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Sous-comité des anciens combattants

 

Délibérations du Sous-comité des
Anciens combattants

Fascicule 8 - Témoignages du 3 décembre 2014


OTTAWA, le mercredi 3 décembre 2014

Le Sous-comité des anciens combattants du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 3, pour étudier les répercussions médicales, sociales et opérationnelles des problèmes de santé mentale dont sont atteints des membres actifs et à la retraite des Forces canadiennes, y compris les blessures de stress opérationnel (BSO) comme l'état de stress post-traumatique (ESPT).

La sénatrice Carolyn Stewart Olsen (vice-présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La vice-présidente : Chers collègues, nous allons entamer cette séance du Sous-comité des anciens combattants. Nous poursuivons notre étude sur les blessures de stress opérationnel chez les anciens combattants canadiens, dont l'état de stress post-traumatique (ESPT).

Nous recevons aujourd'hui le Dr Jitender Sareen, professeur de psychiatrie à l'Université du Manitoba. Il se joint à nous par vidéoconférence depuis Winnipeg. Le comité a invité le Dr Sareen pour avoir son point de vue sur les enjeux entourant les blessures de stress opérationnel et pour discuter du travail qu'il fait dans ce domaine. M'entendez-vous, docteur Sareen?

Dr Jitender Sareen, professeur en psychiatrie, Université du Manitoba, à titre personnel : Oui, madame la sénatrice.

La vice-présidente : J'ai lu le résumé de vos qualifications, et j'espère que vous en toucherez un mot au début de votre exposé, car votre feuille de route est vraiment impressionnante. Nous vous sommes très reconnaissants de votre participation.

J'aimerais que mes collègues se présentent, s'ils le veulent bien. Je précise tout de suite que le sénateur Lang est avec nous. Il a une déclaration à faire. Après les présentations, vous pourrez faire votre déclaration, sénateur Lang.

Chers collègues, en commençant à ma droite, je vous prie de vous présenter.

Le sénateur Wallace : Sénateur John Wallace, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Beyak : Sénatrice Lynn Beyak, de l'Ontario.

Le sénateur Lang : Sénateur Dan Lang, Yukon.

La vice-présidente : Je m'appelle Carolyn Stewart Olsen, vice-présidente, et je prends la relève aujourd'hui. Je suis du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Lang : J'aimerais prendre une minute pour rendre hommage à un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, M. Alec Van Bibber, du Yukon. Il est décédé le 26 novembre, à l'âge de 98 ans. M. Van Bibber était l'un des derniers anciens combattants autochtones encore en vie. Il a servi les forces militaires canadiennes durant la Seconde Guerre mondiale. Il a été un membre actif des Rangers canadiens de 1947 jusqu'à son décès, et un des membres fondateurs de la Table ronde des anciens combattants de l'Assemblée des Premières Nations.

M. Van Bibber était un grand Canadien et un grand citoyen du Yukon. Nous n'oublierons pas ce qu'il a fait pour notre pays en tant qu'ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, membre des Rangers canadiens de 1947 jusqu'à son décès la semaine dernière, éducateur et récipiendaire de l'Ordre du Canada. Tout le Yukon est fier de lui, et je voulais prendre quelques minutes pour faire connaître ce grand homme, ranger et ancien combattant, à tous les Canadiens. Je vais faire une déclaration à son sujet à la Chambre cet après-midi. Merci.

La vice-présidente : Merci, sénateur Lang.

Docteur Sareen, nous sommes prêts à entendre votre déclaration préliminaire. Nous vous écoutons.

Dr Sareen : Merci. Bon après-midi, tout le monde. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le comité. Dans ma déclaration préliminaire, je vais vous donner un aperçu de ce que nous savons sur les blessures de stress opérationnel. Je vous parlerai également de mes impressions sur les orientations futures à l'égard de ce secteur important pour le Canada.

Afin de vous mettre en contexte, je vais vous parler brièvement de mon expérience. Je suis psychiatre à l'Université du Manitoba. J'ai travaillé dans le domaine des troubles anxieux, j'ai enseigné et mené des recherches pendant plusieurs années sur la santé du personnel militaire et des anciens combattants, et j'ai aussi fait des travaux sur le suicide chez les Premières Nations.

Depuis cinq ans, je travaille à la clinique d'Anciens Combattants Canada pour traumatismes liés au stress opérationnel, à Winnipeg. Cela m'amène à vous parler de ce qui constitue une blessure de stress opérationnel (BSO). Je pense que vous le savez tous, mais je vous rappelle simplement qu'une BSO renvoie à tout problème psychologique persistant découlant des fonctions opérationnelles liés au service des membres des Forces canadiennes ou de la Gendarmerie royale du Canada. C'est un terme employé pour décrire une vaste gamme de troubles émotionnels, y compris l'anxiété, la dépression et l'état de stress post-traumatique, qui perturbent la vie d'une personne.

