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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 30 octobre 2025

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 8 h 03 (HE), avec vidéoconférence, pour examiner, afin d’en faire rapport, le problème grandissant des feux de forêt au Canada et les effets que les feux de forêt ont sur les industries de la foresterie et de l’agriculture, ainsi que sur les communautés rurales et autochtones, à l’échelle du pays.

Le sénateur John M. McNair (vice-président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Bonjour tout le monde. Je m’appelle John McNair et je suis vice-président du comité. Je souhaite la bienvenue aux membres du comité, à nos témoins et à toutes les personnes qui suivent cette réunion sur le Web.

Je tiens d’abord à souligner que les terres sur lesquelles nous sommes réunis se trouvent sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinabe.

Avant d’entendre nos témoins d’aujourd’hui, j’aimerais commencer par demander aux sénateurs de se présenter.

La sénatrice Martin : Bonjour. Yonah Martin, de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Varone : Toni Varone, de l’Ontario.

La sénatrice Robinson : Mary Robinson, de l’Île-du-Prince-Édouard.

La sénatrice McBean : Marnie McBean, Ontario.

La sénatrice Sorensen : Karen Sorensen, Alberta.

La sénatrice Muggli : Tracy Muggli, territoire du Traité no 6, Saskatchewan.

Le vice-président : Je vous remercie.

Je prie tous les sénateurs de bien vouloir consulter les fiches qui se trouvent sur la table pour prendre connaissance des consignes visant à éviter les incidents de retour sonore. Veuillez vous assurer de toujours garder votre oreillette loin de tous les micros. Ne touchez pas le micro; il sera activé et désactivé par l’opérateur de la console. Veuillez éviter de manipuler votre oreillette lorsque votre micro est activé. Vous pouvez soit la garder sur votre oreille, soit la placer sur l’autocollant prévu à cet effet.

Aujourd’hui, le comité poursuit son étude sur le problème grandissant des feux de forêt au Canada et des effets qu’ils ont sur la foresterie et l’agriculture dans leur ensemble.

Pour notre premier groupe de témoins, nous avons le plaisir d’accueillir Nicola Cherry, professeure émérite à l’Université de l’Alberta, et Claire M. Belcher, professeure spécialisée en incendies de forêt et directrice du laboratoire wildFIRE à l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni. De la Fédération canadienne de l’agriculture, nous accueillons Jill Verwey, première vice-présidente, et Maria Alkayed, gestionnaire de la durabilité de l’environnement et des affaires réglementaires. Nous vous remercions toutes d’avoir accepté de comparaître devant notre comité.

Chacune d’entre vous disposera de cinq minutes pour présenter sa déclaration liminaire. Ensuite, les sénateurs pourront poser des questions.

Madame Cherry, vous avez la parole.

Nicola Cherry, professeure émérite, Université de l’Alberta, à titre personnel : Je vous remercie. C’est un plaisir d’être ici et de constater que le Canada prend au sérieux l’effet des feux de forêt, en particulier dans mon domaine, à savoir les pompiers qui se rendent sur le terrain et tentent de maîtriser les incendies.

Je suis sûre que vous le savez tous, mais permettez-moi de souligner que les pompiers qui luttent contre les feux de forêt sont très différents des pompiers qui luttent contre les incendies urbains, que vous connaissez sans doute mieux. Ils diffèrent à bien des égards, notamment parce qu’ils sont, dans l’ensemble, des travailleurs saisonniers qui ne travaillent que pendant la saison des incendies. Ils peuvent travailler pendant plusieurs saisons, mais ils ne sont employés que d’avril ou mai à octobre. Ils vivent la plupart du temps dans la fumée des incendies de forêt. Ils ne se contentent pas d’intervenir, d’éteindre le feu et de partir. Ils respirent la fumée des feux de forêt pendant des jours, en particulier s’ils dorment dans des camps.

La majeure partie des données dont nous disposons sur les effets de la lutte contre les incendies sur la santé des pompiers provient d’études menées sur des pompiers urbains. Ceux-ci sont exposés à des risques différents de ceux rencontrés par les pompiers forestiers. Jusqu’à récemment, nous disposions de très peu de données sur les effets de la fumée des feux de forêt sur les pompiers eux-mêmes.

Même s’ils travaillent souvent pendant de nombreuses heures ou plusieurs jours d’affilée, une différence importante entre les pompiers forestiers et les pompiers urbains réside dans le fait que, traditionnellement, les pompiers forestiers ne portent pas de protection respiratoire. Au cours des dernières années, à l’Université de l’Alberta, nous nous sommes intéressés à deux questions connexes : premièrement, y a-t-il des preuves que l’exposition répétée à la fumée des feux de forêt affecte la santé des pompiers forestiers? Je vais aborder brièvement cette question. Deuxièmement, le port d’un équipement de protection respiratoire contribue-t-il à réduire ou à atténuer les risques pour les pompiers forestiers sur le terrain?

En ce qui concerne la qualité des preuves démontrant que l’exposition affecte la santé des pompiers, qu’il s’agisse de la concentration massive de fumée, comme dans le cas de l’incendie de Fort McMurray dans le Nord de l’Alberta — exposition intense sur une période relativement courte — ou d’une exposition répétée sur une période plus longue, d’après nos observations, la réponse à ces deux questions est « oui » : une exposition massive ou une exposition répétée à des degrés moindres provoque des troubles respiratoires chroniques chez les pompiers forestiers.

C’était la première question que nous souhaitions régler pour nous-mêmes et pour la communauté des pompiers. Il ne fait aucun doute que la lutte contre ce genre d’incendie cause des dommages à long terme au système respiratoire.

La deuxième question était la suivante : pouvons-nous réduire ce risque en portant des masques? Il est important de noter que, traditionnellement, les pompiers forestiers ne portent aucun type de protection respiratoire.

Les études que nous avons menées pendant trois saisons de feux de forêt en Alberta et en Colombie-Britannique nous ont fourni des preuves solides que le port d’un masque peut réduire la quantité de substances toxiques absorbées à partir des particules. Encore une fois, la différence est minime. Il ne fait probablement aucun doute que le port d’un masque serait une bonne idée pour les pompiers forestiers. Dans l’ensemble, ils ne le font pas pour plusieurs raisons. Inutile de toutes les énumérer ici, mais ils ne le font pas principalement parce que, la plupart du temps, l’exposition sur le terrain est faible. Le port d’un masque est inconfortable; on ne peut pas les forcer par une loi d’en porter un en permanence. Ce serait déraisonnable. Ils ne pourraient pas accomplir leur travail correctement s’ils le faisaient.

Ainsi donc, sachant que l’exposition répétée à la fumée nuit à leur santé et que les masques peuvent réduire cet effet, comment pouvons-nous insister sur la nécessité de porter un masque quand les conditions sont mauvaises? D’après notre expérience, nous pensons que la meilleure façon d’y parvenir est de sensibiliser les pompiers afin qu’ils puissent décider eux-mêmes quand il est important de le faire. Je vous remercie.

Le vice-président : Merci, madame Cherry. Votre déclaration liminaire nous a beaucoup intéressés.

Madame Belcher, vous avez la parole pour votre déclaration liminaire.

Claire M. Belcher, professeure spécialisée en incendies de forêt, wildFIRE Lab, Université d’Exeter, à titre personnel : Merci de l’intérêt que vous portez aux incendies de forêt au Royaume-Uni. Nous sommes ravis d’apprendre que vous souhaitez nous entendre.

Ces dernières années ont été marquées par un changement radical dans l’activité des feux de forêt au Royaume-Uni. Cette année, le pays a connu son tout premier méga-incendie et a enregistré la plus grande superficie totale brûlée jamais enregistrée, avec près de 50 000 hectares, soit près du double du record précédent. Ces dernières années, des vagues de chaleur inhabituelles ont été observées, et celle de juillet 2022 a entraîné les premières pertes importantes de logements au Royaume-Uni, où 16 maisons ont été emportées par un incendie de forêt dans le Grand Londres.

