Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie
Fascicule 25 - Témoignages du 29 janvier 2015
OTTAWA, le jeudi 29 janvier 2015
Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 10 h 27, pour examiner, afin d'en faire rapport, l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.
Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.
[Traduction]
Je m'appelle Kelvin Ogilvie. Je suis de la Nouvelle-Écosse, et je suis président du comité. J'invite mes collègues à se présenter.
La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.
La sénatrice Nancy Ruth : Nancy Ruth, de Toronto.
[Français]
La sénatrice Chaput : Maria Chaput, du Manitoba
[Traduction]
Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto et vice-président du comité.
Le président : Merci, chers collègues. Bienvenue à nos invités. Je vais les présenter et les inviter à faire leur exposé.
Mais avant, je vous rappelle que nous en sommes à la troisième séance de notre étude qui consiste à examiner l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.
Je suis très heureux de la composition du groupe de témoins que nous accueillons ce matin. La réunion devrait être instructive. Les témoins ont convenu de me permettre de les inviter à présenter leur exposé dans l'ordre qui figure à l'ordre du jour, ce qui simplifie considérablement les choses. Nous allons donc commencer par M. Angelo Tremblay, qui est membre du comité consultatif de la Société canadienne de nutrition.
[Français]
Angelo Tremblay, membre du comité consultatif, Société canadienne de nutrition : Monsieur le président, je vous remercie beaucoup pour l'invitation.
[Traduction]
Mes collègues de la Société canadienne de nutrition et moi sommes reconnaissants de l'occasion qui nous est donnée de parler de l'enjeu important qu'est l'obésité.
La société est une association de recherche dont le principal mandat est lié à l'innovation dans le domaine de la nutrition. Nous essayons donc d'élaborer de nouveaux concepts. Nous visons aussi à contribuer à l'éducation et la sensibilisation en matière de nutrition ainsi qu'à continuer d'appuyer la formation des experts de la nouvelle génération.
Au cours de ce bref exposé, je soulignerai sept points. Le premier a comme thème central le leadership. Nous tenons à remercier le gouvernement fédéral et les organismes connexes, comme Santé Canada, d'avoir élaboré des lignes directrices en matière de nutrition. Nous encourageons la diffusion de ces informations. En outre, nous soulignons l'importance de la littératie, car il importe de fournir aux Canadiens des outils et des connaissances qui leur permettront de comprendre et de suivre ces lignes directrices.
En ce qui concerne la participation du gouvernement, il est également important de mettre l'accent sur la publicité des nouveaux produits et les saines habitudes alimentaires. Nous encourageons évidemment l'adoption de stratégies qui favorisent la diffusion des messages sur la saine alimentation. De toute évidence, nous serions très heureux de l'adoption de mesures législatives interdisant la promotion d'habitudes malsaines et les campagnes de publicité qui suscitent la confusion, des tactiques si fréquentes dans le domaine de l'obésité.
Le deuxième point porte sur les partenariats. À la Société canadienne de nutrition, nous estimons qu'il est de notre devoir d'aider l'industrie agroalimentaire à améliorer l'offre d'aliments sains et de nouveaux services. Favoriser la bonne collaboration au sein de l'industrie agroalimentaire fait partie de notre rôle traditionnel. Nous saisissons toutes les occasions qui nous sont offertes dans le cadre de nos réunions annuelles, comme l'atelier que nous organisons chaque année, mais aussi dans le cadre de notre réunion annuelle, qui constitue une plateforme qui favorise la discussion sur de nouvelles idées, l'élaboration de nouveaux concepts et la mise en place d'efforts de collaboration avec le secteur privé, dans le but d'offrir aux consommateurs des produits et services de qualité qui découlent de nos activités scientifiques.
Le troisième point est l'appui à la recherche. Nous sommes convaincus que mieux comprendre pour mieux intervenir est un élément essentiel au succès. Le Canada compte des centres de recherche très concurrentiels qui contribuent à la visibilité du pays à l'échelle mondiale. Pour conserver cette compétitivité et poursuivre l'élaboration de nouveaux concepts qui, à terme, seront profitables à tous les Canadiens, ces centres doivent avoir l'appui financier des organismes canadiens.
Le quatrième point porte sur le lien entre l'obésité et le statut socioéconomique des gens. Il existe en effet un lien entre la prédisposition à l'obésité, au diabète et à d'autres maladies connexes et le statut socioéconomique des Canadiens. Plus précisément, les personnes défavorisées sont plus susceptibles d'avoir des problèmes de santé. De toute évidence, les organismes gouvernementaux tiennent compte du lien qui existe entre la lutte contre la pauvreté et les interventions axées sur la prévention et la prise en charge de l'obésité.
Le cinquième point est le fait que l'obésité est un enjeu plus complexe qu'on le croit en général. On se concentre beaucoup sur la saine alimentation et l'activité physique, ce qui n'est pas mauvais. C'est tout à fait indiqué, mais il importe de souligner qu'il existe d'autres facteurs liés au mode de vie, notamment le sommeil de courte durée, un facteur récemment documenté. Cela a une incidence sur la régulation de l'appétit, qui est associée à l'embonpoint, et l'utilisation d'appareils électroniques aggrave le problème, en partie. Vous avez peut-être des enfants ou des petits- enfants qui se font réveiller par la sonnerie d'un iPhone; cela perturbe leurs habitudes de sommeil. L'une des recommandations est de prendre en compte l'ensemble des facteurs déterminants de l'obésité.
Le sixième point — très brièvement — est le lien à établir par rapport aux facteurs environnementaux. C'est un problème que l'on observe au Canada. Des données récentes laissent entrevoir l'existence d'un lien entre la pollution chimique et même le CO2 atmosphérique, le contrôle de l'appétit et la prédisposition à l'embonpoint. Donc, notre mode de vie serait davantage lié à l'obésité que ce que l'on était porté à croire jusqu'à maintenant.
En conclusion, j'insisterais sur l'urgence d'agir. Notre mémoire est principalement fondé sur un rapport fédéral publié en 2012, intitulé Indice canadien du mieux-être, qui comporte de bonnes nouvelles quant à l'espérance de vie. Par exemple, l'espérance de vie s'est accrue de 3,7 ans entre 1994 et 2010. Toutefois, au cours de la même période, l'espérance de vie ajustée en fonction de la santé a diminué de près de quatre ans. Ce n'est certainement pas notre objectif. Nous ne voulons pas que les années que nous ajoutons à l'espérance de vie soient des années de souffrances et de douleurs. Nous voulons que les années supplémentaires soient associées au bien-être, à la santé et au bonheur. Les statistiques du gouvernement fédéral indiquent que même si les préoccupations dont nous parlons aujourd'hui progressent lentement, certains indices révèlent qu'il est temps de prendre des mesures énergiques.
Au nom de la Société canadienne de nutrition, je vous remercie de l'invitation à venir témoigner. Nous considérons qu'il s'agit d'une marque de confiance et d'une reconnaissance de notre expertise.
Le président : Merci, monsieur Tremblay.
Je vais maintenant donner la parole à M. Pat Vanderkooy, gestionnaire aux Affaires publiques pour l'organisme Les diététistes du Canada.
Pat Vanderkooy, gestionnaire, Affaires publiques, Les diététistes du Canada : Bonjour à tous. Je m'appelle Pat Vanderkooy et je suis diététiste de carrière. Je travaille pour l'association Les diététistes du Canada, et je représente beaucoup de mes collègues avec lesquels j'ai travaillé. Merci de l'invitation.
Mon exposé sera plus court que ce qui figure dans le document qui vous a été fourni.
Les diététistes du Canada sont une association professionnelle qui compte environ 6 000 membres à l'échelle du Canada. Les diététistes sont des professionnels de la santé réglementés qui travaillent dans les services de soins de santé, les services de santé publique, le milieu universitaire et l'industrie alimentaire. Les présentations et discussions d'octobre ont souligné de nombreux points importants : une optique de santé dans toutes les politiques; des messages éducatifs simples et directs; des politiques et un leadership du gouvernement pour soutenir un changement en profondeur; des surveillances et des évaluations pour maintenir le cap et évaluer l'efficacité.
Il existe de nombreux facteurs, dont Angelo a parlé, et aucune stratégie ne permettra à elle seule d'atténuer tous les risques. Il y a d'abord la surconsommation de produits alimentaires, particulièrement les choix alimentaires moins bons pour la santé. Il y a d'abord le fait que près du quart des calories consommées par les enfants proviennent du sucre et de produits alimentaires transformés comme les collations, ce qui ajoute l'équivalent d'un quatrième repas quotidien. Vient ensuite le fait de manger au restaurant plus souvent. Il n'est pas facile de manger sainement lorsque les menus ne fournissent pas d'information sur l'apport calorique ou l'apport nutritionnel, lorsque les portions sont immenses, lorsque les choix santé coûtent plus cher et lorsque les aliments malsains font l'objet d'une promotion musclée.
Les repas pris à la maison, en famille, sont moins nombreux, même s'ils sont avantageux parce qu'ils permettent une alimentation plus saine et réduisent le risque d'embonpoint chez les enfants.
De nombreux enfants et adultes canadiens ont des compétences limitées pour choisir et préparer des aliments sains. D'importantes campagnes de publicité ciblent particulièrement les enfants. Les entreprises alimentaires investissent des milliards de dollars en publicité et de nombreux aliments annoncés ne sont pas des choix santé. Les campagnes d'éducation sur la santé ne peuvent rivaliser avec ces publicités.
Un ménage canadien sur huit souffre d'insécurité alimentaire, principalement en raison de la pauvreté. L'insécurité alimentaire a des effets néfastes sur la santé, la croissance et le développement des enfants. Cela a été mentionné. Généralement, les aliments moins coûteux sont plus calorifiques, contiennent davantage de sucre et de gras, et sont moins nutritifs. En 2010, Freiner l'obésité juvénile, le rapport du gouvernement que vous connaissez tous, j'en suis certain, évoquait une « crise nationale » et demandait une « intervention nationale durable et multisectorielle ». Ces recommandations sont toujours pertinentes aujourd'hui : faire du surpoids et de l'obésité juvéniles une priorité collective d'intervention pour les gouvernements et les autres secteurs et coordonner les efforts en ce sens. Il faut mettre en place un environnement favorable à la bonne alimentation et des mesures précoces chez les enfants à risque; augmenter la disponibilité des aliments nutritifs; réduire la publicité visant les enfants; mesurer les progrès collectifs et rendre compte des résultats et modifier les approches au besoin.
Le Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition de Santé Canada a publié d'excellents rapports, que vous trouverez dans les notes de fin de votre document. Il est temps d'adopter ensemble des mesures pancanadiennes. Nous faisons déjà beaucoup de choses par rapport à divers aspects. Pour cela, nous avons recours à l'éducation et aux interventions communautaires, et nous militons pour l'adoption de politiques, mais nous n'avons pas encore réussi à tout mettre en place. Je vais vous présenter un portrait de la situation à l'aide de quelques exemples.
Nous avons des politiques en matière d'aliments sains et d'alimentation dans les écoles et les services de garde partout au pays. Nous avons le Document d'orientation provincial et territorial pour l'élaboration de critères nutritionnels à appliquer aux aliments et aux boissons servis dans les écoles. C'est un excellent progrès; les critères ont été élaborés par un groupe provincial-territorial. Toutefois, ces critères n'ont pas encore été harmonisés dans l'ensemble des provinces et des territoires. Or, l'industrie alimentaire préconise l'adoption de critères uniformes, ce qui lui permettrait d'établir la marche à suivre. L'harmonisation des critères permettrait de modifier l'approvisionnement alimentaire, en vue de le rendre plus sain, car l'industrie alimentaire connaîtrait nos exigences en ce qui concerne l'ensemble des écoles du Canada.
