Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 2 - Témoignages du 18 octobre 2011
OTTAWA, le mardi 18 octobre 2011
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 18 h 6 pour examiner, pour en faire rapport, les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole.
Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Honorables sénateurs, je constate que nous avons le quorum et je déclare la séance ouverte.
[Traduction]
Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
[Français]
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts a reçu un ordre de renvoi pour étudier le développement de nouveaux marchés domestiques et internationaux, le renforcement du développement durable de l'agriculture et aussi améliorer la diversité alimentaire et la sécurité.
[Traduction]
Le comité remettra un rapport au Sénat au plus tard le 31 décembre 2012.
Mesdames et messieurs les sénateurs, j'aimerais que nous nous présentions. Je suis Percy Mockler, et je préside ce comité.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, du Nouveau-Brunswick.
[Traduction]
Le sénateur Mahovlich : Sénateur Mahovlich, de l'Ontario.
Le sénateur Fairbairn : Joyce Fairbairn, de l'Alberta.
Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
Le sénateur Rivard : Michel Rivard, de Québec.
[Traduction]
Le président : Au nom du comité, je vous remercie d'avoir accepté notre invitation. Nous savons que vous êtes des chefs de file dans votre industrie.
Nous accueillons aujourd'hui David Wiens, vice-président des Producteurs laitiers du Canada et président des Producteurs laitiers du Manitoba.
[Français]
Nous accueillons, du Nouveau-Brunswick, M. Jacques Laforge, qui a été président des Producteurs laitiers du Canada pour une durée dépassant celle des mandats de nombre de ses prédécesseurs. Monsieur Laforge a fait preuve de leadership au Nouveau-Brunswick, mais également au Canada, si l'on regarde ses actions à l'échelle internationale. Nous vous souhaitons la bienvenue et vous remercions d'avoir accepté d'être présent.
[Traduction]
David Wiens, vice-président, Producteurs laitiers du Canada : Je vous remercie de me donner la chance de témoigner devant le comité. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de parler des projets auxquels nous participons dans notre secteur.
Je travaille aux Producteurs laitiers du Canada depuis 2002. J'y ai d'abord occupé le poste de président du comité de promotion, ce qui m'a permis d'apprendre les rudiments de l'industrie. Plus récemment, comme on l'a dit, j'ai été nommé vice-président représentant l'Ouest du Canada au sein du conseil. Je suis aussi président des Producteurs laitiers du Manitoba. Mon frère, moi-même et nos familles travaillons tous à la ferme. Notre ferme se situe au sud de Winnipeg, à environ une heure de route, soit à une trentaine de minutes d'où habite le sénateur Plett. La production laitière représente une part importante de l'agriculture dans cette région.
Dans ma déclaration préliminaire, j'aborderai les trois points qui ont été mentionnés, soit le développement de nouveaux marchés intérieurs et étrangers, l'accroissement de la durabilité en agriculture et l'amélioration de la diversité et de la salubrité des aliments.
Les Producteurs laitiers du Canada représentent tous les producteurs laitiers canadiens, soit près de 13 000 fermes. Nous défendons les intérêts des producteurs en plus d'élaborer des politiques et de faire de la promotion. Nous sommes dirigés par des producteurs pour les producteurs.
La vision de l'industrie laitière guide notre approche, qui oriente ensuite nos activités, comme l'élaboration de politiques et de programmes ainsi que les discussions et les relations des membres de notre industrie avec d'autres parties intéressées. Bien entendu, les parties intéressées sont nombreuses. Elles comprennent les transformateurs, les détaillants et l'administration, sans oublier les consommateurs.
Notre vision de l'industrie est une industrie laitière formée d'entreprises agricoles rentables et indépendantes opérant dans un système dynamique de gestion de l'offre, et produisant et préconisant des produits laitiers canadiens salubres et de grande qualité pour les consommateurs.
Nous sommes très fiers de la contribution de l'industrie laitière au produit intérieur brut du Canada. Dans notre document, il est indiqué qu'elle a contribué pour 15,2 milliards de dollars au produit intérieur brut. En tout, nous représentons environ 215 000 emplois. C'est une contribution importante à l'économie canadienne, comparable à celle d'autres industries.
J'aimerais parler un peu de notre stratégie de développement durable. Les Producteurs laitiers du Canada ont adopté une stratégie de développement durable. Je vais aborder brièvement certains points contenus dans ces documents. Les grands objectifs de cette stratégie sont de réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des fermes laitières du Canada, de favoriser la gestion efficace et durable des ressources naturelles dans les fermes laitières canadiennes et d'améliorer le rendement socioéconomique de ces fermes.
J'ai apporté quelques brochures plutôt que de me lancer dans de longs exemples. Elles expliquent clairement ces trois aspects de notre stratégie de développement durable. Je tenterai de répondre à toute question à ce sujet.
Un autre aspect de la durabilité est la relève. Pour cela, il faut de jeunes fermiers.
Nous avons souvent entendu dire qu'il était difficile de se lancer dans l'industrie laitière au Canada. Nous savons aussi que l'industrie laitière d'autres pays a souffert des conséquences néfastes de la volatilité du marché, et que les producteurs laitiers ont connu des difficultés. Cette situation contraste radicalement avec celle du secteur laitier canadien. La gestion de l'offre donne aux producteurs laitiers la stabilité dont ils ont besoin pour exploiter leur ferme. Elle comporte d'importants avantages.
Les statistiques montrent que les producteurs laitiers sont en règle générale plus jeunes que les autres agriculteurs. Le recensement de l'agriculture de 2006 révèle que l'âge moyen du producteur laitier est de 47 ans, comparativement à 52 chez les agriculteurs. La différence est importante. Ainsi, tous ces facteurs favorisent la durabilité.
Parce que les fermes laitières sont efficaces et rentables, les producteurs laitiers ont pu réinvestir dans les activités et continuer d'accroître l'efficacité. Un secteur qui serait forcé de vivre au jour le jour ne pourrait faire ce genre d'investissement.
Nous avons investi dans des domaines comme la salubrité des aliments, l'environnement et le nouveau programme de relève. Au cours de la dernière année, 25 nouveaux producteurs ont intégré le secteur laitier au Canada. Ces nouveaux producteurs n'avaient aucune expérience en la matière. C'est sans compter toutes les générations à venir qui reprendront la ferme de leurs parents. Ce sont des gens de l'extérieur qui se disaient que le secteur offrait une occasion unique, mais qui avaient besoin d'aide pour se lancer. C'est à ça que sert le programme. Il a permis à de nouveaux producteurs de partout au Canada de tenter leur chance dans l'industrie laitière. Le programme est très efficace.
Nous avons aussi investi dans la salubrité des aliments à la ferme. La population canadienne veut être assurée que les aliments proviennent d'une source sûre. Il existe des systèmes qui permettent de garantir la salubrité des aliments et de l'environnement dans lequel ils sont produits. Nous avons mis sur pied le programme Lait canadien de qualité, mieux connu sous le nom de programme LCQ chez les producteurs. Le programme explique aux producteurs comment assurer la salubrité du lait et de la viande à la ferme.
Ce programme a reçu l'approbation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Il satisfait donc à ses exigences. Nous fournissons le manuel de référence et le cahier de travail. Nous avons élaboré un système convivial pour aider les producteurs à mettre en œuvre ce programme de façon efficace dans leur ferme tout en limitant la paperasserie qui accompagne souvent les programmes du genre. Dans notre cas, le programme a été très efficace.
J'aimerais aussi parler du rendement des fermes. La génétique laitière est une des plus en demande dans le monde. Et la génétique canadienne est convoitée par les autres pays, qui veulent l'acheter. La génétique a été améliorée au fil des années pour accroître le rendement des fermes canadiennes. Et ce rendement intéresse aussi les autres pays.
Voici quelques faits intéressants : selon les statistiques du département de l'Agriculture des États-Unis, de l'instauration de la gestion de l'offre à 2008, le rendement a augmenté de 138 p. 100 au Canada, comparativement à 110 p. 100 aux États-Unis. Au Royaume-Uni, autre pays de référence, cette augmentation a été de 81 p. 100. Étonnamment, en Nouvelle-Zélande, elle a été de loin inférieure, soit de 35 p. 100.
On peut constater les progrès qui ont été accomplis dans l'industrie laitière canadienne quant à la productivité des vaches. Ces progrès sont le résultat de la génétique, de l'alimentation des vaches, de l'attention portée à leur confort et d'autres facteurs du genre.
En même temps, la taille des fermes et leur efficacité ont continué d'augmenter grâce à la gestion de l'offre. Il est intéressant de constater que la diminution du nombre de fermes au Canada a suivi une tendance similaire à celle observée aux États-Unis. Le nombre de fermes a radicalement diminué au cours des ans; les fermes restantes sont plus grosses et plus efficaces.
Grâce à ces statistiques, on peut constater que les gains de productivité des producteurs laitiers canadiens sont comparables à ceux des producteurs dans le reste du monde.
Nous avons un engagement de longue date envers la recherche laitière et nous croyons que les producteurs, les transformateurs et les administrations doivent partager la responsabilité de promouvoir l'effort de recherche pour aider à assurer la durabilité de l'industrie.
Dernièrement, nous nous sommes concentrés sur La grappe de recherche laitière, un programme lancé en 2010 qui s'insère dans l'Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes du cadre stratégique Cultivons l'avenir d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Dans le cadre de cette initiative, le fédéral a financé le projet de recherche à hauteur de 75 p. 100, et les Producteurs laitiers du Canada ont fourni le reste, soit 3 millions de dollars. Cet investissement est profitable pour l'industrie et montre le type de projets que nous sommes capables de réaliser.
