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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 9 mars 2023

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 11 h 30 (HE), avec vidéoconférence, pour examiner, afin d’en faire rapport, le service extérieur canadien et d’autres éléments de l’appareil de politique étrangère au sein d’Affaires mondiales Canada; et à huis clos, pour étudier un projet d’ordre du jour (travaux futurs).

Le sénateur Peter M. Boehm (président) occupe le fauteuil.

Le président : Bienvenue à tous.

Je m’appelle Peter Boehm, je suis un sénateur de l’Ontario et je suis président du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.

[Traduction]

Avant de commencer, j’inviterais les membres du comité qui participent à la séance d’aujourd’hui à se présenter.

Le sénateur Housakos : Sénateur Leo Housakos, du Québec.

Le sénateur Ravalia : Sénateur Mohamed-Iqbal Ravalia, de Terre-Neuve-et-Labrador.

Le sénateur Greene : Sénateur Stephen Greene, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur MacDonald : Sénateur Michael MacDonald, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Harder : Sénateur Peter Harder, de l’Ontario.

La sénatrice Boniface : Sénatrice Gwen Boniface, de l’Ontario.

La sénatrice Busson : Sénatrice Bev Busson, de la Colombie-Britannique.

La sénatrice Coyle : Sénatrice Mary Coyle, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Woo : Sénateur Yuen Pau Woo, de la Colombie-Britannique.

Le président : Je souhaite la bienvenue à vous tous, ainsi qu’à tous ceux et celles qui nous regardent aujourd’hui des quatre coins du pays sur ParlVU.

Aujourd’hui, nous poursuivons notre étude du service extérieur canadien afin d’évaluer si ce service et l’appareil de politique étrangère sont bien adaptés et prêts à répondre aux défis mondiaux actuels et futurs.

Pour traiter de la question, nous avons l’immense honneur de recevoir par vidéoconférence l’honorable John Baird, ancien ministre des Affaires étrangères. Il est l’ancien ministre de bien des choses à l’échelle tant fédérale que provinciale, mais il s’adresse à nous aujourd’hui à titre d’ancien ministre des Affaires étrangères. Bienvenue, monsieur Baird. Vous disposez de 10 minutes pour faire une déclaration, puis nous passerons à la routine que vous connaissez bien : la période de questions des sénateurs et vos réponses. Monsieur Baird, vous avez la parole.

L’honorable John Baird, c.p., ancien ministre des Affaires étrangères, à titre personnel : Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Permettez-moi de vous remercier de m’avoir gracieusement invité à me joindre à vous aujourd’hui, et de féliciter le comité d’entreprendre cet effort important.

Je peux affirmer que le sénateur Boehm et le sénateur Harder sont deux des meilleurs fonctionnaires avec lesquels j’ai eu le plaisir de travailler. Je salue également le sénateur Housakos, qui est un ami depuis plus de 35 ans. Je suis enchanté d’être ici.

J’ai quelques observations à formuler, puis je céderai la parole. Le ministère devrait principalement assumer deux rôles : promouvoir les valeurs canadiennes, y compris celles de liberté, des droits de la personne, du pluralisme et de la primauté du droit, et veiller aux intérêts du Canada en ce qui concerne de plus en plus deux domaines : la paix et la sécurité. Le ministère s’intéresse particulièrement aux intérêts économiques du Canada.

Avant que je ne devienne ministre des Affaires étrangères, un groupe de gens d’affaires américains avait décerné un prix à Hillary Clinton et l’avait nommée meilleure secrétaire au commerce de l’histoire américaine, ce qui montre à quel point nos amis et alliés du monde entier accordent une plus grande priorité aux intérêts économiques qu’ils ne l’auraient fait il y a 25 ou 30 ans.

Je pense que nous devons établir une nouvelle vision afin de former une équipe réellement intégrée, que ce soit sur les plans de la politique étrangère, du commerce ou du développement. À mon avis, cette vision n’a pas atteint son potentiel, ni avant ni après ma nomination au poste de ministre des Affaires étrangères.

Premièrement, dans le dossier du commerce, et plus tard — quand j’étais ministre des Affaires étrangères — dans celui du développement, je pense que la bureaucratie est encore trop disparate. Trop de bastions existent encore. Nous devons harmoniser les choses et mettre en place un appareil audacieux où des politiques énergiques étendent leur action jusqu’au ministre et au gouvernement.

Dans le dossier de la politique étrangère, il est absolument essentiel pour un pays comme le Canada d’établir des priorités. Je ne pense pas que nous puissions agir dans tous les domaines, et nos priorités évolueront au fil du temps. Pour moi, de 2011 à 2015, les trois principales priorités ont été, dans l’ordre, le Goupe des cinq, et particulièrement la relation avec les États-Unis; le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où il y avait des conflits en Libye et en Syrie, la menace de l’Iran, la question israélo-palestinienne, le problème que posait Daech en Irak et la reconstruction des relations avec les États d’Arabie saoudite; et la Chine et la région de l’Asie-Pacifique, qui englobe le Japon, la Corée et particulièrement les pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, que je considérais comme une priorité particulière quand j’étais ministre des Affaires étrangères.

Je pense qu’au fil des ans, nous nous sommes trop souvent éparpillés, et c’est une des observations que je voudrais vous laisser aujourd’hui.

Je pense qu’à certains moments, il y a trop de « pensée de groupe ». Trop de gens pensent de la même manière, alors que nous avons besoin de points de vue diversifiés. J’ai constaté que pendant les réunions du cabinet au cours desquelles nous débattions vivement d’une proposition donnée et les gens pouvaient présenter divers points de vue, le point de vue qui l’emportait pour devenir une politique gouvernementale donnait un meilleur résultat en raison de la diversité des opinons. C’est quelque chose que je voudrais que les ministères fassent davantage. Je sais que la déclaration suivante est passée sans tambour ni trompette parmi les diplomates, mais le premier ministre que j’ai servi a affirmé qu’il ne fallait pas suivre le mouvement juste pour la forme. C’est un point qui me préoccupait, particulièrement quand nous assistions à des conférences et des sommets étrangers.

Je veux vous donner deux exemples. J’ai participé à la Réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth quand l’Australie a accueilli l’événement à Perth il y a quelques années. Le Canada s’était battu pour inclure dans le communiqué une référence à la lutte aux mariages précoces et forcés des jeunes filles, suscitant un malaise chez certains pays dans la salle. On m’a pris en aparté pour me demander si le Canada, pour le bien de l’unité du Commonwealth et la réussite de la réunion, pourrait simplement retirer sa requête. Or, elle figurait dans l’ébauche de communiqué depuis des semaines. Je me suis dit : « Si le Canada n’est pas prêt à défendre ce point de vue, qui le fera? Si certains ont des objections, qu’ils les expriment. » Au fil du temps et grâce à notre mission de New York et au travail réalisé à l’administration centrale, nous avons fait des progrès substantiels à cet égard, même si cette initiative a suscité une légère controverse au début.