Cette vague de chaleur a provoqué une augmentation de 21 % des incendies dans les zones agricoles, et les pertes agricoles annuelles dues aux incendies ont atteint 110 millions de livres ces dernières années. Les pertes forestières dues aux incendies de forêt au Royaume-Uni ont été minimes jusqu’à présent, bien que des événements importants se soient produits au cours des 10 dernières années. Les incendies à grande échelle au Royaume‑Uni se produisent généralement dans les landes recouvertes de tourbe. Ils ont des conséquences écologiques majeures et une incidence sur le stockage du carbone à long terme, et impactent aussi les communautés rurales par la perte de pâturages et des effets négatifs sur l’industrie touristique.

Cependant, le nombre élevé de petits incendies qui se déclarent dans les zones périurbaines du Royaume-Uni expose les personnes, les biens et les infrastructures à des risques et dangers importants. Au total, les incendies de forêt qui ont ravagé le Royaume-Uni en 2025 ont coûté environ 460 millions de livres.

L’année 2022 a servi de signal d’alarme pour tous ceux qui, au Royaume-Uni, doutaient de l’importance de la préparation aux incendies de forêt. Elle a mis en évidence l’absence de processus officiels et coordonnés qui devraient permettre une réaction proactive des services d’incendie et de secours face aux menaces à venir. Au cours des cinq dernières années, une série de mesures d’atténuation et d’adaptation positives ont été mises en place, notamment des dispositions ponctuelles qui encouragent une collaboration étroite entre les services d’incendie et de secours et d’autres organismes, notamment les services forestiers, les associations caritatives et les propriétaires fonciers privés, en cas d’incendie de forêt. En outre, le gouvernement, par l’intermédiaire de la commission forestière, a soutenu le développement d’une formation accréditée sur les incendies de forêt, renforçant ainsi la résilience du secteur de la gestion des terres.

Contrairement au Canada et aux États-Unis, le Royaume-Uni n’a pas de pompiers spécialement formés à la lutte contre les feux de forêt. Au cours des dernières années, le Fire Service College a mis sur pied une nouvelle formation certifiée sur les feux de forêt afin d’organiser les services d’incendie et de sauvetage. L’ajout le plus important est peut-être la création d’un groupe de conseillers tactiques en matière de feux de forêt. Ces conseillers tactiques peuvent être rapidement mobilisés pour fournir des conseils en matière de sécurité et de tactique aux commandants des opérations de lutte contre les feux de forêt.

Au cours de l’année dernière, le premier système britannique de prévision du comportement des feux de forêt a été mis au point et lancé sous la forme d’une application Web gratuite appelée FireInSite. C’est une équipe d’universitaires britanniques qui a créé cette application permettant de prévoir la probabilité d’inflammation et le comportement du feu susceptible de se produire selon les types de combustibles présents au Royaume-Uni. Récemment, les pompiers ont indiqué que FireInSite leur avait permis de planifier et d’allouer leurs ressources de manière très efficace lors d’incendies actifs.

Une collaboration entre le Royaume-Uni et le Canada dans le domaine des feux de forêt serait très utile. Le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales est responsable des feux de forêt au Royaume‑Uni, mais je n’ai pas connaissance, à l’heure actuelle, d’une collaboration officielle entre ce ministère et un organisme gouvernemental canadien sur les feux de forêt. La collaboration la plus ancienne dont j’ai connaissance a débuté en 1995 dans le cadre d’expériences sur les incendies de forêt dans les Territoires du Nord-Ouest canadiens. Il s’agit des seules expériences au monde menées régulièrement sur les feux de cime. De plus, des chercheurs et les services d’incendie britanniques ont établi des liens avec la National Fire Protection Association dans le but de fournir du matériel, des politiques et des stratégies de prévention des feux de forêt. Le Royaume-Uni s’est associé à des stratégies communautaires, notamment FireSmart au Canada et Firewise aux États-Unis. Au Royaume-Uni, des communautés Firewise ont été créées dans le cadre d’un protocole d’accord avec la National Fire Protection Association.

Récemment, lors d’une table ronde réunissant des chercheurs internationaux spécialisés dans les feux de forêt, notamment du Canada et des États-Unis, un ensemble d’orientations de recherche essentielles a été défini en vue d’améliorer les prévisions, la résilience et les capacités, en mettant l’accent sur nos pays. Plus précisément, il a été noté que l’élaboration de modèles et la compréhension des processus reliant la gestion des incendies et des combustibles aux émissions de fumée reposent en grande partie sur des données actuellement inexistantes ou largement obsolètes, notamment en raison du fait que les incendies ont évolué au cours des cinq dernières années.

Le Canada et les États-Unis disposent depuis longtemps de systèmes d’évaluation des risques d’incendie, tandis que le Royaume-Uni n’a mis au point que récemment le système FireInSite. Cependant, tous ces systèmes reposent sur des équations fondamentales issues de recherches scientifiques datant de plusieurs décennies. Il est nécessaire de les tester à nouveau, tant pour les écosystèmes existants qui présentent de nouveaux risques de feux de forêt extrêmes que pour les nouvelles régions qui deviennent sujettes aux incendies, si nous voulons les adapter aux défis futurs. Il a également été demandé d’inclure la prévision du risque de feux de tourbe et du comportement des feux couvants, ainsi que la prévision de la dispersion de la fumée.

Le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis disposent d’experts de premier plan dans ces domaines et, bien que tous travaillent de manière indépendante à des améliorations pour résoudre ces problèmes, une collaboration transnationale dans ce domaine permettrait de réaliser des progrès nettement plus efficaces dans ces domaines clés.

Merci.

Le vice-président : Je vous remercie pour vos observations, madame Belcher. Madame Verwey, c’est maintenant votre tour.

Jill Verwey, première vice-présidente, Fédération canadienne de l’agriculture : Je vous remercie de me donner l’occasion de vous parler aujourd’hui.

Je m’appelle Jill Verwey. Je suis première vice-présidente de la Fédération canadienne de l’agriculture, la FCA, et une agricultrice de quatrième génération qui réside près de Portage la Prairie, au Manitoba.

La Fédération canadienne de l’agriculture est la plus grande organisation agricole générale du Canada, représentant environ 190 000 familles agricoles d’un bout à l’autre du pays. C’est à la fois à titre d’agricultrice et à titre de vice-présidente de la FCA que je prends la parole devant vous aujourd’hui, animée par un profond sentiment d’urgence et de responsabilité.

L’été dernier, notre province a connu l’une des saisons de feux de forêt les plus dévastatrices depuis longtemps. Selon le Winnipeg Free Press, en juillet, près de 5 millions d’acres de terres avaient brûlé dans notre province seulement. À l’échelle nationale, cette saison a été la deuxième pire saison de feux de forêt depuis 2023.

J’ai pu constater de mes propres yeux à quel point la résilience de nos agriculteurs a été mise à l’épreuve une fois de plus lorsque, en juin dernier, les autorités sanitaires de ma province ont averti le public et les agriculteurs des risques graves pour la santé des agriculteurs et du bétail que pose l’exposition à la fumée épaisse des feux de forêt. Il a été recommandé aux agriculteurs de porter des masques N95, et le bétail présentait des signes de détresse respiratoire. On a évacué des milliers de personnes et d’animaux.

Les feux de forêt ne sont plus des événements rares. Partout au Canada, ils deviennent plus fréquents, plus intenses et plus destructeurs pour le secteur agricole. Il y a quelques années à peine, en 2022, un important feu de forêt a ravagé la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique. L’exposition à la fumée a altéré le développement des raisins, perturbant à la fois le temps des vendanges et les profils aromatiques. Cela a entraîné des répercussions à long terme sur la qualité et la commercialisation du vin dans l’une des régions viticoles les plus productives du Canada. Et ce n’est qu’un exemple récent parmi d’autres. Les effets directs des feux de forêt comprennent les dommages causés aux cultures, au bétail, aux machines et aux infrastructures. Les effets indirects peuvent être encore plus graves et dévastateurs.