Le principal objectif de la grappe laitière est d'étudier les bienfaits du lait et des produits laitiers sur la santé. Ça répond à une demande. La population canadienne veut savoir ce qu'elle mange. Peut-être qu'ils y accordaient moins d'importance avant, mais les consommateurs sont maintenant beaucoup plus soucieux de leur alimentation. Ils veulent consommer des aliments nutritifs et savoir ce qu'ils contiennent.
Nous répondons donc à un besoin. Cette recherche est avantageuse pour l'industrie laitière et pour la population. Elle permet d'atteindre de meilleurs résultats en santé, et ses retombées économiques vont au-delà de l'industrie laitière.
La grappe laitière comporte 46 projets de recherche auxquels participent des centaines d'experts des universités canadiennes de tout le pays. Elle ne se limite pas à une seule région. Le programme prendra fin le 31 mars 2013. Nous avons déjà commencé à réfléchir aux prochains projets de recherche. En novembre, des producteurs laitiers et d'autres personnes engagées dans la recherche laitière vont se réunir pour élaborer une liste de priorités pour le prochain ensemble de projets.
En fin de compte, l'investissement continu dans la recherche est essentiel pour tous les secteurs canadiens. Le plus grand marché des producteurs et des transformateurs canadiens est le Canada, et ce n'est pas seulement vrai pour l'industrie laitière. En fait, pour l'ensemble du secteur agricole, le principal marché se trouve au Canada.
Le marché agricole et agroalimentaire canadien est un marché vigoureux qui favorise la croissance de la transformation à valeur ajoutée.
Apparemment, 63 p. 100 de la production agricole et agroalimentaire, en valeur, est vendue au Canada. C'est un bon indice de l'importance de notre marché intérieur. Dans le document de consultation sur Cultivons l'avenir 2, Agriculture et Agroalimentaire Canada déclare que trois quarts des aliments et des boissons transformés au Canada sont destinés au marché canadien. C'est un autre exemple de l'importance de notre marché.
Le marché laitier du Canada est un marché bien établi, mais on peut le développer davantage. Les Producteurs laitiers du Canada et leurs membres ont donc entrepris un examen complet de tous les éléments déterminant la croissance du marché du lait de ferme. Cet examen est en cours.
D'ici la conférence sur la politique laitière de février 2012, un rapport dressant la liste des débouchés éventuels sur le marché canadien devrait paraître. Nous avons hâte de le lire, car les rapports préliminaires indiquent qu'il y a effectivement de nouveaux débouchés. Il faut trouver le moyen d'en tirer profit.
Nous avons toujours accordé une grande importance aux investissements qui visent la promotion générique du lait et des produits laitiers. Et bien entendu, les transformateurs font la promotion de leurs marques de leur côté.
Par la publicité, des partenariats et des programmes éducatifs, les Producteurs laitiers du Canada font la promotion des produits laitiers canadiens et encouragent l'adoption de saines habitudes alimentaires, ce qui est bénéfique pour tous les citoyens canadiens.
Je crois que vous avez reçu un exemplaire de ce magazine. Vous ne l'avez peut-être pas en main, mais il illustre comment nous allons promouvoir nos produits avec d'autres produits. Voici un exemple de notre collaboration avec les producteurs de bœuf canadiens. Vous pouvez voir aussi le sceau du bœuf canadien, et on sait tous que le bœuf et le fromage se marient bien. On cerne ces occasions et on vante d'autres produits. C'était un exemple.
Nous avons aussi conçu le logo illustrant une vache bleue. La plupart d'entre vous le connaissent probablement. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à ce logo, car pour eux, ça veut dire que le produit en question est un produit laitier canadien. C'est un produit 100 p. 100 canadien, et ils peuvent s'attendre au goût exceptionnel qui caractérise nos produits. C'est un gage de qualité.
Depuis que nous avons lancé le logo de la vache bleue, plus de 300 transformateurs ont signé l'entente de licence pour quelque 5 100 produits. Plus de 2 700 produits arborent fièrement ce symbole, et 2 400 autres le feront bientôt. Ils ont commencé à le reconnaître. C'est intéressant de voir que même les détaillants en sont venus à le demander. Ils savent ce qui compte pour les Canadiens. Ce sont leurs clients directs. Ils se sont tournés vers les transformateurs et leur ont dit qu'ils aimeraient voir ce logo sur leurs produits. Ils veulent qu'on sache qu'ils offrent des produits laitiers canadiens.
Ça s'est avéré une méthode très efficace pour montrer aux consommateurs que nous offrons des produits laitiers, et qu'ils sont faits au Canada.
Enfin, toujours à propos de l'amélioration de la diversité et de la sécurité des aliments, on constate que le coût des denrées au Canada, en général et en comparaison avec celui dans d'autres pays, fait l'objet de bien des discussions. Je suis certain que vous êtes nombreux à en avoir entendu parler dans les médias dernièrement.
Il faut savoir que les Canadiens consacrent 10 p. 100 de leur revenu disponible à la nourriture, dont 1,5 p. 100 aux produits laitiers. Le montant consacré aux produits laitiers a diminué de 11 p. 100 depuis 1990. Il a diminué considérablement, en partie en raison des gains en efficacité réalisés au cours des ans, grâce aux approches dont on a déjà parlé.
Nous sommes fiers de réinvestir dans nos collectivités et nos économies locales et de contribuer à leur développement. Évidemment, les 13 000 fermes se trouvent dans les régions rurales, près de petites villes. Ces revenus sont donc réinvestis près des fermes, c'est-à-dire dans ces collectivités rurales. Les collectivités où l'activité agricole est importante sont pleines de vitalité. Plus particulièrement, nous avons constaté dans les collectivités où nous habitons l'influence que peut avoir l'industrie laitière.
J'aimerais terminer par quelques suggestions que le comité pourrait examiner dans le cadre de son étude sur la recherche et l'innovation. Nous nous sommes concentrés sur la durabilité et la recherche. Vous trouverez ces suggestions à la dernière page de notre rapport.
Sur ce, j'aimerais vous remercier, monsieur le président, pour le temps que vous m'avez accordé.
Le président : Je vous remercie, monsieur Wiens, pour cette information. C'est maintenant à M. Laforge de faire sa déclaration.
[Français]
Monsieur Laforge, la parole est à vous.
Jacques Laforge, à titre personnel : Merci, monsieur le président. J'ai été très heureux d'être invité à votre comité. Je connais déjà plusieurs d'entre vous.
Aujourd'hui, je m'adresse à vous à titre d'agriculteur ayant près de 30 ans d'expérience dans l'agriculture générale. Mon fils de 30 ans et moi représentons les troisième et quatrième générations à la ferme familiale. Il est avec nous sur la ferme, avec son épouse. Notre ferme se développe au fil des années, et nous avons déjà trois petits-enfants qui se promènent autour de la ferme et qui représentent la relève de la cinquième génération. Je pense que cela décrit un peu la ferme familiale canadienne d'aujourd'hui.
Fort de cette expérience, j'aimerais parler tout d'abord de l'agriculture en général; j'enchaînerai ensuite avec notre propre ferme en vous racontant comment on a fait face aux défis au cours des années, en ce qui concerne l'innovation et le développement de marché. J'essaierai de parler de tout cela à l'intérieur de cinq à sept minutes.
Notre ferme est une ferme mixte, dont 50 p. 100 est laitière alors que l'autre moitié est céréalière. Nous avons aussi des activités commerciales pour faire la mise en marché de nos produits.
On cultive autour de 500 acres de grains sur un total d'environ 1000 acres de terre. Toutes nos céréales sont cultivées. On ramasse les céréales, la paille et le plus de fibres possible afin de les mettre en marché. Il y a des années où la paille, dans notre champ, nous a donné plus de revenus à l'acre que le grain. Dans les années 1990, le grain était à des prix très bas. Le taux de conversion du dollar canadien favorisait beaucoup la commercialisation aux États-Unis de nos fibres, de nos pailles et de nos fourrages.
En ce qui concerne le développement de marché, souvent, un marché c'est un peu comme de la brume ou de la fumée. On l'a aujourd'hui mais ce n'est pas toujours stable, c'est volatil. Quand le dollar canadien est arrivé à parité avec le dollar américain, nous n'avons pas eu d'autres choix que de cesser une bonne partie de ces activités. Je vous donne cet exemple qui est assez typique de la ferme canadienne. Autant la ferme laitière, c'est de la génétique avec la vache folle, la différence du dollar nous a aussi beaucoup affectés. C'est semblable pour le producteur de porcs.
Le message que je veux vous passer à ce sujet c'est que l'agriculture canadienne a toujours bénéficié d'un dollar canadien très inférieur au dollar américain, et c'est ainsi que l'on gardait notre compétitivité.
Cela n'existe plus depuis quelques années et les agriculteurs sont en train de manger leur marge de profit pour rester en affaires. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas de bons hommes d'affaires, ils doivent s'adapter. Lorsque le dollar fluctue de 20 à 25 cents du jour au lendemain, il faut s'adapter très vite.
Le message que je veux vous livrer aujourd'hui est que pour renforcer l'agriculture, le moral des agriculteurs et avoir des entreprises progressistes, il faut un investissement massif pour compenser cette perte due à une mauvaise synchronicité. C'est une perte directe de compétitivité qu'on a toujours subie et on a développé nos entreprises de cette façon.