L’autre affaire concernait la liberté de religion. J’assistais à une conférence des ministres des Affaires étrangères des pays du G8, et j’étais un des trois ministres à s’être présentés. Nous avions inclus dans la déclaration, qui était alors à l’état d’ébauche, une phrase faisant référence à l’importance du pluralisme et de la liberté de religion. À la dernière minute, un de nos amis arabes a convaincu le président de la France de retirer ce passage, mais je n’étais tout simplement pas disposé à signer le communiqué. Le Canada s’était présenté. Nous avions proposé cette idée lors d’un programme de rédaction, et je considère que nous devons nous montrer plus ambitieux lorsque nous présentons les points de vue et les intérêts du Canada à la table.

Ce ne sont là que deux brefs exemples.

Du point de vue pratique, j’ai réfléchi à un certain nombre de points. Ils ne font pas le tour de la question, monsieur le président, mais voici ceux que je vous présenterais. Internet et les vidéoconférences modifient considérablement la diplomatie dans la conduite de la politique étrangère, tout comme le font les médias sociaux. Quand j’étais ministre des Affaires étrangères, le ministère a réalisé un travail vraiment phénoménal avec l’école Munk de l’Université de Toronto en ce qui concerne l’Iran et l’espace où les dissidents iraniens peuvent s’exprimer. Ce genre d’effort est extrêmement efficace et extraordinairement productif, et je pense que nous devons envisager d’autres initiatives de ce genre. Je sais que le gouvernement actuel a entrepris un certain nombre d’initiatives qui ont accompli la même chose, et je m’en réjouis.

Le ministre et les hauts fonctionnaires de l’équipe voyagent beaucoup plus. Avec l’augmentation du nombre de sommets, de conférences et d’organisations internationales, le ministre rencontre ses collègues régulièrement. Il fut un temps où je voyais le secrétaire d’État aux Affaires étrangères des États-Unis ou du Royame-Uni quatre ou cinq fois par mois. On établit ainsi une relation beaucoup plus étroite qui permet de favoriser les intérêts du Canada en marge des réunions. Je pense que c’est extrêmement important.

Si on observe la manière dont les choses ont évolué depuis 40 ou 50 ans — sur le plan de notre relation cruciale avec les États-Unis, par exemple —, on constate que presque tous les ministres du Cabinet ont une relation bilatérale avec leurs homologues, empiétant ainsi sur le territoire du ministère des Affaires mondiales et même de l’ambassade. Nous devons nous adapter et veiller à parler d’une seule voix.

J’aimais que des ambassadeurs précis s’occupent de questions précises. J’ai été ministre de l’Environnement à deux reprises, et un fonctionnaire agissait à titre de ministre des Changements climatiques. C’était un atout extrêmement précieux pour le gouvernement et la politique publique, car puisqu’il était nommé à l’échelon d’ambassadeur, il pouvait parler en notre nom au cours des négociations internationales sur les changements climatiques. J’ai trouvé cette façon de faire très efficace. Nous avons également eu un ambassadeur de la liberté de religion, qui faisait essentiellement la promotion du pluralisme dans le monde, avec beaucoup de succès là aussi.

Enfin, le ministère doit affronter le défi que présentent les jeunes d’aujourd’hui, qui veulent la gratification professionnelle immédiate. Ils réévaluent la progression de leur carrière en fonction de leurs compétences et de leur mérite plutôt que de leurs tâches. Mon père a occupé deux emplois dans toute sa vie. Je crains que les jeunes n’en aient 5, 10 ou 20 au cours de leur vie. Certains des éléments les meilleurs et les plus brillants ne voudront peut-être pas rester pendant 20 ans pour avoir le poste de leur rêve. C’est un problème que le ministère doit affronter. Les gens sont beaucoup plus mobiles et bien plus ambitieux qu’ils ne l’étaient il y a quelques années à peine.

Enfin, je pense que vous devriez vous montrer ambitieux dans votre rapport. Je veux vous encourager tous à analyser l’ensemble de la situation et à ne pas simplement dresser une longue liste de problèmes de gestion et de litanies sur le besoin d’augmenter le financement. Je pense que la composition de votre comité est fort impressionnante et que vous pouvez présenter des idées non partisanes au ministère et à l’ensemble du gouvernement. Je me réjouis que vous entrepreniez cette étude en vue d’en faire rapport, et je suis impatient d’en prendre connaissance. Les attentes seront très élevées, vu la composition du comité. Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.

Le président : Je vous remercie beaucoup de votre allocution, monsieur Baird. Avant de passer aux questions, je veux rappeler aux membres du comité d’éviter de trop se pencher vers leur microphone ou de retirer leur oreillette s’ils le font. Cela permettra d’éviter tout retour de son qui pourrait avoir des répercussions négatives sur le personnel du comité et d’autres personnes dans la salle qui porteraient une oreillette.

Nous passerons maintenant aux questions. Comme d’habitude, j’avise les membres du comité qu’ils disposent d’un maximum de quatre minutes pendant le premier tour, incluant la question et la réponse. Je vous demande donc d’être concis pour laisser à M. Baird plus de temps pour répondre. Nous pouvons toujours effectuer un second tour si le temps nous le permet.

Le sénateur Housakos : Je vous remercie, monsieur Baird, de témoigner devant nous ce matin et de nous faire part d’idées qui nous donnent à réfléchir. Ma question concerne la diplomatie parlementaire. L’organe exécutif du gouvernement constitue — comme il se doit — la force motrice sur le plan de la politique étrangère, mais je pense qu’il existe également une place importante pour la diplomatie parlementaire, particulièrement au sein d’une démocratie comme la nôtre. Vous êtes, bien entendu, le meilleur ministre des Affaires étrangères du Canada et un parlementaire de longue date. Nous n’avons pas discuté de la question auparavant; ce n’est donc pas une balle facile que je lance à mon bon ami et ancien ministre. Je me demande seulement si vous pourriez nous donner votre avis sur la question suivante : quelle est la place de la diplomatie parlementaire, de Parlement à Parlement, et que pouvons-nous faire pour adapter le ministère des Affaires étrangères afin de laisser de la place à la diplomatie parlementaire pour qu’elle joue un rôle plus substantiel?

M. Baird : Je pense que la diplomatie parlementaire peut jouer un rôle très important dans certains pays, particulièrement ceux dotés d’un organe législatif solide. Je me souviens que lorsque j’étais ministre des Transports, Rob Merrifield était ministre d’État aux Transports et a été à la tête du Groupe interparlementaire Canada—États-Unis pendant de nombreuses années. Il entretenait d’excellents contacts et avait accès à certaines hautes instances du Capitole. Le gouvernement du Canada et la politique publique canadienne en ont grandement profité. Je me souviens également que le regretté Gord Brown entretenait des relations semblables à Washington.

Au cours de mon premier mandat, quand j’étais dans la vingtaine, j’ai fait partie d’un groupe de jeunes élus conservateurs membres de l’Union démocratique internationale, ou UDI. J’avais noué une relation avec William Hague, qui était alors chef de l’opposition au Royaume-Uni. Quand je suis devenu ministre des Affaires étrangères des années plus tard, au cours de mon sixième mandat, il était mon homologue. J’avais donc déjà une relation préexistante qui a eu beaucoup de succès pour moi et le Canada. Je pense que ces relations peuvent être très bénéfiques. Malheureusement, certains considèrent que ce n’est que du bavardage parlementaire et non une importante occasion d’établir des relations à divers échelons. Je vous encourage à tisser de tels liens — particulièrement avec les États-Unis et le Royaume-Uni, qui sont nos deux amis et alliés les plus proches —, car ce serait phénoménal si on pouvait en tirer parti. Rob Merrifield pouvait rencontrer n’importe quel président de comité du Capitole en les avisant à la dernière minute, et je pense que le ministère a sous-utilisé ces occasions au fil des ans.

