LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’ÉNERGIE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le jeudi 8 juin 2023
Le Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd’hui, à 9 h 1 (HE), avec vidéoconférence, pour étudier les nouvelles questions concernant le mandat du comité.
La sénatrice Rosa Galvez (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, je m’appelle Rosa Galvez. Je suis une sénatrice du Québec et je préside ce comité. Nous tenons aujourd’hui une réunion du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles.
J’aimerais commencer par faire un rappel. Avant de poser des questions et d’y répondre, je demande aux sénateurs et aux témoins présents dans la salle de ne pas se pencher trop près de leur microphone ou de retirer leur oreillette lorsqu’ils le font. Vous éviterez ainsi tout retour de son qui pourrait nuire au personnel du comité présent dans la salle.
Je demande maintenant à mes collègues du comité de se présenter.
[Français]
La sénatrice Verner : Josée Verner, du Québec.
La sénatrice Miville-Dechêne : Julie Miville-Dechêne, du Québec.
La sénatrice Gerba : Amina Gerba, du Québec.
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
[Traduction]
Le sénateur Arnot : Je viens de la Saskatchewan. Je m’appelle David Arnot.
La présidente : Il y a aussi la sénatrice Margo Greenwood, de la Colombie-Britannique. Il n’y a donc pas que le Québec.
Je vous souhaite à tous la bienvenue, ainsi qu’aux personnes qui nous regardent dans tout le pays.
[Français]
Aujourd’hui, nous poursuivons notre étude sur l’industrie canadienne du pétrole et du gaz. Nous accueillons, par vidéoconférence, le président de GravDrain, M. Chi-Tak Yee. Nous accueillons également, de Cenovus Energy, Mme Rhona DelFrari qui est présente avec nous dans la salle; elle est cheffe du développement durable et première vice-présidente, Engagement des parties prenantes.
Bienvenue et merci d’avoir accepté notre invitation. Vous avez tous deux cinq minutes pour prononcer votre allocution d’ouverture. Nous commencerons par M. Yee, qui sera suivi de Mme DelFrari.
Monsieur Yee, vous avez la parole.
[Traduction]
Chi-Tak Yee, président, GravDrain Inc. : Merci, madame la présidente, et bonjour à tous. C’est un grand honneur pour moi d’être ici aujourd’hui.
Permettez-moi de me présenter rapidement. Je suis ingénieur de formation et j’ai travaillé dans l’industrie pétrolière et gazière pendant près de 40 ans, essentiellement dans le domaine de l’extraction des sables bitumineux. Le dernier poste que j’ai occupé au sein de l’industrie était celui de directeur de la technologie et de directeur de l’exploitation pour MEG Energy Corporation, un producteur de sables bitumineux. J’ai quitté le secteur l’année dernière et je concentre aujourd’hui mes efforts sur la recherche de solutions pour décarboniser la production de sables bitumineux et pour fabriquer des produits de valeur sans combustion à partir du bitume. Je suis ici aujourd’hui en tant que simple citoyen et je ne représente aucune organisation du secteur.
Dans mes observations liminaires, j’aimerais aborder trois points : le premier est l’importance de l’industrie pétrolière et gazière pour l’économie canadienne; le deuxième est le bilan de l’industrie en matière de réduction de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre et ce que nous pouvons encore faire à cet égard à l’avenir; et le troisième est la question de savoir si l’industrie peut être compétitive au niveau mondial dans un environnement carboneutre.
En ce qui concerne l’importance de l’industrie pétrolière et gazière pour l’économie canadienne, selon Statistique Canada, les produits énergétiques, principalement le pétrole et le gaz, représentent environ 25 à 30 % des exportations canadiennes. Depuis la crise financière de 2007, les exportations canadiennes de marchandises, à l’exclusion de l’énergie, n’ont pas réussi à se redresser rapidement ou complètement, ce qui a fait passer la balance commerciale d’un excédent structurel à un déficit. Heureusement, le solde commercial est maintenu à un niveau très bas grâce à l’augmentation des exportations de pétrole brut. Nous avons en fait enregistré de légers excédents au cours des deux dernières années — c’est-à-dire en 2021 et 2022 — avec la hausse du prix du pétrole. Les exportations de pétrole brut ont largement contribué à maintenir le solde commercial du Canada et à améliorer le compte courant de notre pays.
La production canadienne de pétrole brut a considérablement augmenté ces 30 dernières années, passant de 1,7 million de barils par jour en 1990 à 4,7 millions de barils en 2019, juste avant la pandémie de COVID, ce qui représente une augmentation d’environ trois millions de barils. Les exportations de pétrole canadien ont également augmenté dans les mêmes proportions, atteignant trois millions de barils par jour, au cours de la même période. Cette augmentation est presque entièrement due à la hausse de la production des sables bitumineux.
En ce qui concerne les résultats de l’industrie en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, contrairement aux idées reçues, la production de pétrole est une industrie de haute technologie. Les améliorations technologiques ont permis de réduire la consommation d’énergie par unité de production. Par exemple, selon la Régie de l’énergie du Canada, entre 2010 et 2020, l’intensité des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de la récupération in situ des sables bitumineux a diminué d’environ 10 %. Toutefois, les émissions absolues ont augmenté en raison de la hausse significative de la production que j’ai mentionnée plus tôt.
L’industrie des sables bitumineux en est consciente, et six grands producteurs qui exploitent 95 % de la production se sont réunis il y a quelques années pour former l’Alliance Nouvelles voies afin de s’attaquer à ce problème. Ils se sont fixé l’objectif ambitieux de réduire d’environ un tiers les émissions absolues par décennie et d’atteindre la carboneutralité — c’est-à-dire les émissions de portée 1 et 2 — d’ici 2050, conformément à l’Accord de Paris. Je suis sûr que ma collègue pourra développer ce point dans ses remarques.
À court terme, les producteurs comptent sur le captage et le stockage du carbone pour obtenir l’essentiel de la réduction d’ici à 2030. La construction et l’exploitation de ces installations de captage et de stockage du carbone nécessiteront d’importants capitaux, ce qui créera d’importantes activités économiques et aidera les travailleurs à faire la transition vers un environnement à faibles émissions de carbone.
Cela m’amène au troisième point, qui est de savoir si l’industrie peut être concurrentielle au niveau mondial dans un environnement carboneutre. En vertu du scénario de la carboneutralité de l’Agence internationale de l’énergie, en 2050, la consommation de pétrole devrait représenter environ 25 % de celle de 2020, ce qui correspond à une réduction de 75 %. En raison de cette réduction spectaculaire, le prix du pétrole devrait rester bien en deçà des prix actuels. Les producteurs à faible coût, en particulier ceux qui sont situés dans des pays où le coût du carbone est plus faible, pourraient exercer une pression sur les producteurs à coût élevé, comme ceux du Canada.
À mon humble avis, le Canada doit trouver des moyens de convertir le bitume en un produit à valeur plus élevée qui ne produit pas d’émissions. Alberta Innovate, qui est un organisme provincial, coordonne un programme de recherche nommé Bitumen Beyond Combustion. En fabriquant des produits de valeur sans combustion à partir du bitume, ces produits tirent parti des propriétés chimiques et physiques des composants du bitume.
Les trois types de produits que j’ai nommés jusqu’à présent sont les liants d’asphalte, la fibre de carbone et le charbon actif. Ce sont des produits importants pour une économie verte. Dans la plupart des cas, l’intensité de leurs émissions de gaz à effet de serre est similaire ou inférieure à celle des produits actuels, ce qui présente l’avantage supplémentaire de séquestrer le carbone. Il n’y a donc pas d’émissions de portée 3. Le bitume est donc une source de matériaux en forte demande plutôt qu’une source d’énergie. La chaîne de valeur de la fabrication des produits du programme Bitumen Beyond Combustion peut employer des Albertains et des Canadiens de tous niveaux de compétences. Elle présente d’importantes possibilités d’emploi pour les Albertains et les Canadiens qui possèdent une expérience dans l’industrie pétrolière et gazière, ainsi que pour les personnes qui travaillent dans les secteurs de la chimie, de la fabrication et de la construction.
Le programme Bitumen Beyond Combustion est une initiative de rupture. Le soutien du gouvernement grâce à un leadership et à une orientation politique prenant la forme d’investissements est nécessaire pour faire du programme Bitumen Beyond Combustion un moteur économique et une solution climatique pour l’Alberta et le Canada.
Voilà qui conclut mes remarques préliminaires. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Je vous remercie de votre attention.
La présidente : Merci.
Rhona DelFrari, cheffe du développement durable et première vice-présidente, Engagement des parties prenantes, Cenovus Energy : Je vous remercie de m’accueillir aujourd’hui. Je vous en suis très reconnaissante.
Avant de commencer mes observations liminaires, je voudrais faire un rapide tour d’horizon de ce qu’est Cenovus. Nous sommes l’une des plus grandes sociétés énergétiques du Canada. La majorité de notre production de pétrole et de gaz naturel se situe dans l’Ouest du Canada, mais nous avons également une production extracôtière à Terre-Neuve-et-Labrador et une production dans la région de l’Asie-Pacifique. Nous possédons des raffineries aux États-Unis et dans la région de Lloydminster, et nous produisons de l’éthanol en Saskatchewan et au Manitoba. Cenovus emploie directement environ 8 300 personnes, dont 80 % au Canada.
Mon rôle au sein de l’équipe de direction est d’orienter nos activités durables et de veiller à ce que l’on tienne compte des facteurs environnementaux et sociaux dans la prise de décisions commerciales. Je dirige aussi notre collaboration avec les communautés autochtones et les gouvernements.