Lorsque les agriculteurs sont déplacés, en particulier lorsqu’ils doivent évacuer des exploitations de haute précision, telles que des serres et des élevages, ils retrouvent souvent leurs terres dévastées. Lorsque la fumée persiste pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, elle a un impact négatif sur le rendement à la fois quantitatif et qualitatif des cultures, ainsi que sur la santé du bétail et des pollinisateurs.

Les cendres produites par les feux de forêt peuvent même avoir un effet négatif sur la santé des sols, ce qui se répercute sur les saisons subséquentes. Les agriculteurs sont en première ligne dans cette crise. En tant que gardiens de la terre, nous en ressentons fortement les effets. Nos cultures, nos animaux et nos infrastructures sont tous vulnérables. Cependant, malgré tous nos efforts, les outils sur lesquels nous pouvons compter ne sont pas à la hauteur.

Il y a lieu de créer et de maintenir un forum par lequel les provinces et les secteurs concernés, voire les pays concernés, pourront partager leurs connaissances en matière de pratiques exemplaires et de planification de la gestion des urgences agricoles en cas d’incendie de forêt.

Enfin, et surtout, les programmes actuels de gestion des risques commerciaux ne sont pas adaptés à cette nouvelle réalité. Ils ne sont pas à la hauteur lorsque les catastrophes se produisent avec une telle fréquence et une telle intensité.

Or, une occasion se présente à nous : avec le renouvellement de notre cadre stratégique quinquennal pour l’agriculture établi par le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, nous pouvons réexaminer nos programmes de gestion des risques afin de les rendre plus adaptés, prévisibles et accessibles.

Nous pouvons mettre en place un système qui reflète les défis d’aujourd’hui et nous prépare aux incertitudes de demain, un système qui protège nos agriculteurs, nos communautés rurales et notre sécurité alimentaire nationale.

Je vous remercie de m’avoir donné cette occasion de vous parler aujourd’hui. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions. Merci.

Le vice-président : Je vous remercie toutes pour vos déclarations liminaires. Nous allons maintenant passer aux questions des sénateurs.

Mesdames et messieurs les sénateurs, vous disposez de cinq minutes pour vos questions, et cela inclut les réponses.

La sénatrice Muggli : Merci à vous trois d’être présentes. Pouvons-nous poser des questions à Mme Cherry?

Le vice-président : Vous pouvez poser des questions, oui.

La sénatrice Muggli : Je n’étais pas certaine de l’interprétation.

Madame Cherry, je suis curieuse, dans le cadre de vos travaux ou de vos découvertes sur la santé mentale, en particulier l’expérience des pompiers en la matière, quelle forme cela prend-il? Y a-t-il une approche préventive recommandée pour renforcer la résilience ou assurer le suivi? Je me demande si vos travaux ou ceux dont vous avez connaissance ont pu approfondir cet aspect et comment cela se présente.

Mme Cherry : Dans le cadre de nos travaux avec d’anciens pompiers, nous avons étudié de près les aspects liés à la santé mentale des déploiements sur les lieux d’incendie. Nous avons constaté que, lorsque les services d’incendie offraient un soutien en matière de santé mentale à leurs pompiers, ces derniers subissaient moins les effets liés à leur intervention, comme la dépression et l’anxiété, que ceux qui travaillaient pour des unités qui n’offraient pas ce genre de soutien. Je pense que c’est là un résultat important de nos recherches sur le plan de la santé mentale.

Comme on peut s’y attendre, les pompiers sont également plus susceptibles de recevoir un diagnostic de stress post-traumatique que les personnes travaillant dans la communauté sans être pompiers.

Il est donc prouvé que le métier de pompier peut nuire à la santé mentale, et qu’un soutien peut réduire ces conséquences.

Dans le cas des pompiers forestiers, le message est légèrement plus complexe dans la mesure où les personnes qui se portent volontaires et celles qui sont employées comme pompiers saisonniers souffrent moins de troubles mentaux l’année où elles s’engagent, alors que, si l’on examine leur exposition cumulative sur plusieurs années, leur santé mentale est effectivement affectée. Les données relatives aussi bien aux pompiers forestiers qu’aux pompiers structurels montrent que la santé mentale est un facteur important à prendre en compte dans la mauvaise santé des pompiers.

La sénatrice Muggli : Que pourrions-nous faire pour apporter un soutien préventif adéquat en matière de santé mentale aux pompiers qui luttent contre les incendies de forêt?

Le vice-président : Madame Cherry, je me permets d’intervenir pour signaler que nous avons toujours des problèmes du côté de l’interprétation. Nous pouvons poser les questions, mais les réponses devront malheureusement être fournies par écrit. Je vous prie de m’excuser, madame. Nous n’avons pas réussi à résoudre ce problème.

La sénatrice Muggli : Je serais heureuse de recevoir une réponse écrite, oui.

J’ai une question pour Mme Belcher. Je suis ravie d’apprendre que nos pays collaborent dans la lutte contre les incendies de forêt. Pourriez-vous me parler de votre système de prévision, que vous appelez FireInSite, je crois? Je suis curieuse de connaître les indicateurs ou les données qui composent ce système de prévision.

Mme Belcher : Certainement. Merci de poser cette question. Oui, je fais partie de l’équipe qui a mis au point FireInSite. Je m’y connais assez bien.

Pour la petite histoire, le Royaume-Uni a traditionnellement utilisé les outils d’autres pays, notamment le système canadien d’indice météorologique des incendies de forêt, mais ceux-ci, bien sûr, ne sont pas adaptés à nos paysages et aux différents types de végétation qui les recouvrent.

Au cours des cinq dernières années, nous avons mené un travail intensif de collecte de données sur la teneur en humidité des combustibles typiques susceptibles de prendre feu au Royaume-Uni, sur son évolution saisonnière et sur son interaction avec les conditions météorologiques propices aux incendies, comme la sécheresse.

Nous avons également étudié les changements dans la composition chimique de ces carburants au fil des saisons et les avons intégrés dans nos modèles.

Nous estimons qu’il serait particulièrement intéressant, en ce qui concerne les écosystèmes tempérés nordiques, d’étendre certaines de nos découvertes à d’autres régions. Ce serait vraiment avantageux de collaborer avec le Canada à ce sujet également.

La sénatrice Muggli : Merci. C’est fort utile.

Mme Belcher : Si vous le souhaitez, je me ferai un plaisir de vous fournir de plus amples renseignements.

La sénatrice Martin : Merci à tous nos témoins.

J’ai des questions pour tout le monde. Je sais que mon temps est limité. Je commencerai par Mme Verwey. Lorsque vous avez évoqué le renouvellement du cadre stratégique fédéral‑provincial-territorial pour l’agriculture et la possibilité de mettre en place un système, quelle forme le système idéal prendrait-il, selon vous? Quels éléments faudrait-il prendre en compte?

Mme Verwey : Les trois éléments les plus importants seraient de disposer d’un système prévisible, réactif et rentable pour les agriculteurs.

Idéalement, pour certains des systèmes que nous avons mis en place, notamment en matière d’assurance-production et dans le cadre du programme Agri-stabilité, la situation actuelle ne permet pas de couvrir les incidents répétitifs qui entraîneraient une diminution de la couverture. Il s’agit de disposer d’un système prévisible et, surtout en ce qui concerne le programme Agri-relance, d’offrir un soutien financier immédiat aux producteurs.

Dans de nombreux cas, pour ces programmes, nous ne recevons pas les fonds immédiatement, si bien que les retards, les formalités administratives et les rapports nous lient les mains. Je crois que nous sommes actuellement à un moment où la Fédération canadienne des pompiers a mis sur pied un sous‑comité chargé d’examiner ce programme, en particulier la fréquence des catastrophes naturelles, y compris les incendies, et les recommandations que nous pourrions formuler. Nous disposerons prochainement de plus d’informations à ce sujet.

À l’heure actuelle, nous évaluons l’efficacité de tous ces programmes.