Les blessures de stress opérationnel sont-elles fréquentes? Au cours des 10 dernières années, notre groupe de recherche a découvert, et d'autres l'ont aussi constaté, qu'environ un ancien combattant sur quatre a éprouvé des problèmes de santé mentale dans la dernière année. Certains découlent de leurs fonctions opérationnelles, mais pas tous.

Les militaires déployés dans des endroits présentant d'importantes menaces, comme en Afghanistan et au Rwanda, sont beaucoup plus à risque de souffrir d'une BSO que ceux en mission dans des endroits moins dangereux. Quand les patients et leur famille me parlent des raisons qui les ont poussés à aller chercher des soins en santé mentale, ils énumèrent différents facteurs de stress importants; pas seulement la blessure de stress opérationnel, mais aussi des pressions financières, une enfance difficile, des antécédents familiaux de problèmes de santé mentale, parfois des problèmes de consommation de drogues illicites, et bien sûr, la douleur chronique et des troubles de santé physique.

Le Canada a fait beaucoup de chemin en ce qui a trait à la reconnaissance des BSO et à leur traitement. D'importants investissements dans la recherche et divers programmes ont mené à l'élaboration de politiques fondées sur des données probantes en partenariat avec les Forces canadiennes, Anciens Combattants Canada et Statistique Canada.

Statistique Canada a dirigé d'importantes enquêtes nationales sur la santé mentale qui ont permis d'obtenir un échantillon transversal des besoins en santé mentale du personnel militaire et des anciens combattants. Ces enquêtes ont démontré qu'une forte proportion du personnel militaire et des anciens combattants éprouvent des problèmes de santé mentale, soit environ un sur quatre.

En réaction aux conclusions tirées en 2002, on a grandement amélioré le système de soins en santé mentale à l'intention des anciens combattants. On a mis en œuvre des programmes visant à mieux faire connaître les programmes de santé mentale, des programmes de dépistage post-déploiement, des programmes de soutien par les pairs, le réseau national de cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel, de même que des politiques de prévention du suicide.

Dans le dernier mois, il y a également eu différentes annonces de financement pour soutenir les familles d'anciens combattants, ainsi que pour l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, qui souhaite accroître les recherches dans ce domaine.

Combinés, ces efforts visent à offrir des traitements s'appuyant sur des données probantes aux personnes souffrant de blessures de stress opérationnel. De plus, les cliniques pour militaires et anciens combattants ont injecté des sommes dans la formation de leur personnel, et dans la prestation de traitements d'avant-garde et de grande qualité, fondés sur des données probantes, aux patients souffrant d'un état de stress post-traumatique et de dépression. Des équipes interdisciplinaires sont là pour traiter, au besoin, les membres de la famille souffrant de blessures de stress opérationnel.

Parlons maintenant des défis actuels. Je tiens à préciser au comité que ces défis ne s'appliquent pas qu'au personnel militaire et aux anciens combattants, mais aussi à l'ensemble des Canadiens. Bien que la majorité des gens aux prises avec des troubles de l'humeur et des troubles anxieux réagissent bien aux traitements psychologiques et pharmacologiques, de 50 à 60 p. 100 d'entre eux, une minorité nombreuse, continuent à souffrir. Nous devons accentuer les recherches et mieux évaluer les pratiques exemplaires afin d'aider ceux qui ne réagissent pas positivement aux traitements psychologiques et pharmacologiques de première ligne.

Des preuves scientifiques sérieuses démontrent que la cooccurrence de dépendances aux drogues et à l'alcool vient exacerber les troubles de l'humeur et les troubles anxieux. Les gens consomment souvent de l'alcool ou de la marijuana, ou d'autres drogues illicites, pour se soulager de leur insomnie, des cauchemars et des mauvais souvenirs. À mon avis, il faut investir dans l'évaluation et le traitement des dépendances chez le personnel militaire et les anciens combattants. Je crois qu'on fait du bon travail de ce côté, mais il reste du chemin à faire pour aider les personnes qui sont aux prises avec un problème de dépendance et un problème de santé mentale.

Les problèmes de santé physique et la douleur chronique sont aussi courants chez les militaires et les anciens combattants, et l'utilisation possible ou réelle de médicaments opiacés d'ordonnance inquiète de plus en plus. Par ailleurs, l'utilisation de la marijuana à des fins médicales pour le traitement de la douleur et de l'état de stress post-traumatique est grandement controversée et fait l'objet d'un débat houleux. Nous avons besoin d'études appliquées pour déterminer quelles sont les meilleures pratiques pour traiter les patients souffrant à la fois de douleur chronique et de stress post-traumatique.

Une autre concomitance répandue et difficile à prendre en charge est celle d'un trouble de la personnalité, comme celui de la personnalité limite, de la personnalité narcissique ou de la personnalité antisociale. Ces trois troubles de la personnalité renvoient souvent à des comportements chroniques et à des difficultés dans les relations interpersonnelles, qui sont généralement associées à un risque élevé de suicide, d'invalidité et de violence.