Aujourd’hui, j’aimerais avoir le temps de parler davantage de nos partenariats autochtones. À elle seule, la société Cenovus a dépensé plus de 4 milliards de dollars auprès d’entreprises autochtones depuis sa création en 2009, et 400 millions de dollars rien qu’au cours de l’année écoulée auprès d’entreprises autochtones. Chaque année, nos objectifs en matière de dépenses auprès d’entreprises autochtones s’élèvent à des centaines de millions de dollars. J’aimerais également avoir le temps de parler de nos efforts de conservation de l’eau et de notre projet de restauration de l’habitat du caribou, qui est l’un des plus importants au monde, mais je sais que vous m’avez invitée ici pour parler des mesures que nous prenons pour répondre au changement climatique et de celles de notre secteur. C’est donc sur ce point que je concentrerai mes remarques.
Nous sommes conscients, comme l’a dit M. Yee, que notre industrie contribue de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre du Canada, soit plus d’un quart des émissions totales du pays. Nous savons que nous devons jouer un rôle important dans la solution à ce problème pour le Canada. Cenovus s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions absolues de 35 % d’ici 2035, en vue d’atteindre l’objectif ambitieux de la carboneutralité pour l’ensemble de ses activités d’ici 2050. Pour ce faire, dans son plan d’affaires quinquennal, notre société a investi 1 milliard de dollars dans des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit notamment de projets de captage et de stockage du carbone et de leur avancement, ainsi que de la réduction des émissions de méthane, domaine dans lequel nous réalisons de grandes avancées.
Notre principale difficulté en matière de réduction des émissions concerne toutefois les sables bitumineux. Afin de réduire ces émissions au rythme et à l’échelle nécessaires pour atteindre l’objectif de carboneutralité du Canada, nous devons assurer un niveau de collaboration sans précédent. C’est pourquoi, comme l’a mentionné M. Yee, nous avons cofondé l’Alliance Nouvelles voies afin de collaborer pour atteindre plus rapidement nos objectifs climatiques communs. L’alliance regroupe six des principaux producteurs de sables bitumineux. Nous exploitons 95 % de la production de sables bitumineux, ce qui signifie que la quasi-totalité de la production de sables bitumineux relève de cette alliance. Notre industrie collabore depuis de nombreuses années à des actions visant à réduire l’intensité des émissions, mais l’Alliance Nouvelles voies nous permet d’atteindre un tout autre niveau. Notre plan consiste à réduire les émissions absolues générées par la production de sables bitumineux de 22 millions de tonnes par an d’ici 2030, en vue d’atteindre la carboneutralité, et nous avons établi un plan en trois phases pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour y parvenir, la collaboration est essentielle, non seulement entre les producteurs, mais aussi avec les gouvernements et les partenaires autochtones. Nous avons déjà bien avancé dans ce domaine ces deux dernières années.
Nous prévoyons qu’une grande partie des réductions d’émissions initiales proviendra du développement de ce que nous pensons être le plus grand réseau de captage et de stockage du carbone au monde. Ce réseau transportera le CO2 capté dans les installations de sables bitumineux au moyen d’un pipeline jusqu’à un lieu de stockage souterrain sécurisé situé près de Cold Lake, en Alberta. Le projet de captage et de stockage du CO2 devrait permettre de relier plus de 20 installations de sables bitumineux, ainsi que toute autre industrie de la région qui souhaiterait utiliser le réseau de captage et de stockage du CO2.
Parallèlement à notre projet de captage et de stockage du carbone, nous travaillons au développement de plus de 70 autres technologies en collaboration avec nos collègues du secteur des sables bitumineux. Nous recherchons des solutions comme la substitution des combustibles, y compris l’utilisation de l’hydrogène — Cenovus et ses pairs étudient cette possibilité et l’utilisent actuellement — ainsi que l’examen de la faisabilité de l’utilisation de petits réacteurs nucléaires modulaires pour créer de l’énergie et, plus important encore, pour créer la vapeur nécessaire à l’exploitation de nos sables bitumineux.
Au cours des prochaines décennies, nous allons dépenser des milliards et des milliards de dollars et créer des milliers d’emplois, mais nous aurons besoin de partenariats financiers solides avec le gouvernement ainsi que de politiques réglementaires qui appuieront ces projets de réduction des émissions en temps opportun. L’année 2030 arrive très, très vite. En travaillant ensemble, nous pouvons soutenir les engagements climatiques du Canada, contribuer à assurer la sécurité énergétique des Canadiens et protéger les dizaines de milliards de dollars que l’industrie pétrolière et gazière apporte chaque année à l’économie canadienne. Cela comprend des centaines de milliers d’emplois directs et indirects bien rémunérés dans le secteur du pétrole et du gaz à travers le pays, dans l’ensemble des provinces et des territoires.
Vous êtes chargés de rédiger un rapport sur la transition énergétique. J’espère qu’après nos discussions vous conclurez que la transition énergétique ne signifie pas l’arrêt de la production du pétrole et de gaz au Canada, mais plutôt une transition vers une production à faible émission de carbone de ces ressources, qui permettrait au Canada d’être le fournisseur de pétrole et de gaz de choix pour répondre à la demande croissante en énergie dans le monde. Tout autre plan serait préjudiciable à l’économie canadienne et ne contribuerait pas à lutter contre le changement climatique, puisque la demande en pétrole et en gaz serait simplement satisfaite par d’autres pays moins engagés dans des pratiques commerciales durables. Notre industrie prend des mesures pour lutter contre le changement climatique. Il ne s’agit pas d’écoblanchiment, mais d’argent réel investi dans des projets réels. Ces fonds vont croître rapidement au cours des prochaines années, à mesure que nous progressons dans nos discussions avec les gouvernements sur les détails liés aux politiques et aux soutiens fiscaux nécessaires pour faire avancer ce travail important.
Je me réjouis d’avance de cette discussion.
La présidente : Merci à vous deux.
Nous allons passer aux questions. Veuillez indiquer à quelle personne vous adressez vos questions.
Le sénateur Arnot : J’ai deux questions à poser.
La première s’adresse à M. Yee. Vous avez indiqué que l’un des aspects est l’investissement dans le bitume et le fait de créer une valeur ajoutée autrement. Pourriez-vous préciser quels sont les investissements, les recherches et les projets que vous jugez essentiels pour que l’industrie canadienne puisse atténuer les changements que nous savons imminents?
Madame DelFrari, je crois savoir que Cenovus s’est engagée à réduire ses émissions absolues de gaz à effet de serre de 35 % par rapport aux niveaux de 2019 et que son but est de parvenir à la carboneutralité d’ici 2050. Vous l’avez bien expliqué ici aujourd’hui. J’aimerais que vous me fournissiez plus de précisions sur ce que vous faites dans le cadre de vos partenariats autochtones, au Canada en particulier.
De même, en ce qui concerne le réseau de captage et de stockage du carbone souterrain de Cold Lake, dites-nous ce qui est fait à Cold Lake en vue de la mise en œuvre de ce projet. Dans quel type d’infrastructure investit-on ou que construit-on, et ce projet aura-t-il des effets durables sur l’emploi?
M. Yee : Merci pour cette question.
En ce qui concerne le travail accompli jusqu’à présent en vue du développement de ces produits sans combustion, Alberta Innovates, dont j’ai parlé plus tôt, avait déjà lancé un grand nombre d’initiatives il y a environ 10 ou peut-être même 12 ans, et cet organisme a fourni une grande quantité de financement à un niveau fondamental, principalement pour la recherche universitaire et pour les entreprises privées, afin de faire avancer les choses. Au cours de cette période, nous avons déjà fait beaucoup de progrès.
J’ai parlé de trois produits, et pour vous donner plus de détails, je dirai qu’en termes de quantité pour le plus important, on parle d’une production de 1,5 à 2 millions de barils de bitume. Il nous faut donc un volume et un prix pour soutenir cela. Pour ce qui est du volume, le produit qui est déjà dans notre mire est le liant d’asphalte. On prend le composant le plus lourd du bitume pour fabriquer ce qu’on appelle le liant d’asphalte et le mélanger avec un agrégat afin de fabriquer l’asphalte pour paver nos routes, par exemple. Ce que nous avons constaté jusqu’à maintenant, et c’est intéressant, c’est qu’en raison de la faible teneur en cire du liant d’asphalte, cela en fait un matériau qui a une bonne durée de vie et qui prévient les fissures dans l’asphalte. Les travaux sont relativement avancés maintenant et nous sommes prêts à passer à l’échelle pilote, soit des milliers de barils par jour. Nous sommes actuellement à la recherche de financement gouvernemental et de partenaires industriels pour cette étape.
Le deuxième produit dont j’ai parlé est la fibre de carbone. La fibre de carbone est un matériau de base très important pour les économies vertes. Les gens parlent d’électrification, de véhicules électriques, etc. Je ne sais pas s’ils en sont conscients, mais les voitures électriques sont beaucoup plus lourdes que les véhicules à combustion interne, soit de 30 % à 40 % plus lourds. Cela endommagera beaucoup l’infrastructure routière, et c’est pourquoi nous avons besoin de ce liant d’asphalte. Pour fabriquer la fibre de carbone, comme je l’ai mentionné dans ma déclaration liminaire, et c’est intéressant encore une fois, la composition chimique du bitume le rend très propice à la fabrication de ce produit quand on le compare au pétrole léger. En effet, nous pouvons fabriquer de la fibre de carbone à une fraction de ce qu’il en coûte pour la fabriquer aujourd’hui. Ce n’est pas de la science-fiction. Encore une fois, nous en sommes à l’étape des essais pilotes. J’ai investi personnellement dans une initiative qui met à l’essai cette technologie.