La sénatrice Martin : Bien. Des représentants se sont rendus au Parlement la semaine dernière. Nous sommes conscients des défis auxquels les agriculteurs sont aux prises. C’est un autre élément très important dont les responsables, les représentants du gouvernement et nous tous devons être conscients.

Je pense que votre témoignage aujourd’hui arrive à point nommé, alors que nous réfléchissons à la marche à suivre. De nombreux facteurs influencent le quotidien des agriculteurs, et la prévisibilité est sans aucun doute essentielle.

Je pensais aussi au bétail. Lorsque vous avez dit qu’il montrait des signes de détresse, nous pensons à évacuer les personnes, mais, sans bétail, nous n’avons plus d’industrie.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l’impact sur le bétail? Que se passe-t-il actuellement et à quoi devons-nous nous préparer?

Mme Verwey : Pour nous préparer, je pense que nous pouvons nous appuyer sur nos expériences passées et collaborer avec les autres provinces pour analyser ce qui s’est produit. Il n’y a pas si longtemps, il y a eu un immense incendie de forêt et des inondations sur la côte.

La question qui se pose est de savoir comment communiquer l’information afin de garantir la flexibilité de notre système, notre préparation et la mise en place de plans afin que les producteurs disposent des outils dont ils ont besoin pour protéger leur bétail, l’évacuer et le mettre à l’abri. Cela fait appel à de nombreux aspects logistiques.

Par ailleurs, si l’on examine la santé mentale et le bien-être des producteurs dans ce contexte, en particulier ceux qui élèvent du bétail, il y a là une dimension importante que nous devons vraiment souligner.

La sénatrice Martin : J’ai une question à laquelle Mme Cherry pourra répondre par écrit.

La semaine prochaine, nous recevrons des pompiers au Parlement, et l’Association internationale des pompiers nous a fait part de ses priorités. Je ne me souviens pas que l’accent ait été mis sur ce que nous pouvons faire pour les pompiers en ce qui concerne les incendies de forêt et leur impact sur les pompiers.

Je crois que vous avez mentionné une prise de conscience chez les pompiers et les dangers encourus. Peut-être n’en parlent-ils pas comme ils le devraient.

Je m’intéresse à votre processus de travail dans ce domaine avec les pompiers et à votre représentation de ceux qui luttent contre les incendies de forêt. Ces besoins doivent également nous être communiqués.

Il s’agit davantage d’un avis que d’une question. Compte tenu de votre collaboration avec les pompiers, je constate à quel point il est important que ces informations soient transmises aux décideurs chargés de soutenir les pompiers. Ils seront au Parlement la semaine prochaine, et je suis curieuse de savoir ce que nous aborderons avec eux lors de leur visite cette année. Merci.

La sénatrice Sorensen : Je vais revenir sur la question de Mme Martin concernant le cadre.

Ma question est la suivante : les programmes gouvernementaux actuels et les mesures de soutien mises en place par la FCA sont-ils suffisants pour aider les agriculteurs à faire face au risque d’incendie de forêt? Dans votre déclaration, j’ai cru vous entendre dire que vous travaillez là-dessus dans le cadre de cette mise à jour potentielle.

Je suis curieuse : qui élabore ce cadre? S’agit-il d’un document interne à la FCA? Vous travaillez probablement en partenariat avec vos organisations à travers le pays. Faut-il un financement pour cela? Combien de temps faudrait-il pour le mettre à jour?

Mme Verwey : En ce qui concerne plus particulièrement la programmation actuelle, il s’agit d’une collaboration entre nos associations — qui sont membres — et nos dirigeants fédéraux et provinciaux qui se réunissent chaque année avec la FCA. Nous coordonnons ce cadre et nous en discutons. Nous sommes à peu près à mi-parcours du programme, avec l’accord quinquennal que nous avons conclu.

Réévaluer certaines lacunes d’un programme qui existe depuis longtemps demandera beaucoup de travail. Nous y travaillons et nous avons des gens qui comprennent bien les programmes et leurs lacunes pour l’avenir.

Je pense qu’en ce qui concerne la réponse aux catastrophes naturelles, dans l’état actuel des choses, il est clair que, malgré l’aide disponible, les producteurs ont probablement l’impression de ne pas savoir en quoi consistent ces programmes. Il y a ensuite la question de la rapidité d’accès à ces fonds.

L’enjeu tient en partie au fait d’essayer de créer un programme au moment où un nouvel incident se produit. Je pense que, pour avoir un programme résilient et pérenne, il faut disposer de programmes prêts à être utilisés ou mis en œuvre immédiatement, sans avoir à les développer.

Il faut diffuser l’information et nous assurer que ces programmes sont disponibles. Je prendrai l’exemple de la sécheresse pour illustrer l’accès à l’alimentation animale : comme cela s’est déjà produit, je pense que les provinces et le gouvernement fédéral disposent d’un outil qu’ils peuvent mettre en œuvre immédiatement si cela se reproduit.

Si l’on compare cela aux incendies de forêt naturels — si l’on regarde l’ensemble du pays —, il est vraiment important de disposer d’un outil que l’on peut mettre en œuvre rapidement afin de pouvoir réagir rapidement.

La sénatrice Sorensen : Je trouve intéressant d’y réfléchir. Je vis dans le parc national Banff et les incendies de forêt sont gérés par des agences, qu’elles soient fédérales ou provinciales. Je pense que, normalement, une agence fédérale, provinciale ou territoriale intervient pour donner des orientations.

Quand je pense à ces gens qui vivent sur ces fermes — et je sais que les agriculteurs sont très doués pour s’unir et s’entraider —, peut-être que ce n’est pas le cas dans tout le pays, mais y a-t-il une province ou un territoire qui, selon vous, a mis en place une sorte de modèle pour comprendre comment un incendie se propage, d’où il vient et ce qu’il est susceptible de faire?

Nous disposons de toute cette information. Nous savons très clairement comment un incendie va se comporter, mais je n’avais jamais vraiment réfléchi à cela dans ce contexte.

Mme Verwey : Je vais poser la question à Maria Alkayed. Elle dispose peut-être d’informations supplémentaires à ce sujet.

Maria Alkayed, gestionnaire, Durabilité de l’environnement et affaires réglementaires, Fédération canadienne de l’agriculture : Merci, madame la sénatrice. Juste une petite précision au sujet des programmes de gestion des risques pour les entreprises, ceux-ci sont généralement gérés par les gouvernements fédéral et provinciaux.

En ce qui concerne la propagation des incendies et la disponibilité de données à ce sujet, à notre connaissance, il n’y a pas d’information propre à l’agriculture. Lorsque des incendies se déclarent, nous nous appuyons sur les données fournies par les provinces ou le gouvernement fédéral concernant leur propagation et leur déplacement. Nous sommes donc dans la même situation que les autres secteurs à cet égard, si j’ai bien compris la question.

La sénatrice Sorensen : Oui. Merci beaucoup.

La sénatrice Robinson : Ma question s’adresse à la vice‑présidente Jill Verwey. Madame Verwey, pouvez-vous nous parler de l’échange d’information et de la communication entre les provinces et le gouvernement fédéral avant et après une catastrophe? La sénatrice Sorensen a déjà posé cette question.

Collectivement, tirons-nous tous les enseignements possibles de ces événements catastrophiques afin de mieux orienter et établir des mécanismes d’intervention pour faire face à l’augmentation assurée de l’intensité et de la fréquence des événements météorologiques, comme nous l’entendons sans cesse? Je me demande simplement comment se passe l’échange d’information entre le gouvernement fédéral et les provinces.

Mme Verwey : Grâce à notre association, nous bénéficions d’une forte collaboration entre les provinces. L’information est également communiquée à l’échelle fédérale. Je pense que c’est l’avantage de l’organisation collective, qui rassemble toutes ces provinces afin d’obtenir cette information. Peut-on faire mieux? Je pense qu’il y a toujours matière à amélioration pour être mieux préparé.