Parlons de la restriction des publicités destinées aux enfants. Il y a quatre ans, les diététistes du Canada ont exhorté le gouvernement fédéral à faire preuve de leadership et à établir des normes pour restreindre les publicités d'aliments et de boissons destinées aux enfants, et aucun progrès n'a été observé à cet égard. Nous en concluons que l'autoréglementation de l'industrie ne fonctionne pas. Là encore, il faut un effort concerté appuyé par le gouvernement. Nous faisons la promotion d'environnements alimentaires sains, avec tout ce que cela comporte. Nous pouvons en parler davantage.
Pour y arriver, nous demandons votre appui et votre engagement pour l'adoption d'une stratégie vaste et exhaustive. Nous avons besoin de votre leadership. Il faut, aux échelons supérieurs, une stratégie alimentaire nationale qui tient compte des facteurs liés à l'économie, au secteur agroalimentaire et à la santé. Je dirais que la santé devrait être au centre de l'approvisionnement alimentaire, le facteur principal, même s'il y en a beaucoup d'autres.
Nous devons porter une attention particulière aux problèmes de systèmes alimentaires qui touchent les collectivités vulnérables et les peuples autochtones.
Le Canada a besoin d'une stratégie nationale de réduction de la pauvreté, car certains ménages n'ont pas les moyens d'assurer leurs besoins fondamentaux comme le logement et l'alimentation. Nous savons que l'insécurité alimentaire augmente le risque de développer des problèmes de santé chroniques. Il est logique d'investir dans les ménages maintenant.
Nous avons besoin de contrôles et de surveillance. Il y a eu l'Enquête Nutrition Canada dans les années 1970, et l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, en 2004. Aucune donnée nationale n'a été recueillie pendant la période qui sépare ces deux études. Or, c'est précisément au cours de cette période que notre environnement alimentaire, nos habitudes en matière d'activité physique et la prévalence de l'embonpoint ont changé. Heureusement, l'ESCC recueillera à nouveau des données sur le régime alimentaire cette année, ce qui est formidable, et nous aimerions qu'il y ait un engagement durable à cet égard.
Je vous remercie de votre attention et d'avoir écouté nos observations. Nous sommes en bonne posture; il faut simplement agir de façon concertée. Nous demandons au gouvernement d'être un chef de file et de nous appuyer.
Le président : Merci beaucoup.
Nous passons maintenant à M. Vladimir Vuksan, qui témoigne à titre personnel.
Monsieur Vuksan, veuillez faire votre exposé.
Vladimir Vuksan, professeur, Département des sciences de la nutrition et de la médecine, Université de Toronto, à titre personnel : Merci beaucoup. Je ferai référence aux diapositives que je vous ai fait parvenir, si vous voulez bien suivre avec moi.
Je suis honoré d'être ici aujourd'hui et d'avoir l'occasion de vous parler de problèmes comme l'obésité, qui est l'un des principaux problèmes de santé au Canada et dans d'autres pays développés. J'aborderai cette question et je vous ferai part de certaines controverses. Je vais tenter de présenter des solutions et, si vous le permettez, des recommandations.
J'aimerais vous montrer quelque chose que j'ai apporté. Je suis heureux d'avoir pu franchir le poste de sécurité à l'entrée, car j'ai apporté une arme de destruction massive. Ne soyez pas effrayés, même si nous devrions tous l'être. Je l'ai transportée dans un sac de la chaîne Loblaws, croyez-le ou non. Il s'agit d'un échantillon de tissu adipeux humain — environ trois kilos. À l'aéroport de Toronto, on m'a arrêté et demandé ce que je transportais. Comme c'est plutôt inhabituel, je ne savais pas quoi répondre. J'ai donc répondu : « C'est mon tissu adipeux, si l'on veut. Je le transporte parfois à l'intérieur de mon corps, parfois à l'extérieur. » Ils ont trouvé cela drôle et m'ont laissé passer.
J'aimerais d'abord vous donner un exemple simple, que l'on voit sur la prochaine diapositive. Il s'agit du cas d'une personne qui aurait un surpoids de 10 kilos de tissus adipeux. Cela ne fait qu'augmenter l'indice de masse corporelle de trois unités; ce n'est pas beaucoup. Si vous êtes une personne de poids normal et que vous l'augmentez de 10 kilos, vous ne faites qu'entrer dans l'intervalle « obésité ». Dans ce cas, on parle de 10 kilos. Si vous vous informez auprès d'un pathologiste, il vous dira que chaque kilogramme de tissus adipeux nécessite 6 000 mètres ou 6 kilomètres d'artères à perfuser. Comme on multiplie par 10, le calcul est simple; donc, 10 fois 6 kilomètres donnent 60 kilomètres. Le cœur doit pomper 60 km en surplus chaque minute, soit 72 fois. J'ai calculé que cela représente cinq fois l'aller-retour entre Ottawa et Toronto, ce que j'ai fait hier en avion. La capacité du cœur de maintenir cet effort pendant une période donnée dépend de la garantie associée au bagage génétique des parents.
La prochaine diapositive est un résumé. Je parlerai des problèmes et des solutions, je soulignerai certaines controverses et les mesures à prendre.
Les conséquences sur la santé sont nombreuses. J'en ai déjà relevé quelques-unes. J'ai indiqué les principales catégories : la santé mentale, par exemple la dépression, l'anxiété, l'estime de soi; la santé physique, comme l'arthrose; le métabolisme, notamment le diabète et l'hypertension, des aspects auxquels je consacre une bonne partie de mes travaux, à ma clinique de Toronto.
La prochaine diapositive traite de l'incidence et de la prévalence du diabète. Les deux éléments figurent sur la même diapositive. Selon le Journal de l'Association médicale canadienne, l'obésité au Canada a connu une augmentation de 200 p. 100 en 26 ans — cela a donc triplé, en fait. Ensuite, dans le même article, on prévoit que le nombre de personnes obèses augmentera de 16 p. 100 d'ici 2019. Les données n'incluent pas les territoires.
Il y a trois jours, nous avons reçu les lignes directrices canadiennes sur la prévention de la prise de poids, dans lesquelles on mentionne les données de 2011 qui indiquent que 26 p. 100 de la population est obèse, catégorie qui se situe au-dessus de celles des personnes en surplus de poids.
Nous reconnaissons, comme il a été mentionné auparavant, que les enfants canadiens sont aussi à risque. En 2013, 12 p. 100 des enfants étaient obèses et 19 p. 100 présentaient un surpoids. Si rien ne change et que vous ne faites rien — et je me fonde sur les données prudentes que j'ai présentées à la diapositive précédente —, 50 p. 100 des enfants nés en 2010 deviendront obèses au cours de leur vie, un pourcentage qui passerait ainsi de 12 à 50 p. 100. C'est une augmentation très considérable. Il importe donc d'agir, comme on l'a déjà souligné.
La diapositive suivante montre les causes et les solutions traditionnelles, qui sont essentiellement les mêmes. Ce qu'il faut faire, ce que nous appelons les « Big 2 », c'est manger moins et bouger plus. Nous avons discuté des causes non traditionnelles de l'obésité, des problèmes de sommeil et des autres contextes créés par l'humain, des environnements obésogènes, et cetera. Nous savons que nous n'avons pas un très bon programme au Canada, concernant le poids, et que l'obésité est en hausse.
Il y a aussi des idées fausses largement répandues au sujet de l'obésité. Comme le Dr Tremblay l'a dit, nous ne faisons pas assez de recherche pour comprendre le problème, ce qui pourrait entraîner des décisions cliniques mal fondées, de fausses recommandations en matière de santé publique, le gaspillage des maigres ressources destinées à la recherche et, par conséquent, l'échec des programmes et la croissance de l'obésité.
Dans l'annexe, je parle de mythes, de présomptions et de faits au sujet de l'obésité. Je vais brièvement parler de certains faits, puis je vais conclure.
On parle toujours d'obésité, mais il semble évident que les gènes sont un facteur important. Certains disent que l'humain est vulnérable à cause de ses gènes. Nous sommes enclins à l'obésité. Nous avons cette possibilité dans un environnement donné. Cependant, l'environnement semble plus important, car au cours des 30 dernières années, l'obésité a doublé ou triplé, mais nos gènes n'ont essentiellement pas changé. C'est important.
Les régimes à faible teneur en énergie entraînent la perte de poids. Je pense que c'est possible en suivant certains programmes, mais c'est très difficile à faire et à maintenir à long terme.
Sur le plan des outils s'adressant à la population, il faudrait encourager l'exercice. Nous parlons maintenant de plus en plus de l'exercice, qui ne va pas seulement entraîner une baisse du poids, mais aussi améliorer la santé, alors c'est la clé, en réalité. Il faut que l'exercice et l'activité physique soient soutenus et qu'ils ne se limitent pas à une simple participation. L'exercice dans les écoles canadiennes est un bon exemple; les enfants en font, mais ce n'est pas assez. On constate maintenant qu'il faut que les enfants, quand ils rentrent à la maison, continuent de faire de l'exercice avec leurs parents et discutent d'alimentation et de nutrition.
Si nous décidons de le faire par nous-mêmes — et en tant que population, nous devons comprendre que c'est le combat d'une vie —, nous devons vraiment nous pencher sur ce que nous faisons et sur ce que nous mangeons.
Dans le milieu clinique, on a remporté du succès avec des substituts de repas, ce qui pourrait être utile. Certains médicaments peuvent être utiles, conjugués à des régimes à faible teneur en énergie, mais ils peuvent être dangereux et s'accompagner d'effets secondaires. La chirurgie bariatrique est de plus en plus populaire. Malheureusement, nous ne voyons pas que de l'obésité au Canada, mais de l'obésité de classe III, de l'obésité morbide, pour laquelle il faut une chirurgie.
Le message à retenir, c'est qu'il faut créer un programme national à partir des recommandations de recherches cliniques et établir des politiques de santé publique durables. Je rêve qu'au Canada, nous puissions réduire le poids moyen de 5 p. 100 en 5 à 10 ans. C'est sans doute possible — du moins, j'en rêve —, et nous pourrions commencer à renverser l'épidémie d'obésité d'ici 2030.
Comment y arriver? Les programmes doivent reposer sur des bases scientifiques, et nous devons probablement mener davantage de recherches pour comprendre. Il est essentiel que les programmes soient économiquement viables, et que le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et l'industrie les appuient et en fassent la promotion.
Concrètement, j'estime que nous pouvons le faire en empruntant des États-Unis le principe de la « méthode améliorée des petits changements », selon laquelle on diminue un peu l'apport alimentaire et on marche un petit peu plus, ce qui pourrait avoir du succès, et en améliorant les connaissances actuelles par l'augmentation de la recherche dans ce domaine.
Merci beaucoup.
Le président : Merci à vous tous.
Le sénateur Eggleton : Je vous remercie de vos exposés intéressants et de vos perspectives sur la question de l'obésité. L'obésité a toujours été là, je pense bien, et les raisons d'ordre génétique aussi. On parle depuis des dizaines d'années de l'effet de ce que nous mangeons et des exercices qu'il faut faire. Cependant, depuis quelques années, depuis quelques dizaines d'années, la situation semble gravement s'empirer, particulièrement chez nos enfants. Qu'est-ce qui cause maintenant ce problème, cette augmentation de l'obésité?
Mme Vanderkooy : Il y a eu un changement. Nous sommes entourés de plus de nourriture plus riche en calories, et on en fait la promotion partout. Nous n'avions pas de distributrices et d'endroits où il était possible de se prendre un petit quelque chose facilement. Maintenant, nous évoluons dans un environnement propice à la distraction. Les enfants jouaient et rien ne venait les en distraire. Ils connaissaient les règles : pas question d'aller fouiller dans le réfrigérateur entre les repas. Vous alliez tout simplement jouer dehors.