Le troisième produit est le charbon activé. On peut utiliser le bitume pour produire du charbon activé, dont la très grande surface se prête bien, par exemple, au stockage de l’énergie verte. Encore une fois, c’est un produit qui est à l’étape des essais pilotes. Un très gros projet pilote à Nisku, près d’Edmonton, est même en cours.
Nous en sommes à l’étape où nous passons du laboratoire aux essais pilotes, et c’est l’étape où nous avons besoin de beaucoup d’aide du gouvernement du côté des politiques et du financement. Je vous ai donné une longue réponse, mais je veux que vous compreniez là où nous en sommes. J’espère que cela répond à votre question.
Le sénateur Arnot : Je vous remercie de cette réponse détaillée.
M. Yee : Je vous remercie.
Mme DelFrari : Je veux appuyer les commentaires de M. Yee. Cenovus est en fait l’un des fabricants d’asphalte les plus importants en Amérique du Nord, et les possibilités de voir croître les entreprises qui se spécialisent dans l’utilisation du bitume au-delà de la combustion sont immenses.
Je vous remercie de poser la question au sujet des partenariats avec les Autochtones. Lorsqu’une entreprise comme Cenovus dépense des milliards de dollars auprès d’entreprises autochtones, cela n’arrive pas par hasard. Il faut des efforts concertés pour s’assurer que ces communautés qui sont voisines de nos activités, en particulier dans le Nord de l’Alberta, mais aussi en Saskatchewan et ailleurs, ont des chances de réussir. Nos efforts sont très axés sur la réconciliation économique.
Nous nous rendons dans ces communautés et nous déterminons les types d’entreprises et d’activités commerciales dont nous allons avoir besoin au cours des années à venir, car cela évolue selon les différentes phases de nos projets, et nous leur demandons comment nous pouvons les aider à créer les entreprises que nous pourrons embaucher. Et cela ne s’applique pas seulement à Cenovus, mais au reste de l’industrie. Chez nous, c’est toute l’organisation qui a été mise à contribution. Les hauts dirigeants responsables des opérations, des finances et de la chaîne d’approvisionnement se sont tous donné comme priorité de regarder d’abord du côté des entreprises autochtones. Ces entreprises ont parfois besoin de notre aide, et dans ce cas, nous leur fournissons du mentorat, des conseils et du coaching pour les aider à se lancer.
Ce que nous avons constaté, c’est qu’après quelques années, elles sont très compétitives pour ce qui est des coûts. Elles doivent être compétitives sur le plan de la sécurité, car nous ne ferons pas affaire avec une entreprise qui ne place pas la sécurité au haut de la liste de ses priorités. Je parle aux travailleurs de ces entreprises dans nos communautés, et la fierté que vous voyez et les histoires que j’ai entendues de leur part disent : « Je n’avais pas de possibilités d’emploi dans ma communauté avant, et maintenant, regardez, je gagne très bien ma vie et j’assure un avenir à ma famille. » C’est tout à fait incroyable.
C’est notre approche. Mes pairs font un travail très similaire, mais pour Cenovus, c’est un travail essentiel. L’une des raisons pour lesquelles j’ai rejoint cette entreprise il y a de nombreuses années était notre engagement envers les communautés autochtones et notre volonté de les aider à prospérer. J’espère avoir répondu à cette question.
En ce qui concerne le stockage, pour le réseau de captage et de stockage de carbone, CSC, nous travaillons sur cette idée depuis quelques années. En ce qui concerne les détails techniques précis, nous avons réalisé l’année dernière une étude d’impact environnemental sur le pipeline et la zone de stockage. Il faut une année entière pour que vous puissiez voir chaque saison, pour ceux d’entre vous qui ont une formation scientifique. Nous arrivons à la fin de cette partie. Elle porte principalement sur le tracé du pipeline, qui sera essentiellement réalisé sur des droits de passage déjà existants, de manière à réduire les perturbations pour le pipeline de CO2.
Le gouvernement de l’Alberta a récemment octroyé à l’Alliance Nouvelles voies les droits d’explorer la possibilité de stocker du CO 2 dans cette région. C’est un énorme avantage pour le Canada, surtout pour l’Ouest canadien. Nous avons la géologie qui permet au CO2 de rester sous terre indéfiniment. Comme l’ont dit l’Agence internationale de l’énergie, l’AIE, et de nombreuses autres organisations, ainsi que les Nations unies, le CSC doit faire partie de la solution climatique, en particulier pour l’industrie et surtout à court terme. Nous sommes dans une très bonne position au Canada, car nous disposons des emplacements qui permettent de stocker le gaz. C’est prouvé. Notre industrie connaît ces réservoirs. Nous sommes experts en la matière.
Pour celui de Cold Lake, nous sommes en train de faire des puits d’essai pour déterminer les meilleurs endroits pour l’injecter, mais il est question de milliers de kilomètres sous terre, dans de multiples couches de grès, et nous avons très confiance quant à sa capacité de rester sous terre. Nous devons passer à la phase suivante avec le gouvernement de l’Alberta pour lui montrer les travaux d’essai que nous avons réalisés.
Nous travaillons avec les communautés des Premières Nations de la région pour voir quelle peut être leur participation économique à ce pipeline de CO2 et à ce centre. C’est un défi un peu différent car ce projet, le CSC, ne nous rapporte pas d’argent. En règle générale, lorsque nous établissons un partenariat économique, c’est un projet qui génère des recettes. Ce projet ne génère pas de revenus pour nos entreprises. C’est un coût, mais nous allons trouver un moyen d’assurer la participation économique des communautés autochtones.
C’est ce que nous faisons actuellement avec le centre de CSC et le pipeline.
Le sénateur Arnot : Merci de ces réponses.
La présidente : Avant de passer à la question suivante, pouvez-vous donner quelques exemples de types d’entreprises qui emploient des Autochtones?
Mme DelFrari : C’est très varié. Nous travaillons avec les communautés et discutons des types d’activités qu’elles souhaitent mettre en place. Cela va des plateformes de forage qu’elles possèdent à la gestion de nos camps et de nos services de restauration, en passant par les entreprises de construction et une grande partie du travail d’évaluation de l’impact sur l’environnement.
Les peuples autochtones sont ceux qui connaissent le mieux cette région, et ce, grâce à leurs ancêtres. Ils nous accompagnent souvent avant même que nous commencions un projet et nous donnent des conseils sur les différentes zones, les endroits les plus propices et ceux où nous devrions éviter de réaliser nos projets.
En ce qui concerne les travaux de remise en état, c’est un travail plus conventionnel, car nos installations de sables bitumineux n’en sont pas au stade de la remise en état. Nous n’avons pas de mines. Nous n’avons que des installations in situ; nous n’en sommes donc pas encore là. Nous commençons à remettre en état certaines des routes que nous n’utilisons plus et certains des puits d’eau. Une grande partie du travail de remise en état se fait également avec ses partenaires autochtones.
Le sénateur Massicotte : Merci d’être ici ce matin. J’ai beaucoup de questions, alors je serai bref. Je vais ainsi peut-être obtenir plus de renseignements de votre part.
Souscrivez-vous au plan du gouvernement qu’on nous a décrit selon lequel nous souhaitons réduire considérablement les émissions de CO2 que le Canada produit, mais aussi, nous voulons soutenir la concurrence internationale et avoir une bonne croissance mais être le producteur le moins polluant de pétrole et de gaz à l’échelle internationale? Certains diraient qu’il y a une contradiction. Que pensez-vous du plan du gouvernement? Est‑ce acceptable pour vous? Est-ce le bon moment?
Mme DelFrari : Je souscris à l’idée que nous pouvons à la fois réduire nos émissions, atteindre la carboneutralité, et continuer à produire du pétrole et du gaz à l’avenir. Toutes les études crédibles montrent qu’en 2050 et au-delà, les besoins en pétrole pour les produits, mais aussi pour certains carburants, seront moindres, mais tout de même importants. Notre type de pétrole, le pétrole lourd, est parfait. Il convient parfaitement à des produits tels que le carburéacteur ou les carburants plus lourds. J’en suis convaincue.
Si nous parvenons à atteindre la carboneutralité comme nous l’avons prévu — et nous pensons pouvoir le faire et nous avons une trajectoire établie dans le cadre de notre collaboration avec les gouvernements et nos partenaires autochtones —, le monde entier devrait vouloir venir au Canada. Dans tous les classements environnementaux, sociaux et de gouvernance, le Canada est en tête. Aucun autre pays producteur de pétrole ne nous bat dans de multiples classements de tierces parties. Lorsque nous menons des enquêtes dans le monde entier — l’une d’entre elles a été réalisée l’an dernier — et que nous demandons aux gens où ils aimeraient recevoir leur pétrole et leur gaz, le Canada arrive toujours en tête pour les gens du monde entier. Les gens veulent acheter du pétrole et du gaz du Canada. Les Canadiens, notre industrie et notre gouvernement veulent réduire leurs émissions. Tant que nous procédons de manière pratique et sensée, que nous ne nous précipitons pas et que nous veillons à ce que la technologie puisse suivre la réglementation qui entre en vigueur en matière de réduction des émissions, j’ai le sentiment que cela peut être une grande victoire pour l’ensemble du Canada.