Il est certain que nous connaissons les pratiques exemplaires. Je préconiserais la collaboration, et le fait de disposer de ces informations en un seul endroit nous renforcerait en tant qu’industrie, car nous aurions un point de référence.

Il s’agit avant tout de disposer dorénavant des bons outils comme producteur et de savoir ce qui est disponible.

La sénatrice Robinson : Pouvez-vous nous parler de l’importance du financement destiné à la gestion des risques pour les entreprises, sans trop entrer dans les détails chiffrés? Il est certain que nous avons constaté une augmentation des sommes consacrées à l’agriculture, tant en raison de l’inflation que de la croissance. Nous avons constaté une forte croissance dans le secteur. Je me demande simplement si le niveau de financement a augmenté en conséquence, parallèlement à ces deux facteurs, et comment se situe le financement des agriculteurs canadiens par rapport à celui de leurs homologues américains. Par exemple, si nous regardons du côté des États-Unis, il y a le Farm Bill américain. Par rapport à nos concurrents, les producteurs canadiens bénéficient-ils d’une couverture comparable à celle des agriculteurs américains?

Mme Verwey : Ma première réponse serait « non ». Du point de vue de l’avantage concurrentiel, par rapport à nos voisins du Sud et à nos concurrents internationaux — car nous sommes des exportateurs mondiaux —, je pense que l’agriculture est nettement en retard par rapport à nos concurrents.

En ce qui concerne les chiffres réels, je m’en remettrais probablement à Maria Alkayed. Nous sommes nettement en retard si l’on considère la contribution réelle de l’agriculture au PIB de notre pays. Je pense que les mentalités sont en train de changer. Je peux m’appuyer sur nos efforts pour sensibiliser des personnes comme vous et nos députés à l’importance et à la valeur de l’agriculture au Canada et à la nécessité d’un changement. Les agriculteurs ont clairement besoin de plus de soutien, surtout dans les domaines de l’innovation et de la recherche, ce qui permettrait de disposer des outils adéquats dans des cas comme celui-ci. Nous avons besoin de cet investissement.

La sénatrice Robinson : Il s’agit plutôt d’une question à laquelle vous pourrez répondre par écrit ultérieurement : vous avez mentionné qu’un comité a été créé pour examiner l’ensemble des programmes de gestion des risques pour les entreprises. Je ne connais pas l’échéancier prévu à cet effet, mais je me demandais si vous pourriez nous faire part de certaines de vos conclusions. Si l’échéancier est plus long que celui de notre étude, vous pourriez peut-être demander à votre personnel de nous fournir un document contenant davantage d’exemples et d’éléments concrets pour ces questions plus importantes que nous n’avons pas le temps d’aborder aujourd’hui.

Mme Verwey : Bien sûr, nous pouvons vous fournir cela, oui.

La sénatrice McBean : Docteure Cherry, je ne sais pas si vous avez réussi à faire fonctionner votre casque. Je vois que vous essayez de le faire fonctionner.

Madame Cherry, je suis désolée de voir que votre casque ne fonctionne pas, mais j’aimerais tout de même vous poser une question. Je serai heureuse de recevoir votre réponse écrite.

J’ai écouté votre explication sur l’utilité évidente des masques, mais il est difficile pour les pompiers forestiers de les porter. J’imagine la chaleur et les conditions physiques difficiles dans lesquelles ils doivent les utiliser. Je peux imaginer un pompier urbain portant un masque intégral avec alimentation en air. Y a‑t-il un intérêt à ce que le gouvernement fédéral essaie de mettre au point un masque adapté à ce type d’environnement? Pensez‑vous qu’un bon masque serait porté ou est-ce simplement que les masques actuels ne sont pas portés? Y a-t-il une chance que le problème lié à l’interprétation ait été réglé? Pourriez-vous parler un peu plus fort?

Mme Cherry : Je vous entends très bien. M’entendez-vous?

La sénatrice McBean : Oui, nous vous entendons. Le problème, c’est que nos interprètes ont besoin de votre casque pour travailler. Je comprends que vous avez du mal à le connecter correctement. Je vois que vous essayez. Si votre casque n’est pas correctement connecté, nous ne pouvons pas vous laisser parler. Cela peut causer un traumatisme à nos interprètes.

Mme Cherry : Je pense que je vais devoir quitter la réunion à ce stade. Je commence à m’impatienter. Je vous laisse continuer. Merci.

La sénatrice McBean : Merci. C’est dommage. Bon, passons à autre chose. Madame Verwey, un témoin nous a récemment parlé de son expérience au sein des collectivités autochtones locales et de l’utilité des tests de qualité de l’air effectués à l’échelle locale. Lorsqu’un avis est émis, un avertissement sur la qualité de l’air indique qu’il est temps d’évacuer en raison des conditions atmosphériques. Les gens sont convaincus que cet avertissement est très local et propre à leur situation.

Vous avez expliqué que lorsque les agriculteurs doivent abandonner des pratiques de haute précision, comme les serres et l’élevage, ils se retrouvent souvent confrontés à des conséquences dévastatrices.

Comment Ottawa peut-il collaborer avec les provinces et les organisations agricoles afin d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et les plans d’intervention d’urgence pour les fermes et les zones agricoles?

Mme Verwey : Si je peux parler de ce qui s’est passé l’été dernier, je pense qu’il est essentiel de disposer de l’information immédiate et de connaître, au jour le jour, la qualité de l’air qui règne dans la région. Les producteurs n’ont pas ce luxe; même avec de la fumée dans l’air, nous devons continuer à mener nos activités quotidiennes. Je pense que communiquer cette information fait partie de la préparation et de la mise à disposition de ces outils aux producteurs.

Il sera très important de disposer de ces systèmes.

La sénatrice McBean : J’essaie de déterminer comment les populations locales souhaitent obtenir cette information et comment ils en ont besoin pour réagir concrètement. Au Manitoba, l’alerte sur la qualité de l’air pourrait provenir de personnes situées à Winnipeg, alors que les gens concernés se trouvent plus au nord de la province. Pensez-vous que l’information doit être très locale?

Mme Verwey : En ce qui concerne les systèmes dont nous disposons, même si je peux prendre l’exemple de la pluie, du vent et des systèmes météorologiques dont nous disposons, pour les outils disponibles, je pense que nous pouvons utiliser certains des outils disponibles pour obtenir des informations très précises, jusqu’à l’emplacement exact de l’exploitation agricole. La quantité de pluie est probablement un excellent exemple, car la plupart des exploitations agricoles disposent de la technologie nécessaire pour connaître, champ par champ, la quantité de pluie reçue ou le taux d’humidité du sol.

Je pense que les outils existent pour que cette information soit très localisée, jusqu’au niveau du champ. Il suffit d’en coordonner la collecte et de la compiler en un seul endroit.

La sénatrice McBean : Vous dites que les outils existent?

Mme Verwey : Je pense que les outils existent grâce à la technologie dont nous disposons. Si nous pouvons mesurer la quantité de pluie d’un champ à l’autre, alors je pense que cela peut certainement être plus précis que la simple ville de Winnipeg. Avec l’accès à la technologie dont nous disposons aujourd’hui, je pense que cela peut en fait être précis jusqu’au niveau du champ.

La sénatrice McBean : Ce serait formidable si nous pouvions tester la qualité de l’air avec précision, d’une ferme à l’autre.

Mme Verwey : Tout à fait.

Le sénateur Varone : Ma question s’adresse à vous, madame Verwey. Merci d’être venue.

Je vis à Toronto, et lorsque les incendies ont ravagé le Manitoba, environ une semaine plus tard, le ciel de Toronto est devenu orange. Les médias ont diffusé toutes sortes d’information sur les alertes à la qualité de l’air et recommandaient de garder les enfants à l’intérieur. Les cours en plein air de ma fille ont été annulés. Je ne peux qu’imaginer ce qu’ont vécu les Manitobains à ce moment-là.