Le comité devrait se pencher sur ce sujet pour venir en aide à beaucoup d'agriculteurs présents sur le marché de l'exportation autant que domestique. Il est difficile de développer un marché quand on est étouffé. On essaie de survivre financièrement, mais ce n'est pas toujours le cas. On mange notre marge de profit ou on est obligé d'emprunter beaucoup d'argent pour survivre pendant plusieurs années pour rééquilibrer les choses.
Je vous parle de ma ferme puisque c'est elle que je représente aujourd'hui. On a décidé de faire des investissements à la ferme un peu en dehors de l'agriculture générale. On avait envisagé ce projet il y a longtemps. On a bâti un digesteur. Il s'agit d'un gros estomac qui prend le fumier des vaches et produit du biogaz. On a ajouté des déchets hors ferme au fumier de vaches. Ce sont des déchets d'usines d'alimentation spécialisée comme l'usine McCain Foods Limited, à 5 kilomètres de chez nous, qui transforme des pommes de terre en frites. On a conclu une entente contractuelle dans le but de recevoir tout leur déchet. On les mélange avec notre fumier de vaches laitières et on fait du biogaz. Ensuite, on prend le biogaz et on fait fonctionner un cogénérateur qui produira l'électricité pour 200 maisons environ; un petit village. On va en produire pour une valeur d'environ 250 000 $ d'électricité par année. Tout ce qui passe dans le digesteur est converti en liquide et une fois digéré, c'est le meilleur engrais organique qui soit pour une plante. On a une entente avec une douzaine de fermiers dans les alentours de notre ferme pour cet engrais. On est autosuffisant pour nos engrais chimiques à la ferme. On a un revenu d'électricité et le cogénérateur nous donne également de la chaleur. C'est un engin de 1 000 forces qui alimente un générateur qui fait entre 300 à 600 kilowatts/heure. On essaie de maximiser cette chaleur. On chauffe toutes les maisons, les réservoirs à eau chaude. En plus, le digesteur a besoin de maintenir une certaine chaleur.
Je vous donne cela comme exemple, car notre rêve, lorsque j'ai acheté de mon père, était d'avoir une ferme autosuffisante pour tous ses coûts majeurs d'acquisitions.
[Traduction]
À la ferme, on voulait être autosuffisant. On ne voulait pas avoir à acheter ces produits, car ce qui coûte le plus cher de nos jours, c'est l'électricité, l'engrais et les produits chimiques. Aujourd'hui, nous avons une ferme qui, grâce à cette transformation, offre une multitude de possibilités, et ça fait partie des activités de la ferme. Et des industries s'intéressent à nous. Elles veulent conclure une entente pour utiliser le surplus de chaleur que nous produisons.
Pour ce qui est de l'agriculture dans l'avenir, si on se fie à la fin des années 2000 ou à 2010, le taux de change ne devrait pas beaucoup varier. La parité devrait se maintenir. Ce qu'il faut, ce n'est pas nécessairement augmenter la production, mais plutôt l'améliorer, et de façon plus intelligente. Par plus intelligente, je veux dire que, comme notre climat est froid, il faut faire les choses autrement et de façon plus efficace que dans les climats chauds. En fait, il faut voir l'agriculture au Canada comme presque entièrement autonome et autosuffisante en ce qui concerne les intrants. Je pense que c'est tout à fait faisable. Il faut regarder tout ce qui s'offre à nous. Si on pense à l'agriculture de nos jours, et ça n'a pas besoin d'être un digesteur, les fermiers ont assez de terres pour faire pousser les cultures nécessaires à la production de leur propre électricité. Il y a le canola, le biodiesel et le biogaz. Il y a plusieurs possibilités. Pour y arriver, il faut de la motivation et des investissements massifs, ce que les agriculteurs ne peuvent pas se permettre en ce moment à cause du taux de change. Financièrement, ils sont un peu serrés.
Il faut considérer l'agriculture au Canada comme une industrie où un cultivateur peut devenir financièrement indépendant et avoir une ferme rentable. Si la demande pour ses cultures est moins grande sur le marché une année donnée, il pourrait les transformer en d'autres produits plutôt que de les offrir sur le marché local. Pour cela, l'État doit mettre sur pied des programmes favorisant les investissements massifs dans ces secteurs. Pour moi, un investissement massif représente un certain montant. Selon qu'il s'agit d'un petit ou d'un gros investissement, ce montant pourrait varier. Il faut concentrer les efforts. Je pense qu'un comité comme le vôtre doit envisager des programmes qui aident à trouver pour chaque ferme trois activités où elle pourrait innover pour atteindre ces objectifs, devenir indépendante et produire ses propres intrants. Le coût des intrants est très élevé. Vous seriez étonnés. Ça aiderait le cultivateur s'il pouvait se concentrer sur deux ou trois objectifs. Au début, on pourrait lui donner un petit coup de main pour réduire ses coûts ou augmenter ses revenus. Selon moi, c'est là que repose l'avenir des programmes d'aide en agriculture. Parfois, on essaie de faire des changements dans un secteur en particulier, mais je pense que le faire ferme par ferme est pratiquement la seule manière de le faire.
Ce ne sont que des suggestions. Je pense aux façons d'innover. Voici un exemple qui peut paraître simpliste, mais les plus grands progrès se font quand on est rendu à une certaine étape, et, habituellement, la population doit franchir trois étapes avant qu'on atteigne cette efficacité. Je vais utiliser l'exemple des téléphones cellulaires au Canada. Avant, nous avions des lignes téléphoniques et toutes sortes de systèmes de communication, car nous sommes un pays développé qui se porte plutôt bien. Maintenant, il y a les téléphones cellulaires et autres gadgets. L'adaptation a été longue et coûteuse. Cela coûte cher au Canada. En 1999 ou 2000, je suis allé en Inde. Je dirais que l'Inde était, à l'époque, un pays émergent. Je ne pouvais pas me payer de téléphone cellulaire, et pourtant, là-bas, tous les gens dans la rue avaient un téléphone cellulaire à la main, même les enfants. Comment pouvaient-ils se le permettre? C'est qu'ils n'ont pas eu à subir l'évolution de la téléphonie. Ils n'avaient rien, et ils sont passés directement au téléphone cellulaire. Eh bien, il faut faire la même chose pour l'agriculture au Canada. Il faut faire un bond en avant, et ça demande des investissements importants. Il faut de grands efforts pour devenir plus efficace, sans avoir à passer par les étapes intermédiaires. Selon moi, l'agriculture au Canada a ce qu'il faut pour devenir, et deviendra, un secteur concurrentiel et rentable, mais il faut investir et le faire de la bonne manière.
Voilà, j'ai terminé.
Le président : Merci, monsieur Laforge.
Le sénateur Robichaud : Monsieur Wiens, selon vous, dans le cas des producteurs laitiers, la nécessité de devenir autosuffisants est-elle aussi pressante que l'a décrit M. Laforge?
M. Wiens : Je ne suis pas certain de bien comprendre votre question sur l'autosuffisance. Je dirais que nous sommes autosuffisants, et que, bien entendu, nous allons continuer de chercher des moyens pour améliorer l'efficacité et faire évoluer les fermes. Actuellement, nos fermes sont indépendantes. Est-ce que j'ai bien compris votre question?
Le sénateur Robichaud : M. Laforge disait que trois choses influent sur vos revenus et vos profits. L'électricité en est une, et il a trouvé un moyen de régler le problème. Dans son cas, c'était l'engrais. Je présume que certains producteurs laitiers ont aussi des terres pour cultiver le foin et nourrir les animaux, des choses comme ça. Est-ce que vos membres souhaitent aller dans cette voie plutôt que de compter uniquement sur la génétique? Éventuellement, la génétique atteindra ses limites, non?
M. Wiens : C'est une question pertinente. Pour atteindre ces limites, il faut d'abord atteindre la constance. La génétique peut donner des résultats différents pour une même lignée. Une partie du défi consiste à être le plus constant possible.
M. Laforge a fait une remarque intéressante. Il a dit que les moyens utilisés pour améliorer l'efficacité des fermes variaient d'une région à l'autre. Par exemple, chez nous, au Manitoba, l'hydroélectricité coûte beaucoup moins cher qu'au Nouveau-Brunswick. Dans notre cas, on ne pourrait pas adopter le même plan d'affaires, à moins de recevoir une importante subvention des services publics pour produire plus d'électricité et l'injecter dans le réseau. Cependant, il y a autre chose que nous pourrions utiliser davantage que lui.
D'une part, il y a certaines différences entre les provinces, et pas seulement des différences de climat. Le coût de l'énergie varie beaucoup d'une région à l'autre, et je crois que le coût de l'électricité est un des facteurs qui varient le plus. Le coût du carburant est un peu plus uniforme. Il y a des différences d'un endroit à l'autre du pays, mais il semble qu'en matière d'électricité, différentes choses soient à l'essai. Rien qu'en ce qui concerne la recherche de possibilités, il y a, par exemple, le traitement du fumier, qui est un engrais précieux, même à l'état brut. Dans certains cas, quand un producteur est loin d'une terre ou n'a pas assez de terre autour de sa ferme et que la distance entre en jeu, il sépare les liquides du fumier. Ça l'aide à gérer d'autres facteurs. En plus de rendre le transport plus efficace, on peut conserver le liquide sur place et envoyer les solides ailleurs. Le phosphore, par exemple, est un nutriment moins présent dans le liquide. Lorsqu'on étend du fumier près de la ferme, il est préférable d'utiliser le liquide pour ne pas ajouter trop de phosphore au sol. C'est le genre d'avenue que les producteurs explorent.