Le sénateur Massicotte : Vous avez fait référence dans votre déclaration au CSC, le captage et le stockage du carbone. Je suppose qu’il s’agit d’un facteur très important de votre stratégie, étant donnée les observations que vous avez formulées à ce sujet. Pourriez-vous nous dire quel est le coût de ce CSC? Est-il gratuit pour le producteur, ou y a-t-il un coût? Qu’en est-il de la taxe sur le carbone? Il s’agissait d’une stratégie fondamentale du gouvernement selon laquelle, si vous pouvez augmenter vos coûts, vous rechercherez l’efficacité et du CO2 plus efficace. Est-ce important pour vous? Pourquoi devriez-vous l’obtenir gratuitement si c’est le cas? Certains affirment qu’il ne faut pas toucher au CSC, mais opter pour une solution permanente plutôt que pour une solution de stockage dont il faudra s’occuper au cours des cent ou des milliers d’années à venir. Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez?
Mme DelFrari : Je commencerai par la taxe sur le carbone. L’Alberta a été la première province du pays à imposer une taxe carbone aux acteurs industriels. Notre secteur soutient la taxe sur le carbone depuis de nombreuses années et nous sommes habitués à vivre avec. Une taxe sur le carbone, lorsqu’elle est bien conçue, peut être incitative. Mais on ne peut pas se contenter du bâton; il faut aussi la carotte. Le système en vigueur en Alberta prévoit que nous payons une taxe sur le carbone si nous dépassons certaines limites et certains critères, et que cet argent est ensuite réorienté vers des technologies de décarbonisation, ce qui me semble être la bonne façon de procéder. Si cet argent va simplement dans les coffres du gouvernement, il n’encourage pas vraiment la conception de nouvelles technologies. C’est une chose concernant la taxe sur le carbone.
En ce qui concerne la solution du CSC, c’est celle qui fonctionne à l’heure actuelle. C’est une technologie éprouvée. Nous, en tant qu’industrie, l’utilisons pour améliorer la récupération du pétrole depuis plusieurs décennies, y compris Cenovus. Nous ne pouvons pas continuer à attendre la technologie parfaite. Nous ne pouvons pas la laisser nous ralentir, sinon nous n’arriverons jamais à rien. J’ai parlé de petits réacteurs nucléaires modulaires. Ce serait une situation idéale. Nous pensons que cela fonctionnera dans les sables bitumineux, mais nous n’en savons rien. D’un point de vue réaliste, le milieu des années 2030 pour ces nouvelles technologies qui n’ont jamais été éprouvées à l’échelle commerciale sera probablement le plus tôt que nous pourrons voir. Nous commençons toujours à progresser dans ce domaine. Nous pouvons réaliser le CSC aujourd’hui, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui. Je parle du CSC parce que c’est la solution immédiate. Cela ne signifie pas que c’est la solution à long terme, mais c’est la seule qui peut avoir une incidence considérablement sur les émissions immédiatement.
Le sénateur Massicotte : Essentiellement, vous avez parlé de l’importance du travail d’équipe. Vous travaillez manifestement ensemble par rapport à vos confrères du secteur, ce qui est très bien, mais vous avez également dit qu’il est important d’obtenir l’appui du gouvernement parce que nous devons tous travailler ensemble. Lorsque j’entends cela, ma sonnette d’alarme retentit toujours. Je me dis : « Oh, vous voulez encore notre argent? » Est-ce seulement cela? Pourquoi devriez-vous être subventionnés alors que vos concurrents ne le seraient pas?
Mme DelFrari : Je ne dirais pas cela. En fait, je pense que tout effort significatif de décarbonisation, non seulement au Canada mais dans le monde entier, nécessite des partenariats gouvernementaux. Il n’y a aucun exemple de décarbonisation significative, comme le CSC, mais d’autres exemples ont progressé sans qu’il y ait de partenariat significatif entre le gouvernement et l’industrie. Quand on regarde ce qui se passe en Norvège ou au Royaume-Uni, ou ce que les États-Unis font actuellement avec l’Inflation Reduction Act et le crédit 45Q, c’est ce qui commence à faire bouger les choses en matière de décarbonisation de la part de l’industrie.
Pour revenir au prix, nous savons que ces technologies, telles que le CSC, existent depuis de nombreuses années, mais qu’elles coûtent plusieurs milliards de dollars. Ce n’est pas quelque chose dans lequel une société cotée en bourse peut investir seule. C’est un résultat commun que nous essayons d’atteindre. Le Canada veut réduire les émissions, notre industrie veut réduire les émissions, et nous devons travailler ensemble pour atteindre ce résultat commun.
Quand on examine certains projets à l’étranger, on constate que les gouvernements couvrent les deux tiers, 75 % et parfois 100 % de certains coûts afin de permettre à ces projets de démarrer. Bien entendu, les coûts baisseront pour le CSC, pour les petits réacteurs modulaires et pour tout le reste, mais pour l’instant, il s’agit d’un investissement de plusieurs milliards de dollars, et c’est quelque chose qui n’aurait aucun sens pour aucun secteur — je ne parle pas seulement du pétrole et du gaz —, sinon cela aurait déjà été fait. La technologie existe. Il est vrai qu’elle nécessite quelques ajustements et qu’elle n’a jamais été mise en œuvre à l’échelle dont nous parlons, mais elle existe. C’est l’économie qui nous a empêchés d’agir pour le climat.
[Français]
La sénatrice Gerba : Je tiens d’abord à saluer la proactivité de votre entreprise, madame DelFrari. Cela semble être la voie à suivre pour les entreprises du secteur de l’industrie du pétrole et du gaz.
La question que je voulais poser vient d’être posée par mon collègue d’en face, mais je voulais comprendre comment on peut justifier et expliquer à nos populations qu’il faut subventionner et accompagner davantage les entreprises qui font déjà autant d’argent dans ce secteur. C’est ma première question.
Je comprends aussi que vous travaillez beaucoup, vous êtes socialement engagée auprès des Premières Nations, ce qui est très intéressant. En dehors de la création d’emplois, est-ce que vous faites face à des réticences de la part des communautés des Premières Nations, celles qui sont contre ce que vous faites dans leur communauté, parce que ce sont des communautés qui ont des préoccupations en matière de préservation de leur nature? Voilà mes deux questions.
[Traduction]
Mme DelFrari : Merci de ces questions.
Pour ce qui est de financer des projets de plusieurs milliards de dollars échelonnés sur plusieurs décennies, on ne peut pas se contenter d’une année de revenus pour une entreprise. L’année dernière, pour des raisons géopolitiques principalement, les prix du pétrole étaient élevés. Nos entreprises ont rapporté beaucoup d’argent. En tant que secteur, nous avons versé environ 50 milliards de dollars aux gouvernements l’année dernière seulement. Tout le Canada en a bénéficié. Il est évident que des circonstances malheureuses ont entraîné la hausse des prix du pétrole. Toutefois, lorsque nous examinons des projets, nous devons penser à long terme, et non pas une année à la fois. Il y a deux ou trois ans, nous perdions de l’argent. Les prix du pétrole étaient négatifs. L’année dernière, nous avons gagné de l’argent. C’est le cycle typique de l’industrie pétrolière et gazière ou de toute autre activité liée aux matières premières. Lorsque nous envisageons des projets à long terme chez Cenovus, nous ne fixons pas le prix du pétrole à 120 $, comme c’était le cas auparavant. En fait, il est passé de 120 $ à environ 70 $ aujourd’hui. C’est dire à quel point les choses peuvent changer rapidement. Nous utilisons le prix de 45 $ avant de prendre des décisions d’investissement parce que nous pensons qu’à long terme, il faut faire des investissements en fonction des périodes difficiles. C’est ainsi que l’on survit en tant qu’entreprise.
Encore une fois, ce sont des projets qui s’échelonneront sur plusieurs décennies. On ne peut pas regarder une année de revenus très élevés qui sont profitables à nos entreprises, à nos actionnaires et au pays, et dire que nous n’avons pas besoin d’un partenariat gouvernemental. Si nous devions réaliser ces projets seuls, les investissements quitteraient le pays parce qu’ils augmenteraient tellement nos coûts — et c’est ce que les investisseurs recherchent car cela a une incidence sur leurs revenus — que nous ne serions pas des entreprises rentables. Si les investisseurs veulent que nous décarbonisions, ils veulent que nous le fassions de manière à ne pas créer d’énormes pressions sur les finances de notre entreprise. C’est pourquoi, encore une fois, vous voyez partout dans le monde ces partenariats avec les gouvernements sur ces questions — pas seulement pour le pétrole et le gaz, mais dans tous les secteurs. Il faut penser à long terme. Il faut penser à la compétitivité.