Le sénateur Housakos : À mon avis, le ministère des Affaires étrangères voit parfois la diplomatie parlementaire comme un obstacle. Quelles approches concrètes et mesures administratives pouvons-nous lui recommander pour qu’il puisse miser sur les parlementaires des deux Chambres pour établir des relations pratiques comme celles que vous venez de donner en exemple, monsieur Baird?

M. Baird : Le ministère peut identifier les gens qui ont de l’influence et un accès afin de tenter d’en tirer parti. Le simple fait qu’un membre de l’ambassade participe à des réunions serait très utile et aiderait également les diplomates à nouer des relations quand ils ont accès aux présidents de comités clés et aux principaux membres dirigeants du Sénat et de la Chambre. Je pense que dans le domaine de la politique étrangère, Gary Doer a tenté très fort d’exercer plus d’influence, de déployer plus d’efforts et de concentrer plus d’attention du côté de l’organe législatif à Washington, par exemple, mais nous sommes encore réduits à prier à l’autel de la Maison-Blanche et de l’organe exécutif. Nous pourrions certainement en faire plus. La situation évolue dans la bonne direction, mais nous pourrions en faire davantage, et les parlementaires pourraient jouer un rôle à cet égard.

Un grand nombre des soucis qui préoccupent le Canada ne viennent pas de l’administration, mais bien de l’organe législatif, et les budgets dont disposent les députés pour effectuer des voyages à l’étranger afin de se rendre à Washington sont, à dire vrai, des dépenses avisées.

Le président : Je vous remercie, monsieur Baird.

Le sénateur Ravalia : Je vous remercie beaucoup, monsieur Baird, de nous faire profiter de votre sagesse et de vos réflexions. Des témoins nous ont indiqué que le service extérieur a besoin d’expertise en matière de sécurité internationale, de cyberguerre, de désinformation et de changements climatiques. À votre avis, comment Affaires mondiales Canada devrait-il concilier son besoin en personnel doté de compétences subtiles en diplomatie et son besoin en employés possédant des compétences spécialisées? De plus, comment les mutations avec d’autres ministères pourraient-elles aider le gouvernement du Canada à mieux relever les nombreux défis qu’il rencontre actuellement sur le plan de la politique étrangère? Une telle démarche aurait le moindre effet?

M. Baird : Je vous remercie. C’est une très bonne question. Au chapitre de la paix et de la sécurité, la cybersécurité est un enjeu que les entreprises canadiennes affrontent sur le plan de la gestion et de la gouvernance. Pour assurer notre sécurité, il faut accorder beaucoup plus d’attention à la cybersécurité. Il va sans dire que l’ingérence étrangère dans notre processus électoral est une préoccupation importante. Soyons francs : de nombreux pays s’ingèrent dans les élections d’autres États. Je suis en train de lire l’autobiographie du premier ministre d’Israël, Benjamin Nétanyahou. Il y raconte que lorsqu’il a été élu pour la première fois, l’ancien président Clinton l’a appelé pour le féliciter et il a admis qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour lui faire perdre sa lutte contre Shimon Peres — et l’on parle ici de deux amis et alliés. Il faut en tenir compte. Vous vous rappelez sans doute que l’ancien président Obama a appuyé la campagne électorale du premier ministre Trudeau non seulement une, mais deux fois; c’est aussi de l’ingérence étrangère.

Le sénateur Ravalia : Je vous remercie.

Le sénateur Harder : J’allais vous appeler « monsieur le ministre ». Je suis heureux de vous voir et je vous remercie pour vos observations. J’adhère à certains de vos arguments en particulier, notamment ceux qui concernent les bastions démocratiques et la diversité des points de vue. Cependant, j’aimerais parler de votre recommandation relative aux priorités. Tous les ministres des Affaires étrangères avec lesquels j’ai discuté m’ont dit qu’il n’était pas possible de s’attaquer à tous les enjeux, mais tous n’ont pas suggéré de se concentrer sur les mêmes enjeux ou les mêmes priorités. Le ministère a l’obligation de prévoir quelles seront les priorités futures. Par exemple, quand la crise a éclaté en Afghanistan, nous ne disposions pas des ressources nécessaires pour comprendre l’histoire, la géographie et les antécédents de l’Afghanistan, et encore moins sa langue.

Le ministère a l’obligation d’investir non seulement dans les priorités du Canada, mais aussi là où le monde pourrait avoir besoin de l’expertise canadienne. Comment peut-on trouver un équilibre entre nos priorités et la source d’information que le ministère et le gouvernement du Canada doivent entretenir pour conseiller les ministres sur les questions qui surviennent à l’improviste?

M. Baird : Je ne peux pas reprocher aux gens du ministère de n’avoir pas prévu que l’Afghanistan deviendrait une si grande priorité pour le Canada après le 11 septembre. Je recommanderais au ministère d’adopter des pratiques et des processus et de prévoir du financement afin d’être en mesure de s’adapter très facilement aux nouveaux défis. Prenons l’exemple du Printemps arabe. Nous avions déjà une ambassade et des relations relativement bonnes sur le terrain à Tripoli, en Libye — et une très bonne ambassadrice en la personne de Sandra McCardell —, mais bien sûr, quand la guerre a éclaté, nous avons dû redoubler d’efforts, et je dirais que c’est ce que nous avons fait.

La tragédie humanitaire en Syrie est aussi un exemple. Avant le Printemps arabe et avant que Bachar al-Assad déclare la guerre à son propre peuple, la Syrie n’était pas une priorité. Toutefois, quand nous avons fermé notre ambassade, nous disposions d’un bon nombre de ressources dont nous avons pu nous servir pour faire face à cette situation.

Selon moi, il faut une grande capacité d’adaptation, ainsi que des priorités. Parfois, lorsqu’on établit des priorités, certains pays ne sont pas considérés comme prioritaires, ce qui est bien le cas.

Par exemple, Haïti a compté parmi les priorités de gouvernements successifs des deux partis parce que c’est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et parce qu’il a une grande population francophone. J’ai visité ce pays à deux reprises. Chaque année, en marge de l’ONU, j’assistais à des réunions sur Haïti avec l’envoyé spécial des Nations unies pour Haïti, l’ancien président Clinton, et avec mes homologues.

Certaines priorités demeureront inchangées, tandis que d’autres émergeront. À mon avis, le ministère doit améliorer considérablement sa capacité d’adaptation. Il devrait peut-être aussi avoir à sa disposition un ensemble de ressources prêtes à être utilisées rapidement pour répondre aux nouvelles priorités.

Chaque gouvernement établit des priorités, ce qui est une bonne chose. Je pense tout de même que durant les 50 dernières années, certains gouvernements ont tenté de faire de tous les dossiers des priorités. Or quand tout est prioritaire, rien ne l’est vraiment, et c’est difficile d’accomplir quoi que ce soit. Quand j’étais ministre des Affaires étrangères, nous étions très actifs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pour la simple raison qu’il y avait beaucoup de conflits et de priorités dans cette région, et je trouvais important que le Canada participe de plain-pied aux discussions.