Chez les civils sondés, de nouveaux traitements psychologiques, comme la thérapie comportementale dialectique et des programmes de jour sur l'estime de soi, la maîtrise de la colère et la résolution de problèmes, ont permis d'atténuer les comportements autodestructeurs et d'améliorer l'état des personnes souffrant de troubles de la personnalité. Notre système de santé mentale pour les militaires et les anciens combattants pourrait accroître sa capacité d'évaluer et de traiter les gens qui souffrent d'une blessure de stress opérationnel et d'un trouble de la personnalité concomitant.

Que peut-on faire au niveau de la population pour réduire les problèmes de santé mentale et les comportements suicidaires parmi les militaires et les anciens combattants? Il faut premièrement tenter d'éliminer les stigmates chez le personnel militaire et les anciens combattants et continuer de les sensibiliser à l'importance d'un traitement précoce des problèmes de santé mentale et des dépendances. Pensons à un diabétique qui ne reçoit aucun traitement pendant 5 à 10 ans. Qu'adviendrait-il de cette personne et de son état de santé? Les répercussions seraient considérables. Si on pouvait devancer l'accès aux soins pour les personnes souffrant d'anxiété ou de dépression, on pourrait peut-être réduire les conséquences indésirables.

Dans les médias, il faut diffuser des histoires heureuses de guérison et de résilience pour réduire les stigmates associés à l'utilisation des services de santé mentale. Il faut envisager d'offrir du soutien et de la formation en psychologie au personnel militaire au moment de leur entrée en fonction, mais surtout au moment de leur départ. La période d'une année ou deux qui suit la fin du service militaire est une période de grande vulnérabilité, et nous devons améliorer les services offerts à ce moment-là. Espérons que les découvertes faites récemment vont avoir une incidence à cet égard.

Finalement, il est important de limiter l'accès à de grandes quantités de médicaments d'ordonnance et à des armes à feu aux personnes à haut risque de mort ou de suicide. Il faut penser à des politiques et à des pratiques qui permettront d'en réduire l'accès.

En résumé, l'accès aux services de santé mentale s'est rapidement amélioré pour les personnes souffrant de blessures de stress opérationnel. En 10 ans, les choses ont beaucoup changé. On pourrait cependant encore améliorer nos programmes pour les personnes aux prises avec des troubles concomitants de dépendance et de santé physique. Merci de votre attention. Je suis disposé à répondre à vos questions et à entendre vos précieux commentaires.

La vice-présidente : Merci, docteur Sareen. Le premier intervenant est le sénateur Grant Mitchell, de l'Alberta.

Le sénateur Mitchell : Merci beaucoup, docteur. C'était très utile et impressionnant. Il y a manifestement différentes causes aux blessures de stress opérationnel ou à l'état de stress post-traumatique (ESPT). Dans les forces militaires, c'est souvent dû au stress du combat. À la GRC, par exemple, de nombreux cas documentés d'ESPT sont liés à du harcèlement sexuel ou à du harcèlement en général. Est-ce que les traitements utilisés pour un seraient aussi efficaces pour l'autre? Est-ce que les traitements se recoupent?

Dr Sareen : Oui. Les traitements psychologiques pour l'état de stress post-traumatique est efficace pour toute une gamme de traumatismes. Il pourrait s'agir de traumatismes sexuels ou de harcèlement sexuel. Cela pourrait être également un traumatisme lié à un accident de voiture. On peut aussi penser à un soldat qui a été témoin de la mort d'un confrère. Le traitement psychologique appliqué est donc semblable. On met l'accent sur le traumatisme vécu, selon la personne. Si on a affaire à du harcèlement sexuel chronique, c'est une autre histoire. La personne a alors besoin d'un certain encadrement pour mieux gérer son environnement.

Le sénateur Mitchell : J'entends très clairement votre argument qu'il faut plus de recherches dans ce domaine, et bien sûr, les ressources sont toujours quelque peu limitées. Puisque les traitements se recoupent, et c'est là où je voulais en venir avec ma première question et j'ai eu la réponse que je voulais, alors je vous remercie. Je me demandais si on pouvait envisager l'unification des services pour les agents de la GRC, le personnel militaire et les premiers répondants, par exemple. Ces différents groupes pourraient recevoir des services d'établissements de santé centralisés, plutôt que d'être dirigés vers différentes ressources, qui ne sont peut-être pas en mesure d'échanger leurs meilleures pratiques ni d'atteindre les seuils requis pour optimiser les recherches, entre autres.

Dr Sareen : La clinique de traitement des blessures de stress opérationnel où je travaille, à Winnipeg, est semblable à celles d'autres villes. Les membres de la GRC, des Anciens Combattants et des Forces armées canadiennes ont tous accès à notre clinique. Vous avez tout à fait raison. Pour établir des pratiques exemplaires et favoriser l'excellence, il faut créer des cliniques centrales un peu partout au pays où les gens peuvent obtenir des soins. Il faut consacrer temps et efforts pour former le personnel qui pratiquera les interventions psychologiques, et il faut des intervenants hautement qualifiés pour cela. Au cours des 10 dernières années, les cliniques ont offert une énorme quantité de services, en plus d'offrir de la formation à l'échelle nationale. Là où l'offre pourrait être améliorée, c'est au niveau des dépendances et des troubles concomitants de stress post-traumatique et de dépendances.