Je n’ai jamais eu autant de conversations avec des investisseurs qui m’ont posé des questions sur la politique gouvernementale, parce qu’ils sont très inquiets au Canada que la politique gouvernementale augmente tellement nos coûts que nous ne serons plus en mesure de rivaliser avec les investissements. L’argent de ces investisseurs peut circuler n’importe où dans le monde, et ils vont placer leur argent là où il y a des rendements. Au final, même au Canada, un grand nombre de nos actionnaires sont en fait des fonds dans lesquels les gens peuvent placer leur épargne-retraite. Il faut réfléchir à la manière dont ces investisseurs s’assurent qu’ils peuvent regarder leurs investisseurs en face, c’est-à-dire les Canadiens ordinaires, et non pas ces grandes entreprises, et leur dire : « Votre épargne‑retraite est entre nos mains parce que nous pouvons investir dans ces entreprises canadiennes. Elles vont produire des rendements à long terme. Elles n’auront pas à assumer des coûts énormes que leurs homologues d’autres régions du monde n’ont pas à assumer parce qu’elles ne s’occupent pas du carbone. »
Je pense que nous pouvons jouer sur les deux tableaux. Nous pouvons nous attaquer au problème du carbone. À terme, mon idéal serait que nous soyons récompensés par les investisseurs pour avoir la production la plus faible ou la plus exempte de carbone au monde. Dans un monde idéal, nous pourrions obtenir une prime pour le pétrole sans carbone. Nous n’en sommes pas encore là, mais ce serait l’idéal. Les gens disent qu’ils veulent des produits à faible teneur en carbone, alors ils devraient être prêts à payer pour cela. À l’heure actuelle, nous devons mettre en place ces partenariats, faute de quoi nous ne serons plus du tout compétitifs et nous perdrons nos investisseurs. Lorsque vous commencez à perdre les investisseurs d’un secteur, le secteur qui détient une part si importante de la Bourse de Toronto à l’heure actuelle, cela commence à soulever des questions à propos de tous les autres secteurs également.
Il ne s’agit pas seulement d’emplois pour nos communautés, c’est certain. L’engagement auprès de ces communautés dès les premières étapes de chaque projet, qu’il s’agisse d’un projet de décarbonisation ou d’un projet pétrolier et gazier, est essentiel. C’est au cœur de ce que nous faisons, et je sais que nos pairs font de même. Nous allons voir nos communautés autochtones avant même de déposer une demande pour un projet, car nous voulons être sûrs qu’elles connaissent nos plans d’emblée, afin d’obtenir leur avis. C’est essentiel pour nous. Oui, nous créons des emplois, mais nous investissons aussi dans ces communautés.
Cenovus a lancé une vaste initiative en matière de logement dans les communautés autochtones, par exemple. Ces communautés nous ont dit que le logement était leur principale préoccupation, qu’il était inadéquat, qu’il tombait en ruines. Elles nous ont dit que ce n’était pas tout le monde qui pouvait se loger. Nous nous sommes engagés à verser 50 millions de dollars sur cinq ans à six des communautés les plus proches de nos projets de sables bitumineux pour la construction d’environ 200 maisons. Le coût du logement ayant légèrement grimpé, ce montant augmentera. Nous allons probablement élargir ce programme, car il est vraiment concluant. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
En ce qui concerne ces communautés autochtones ou même l’initiative en matière de logement, nous ne faisons pas que verser de l’argent pour répondre à leurs besoins; nous jumelons nos initiatives à un programme de formation pour que les membres de ces communautés puissent acquérir des compétences nécessaires. Cenovus travaille de concert avec l’organisation Indspire. Nous dépensons des milliers de dollars en bourses d’études pour que les Autochtones puissent se payer une éducation postsecondaire. Rien que l’an dernier, nous avons investi environ 50 millions de dollars dans diverses initiatives communautaires.
La sénatrice Gerba : Certains s’opposent-ils à de tels investissements?
Mme DelFrari : Un projet ne fait jamais l’unanimité, peu importe la communauté. Il y a eu de la résistance face à notre projet, mais aussi face à ceux d’énergie éolienne, d’énergie solaire et d’énergie géothermique. Je ne prétendrai jamais que nos projets font l’unanimité dans une communauté. Cela dit, nous avons bâti de solides relations de travail, ce qui nous a permis d’aller de l’avant avec tous les projets que nous avons présentés à diverses communautés au cours des dernières années. Je ne vous cacherai pas que cela demande du travail et beaucoup d’écoute. Nous avons souvent modifié nos plans initiaux après avoir consulté des communautés, parce que nous n’avions pas réalisé que certains éléments pouvaient être sensibles pour elles. Les communautés ne s’opposent pas farouchement à nos projets, mais c’est grâce à notre approche. Nous les considérons vraiment comme des voisins et des partenaires. Oui, il y aura toujours des gens qui s’opposeront à certaines choses, mais en général, nous bénéficions d’un appui important.
[Français]
La sénatrice Miville-Dechêne : Merci d’être avec nous et bravo pour vos efforts. Je vais vous poser une question un peu plus philosophique. J’ai lu qu’heureusement, vos installations ont été épargnées par les feux de forêt en Alberta; vous avez subi peu de dommages significatifs. Vous venez témoigner à Ottawa. Vous savez que la situation des feux de forêt est terrible dans l’est aussi, en partie certainement causée par le réchauffement climatique. Certains diraient que le Canada est en feu.
Face à cette situation dramatique, est-ce que cela incite Cenovus Energy à réfléchir davantage à l’accélération de sa transition? Parce qu’on produit encore du pétrole, et on augmente la production. N’y a-t-il pas là un signal indiquant qu’il faut accélérer la transition?
[Traduction]
Mme DelFrari : C’est une situation horrible. J’ai été très surprise. J’étais à Toronto cette semaine pour une conférence d’association sur l’investissement responsable. J’y ai vu la fumée, tout comme à Ottawa et à Calgary. Nos opérations ont également été affectées par les feux de forêt dans le nord de l’Alberta et dans nos communautés. Nous avons fait de notre mieux pour aider nos communautés. Nous leur avons demandé quels étaient leurs besoins et nous nous sommes mobilisés pour y répondre. À Rainbow Lake, par exemple, nous avons des opérations dans le nord de l’Alberta, et toute la communauté a été évacuée. Nos employés, nos voisins et nos communautés ont été affectés par les feux de forêt.
Nous n’avons pas besoin des feux de forêt pour comprendre que nous devons agir contre les changements climatiques. Je travaille pour cette entreprise depuis 15 ans, et nous avons toujours cherché à réduire nos émissions. Comme M. Yee l’a dit, nous avons surtout axé nos efforts sur l’intensité des émissions jusqu’à présent, c’est-à-dire la réduction des émissions par baril, car c’est ce que nous pouvons obtenir grâce à l’efficacité opérationnelle et à ce que j’appelle des ajustements. Les ingénieurs n’aimeront pas que j’utilise ce terme, mais il s’agit en fait de devenir plus efficace. Nous avons déjà apporté les améliorations nécessaires aux opérations les plus faciles à réaliser.
[Français]
La sénatrice Miville-Dechêne : À défaut de diminuer la production, ce qui serait une façon de diminuer les émissions, pouvez-vous me dire clairement — je ne sais pas si c’est par baril — quelle est la subvention que vous obtenez pour la capture de carbone par production, par baril produit? C’est quelque chose qu’on peut comprendre, parce que vous dites à quel point sans subvention, vous seriez déficitaire. Donc quelle est la proportion? Combien d’argent recevez-vous en subvention?
[Traduction]
Mme DelFrari : Nous ne recevons pas de soutien financier pour nos activités de CSC à l’heure actuelle, parce que nos projets à cet égard étaient liés à la récupération assistée du pétrole jusqu’à présent. Nous capturons le CO2 d’une installation, et il y en a plus d’une. Il peut s’agir d’un flux pur de CO2, mais ce n’est pas toujours le cas. La concentration de CO2 est très faible dans les sables bitumineux. Cela dit, la récupération assistée du pétrole permet de générer des revenus supplémentaires en vendant le baril de pétrole qu’on n’aurait pas pu vendre autrement. On ne peut pas bénéficier du crédit d’impôt à l’investissement du gouvernement pour la récupération assistée du pétrole, alors ces projets n’ont pas reçu de financement public. Cela dépend de la source, parce qu’il y en a beaucoup. Le gouvernement a peut-être investi dans certaines technologies de captage de carbone. L’installation de Weyburn que nous exploitions auparavant tirait une grande partie de son CO2 du Dakota du Nord, et je crois que le gouvernement s’est impliqué dans les activités de captage. En ce qui concerne nos projets dans les sables bitumineux, la concentration de CO2 est faible et il sera donc simplement stocké. Nous ne l’utiliserons pas. Il n’y a pas de revenu à faire avec cela. Voilà pourquoi nous parlons de partenariats gouvernementaux.
Vous avez demandé quels sont les coûts, mais ils varient d’un projet à l’autre. Nous ne les connaîtrons pas tant que nous ne commencerons pas à les intégrer dans nos plans. De façon générale, on estime qu’il en coûtera entre 800 millions de dollars et 1 milliard de dollars par million de tonnes de CO2 provenant de ces installations. Il s’agit d’une estimation élevée. Pense-t-on que le coût pourra être réduit au fur et à mesure que ces installations prendront de l’expansion? Oui. Cela dit, c’est le genre de fourchette de prix dont on parle en général avec les projets de CSC de cette ampleur.
Nous discutons présentement de la possibilité d’établir un partenariat avec le gouvernement. Nous allons investir des milliards de dollars de nos actionnaires. Nous avons déjà dépensé des milliards de dollars en améliorations environnementales au fil des ans. Nous n’avons trouvé aucun autre exemple dans le monde d’efforts massifs de décarbonisation où les entreprises prévoient investir autant d’argent de leurs actionnaires que nous le faisons avec les projets que nous proposons dans les sables bitumineux à l’heure actuelle.
[Français]
La sénatrice Verner : Madame DelFrari, vous avez mentionné tout à l’heure que l’industrie canadienne était perçue comme un chef de file mondial — le numéro 1 — selon un sondage qui venait de l’étranger. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire de quel sondage il s’agit ou avez-vous un lien Internet auquel on pourrait se référer pour aller trouver cette information?