De plus, j’avais un secrétaire parlementaire, Deepak Obhrai, qui venait d’Afrique subsaharienne; il s’est donc occupé des dossiers concernant cette région. J’avais aussi un ministre d’État qui a assumé la responsabilité des Amériques, ce qui nous a aidés. Il faut établir des priorités. Trop souvent, nous essayons de tout faire pour tout le monde. Je ne le dis pas dans un esprit de partisanerie; c’est tout simplement un désir d’en faire trop.

Le président : Je vous remercie, monsieur Baird.

Le sénateur MacDonald : Bonjour — j’ai failli dire « monsieur le ministre ». Je suis ravi de revoir mon ancien collègue.

Monsieur Baird, à l’époque où vous étiez ministre des Affaires étrangères, la relation entre le Canada et la Russie était très différente. Par exemple, nous entretenions d’assez bons liens de collaboration par rapport à l’Arctique. Notre relation avec la Chine était également très différente. Le monde a énormément changé, et ces deux pays autoritaires, voire totalitaires, sont maintenant considérés comme de dangereuses menaces, non seulement pour les démocraties comme l’Ukraine et Taïwan, mais aussi pour l’Occident en général.

Selon vous, quelles mesures le Canada devrait-il prendre aujourd’hui, sur les plans diplomatique et militaire et en conjonction avec ses alliés, pour répondre à cette menace en apparence croissante?

M. Baird : Pendant les deux premières années de mon mandat de ministre des Affaires étrangères, la relation entre le Canada et la Russie était très bonne. On a beau ne pas approuver les opinions ou les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, mais force est d’admettre qu’il est extrêmement intelligent et actif et qu’il possède probablement plus d’expérience dans son rôle que les 10 derniers ministres canadiens des Affaires étrangères réunis. Il faut travailler avec des gens qui n’ont pas les mêmes valeurs que nous.

Tout a changé non seulement à cause de l’invasion et de l’annexion de la Crimée et du Donbass, mais aussi en raison de la dégradation de la politique de la Russie sur les droits de la personne, surtout à l’égard de la communauté LGBTQ+. Je pense que c’est là que nos chemins ont commencé à diverger. Les valeurs de la Russie ne concordaient tout simplement pas avec celles des autres membres du G7 et du G8.

En ce qui concerne la Chine, elle a manifestement changé ces dernières années. La relation entre le gouvernement Harper et la Chine est partie du mauvais pied, mais elle s’est considérablement améliorée entre 2009 et 2015. En acceptant de ne pas nous entendre sur un bon nombre de questions, nous avons réussi à accomplir beaucoup de choses pour le bien du Canada, de l’économie canadienne et de la population canadienne en général, ce que je trouve très bien.

Évidemment, les politiques qu’elle poursuit aujourd’hui posent beaucoup plus problème. Notre relation avec la Chine est tendue; elle l’était même avant l’arrestation de Meng Wanzhou. La décision de demander un accord commercial progressif la veille de l’annonce des pourparlers sur un accord de libre-échange entre le Canada et la Chine, l’annulation de la vente de la société de construction Aecon et, finalement, la pilule empoisonnée dans le nouvel accord de libre-échange nord-américain ont envenimé notre relation avec la Chine. Puis, la situation s’est nettement détériorée à la suite de la libération de Mme Meng.

Cela dit, ce n’est rien de nouveau pour le Canada. Des pays que nous considérons comme de bons amis et alliés peuvent rapidement cesser de l’être. C’est arrivé à maintes occasions au fil des décennies, et la situation actuelle n’est pas unique.

À mon avis, il faut reconnaître — et c’est dur pour beaucoup de Canadiens — que la majorité des pays étrangers n’ont pas les mêmes valeurs et les mêmes systèmes de gouvernement que nous. Quelqu’un m’a déjà demandé : « Pourquoi permettons-nous à la Chine d’accueillir les Jeux olympiques? Nous devrions l’en empêcher. » J’ai répondu : « Les 193 pays reconnus par l’ONU ne laisseront pas les 36 démocraties libérales prendre toutes les décisions. » Il faut travailler avec des gens avec lesquels nous sommes en désaccord, voire en profond désaccord, tant que c’est fait de manière professionnelle.

La sénatrice Boniface : Je remercie le témoin de se joindre à nous. Monsieur Baird, je suis ravie de vous revoir.

L’une de nos témoins, Doreen Steidle, une ambassadrice canadienne à la retraite, a recommandé au comité d’étudier le fonctionnement des organismes distincts au sein de la fonction publique. Selon elle, le gouvernement devrait envisager d’accorder à Affaires mondiales Canada le statut d’organisme distinct.

J’aimerais savoir ce que vous pensez de cette recommandation. Cadre-t-elle avec votre notion de la nouvelle vision à donner à Affaires mondiales Canada?

M. Baird : Pas tellement en ce qui concerne sa structure organisationnelle, mais pourrait-il y avoir une équipe... Selon moi, quand l’Agence canadienne de développement international, ou l’ACDI, fonctionnait indépendamment d’Affaires mondiales, elle menait sa propre politique étrangère, une politique étrangère différente de celle qui provenait de l’édifice Lester B. Pearson. L’une des premières mesures prises par Stephen Harper a été de ramener le commerce dans le giron d’Affaires mondiales. J’ai trouvé cette mesure judicieuse.

Je trouve moins important d’accorder au ministère le statut d’organisme distinct que de veiller à ce qu’il puisse facilement s’adapter, à éliminer les bastions et à faire en sorte qu’il fonctionne efficacement dans le milieu actuel.

J’ai travaillé très brièvement pour Affaires mondiales — il portait alors le nom d’Affaires extérieures — durant les quatre mois du gouvernement de Kim Campbell. J’étais adjoint spécial du ministre. À l’époque, toute l’information portant sur les situations à l’étranger nous était transmise par câble. Je me souviens avoir reçu un courriel d’une personne qui travaillait au même étage que moi; je me suis demandé pourquoi elle m’avait envoyé un courriel au lieu de simplement venir me parler en personne. À de nombreux égards, certaines personnes ont transformé le ministère; pour d’autres, il fonctionne encore comme avant.

Nous avons vendu la résidence de l’ambassadeur en Irlande. D’après ce qu’on m’a dit, elle était située à l’extérieur de Dublin, dans une banlieue lointaine. En un mot, les gens du centre-ville de Dublin, les fonctionnaires et autres, ne voulaient pas faire l’aller-retour de 45 minutes pour assister à un dîner de 2 ou 3 heures. Aujourd’hui, les gens ont des familles; leurs conjoints ont une vie professionnelle. Il faut modifier le système en conséquence.

La sénatrice Boniface : J’ai vécu en Irlande pendant trois ans; j’ai entendu parler de la vente après coup.