[Français]
Le sénateur Rivard : Je vous remercie, monsieur Wiens, pour les statistiques que vous nous avez présentées. Je ne croyais pas qu'il y avait tant d'emplois générés par votre industrie. Cela se compare avec l'industrie aéronautique, ou Desjardins et d'autres. Bravo!
On sait qu'a été déposé à la Chambre des communes un projet de loi visant l'abolition de la Commission canadienne du blé. Dans l'Ouest, c'est très controversé; à peu près la moitié sont pour et la moitié sont contre. S'il n'y avait pas de système de gestion de l'offre, à quel point la situation serait-elle catastrophique chez vous?
[Traduction]
M. Wiens : La gestion de l'offre est sans contredit extrêmement importante pour nous. Avec les années, la gestion de l'offre a créé un environnement très stable pour la production laitière. Je sais qu'on lie souvent le travail de la Commission canadienne du blé à la gestion de l'offre, mais il y a des différences assez importantes. La comparaison révèle en fait plus de différences que de similitudes. Le travail de la commission porte sur tout autre chose.
J'aimerais tout d'abord ajouter que les producteurs se montrent extrêmement satisfaits de la gestion de l'offre et de son efficacité. Ça ne fait aucun doute. L'industrie laitière est présente d'un bout à l'autre du pays. On se rappellera qu'il y a quelques années, au moment de la récession de 2008, des producteurs laitiers du monde entier ont éprouvé d'immenses difficultés, et il y a eu des manifestations en Europe où des producteurs jetaient du lait pour protester contre la faiblesse des prix. Au Canada, nous avons évité cette tempête. En fait, le marché n'a pas reculé pendant cette période. Les prix n'ont pas baissé. L'économie du pays est demeurée assez solide. Cela dénote certainement que notre système de gestion de l'offre nous aide à survivre dans ce genre de situation.
[Français]
Le sénateur Rivard : Monsieur Laforge, vous avez parlé de programmes gouvernementaux à mettre sur pied. Auriez- vous un exemple ou deux? Je ne parle pas d'une subvention directe qui serait liée à la production. Quel genre de programmes aimeriez-vous que le gouvernement mette de l'avant?
M. Laforge : Les programmes devraient diriger les agriculteurs vers l'innovation, dans le sens d'améliorer. On peut innover sur une ferme avec des choses bien simples. Je parle de programmes strictement liés à l'innovation.
Les programmes du passé ont été basés sur l'aide aux producteurs afin de produire davantage. Si on avait un problème, on produisait plus. C'est la nature de l'agriculteur. Si j'étais serré financièrement, plutôt que d'avoir 200 acres, l'année suivante j'en avais 250 acres. Et ceci jusqu'à ce qu'on atteigne le bout.
Lorsque notre dollar est égal à celui des Américains et que notre situation monétaire au plan international est élevée, on est mieux de se concentrer sur la réduction de nos coûts par l'innovation. On ne devrait pas stimuler plus de production avant d'avoir pu baisser nos coûts de production pour améliorer notre sort. Il y a différentes grosseurs de ferme et l'innovation est davantage importante pour le moment, ainsi que l'investissement, pour accomplir cette étape.
Si vous regardez le taux d'endettement de la ferme canadienne par rapport à celui de la ferme américaine, c'est alarmant. C'est parce que nous sommes dans une période d'ajustement. Durant une période d'ajustement, l'innovation est importante et il faut minimiser les coûts.
Il y a une vieille expression en anglais : « Don't get bigger, get better ». En appliquant ce principe, on ne pourra que prendre de l'ampleur dans le futur. Si on est plus efficace, on peut penser à faire grossir l'entreprise.
Il est primordial aujourd'hui de se tourner vers l'innovation et de diminuer nos coûts. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'exception pour qu'il soit possible de développer un produit de niche de haute valeur qui rapporterait un revenu adéquat important, mais dans l'agriculture générale il est plus important de penser à l'innovation en réduisant nos coûts.
Le sénateur Rivard : Peu importe le programme qui pourrait être mis de l'avant par le gouvernement fédéral, le coût d'un projet serait-il partagé 50-50? Dans votre esprit, croyez-vous que tous les programmes pour la recherche, l'innovation et le développement devraient être strictement de la responsabilité fédérale ou si vous pensez que votre industrie peut contribuer à part égale ou à hauteur de deux tiers, un tiers?
Par exemple, dans les municipalités, lorsqu'on parle de travaux d'infrastructures, c'est partagé avec les trois niveaux de gouvernement : provincial, municipal et fédéral. Dans les programmes pour la recherche et le développement, croyez-vous qu'un partage 50-50 serait raisonnable?
M. Laforge : Je vais faire attention pour ne pas confondre les politiques fédérales avec les politiques provinciales. Il n'y a pas une province qui a la même situation financière. L'agriculture est très différente d'un bout à l'autre du pays. Certaines provinces mettent plus l'accent sur l'agriculture que d'autres. Cela prend un mélange, mais je ne suis pas dans une position pour vous dire quels devraient être les pourcentages. Cette tâche revient au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux. Cependant, l'innovation est la clé.
Le sénateur Rivard : Même si on ne peut pas établir de pourcentages, vous n'êtes pas contre le fait que peu importe le programme, l'industrie doit faire sa part et établir un certain pourcentage?
M. Laforge : Oui, je suis d'accord.
[Traduction]
Le sénateur Mercer : Je vous remercie, messieurs, pour vos déclarations préliminaires. Le sénateur Rivard m'a volé ma première question sur la gestion de l'offre, mais j'aimerais tout de même y revenir un moment. Je comprends la différence entre ce que fait la Commission canadienne du blé et la gestion de l'offre, mais je constate aussi une tendance qui me préoccupe. J'ai discuté avec des producteurs d'œufs et de poulets il y a quelques semaines, et ils m'ont dit qu'eux aussi étaient préoccupés par la question de la gestion de l'offre et par la direction que semble prendre la Loi sur la Commission canadienne du blé.
Monsieur Wiens, dans la partie de votre déclaration portant sur la génétique laitière, vous avez parlé de l'efficacité du secteur laitier au Canada et d'une croissance de 138 p. 100 du rendement. Vous avez aussi fait référence à la Nouvelle-Zélande, où la production n'a crû que de 35 p. 100. J'étais en Nouvelle-Zélande récemment, et je me suis rendu dans une ferme laitière. Je ne me souviens pas des chiffres exacts, et je n'ai pas avec moi les notes que j'ai prises ce jour-là, mais il me semble qu'ils ont aussi de la difficulté à accroître leur production en raison de la taille des bêtes qu'ils élèvent et de la façon de les nourrir, c'est-à-dire dans des pâturages très montagneux. Leurs bêtes ne peuvent pas être trop grosses, car elles doivent monter et descendre ces pentes. Par ailleurs, leur production ne vise pas le même type de produits d'exportation que la nôtre. Vous produisez pour les marchés du lait liquide et du fromage, alors qu'ils produisent beaucoup de poudre de lait. Quelle quantité de poudre de lait produisons-nous?
M. Wiens : En fait, nous avons un surplus de poudre de lait, de la protéine, non solide. Au Canada, en répondant à la demande de matière grasse du beurre, nous créons un surplus de protéine. Une bonne partie de ce surplus est transformée en poudre de lait écrémé. Nous réfléchissons à la façon d'accroître la valeur ajoutée de ce produit. Au lieu de s'arrêter à la poudre de lait écrémé, il faut en faire un concentré de protéines, que notre industrie de la transformation pourra utiliser dans la production du fromage, notamment. Nous cherchons aussi des débouchés sur le marché pharmaceutique, entre autres. C'est quelque chose qui ne se fait pas beaucoup au Canada. C'est une voie que nous souhaitons explorer.
Le sénateur Mercer : J'ai été impressionné par ce que vous avez dit concernant la grappe de recherche laitière.
J'aimerais maintenant discuter avec M. Laforge de ce désir de faire un bond en avant, de sauter une étape, pour prendre de l'avance. Est-ce que les ressources en matière de recherche d'Agriculture Canada et les travaux de votre grappe de recherche laitière ont été harmonisés, pour garantir la complémentarité des projets et pour s'assurer que la main droite sait ce que fait la main gauche?
M. Wiens : C'est un commentaire pertinent, et c'est là l'objet des efforts de coordination de la grappe. L'objectif de la grappe est, en fin de compte, de maximiser le rendement des 3 millions et des 9 millions de dollars consentis par le fédéral. Au lieu de faire le même travail deux fois, nous examinons ensemble les projets pour réaliser le plus de recherche possible avec les 12 millions alloués, c'est-à-dire faire de la vraie recherche en évitant les chevauchements. Des efforts sont donc faits en ce sens.
Le sénateur Mercer : Monsieur Laforge, le Canada atlantique, comme le faisait remarquer M. Wiens, est désavantagé par le coût extrêmement élevé de l'électricité. Vous avez parlé de la production d'électricité dans votre propre exploitation. Pouvez-vous nous dire quelle quantité d'électricité vous produisez et quelle proportion de vos besoins elle permet de combler? S'il arrive que vous ayez des surplus, est-ce qu'ils sont injectés dans le réseau?