[Traduction]
Mme DelFrari : Je ne faisais pas seulement référence à nos efforts de décarbonisation, mais aussi à notre durabilité au sens large. Nous sommes très bien classés parmi nos pairs en ce qui concerne la biodiversité, l’utilisation de l’eau, les droits de la personne, et le travail avec les communautés autochtones. J’estime qu’il est très important de tenir compte de tous ces facteurs au moment de choisir un produit. Les émissions de gaz à effet de serre sont notre plus grand défi, et nous nous y attaquons désormais. Lorsque je vais à l’étranger — je voyage parfois pour parler à nos investisseurs, à nos assureurs, etc. —, voici ce que je dis à ceux que je rencontre : « Y a-t-il d’autres pays producteurs de pétrole dans le monde qui ont un meilleur bilan en matière de durabilité, si on se fie aux objectifs de développement durable des Nations unies? » Personne n’a jamais répondu qu’il y avait un pays meilleur que le nôtre en ce qui concerne ces objectifs. Ils sont toujours d’accord pour dire que le Canada est au sommet du classement et que le seul défi de notre secteur des hydrocarbures demeure nos émissions.
Maintenant que nous nous attaquons à ce problème, le reste du monde devrait prendre exemple sur le Canada pour la production d’hydrocarbures, car nous avons pris des engagements en matière de décarbonisation, de droits de la personne, de biodiversité, etc. J’ai plusieurs études avec moi, et je serai heureuse de vous les distribuer, parce que je les trouve très intéressantes. Nous serons heureux de vous donner plus de détails à ce sujet. Pour être franche, il y a de quoi être fier de ce secteur. Il a fait des progrès considérables sur ces divers facteurs au fil des ans. Les autres pays le reconnaissent. Maintenant que nous nous attaquons davantage aux émissions de gaz à effet de serre, les autres pays producteurs de pétrole devraient se méfier. J’ai vraiment l’impression que nous sommes là pour de bon.
[Français]
La sénatrice Verner : C’est rafraîchissant de vous entendre. Vous êtes chef du développement durable au sein de Cenovus Energy, mais dans quelle proportion diriez-vous que vous investissez dans les énergies renouvelables? J’aurais une question complémentaire à vous poser par la suite.
[Traduction]
Mme DelFrari : Nous ne sommes pas des experts en énergie éolienne ou solaire. Nous achetons de l’électricité éolienne et solaire pour compenser une partie de nos émissions de portée 2, c’est-à-dire les émissions que nous ne pouvons pas contrôler, mais ce n’est pas un élément majeur de notre plan d’affaires. Il se peut que nous l’envisagions à un moment donné. Cela dit, nous croyons qu’il existe des entreprises expertes en énergie éolienne et solaire, et que ce sont elles qui devraient développer ce type d’énergie. Nous envisageons absolument d’autres solutions complémentaires. Par exemple, le captage de carbone peut être une activité commerciale. Nous avons une expertise à cet égard. Nous pourrions être en mesure de fournir ce service à d’autres entreprises. Nous nous y connaissons en carburants renouvelables. Nous produisons déjà de l’éthanol que nous vendons à la Colombie-Britannique, entre autres. D’autres projets de carburants renouvelables pourraient compléter notre expertise. Par contre, notre entreprise ne s’intéresse pas aux énergies renouvelables pour le moment. Je sais que certains de nos pairs le font.
Lorsque je parle de développement durable, il ne s’agit pas seulement d’énergie éolienne et solaire. On peut penser à l’énergie géothermique ou aux petits réacteurs modulaires, par exemple. Ces initiatives sont complémentaires aux nôtres. Pour moi, le développement durable signifie produire des hydrocarbures de la façon la plus durable possible. Nous en aurons encore besoin pendant des décennies.
[Français]
La sénatrice Verner : Vous avez conclu un partenariat dans la région de l’Asie-Pacifique avec la compagnie CNOOC pour fournir de l’énergie solaire pour les 25 prochaines années.
Avez-vous un projet semblable au Canada? J’ai cru voir passer une entente ou un projet avec une compagnie des Premières Nations, à Cold Lake, pour produire de l’énergie solaire. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ce sujet?
[Traduction]
Mme DelFrari : Oui, vous avez raison. Vous avez fait vos devoirs. Nous avons proposé une initiative d’énergie solaire dans le cadre de nos opérations dans la région de l'Asie‑Pacifique. C’est davantage pour nos propres opérations, cela dit, pas nécessairement pour vendre de l’électricité au réseau.
En ce qui concerne les Premières Nations de Cold Lake — vous faites référence à Elemental —, il s’agit d’une entente d’achat d’électricité. Les Premières Nations de Cold Lake, qui sont l’une des principales communautés avec lesquelles nous travaillons en partenariat, et ce fournisseur d’énergie solaire réalisent le projet eux-mêmes. Nous, nous achetons l’électricité et l’injectons dans le réseau pour les encourager. Ces projets ne peuvent aller de l’avant s’il n’y a pas de partenaire comme nous qui signe une entente à long terme pour payer l’électricité. C’est ainsi que nous envisageons les énergies renouvelables : nous ne sommes pas responsables des projets, mais nous les encourageons en signant ce type d’entente à long terme. Cela dit, le projet est présentement confronté à des problèmes réglementaires. Je me contenterai de dire cela. Nous sommes à la recherche d’autres projets similaires.
L’autre chose dont on ne parle jamais — et dont on devrait parler —, c’est qu’il y a des panneaux solaires un peu partout sur la plupart de nos sites, parce qu’ils se trouvent dans des régions éloignées et ne sont donc souvent pas reliés au réseau électrique. Nous utilisons de l’énergie solaire partout. Nous utilisons même l’énergie solaire pour réduire nos émissions de méthane dans la mesure du possible. Nous n’avons pas parlé de méthane aujourd’hui, mais nous sommes fiers de nos activités dans ce domaine. Dans les régions rurales de l’Alberta, l’énergie solaire n’est pas idéale en hiver, alors elle ne peut pas être la seule source d’énergie. Par contre, nous y avons amplement recours. Nos sites comprennent des milliers de panneaux solaires.
[Français]
La sénatrice Verner : Merci.
[Traduction]
La présidente : Chers collègues, nous nous étions entendus pour lever la séance à 10 heures, mais il y a beaucoup de questions. Les témoins pourraient-ils rester avec nous 15 minutes de plus? Merci beaucoup.
J’ai une brève question pour vous, madame DelFrari. Alliance Nouvelles voies regroupe 95 % des producteurs de pétrole au Canada, mais nous savons que notre pétrole est exporté aux États-Unis, car c’est là où se trouvent les raffineries.
Mme DelFrari : Il y en a quelques-unes au Canada, mais oui, elles sont surtout aux États-Unis.
La présidente : Elles sont surtout aux États-Unis.
Mme DelFrari : Oui.
La présidente : Vous dites que le monde va vouloir se procurer du pétrole canadien. Or, si ce pétrole est exporté aux États-Unis, les Américains le vendent-ils en stipulant qu’il s’agit de pétrole canadien, ou bien le mélangent-ils au pétrole de toutes les autres nations? Ils importent du pétrole d’un peu partout. Mélangent-ils notre pétrole à celui des autres pays pour le vendre comme carburéacteur, par exemple? Comment le client sait-il qu’il achète du pétrole canadien propre et durable?
Mme DelFrari : C’est un défi pour tous les produits de base. Vous avez raison de dire que si vous faites le plein de diesel ou d’essence, dépendamment du type de véhicule que vous avez, vous ne savez pas où ce pétrole a été produit à l’heure actuelle. Il n’y a pas d’affiche sur les pompes indiquant que ce pétrole vient d’ici. Je parlais plutôt de l’avenir. Nous pouvons agir à cet égard dès maintenant. Nous pouvons envoyer notre pétrole dans une raffinerie choisie. C’est ce à quoi je pense lorsque nous décarbonisons notre pétrole, alors que nous cherchons à atteindre une production à émissions nulles. Une raffinerie devrait être en mesure — ce n’est que fabulation pour le moment — d’acheter ce pétrole et de vendre ce produit à un prix plus élevé aux clients qui veulent du pétrole à faible émission.
Je peux vous donner un exemple concret qui n’a rien à voir avec le pétrole. Dans le cadre de notre production d’éthanol, par exemple, nous utilisons des céréales pour créer de l’éthanol qui est ensuite mélangé à d’autres carburants pour réduire les émissions de portée 3, car l’éthanol mélangé à d’autres carburants produit moins d’émissions lorsqu’il est brûlé dans un véhicule. Nous avons deux usines, une à Lloydminster et l’autre à Minnedosa, au Manitoba. Notre usine de Lloydminster dispose déjà d’un système de captage et de stockage du carbone. Nous capturons les émissions de cette usine. Nous prévoyons d’instaurer le même système à Minnedosa. Ces projets font partie de notre plan d’affaires quinquennal immédiat parce que l’éthanol nous permet de générer plus de revenus. Nous pouvons obtenir un prix plus élevé pour l’éthanol lorsqu’il provient d’une usine équipée d’un système de captage et de stockage du carbone.