Le sénateur Mitchell : Je ne sais pas si vous connaissez le lieutenant-colonel Stéphane Grenier, aujourd'hui retraité. Il était responsable de l'établissement d'un programme de mentorat pour les Forces armées canadiennes. Au Royaume-Uni, par exemple, tous les traitements offerts aux soldats qui rentrent au pays sont équivalents aux nôtres, sauf que nous avons en plus le programme de mentorat. Les études ont démontré que les résultats sont nettement supérieurs ici. Il travaille maintenant pour le système de soins de santé public, où il veut établir le même genre de programme. Savez-vous à quel point il peut être important de bénéficier d'un mentorat en plus des autres traitements? Avez-vous recours à cette pratique ou la recommandez-vous?

Dr Sareen : Pouvez-vous m'expliquer en quoi consiste le mentorat, car je ne connais pas ce programme?

Le sénateur Mitchell : Le terme « mentorat » est peut-être mal choisi. Merci. Je devrais peut-être plutôt parler de soutien. Chacun des membres du personnel militaire souffrant d'un ESPT peut être jumelé à un collègue, souffrant ou non d'ESPT lui-même. C'est en quelque sorte calqué sur le modèle des Alcooliques Anonymes. Ce sont des collègues de travail qui offrent leur soutien. C'est de l'aide plus que du mentorat.

Dr Sareen : Le modèle de soutien par les pairs est un élément clé du travail d'équipe. La personne qui souffre d'une BSO est entourée de sa famille et peut compter sur le soutien de ses pairs, en plus de celui des fournisseurs de soins. Il est très important d'avoir une telle équipe.

Le sénateur Wallace : Docteur Sareen, quand il est question de troubles psychologiques de ce genre, j'imagine que c'est un peu simpliste de dire que les anciens combattants souffrent de handicaps physiques ou de problèmes psychologiques. Pour les non-initiés, il est facile de les caser sous l'une ou l'autre de ces catégories, sans penser à toutes les corrélations qui existent entre les deux. Peut-être que le traitement des blessures de stress opérationnel dépend du traitement et de la résolution du problème physique. Si on arrive à guérir la blessure physique, peut-être que la blessure psychologique va elle aussi s'estomper? Qu'en pensez-vous?

Dr Sareen : Absolument. Les problèmes de santé physique poussent souvent les gens à consulter; la douleur et l'ESPT sont effectivement interreliés. La littérature démontre amplement qu'il y a une corrélation entre les deux pour quelqu'un qui souffre de douleurs chroniques liées à une blessure ou de maux de tête et d'étourdissements dus à une commotion. Plutôt que de leur dire « Allez faire soigner vos problèmes de santé physique, on vous verra après pour le traitement psychologique », ou vice-versa, il faut prévoir des traitements parallèles. Il faut remédier à la fois à la douleur et aux problèmes de santé physique et aux problèmes psychologiques. C'est généralement une entreprise complexe.

Les personnes en difficulté ont souvent des problèmes de santé physique, des problèmes émotionnels, sont parfois aux prises avec des dépendances, éprouvent des difficultés financières et ont du mal à s'entendre avec leur famille. Toutes ces choses commencent à s'emboiter. Dans nos cliniques, nous tâchons de prendre un problème à la fois pour tenter de comprendre comment la personne perçoit ses problèmes de santé et les autres facteurs de stress, afin de trouver des solutions pour chacun d'eux.

Le défi, et ce n'est pas seulement le cas pour les militaires et les anciens combattants, c'est vrai pour toute la population canadienne, c'est qu'il est beaucoup plus facile d'avoir accès à des médicaments qu'à des traitements psychologiques. C'est possible d'aller voir son médecin de famille pour avoir une ordonnance qui va aider. Mais dans le système de santé public en général, les gens ne reçoivent pas beaucoup de traitements psychologiques positifs et fondés sur des données probantes. Nos cliniques et les cliniques pour anciens combattants sont mieux outillées à cet égard, car nous avons eu beaucoup de soutien. C'est une combinaison de problèmes de santé physique et psychologique. Qu'est-ce que cela signifie pour la personne qui souffre? Qu'est-ce que cela signifie pour son avenir? Souvent, on dramatise en pensant que rien ne va jamais s'améliorer, et cela ne fait qu'accentuer la douleur.

Le sénateur Wallace : Mon père a pris part à la Seconde Guerre mondiale, et même s'il s'est montré peu loquace à ce sujet, ces dernières années, il nous a parlé un peu de ce qu'il a vécu. Nombres d'entre nous avons des parents ou des grands-parents qui ont participé aux guerres. Ils ne bénéficiaient pas des types de services et de traitements psychologiques dont nous parlons aujourd'hui. Les troubles n'étaient pas diagnostiqués, mais les gens ont poursuivi leur vie. Ils sont parvenus à avoir des vies réussies et productives, mais je suis certain que cela n'a pas été le cas de tous.