M. Laforge : Dans les Maritimes, d'abord, c'est au Nouveau-Brunswick que les tarifs sont les moins élevés. En ce qui a trait à la faisabilité, le projet a probablement été plus difficile à réaliser au Nouveau-Brunswick qu'il ne l'aurait été en Nouvelle-Écosse ou à l'Île-du-Prince-Édouard. Concernant la production, nous produisons 2,5 millions de kilowatts par année. Comme nous avons un nouvel objectif, cette quantité devrait augmenter.
Si on considère les programmes en place, nous avons reçu une très généreuse subvention pour réaliser cet investissement. Nous avons investi 3 millions de dollars. Nous avons reçu plus de 1,2 ou 1,3 million en subventions environnementales, qui provenaient d'un programme fédéral associé au Fonds d'action climat, comme ils l'appellent au Nouveau-Brunswick. C'est lié à la réduction des émissions de carbone engendrée par le projet. Le montant de la subvention est calculé en fonction de cette réduction, et non du coût du projet.
C'était un programme bien conçu, mais il a pris fin. Je crois que d'autres phases sont en préparation. Il s'agissait de fonds fédéraux administrés par la province, dans ce cas-ci par le ministère de l'Environnement.
Le sénateur Mercer : Nous avons discuté de la salubrité des aliments, et vous avez parlé du programme Lait canadien de qualité. C'est une réalisation très impressionnante, mais, dites-nous, est-ce que le nombre d'inspections menées par le gouvernement fédéral est suffisant, et sont-elles adéquates pour vous aider à mettre en œuvre ce programme?
M. Wiens : Nous avons obtenu un certain soutien en cours de route. Lorsque le programme a été lancé, de nombreux producteurs se sont équipés, par exemple, d'un appareil que nous appelons un thermographe. Cet appareil enregistre en continu la température du lait, celle du réservoir à lait après son nettoyage et celle de l'eau utilisée pour nettoyer les installations de traite. Une subvention était offerte aux producteurs qui souhaitaient acheter l'appareil. Je crois que chaque appareil coûtait environ 2 500 $, et la subvention était d'environ 750 $.
Pour la validation et l'inscription au programme, le producteur a dû établir des procédures d'exploitation normalisées, dresser la liste des traitements faits à la ferme, ce genre de choses. Tout ça prend du temps. Le producteur a dû allonger sa semaine de travail pour établir ce protocole.
Une subvention était aussi offerte par la Commission canadienne du lait, ou CCL, aux producteurs ayant passé l'étape de la validation et s'étant inscrits. Une certaine aide était donc disponible de ce côté-là.
Le sénateur Duffy : Bienvenue à nos invités. J'aimerais donner suite à une question à laquelle le sénateur Mercer a fait allusion pour l'éclaircir. Je me souviens avoir entendu dans une autre vie des histoires de montagnes de beurre et de lacs de lait qu'on n'arrivait pas à vendre. Pourriez-vous m'en dire un peu plus sur l'équilibre entre l'offre et la demande? Quelle quantité de produits laitiers est habituellement stockée, et quelle est la quantité en stock en ce moment?
M. Wiens : Je vais essayer de vous donner une réponse la plus complète possible, et nous vous fournirons plus d'information par la suite.
Pour comprendre la façon dont fonctionne l'équilibre entre l'offre et la demande, il faut savoir que la Commission canadienne du lait mesure en permanence la quantité de lait produite au pays. Les transformateurs achètent ce dont ils ont besoin pour les produits qu'ils vendent. Lorsqu'il reste du beurre ou un produit dont ils n'ont pas besoin, il est stocké et il conserve l'étiquette du transformateur. Il peut être retiré n'importe quand.
Lorsque les transformateurs n'achètent pas pour se constituer des réserves, la Commission canadienne du lait achète le produit excédentaire. La quantité de produit est mesurée. Il pourrait, par exemple, y avoir 5 000 tonnes de beurre dans les entrepôts. Suivant la croissance des stocks de beurre, nous modifions notre quota de mise en marché. Nous avons une formule pour ça. Lorsque les stocks croissent, ça signifie que le marché n'a pas besoin de ce qui est produit. Un signal est alors envoyé à toutes les provinces, et nous réduisons le quota dans le système, parce qu'il n'y a pas de besoin à ce moment-là. Lorsque la demande canadienne croît et que le niveau des stocks diminue trop, un signal d'élévation du quota est envoyé. Dans le cas de la matière grasse du beurre, il y en a grosso modo de 4 000 à 7 000 tonnes dans les entrepôts de la Commission canadienne du lait.
Le sénateur Duffy : Est-ce que ça fonctionne de la même façon pour la poudre de lait?
M. Wiens : Oui.
Le sénateur Duffy : Quelle est la réaction des commissions provinciales du lait au décret d'Ottawa? Nous avons constaté dans le passé que certaines provinces l'ignoraient.
M. Wiens : La décision d'une province de ne pas respecter le décret a des conséquences sur le secteur des produits laitiers. Un pourcentage du quota de mise en marché est réservé à chaque province. C'est une part fixe. Nous devons respecter certains seuils. Nous pouvons dépasser de 0,5 p. 100 ou descendre à 1,5 p. 100. Si nous débordons de cette plage — si nous dépassons le seuil supérieur, par exemple —, des pénalités sont imposées, et ça peut coûter cher à une province d'ignorer le message. Si la production est plus faible que le seuil minimal, la province perd alors une occasion d'approvisionner le marché.
Le sénateur Duffy : Dans quelle mesure les produits laitiers seraient-ils moins chers si nous n'avions pas 5 000 ou 7 000 tonnes de beurre en attente dans les entrepôts, ou si nous faisions mieux concorder l'offre et la demande, au lieu de permettre la constitution de stocks et d'en refiler la facture aux contribuables et aux consommateurs?
M. Wiens : Lorsque la CCL achète du beurre ou de la poudre de lait écrémé excédentaires, la dépense est directement facturée aux producteurs laitiers.
Le sénateur Duffy : Ça fait partie de vos coûts de production. Donc, au bout du compte, c'est le consommateur qui paye.
M. Wiens : Le coût de production est le coût à la ferme. Il y a différents facteurs : les dépenses en immobilisations, pour les installations, le carburant, les intérêts et tout le reste.
Le sénateur Duffy : La main-d'œuvre, la gestion et le rendement des investissements. Je connais cela.
Monsieur Laforge, votre parcours est impressionnant, il donne un exemple du genre d'esprit vif et avant-gardiste qui nous a permis de bâtir ce pays.
Quelle place reste-t-il pour d'autres M. Laforge dans votre région? Combien de gens pourraient produire de l'électricité et digérer des déchets organiques? Pouvons-nous espérer que le marché soit assez grand pour en accueillir plus d'un ou deux par région?
M. Laforge : Si on parle de reproduire, disons au Nouveau-Brunswick, ce qui a été fait à notre ferme, il serait probablement possible d'installer de 15 à 20 digesteurs dans la province. Il faut trouver l'équilibre entre la quantité de déchets et l'espace disponible.
Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas seulement les digesteurs. On peut, par exemple, cultiver des plantes pour en faire du biodiesel et de l'éthanol. Selon moi, une des cultures les plus prometteuses est celle de la betterave sucrière. Les gens vont rire. Il y a 20 ans, on ne pensait qu'à extraire le sucre de la betterave sucrière. Son rendement par tonne et par acre en fait probablement une des cultures les plus prometteuses, et elle fournit le genre de sous-produit qui peut nourrir un digesteur. Le sucre peut être vendu. Il faut voir grand. Ce n'est pas uniquement une question de digesteur; il faut que les agriculteurs aient la possibilité de produire leur propre énergie, ou même de tirer des revenus de la production d'énergie. Ils pourraient y arriver, par exemple, par une rotation avec leurs cultures commerciales.
Le sénateur Duffy : Croyez-vous que nous pourrions favoriser ce genre d'innovation en permettant à un organisme comme Financement agricole Canada de subventionner des projets novateurs?
M. Laforge : L'idéal serait de consentir des investissements spéciaux à chaque ferme pour financer certaines innovations particulières. Financement agricole investit déjà dans certaines de ces activités, mais elles sont considérées comme des activités complémentaires. Au départ, elles comportent un risque élevé. Considérées dans cette perspective, ces activités présentent un risque élevé, mais elles sont aussi un point de départ solide.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé de l'Inde. Dites-moi, en Inde, la demande de lait augmente-t-elle à mesure que la population s'accroît? Considérez-vous l'Inde comme un marché? Chaque fois qu'on prend la route dans ce pays, on croise une vache. Est-ce que tout le monde là-bas a une vache?
M. Laforge : La majeure partie de leur lait est produit par des bufflonnes laitières et non des vaches. La production est faible. En Inde, la production laitière est une des plus durables qui soient, parce qu'elle se fait dans des villages laitiers qui ne comptent que deux ou trois vaches.
Le sénateur Mahovlich : Ils sont donc autosuffisants.
M. Laforge : Ils sont autosuffisants.
Le sénateur Mahovlich : Avec une population aussi importante?
M. Laforge : En tant que pays émergent, l'Inde est un bon exemple. Des améliorations sont apportées en matière de qualité du lait et de gestion des surplus. Quand vous entrez dans un village laitier, vous ne savez jamais qui est un acheteur et qui est un vendeur. L'un sort avec quelques litres à la main, l'autre arrive pour vendre quelques litres de surplus. Ça ne fonctionnerait pas ici, mais le modèle est quand même très intrigant.