Par rapport aux bastions, je pense qu’il y a un lien à faire avec votre observation concernant la prochaine génération, à savoir qu’elle n’attendra pas 20 ans. Selon vous, la plus grande flexibilité, liée à la possibilité de muter les employés à l’intérieur d’Affaires mondiales et à l’attente que certains partiront, favorisera-t-elle l’élimination des bastions, si la vision est claire et nette?

M. Baird : J’espère que oui. Ce que je veux éviter, c’est qu’un brillant employé de 33 ou de 35 ans quitte la fonction publique par frustration. Quelques-uns de nos diplomates étaient beaucoup plus jeunes que la majorité de leurs homologues et ils apportaient une contribution extrêmement importante au ministère. Si l’on dit aux jeunes qu’ils ne peuvent pas aspirer à tel échelon avant d’avoir 20 ans de service, beaucoup n’attendront tout simplement pas.

Un autre enjeu important pour les jeunes, ce sont les conjoints. Comment le ministère peut-il rendre les choses plus simples pour les familles et les conjoints? Un ambassadeur chevronné m’a déjà dit que lorsqu’il s’est joint au ministère, il a dû demander au ministère la permission de se marier à la fin des années 1960. Aujourd’hui, un grand nombre de diplomates haut placés ont des conjoints tout aussi talentueux et accomplis qu’eux. Nous devons trouver une façon d’arranger les choses pour que cela fonctionne. Le ministère y arrive parfois; d’autres fois, il échoue indéniablement.

Par exemple, quand j’étais ministre des Affaires étrangères, un de nos consuls généraux s’est rendu en Chine avec son conjoint de même sexe, et son conjoint a dû porter le titre d’aide-domestique. Pour certaines familles, c’est extrêmement difficile.

La sénatrice Boniface : Je vous remercie.

Le sénateur Woo : Monsieur Baird, je vous remercie de comparaître devant le comité. J’aimerais revenir sur ce que vous avez dit au sujet de l’importance de la diversité des points de vue, ainsi que des mesures à prendre pour éviter la pensée de groupe au sein du ministère.

Comment atteindre cet objectif? Comment promouvoir la diversité des opinions dans un ministère où les employés qui ont des points de vue différents doivent se sentir obligés de se conformer à la majorité pour ne pas nuire à leurs perspectives de carrière? Pourrait-on, par exemple, mettre sur pied un groupe de dissidence au sein du ministère? Affaires mondiales compte-t-il un groupe de réflexion marginal? Je pose la question très sérieusement, car les grandes sociétés prennent des mesures pareilles et elles obtiennent de bons résultats.

Le Département d’État américain a mis sur pied un mécanisme qui permet aux fonctionnaires des échelons inférieurs de sortir des sentiers battus et de proposer des idées stratégiques qui ne suivent pas nécessairement la doctrine actuelle de la politique étrangère des États-Unis. Comment pouvons-nous faire de même chez Affaires mondiales?

M. Baird : C’est une excellente question. Lors d’une conversation sur les relations entre le Canada et Israël, je ne vois pas un jeune diplomate s’élever contre la pensée conformiste. Cela n’arrive jamais, pour les raisons exactes que vous venez d’évoquer, et ce, même en ce qui concerne la Chine. Je pense que nous devons aménager un environnement où tout le monde se sent libre de s’exprimer.

J’aimerais souvent que les gens puissent assister aux discussions que nous avons eues dans les cabinets auxquels j’ai participé, et notamment le Cabinet fédéral. Nous avions toujours de grandes discussions et des débats de fond sur toutes sortes d’enjeux, et nous avions l’occasion d’entendre différentes perspectives, qu’elles viennent du Canada atlantique, du Québec, de l’Ontario ou des provinces de l’Ouest. Une bonne décision ou une bonne politique finissait pratiquement toujours par être adoptée. Je pense que nous devons promouvoir ce genre d’environnement ouvert à la discussion au sein du ministère.

Je pense que le processus d’appel de candidatures et l’examen du service extérieur restreignent le nombre de candidats à des personnes qui partagent les mêmes idées. Je me souviens de plusieurs ambassadeurs et ambassadrices, notamment Elissa Goldberg, qui travaillait aux Nations unies à Genève. Elle remettait régulièrement en question mon point de vue, ce que je respectais. Je pense que nous devons créer un milieu dans lequel les gens se sentent à l’aise de proposer des idées divergentes.

Nous devons nous rappeler qu’au fil des ans, certains pays sont passés du statut d’ami et d’allié à celui d’ennemi, et vice-versa. Je me souviens m’être retrouvé sur un balcon de la chancellerie surplombant le parlement allemand avec l’ancienne chancelière Angela Merkel et l’ancien premier ministre Harper. J’ai alors songé à mon grand-père qui a fait la guerre en Allemagne, un pays qui est pourtant devenu aujourd’hui l’un de nos amis et alliés les plus proches. Les relations internationales évoluent toujours en fonction des circonstances.

Je pense qu’il est important d’éviter de sombrer dans la pensée conformiste. Il s’agit selon moi d’un enjeu culturel, et je reviens au problème qui survient lorsqu’on n’embauche que des personnes ayant les mêmes compétences et les mêmes opinions.

Par ailleurs, je ne vois aucun inconvénient à ce que nous ayons des ambassadeurs et des diplomates en poste à l’étranger qui ne proviennent pas d’Affaires mondiales Canada, mais qui ont été formés dans d’autres ministères. D’éminents Canadiens à la fois compétents et expérimentés pourraient servir de chefs de mission à l’étranger. Je pense par exemple à Gary Doer, à Gordon Campbell et à John Prato, du Consulat général à New York. Lorsque j’étais au gouvernement, ils étaient probablement trois de nos meilleurs chefs de mission, et je pense qu’ils ont bien servi le pays.

La sénatrice Coyle : Bienvenue, monsieur Baird. C’est un plaisir d’entendre votre témoignage. Vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion.

Le Canada, comme vous le savez, a eu 15 ministres des Affaires étrangères au cours des 22 dernières années. Plusieurs témoins se sont inquiétés du fait que certains ministres des Affaires étrangères n’ont eu, à vrai dire, ni le temps ni le pouvoir d’assurer un véritable rôle de leadership auprès des diplomates canadiens. C’est d’autant plus un problème que la diplomatie dépend fortement, comme vous l’avez souligné, de l’établissement de relations.

Vous avez été ministre des Affaires étrangères pendant, je crois, près de quatre ans. J’aimerais donc savoir ce que vous pensez de la question de la durée du mandat de nos ministres des Affaires étrangères et de ses répercussions sur la performance de notre service extérieur. Partagez-vous les préoccupations de certains de nos témoins? Quels commentaires pourriez-vous formuler?

M. Baird : Je suis tout à fait d’accord avec vous. Je pense qu’il s’agit de la meilleure observation faite durant cette séance.

Le ministre des Affaires étrangères doit être capable de nouer de bonnes relations. Malheureusement, le titulaire de ce poste change trop souvent, que ce soit par choix ou par nécessité. À mon avis, le premier ministre, peu importe son parti, doit penser au minimum à un mandat complet lorsqu’il sélectionne son ministre des Affaires étrangères.

