sénateur Champagne : Vous êtes bien évidemment un exemple de réussite, et il faut vous en féliciter. Je vous prie de bien vouloir accepter nos remerciements d'avoir accepté de vous entretenir avec nous aujourd'hui
Le président : Merci beaucoup à tous. Nous allons maintenant reprendre nos travaux.
(La séance est levée.)