Ce qui m’a frappé, c’est le message « restez à l’intérieur ». Nous disposons de merveilleux systèmes de traitement et de filtration de l’air qui aident les entreprises et les propriétaires. Je me demande simplement pourquoi on vous évacue au lieu d’améliorer les systèmes de qualité de l’air dans vos maisons, afin de rendre vos maisons et vos fermes plus résistantes aux incendies de forêt et à la fumée.

Il est difficile de confiner le bétail à l’intérieur dans un endroit où la qualité de l’air est meilleure. Mme McBean a évoqué le fait que cela reviendrait à créer une situation désastreuse, comme dans une serre. Des systèmes existent. Est-ce qu’on met à la disposition des Manitobains ou de toute personne exposée aux incendies de forêt suffisamment d’argent pour qu’ils améliorent leurs systèmes de traitement de l’air afin qu’ils puissent rester chez eux?

Mme Verwey : Ce qui conduit à l’innovation dans la mise en place de ces systèmes, c’est la capacité des agriculteurs à réinvestir dans leur exploitation, que ce soit par des aides supplémentaires ou des programmes visant à faciliter cet investissement grâce à des partenariats. En fin de compte, si les agriculteurs parviennent à être rentables — ce qui, dans le contexte actuel, est très difficile —, ils sont alors en mesure de réinvestir dans leur exploitation agricole afin d’être productifs et de fournir des aliments sûrs et abordables. Si les moyens sont là, nous réinvestirons.

Ce qui est propre à l’agriculture, c’est que nous n’avons pas le luxe de rester à l’intérieur. Nous devons continuer à faire notre travail quotidien.

Le vice-président : Chers collègues, nous entamons le deuxième tour. Vous disposerez de trois minutes pour poser vos questions et obtenir des réponses, car nous sommes pressés par le temps.

La sénatrice Muggli : Ma question s’adresse à Mme Belcher, et c’est une demande, si possible, de nous fournir des renseignements par écrit. J’ai été très intriguée par certaines données utilisées pour la modélisation prédictive. Vous avez parlé de la mesure de la composition chimique des combustibles. J’aimerais que vous nous transmettiez de la documentation à ce sujet et sur votre programme FireInSite. Il s’agit simplement d’une demande de complément d’information par écrit, si c’est possible.

Mme Belcher : Oui, bien sûr. Je peux vous envoyer un lien vers le site Web et tous les autres renseignements que vous souhaitez. Le programme fonctionnerait bien pour de nombreux paysages canadiens, y compris pour certaines cultures, espérons‑le.

La sénatrice Muggli : Merci. Je vous en suis très reconnaissante. Merci de vous être jointe à nous.

La sénatrice Robinson : Ma première question s’adresse à Mme Belcher. Elle concerne également FireInSite. Lorsque vous préparerez votre réponse pour Mme Muggli, vous pourriez peut‑être y ajouter quelques renseignements supplémentaires à mon intention. Plus précisément, j’aimerais connaître le coût et le calendrier de conception de l’application, ainsi que son mode de financement. J’aimerais simplement savoir comment vous avez procédé à l’échelle nationale. Ce serait formidable.

Mme Belcher : FireInSite faisait partie d’un projet plus vaste financé par le conseil de recherche sur l’environnement naturel au Royaume-Uni. Ce financement couvrait l’ensemble des aspects scientifiques liés à la conception de l’application, mais aussi la conception de l’application Web elle-même, qui a été entièrement réalisée par des universitaires. Nous ne disposons plus de financement continu pour ce projet, ce qui pose un problème, mais nous essayons de continuer à le mettre à jour et à améliorer ses capacités du mieux que nous pouvons dans le cadre de nos propres capacités universitaires.

La sénatrice Robinson : Super. Dans votre document, si vous pouviez nous donner un aperçu du calendrier de conception et des coûts, ce serait formidable.

Mme Belcher : Merci.

La sénatrice Robinson : Je vais poser une deuxième question brève à Mme Verwey.

Vous avez mentionné que la prévisibilité et la bancabilité étaient des qualités que le programme pourrait améliorer. Cela pourrait peut-être être inclus dans votre document, car nous manquons de temps : pourriez-vous nous donner des exemples ou simplement plus d’information sur la manière dont ces éléments ont fait défaut et sur ce que les producteurs ont vécu à cet égard? Ce serait formidable. Je vous remercie.

Mme Verwey : Oui, bien sûr.

La sénatrice McBean : Madame Belcher, vous parliez de vos conseillers tactiques et de la façon dont vous les déployez et les déplacez selon les besoins. Nous essayons toujours de trouver la meilleure solution, qu’elle soit fédérale, provinciale ou locale. Comme je le disais, j’essaie de comprendre à quel point les choses doivent être locales. Je sais que votre géographie est plus simple que la nôtre, mais dans quelle mesure vos conseillers tactiques sont-ils proches des problèmes auxquels ils peuvent être amenés à répondre? Comment travaillent-ils avec les populations locales lorsqu’ils se rendent sur place en hélicoptère?

Mme Belcher : Je pense qu’il y a actuellement 37 conseillers tactiques pour les incendies de forêt, et leur nombre augmente. C’est quand même beaucoup pour l’ensemble de notre pays, compte tenu de sa taille. Ils peuvent être déployés n’importe où au Royaume-Uni. Ils travaillent de toute façon avec leurs propres équipes locales de pompiers, mais ils peuvent être appelés et déployés n’importe où dans un délai de trois heures après un incendie, ce qui est plus facile en raison de la taille de notre pays.

L’une des grandes victoires remportées récemment par le Royaume-Uni est l’établissement de relations avec les propriétaires fonciers et les agriculteurs, par exemple, qui ont renforcé leurs compétences en matière de lutte contre les incendies de forêt et ont acheté leur propre équipement, comme des battes à feu et des camions-citernes. Bien qu’ils n’aient pas de mandat officiel pour le faire, nous avons constaté que les propriétaires fonciers et les agriculteurs sont les premiers à intervenir sur le terrain en cas d’incendie. En essayant de renforcer les compétences de ces personnes, on leur donne la possibilité d’agir rapidement avant l’arrivée des services d’incendie et de secours et des conseillers tactiques. Je pense que c’est là que nous avons fait les plus grands progrès au Royaume‑Uni.

La sénatrice McBean : Merci beaucoup. C’est tout pour moi.

Le vice-président : Merci, chers collègues. En votre nom, je tiens à remercier chacun des témoins présents. Merci beaucoup pour votre participation. Nous vous sommes très reconnaissants pour vos témoignages et vos commentaires, ainsi que pour les réponses écrites dont nous avons discuté.

Pour notre deuxième groupe, de De Havilland Aviation du Canada Limitée, nous accueillons Neil Sweeney, vice‑président, Affaires générales; Philippe Poutissou, vice‑président, De Havilland Défense; et Sandra Howell, vice‑présidente, Opérations et programmes généraux.

Nous accueillons également Jacobus Benedik, directeur général de Scodev International B.V., et par vidéoconférence, John Gradek, chargé d’enseignement et coordonnateur des programmes universitaires de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des réseaux d’approvisionnement ainsi que du programme de gestion de l’aviation à l’Université McGill.

Monsieur Gradek, vous remportez le prix du titre le plus long.

Au nom des membres du comité, je vous remercie tous de votre présence. Nous allons maintenant entendre vos remarques liminaires, qui seront suivies des questions des sénateurs.

Monsieur Sweeney, vous avez la parole.

Neil Sweeney, vice-président, Affaires générales, De Havilland Aviation du Canada Limitée : Merci, monsieur le président.

Bonjour, sénateurs. Au nom de De Havilland Aviation du Canada, mes collègues et moi sommes heureux d’être parmi vous ce matin pour discuter des approches de gestion des feux de forêt au Canada.

Comme nous le savons tous, les étés sont de plus en plus longs et chauds partout dans le monde. Si certains peuvent débattre des raisons du réchauffement climatique, il ne fait aucun doute que le climat se réchauffe et entraîne des perturbations météorologiques importantes.