Je pense que je pourrais utiliser les relations que j’ai pu nouer à l’avantage du Canada. Mais changer d’interlocuteur trop souvent est une mauvaise stratégie. Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train de lancer une attaque partisane à l’encontre du premier ministre actuel — j’ai moi-même été le cinquième ministre des Affaires étrangères de l’ancien premier ministre Harper. Je pense que chaque premier ministre doit concevoir ce poste comme un rôle à long terme.

En règle générale, c’est pourtant le cas des ministres des Finances. Selon moi, les prochains premiers ministres et les prochains greffiers du Conseil privé devraient insister sur ce point lors des périodes de transition et de remaniement ministériel. Il s’agit d’un enjeu très important, car un ministre des Affaires étrangères ne peut pas établir des relations de confiance avec quiconque s’il n’est pas en poste depuis longtemps.

Le défi est de nous comparer aux autres systèmes de gouvernement. Par exemple, le ministre émirati des Affaires étrangères était déjà en poste à mon arrivée et l’est toujours aujourd’hui. C’est l’un des meilleurs ministres au monde dans ce rôle, car il connaît à fond ses dossiers et il a su nouer des relations avec un grand nombre d’interlocuteurs. J’ai également parlé de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. Il est en poste depuis très longtemps et a donc accumulé beaucoup d’expérience. Les ministres canadiens n’auront jamais des mandats d’une telle durée, mais je pense par exemple à Joe Clark, qui a été ministre des Affaires étrangères pendant six ou sept ans, à Lloyd Axworthy et à mon propre cas. Je crois que ce sont là des modèles réalistes pour notre pays.

La sénatrice Coyle : Je vous remercie.

M. Baird : C’est une recommandation facile à faire, à mon avis.

La sénatrice Coyle : Les relations avec nos homologues internationaux sont essentielles, et nous devons donc disposer du temps nécessaire pour les établir.

Qu’en est-il de la réflexion entourant le service extérieur canadien? Souhaitez-vous commenter la question de la relation entre le mandat du ministre des Affaires étrangères, et la performance et l’adaptabilité de notre service extérieur lui-même?

M. Baird : Je pense que les remaniements sont trop fréquents au sein du service public à Affaires mondiales Canada. Des gens deviennent directeurs généraux ou sous-ministres adjoints pour la Chine, alors qu’ils n’ont pas d’expérience en lien avec ce pays, ou même avec l’Asie. Je crois que nous devrions promouvoir les compétences et l’expertise dans certains domaines, et tirer parti de l’ancienneté d’un employé en nous concentrant sur une zone ou une région spécifique. Je pense que c’est important.

Trop souvent, un ambassadeur qualifié est nommé dans une région où il n’a pourtant aucune compétence ni expérience. Nous devons positionner nos meilleurs diplomates là où l’on a besoin d’eux. Tous les diplomates souhaitent devenir ambassadeur en Italie. À l’époque où j’étais ministre, j’ai eu l’occasion de placer des personnes très intelligentes et compétentes là où, à mon avis, leurs qualités pouvaient être mises à profit. Nous entretenons d’excellentes relations avec l’Italie. Toutefois, comme nous traitons les enjeux commerciaux à partir de Bruxelles, et non de Rome, je pense que nous devons placer certains de nos meilleurs éléments dans des rôles plus difficiles, là où ils seront le plus utiles. Cela ne correspond pas nécessairement à l’endroit où ces brillants diplomates veulent être mis en poste, mais j’ai moi-même été appelé à être ministre de l’Environnement à deux reprises, alors je suis bien conscient que nous devons parfois accepter des missions difficiles.

Un changement d’ambassadeur après un an ou deux seulement s’avère coûteux, ce n’est pas une bonne idée. Il s’agit d’un poste très difficile, et un ambassadeur doit passer beaucoup de temps sur le terrain pour nouer des relations avec les personnes dont il a besoin pour mener un travail efficace.

La sénatrice Busson : Monsieur Baird, je vous remercie d’être venu partager votre temps incroyablement précieux et vos idées remarquables avec le comité.

Ma question porte sur la fusion qui a eu lieu en 2013 entre le ministère des Affaires étrangères et l’ACDI. À titre de ministre des Affaires étrangères, vous avez supervisé cette fusion, qui a débouché sur la création d’Affaires mondiales Canada. Avec le recul, pouvez-vous nous parler des avantages ou des inconvénients de cette fusion? Y a-t-il des aspects qui vous ont surpris ou déçu à la suite de ce changement?

M. Baird : J’ai soutenu la fusion à l’époque et je la soutiens encore aujourd’hui. Je ne pense pas que nous ayons encore réalisé tout son potentiel. J’espère que nous pourrons mettre fin aux chasses gardées et tirer le meilleur parti du commerce, du développement et de la politique étrangère en travaillant en tandem plutôt qu’en vase clos.

Trop souvent, comme je l’ai dit précédemment, l’ACDI avait tendance à s’engager dans sa propre politique étrangère, laquelle allait souvent à l’encontre de la politique du ministère des Affaires étrangères. Je vais vous donner un exemple. Le gouvernement du Canada faisait la promotion de l’exploitation minière canadienne en Amérique du Sud... tout en s’y opposant. À mon avis, c’est ridicule et cela constitue un gaspillage d’argent significatif.

Si le Canada dispose d’une équipe, par exemple à Haïti, qui s’occupe à la fois de l’aide étrangère, du commerce et de la politique étrangère, il peut ainsi bénéficier de plus de compétence et d’expertise. Je pense que l’on peut dire la même chose du Centre de recherches pour le développement international, le CRDI; il opère dans des bureaux séparés, même dans des pays étrangers, et nous en aurions plus pour notre argent s’il était intégré. Selon moi, l’intégration d’Affaires mondiales Canada n’a pas eu lieu dans la mesure où je l’aurais souhaité.

Souvent, il n’est pas judicieux d’avoir plus d’un ministre au sein d’un même ministère. Par exemple, j’ai eu le plaisir de travailler en étroite collaboration avec Ed Fast pendant quatre ans lorsque j’étais ministre des Affaires étrangères. C’était une collaboration facile et très efficace. J’ai également développé une collaboration fructueuse avec Diane Ablonczy lorsqu’elle était ministre d’État. Si vous êtes capables de travailler en équipe, c’est vraiment important. Trop souvent, indépendamment de la politique, on constate que lorsque deux ministres travaillent au sein d’un même ministère, ils ont tendance à se marcher sur les pieds et à se contrarier mutuellement.

Le président : Je vous remercie. Je profite de mon privilège à titre de président pour poser une question à M. Baird.

M. Baird : Le président était mon vice-ministre associé, un homme très compétent.

Le président : J’apprécie cette introduction, monsieur Baird. En 2015, au cours de la très longue campagne électorale à Affaires mondiales Canada, nous avons élaboré des cahiers de transition : un cahier bleu, un orange et un rouge. Bien entendu, nous ne savions pas qui allait remporter l’élection. Les analystes ont donc consulté les rapports des congrès des partis et les déclarations des partis afin d’esquisser un plan provisoire pour le prochain gouvernement.

Je pense que les choses sont probablement devenues beaucoup plus compliquées aujourd’hui, en raison, notamment, de l’émergence des médias sociaux. Les partis prennent des positions difficiles à réaliser lorsqu’ils arrivent au pouvoir, car ils doivent alors faire face à la realpolitik et aux événements mondiaux.