Comment cela a-t-il pu se produire? Cela me fait penser que si les gens ne reçoivent pas de traitement professionnel pour les blessures de stress opérationnel, est-ce que vos recherches montrent qu'ils réussissent, avec le soutien que leur famille leur prodigue au fil du temps, à trouver eux-mêmes des solutions, ou ont-ils toujours besoin de traitement professionnel?

Dr Sareen : Excellente question. Nous avons réalisé certains travaux dans la population en général. Les civils sont touchés par les blessures de stress opérationnel, mais nous n'avons pas obtenu de données sur le personnel militaire et les anciens combattants sur cette question précise. Nous tentons de comprendre cette facette du problème. Nous voulons réaliser une étude dans le cadre de laquelle nous prendrions l'enquête sur la santé mentale de 2002 afin d'examiner les gens sur une période de 12 à 15 ans afin de faire le suivi pour voir combien se sont rétablis de façon naturelle sans le moindre traitement.

Dans les échantillons de civils, nous avons constaté qu'environ 50 p. 100 des gens se remettront sans traitement psychologique ou psychiatrique. Leur fonctionnement n'est peut-être pas optimal, comme vous l'indiquez, mais il n'est pas aussi mauvais qu'avant. Une partie d'entre eux se remettent grâce au soutien de leur famille. Ce n'est pas tout le monde qui a besoin de recevoir un traitement. Nous avons toutefois constaté que dans la population en général, quand il y a comorbidité et que les personnes éprouvent plus d'un problème, comme la dépression, l'anxiété, les problèmes d'alcool et l'adversité pendant l'enfance, leurs troubles sont plus susceptibles de persister pendant trois à cinq ans que si elles n'ont pas ces problèmes. Ici encore, c'est un élément important : nous obtenons de bons résultats en traitant une personne atteinte du trouble de stress post-traumatique ou de dépression, mais quelle est la meilleure façon de traiter quelqu'un ayant le TSPT, des problèmes d'alcool et une douleur chronique? C'est à ce sujet que nous devons effectuer des recherches pour déterminer la meilleure stratégie, car les essais d'antidépresseurs sont réalisés sur des gens qui n'ont pas de comorbidité et qui n'ont qu'un seul trouble. Nous ne savons pas exactement ce qui est utile en pareil cas.

Si on se tourne vers d'autres domaines de la médecine, comme le cancer et le sida, les investissements en recherche visant à améliorer les résultats ont permis de réaliser des gains considérables. Si nous pouvons penser d'investir dans la recherche et les programmes afin de comprendre ce qu'il faut faire quand le traitement de première ligne ne fonctionne pas et que la personne continue d'éprouver des difficultés, c'est dans cette voie qu'il faut se diriger au cours des prochaines années.

Le sénateur Wallace : Merci, docteur.

Si on compare les stratégies que le Canada applique pour traiter les blessures de stress opérationnel, diffèrent-elles beaucoup de celles que le gouvernement des États-Unis utilise pour les anciens combattants?

Dr Sareen : C'est une bonne question. Le système américain des anciens combattants est beaucoup plus important que le nôtre. Il y a eu beaucoup de collaboration entre les décideurs canadiens et les fournisseurs de traitements américains. Je ne connais pas très bien les méthodes d'évaluation des pensions et la manière dont on évalue les anciens combattants pour déterminer s'ils ont des blessures de stress opérationnel ou sont admissibles aux prestations. Je n'en sais pas suffisamment sur les similitudes et les différences entre le Canada et d'autres pays. Comme vous le savez, il s'agit là d'un des grands facteurs de stress pour nos anciens combattants de leurs familles. L'armée s'occupe d'un certain nombre de choses pendant le service, mais qu'arrive-t-il ensuite? Il serait utile de connaître les autres politiques, mais j'ai le regret de dire que je ne les connais pas.

La sénatrice Beyak : Merci de cet excellent exposé. Je conviens avec vous que les médias doivent transmettre un message plus positif en faisant état des réussites et des résultats probants. Lors d'un voyage en avion effectué en mars dernier, j'étais assise à côté d'un soldat, qui m'a déclaré qu'il était un vainqueur, et non une victime. C'est quelque chose qu'il avait appris au cours de sa formation psychologique. Pouvez-vous me dire si l'Université du Manitoba ou votre clinique ont de telles stratégies, que vous pourriez nous communiquer pour que nous formulions des recommandations afin qu'on envoie un message positif?