Au Canada, le réchauffement climatique entraîne des perturbations massives dans la gestion et l’exploitation des forêts. Ma province natale, la Colombie-Britannique, a mené une bataille perdue d’avance contre le dendroctone du pin ponderosa, qui a détruit des millions d’hectares de forêt en raison d’hivers insuffisamment froids pour éliminer ce ravageur.

Cela a entraîné des incendies de forêt massifs dans l’intérieur et le nord de la Colombie-Britannique, alimentés par les forêts mortes ou mourantes laissées par l’épidémie.

L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée au Canada, avec une température supérieure de 3 degrés à la température moyenne entre 1948 et 1990, et 7 des 10 années les plus chaudes jamais enregistrées au Canada se sont produites au cours des 10 dernières années.

Malheureusement, la tendance est au réchauffement continu, ce qui signifie que nous devons adapter les moyens que nous utilisons pour protéger la population et les collectivités de notre pays contre les incendies de forêt.

Actuellement, la gestion des incendies de forêt relève des provinces, le Canada étant appelé à intervenir lorsque la situation devient ingérable. Cependant, bien que les provinces aient fait un travail admirable en partageant leurs ressources entre elles, l’ampleur des incendies de forêt augmente à un rythme sans précédent et nécessite désormais de nouvelles approches et de nouveaux moyens pour gérer à la fois les risques d’incendies et la lutte contre ceux-ci.

Chez De Havilland Canada, nous soutenons nos clients au Canada et dans le monde entier en leur fournissant de nouveaux avions de lutte contre les incendies et en assurant le soutien de la flotte actuelle.

À l’heure actuelle, environ 160 bombardiers d’eau Canadair de fabrication canadienne sont en service dans le monde entier, notamment dans six provinces : l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et Terre-Neuve.

Pendant les saisons des feux de forêt, les provinces partagent leurs ressources si possible. Cependant, comme les étés sont devenus plus longs et plus chauds et qu’ils continueront à se réchauffer au cours des prochaines années, la capacité de partage entre les provinces sera mise à rude épreuve sans investissements supplémentaires de la part des provinces ou du gouvernement fédéral.

Comme je l’ai mentionné, nous soutenons des clients dans le monde entier, y compris des pays méditerranéens qui utilisent nos avions depuis plus de 50 ans. À titre d’exemple, la France a choisi d’adopter une approche très dynamique en matière de lutte contre les incendies de forêt. Son approche consiste à tenter d’intervenir dans les 10 minutes suivant l’alerte afin d’empêcher les incendies de forêt de devenir incontrôlables.

Bien que 10 minutes soient probablement irréalistes pour un pays de la taille du Canada, la disponibilité de ressources fédérales supplémentaires — prédéployées dans tout le pays pendant les saisons des incendies — permettrait aux provinces de lutter plus énergiquement contre les incendies de forêt et d’en réduire potentiellement la gravité.

Le pilier de cette stratégie d’intervention rapide en France est le Canadair CL-415, qui serait un avion idéal pour la flotte nationale du gouvernement canadien.

Avec une capacité de prélèvement de 6 000 litres, le De Havilland Canadair 515, lorsqu’il est utilisé en escadrons de quatre, serait capable de déverser près de 25 000 litres d’eau sur un incendie à la fois.

Comme il s’agit d’un avion-écopeur, il n’a pas besoin de retourner à sa base pour se ravitailler, ce qui lui permet de maximiser le temps passé sur le feu et de le contenir jusqu’à ce que les équipes au sol puissent accéder au site.

La possibilité d’éteindre plus rapidement les incendies grâce à un investissement fédéral important présenterait deux autres avantages supplémentaires : le premier est la réduction des émissions de carbone. Au cours de la saison des feux de forêt de 2023, près d’un milliard de tonnes de CO2 ont été émises au Canada à cause des feux de forêt. Ce chiffre a dépassé toutes les autres émissions de carbone d’origine humaine dans le pays.

Deuxièmement, comme vous venez de le mentionner, il y a la réduction de l’impact sur la santé humaine. La fumée des feux de forêt a un impact considérable sur la santé humaine, surtout chez les Canadiens âgés et ceux qui souffrent de maladies pulmonaires ou qui ont des difficultés respiratoires.

En conclusion, la tendance au réchauffement climatique ne semble pas ralentir. Ayant réussi à gérer les feux de forêt dans le passé, le Canada est aujourd’hui confronté à des défis en matière de ressources, car les saisons des incendies sont de plus en plus longues et chaudes.

De nouvelles approches sont nécessaires non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour les 10 à 20 prochaines années si nous voulons gérer les feux de forêt au Canada, protéger l’environnement, les biens et la santé des Canadiens et réduire les émissions de carbone.

Une de ces approches consisterait à créer une nouvelle flotte aérienne de lutte contre les incendies du gouvernement fédéral qui pourrait être prépositionnée dans tout le pays et soutenir les provinces pendant les saisons des feux de forêt.

Merci de votre attention. Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.

Le vice-président : Monsieur Sweeney, merci pour votre déclaration liminaire.

Monsieur Benedik, c’est à vous. Vous avez la parole.

Jacobus Benedik, directeur général, Scodev International B.V. : Merci. Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de me donner l’occasion de contribuer à cette étude sur la capacité d’intervention du Canada en cas d’incendie de forêt.

Le Canada vit des saisons de feux de forêt record qui dépassent ses capacités de lutte contre les incendies. Les avions amphibies restent le principal outil pour les opérations de largage d’eau, mais ils sont peu nombreux et coûteux à exploiter.

Les avions non amphibies, tels que les avions-citernes et les avions-cargos, sont largement disponibles, mais ne peuvent pas prélever de l’eau en vol. Aujourd’hui, je vais vous présenter une solution qui permet aux avions non amphibies de prélever de l’eau en vol, ce qui augmente considérablement la capacité globale de lutte contre les incendies.

Scodev International a mis au point un système breveté qui permet aux avions non amphibies de prélever de l’eau en vol, à une altitude de 10 à 15 mètres au-dessus de la mer, d’un lac, d’une rivière ou d’un canal. L’avion déploie un dispositif de prélèvement auto-stabilisant dans une source d’eau qui pousse l’eau à travers un tuyau vers les réservoirs embarqués.

L’avion peut alors larguer l’eau sur les incendies de forêt jusqu’à cinq fois par heure, ce qui augmente considérablement la capacité opérationnelle. Les avions ne sont pas tous conçus pour la lutte contre les incendies de forêt. C’est pourquoi nous avons développé une plateforme de réservoir amovible qui transporte le système SCODEV sur une base modulaire. Après quelques modifications mineures de l’avion, la plateforme de réservoir amovible peut être chargée ou déchargée d’un avion de transport en moins d’une heure, le transformant ainsi en un avion-citerne écopeur pouvant être mobilisé en cas de besoin.

Cette combinaison permet de déployer un nombre illimité d’avions de transport militaires ou civils comme avions-citernes amphibies pour une lutte optimale contre les incendies de forêt, en cas de besoin.

Ce nouveau modèle commercial ajoute des ressources aux agences chargées de la lutte contre les incendies de forêt. Nous croyons que cela va changer l’industrie mondiale.

À notre avis, les avions-citernes dédiés à un seul usage, qui ne sont déployés qu’un nombre limité de jours par an, sont un concept dépassé. Il suffit d’investir 4 millions d’euros dans le système SCODEV et de faire appel à l’Aviation royale canadienne strictement en cas de besoin.

Au Canada, les avions-citernes dédiés sont déployés entre 90 et 120 jours par an. Une enquête montre que les avions de transport militaire sont déployés entre 65 et 150 jours par an. Il serait donc logique de déléguer les tâches de lutte contre les incendies de forêt à l’armée de l’air lorsque les opérateurs commerciaux sont surchargés.

La copie du tableau sous vos yeux montre les principales différences entre un avion-amphibie et, par exemple, un C-130 Hercules militaire équipé du système SCODEV. L’investissement dans un avion amphibie s’élèverait à 52,5 millions d’euros, voire plus. L’investissement dans le système SCODEV ne nécessiterait que 4 millions d’euros.