Il y a donc l'effet combiné des nombreuses distractions dans le contexte alimentaire, des périodes de jeu écourtées, du temps passé devant un écran — et de l'exposition aux publicités très agressives s'adressant aux enfants, ce que nous jugeons contraire à l'éthique en raison de leur compréhension développementale —, puis, comme je l'ai mentionné, du sommeil, de la vie pressée et des repas qui ne sont pas pris en famille. Tout cela peut vous faire l'effet d'un maternage, des propos d'un État providence — appelez cela comme vous voulez —, mais ce sont des changements sociaux très réels qui s'accompagnent de répercussions sur la santé mentale et sur les niveaux de stress et qui peuvent mener au gain de poids.
Ce sont donc de petites choses, ici et là, qui se sont conjuguées. Le gain de poids n'est en quelque sorte que la pointe de l'iceberg : c'est le signe physique de tout ce qui se passe sous la surface.
M. Tremblay : Il y a aussi l'informatisation. Cela s'est amorcé dans les années 1980. Je parle d'une étude américaine qui a été menée entre le début des années 1980 et la fin des années 1990, qui documente le changement du profil des activités des jeunes enfants et des adolescents. On a constaté qu'il n'y avait pas eu tant de changement dans les sports, que le temps passé devant le téléviseur avait diminué légèrement et que le temps consacré aux travaux scolaires et à l'utilisation de l'ordinateur avait nettement augmenté.
Maintenant, certains éléments nous indiquent que le travail mental exigeant entraîne une augmentation de la consommation énergétique sans qu'il y ait dépense d'énergie, et que cela peut troubler le sommeil sur le plan de la qualité et de la durée. Très récemment, nous avons obtenu l'approbation d'un rapport dont les conclusions sont décourageantes, car les enfants, les jeunes garçons qui font beaucoup de devoirs scolaires perçus comme étant source de stress ont une adiposité plus prononcée.
Le profil de l'activité humaine a changé. Dans ce contexte, nous sommes en conflit avec nous-mêmes, car nous n'allons manifestement pas revenir sur l'informatisation. Elle apporte quelque chose de nouveau qui ne facilite pas la stabilité du poids corporel.
M. Vuksan : C'est une excellente question — la question à 64 000 $. Essayons de répondre pour la première tranche de 30 000 $.
Je pense que l'humain, par sa nature, n'est pas adapté à cet environnement obésogène. Cela nous surprend; nous en sommes choqués. L'industrie a connu un développement incroyable, sur le plan de la fabrication d'aliments raffinés. Elle a fait de l'excellent travail. Notre palais aime cette nourriture, et nous avons un penchant pour elle. Nous mangeons davantage et faisons moins d'exercice. Nous avons un gène « économe » qui fait que nous ne voulons pas bouger à moins de devoir aller chasser. Entre nos chasses, nous nous reposons et économisons notre énergie. C'est dans nos gènes, et nous ne pouvons pas nous adapter à l'environnement actuel.
Partout où vous allez au Canada, il y a des escaliers roulants. Je suis probablement l'une des rares personnes à gravir les escaliers qui se trouvent à côté des escaliers roulants, à Toronto. On ne sait jamais où l'on va aboutir quand on emprunte des escaliers, et on ne sait jamais si la porte sera déverrouillée ou pas. C'est un problème.
Je travaille sur l'île de Malte, au milieu de la Méditerranée, et tout le monde jure que c'est là qu'on trouve le meilleur régime au monde. Qu'est-ce que le régime méditerranéen? Il remonte à l'époque où la Sicile était pauvre, en 1950, et où la nourriture était rare. Il ne pleuvait pas assez et la terre était dure à cultiver. Nous ne faisons plus ce travail, et nous avons toute cette belle nourriture. Dans l'ensemble, le régime méditerranéen n'est plus ce qu'il était. On peut consommer trop de cette huile d'olive qu'on nous dit si bonne pour nous.
Nous devons nous pencher sur des aliments plus traditionnels. Si vous voulez un indice glycémique faible, il faut se tourner vers les aliments traités de manière traditionnelle. Cela s'ajoute aux excellents propos de mes collègues.
Le sénateur Eggleton : Je pense que le régime méditerranéen est formidable, mais je vais me concentrer sur un aspect dont vous avez tous parlé.
Monsieur Tremblay, vous avez dit qu'il faut des publications et des lignes directrices sur la saine alimentation pour promouvoir la littéracie nutritionnelle. Cependant, il y a aussi Mme Vanderkooy qui dit que l'industrie puissante des aliments et des boissons consacre ses milliards de dollars à faire la publicité de ses choix, pas toujours sains, auprès des enfants. C'est quelque chose d'assez formidable à attaquer.
Il y a eu dans le passé des discussions sur la possibilité de restreindre la publicité. Je pense que le Québec a imposé des restrictions à la publicité, mais la radiodiffusion nationale est de compétence fédérale.
Je vais vous poser une question : faut-il bannir la publicité télévisée s'adressant directement aux enfants?
M. Tremblay : Vous avez raison. Au Québec, nous avons une disposition législative qui interdit la publicité s'adressant aux enfants. Cela semble contraire à la liberté que nous recherchons dans nos transactions de tous les jours, mais en fin de compte, c'est peut-être la seule façon de faire.
Après avoir entendu des prétentions trompeuses en cour de la part de promoteurs à l'éthique douteuse, vous en arrivez à la conclusion que c'est une avenue à explorer — au moins, imposer des restrictions a priori et peut-être examiner la situation, obtenir des explications et, en fin de compte, dire oui.
Bien entendu, quand je dis de telles choses, cela ne fait que compliquer les procédures et ce n'est pas ce que nous recherchons. Dans le domaine de l'obésité, il y a trop d'information prêtant à confusion et trompeuse, et nous devrions chercher à adopter une stratégie efficace qui limitera cela et qui guidera les Canadiens vers ce qui est souhaitable.
C'est loin d'être le cas en ce moment. À l'occasion, quand je critique un peu plus les choses, je dis que nous vivons dans un système qui impose des contraintes à des producteurs agroalimentaires sérieux et qui laisse une liberté presque infinie à ceux qui veulent dire n'importe quoi à n'importe qui de n'importe quelle manière. Il y a quelque chose à faire sur ce plan. La restriction pourrait être une solution, oui.
Mme Vanderkooy : Faire de la publicité, ce n'est pas éduquer les gens. Les enfants ne peuvent comprendre la différence entre les deux. En gros, il n'est pas éthique de penser que nous éduquons les enfants alors qu'en réalité, nous les exposons à des marques et à des publicités.
Nous sommes limités comme humains. Il y a une limite à la quantité de nourriture que nous pouvons ingérer. C'est un bien de consommation pour lequel nous n'avons pas vraiment de choix. Nous devons limiter notre consommation de ce bien de consommation en particulier. Il faut que nos enfants ne soient pas distraits des messages prônant la santé et des habitudes saines. Nous devons leur donner la chance d'acquérir de saines habitudes et de les garder, et la publicité ne facilite pas le choix d'une saine alimentation.
M. Vuksan : Je suis généralement d'accord, bien que je pense que la fausse publicité ne cause pas de la confusion que pour les enfants, mais pour tout le monde. Nous sommes tous des enfants quand nous voyons quelque chose d'appétissant et de savoureux.
Je ne comprenais pas bien, l'autre jour, quand Coca-Cola a finalement dit qu'elle réduirait la quantité de sucre dans le Coca-Cola, mais que le nombre de cuillerées à thé de sucre passait de 10,2 à 9,7. Vous pouvez imaginer la quantité qu'il y a là-dedans. Cela paraît fantastique. Mon fils m'a demandé : « Papa, est-ce que je peux en boire plus, maintenant? »
Je pense qu'il faut faire attention. Il existe une excellente organisation aux États-Unis, la Federal Trade Commission, qui impose beaucoup de restrictions. Vous ne pouvez donc pas faire n'importe quoi. Vous devez dire la vérité. Quoi qu'il en soit, je suis d'accord avec les restrictions, pour les moins de 13 ans, peu importe.
La sénatrice Seidman : Mes questions portent sur les directives alimentaires et l'étiquetage des aliments. Cependant, avant de passer à ces questions, j'aimerais poser une question particulière à Mme Vanderkooy au sujet d'une chose qu'elle a dite dans son exposé concernant la surveillance de l'approvisionnement alimentaire et les données de surveillance relatives aux habitudes de consommation alimentaire.
L'une des questions que nous avons, comme nous en avons au fil du temps, et que le sénateur Eggleton a posée est celle de savoir s'il est clair que le taux d'obésité est en hausse. Nous pensons que c'est le cas, mais bien entendu il existe différentes manières de mesurer l'obésité et nous avons peut-être modifié notre façon de la mesurer ainsi que les normes que nous appliquons au fil du temps. Donc, si nous convenons intuitivement, sur la foi de certaines preuves, que le taux a changé, il faut alors nous demander ce qui cause cela. L'une des causes, selon vous, est la modification des habitudes de consommation alimentaire.
Vous dites, madame Vanderkooy, que l'Enquête Nutrition Canada a été menée en 1970, 1972 et qu'il y a ensuite eu l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes en 2004. Premièrement, les données sont-elles comparables entre ces deux enquêtes? Deuxièmement, est-ce qu'on les a comparées?
Mme Vanderkooy : Ce sont d'excellentes questions.
En ce qui concerne l'obésité, il y a des données mesurées et des données déclarées. Nul besoin de dire que certaines données sont moins précises que d'autres, mais nous avons des données mesurées et nous savons que l'obésité est en hausse.
Nous avons des données sur l'approvisionnement alimentaire qui font le suivi des calories par personne, du côté de la production agricole, et nous savons que l'approvisionnement alimentaire des Canadiens est en hausse, mais nous ne savions pas grand-chose des habitudes de consommation alimentaire. Nous avions les données de 1972, et celles de 2004. Qu'est-ce qui s'est produit entre les deux enquêtes? Les ordinateurs se sont mis à analyser les données.
La réponse est oui; les deux ensembles de données ont été comparés. Non, la comparaison ne s'est pas faite par ordinateur, car les données étaient légèrement différentes. Elles étaient codées différemment. Le Guide alimentaire canadien a changé dans l'intervalle, et il y avait entre autres de petits détails, mais il y a d'excellents rapports. Statistique Canada a publié un bon nombre d'analyses à la suite de l'enquête de 2004, mais il y a eu de bonnes comparaisons avec Nutrition Canada quand c'était possible.
La sénatrice Seidman : Je pense qu'il serait important que nous puissions voir ces données. Monsieur le président, pouvons-nous demander ou exiger cela?
Si vous avez ces données comparatives concernant les habitudes de consommation alimentaire, nous vous saurions gré de les transmettre à la greffière du comité.
Mme Vanderkooy : Oui.
La sénatrice Seidman : À ce sujet, vous parlez d'habitudes de consommation alimentaire et du type d'aliments consommés. Les directives alimentaires canadiennes ont légèrement changé. Elles ont été modifiées en 2011. Nous parlons beaucoup de publicité s'adressant aux enfants. Si vous regardez les directives alimentaires qui se trouvent sur le site web de Santé Canada, elles sont très bien présentées. Cependant, la question est de savoir dans quelle mesure elles sont justes. Pour commencer, les estimez-vous bonnes? Si les directives alimentaires sont justes, comment pouvons- nous aider les Canadiens à mieux les comprendre et à mieux éduquer leurs enfants à leur sujet? J'aimerais que vous répondiez tous en ce qui concerne les directives alimentaires actuelles.
Le président : Pour la première question, madame Vanderkooy, je vais vous demander de répondre. Cependant, pour la deuxième, ne nous lançons pas dans une longue explication. Je vais vous demander de choisir des éléments particuliers pour votre réponse. Sinon, nous allons y consacrer toute la matinée.