Dr Sareen : Toute la question des médias et du suicide suscite beaucoup de controverse. Selon la presque totalité des politiques de prévention du suicide du monde, les médias font un traitement sensationnaliste du suicide, publiant l'information à la une et répétant l'histoire encore et encore, ce qui pourrait avoir un effet de contagion. Nous avons tenté de travailler avec l'Association des psychiatres du Canada afin de le faire savoir aux médias. Les médias essaient de communiquer des connaissances sur le suicide sur la tribune publique, de modifier les politiques et de sensibiliser les gens. Nous tentons de collaborer avec l'Association des psychiatres du Canada et l'armée afin de travailler avec les médias pour faire comprendre que nous faisons tous partie de la même équipe. Nous nous efforçons de réduire le nombre de suicides, mais comment y parvenir?

Sachez que quand on fait un reportage sur une personne qui s'est suicidée, il faut également parler des ressources qui s'offrent en situation de crise et faire état des issues positives. L'ennui, c'est que certains médias ont l'impression que nous tentons de les censurer, alors que ce n'est pas notre intention. Nous essayons de les convaincre de faire des reportages sécuritaires. Si vous pouviez nous aider à faire passer le message, ce serait formidable. Mais au fil du temps, nous tentons de travailler avec les médias à cet égard. Il importe de parler davantage des vainqueurs que des victimes.

La sénatrice Beyak : Je vous félicite de ces efforts.

J'ai une question supplémentaire. Savez-vous si les cas de suicides ont augmenté dans les forces armées ou si nous en sommes davantage informés parce que les médias en parlent encore et encore, comme vous l'avez fait remarquer? Savez-vous si par le passé, il y a eu des pics, comme le sénateur Wallace l'a souligné, après la Seconde Guerre mondiale ou après des missions de combats auxquelles nous avons pris part?

Dr Sareen : À ce que nous sachions, il n'y a pas eu d'augmentation des suicides de militaires pendant le service. Il se peut que le nombre de suicides d'anciens combattants ait quelque peu augmenté. Ici encore, l'armée canadienne est un bien plus petit service que celui des États-Unis. Dans l'armée américaine, les suicides de militaires ont augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années, et ce, pour différentes raisons. Les soldats ont notamment de longs déploiements, qui peuvent durer plus d'un an. À notre connaissance, donc, le nombre de suicides n'a pas augmenté dans l'armée canadienne, mais il s'est légèrement accru chez les anciens combattants. Je pense que la période vulnérable, au cours des deux premières années, est importante.

La sénatrice Beyak : Merci beaucoup de vos recherches. C'est excellent.

La vice-présidente : Avant d'entamer le deuxième tour, je poserai moi-même quelques questions.

J'ai entendu une statistique dont je ne suis pas certaine; je veux simplement un éclaircissement. Avez-vous bien dit qu'un militaire sur quatre est sujet à avoir une BSO?

Dr Sareen : Chaque année, un militaire sur quatre satisfait aux critères dénotant un problème de santé mentale, mais vous devez vous souvenir que ces problèmes sont courants et ne sont pas nécessairement liés à une BSO ou à un déploiement. Nous avons essayé de démêler les choses, mais c'est difficile. C'est probablement le quart de ce 25 p. 100 — un quart d'un quart — qui éprouve un problème de santé mentale lié à une BSO. Dans le cadre des études que nous avons effectuées il y a 10 ans, nous avons procédé de manière transversale et déterminé que si les gens doivent satisfaire aux critères relatifs à la dépression et à l'anxiété et qu'on tient compte de tous les soldats en service actif dans l'armée, le quart d'entre eux satisferaient aux critères relatifs à un problème de santé mentale.

La vice-présidente : Est-ce qu'une étude a été faite afin de savoir pourquoi? Est-ce parce que la vie est totalement différente quand on entre dans l'armée et que cela aggrave les problèmes? Avez-vous réalisé des travaux à ce sujet en vous fondant sur des données probantes?

Dr Sareen : De façon générale, les taux de problèmes de santé mentale sont similaires pour les militaires et les civils. Environ un civil sur quatre éprouvera un problème de santé mentale, et un militaire sur quatre en aura un. On a observé, de façon répétée, une légère augmentation des cas de dépression chez les militaires comparativement à la population civile. Les problèmes de santé mentale sont toutefois courants en raison de l'adversité pendant l'enfance et du stress éprouvé au cours des années récentes. Ces problèmes sont partout. Nous avons déterminé qu'un faible pourcentage peut être directement attribuable au déploiement dans des missions de combat. Nous examinons actuellement cet aspect dans les sondages effectués récemment; les études à ce sujet seront donc publiées prochainement.

Le sénateur Mitchell : C'est vraiment intéressant pour nous, docteur Sareen. J'aimerais revenir au point qui a été soulevé sur la possible différence entre les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et les anciens combattants de l'ère moderne. Mon père a lui aussi pris part à la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle 50 000 Canadiens ont trouvé la mort. Presque chaque famille compte un membre qui y a participé, qu'il s'agisse d'un oncle, d'un frère, d'un père ou d'une épouse, et cela n'a pas manqué d'imprégner notre culture. Nous remarquons aujourd'hui que quand les anciens combattants quittent l'armée, ils ont du mal à trouver un emploi parce qu'ils sont incompris. On ne comprend pas la langue qu'ils emploient et la manière dont ils se comportent. Des efforts sont déployés pour les aider à faire la transition. Mais se peut-il que la réaction culturelle soit différente et qu'on ne comprenne pas les anciens combattants aujourd'hui parce que le conflit n'imprègne pas notre culture comme l'a fait la guerre en 1945?