L’idéal serait d’avoir la même vision pour les produits pétroliers ordinaires à l’avenir. Je sais qu’il existe des projets de gaz naturel liquide. Là encore, il s’agit d’un secteur niché pour le moment, mais puisqu’on a reconnu officiellement que ce produit génère moins de carbone, les producteurs peuvent désormais le vendre à un prix plus élevé. C’est quelque chose que nous envisagerons à l’avenir, surtout étant donné les discussions sur les taxes carbone à la frontière et les ajustements, entre autres. Il reste beaucoup de pain sur la planche, mais il est possible de suivre le trajet de notre pétrole depuis notre installation jusqu’à une raffinerie aux États-Unis. Le raffineur pourrait ensuite vendre ce produit à des entreprises qui recherchent surtout du pétrole à faible teneur en carbone. Nous possédons nous-mêmes cinq raffineries aux États-Unis, dont trois que nous exploitons.
La présidente : Merci beaucoup.
La sénatrice Greenwood : Je vous remercie, chers témoins, de vos exposés des plus éclairants. Je suis ici aujourd’hui en remplacement d’un autre sénateur, ce qui me donne le privilège de vous entendre.
J’ai une question à vous poser, madame DelFrari. Le Bureau de la concurrence du Canada a dit le 11 mai qu’il mène une enquête pour déterminer si Alliance Nouvelles voies, un groupe de producteurs de sables bitumineux qui comprend Cenovus Energy, a induit la population en erreur avec sa campagne de publicité. Par conséquent, le commissaire de la concurrence a entamé une enquête formelle sur certaines pratiques commerciales d’Alliance Nouvelles voies. L’enquête cherche précisément à déterminer les faits liés aux allégations voulant qu’Alliance Nouvelles voies ait enfreint la loi en faisant des déclarations fausses ou trompeuses. Trois groupes environnementaux se sont plaints au bureau en mars au sujet de la campagne d’Alliance Nouvelles voies « Mettons ça au clair » qui promouvait le plan des producteurs d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Les environnementalistes ont affirmé que la revendication de carboneutralité de la coalition était trompeuse puisque 80 % des émissions associées au pétrole et au gaz naturel sont attribuables à la combustion, et non pas à l’extraction initiale sur laquelle Alliance Nouvelles voies met l’accent. Pouvez-vous nous parler de ces allégations de déclarations trompeuses?
Mme DelFrari : Oui. Le processus entourant ces allégations est en cours. Vous avez raison de dire que les émissions de portée 3 ou l’utilisation de notre produit sont au cœur de l’enjeu. Je suis persuadée que, si vous siégez à ce comité, vous avez suivi de près la discussion sur le climat et sur le terme « carboneutralité » et son sens. Certains groupes avancent qu’on ne peut employer le terme « carboneutralité » à moins de faire référence à tout le cycle, de la production pétrolière à l’utilisation finale. Nous avons indiqué très clairement dans nos documents, par l’entremise d’Alliance Nouvelles voies, sur notre site Web et ailleurs, que nous parlons d’éliminer les émissions de portée 1 et 2 — c’est-à-dire les émissions directes et indirectes provenant de nos activités — et que nous ne parlons pas des émissions de portée 3. Les autorités examinent si nous avons été clairs. Avons-nous été clairs à ce sujet? Nous croyons que nous avons été limpides, et c’est constamment le message que nous communiquons. Nous disons que nous éliminons les émissions de nos activités, et non pas de l’utilisation finale. Nous prenons de nombreuses mesures — Cenovus et le groupe en entier — pour diminuer les émissions de l’utilisation finale. En ce moment, nous nous attaquons aux émissions de portée 1 et 2, que nous pouvons contrôler directement.
La sénatrice Greenwood : Je trouve les circonstances auxquelles vous devez faire face très intéressantes : vous devez composer avec les investisseurs, comme vous nous l’avez décrit aujourd’hui, ainsi qu’avec la crainte de perdre des investisseurs. Si vous ne faites pas d’argent, ils n’investiront pas dans vos activités. Ce doit être complexe de faire face à ces circonstances lorsqu’on pense à l’environnement, aux groupes avec lesquels vous interagissez — en particulier les Premières Nations, les Inuits et les Métis de notre pays — et le territoire que nous partageons tous. Ce doit être difficile. Il s’agit d’orientations philosophiques fort différentes à l’égard de ce défi ou de cette réalité entourant le territoire, les investissements et les personnes. Personnellement, je suis d’avis que, sans territoire, aucun investissement n’est possible. Est-ce qu’un des deux témoins aimerait formuler des commentaires à ce propos?
Mme DelFrari : Il est intéressant que vous posiez cette question aujourd’hui même parce que, après cette réunion, je vais aller rejoindre une délégation de la Coalition de grands projets des Premières Nations. Ce sera une réunion regroupant divers intervenants à Ottawa pour discuter du désir des communautés des Premières Nations. Les intervenants sont ici pour discuter précisément d’un potentiel programme national de prêts, ce qui est formidable, mais l’objectif central de la coalition est d’aider les communautés des Premières Nations à promouvoir le développement énergétique. L’initiative implique différents types d’énergie : certains sont des projets d’énergie géothermique dans lesquels elles investissent, alors que d’autres sont des projets de pétrole et de gaz naturel conventionnels.
Nos communautés autochtones disent qu’elles se soucient profondément du territoire, et que toute activité humaine a une incidence sur le territoire — toutes les activités humaines. L’extraction pétrolière et gazière ne fait certainement pas exception. Voilà pourquoi nous prenons grand soin de ne rien faire dans l’industrie pétrolière et gazière sans d’abord prévoir un plan pour remettre la terre dans l’état dans laquelle elle se trouvait avant même notre présence. Avant de lancer nos activités, nous récoltons des graines, en collaboration avec des entreprises de Premières Nations, et nous les conservons dans une banque de semences. Nous prenons des échantillons de sol à ses différentes couches et nous le conservons afin de savoir comment le remettre sur les lieux. Voilà des mesures que notre secteur réalise avec brio afin de prendre soin du territoire.
Ici encore, tout type de projet d’exploitation attire de l’opposition, et il faut déterminer le bien commun pour la communauté locale, la compagnie, le Canada et vos investisseurs. Vous avez raison de dire qu’il s’agit de trouver un juste milieu. Je crois que, à l’heure actuelle, pour trouver un des points d’équilibre et le point de bascule de la décarbonation, il faut s’intéresser aux investisseurs en particulier — le premier élément que vous avez mentionné — et dire aux compagnies : « Nous voulons que vous investissiez et que vous dépensiez l’argent de nos investisseurs. La gouvernance environnementale et sociale robuste, c’est formidable, mais nous voulons un rendement de nos investissements. » Je le répète : je reviens de la conférence de l’Association pour l’investissement responsable. Je ne crois pas que les enquêteurs ont tenu compte de tous les facteurs entourant cet équilibre. N’oublions pas non plus que chaque investisseur est unique. Une de mes responsabilités consiste à trouver cet équilibre. Je sais que nous n’atteindrons pas le point d’équilibre si la totalité de l’argent de nos actionnaires est investie dans les projets valant des milliards de dollars. Je sais que ce n’est pas l’équilibre recherché.
M. Yee : Je souscris tout à fait à ce que Mme DelFrari a dit tout à l’heure. Je veux ajouter que ce n’est pas seulement vrai pour le territoire. Nous collaborons aussi avec les peuples autochtones sur les questions de l’eau et de l’air pour les communautés. Bien souvent, ce sont nos voisins. L’industrie in situ utilise une infime partie du territoire en surface, qui représente seulement une petite portion du projet. L’utilisation s’élève habituellement de 5 à 10 % du projet. Nous menons certainement beaucoup de consultations avant d’entamer le projet, et nous tenons aussi compte de la recommandation qu’a mentionnée Mme DelFrari tout à l’heure. Je voulais simplement ajouter ces éléments. Merci.
La présidente : Monsieur Yee, pouvez-vous me rappeler de combien de barils d’eau vous avez besoin pour produire un baril de pétrole? À mon époque, il y a 20 ans, lorsque j’étudiais la question à l’Université McGill, il fallait quatre barils d’eau par baril de pétrole. A-t-on réduit cette proportion?
M. Yee : Je parle des activités qui se font sur place. Il y a aussi le volet minier. Pour les activités sur place, la situation a beaucoup changé depuis l’époque où vous connaissiez bien le secteur. Nous avons mis au point une technologie exclusive du recyclage de l’eau. De nos jours, pour la plupart des projets, nous recyclons au moins 90 % de l’eau qui revient du réservoir. Cela représente, pour l’ensemble de l’industrie, 0,2 baril d’eau douce par baril de bitume produit. Chez la compagnie pour qui je travaillais auparavant, MEG Energy Solutions, nous avions réduit cette quantité à 0,1 baril d’eau par baril de bitume produit. Merci.
La présidente : Oui, merci.
La sénatrice Batters : Je vous remercie tous deux de participer à notre réunion d’aujourd’hui pour nous faire part de cette importante perspective sur le sujet.
Madame DelFrari, dans votre déclaration de tout à l’heure, vous avez affirmé appuyer une taxe sur le carbone comme celle dont l’Alberta s’est dotée pour les émetteurs industriels. Bien entendu, avec la taxe sur le carbone de Cenovus — puisque vous la payez —, vous pouvez transférer le coût aux consommateurs. Or, avec la taxe sur le carbone du gouvernement Trudeau, les consommateurs qui la paient ne sont pas en mesure de transférer le coût à quiconque. Ils doivent eux-mêmes essuyer ce coût. Puis, la somme est ajoutée au Trésor public, ce que vous avez qualifié de scénario peu idéal. Vous avez aussi parlé de « taxe sur le carbone conçue judicieusement ». Je suppose qu’une taxe sur le carbone dont les versements se retrouvent dans les coffres du gouvernement fédéral ne correspond pas à votre définition d’une taxe judicieuse. Pourriez-vous approfondir cette distinction?