Mme Vanderkooy : Les directives alimentaires que nous avons sont le dernier Guide alimentaire canadien. Au verso de ce guide, on précise les aliments à consommer en quantité limitée. Le guide est bon, mais au verso, avec les aliments à consommer en quantité limitée, c'est là qu'on n'a pas fait du très bon travail. Quand il est question de l'alimentation comme d'une forme de dépendance semblable au tabac, on parle de la consommation excessive d'aliments hautement caloriques, mais peu nutritifs. On en parle dans le guide, et on encourage les gens à les consommer en quantité limitée.
Votre question comportait un autre élément.
La sénatrice Seidman : Nous pourrions tout simplement continuer, car je suis vraiment intéressée d'entendre les autres témoins nous parler des directives alimentaires actuelles, nous dire ce qu'ils en pensent, s'ils estiment qu'il faudrait les modifier et nous décrire la façon de le faire, le cas échéant.
M. Tremblay : Je ne sais pas si je peux répondre directement à la question, mais j'aimerais soulever un aspect qui est peut-être plus de compétence provinciale. C'est une question d'éducation. Le moment est peut-être venu de penser à enseigner à l'école la nutrition, la bonne alimentation, de sorte que nous ayons des consommateurs compétents capables de faire preuve d'un plus grand discernement. Au Québec, cela ne fait pas partie de la tradition. D'après ce que je comprends, c'est la même chose ailleurs. Cela contribuerait certainement à la santé, et le perfectionnisme ne serait pas nécessaire, concernant les directives alimentaires.
M. Vuksan : J'apporterais quelques précisions.
Pour le premier point, je ne pense pas que nous ayons assez d'information au Canada, malgré le travail énorme réalisé par les diététiciens canadiens et Santé Canada. Nous ne savons tout simplement pas exactement combien de Canadiens sont obèses, et combien font de l'embonpoint. Nous avons plusieurs enquêtes, et j'essaie de les étudier. Si nous avons une réunion le mois prochain, j'en saurai peut-être plus.
Au fond, il nous faut davantage de bonnes études, et non seulement des études compliquées comme celles qui cherchent à déterminer ce que les gens mangent, car les outils alimentaires ne sont pas faciles à utiliser et à bien interpréter, mais aussi des études qui mesurent l'indice de masse corporelle ou la taille, ou tout aspect pertinent pour la recherche sur l'obésité. Tout à l'heure, je vous ai donné des chiffres déroutants que j'ai trouvés récemment. Nous avons besoin de plus d'enquêtes de tous genres, des enquêtes simples, notamment sur l'obésité, et plus d'enquêtes sur les habitudes alimentaires. Nous devrions probablement en avoir davantage.
Nous parlons de ce qu'il faut dire aux enfants et aux adultes. Je dis constamment qu'avec l'obésité, tout le monde est pareil, sauf que les enfants sont plus vulnérables. En gros, il se produit de petits changements. Nous mangeons quelques calories de plus par jour. Si vous consommez 30 calories de plus par jour, chaque jour, c'est environ une bouchée de pain. Une tranche pèse 30 grammes, soit 60 calories. Si vous mangez la moitié d'une tranche de pain de plus que ce qu'il vous faut, en un an, vous aurez un kilo de plus. Sur 10 ans, ça fait 10 kilos. Il serait donc utile de commencer avec les enfants.
Je pense qu'il y a beaucoup d'idées fausses. J'ai mentionné le sucre. Si vous faites la corrélation entre la consommation de sucre, disons de fructose, et l'obésité, vous aurez une magnifique corrélation de 45 degrés pour les 20 à 30 dernières années. Cependant, si vous regardez aussi du côté de la consommation d'eau en bouteille, vous aurez la même corrélation. Vous comprenez ce que je veux dire.
Un de mes étudiants à Toronto est un spécialiste mondial du fructose. Il dit que si vous mangez du fructose en quantité isocalorique — c'est-à-dire que vous n'en mangez pas trop —, vous ne prendrez pas plus de poids à manger du fructose que n'importe quoi d'autre. Nous consommons tout simplement plus de calories. Je ne dis pas que nous n'avons pas besoin d'éducation. Il faut simplement que nous nous arrêtions aux calories et que nous fassions plus d'exercice.
Le président : Pour la deuxième partie, je vais vous demander de vous concentrer sur la question de sorte que nous ayons de plus courtes réponses.
La sénatrice Seidman : J'aimerais que nous abordions l'information nutritionnelle. M. Vuksan vient de parler de cela. L'information nutritionnelle est essentielle. En ce qui concerne l'information nutritionnelle en général, avons-nous de vrais résultats de recherche qui démontrent que l'information nutritionnelle fournie sur les aliments, par exemple, est utile, qu'elle produit des effets et que c'est positif?
Mme Vanderkooy : Je peux répondre. Oui, nous avons des résultats de recherches sur la façon dont les consommateurs utilisent l'information nutritionnelle et les étiquettes.
C'est l'information nutritionnelle. Nous savons qu'elle n'est pas vraiment facile à interpréter. Santé Canada le sait. Ce serait une autre étape : prendre le principe de l'information nutritionnelle et l'évaluer pour déterminer si c'est une réussite ou un échec. Nous n'en sommes pas tout à fait là, mais on fait une mise à jour de l'information nutritionnelle en ce moment, et je pense que certaines des caractéristiques qui ont été proposées seront vraiment utiles. J'espère que certaines des choses proposées seront adoptées, mais je ne suis pas la Direction des aliments, alors je n'en sais rien. Nous saurons quand ce sera publié dans la partie I de la Gazette du Canada.
La sénatrice Seidman : Donc, vous dites que des recherches fondées sur les preuves démontrent que l'information nutritionnelle est un moyen efficace d'amener les gens à acheter ou à ne pas acheter certains aliments?
Mme Vanderkooy : Il peut s'agir d'un facteur d'achat, et cela peut être au magasin. Les personnes ne comprennent pas très bien le principe de la VQ, la valeur quotidienne. Nous n'avons pas de base de données pour que les gens puissent comparer à la maison, alors c'est limité. N'oubliez pas qu'en fin de compte, ce sont des connaissances. Les connaissances ne mènent pas nécessairement à un changement de comportement alimentaire.
[Français]
La sénatrice Chaput : Ma première question s'adresse à M. Tremblay. Vous avez parlé des nouveaux facteurs qui contribueraient à l'obésité, dont celui du sommeil de courte durée. Y a-t-il eu plusieurs études ou recherches qui ont été faites à cet égard? Si oui, est-ce possible d'en obtenir des copies?
M. Tremblay : Oui, plusieurs études ont été effectuées. En fait, on connaît la relation qui suggère que le petit dormeur est plus à risque de surpoids depuis le début des années 1990. Ce sont des Américains qui ont testé en laboratoire l'impact d'une restriction de sommeil sur le contrôle de l'appétit. Cela a permis de faire ressortir l'effet à court terme du manque de sommeil sur le profil hormonal qui influence la prise alimentaire, les sensations d'appétit, l'apport calorique à volonté, soit les vraies calories que l'on mange, et le lien avec le risque de surpoids.
Il y a maintenant de nombreuses études sur le sujet. Des essais cliniques sont en cours dans le cadre desquels on modifie la durée du sommeil pour déterminer les bénéfices potentiels en ce qui a trait au contrôle pondéral.
Pour répondre à votre deuxième question, oui, bien sûr, il est possible de vous faire parvenir ces études. Elles sont du domaine public également. Je peux contribuer à vous les obtenir, et la Société canadienne de nutrition est bien disposée à le faire également.
La sénatrice Chaput : Si le président le permet, pourrait-on obtenir au moins les liens web où on peut y avoir accès?
M. Tremblay : Oui.
La sénatrice Chaput : Vous pourriez faire parvenir cette information au comité?
M. Tremblay : Absolument. Il suffit de me fournir l'information qui me permettra de faire le suivi.
Le président : Si vous pouviez la produire au greffier du comité, s'il vous plaît.
M. Tremblay : Très bien.
La sénatrice Chaput : Ma deuxième question est assez brève. Lorsque je vous écoute, tous les trois, je me dis que, aujourd'hui, mes petits-enfants ont très peu de chances de ne pas être obèses, à cause de la réalité dans laquelle ils vivent, des produits vendus dans les marchés et achetés par les jeunes parents. Les deux parents sont au travail et n'ont pas le temps de préparer les repas à la maison, comme c'était le cas auparavant. Prenons l'exemple d'un bon spaghetti fait à la maison. Dans les produits en magasin, la sauce à spaghetti risque de contenir une grande quantité de sucre et de sel. Cela défait tout le mérite de préparer des repas à la maison.
Vous avez parlé de réduire la publicité qui s'adresse aux enfants à la télé, et je suis d'accord avec vous. Que pouvons- nous faire pour appuyer nos jeunes couples et parents qui ne veulent pas que leurs enfants soient obèses? Compte tenu de la réalité, c'est une bataille presque perdue. Les jeunes pratiquent très peu d'activité physique, ils sont devant les ordinateurs et autres appareils.
Comment peut-on aider les parents et les familles à emboîter le pas et à défaire le cercle vicieux de l'obésité? Pouvez- vous me donner un exemple?
[Traduction]
Mme Vanderkooy : Dans son rapport de 2006, M. Merrifield a entre autres conclu que nos enfants pourraient ne pas vivre aussi longtemps que leurs parents.
Sur le plan économique, les enfants qui sont véritablement à risque sont ceux qui souffrent déjà d'iniquités en matière de santé. J'ai parlé des enfants touchés par l'insécurité alimentaire. Les membres de ces familles vont vraisemblablement moins manger ensemble parce que maman et papa sont partis travailler et qu'ils ont plus d'un emploi au salaire minimum.
Si les parents avaient du soutien, s'ils se savaient capables de joindre les deux bouts et s'ils étaient à la maison pour manger avec leurs enfants, ce serait un grand pas en avant. Comment pouvons-nous nous organiser pour aider la famille à faire cela? Ce serait un facteur très important.
Je pense que la chose responsable à faire, sur le plan public, serait de réintégrer l'enseignement de la saine alimentation dans les écoles et d'adopter un modèle selon lequel l'école est un lieu où il est facile de faire des choix sains parce qu'il n'y a pas d'autres choix. Établissez un milieu soutenu par un financement public et enseignez-leur comment préparer des aliments à l'école. Ce serait formidable si cela se produisait aussi à la maison et si nous préparions davantage de repas ensemble.
C'est une réponse brève.
M. Vuksan : C'est une excellente question. Manger, pour les enfants et pour nous, est une affaire de famille. Certains disent que quand les parents sont gras, leurs enfants le sont aussi, mais ce n'est pas que génétique. Oui, il y a les gènes, mais il y a aussi la nourriture. Je pense que c'est très important.
Je dirais que les enfants dont les parents travaillent plus — et c'est davantage le cas maintenant — prennent moins de repas en famille, ce qui fait que le côté traditionnel est manquant. Nous avons étudié cet aspect. Quand vous vivez d'une manière moins traditionnelle, vous êtes plus sujet à la maladie et à l'obésité.
De plus, vous n'avez pas l'habitude de prendre le déjeuner, le dîner et le souper à heures régulières, alors vous grignotez beaucoup. Nous avons aussi appris que grignoter augmente les risques d'obésité. Il y a beaucoup de confusion à cet égard, mais c'est une excellente question.
[Français]
M. Tremblay : Je ne sais pas si on réussira à renverser le cycle de l'augmentation du surpoids. Toutefois, on a le devoir d'offrir à nos enfants les meilleures conditions de vie, qu'il s'agisse d'une saine alimentation, de bonnes pratiques d'activité physique ou de bonnes habitudes de sommeil. Il a été question, dans le cadre de notre rencontre, de continuer d'investir en faveur de la recherche pour mieux comprendre le problème. À titre d'exemple, j'ai présenté ma dernière demande de financement en collaboration avec des collègues danois pour mesurer l'impact de l'augmentation du CO2 atmosphérique sur le bilan de l'énergie. J'espère que notre hypothèse ne sera jamais vérifiée; c'est-à-dire qu'à mesure que le CO2 que l'on respire augmente, le contrôle de l'appétit devient plus difficile.