Dr Sareen : Certainement. Je pense que c'est un problème vraiment important. Dans le cas des anciens combattants du Vietnam, le retour à la maison s'est révélé très difficile. Je pense que lors de la récente conférence de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, on a présenté des travaux indiquant que le respect de la population canadienne envers les militaires est actuellement très élevé. Quand une personne quitte le service militaire avec une blessure de stress opérationnel, que fera-t-elle? Comment vivra-t-elle sa vie? Quelle sera son identité? Cela semble être un problème de taille.

Du point de vue culturel également, les gens ne sont pas conscients des défis Je vois un groupe précis de gens aux prises avec la dépression et l'anxiété. J'ignore à quel point il est facile pour les anciens combattants de se réadapter quand ils n'ont pas de BSO.

Le sénateur Mitchell : Un des problèmes qui se posent — que vous avez évoqué, je crois —, c'est l'opprobre, un problème qui touche certaines organisations où les gens qui savent peut-être qu'ils éprouvent un problème ont peur d'en parler par crainte de nuire à leur carrière. Si un soldat reçoit une balle dans le bras, le médecin pourra un jour lui dire qu'il est parfaitement guéri, qu'il ne subsiste aucun effet persistant et qu'il peut reprendre son service et devenir général. Arrive-t-il un moment où on peut déclarer qu'une personne est définitivement guérie du TSPT pour qu'on absolve, de manière officielle et assurée, certaines des victimes du TSPT de tout risque d'opprobre en faisant comprendre définitivement que cette personne est saine et peut reprendre son poste de façon parfaitement fonctionnelle, ou s'agit-il d'une maladie pour laquelle ce n'est jamais clair?

Dr Sareen : Un pourcentage substantiel de gens, probablement 50 ou 60 p. 100, se remettent et ne correspondent plus aux critères relatifs au TSPT avec le temps. Comme le sénateur l'a fait remarquer, un certain nombre se rétablissent sans traitement.

Si les personnes éprouvent concurremment d'autres difficultés, les problèmes semblent plus susceptibles de perdurer. Quand j'étudiais en psychiatrie, j'ai appris la règle des tiers : un tiers s'améliore considérablement, un tiers connaît un rétablissement modéré, a encore des symptômes, mais peut fonctionner adéquatement, et un tiers continue d'avoir des difficultés pendant longtemps.

Nos cliniques font un très bon travail afin de tenter d'évaluer ce qu'il en est. La capacité d'une personne à reprendre ses fonctions dépend aussi de son travail et du facteur de stress. Certains membres de la GRC ont vu beaucoup d'atrocités et de choses difficiles, se chargeant de récupérer des victimes de suicides et accumulant des traumatismes. S'ils ont arrêté de travailler pendant longtemps, nous les retournons habituellement au travail de façon graduelle en augmentant doucement leurs heures de travail au lieu de procéder d'un coup.

Le sénateur Mitchell : Vous avez indiqué qu'il faut effectuer davantage de recherches. Je me demande si vous pouviez me donner une idée de vos sources de financement. Je sais que vous êtes médecin, mais vous travaillez aussi dans un établissement universitaire. Obtenez-vous votre financement du ministère des Anciens Combattants, des organismes nationaux de financement de la recherche, des universités? Comment structurez-vous ce financement?

Dr Sareen : Puis-je répondre « toutes ces réponse »?

Le sénateur Mitchell : Bien sûr, c'est une excellente réponse.

Dr Sareen : Le forum de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans est une organisation vraiment formidable, car au cours des cinq dernières années, il a créé 35 institutions qui collaborent ensemble et avec l'armée et les anciens combattants. La recherche doit être la plus objective possible, et si l'armée et les anciens combattants effectuent la recherche, ils font preuve de subjectivité pour assurer l'exécution des programmes. Les médias pourraient accorder une attention négative à ces démarches. Il importe que le processus soit indépendant. L'ICRSMV et les organismes de recherche nationaux comme les Instituts de recherche en santé du Canada tentent de bénéficier de cette indépendance et d'effectuer les recherches les plus objectives possible.

Les scientifiques s'efforcent de comprendre la vérité. Si on pense au tabagisme il y a 40 ans, tout le monde fumait et personne ne savait que ce comportement causait le cancer pendant que les entreprises faisaient de juteux profits. Si nous cherchons à réaliser rapidement des progrès afin de comprendre qui ira bien lors d'un déploiement, qui éprouvera des difficultés et comment nous pouvons améliorer l'accès aux traitements, nous devons examiner ce qu'il s'est fait au sujet du cancer et des maladies cardiaques. Il faut investir considérablement pour infléchir la trajectoire d'une maladie.