Je me demande si vous pouvez commenter ce sujet. Cela nous ramène à votre remarque précédente concernant le risque dans le service public et la volonté de remettre en question une certaine orthodoxie.

M. Baird : Le souci d’éviter des risques dans la fonction publique — et c’est n’est pas l’apanage d’Affaires mondiales — a entraîné une trop grande aversion au risque. Lorsqu’il y a des problèmes ou des scandales mettant en cause un parti, quel qu’il soit, on se contente d’établir de plus en plus de règles, et les gens deviennent de moins en moins enclins à prendre des risques. C’est un véritable problème pour la fonction publique. Les politiciens qui veulent rehausser les normes de responsabilité y sont certainement pour quelque chose.

Je donnerai l’exemple du Fonds de stimulation de l’infrastructure, dans le cadre duquel nous avons réalisé 23 500 projets. Seuls 35 d’entre eux ont posé problème. C’est ce que j’appelle un coup de circuit. La fonction publique a fait un travail extraordinaire dans le cadre du Fonds de stimulation de l’infrastructure. En tant que ministre, j’ai affirmé que nous agirions rapidement, au risque de ne pas frapper un coup de circuit pour chaque subvention, mais que je serais là pour défendre nos décisions, même si je quittais le ministère. Je pense que c’est important.

Je crois également qu’il faut une mobilisation accrue, non seulement parmi les gens qui travaillent à l’édifice Lester B. Pearson, mais aussi auprès de nos ambassades à l’étranger. Si vous rédigez un document de transition sur les relations avec l’Union européenne, vous devez vous assurer de faire participer notre ambassadrice auprès de l’Union européenne, car elle s’y connaît beaucoup plus en la matière. Je ne saurais dire le nombre de fois où j’ai demandé : « Qu’en pense notre ambassadeur sur le terrain? » Et on me répondait : « Nous ne lui avons pas parlé. »

La technologie vidéo comporte son lot d’avantages; je ne l’ai jamais utilisée lorsque j’étais ministre des Affaires étrangères. Je ne peux qu’imaginer les immenses possibilités qui se présentent lorsque les ambassadeurs font eux-mêmes le point au ministre dans une salle de conférence ou lorsqu’on organise rapidement des réunions internationales sur certaines questions.

En ce qui concerne les médias sociaux, la technologie doit être considérée comme une occasion, et non comme un obstacle. Évidemment, quand vous formez l’opposition, vous ne voulez pas que les gens adoptent des positions différentes. L’un des avantages de notre pays, c’est l’existence des pouvoirs législatif et exécutif, et il suffit d’examiner la rhétorique qui émane de la Chambre des représentants et du Sénat, à Washington, sur un grand nombre de questions de politique étrangère. La différence, c’est que les chefs de chaque parti, ceux qui ont auparavant informé les gouvernements, devront travailler avec ces pays. Il est facile de se lancer dans une virée intellectuelle, de dénigrer les gens avec qui on n’est pas d’accord, mais, au bout du compte, il faudra entretenir une relation avec eux dans l’intérêt des Canadiens — qu’il s’agisse de venir en aide, par exemple, aux journalistes emprisonnés en Turquie ou aux deux personnes arrêtées en Égypte, que j’ai pu aider à sortir de prison.

Comme je l’ai dit, cela s’applique également à d’innombrables ambassadeurs et responsables des affaires consulaires. J’espère que nous pourrons éviter de nous retrouver dans une situation semblable à celle que nous voyons aux États-Unis.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Baird. Nous passons au deuxième tour.

Le sénateur MacDonald : Monsieur Baird, j’aimerais parler un peu de la relation entre le Canada et l’Australie. Au cours des dernières années, nous avons vu l’Australie faire d’importants investissements dans ses capacités militaires; en effet, elle collabore activement avec les États-Unis et le Royaume-Uni au sein de l’alliance AUKUS, en plus de nouer des liens avec l’Inde et le Japon dans le groupe des pays de la Quadrilatérale. À l’heure actuelle, l’Australie semble contribuer davantage au Groupe des cinq que le Canada. Ce sont nos alliés naturels. Je suis curieux de savoir une chose : que pensez-vous de la situation actuelle par rapport aux relations que nous avions lorsque vous étiez ministre des Affaires étrangères? D’après vous, comment pourrions-nous l’améliorer?

M. Baird : Je dois préciser que je suis coprésident du Forum du leadership économique Canada-Australie et que je considère les relations entre les deux pays comme une grande priorité. C’était d’ailleurs la principale priorité du Groupe des cinq. Soit dit en passant, j’ai dernièrement rencontré l’ancien premier ministre Kevin Rudd.

Il ne fait aucun doute que l’Australie a adopté une approche plus porteuse pour l’avenir. On voit son engagement auprès de la Quadrilatérale, notamment sa collaboration avec l’Inde dans le cadre de l’accord sur les sous-marins, ainsi qu’avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Nous sommes à la traîne, ce qui est vraiment inquiétant.

Je suis ravi de l’annonce faite par le gouvernement concernant les F-35 — c’est une excellente mesure —, mais nous avons perdu du terrain dans certains de ces autres domaines. Espérons que nous pourrons retrouver notre élan.

Il y a très peu de pays avec lesquels nous nous entendons aussi bien qu’avec l’Australie. Ce n’est pas un pays du G8, mais son économie a presque la même taille que la nôtre, et elle partage fondamentalement les mêmes valeurs et les mêmes intérêts. Il est donc très important de collaborer avec des alliés comme l’Australie.

Nous devrions nous inspirer de ses bons coups, ainsi que de ses défis. La particularité de l’Australie — et idem pour les États-Unis —, c’est la différence entre les travaillistes et les conservateurs ou, chez nos voisins du Sud, entre les républicains et les démocrates; en gros, il n’y a pas un si grand fossé.

Le sénateur Housakos : Comme nous le savons tous, monsieur Baird, nous vivons une période de perturbations. Le monde fait face à des défis économiques comme nous n’en avons pas vu depuis longtemps. Des bouleversements culturels secouent le monde entier. Nous sommes aux prises avec des turbulences géopolitiques qui sévissent simultanément dans diverses parties du monde, et les gens semblent faire de moins en moins confiance aux organisations multilatérales.

Songeons à des organisations comme les Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, le Forum économique mondial, et j’en passe. Dans l’esprit de bien des gens, surtout dans les démocraties libérales, ces organisations multilatérales sont remises en question.

Le multilatéralisme est-il mort? Que pouvons-nous faire pour rétablir la confiance à l’égard de ces organisations multilatérales, que j’estime importantes? Il est certain que la confiance de la population s’est érodée au cours des dernières années.

M. Baird : Les aspects négatifs retiennent davantage l’attention que les aspects positifs. De toute évidence, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations unies ont connu de grandes difficultés sur le plan de l’efficacité au cours des 25 dernières années. L’Organisation mondiale de la santé, quant à elle, fait du bon travail. Pour ce qui est de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, je trouvais qu’elle était en perte de vitesse durant mon mandat de ministre des Affaires étrangères, mais quand on voit le leadership des États-Unis face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, force est de constater que cette organisation joue aujourd’hui un rôle nettement plus pertinent qu’il y a 10 ans, et c’est tant mieux.