Nous sommes dans un environnement où nous ne comprenons pas encore complètement ce qui peut avoir causé l'augmentation de la prévalence de l'obésité depuis 30 ou 40 ans. Il faut continuer d'investir dans les bonnes pratiques de vie et essayer de mieux comprendre le phénomène.
[Traduction]
Le sénateur Enverga : Je vous remercie de vos exposés.
On a mentionné que l'obésité chez les enfants est liée entre autres à la publicité. Devons-nous vraiment nous inquiéter de la publicité? Devrions-nous nous préoccuper davantage du grand nombre d'heures que les enfants passent devant le téléviseur?
On a aussi dit que nous avons bien des programmes concernant notamment les aliments nutritifs et leurs bienfaits, mais quand il est question d'enfants, pensez-vous qu'il serait bon de changer l'étiquetage? Disons qu'on mettrait une souris pour une portion de boisson, un cochon pour deux portions, ou une baleine pour trois portions — quelque chose comme ça. Pensez-vous que nous devrions pouvoir faire comme pour les cigarettes? On met une photographie qui montre ce qui vous arrive si vous fumez. Vous risquez d'être atteint de telle ou telle maladie. Pensez-vous que nous pourrions entre autres faire cela pour que ce soit plus efficace auprès des enfants? On voit les calories, sur l'information. Les enfants vont être plus attirés par les couleurs, et plus il y a de couleurs, mieux c'est. Pensez-vous que ce genre de démarche pourrait fonctionner?
M. Vuksan : C'est une autre question difficile.
Je pense qu'il y a des moments positifs. Nous venons d'ajouter sur l'étiquetage la quantité de sucre ajouté, ce qui est très utile, car ce sont des calories vides qu'on cherche à éviter, même si j'essaie de protéger un peu le sucre, car nous allons à l'autre extrême.
Voici une autre chose formidable. Une enquête sur la nutrition menée par l'Institut national de la nutrition il y a quelques années s'est penchée sur la mesure dans laquelle les Canadiens lisent l'information nutritionnelle. J'ai été abasourdi. Dans l'ensemble, peu importe le degré d'instruction ou les groupes d'âge, plus de 50 p. 100 des Canadiens lisent l'information nutritionnelle. Dans les magasins, vous voyez les gens lire l'information. Cette information est excellente, concernant les portions, et je pense que c'est une bonne chose.
Pour ce qui est de votre question à savoir s'il faut empêcher la publicité d'aliments et veiller à ce que les enfants regardent moins de télévision, tout cela va ensemble. Cependant, il faut vous rappeler qu'un petit sac de croustilles — j'en ai mangé un dans l'avion — compte 150 calories. Vous direz que ce n'est pas grand-chose, mais vous devez marcher pas mal vite pendant 30 minutes pour brûler cette énergie. Je dirais que s'il y avait des étiquettes, dans les restaurants, vous disant non pas le nombre de calories, mais le temps que vous allez devoir marcher pour brûler ce que vous allez manger ce soir — et vous allez tout manger parce que vous payez —, vous allez y penser deux fois.
Je parlais avec les gens de Loblaws, il y a longtemps, quand nous travaillions aux produits « Too Good To Be True », ce qui veut dire « trop bon pour être vrai », et nous disions que, quand vous achetez de la nourriture, le reçu pourrait au moins donner le nombre de calories pour chaque type. Donc, si vous achetez quelque chose automatiquement, vous pourriez en faire la répartition dans le ménage. Il faut plus d'information et d'éducation. Partout où vous allez, vous êtes bombardé d'information utile. Je ne pense pas que l'exercice suffit, car nous ne sommes pas nés pour faire de l'exercice, malheureusement.
Mme Vanderkooy : Il faut éduquer les enfants, mais ce sont les parents qui choisissent les aliments pour les petits enfants, alors il faut en tenir compte. Les enfants harcèlent leurs parents, mais au bout du compte, c'est aux parents qu'il incombe de choisir la nourriture, et c'est aux enfants qu'il incombe de manger jusqu'à ce qu'ils se sentent rassasiés.
Le marketing dépasse la télévision. Même si nous retirons les annonces publicitaires qui s'adressent aux enfants, il reste quand même de la publicité ailleurs, et cette publicité les influence aussi.
Il y a, autour de l'obésité, une stigmatisation que nous cherchons très fort à éviter. Nous savons que des personnes sont en santé, peu importe leur poids. Nous ne voulons pas que l'obésité soit objet de moquerie ou de harcèlement. Nous savons que, selon la recherche, il y a des prédispositions génétiques. Je crois que les inégalités en matière de santé qui viennent avec la pauvreté sont une énorme source de stress. Mais oui, il faut améliorer nos étiquettes pour avertir les gens de la haute teneur en calories et de la faible valeur nutritive de certains aliments.
Tous les aliments doivent être étiquetés. En ce moment, il y a un vide, en quelque sorte. Il n'y a pas d'étiquettes sur les aliments des charcuteries, par exemple, et c'est maintenant si normalisé que ce serait possible; il faut réglementer cela. Il n'y a aucun étiquetage dans les menus des restaurants, mais ces aliments sont normalisés — ils le savent —, alors il faut cette information.
À propos de la base de données sur les éléments nutritionnels que j'ai mentionnée, savez-vous pourquoi les gens comparent les étiquettes dans les magasins? C'est le seul endroit où c'est possible. On ne peut pas voir les étiquettes à l'ordinateur, car nous n'avons pas de base de données sur les éléments nutritionnels de tous nos aliments.
Nous vivons dans l'ère informatique. Ne serait-il pas formidable de pouvoir dire : « Montrez-moi tous les craquelins du magasin et dites-moi ceux dont la teneur en sel est la plus élevée »? Ce n'est pas possible, car nous n'avons pas cette base de données.
Ce sont les choses que j'ai mentionnées, et je peux vous donner les détails qui expliquent pourquoi cela me passionne tant.
La dernière chose que j'ajouterais, c'est que l'activité physique correspond à 20 p. 100 des calories qu'il nous faut. Les calories nous servent principalement à faire simplement fonctionner notre corps.
Quand je dis qu'il me faut 2 000 calories, il en faut environ 400 en fonction de mon degré d'activité. Si je consomme 400 calories de plus, je dois doubler mon degré d'activité. Je n'ai pas doublé mon apport en calories, mais je dois doubler mon activité. Il est très facile de consommer beaucoup de calories, mais il n'est pas aussi facile de les brûler. C'est là qu'il faut équilibrer les choses.
Imaginez que ça dise, pour le repas choisi, que vous allez devoir courir pour brûler cela. Il faut une quantité de base; nous le savons. En gros, ce que le menu du restaurant dit, c'est que vous mangez maintenant plus que ce qu'il vous faut et que vous allez devoir courir un certain temps pour vous en débarrasser.
M. Tremblay : En ce qui concerne la stigmatisation, il y a probablement un lien avec d'autres facteurs inattendus qui ont été abordés aujourd'hui. Quand vous êtes obsédé, ou très préoccupé par votre poids, que ce soit à cause des magazines et des publicités, ou à cause de l'étiquetage sur lequel on insiste, vous modifiez votre apport alimentaire, votre appétit et au moins, pour nous, c'est un prédicteur plus important que ce que nous trouvons dans l'assiette. C'est un problème très important.
Le sénateur Enverga : En fait, ma question porte plutôt sur la stigmatisation, et non sur l'action de stigmatiser des gens. Il est plus question d'étiqueter les aliments pour les enfants.
Il serait bien que sur la boîte de croustilles, on indique que si vous mangez une portion, vous serez une souris, mais si vous en mangez trois de plus, vous serez un autre animal bien plus gros. Nous pourrions avoir cela pour les enfants, et forcer les entreprises à s'assurer d'étiqueter les produits clairement.
Le président : Puis-je reformuler la question? C'est une bonne question. L'idée est de faire comme pour le tabac. Est- ce qu'il faut des étiquettes indiquant que la consommation d'un aliment peut avoir des effets dramatiquement négatifs?
M. Tremblay : Ce serait certainement plus difficile à faire que pour le tabac.
Le président : Oui. Ne pensez pas à la difficulté que cela représenterait. Est-ce que ce serait une solution valable? C'est ce que le sénateur demande. Oui ou non?
La sénatrice Cordy : Peut-être.
M. Tremblay : Peut-être.
Le président : D'accord. C'est « peut-être », d'après vous.
Madame Vanderkooy?
Mme Vanderkooy : Selon la littérature, un système interprétatif peut aider à faire des choix. Cela ne fait pas changer tous les comportements, mais un système interprétatif simple peut effectivement être utile.
Le président : M. Vuksan?
M. Vuksan : Ma réponse est très simple : oui et non. C'est une excellente idée. Je ne suis pas sûr que la souris fonctionnerait : je ne voudrais pas être une souris.
Le président : Oubliez cela.
M. Vuksan : D'accord. Oui et non.
Le président : C'est le principe qu'il suggère.
M. Vuksan : J'ai donné une réponse concrète : oui et non.
Le président : Merci. Dans l'ensemble, mesdames et messieurs les sénateurs, c'est un « peut-être avec un plus ».
La sénatrice Frum : Dans la mesure où nous comprenons qu'il y a un problème, nous comprenons qu'il n'y a pas qu'une seule cause. Cependant, l'une des causes non traditionnelles présentées aujourd'hui m'a intriguée, car c'est une chose dont nous ne parlons jamais, soit que certains médicaments peuvent contribuer à l'obésité.
Une récente étude montre que les Canadiens comptent parmi les principaux utilisateurs d'antidépresseurs, par exemple. Nous savons que nos enfants comptent parmi les principaux utilisateurs de marijuana. J'ai lu récemment que les antibiotiques détruisent dans l'estomac certaines bactéries qui ne reviennent jamais, ce qui cause des gains de poids. Quand on vous prescrit des antibiotiques ou qu'on en prescrit à vos enfants, il n'y a aucun avertissement, peut-être parce que ce n'est pas scientifique.
J'aimerais savoir de quels médicaments vous parlez. Est-ce que l'utilisation accrue de certains types de médicaments dans la société est liée à cela?
Mme Vanderkooy : Oui, certains médicaments sont directement liés à un risque accru de gain de poids. Vous avez pertinemment signalé qu'il s'agit de médicaments employés dans le domaine de la santé mentale. En présence de problèmes de santé mentale, il est très difficile de maintenir son poids parce que la plupart des médicaments ont cela comme effet secondaire. Cela n'aide pas à améliorer la santé mentale non plus.
Est-ce qu'il existe des médicaments qui vont nous aider à perdre du poids? Il y a un produit, en ce moment. On travaille peut-être à d'autres médicaments, mais selon les directives de prévention, il ne faut pas miser sur les médicaments. Autrement dit, chers docteurs, ne donnez pas une pilule à vos patients. Mesurez-les, et s'ils risquent vraiment d'avoir des problèmes de santé chroniques, aiguillez-les. J'espère que cela veut dire qu'il faut les aiguiller vers un diététicien, pour que ces personnes obtiennent des conseils, ou vers une personne qui peut les aider sur le plan de leurs habitudes d'activité physique.
Oui, certains médicaments peuvent nous faire prendre du poids plus rapidement. Ce n'est pas drôle. Sans changer nos habitudes alimentaires, nous prenons du poids : c'est très frustrant. Et il y a peut-être de l'espoir du côté des médicaments qui peuvent nous aider à perdre du poids. Je tiens à vous dire que certains de ces médicaments ont d'étranges effets secondaires, alors ce n'est pas parfait.
M. Tremblay : Nous avons testé des antipsychotiques. Ils ont manifestement pour effet d'augmenter l'appétit. C'est la principale raison pour laquelle des patients supervisés par des psychiatres renoncent à ces médicaments. Quand nous conjuguions l'activité physique à la thérapie antipsychotique, nous pouvions inverser la tendance. Il y avait donc perte de poids, plutôt que gain de poids. C'est probablement la catégorie de médicaments la plus documentée.