Le sénateur Mahovlich : Chaque ferme est autosuffisante?
M. Laforge : La bufflonne indienne est essentiellement nourrie avec des résidus de culture, comme la paille de blé. Ce n'est pas du tout le genre de système qu'on trouve dans les pays en développement, mais c'est un système intéressant.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez dit que les fermes laitières des États-Unis et de l'Union européenne étaient subventionnées. Les nôtres le sont-elles?
M. Wiens : Au Canada, les fermes ne sont pas subventionnées.
Le sénateur Mahovlich : Avec la force actuelle du dollar, est-ce que vous auriez besoin de subventions?
M. Wiens : Il n'existe toujours pas de subvention destinée aux producteurs laitiers canadiens.
Vous soulevez un bon point. On compare souvent le prix du lait d'un pays à l'autre. Mais ce qu'on oublie souvent, c'est la part que représentent les subventions reçues par les producteurs. Cela fait pourtant partie du prix, mais très souvent, ce n'est pas calculé.
Le sénateur Mahovlich : Comment arrivez-vous alors à soutenir la concurrence?
M. Wiens : C'est impossible parce que ça revient à concurrencer le trésor public d'autres pays.
Le sénateur Mahovlich : En effet.
Est-ce que les vaches produisent plus de lait aujourd'hui qu'il y a, disons, 50 ans?
M. Wiens : Oui, elles produisent sensiblement plus de lait. En fait, la croissance de la productivité s'est accentuée assez rapidement au cours des 25 dernières années. Si on considère les 15 dernières années, la croissance est encore plus importante.
À une époque, il était difficile de trouver une vache capable de produire 6 000 kilos de lait. Aujourd'hui, c'est chose courante que d'avoir une vache qui en produit 10 000, ou même 11 000.
M. Laforge : Concernant la production par vache, on pourrait comparer le quota de base actuel de nos fermes laitières à celui que nous avions à nos débuts, en 1980. Aujourd'hui, nous trayons 100 vaches par jour. Si leur productivité était la même qu'en 1980, il faudrait en traire 300.
La productivité de chaque vache et l'amélioration de la génétique au Canada sont phénoménales, incomparables. La génétique de la vache laitière canadienne — la génétique de la race Holstein — est enseignée partout dans le monde. Pour en revenir aux améliorations encore possibles, je ne crois pas que nous pourrons en obtenir d'aussi importantes pour chaque modification génétique. Toutefois, il y a maintenant plus d'options. On peut, par exemple, obtenir un sperme qui ne produira que des femelles. La croissance ne sera peut-être plus aussi considérable, mais pour ce qui est de l'amélioration génétique des types, par exemple pour obtenir une vache plus robuste, l'amélioration est encore possible. Notre situation est vraiment exceptionnelle.
Le sénateur Mahovlich : Vendons-nous beaucoup de vaches, disons, à l'Argentine ou au Brésil? Est-ce qu'il y a des encans au pays pour des vaches destinées à l'exportation?
M. Laforge : Il y a des acheteurs et des vendeurs. Jusqu'en 2003, avant la maladie de la vache folle, il y avait toutes sortes de marchés. De 2003 à 2010, pendant sept ou huit ans, nous ne pouvions pas exporter. Ce fut très dur pour les producteurs laitiers. Il a fallu s'adapter. Aujourd'hui, ces marchés rouvrent, et on en trouve pour les embryons, le sperme et les animaux vivants.
Le sénateur Plett : J'aimerais d'abord m'excuser de mon retard. J'assistais à la réunion d'un autre comité qui s'occupe de ce dont mon bon ami le sénateur Rivard parlait tout à l'heure. Je souhaite préciser, au moins pour le compte rendu, que l'intention en ce qui a trait à la Commission canadienne du blé n'est pas de l'abolir, mais bien de créer un système de commercialisation mixte. Je suis persuadé que la commission fonctionnera bien dans ce système. C'est toutefois un sujet pour un autre jour, et nous aurons peut-être même l'occasion d'en débattre dans le cadre des séances de ce comité.
Bonjour, messieurs. Monsieur Wiens, nous nous connaissons déjà depuis un certain temps. Vous avez dit que les producteurs ne recevaient aucune subvention. Je ne veux pas débattre de cette question, mais je crois que certaines personnes pourraient argumenter que la gestion de l'offre constitue une forme de subvention. Vos prix sont garantis, et ça peut être considéré comme une aide financière.
Ma première question est donc : quelle est la différence entre les prix de Safeway et ceux au sud de la frontière?
M. Wiens : C'est une bonne question. Je sais que pendant de nombreuses années, les prix étaient plus bas au Canada. En ce moment, je dirais qu'ils sont un peu plus élevés, quoique les prix varient énormément. Tout dépend si on compare les prix d'un supermarché canadien à ceux d'un marché analogue là-bas. Si vous comparez les prix d'un dépanneur d'ici à ceux d'un supermarché américain, vous allez fausser les données.
Il est intéressant de noter qu'en raison de son climat, la période de culture en Nouvelle-Zélande dure toute l'année. Si nous tentions d'exploiter nos fermes de la même façon que là-bas, avec notre climat, nous n'aurions aucune chance. Il nous faut une bonne productivité par vache, parce qu'ici, personne ne peut se payer une étable de 1 000 vaches, surtout si nous pouvons obtenir le même résultat avec 300 vaches qui produisent plus.
Si vous achetez un verre de lait dans un restaurant au Canada, il vous coûtera environ 2 $. De cette somme, le producteur laitier empoche 21 cents.
En Nouvelle-Zélande, les prix sont établis de façon très similaire. Le prix de détail est semblable à celui demandé au Canada, alors ce n'est pas le prix du lait à la ferme qui fait monter le prix de détail. On constate la même chose dans beaucoup d'autres pays. Les prix de détail varient très peu par rapport à ceux demandés au Canada, alors que les prix à la ferme sont d'un tout autre ordre.
Le sénateur Plett : Vous dites que 21 cents reviennent au producteur. Où va le 1,79 $ qui reste? Comment se fait la répartition? De même, ce verre de lait ne rapporterait qu'environ 15 cents au restaurateur. Nous savons qu'il faut tenir compte de l'essence et de nombreuses taxes, mais où va le 1,79 $ restant?
M. Wiens : Une partie revient aux transformateurs. Puis, il y a, bien sûr, les frais de transport des installations jusqu'aux commerces où le lait est vendu. Enfin, le commerçant fixe le prix. Ce prix n'est pas réglementé. Reprenons l'exemple du restaurant, où un verre de lait se vend 2 $. Nous recevons 21 cents. Le consommateur verse un pourboire de 15 p. 100, plus que ce que le producteur reçoit, presque deux fois plus. C'est un tiers de plus. C'est tout de même curieux que la part du producteur soit moins élevée que le pourboire.
Le sénateur Plett : Il vaut mieux être serveur que fermier.
M. Wiens : Cela donne à réfléchir.
M. Laforge : Pour préciser les propos de M. Wiens, je dois dire que j'ai beaucoup voyagé quand j'étais président des Producteurs laitiers du Canada. Une des premières choses que je faisais en arrivant dans un nouveau pays était de me rendre dans un magasin pour comparer le prix des produits laitiers et la part reçue par le producteur. Sans tenir compte des taux de change, on peut dire que la plupart du temps, au Canada, le producteur reçoit 60 p. 100 du prix du détail.
C'est pratiquement toujours pareil, et ce, sans subventions gouvernementales. Dans la plupart des autres pays, les producteurs reçoivent de 20 à 40 p. 100 du prix de détail. Lorsque leur part diminue de plus en plus, pour atteindre 20 p. 100, l'État leur verse plus d'argent pour les aider à continuer.
Je pense que nous pouvons comparer des pommes avec des pommes. Nous ne surproduisons pas.
Le sénateur Duffy : Pourquoi avons-nous de gros surplus?
M. Laforge : Il n'y a pas de surplus au Canada. Nous équilibrons notre production grâce à la matière grasse du beurre. Nous ne dépassons jamais un quart pour cent par année. Tout le monde se demande comment les producteurs laitiers réussissent à faire ça. Pour produire cette matière grasse du beurre, ça prend des surplus de solides. À moins de fabriquer du fromage faible en gras et des produits semblables, la poudre de lait écrémé viendra toujours équilibrer les choses. C'est un système précis.
Le sénateur Plett : Si vous avez répondu à ma prochaine question dans votre déclaration préliminaire, n'hésitez pas à me le dire, puisque je n'y étais pas, et je consulterai la transcription. Dans le rapport que j'ai en main, on lit que des critiques font valoir que le système des quotas a réduit l'innovation et engendré une baisse de l'efficacité. J'habite moi- même une région où, comme vous le savez, se trouvent bon nombre des plus importants producteurs de l'Ouest canadien, voire du Canada. J'ai étudié leurs systèmes, qui sont à mon avis très novateurs et très efficaces. J'aimerais que vous répondiez à ces critiques, que vous nous disiez si vous êtes d'accord avec elles. Dans la négative, diriez-vous que la gestion de l'offre accroît l'efficacité et l'innovation?