Nous devons également être prêts à faire cavalier seul ou à créer des groupes spéciaux. Par exemple, le groupe spécial des Amis du peuple syrien a dirigé les efforts en matière d’aide humanitaire et de soutien au peuple syrien. Dans le cadre de la mission en Libye pour empêcher Mouammar Kadhafi de massacrer son propre peuple, nous avons pu travailler efficacement avec des pays comme les Émirats arabes unis et d’autres États arabes sunnites du Golfe. Il faut parfois un groupe spécial pour faire avancer les choses, et c’est un aspect important.

Fondamentalement, nous devons collaborer avec nos amis et nos alliés. Souvent, cela peut s’avérer difficile, mais il est important que nous fassions de notre mieux pour maintenir ces partenariats.

La sénatrice Coyle : J’ai suivi votre parcours, monsieur Baird, et je sais que vous avez eu — et que vous avez encore — une carrière remarquable et diverses interactions avec le secteur privé à l’échelle nationale et internationale. Bien entendu, une partie très importante du travail de notre service extérieur consiste à interagir avec le secteur privé ici et à l’étranger.

Dans cette optique, les gens avec qui vous interagissez régulièrement — c’est-à-dire les dirigeants du secteur privé canadien et des entités privées internationales — vous ont-ils fait part de leur opinion sur la force du service extérieur du Canada? Pourriez-vous nous parler un peu de cette interaction?

M. Baird : Je dois vous dire que j’ai toujours soutenu le Service des délégués commerciaux du ministère des Affaires mondiales, mais, dans le secteur privé, j’ai vu un certain nombre d’exemples où ces gens ont fait un travail exceptionnel pour promouvoir les intérêts commerciaux canadiens à l’étranger. Leurs compétences, leur expérience, leurs conseils et, en fait, leur soutien actif sont manifestement plus importants que je ne l’aurais cru. Il en va de même pour la Corporation commerciale canadienne et Exportation et développement Canada — dans le secteur privé, ces organismes sont visiblement plus importants que je ne l’avais cru lorsque je faisais partie du gouvernement. Ce sont des compliments qui s’adressent aux trois institutions.

La sénatrice Coyle : Il n’y a donc aucune plainte à propos de quoi que ce soit? Devrais-je plutôt vous demander de parler des points à améliorer?

M. Baird : À mon avis, lorsque nous nous lançons inutilement dans des litiges bilatéraux — je pense au différend que nous avons eu avec l’Arabie saoudite, ou à notre différend avec le premier ministre du Japon et le premier ministre de l’Australie au sujet du Partenariat transpacifique —, nous devons y penser à deux fois avant de mettre le pied dans un nid de guêpes parce que cela pourrait être lourd de conséquences pour le Canada. Je ne dis pas que les gouvernements conservateurs n’ont jamais commis cette erreur.

Je suis très fier d’avoir été — et de demeurer — très pro-Israël. Je suis aujourd’hui un fervent défenseur de l’État d’Israël et de l’antisémitisme, mais cela ne nous a pas empêchés d’entretenir d’excellentes relations avec les pays sunnites du Golfe. Nos relations avec l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Bahreïn et, surtout, les Émirats arabes unis, qui sont devenus l’un des meilleurs amis et alliés du Canada, se sont poursuivies sous l’actuel gouvernement. Il faut prendre le temps de tisser des liens et de bâtir la confiance. Cela peut également s’avérer utile pour les établissements d’enseignement canadiens.

La sénatrice Coyle : Je vous remercie.

Le sénateur Woo : J’aimerais vous poser une question au sujet d’une catégorie de personnes qui devrait être au cœur du travail d’Affaires mondiales, mais qui, à mon avis, est négligée. Vous vous considérez peut-être comme faisant partie de ce groupe, à savoir les plus de 4,4 millions de Canadiens qui vivent à l’étranger. Bien entendu, ces concitoyens ont le droit de vote, mais ils ne sont pas pris en compte — si je puis m’exprimer ainsi — dans la politique publique au sens large. Le ministère des Affaires étrangères ne leur accorde de l’importance, me semble-t-il, que lorsqu’ils ont des ennuis. Autrement dit, ils représentent principalement un problème consulaire, au lieu d’être considérés comme un atout pour le pays.

Avez-vous des idées sur la façon dont nous pouvons mieux dialoguer avec les Canadiens à l’étranger, non seulement dans leur intérêt, mais aussi dans l’intérêt de notre pays, de notre politique étrangère et de nos priorités en matière de sécurité économique et politique?

M. Baird : C’est une arme à deux tranchants. Je pense aux 350 000 Canadiens qui vivent à Hong Kong. Ils peuvent représenter un véritable atout pour le Canada, mais aussi un énorme défi lorsqu’il y a un conflit entre leurs rôles de résidents non canadiens et de citoyens canadiens. Le nombre de Canadiens qui s’attendent à ce que les gouvernements étrangers respectent la Charte des droits et libertés — lorsqu’ils s’attirent des ennuis — est toujours un défi pour le ministère. Les médias et le public supposent que tous les Canadiens inculpés à l’étranger sont innocents à 100 % et que le gouvernement n’en fait pas assez pour les ramener au pays. Je pense que le ministère doit faire mieux à cet égard. Pour de nombreux Canadiens, c’est peut-être la seule impression qu’ils ont du ministère, mais je sais qu’en coulisses, le ministère fait beaucoup pour soutenir les citoyens en difficulté à l’étranger.

Il existe de nombreux exemples de Canadiens qui ont réussi dans la vie privée ou publique à l’étranger et qui ont été en mesure d’aider les Canadiens. Nos missions à l’étranger devraient peut-être mieux s’employer à renforcer ces relations. On trouve un très grand nombre de Canadiens aux États-Unis, à Londres, en Israël et ailleurs dans le monde. Il s’agit là d’une ressource inexploitée. Je n’ai pas de recommandations particulières à faire à ce sujet, si ce n’est de vous inviter à y réfléchir à mesure que votre comité poursuivra son étude.

Le président : Je vous remercie, monsieur Baird. Nous voici rendus à la fin de notre séance. C’est fou comme le temps a passé vite. Au nom du comité, je tiens à vous remercier de votre témoignage d’aujourd’hui; je pense que nous avons eu droit à une discussion très enrichissante. Nous ne manquerons pas d’en tenir compte tout au long de notre étude. Encore une fois, merci, et ce fut un plaisir de vous revoir.

M. Baird : Je tiens à vous remercier, monsieur le président, ainsi que tous les membres du comité, de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. Je vous souhaite bonne chance dans vos délibérations.

Le président : Merci beaucoup.

(La séance se poursuit à huis clos.)

(La séance publique reprend.)

Le président : Honorables sénateurs, est-il convenu que la demande de budget pour une mission d’étude en Europe — à Londres, à Oslo et à Berlin — pour l’exercice financier se terminant le 31 mars 2024, soit approuvée et présentée au Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration?

Des voix : D’accord.

Le président : Merci, mesdames et messieurs les sénateurs.

Ce budget sera maintenant présenté au Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration, pour être examiné par le Sous-comité du budget du Sénat et des budgets de comités lors de sa prochaine réunion.

(La séance est levée.)

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