M. Vuksan : Si vous me le permettez, je dirais que 7,4 p. 100 des Canadiens sont atteints du diabète. Les médicaments administrés à la plupart des diabétiques — peut-être pas la metformine, qui est un insulinosensibilisant, mais bien d'autres, y compris l'insuline, laquelle est administrée à de plus en plus de gens — ont pour effet d'accroître les dépôts adipeux. C'est important pour les personnes qui ont le diabète parce qu'ils sont obèses. Cela empire leur cas.
Ce qui se produit avec les antibiotiques, c'est qu'ils enlèvent la flore microbienne, comme vous l'avez mentionné. On dit que le « poste est vacant ». Vous n'enlevez pas tout simplement les bactéries, mais vous tuez en fait une certaine famille de bactéries, et vous n'avez ni le métabolisme ni l'évacuation des selles qui aideraient. Tout se passe dans le colon. La séance est télévisée, alors je ne vais pas entrer dans les détails. La production au bout du compte est importante.
Les médicaments qui servent à perdre du poids sont très populaires. Il n'y en a qu'un, appelé ORLISTAT, et j'espère qu'on coupera le son lorsque je parlerai de son effet secondaire. En effet, si vous consommez des matières grasses pendant que vous prenez ORLISTAT, vos pantalons ne resteront pas propres.
Le président : D'accord, nous avons compris.
La sénatrice Frum : J'aimerais revenir sur la question du sénateur Enverga. Pouvons-nous dire que certains aliments sont tellement toxiques, d'une manière similaire au tabac et à l'alcool, que nous pourrions envisager d'imposer le même type d'interdiction sur la publicité, par exemple sur les aliments qui n'ont aucune valeur nutritive et qui ne sont que gras, sucre et sel?
Mme Vanderkooy : Je vais vous donner un exemple. C'est difficile, mais lorsqu'on a examiné les boissons énergétiques contenant de la caféine, notre association a déclaré qu'il faudrait émettre un avertissement pour empêcher les enfants et les adolescents de consommer ces boissons. Nous n'avons pas réussi. Il s'agissait des enfants. Ma définition des enfants ne se rend pas à l'âge de 18 ans. Je crois que la plupart des jeunes de 18 ans considèrent qu'ils ne sont plus des enfants. Et pourtant, l'étiquetage continue d'utiliser ces mots.
Il est difficile de discréditer des produits. J'utilise une catégorie de produits dans ce cas-ci, mais si j'étais l'État providence, je pourrais établir des critères pour dire que plusieurs produits ne sont pas très bons, qu'ils contiennent trop de calories, qu'ils ont peu d'éléments nutritifs, qu'ils sont faits d'ingrédients bon marché, et qu'on leur a ajouté un peu de saveur et un peu de couleur pour générer des profits. Et on les commercialise à outrance pour générer encore plus de profits.
Comment pouvons-nous évaluer cela? Un système d'interprétation pourrait être utile. Devrions-nous faire cesser la publicité en raison des produits qui sont habituellement annoncés? À quand remonte la dernière fois que vous avez vu une annonce de brocoli ou de carottes? Ces aliments ne génèrent pas beaucoup de profits. Nous devons donc changer le paradigme, modifier l'environnement, faire davantage la promotion de la santé et favoriser les choix sains.
Y parvenons-nous en discréditant certains produits? Pourrions-nous un jour demander à l'industrie de cesser de fabriquer ces produits? Où est la volonté? Il s'agit, en partie, d'une décision politico-économique, car des gens pourraient perdre leur emploi.
À mon avis, la plupart des aliments généralement vendus dans les épiceries ne sont pas tellement sains. Si vous vous contentez de magasiner le long du périmètre, votre alimentation sera plus saine. Toutefois, si vous achetez les produits situés au centre, vous n'aurez pas la meilleure alimentation, car certains de ces aliments ne sont pas sains du tout.
M. Tremblay : Lorsque nous parlons de toxines, il est également pertinent d'indiquer que certains de nos aliments contiennent toujours de petites concentrations de pesticides et d'autres polluants biologiques persistants qui se déposent dans nos tissus et qui ont des effets sur le métabolisme — il s'agit de toxines réelles dans ce cas.
Le président : La parole est maintenant à la sénatrice Cordy.
La sénatrice Cordy : Merci beaucoup. Vos commentaires sont très informatifs, tout comme l'étaient les commentaires des autres témoins que nous avons entendus sur la question. Nous comprenons certainement qu'il s'agit d'un enjeu complexe et malheureusement, il n'y a pas de solution universelle. Ce serait merveilleux si c'était le cas.
Il y a quelques années, notre comité a mené une étude sur les déterminants sociaux de la santé, et un grand nombre d'éléments liés à l'obésité dont vous parlez aujourd'hui feraient partie des déterminants sociaux de la santé. Récemment, certaines personnes ont affirmé que l'habitude de ne pas prendre les repas en famille risquait de favoriser l'obésité et les mauvaises habitudes alimentaires, mais que cela avait également des effets négatifs sur la santé mentale. Tout est donc lié.
Madame Vanderkooy, vous avez dit qu'un ménage sur huit souffrait « d'insécurité alimentaire. » Vous avez fourni quelques références, mais quelle est votre définition « d'insécurité alimentaire »?
Mme Vanderkooy : Le questionnaire de 18 questions de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, l'ESCC, définit l'insécurité alimentaire, et il contient des questions normalisées sur la nourriture lorsqu'on manque d'argent. Par définition, ce questionnaire détermine si les ménages vivent certaines situations en raison de leur faible revenu. Voici quelques exemples des questions posées : « Craignez-vous parfois de ne pas avoir les moyens d'acheter de la nourriture pour votre famille? » « Avez-vous déjà, de votre propre chef, parce que vous y étiez obligé, limité la quantité de nourriture que vous mangiez un certain jour? » « Avez-vous déjà limité votre quantité de nourriture afin que vos enfants puissent manger? » « Avez-vous déjà passé une journée complète sans manger? »
Selon vos réponses à ces 18 questions, Statistique Canada vous met dans la catégorie « sécurité alimentaire », et environ 88 p. 100 répondent oui. Je m'attendrais donc à ce que les personnes présentes dans cette pièce se demandent ce qu'est l'insécurité alimentaire.
Toutefois, les réponses des autres 12,6 p. 100, dans notre pays, étaient marginales ou indiquaient qu'ils se trouvaient dans la catégorie « insécurité alimentaire », ce qui signifie qu'ils craignent de ne pas avoir les moyens d'acheter de la nourriture, ou dans la catégorie « insécurité alimentaire modérée », ce qui signifie qu'ils se passent parfois de nourriture, ou dans la catégorie « insécurité alimentaire grave » — qui représente environ 2,5 p. 100 des gens. Lorsque nous calculons les coûts des paniers alimentaires nutritifs et que nous les comparons au salaire minimum et au taux d'aide sociale, il est facile de comprendre pourquoi ces gens n'ont pas assez d'argent une fois qu'ils ont payé le loyer.
Mais n'allez pas penser que cela signifie que les gens qui souffrent d'une insécurité alimentaire grave n'auront nécessairement que la peau sur les os, car les éléments sont ceux qu'on peut acquérir du mieux qu'on peut. Les banques d'alimentation aident peut-être environ un cinquième des gens qui souffrent d'insécurité alimentaire et elles fournissent environ trois jours de nourriture par mois; elles ne représentent donc pas une solution.
La nourriture obtenue par ces moyens, ou par l'entremise d'un voisin ou d'un ami, pose un risque élevé de mauvaise alimentation. À quoi cela ressemble-t-il de l'extérieur? La personne peut sembler avoir un poids normal ou être obèse ou mince, mais le problème avec l'insécurité alimentaire, c'est que c'est très stressant et terrible pour les enfants. Comment peuvent-ils apprendre lorsqu'ils n'ont pas mangé et lorsqu'ils savent que leurs parents n'ont pas mangé, ou que leurs parents n'ont pas mangé parce qu'ils voulaient que leurs enfants mangent ce qu'il restait, car le chèque arrivera demain, et non aujourd'hui?
La sénatrice Cordy : Il est très difficile de suivre le Guide alimentaire canadien lorsque la nourriture provient de la banque d'alimentation et qu'il faut accepter ce qu'on reçoit, n'est-ce pas?
Mme Vanderkooy : Oui. Les banques d'alimentation ne constituent pas un système alimentaire. Elles sont plutôt une sorte d'aide satellite organisée par les organismes caritatifs, qui ont les meilleures intentions.
La sénatrice Cordy : J'aimerais également parler des communications et de la publicité. En effet, des sociétés dépensent des millions de dollars pour faire de la publicité pour des aliments qui contiennent surtout du sucre, du gras et du sel. Madame Vanderkooy, vous avez affirmé que la publicité n'était pas la même chose que l'éducation, mais elle est manifestement efficace, car si ce n'était pas le cas, les sociétés ne dépenseraient pas tout cet argent. Vous avez parlé de l'étiquetage des aliments. Je lis les étiquettes des aliments lorsque je fais l'épicerie et si un aliment n'a pas trop de sucre, il contient trop de sel. S'il contient moins de sel, il contient plus de sucre. S'il contient moins de sucre, il contient une grande quantité d'aspartame, et je ne veux pas cela non plus. C'est un défi, et je suis éduquée, mais il y a des milliers de Canadiens qui ne peuvent pas lire les étiquettes alimentaires, et ils dépendent donc d'une autre forme de communication.
Vous avez parlé plus tôt des défis liés à la communication et vous avez dit qu'il fallait veiller à éviter la stigmatisation. J'ai déjà été enseignante au primaire, et je peux vous assurer que la plus grande stigmatisation, chez les enfants, vise ceux qui ont un surplus de poids. Je dirais qu'aucune autre stigmatisation ne se compare à celle qui vise les enfants qui ont un surplus de poids.
Comment communiquons-nous, en n'oubliant pas que nous devons être conscients de la stigmatisation et que ce sont les enfants qui sont bombardés de publicité et qui demandent à leurs parents d'acheter certains produits? C'est le parent qui devrait prendre la décision. Comment pouvons-nous organiser les communications pour qu'elles soient efficaces? Certaines personnes affirment qu'on dispose de 30 secondes ou moins pour livrer un message. Comment pouvons-nous communiquer avec le grand public au sujet de l'importance d'adopter de bonnes habitudes alimentaires et de bonnes habitudes de vie, et cetera, car il n'y a pas de solution universelle?
Le président : Nous revenons sur la question de l'apparence des étiquettes. Pouvez-vous faire le point?
Mme Vanderkooy : C'est très bien de parler des éléments nutritifs, mais nous devons envoyer un message simple qui parle des aliments. C'est la raison pour laquelle le Guide alimentaire canadien utilise les aliments. Les gens ne mangent pas des éléments nutritifs, ils mangent des aliments. Michael Pollan a dit qu'il fallait manger des aliments que nos grands-mères pourraient reconnaître et ne pas en manger trop, et surtout des plantes. Ce message est très simple et très important.
La sénatrice Cordy : Y a-t-il une méthode qui obtient de bons résultats actuellement? La télévision est-elle efficace, ou les messages sont-ils surtout diffusés dans Internet, par l'entremise des médias sociaux? Y a-t-il des moyens de communication qui font mieux la promotion de bonnes habitudes alimentaires que d'autres?