M. Wiens : Une des choses que nous faisons est de fournir aux transformateurs du lait supplémentaire s'ils créent un nouveau produit à mettre sur le marché. S'ils ont réalisé une étude de marché et qu'ils ont pensé à un produit qui n'est pas offert sur le marché, nous avons du lait à leur fournir en plus des quantités qu'ils reçoivent normalement. C'est un aspect de l'innovation. C'est un programme en place depuis longtemps, qui connaît beaucoup de succès. Durant la phase de conception, des rabais leur permettent d'investir dans ce produit et de le lancer sur le marché. C'est un aspect de l'innovation.
Par ailleurs, à la ferme, nous pouvons investir à long terme grâce à la stabilité. Par exemple, dans ma ferme, nous avons installé un système de traite robotisé. C'est très automatisé. Nous devons quand même aller à l'étable, mais nous pouvons consacrer plus de temps à la gestion des vaches plutôt qu'aux tâches fastidieuses. D'ailleurs, un groupe de producteurs laitiers américains est venu voir de quoi ça avait l'air. Ils se sont rendus dans des fermes. Un des producteurs a été vraiment impressionné par nos installations. Il nous a dit qu'il ne pourrait jamais faire ce genre d'investissement chez lui, parce que la volatilité était trop grande. Il ne serait absolument pas en mesure de financer un tel système, car les prix varient de 30 p. 100 d'une année à l'autre.
Le sénateur Robichaud : D'où venait cet observateur?
M. Wiens : Il venait du Sud des États-Unis.
M. Laforge : De notre côté, dans notre ferme, nous veillons à ce que les produits réservés à la gestion de l'offre représentent la moitié du revenu total. C'est comme une garantie. C'était la seule façon de justifier notre investissement dans le digesteur aux yeux de la banque. Si j'avais une ferme porcine plutôt qu'une ferme laitière, je n'aurais pas pu construire de digesteur. M. Wiens a tout à fait raison au sujet de la gestion de l'offre. Ça donne une certaine stabilité. Si vous offrez ces produits et que vous pouvez les intégrer à vos activités agricoles, c'est une police d'assurance.
Pour la production de pommes de terre, si je tiens compte de la stabilité du revenu, de la planification, de l'établissement des budgets, je peux sans doute faire des prévisions pour les 10 prochaines années. Pour les fermes aux États-Unis, j'arriverais peut-être à faire des prévisions pour les cinq prochaines années, mais sans doute seulement pour les deux prochaines années et demie, si je suis réaliste. Si le taux de survie est de deux ans et demi, il est possible que vos investissements ne soient pas réfléchis. Notre système nous permet de voir loin. Je pense que de nombreux fermiers d'autres pays aimeraient avoir ce système, pouvoir planifier à long terme.
Le sénateur Plett : J'ai une autre question, monsieur le président, mais j'aimerais d'abord faire un commentaire sur ce que M. Wiens a dit au sujet de son système robotisé. Lorsque notre comité se rendra dans l'Ouest canadien, je tiens à ce que nous allions en voir un. C'est tout simplement magique. J'en ai vu un, et j'ai trouvé ça merveilleux.
Je sais que vous aurez du mal à me répondre, mais je vais quand même poser ma question. Je vais m'avancer à dire que si je me rendais dans des fermes et que je vérifiais les quotas — à supposer qu'ils soient établis d'après le nombre de vaches et la quantité de lait qu'elles produisent, par exemple si une personne est censée traire 700 vaches —, j'imagine qu'il y aurait plus de vaches dans certaines fermes. J'aimerais savoir à quel point on surveille si un fermier dépasse son quota.
M. Wiens : C'est une bonne question. Chaque province a ses règles sur la gestion des quotas. Si un producteur dépasse le quota pour une ferme donnée, dans ma province, il ne sera pas payé pour l'excédent, parce que les quantités sont préétablies. En plus, son quota pour les trois mois suivants sera réduit. Le producteur n'en tire donc aucun avantage. Il n'a aucune raison de dépasser son quota. Je prends le Manitoba pour exemple, mais chaque province a ses règlements et ses politiques. La gestion de l'offre est en partie une question de discipline. Sans discipline, les problèmes surgissent.
À ce sujet, il y a eu plus tôt un commentaire sur la quantité de lait entreposé, sur le gaspillage. Fait à noter, aux États-Unis et en Europe, l'État achète souvent les surplus, ce qui n'est pas fait pour inciter les producteurs à restreindre leur production. Ici, que ce soit dans les fermes elles-mêmes ou à l'échelle provinciale ou nationale, il faut faire preuve de discipline. C'est la clé de notre succès.
Le sénateur Fairbairn : Plus tôt, quand nous avons commencé la réunion, vous avez dit quelque chose qui m'a fait sourire. Je viens de Lethbridge, en Alberta, au sud des montagnes, autrement dit dans les terres. On a dit tout à l'heure qu'il était important de trouver un moyen de faire comprendre aux jeunes que ça ne se faisait pas tout seul. C'est important et instructif pour les familles et pour le pays. Pourriez-vous nous parler davantage des régions auxquelles vous vous êtes intéressé, aux personnes qui font ça et à celles qui ont dit qu'elles aimeraient le faire? C'est important que les jeunes s'y intéressent. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
M. Laforge : Au sujet des jeunes et de l'agriculture, je pense que M. Wiens a fait le tour de la question. La plupart des jeunes qui deviennent fermiers s'y intéressent depuis longtemps; ils ont commencé à travailler à la ferme très tôt. Ils commencent comme ça, puis ils décident de ce qu'ils vont faire. Ils acquièrent leur propre ferme. Chez nous, aux Producteurs laitiers du Canada, nous avons des programmes pour ça.
Je pense que la perception de l'agriculture — d'ailleurs, c'est pourquoi le taux de change me préoccupe autant — décourage les générations futures de prendre le relais. Nous devons changer cette perception.
Si, quand j'étais jeune, mon père avait toujours maugréé, s'il avait toujours dit que ce n'était pas une façon de gagner sa vie, et ainsi de suite, il n'y aurait pas eu de progrès, d'effort pour rentabiliser les activités et faire les investissements qui s'imposaient. À l'heure actuelle, il faut aussi prendre les choses en main, pour améliorer la perception de l'agriculture, pour encourager les jeunes fermiers.
Laissez-moi vous raconter une histoire. J'ai un petit-fils de 12 ans. Depuis que nous avons construit le digesteur, nous n'avons plus besoin de bois pour le chauffage. Vous allez voir ce qu'un jeune garçon pense de l'agriculture, et ça n'a rien à voir avec le fait que c'est mon petit-fils. Il y a trois semaines, je suis entré dans le garage, et il y avait un moteur à gaz et un cylindre hydraulique par terre. Il a 12 ans et il est capable de faire de la soudure. Hier, je suis entré dans le garage. Le moteur et le cylindre étaient devenus une fendeuse. Il l'avait construite et il était en train de la peindre. Je lui ai demandé pourquoi il faisait ça. Il m'a répondu que puisque nous n'allions plus utiliser de bois pour le chauffage, il allait le vendre.
Voilà comment naît la créativité d'un fermier. Si vous avez des jeunes qui s'intéressent à l'agriculture, qui travaillent à la ferme, la créativité va de soi. Quand les temps sont durs, tout le monde se serre la ceinture, et la force de la pensée positive, comme j'aime l'appeler, disparaît. C'est comme ça dans toutes les sociétés, dans les campagnes comme dans les villes. Il nous faut encourager ça.
Les aliments seront de plus en plus produits près de chez vous. Plus ils viennent de loin, plus grands sont les risques, et ce, peu importe le pays où vous habitez. Nous voulons des aliments produits près de chez nous. À ce chapitre, les jeunes ont un rôle important à jouer.
Le sénateur Mahovlich : Lui avez-vous déjà acheté des patins?
M. Laforge : Il serait dangereux.
Le sénateur Fairbairn : C'est difficile dans les régions où on élève le bétail, dans les régions montagneuses. Ça m'a fait plaisir de vous entendre dire ça, parce que je viens de Lethbridge, et c'est notre réalité. Les jeunes sont de plus en plus présents, ils font les choses différemment, ils vont de l'avant. Je vous souhaite beaucoup de bien à tous les deux, et je vous encourage à continuer à aller de l'avant.
Plus vous allez de l'avant, plus nous sommes motivés à faire avancer les choses ici, au Parlement.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Combien est-ce qu'il veut pour sa tondeuse?
M. Laforge : Il faudrait que vous négociiez avec lui. Je lui ai déjà appris à négocier.
Le sénateur Robichaud : Quand on parle de la gestion d'offre, vous nous avez donné un bon portrait de ce que cela représente pour les producteurs. Mais on a constamment des gens qui essaient de miner la crédibilité, la viabilité de la gestion de l'offre. On pose toutes sortes de questions et on en a eu tantôt plusieurs, selon lesquelles des surplus sont achetés; on va parfois même dire qu'il y a des surplus qui sont achetés par le gouvernement — et je vous ai bien entendu dire que ce n'était jamais le cas. On dit ailleurs, en revanche, qu'il n'y a pas de subventions et le lait est meilleur marché, ce qui est contraire à ce que vous nous avez dit.
Comment faire pour faire valoir le succès de la gestion de l'offre dans les produits laitiers et aussi dans les autres produits qui sont gérés de cette façon?
[Traduction]
M. Wiens : C'est une histoire que nous devons répéter constamment. Je pense que les critiques du système ne viennent généralement pas des consommateurs. À mon avis, quelqu'un entre la ferme et le consommateur aimerait bien avoir une plus grande part du gâteau. Pour y arriver, on cible souvent les producteurs.