Mme DelFrari : En tant que producteurs pétroliers, nous ne pouvons transférer les taxes supplémentaires aux consommateurs parce que nous vendons notre produit sur le marché général sous forme de denrée. Nous sommes donc un preneur de prix. Nous n’avons pas le loisir de dire : « J’ajoute 2 $ supplémentaires au prix de notre baril de pétrole. » Nous devons accepter le prix du pétrole offert dans le marché libre. Contrairement au secteur du détail, nous n’avons pas l’option de transférer ainsi des coûts supplémentaires aux consommateurs.
Je ne suis pas experte sur la taxe sur le carbone pour la population générale. Chez Cenovus, nous appuyons cette taxe depuis de nombreuses années. Nous sommes devenus une compagnie indépendante en 2009, et c’est un des premiers messages que nous avons communiqués, car nous savions que c’était un sujet d’actualité à l’époque. Lorsque je parle d’une taxe efficace, je fais vraiment référence à l’efficacité des efforts de décarbonation. Cela signifie que, si on impose une taxe précisément sur le carbone, il faut ensuite rediriger les sommes vers des efforts pour faire avancer la technologie de décarbonation. C’est ainsi que le gouvernement de l’Alberta a conçu son fonds à l’heure actuelle.
Au sujet des mesures punitives et incitatives — ce dont on entend beaucoup parler, surtout au sud de la frontière où des mesures incitatives très prometteuses sont offertes pour la décarbonation —, je m’inquiète du fait que les possibilités offertes aux États-Unis pour favoriser les projets de décarbonation — et les Américains brandissent davantage la carotte que le bâton — feront considérablement augmenter le besoin de main-d’œuvre pour réaliser ces projets. Pour la construction seulement du projet structurant de captage et de stockage de CO2 d’Alliance Nouvelles voies, il faudra compter de 25 000 à 35 000 emplois. C’est énorme. Le prochain essor se fera du côté des projets de décarbonation.
Nous devons nous atteler à la tâche, parce que nous assistons actuellement à un exode de ces emplois vers les États-Unis. On favorise la mise en chantier immédiate de ces projets étant donné les mesures incitatives offertes chez nos voisins. Nous ne pouvons pas accuser de retard, puisque, ici encore, la date butoir de 2030 pour réaliser les objectifs du gouvernement et de notre industrie arrive à grands pas. Nous devons franchir les étapes de notre régime de réglementation, et nous devons commencer à acquérir des matériaux et les technologies pour capter le dioxyde de carbone. Personnellement, je m’inquiète quant à la capacité d’attirer des travailleurs ici parce que ces projets vont accaparer le marché de l’emploi. Il faut tout un éventail de travailleurs. Les projets de décarbonation exigent des emplois de la construction, qui sont aussi des professions spécialisées.
La sénatrice Batters : Tout à fait. Je viens de la Saskatchewan et je suis très au fait de la renonciation dans les projets de captage et stockage de CO2 à Estevan.
En outre, ce matin, vous avez affirmé — en employant d’autres mots — que, idéalement, nous serions récompensés pour nos produits, qui sont ceux qui émettent le moins de carbone. Ressentez-vous de la frustration lorsque vous déployez ces efforts sincères et considérables pour réduire votre empreinte carbone et que vous prenez l’enjeu au sérieux, mais que, simultanément, votre industrie est diffamée parce qu’on l’accuse de produire du pétrole sale qui tue la planète et d’être coupable d’autres maux semblables? Nous entendons ces accusations dans bien des cercles, y compris, avouons-le, de la part du ministre de l’Environnement actuel qui est un ancien activiste écologiste. Trouvez-vous que, dans certains cercles, on vous attribue le mérite approprié pour vos efforts soutenus?
Mme DelFrari : Pour être juste, je dois dire que notre industrie doit assumer une part de la responsabilité de n’avoir pas su suffisamment parler de nos efforts. Oui, c’est frustrant. Nos employés se donnent cœur et âme. Je me rends sur les lieux et je leur parle; ils sont extrêmement frustrés de se faire accuser de produire du pétrole sale alors qu’ils savent qu’ils font tout leur possible pour protéger l’environnement et contribuer à nos communautés. C’est d’autant plus frustrant pour nos employés. Je trouve la situation frustrante pour moi aussi, mais je me dis qu’elle est attribuable à un manque de sensibilisation. Beaucoup d’information qui circule est inexacte. Nous aurions dû mieux communiquer nos efforts au fil des ans, mais notre industrie est composée — je vais maintenant insulter les ingénieurs dans la salle — d’une panoplie d’ingénieurs dont l’attitude était de dire : « Nous faisons la bonne chose. Pourquoi aurions-nous à nous époumoner pour en convaincre autrui? Nous savons que nous faisons la bonne chose. » Or, le fait de bien agir sans en informer la population nous a nui. Voilà pourquoi vous nous voyez maintenant davantage prendre la parole publiquement. Je crois que c’est notre fierté pour nos efforts qui nous pousse à le faire. Nous savons que nous sommes les producteurs les plus responsables au monde, et il faut que les gens le comprennent.
Un grand nombre d’études mondiales, en particulier celles portant sur les émissions de gaz à effet de serre, posent problème, car elles s’appuient sur de nombreuses hypothèses. Le Canada figure au quatrième rang de la production pétrolière dans le monde. Les trois pays en tête de liste sont l’Arabie Saoudite, le Venezuela et l’Irak. Nous ne recensons pas de données de ces pays comme nous en obtenons de notre pays et de notre industrie. Nous mesurons nos émissions directement à l’usine, alors nous connaissons les chiffres. Ils sont vérifiés. Une étude de Standard and Poor Global démontre que le Canada fait, de loin, les déclarations d’émissions les plus rigoureuses au monde. Les émissions provenant des autres pays s’appuient sur beaucoup de suppositions. Je crois que, si on s’appuyait sur des suppositions exactes, le Canada n’aurait pas le titre de plus grand émetteur au monde. En fait, malgré ces suppositions, la production de Cenovus est comparable à celle des autres. Nous avons coopéré avec les chercheurs qui réalisent certaines des études citées sur la scène internationale. Nos grandes installations de sables bitumineux sont tout à fait comparables à la moyenne mondiale.
Le sénateur Massicotte : Je suis ravi d’entendre votre dernière réponse. Vous avez dit que vos activités sont mesurées et vous avez parlé d’enjeux éthiques et environnementaux, mais où se situaient vos niveaux de CO2, disons, il y a cinq ans? Quel est votre bilan actuel en matière de CO 2? Vous dites qu’il s’inscrit dans la moyenne internationale, y compris par rapport aux projets de sables bitumineux en Californie et ailleurs?
Mme DelFrari : Oui. Les projets californiens génèrent beaucoup plus d’émissions que notre production canadienne dans les sables bitumineux.
Les projets de sables bitumineux varient grandement en matière d’intensités d’émissions. Nous parlons maintenant d’intensité d’émissions par baril. Cenovus fait du drainage par gravité au moyen de vapeur, ou DGMV, in situ depuis plus longtemps que tout autre joueur dans le secteur, et nous avons commencé il y a à peine 20 ans environ. C’est encore un nouveau secteur. Nos émissions sont les plus faibles. Certains pairs de la région génèrent aussi peu d’émissions.
Nous collaborons avec les chercheurs des États-Unis qui mènent ces études mondiales. Alors que nous leur fournissons plus de renseignements, ils se rendent compte qu’ils font gravement fausse route avec leurs hypothèses. Ils finissent par se dédire et admettre que nous avons raison et que nos émissions sont tout à fait comparables aux autres projets.
Le sénateur Massicotte : Notre densité d’émissions de CO2 au Canada, tous produits confondus — pour le pétrole lourd et léger — figure-t-elle dans la moyenne?
Mme DelFrari : Je parle de nos installations. Si on tient compte de toutes les installations de sables bitumineux — rappelez-vous que certaines d’entre elles sont plus vieilles et qu’elles émettent différentes quantités d’émissions. En moyenne, les émissions du secteur des sables bitumineux sont encore un peu plus élevées que la moyenne mondiale, quoique les études qui font les calculs s’appuient sur de nombreuses suppositions imparfaites. Certaines ne tiennent même pas compte du méthane. Certaines études n’incluent même pas le méthane.
Le sénateur Massicotte : Qu’en est-il des usines récentes qui ont été construites dans les cinq dernières années?
Mme DelFrari : Toutes les nouvelles usines génèrent sans contredit des émissions plus faibles, parce qu’on y utilise de la technologie de pointe.
Le sénateur Massicotte : Dans quelle mesure le premier rang mondial pour les émissions de CO2 est-il à notre portée?
Mme DelFrari : Pour répondre, il faudrait que je fasse confiance aux autres données, et je ne pense pas les trouver fiables. Au fur et à mesure que les données s’amélioreront, et alors que la surveillance du méthane, en particulier, par satellite s’améliorera, notre vision de la moyenne mondiale changera radicalement.
Le sénateur Massicotte : Pourrions-nous obtenir le rapport?
Mme DelFrari : Oui. Je vous enverrai aussi le rapport.
Le sénateur Massicotte : Nous pourrons comparer la densité.
Mme DelFrari : Je vous enverrai quelques rapports.
Le sénateur Massicotte : C’est très bien.
La présidente : Voilà qui met fin à notre séance d’aujourd’hui. Je remercie nos témoins. Merci au personnel de ce comité qui nous permet de réaliser un travail impeccable.
(La séance est levée.)