Mme Vanderkooy : Oui, dans les salles de classe. Le Guide alimentaire canadien représente l'une des ressources les plus utilisées au Canada. J'ai entendu dire qu'il était presque aussi connu que le formulaire d'impôt. Oui, on diffuse de bonnes informations, mais on s'efforce de nous distraire à grands coups de messages différents et de distractions visuelles. Ces messages l'emportent sur les efforts de sensibilisation. Vous n'avez qu'à penser au budget pour les campagnes faisant la promotion de la santé publique et à le comparer au budget des entreprises alimentaires, et vous constaterez qu'il n'y a aucune comparaison possible et que le message est très différent. L'un fait la promotion de la santé et l'autre se concentre sur ce qui peut vous faire acheter un produit, car c'est l'objectif.
M. Vuksan : Très brièvement, j'aimerais ajouter que la réponse est très difficile, car il faut déterminer ce qui fonctionne le mieux.
J'enseigne souvent dans les écoles secondaires et j'ai eu différentes discussions avec les élèves. Ils aiment surtout parler du Guide alimentaire canadien, et je dois vous dire, avec tout le respect que je leur dois, qu'ils ne savent rien. Ils ne connaissent même pas les calories de base des protéines, des glucides, et cetera. Je conviens que pour comprendre l'alimentation, non seulement en ce qui concerne cet élément, mais aussi sur le plan clinique, nous nous tournons vers les aliments, mais les gens en savent très peu.
L'autre élément dangereux lorsqu'on encourage les enfants à perdre du poids, c'est le contraire de l'obésité, c'est-à- dire l'anorexie, et cetera. Chaque fois que je parle aux jeunes de leur poids, je suis très prudent, car ils sont très susceptibles de souffrir d'anorexie et de boulimie, et on ne peut pas faire grand-chose dans ces cas-là.
Le sénateur Manning : J'aimerais remercier nos témoins de comparaître aujourd'hui. La conversation est très intéressante.
J'aimerais revenir sur un commentaire qui a été fait plus tôt par M. Tremblay, je crois, et qui concerne une loi en vigueur au Québec qui vise la publicité faite aux enfants. Je ne savais pas cela. Depuis combien de temps cette loi est- elle en vigueur? Existe-t-il des études ou des rapports que nous pourrions consulter et qui déterminent si cela fonctionne? Avez-vous des commentaires sur les effets sur la population québécoise comparativement à celle du reste du pays?
M. Tremblay : Je ne sais pas quand la loi est entrée en vigueur, mais elle remonte à quelques années. Je ne connais pas de données qui démontrent ses effets sur les enfants. En fait, la loi interdit, au premier niveau, la publicité faite aux enfants.
Je me souviens qu'il y a de nombreuses années, une société bien connue commercialisait un biscuit, et sur l'étiquette, on pouvait voir Igor, un petit bonhomme difficile à décrire, mais qui attirait les enfants. Cette étiquette a été modifiée, car elle visait directement les enfants.
Il existe peut-être des renseignements sur les effets obtenus, mais d'après ce que je comprends, on a diffusé un message selon lequel il est interdit de faire de la publicité à l'intention des enfants.
Mme Vanderkooy : C'était il y a environ 20 ans. Il y a quelques problèmes avec la publicité qui s'infiltre à partir des États-Unis et d'autres provinces. Cette loi serait manifestement plus efficace si le reste du pays l'adoptait aussi, afin que le Québec ne soit pas la seule province à tenter de mettre cette initiative en œuvre.
Oui, on a mené quelques études. Il y a des effets. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une province qui se démène toute seule dans ce projet, et je crois que j'ai lu quelque chose au sujet d'un taux d'obésité infantile moins élevé au Québec à une certaine époque. Je serais heureuse de tenter de trouver des informations à cet égard.
Je tiens également à préciser que ce n'est pas seulement une idée canadienne. En effet, l'Organisation mondiale de la Santé recommande fortement d'utiliser cette approche. Depuis 2012, on a formulé plusieurs fortes recommandations à cet égard. Je sais que c'est un grand écart, mais cela existe. La documentation appuie cette idée. Au Canada, nous avons une très petite expérience qui a brillamment réussi, et nous pensons que nous devrions étendre cette approche à l'échelle nationale.
Le sénateur Manning : J'aimerais aborder la question du Guide alimentaire canadien sous un angle différent. J'ai grandi dans une famille où l'on accordait une grande importance au repas en famille. Aujourd'hui, notre société ne fait pas vraiment la promotion de la famille, ou plutôt la promotion des repas en famille. Je suis seulement préoccupé. Nous avons passé beaucoup de temps à parler des enfants ce matin, mais ce sont les parents que nous devons toucher, car ils prennent les décisions.
J'habite sur l'île de Terre-Neuve où 85 p. 100 des choix alimentaires frais et sains doivent être importés. Pendant l'hiver, c'est très difficile, car ces aliments doivent être transportés par traversier. De plus, en hiver, les personnes âgées ne peuvent pas marcher ou faire de l'exercice. Nous avons un problème très grave en ce qui concerne nos enfants, mais nous avons également un problème grave en ce qui concerne les personnes âgées et l'alimentation saine, l'obésité et d'autres préoccupations.
Il y a quelque temps, quelqu'un a suggéré d'inclure des informations sur le Guide alimentaire canadien et sur les bonnes habitudes alimentaires dans les paiements mensuels de la SV, et de le faire de façon continue pour tenter de régler ces problèmes. Savez-vous si des efforts en ce sens ont été entrepris pour promouvoir de saines habitudes alimentaires chez les personnes âgées comme chez la population en général? C'est un segment de la population qui me préoccupe sur le plan de la saine alimentation.
Mme Vanderkooy : Il y a des campagnes qui se concentrent sur les fruits et les légumes. À mon avis, c'est le groupe du Guide alimentaire canadien pour lequel il est important de faire la promotion. On pourrait dire que ce groupe est un marqueur d'une saine alimentation. Il existe différents programmes, par exemple la campagne « Five A Day » et la campagne « Colorez votre assiette! »
Terre-Neuve est l'une des communautés les plus éloignées. J'ai parlé des collectivités vulnérables sur le plan de l'accès aux aliments sains. Nous devons trouver une façon de les soutenir. Un rapport récent a été publié sur le programme Nutrition Nord Canada — même si nous devons arranger certaines parties — et sur l'accès universel aux aliments sains.
Je dirais que dans votre province, les statistiques sont en quelque sorte prometteuses, car vous avez au moins ciblé votre taux d'insécurité alimentaire. Une étude de l'IRSC menée actuellement par Valérie Tarasuk suggère qu'une augmentation du revenu, c'est-à-dire verser de l'argent aux gens qui souffrent d'insécurité alimentaire, leur permettrait d'acheter de la nourriture à leurs enfants.
Le président : La question qu'il a posée cherchait à savoir si quelqu'un connaissait un programme qui visait directement les personnes âgées.
Mme Vanderkooy : Les personnes âgées? Non.
Le président : D'accord.
La sénatrice Nancy Ruth : Je suis assez âgée pour me souvenir que les paiements s'accompagnaient de feuillets d'information sur l'alimentation.
J'aimerais toutefois soulever la question de la satiété. Vous avez tous parlé des calories plutôt que de la satiété. Je sais que je peux manger deux pommes et demie plutôt qu'un petit sac de croustilles et obtenir le même apport de calories, et je serai remplie comme une baleine. J'aimerais donc savoir pourquoi vous ne parlez pas de cela, pourquoi ce n'est pas aussi important que les calories. Si je menais une campagne publicitaire, je me concentrerais sur la satiété, et non sur les calories.
M. Vuksan : La satiété n'est qu'un élément de l'alimentation. Si vous mangez jusqu'à satiété, cela signifie que vous pouvez cesser de manger au milieu d'un gros repas et vous dire que vous avez mangé suffisamment, ce qui est très difficile, car il faut environ une demi-heure à l'hypothalamus pour connaître le contenu de votre estomac. La satiété est donc un mécanisme qui vous empêchera de trop manger au prochain repas. Le cas de l'obésité est trop complexe. Une plus grande satiété ne signifie pas manger moins. Si nous mangeons moins, cela ne signifie pas que nous perdrons du poids. C'est très compliqué. Je ne connais pas beaucoup d'études qui ont établi une forte corrélation entre la satiété et la perte de poids. D'autres éléments entrent en jeu.
M. Tremblay : Comme M. Vuksan l'a dit, la satiété est une question complexe qui comporte des aspects techniques.
Nous préférons parler d'aliments sains et de saines habitudes alimentaires. En fait, une alimentation saine favorise la sensation de satiété tout en limitant l'apport calorique. Ces habitudes tiennent donc compte de la satiété. Nous n'insistons pas trop sur les détails techniques. Il arrive que les spécialistes ne s'entendent pas sur la signification de la satiété. Par conséquent, parler d'alimentation saine est préférable pour la population en général et tient compte de la satiété.
Mme Vanderkooy : La satiété se rapporte également à l'équilibre alimentaire. D'un point de vue technique, les protéines et les gras d'un repas contribuent à la sensation de satiété, mais nous parlons des aliments puisqu'ils font partie de notre vocabulaire.
Nous savons aussi que lorsque les calories sont bues, le sentiment de satiété n'est pas le même, et le corps ne comprend pas qu'il vient d'ingurgiter 200 calories d'un trait. Ce n'est donc pas pour rien que les mesures fiscales proposées s'attardent aux boissons sucrées : notre alimentation est riche en sucres, et le signal de satiété n'est pas émis lorsqu'une boisson sucrée est consommée.
Nous réfléchissons donc bel et bien à ces éléments, mais n'en parlons pas beaucoup, en fin de compte. C'est de bonne guerre. Je pense que vous seriez un excellent membre de l'équipe, et qu'il s'agirait effectivement d'un bon message à transmettre.
M. Vuksan : Puis-je ajouter une chose contraire à ce que j'ai dit plus tôt, et qui appuie votre réflexion? À vrai dire, Santé Canada est justement en train d'examiner le document. Le ministère souhaite fournir des indications à propos de la satiété sur l'étiquette. Nous en avons discuté il y a six ou sept mois. Il est à espérer que ce sera fait, puisque certains aliments sont plus satisfaisants que d'autres. On pourra désormais le lire.
Le président : Bonne chance.
Je vais laisser le sénateur Eggleton et la sénatrice Seidman intervenir, après quoi je poserai une question que la sénatrice Raine nous a laissée, que je voulais d'ailleurs poser. Je vais ensuite poursuivre, après quoi nous conclurons ce volet.
Le sénateur Eggleton : Je suis ravi qu'il ait été question de pauvreté, car une étude précédente de notre comité a démontré un lien entre la pauvreté et la santé. En effet, les Canadiens du quintile inférieur utilisent deux fois plus de services de santé au pays que ceux appartenant au quintile supérieur. Il y a donc toute une relation entre la santé, les saines habitudes alimentaires et la pauvreté.
Ma question porte sur l'avalanche d'information, de livres et autres dont la population est bombardée au pays, et ailleurs aussi, à propos des régimes, des méthodes de perte de poids et de la lutte contre l'obésité. On retrouve des livres, des émissions de télévision et toutes sortes d'articles sur le sujet. On vante les mérites de différents produits alimentaires un jour, et le lendemain, l'opinion change quelque peu. Ce qui est bon aujourd'hui peut devenir néfaste le lendemain, et inversement. La quantité d'information est colossale, et le public a bien du mal à s'y retrouver et à connaître les aliments qui sont véritablement bons pour leur santé.
Que conseillez-vous aux Canadiens, quant à la façon de maintenir leur poids ou d'en perdre? Quelles règles devraient-ils suivre?
M. Tremblay : En une phrase, je leur conseillerais de faire de leur mieux pour adopter un mode de vie sain — de saines habitudes alimentaires et une vie active —, sans trop mettre l'accent sur le poids. S'ils le font correctement, ce mode de vie aura nécessairement une incidence sur leur poids.
Mme Vanderkooy : Consommez une nourriture authentique, et n'allez pas croire que nous nous prenons pour la police alimentaire lorsque nous préconisons ce genre d'alimentation, car c'est faux. Nous n'essayons véritablement que de favoriser une alimentation saine et un mode de vie sain.