Ce qu'ils ne disent pas, c'est que s'ils pouvaient prendre les décisions et payer moins cher, le prix de détail ne changerait pas. L'argent irait ailleurs, voilà tout. Il faut voir d'où viennent les critiques. Elles viennent de ceux qui veulent une plus grande part du gâteau.
Au bout du compte, notre façon de faire est appréciée, parce que nous obtenons une bonne part du prix de détail. Nous ne nous fions pas aux subventions pour assurer notre survie. L'industrie est autonome.
C'est pour ça qu'on nous appuie, parce que toutes les parties obtiennent ce qu'elles veulent en fin de compte. Nous avons un système qui nous permet de gagner notre vie comme producteurs laitiers. Le consommateur bénéficie d'un produit de très bonne qualité, à un prix stable. Les prix ne subissent pas de grandes variations comme dans bien d'autres pays. Les prix sont stables, et l'offre est très stable. Les transformateurs voient plusieurs avantages à notre système.
Entre autres, un transformateur canadien peut profiter d'un approvisionnement régulier en lait. Si vous fabriquez du fromage, vous savez que vous recevrez votre lait demain. Contrairement à ce qu'on voit dans d'autres pays, nous n'avons pas d'écarts de production. Un transformateur sait qu'il peut embaucher tout le personnel dont il a besoin pour faire fonctionner son usine aussi efficacement que possible. Il sait qu'il recevra du lait aujourd'hui, demain, tous les jours. Dans d'autres pays, les transformateurs doivent se restreindre.
Nous avons rencontré des représentants de Parmalat, et aussi de Saputo, qui reconnaissent la vigueur du système canadien. Il y a quelqu'un, quelque part, qui veut recevoir une plus grosse part du gâteau. Nous en revenons toujours à ça.
Le grand public, autrement dit les consommateurs, veut avoir un produit de grande qualité à un prix raisonnable. Je pense que les consommateurs comprennent que, grâce à notre système, nous pouvons investir dans nos fermes sur les plans de l'environnement, de la durabilité et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces aspects sont importants aux yeux des consommateurs.
À titre d'exemple, au sujet des gaz à effet de serre, comme nous avons augmenté la production par vache, nous pouvons obtenir le même résultat en ayant moins de vaches. Les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie laitière sont donc moins élevées.
Il y a toutes sortes d'avantages. Selon moi, les consommateurs du Canada, et probablement ceux de bien d'autres pays, souhaitent que leurs aliments viennent de leur région. Tout cela est important pour eux. Pour une raison que j'ignore, les critiques ne se taisent pas. C'est sans doute parce que, dans l'ensemble, leurs auteurs ne sont pas tout à fait impartiaux. C'est là tout le problème. Ce n'est pas le système lui-même.
[Français]
Le sénateur Robichaud : C'est la réponse que je voulais donner à M. Wiens et à M. Laforge pour que les gens qui écoutent cette émission puissent retenir cette information et ne pas se faire influencer par des gens qui ne donnent pas le vrai portrait de la gestion de l'offre.
M. Laforge : En tant que fermier, pour nous le système est simple; on fonctionne comme cela à tous les jours. Mais pour l'expliquer à des gens de l'extérieur, cela devient très complexe. Je pense au sénateur Duffy lorsqu'il essayait de déterminer les surplus concernant la production laitière au Canada. La production laitière est atteinte à 100 p. 100 chaque année sans surplus. Il y a peut-être un dixième d'un p. 100 qui manque ou de trop et contrebalance l'année suivante.
Il y a des gens qui restent sur des mythes concernant la gestion de l'offre, à savoir que c'est un système totalement inefficace. C'est de l'éducation à faire. C'est votre travail et le nôtre d'expliquer aux gens que cela dessert très bien le public et les producteurs.
Le sénateur Rivard : J'espère que cette fois ma question ne sera pas controversée. Il y a 25 ou 30 ans au Québec, la margarine est arrivée sur le marché. Les producteurs laitiers ont alors vu leurs produits de moins en moins vendus à cause de la margarine. À tel point que le gouvernement du Québec a été obligé, pour protéger l'industrie laitière, de réglementer afin que les producteurs de margarine ne puissent pas mettre sur le marché un produit qui était de la couleur du beurre.
Vous deux qui n'êtes pas du Québec, cette réglementation a-t-elle existé ou existe-t-elle dans d'autres provinces?
M. Laforge : Vous reculez dans l'histoire. Le débat de la margarine et du beurre a pris des années et chaque province a mis en place des outils. Le Québec a, bien sûr, été un plus ardent défenseur parce que c'est une province qui, à l'époque, avait une production industrielle importante avec le fromage, le beurre, et cetera.
Toutefois, les consommateurs aujourd'hui font une nette différence entre le beurre et la margarine. On sait que la coloration de la margarine est encore un sujet un peu d'actualité au Québec. Dans les autres provinces, ils ont cédé le débat et se sont dit que les consommateurs un jour verraient clairement que le beurre est un produit naturel qui vient d'une vache laitière et que, pour la santé, c'est encore le meilleur choix. C'est sûr que la margarine est un produit qui coûte moins cher à faire, mais c'est au consommateur de décider ce qu'il veut manger. L'histoire de la coloration, c'était pour qu'il n'y ait pas de confusion entre la margarine et le beurre.
Le sénateur Rivard : J'aimerais faire un commentaire.
Je peux vous dire que les producteurs laitiers du Québec touchent réellement les consommateurs avec la campagne publicitaire qui dit souvent : « Le beurre, c'est meilleur! » Cela touche beaucoup de monde. Félicitations aux producteurs laitiers; au Québec, la publicité est extraordinaire.
Le beurre, c'est meilleur!
[Traduction]
Le président : Mesdames et messieurs les sénateurs, avant que nous terminions, j'aimerais poser une question à nos deux invités. Des témoins de l'industrie forestière ont affirmé au comité qu'ils comblaient plus de la moitié de leurs besoins énergétiques au moyen de la biomasse. Croyez-vous que l'industrie laitière pourrait affirmer la même chose dans cinq ans au rythme où vont les choses, en s'appuyant sur ce qui se fait au Canada en ce moment, et dans votre propre ferme, monsieur Laforge?
[Français]
M. Laforge : Je pense que l'industrie laitière est un peu spéciale, mais je ne veux pas les vanter; c'est peut-être pas de cet ordre-là, mais on produit des fourrages pour nos vaches qui retournent tout le temps du carbone au sol. On utilise nos fumiers de la meilleure manière possible. Il est certain qu'en faisant un digesteur, on améliore l'environnement, on élimine les senteurs, on capture l'ammoniaque, on fait de l'énergie, et cetera.
Mais puisque c'est une industrie animale, on en fait déjà une bonne partie et en augmentant la production par vache, on minimise beaucoup les émissions de gaz à effet de serre.
Au niveau de l'énergie, par exemple, la plupart des producteurs laitiers, en utilisant déjà leur fumier, sont déjà autosuffisants à 50 p. 100 concernant leurs engrais. C'est sûr qu'au plan de l'énergie et du pétrole, il y a encore des défis à relever. On ne fait pas face aux mêmes défis que le milieu de la foresterie, mais c'est un bon objectif à atteindre.
Le président : Monsieur Laforge, vous avez parlé de digesteurs et vous avez mentionné un nombre qui pourrait être réintroduit, pour suivre votre exemple, au Nouveau-Brunswick. Mais en ce qui concerne l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador, quel nombre serait profitable à l'industrie?
M. Laforge : Ce serait un nombre similaire. On a pas mal le même nombre de producteurs dans chacune des provinces maritimes. Je pourrais voir 15 à 20 digesteurs dans chaque province, et spécialement dans ces provinces car le coût de l'électricité y est plus élevé à cause de certaines situations. C'est un bon potentiel pour les provinces de l'Atlantique.
Le président : Et pour les autres provinces?
M. Laforge : Pour les autres provinces aussi. Mais il y a d'autres utilités pour le biogaz : on peut faire de la chaleur. Sur notre ferme, à cause du pétrole, la prochaine étape sera de séparer notre biogaz qui est du CO2 et du méthane. On veut séparer à travers un appareil le méthane et le CO2 puis vendre le CO2 à des compagnies qui utilisent le CO2, compresser le méthane et l'utiliser dans nos tracteurs à deux tiers méthane et un tiers diesel. C'est la prochaine étape et tous les fermiers pourraient faire cela. En même temps, cela élimine la senteur de l'ammoniaque dans l'air.
Le président : Combien de digesteurs avons-nous au Canada atlantique actuellement?
M. Laforge : Je pense que je suis le seul. Il y en a à l'échelle industrielle, mais en tant que fermier, je suis le seul.
Le président : Avant de terminer, j'aimerais rappeler aux membres que pour la prochaine réunion le comité entendra des témoins représentant l'industrie. Soyez à l'aise de recommander d'autres intervenants si vous voulez faire avancer le dossier au comité.
[Traduction]
Le 1er novembre, le sénateur Robichaud et moi allons rencontrer la Présidente du Sénat du Gabon, qui sera l'invitée du sénateur Kinsella. Ils ont demandé à rencontrer notre comité au sujet de notre rapport sur la foresterie, et nous parlerons sans doute aussi d'agriculture. Les membres sont les bienvenus.
Au nom du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, j'aimerais remercier les témoins d'avoir fait profiter la population canadienne et l'industrie de leur expérience.
La séance est levée.
(La séance est levée.)