Le sénateur Wallace : Docteur Sareen, dans votre exposé, vous avez indiqué que nous avons réalisé énormément de progrès afin d'offrir des traitements plus efficaces aux anciens combattants atteints de blessures de stress opérationnel. Je sais qu'il existe certainement de nombreuses raisons pour cela, mais je me demande s'il s'est produit, au cours des 10 dernières années, un ou deux changements cruciaux que vous considérez comme étant les plus importants et qui ont eu pour effet d'améliorer les traitements.

Dr Sareen : Tout a commencé quand Statistique Canada a réalisé l'enquête nationale sur la santé mentale de 2002 auprès de 8 000 membres des Forces armées afin de comprendre les besoins des militaires canadiens. Il s'agit encore de la meilleure enquête effectuée dans le monde, et c'est parce que Statistique Canada fait d'excellentes enquêtes. C'est de cet effort pour comprendre les besoins que tout est parti.

Vinrent ensuite les cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel qu'Anciens Combattants Canada a implantées aux quatre coins du pays, ainsi que les cliniques des Forces canadiennes. On y a déployé d'énormes efforts pour former le personnel afin d'offrir des traitements psychologiques pour le stress post-traumatique et la dépression.

Comme je l'ai souligné précédemment, il est facile d'obtenir des médicaments, mais au fil du temps, les problèmes de santé mentale exigent une thérapie cognitive ou un traitement fondé sur des données probantes. Nos cliniques ont formé leur personnel au plus haut niveau, de sorte que les anciens combattants bénéficient d'un accès supérieur aux traitements psychologiques. Je ne pense pas que le système civil offre un tel accès.

Le sénateur Wallace : C'est rassurant à entendre. Merci.

La vice-présidente : Si vous me le permettez, docteur, je dirais que j'appuie sans réserve le recours aux chiens d'assistance pour les personnes atteintes du TSPT. J'emmène des anciens combattants accompagnés de leur chien dans des écoles afin de parler du TSPT. J'ai l'impression que tout le monde peut être touché, et c'est le message que j'envoie aux enfants : c'est un trouble dont vous pouvez être atteint, mais vous pouvez le surmonter. Je crains que dans l'armée, une fois qu'un ancien combattant a indiqué qu'il a besoin d'un chien d'assistance, on lui réponde qu'il ne peut plus travailler et reprendre ses fonctions. Il me semble que c'est peut-être exactement le contraire et que c'est une méthode de traitement.

J'aimerais connaître votre avis. Il me semble que le sénateur Wallace a brièvement abordé la question, et je pense que nous nous demandons tous comment on peut reconnaître ce syndrome, tout en pouvant parfois apprendre à composer avec lui afin de mener une vie normale.

Dr Sareen : On s'est grandement intéressé aux chiens d'assistance dans les cas de stress post-traumatiques et d'épilepsie. Je soutiens les patients qui seraient intéressés à en avoir un, s'ils considèrent qu'il pourrait les aider. Il n'y a pas eu beaucoup d'évaluations détaillées pour déterminer s'il s'agit d'un traitement important. Je pense qu'il faut réaliser des études à ce sujet. Ce sont des exemples de programmes qu'il faut évaluer afin d'élaborer des politiques fondées sur des données probantes.

Ici encore, les gens ont accès aux médicaments, mais dans le domaine de la santé mentale, on met beaucoup l'accent actuellement sur l'exercice, qui constitue une façon importante de réduire la dépression et l'anxiété. Cela nous aide dans la manière dont nous travaillons avec nos clients pour obtenir ce service.

La vice-présidente : Je ne pense pas que le TSPT soit nécessairement une maladie totalement débilitante qui ne pourra jamais être surmontée. C'est à mon avis un message crucial pour bien des gens aux prises avec le TSPT. Qu'en pensez-vous?

Dr Sareen : Je suis absolument d'accord avec vous. Comme je l'ai indiqué plus tôt, mon mentor m'a appris la règle selon laquelle les deux-tiers des gens auront un rétablissement assez modéré : un tiers n'auront aucun symptôme, et un tiers se remettront modérément et pourront fonctionner. La plupart des traitements visent à aider les gens à fonctionner le mieux possible. Nous tentons de trouver ce qui les aidera. S'ils ne peuvent quitter la maison sans chien pendant des semaines, c'est à cela qu'on s'attaque en premier. Nous commençons à travailler avec eux au stade où ils sont rendus et nous les aidons à s'en sortir.

Je conviens avec vous qu'il importe d'envoyer un message positif et d'aider nos anciens combattants à comprendre qu'on peut surmonter le TSPT.

La vice-présidente : Merci beaucoup. Je ne vois plus d'intervenants sur ma liste. Je tiens à vous remercier de tout cœur d'avoir pris le temps de nous parler de vos méthodes de traitement et de nous avoir transmis votre message. Je pense que vous nous avez grandement aidés à comprendre les mécanismes du TSPT et des BSO, ainsi que certains des traitements que vous proposez. Merci beaucoup.

La séance est levée.

(La séance est levée.)


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