M. Vuksan : Je pense qu'il faut plus de recherche pour comprendre ce que nous devrions dire à la population. Voilà qui aiderait grandement; je suis en situation de conflit d'intérêts ici. C'est la raison pour laquelle l'information est trompeuse et se contredit d'une journée à l'autre. Les études sur la nutrition ne reçoivent pas beaucoup d'appui puisqu'elles ne génèrent pas beaucoup de profit, contrairement aux études du secteur pharmaceutique. Il faut d'abord miser sur un mode de vie sain en mettant l'accent sur les aliments végétaux, en mangeant comme les gorilles, et en étant plus actifs. C'est d'ailleurs en suivant un régime paléolithique ou de gorille que j'ai appris à bien manger. Mangeons des légumes à longueur de journée. Je le fais encore.
La sénatrice Seidman : J'aimerais en fait vous demander un autre type de recommandation. En tant que parlementaires et législateurs, nous nous soucions de formuler des recommandations concrètes à partir de notre travail. C'est donc ce que nous souhaitons pouvoir faire à la suite de nos délibérations.
J'aimerais vous poser une question à tous les trois : à la lumière de vos recherches, si vous aviez une seule recommandation à soumettre dans le but de modifier la politique actuelle ou d'influencer une politique future, quelle serait-elle?
Le président : Si vous n'avez pas la réponse en main, nous aimerions tout de même la connaître, et vous pourrez la faire parvenir à la greffière. C'est une question sérieuse à laquelle nous voulons que vous répondiez sérieusement. Si vous pouvez répondre tout de suite, je vous invite à le faire, à commencer par M. Tremblay. Dans le cas contraire, dites-nous simplement que vous nous donnerez la réponse plus tard.
M. Tremblay : Je peux répondre, mais pas maintenant, d'accord?
Le président : Bien.
Mme Vanderkooy : Il faudrait un soutien politique et réglementaire des milieux préconisant de saines habitudes alimentaires.
M. Vuksan : Je ne suis pas assez courageux pour répondre. Je vous reviendrai là-dessus.
Le président : Je sais, vous voulez plus d'argent pour la recherche.
M. Vuksan : Oui, mais pas seulement pour moi. Vous pouvez donner les fonds à de meilleurs chercheurs, mais il faut plus d'études.
Le président : C'est une question très sérieuse. Vous n'êtes pas obligés d'y répondre, mais si possible, il serait merveilleux d'obtenir une réponse précise. Vous avez tous formulé des recommandations dans vos documents. Nous les avons en main. Voici la question de la sénatrice : quelle serait votre recommandation la plus importante?
Je vais maintenant passer à une autre question. La sénatrice Raine vient d'être nommée à notre comité, mais elle siégeait déjà à un autre comité. Elle a laissé une question similaire à celle que je voulais vous poser. Je vais donc vous la soumettre au nom de la sénatrice et de moi-même.
Monsieur Vuksan, vos diapositives montraient une augmentation de 200 p. 100 du problème à partir de 1985. La question est la suivante : cette hausse rapide coïncide-t-elle avec la montée rapide du régime alimentaire faible en gras et avec la grande popularité du régime faible en glucides, dont l'industrie s'est emparée et qui fait beaucoup d'adeptes? Il y a eu un moment charnière.
Je connais les livres qui ont été rédigés et qui établissent un rapport entre ces régimes et les grands problèmes qui les entourent. Je voulais donc vous poser la question telle que la sénatrice Raine l'a formulée : vous semble-t-il que l'augmentation du taux d'obésité coïncide à peu près avec cette transition?
M. Vuksan : Je vais tenter de répondre à la question. Je dirais que non, ou peut-être pas. Permettez-moi de vous parler d'une étude d'un an où les participants ont suivi soit le régime Atkins, riche en protéines; le régime de Dean Ornish, le charmant médecin de Berkeley qui donne beaucoup de glucides aux gens; le régime The Zone, portant sur l'indice glycémique; et le régime Weight Watchers. Il s'agit de quatre grands régimes. Or, l'étude publiée en 2001 a démontré qu'ils étaient tous équivalents. Tous les participants ont perdu une quantité similaire de poids. Je pense que c'est une question de calories. Ce n'est qu'une coïncidence, car on se demande encore si l'on doit consommer plus de glucides, moins d'une chose, et plus de légumes. Je crois donc que c'est une simple coïncidence et qu'on ne peut pas renverser ces tendances.
Mme Vanderkooy : Si c'est l'incidence sur l'obésité qui vous intéresse, ce sont des calories dont il faut tenir compte. Nous devons vraiment songer aux résultats en matière de santé, car c'est ce qui coûte cher au système de santé. Si vous parlez de résultats en matière de santé et de prévention des maladies, il y a des choix alimentaires qui aident à décrire le genre d'aliments que nous recommandons. La nutrition est une science relativement jeune.
Il est vrai que la recherche était un peu vague et que l'industrie alimentaire a tenté de s'en approprier certains aspects, mais nous nous rapprochons de plus en plus de la solution. Nous savons qu'il faut privilégier la nourriture plutôt que les produits transformés.
M. Tremblay : Le lien n'est pas aussi évident. L'augmentation est survenue dans les années 1980 et 1990. À l'époque, on ne mettait pas autant l'accent sur l'alimentation et sur la transition vers les macronutriments.
Le président : J'ai une question quelque peu différente à vous poser. Existe-t-il une corrélation étroite entre l'espérance de vie et l'obésité? Autrement dit, y a-t-il un lien évident entre une espérance de vie réduite et l'obésité? Est- ce clair?
M. Vuksan : Pas nécessairement. Malgré les merveilleux chiffres, l'obésité augmenterait l'espérance de vie, mais ces gens meurent plus tôt. Je ne comprends donc pas vraiment les 3 à 4 p. 100.
Lors de conférences importantes, j'ai entendu des intervenants vanter les mérites de l'obésité. Je suis donc probablement devant le mauvais comité. Les personnes présentant une légère obésité tiennent le coup un peu plus longtemps. Je dois dire que ce n'est pas clair.
M. Tremblay : Il est difficile de répondre à la question, car nous semblons parler de deux phénomènes, à savoir la variation volontaire et involontaire du poids. Si vous perdez du poids en raison d'un cancer, vous seriez normalement sur la bonne voie quant à la masse corporelle, mais vous êtes en très mauvais état. Il faut en tenir compte.
Mme Vanderkooy : En effet. Nous ne pouvons pas établir un lien direct en termes d'années. Nous en aurions certainement long à dire sur la qualité de la santé dans le cas de...
Le président : La raison pour laquelle je pose la question, c'est qu'un spécialiste a récemment fait valoir que nous devrions simplement laisser tomber la question de l'obésité sans jouer à l'État-providence devant tous ces enjeux. Il y a la question d'essayer de faire comprendre que l'obésité a d'énormes répercussions négatives sur la société en raison du coût de l'aide, ce qui augmente le coût des soins de santé, mais qui serait contrecarré par une espérance de vie plus courte. Je ne veux donc plus en parler. Je voulais simplement connaître votre réaction.
Avez-vous une remarque rapide?
M. Tremblay : Très rapide : nous avons besoin de plus d'information sur l'espérance de vie en l'absence de maladie.
Le président : Mais cela ne m'aide en rien.
J'aimerais maintenant aborder la complexité de la question dans son ensemble. Le sénateur Eggleton en a parlé, et vous aussi dans vos réponses. C'est la difficulté que nous devrons surmonter. La question est fort complexe. Le corps humain est lui-même un organisme très complexe. La variété et la portée des caractéristiques humaines sont énormes, et la complexité de l'expérience de vie est incroyable et extrêmement variable.
Dans un rapport, il ne sert à rien de parler de recommandations sur la complexité du corps et de nous perdre en théories, par exemple. La difficulté que nous éprouvons — et c'est pourquoi j'ai beaucoup aimé la question du sénateur Enverga —, c'est que si nous pouvions mettre le doigt sur des problèmes ou des idées ayant une incidence négative ou positive très claire sur la question, nous aurions alors la chance de formuler des recommandations qui pourraient être suivies dans une certaine mesure.
Nous connaissons tous la longue discussion en cours de vie sur l'alimentation, les aliments sains et toutes les façons d'inciter les enfants à manger du brocoli, mais ce n'est pas la réponse. Cela en fait partie, mais ce n'est pas la réponse complète.
L'analogie avec l'étiquetage des aliments a donné lieu à la discussion sur les boissons énergétiques. Il y a d'ailleurs récemment eu beaucoup de publicité sur les dangers qu'elles présentent. Le problème ne touche pas que les enfants ou les non-athlètes. En fait, une des grandes vedettes canadiennes du hockey a servi d'exemple. Au cours d'une seule partie, un joueur ne peut pas brûler les calories provenant d'une de ces boissons énergétiques.
L'argument que vous et d'autres avez fait valoir — et j'ai trouvé que vous l'avez très bien présenté, madame Vanderkooy — est l'idée que si vous consommez 400 calories de plus, vous devez doubler votre exercice total. Je m'amuse beaucoup dans les salles d'entraînement, lorsque les gens sur les machines regardent religieusement le nombre de calories qu'ils brûlent, par exemple. Vous venez de brûler 200 calories, mais on ne dit nulle part que cela représente une demi-portion de tel ou tel aliment. Nous ne disons pas que l'exercice n'est pas bon pour eux; bien au contraire, à bien des égards. L'exercice a surtout pour objectif de brûler les calories consommées. Dans le monde d'aujourd'hui, il faudrait pratiquement s'entraîner toute la journée pour régler le problème à l'échelle sociétale. Je parle de façon générale ici. Je ne parle pas de ceux qui sont naturellement en forme.
Ainsi, lorsque le sénateur Enverga vous a posé une question sur l'analogie de la souris, monsieur Vuksan, je pensais à un bourrelet de graisse. Ce qu'on pourrait faire, c'est montrer la photo d'une personne qui mange des aliments fort problématiques, puis montrer la photo d'un bourrelet de graisse. Voici de quoi certaines parties de votre corps auront l'air. Si vous n'aimez pas l'exemple de la souris — nous en avons déjà parlé.
Il serait excessivement complexe d'adopter une mesure semblable, même si vous trouviez une manière rationnelle de procéder, puisqu'on parle de la vie des gens sur le plan sociétal. Pour pouvoir agir, comme nous l'avons fait dans le cas de la cigarette, nous avons besoin d'une perspective très claire. Je ne vais pas en discuter davantage avec vous aujourd'hui. À la lumière de certaines de vos remarques, vous ne semblez pas être convaincu que le sucre est un problème en soi. Je pense qu'il y a de plus en plus de preuves voulant que le sucre soit suffisamment dommageable pour justifier qu'on s'y attarde clairement.
Au nom du comité, je vous remercie de vos témoignages d'aujourd'hui. Vous avez déjà convenu de remettre certains renseignements à la greffière. Vous avez répondu à la question de la sénatrice Seidman à propos d'une recommandation précise, mais j'aimerais si possible vous demander de nommer un seul élément à cibler en matière d'étiquetage. Vous cumulez ensemble une grande expérience dans le domaine. Il peut s'agir d'un aliment en particulier, comme le sucre, que vous pourriez nous recommander d'éliminer complètement, ou d'une stratégie particulière à laquelle vous songez. Nous vous serions reconnaissants d'avoir l'obligeance de penser à un élément, en plus des recommandations — et je n'oublie pas tous les excellents renseignements que vous avez présentés dans les documents soumis aujourd'hui, mais je vous invite à remettre votre suggestion à la greffière.
Je vous suis fort reconnaissant d'avoir multiplié les efforts pour répondre à toutes les questions qui ont été posées aujourd'hui. Chers collègues, je vous remercie d'avoir posé toute une variété de questions dans le cadre de cette étude des plus intéressantes.
(La séance est levée.)