La capacité d’un avion-amphibie serait de 7 000 litres, et celle d’un C-130 Hercules équipé du système SCODEV serait de 17 000 litres. Le coût par largage est de 425 euros pour 1 000 litres, et le coût par largage pour le système SCODEV serait de 159 euros pour 1 000 litres. La capacité d’extinction est également 2,5 fois supérieure, car elle est basée sur le volume, et la lutte contre les incendies de forêt est basée sur le volume.

Le système SCODEV est en phase finale de commercialisation. La prochaine étape est le programme d’essais en vol afin d’obtenir le certificat de type supplémentaire requis pour une utilisation opérationnelle. Scodev International a déjà obtenu des investissements privés et sollicite une subvention de développement pour financer la phase de certification.

Je vous remercie de votre attention.

Le vice-président : Merci, monsieur Benedik.

Monsieur Gradek, vous avez la parole. Vous pouvez commencer dès que vous êtes prêt.

John Gradek, chargé d’enseignement, coordinateur de secteur, Gestion de l’aviation et Gestion de la chaîne d’approvisionnement, École d’éducation permanente, McGill University, à titre personnel : Merci, monsieur le président.

Je m’appelle John Gradek. Vous pouvez raccourcir mon titre et m’appeler simplement John, si vous préférez. Merci et bonjour.

Je suis honoré de comparaître devant ce comité qui examine les défis croissants liés aux incendies de forêt au Canada. Ma contribution concerne la gestion des aéronefs. J’enseigne à l’École d’éducation permanente de l’Université McGill à Montréal, où je dirige des programmes sur les réseaux d’approvisionnement et la gestion de l’aviation. Dans le milieu universitaire, je m’intéresse particulièrement à la stratégie de flotte et au rendement des aéronefs, des questions qui, selon moi, sont au cœur des capacités de lutte aérienne contre les incendies du Canada.

Cependant, mon intérêt pour les aéronefs de lutte contre les incendies remonte à de nombreuses années. C’est mon père qui m’a transmis sa passion pour l’aviation quand j’étais enfant. À l’adolescence, je me suis inscrit aux Cadets de l’Aviation royale canadienne à Cartierville, au Québec, qui se trouvait juste à côté de l’usine Canadair.

Un soir, alors que j’attendais que mon père vienne me chercher, j’ai vu deux CL-215 fraîchement repeints sortir du hangar Canadair voisin, et j’ai été immédiatement impressionné. Ce moment a déclenché une fascination pour l’aviation qui m’a accompagné toute ma vie. Aujourd’hui, plus de 60 ans plus tard, je peux être considéré comme une personne âgée.

Après une carrière dans l’aviation et le milieu universitaire, je reste profondément intéressé par ces avions. La famille Canadair est devenue la référence mondiale en matière de bombardiers d’eau amphibies, et je félicite De Havilland d’avoir repris cet héritage et d’investir dans la poursuite de son exploitation et son avenir. Cependant, alors que nous célébrons ce succès, il y a des mises en garde importantes à prendre en compte dans le monde des bombardiers d’eau amphibies.

Pendant des siècles, les peuples autochtones de tout le pays ont pratiqué la gestion des incendies, non seulement pour protéger leurs collectivités, mais pour renouveler la vie forestière elle-même. Le feu faisait et fait toujours partie de leur écosystème et de notre écosystème. Aujourd’hui, cependant, le changement climatique a transformé cet équilibre. Les incendies de forêt, comme nous l’avons entendu ce matin, sont plus fréquents et plus graves, et les saisons durent plus longtemps.

Parallèlement à cette évolution de la gestion des incendies par les Autochtones, des collectivités et des industries se sont implantées plus profondément dans nos secteurs boisés, augmentant ainsi les risques pour les personnes, les infrastructures et l’environnement. Ce phénomène n’est pas propre au Canada. Partout dans le monde, que ce soit en Grèce, en Australie, au Brésil, aux États-Unis ou ailleurs, les pays sont confrontés à la même menace croissante.

La demande en bombardiers d’eau amphibies n’a jamais été aussi forte, les gouvernements se tournant vers l’expérience de longue date du Canada. Il n’est pas étonnant que le président Macron appelle ces avions des « Canadairs », mais il est essentiel de se poser la question suivante : quelle est l’efficacité de ces avions et comment pouvons-nous les utiliser au mieux?

Les bombardiers d’eau sont conçus pour attaquer les incendies à leurs débuts, avant qu’ils ne prennent de l’ampleur et ne se propagent rapidement. Une fois qu’un incendie de forêt dépasse un certain stade, les avions seuls ne peuvent plus l’arrêter. Ils ne peuvent que ralentir sa progression. À ce stade, les équipes au sol deviennent essentielles. Lorsque les équipes aériennes et terrestres sont bien coordonnées, les résultats peuvent être spectaculaires, surtout à proximité des zones développées où l’accès et la logistique permettent aux deux équipes de travailler ensemble. Au cours des derniers mois, nous avons vu de nombreux exemples d’approche coordonnée de la lutte contre les incendies par les équipes terrestres et aériennes, et nous avons pu constater son efficacité.

Cela soulève plusieurs questions opérationnelles importantes. Lorsque nous nous penchons sur ce que nous ferons de cette flotte, la question est la suivante : faut-il utiliser principalement les bombardiers d’eau pour attaquer les incendies dès qu’ils se déclarent et avant qu’ils ne se propagent — et je félicite De Havilland d’avoir mentionné le modèle français, qui prévoit une intervention dans les 10 minutes — ou doivent-ils servir principalement à soutenir les équipes au sol une fois les opérations en cours?

La fumée des feux de forêt devenant un danger majeur pour la santé, devrions-nous envisager la suppression aérienne pour réduire également la fumée des feux en région éloignée qui ne menacent jamais directement les collectivités?

Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Elles sont directement liées à la manière dont nous répartissons nos ressources nationales de lutte contre les incendies.

Aujourd’hui, l’aviation de lutte contre les feux de forêt au Canada est gérée en grande partie à l’échelle provinciale. Chaque province a mis au point sa propre approche. Certaines possèdent et exploitent des flottes, d’autres font appel à des opérateurs privés ou comptent sur le soutien interprovincial du Centre interagences des feux de forêt du Canada. Le CIFFC joue un rôle de coordination précieux, mais les décisions relatives au déploiement restent du ressort des autorités provinciales.

Nous assistons actuellement à une augmentation des alertes de niveau 5, ce qui signifie que toutes les ressources disponibles sont pleinement déployées et qu’il ne reste que peu de capacités pour l’aide interprovinciale. Cette tendance devrait nous préoccuper tous.

Un autre défi est l’âge de notre flotte d’avions. De nombreux CL-215, notre première génération de bombardiers d’eau, ont maintenant plus de 50 ans. Certains ont été rééquipés en CL-215T, tandis que les CL-415 plus récents, bien que plus performants, ont deux à trois décennies et nécessitent de plus en plus d’entretien. Malheureusement, peu de données ont été publiées sur la fiabilité de la flotte dans les différentes provinces, de sorte que notre compréhension de l’état réel de ces avions vieillissants est incomplète. La prochaine génération, ou le DHC-515, dont De Havilland a fait mention ce matin, constitue un pas en avant encourageant. La production devrait commencer en 2027, à un rythme d’environ 10 avions par an.

Ce calendrier soulève une question urgente : comment répondre à la demande canadienne et internationale avec ce type d’investissement et ce type de plan de production?

Les questions stratégiques clés qui se posent à nous sont les suivantes : le Canada devrait-il envisager une approche plus unifiée, peut-être coordonnée à l’échelle fédérale, en matière de propriété, de gestion et de responsabilité des bombardiers d’eau, tout en permettant leur déploiement provincial en fonction des besoins?

Existe-t-il des moyens d’accélérer la production et la livraison des avions de nouvelle génération afin de renforcer notre propre résilience nationale et répondre à la demande mondiale pour ces avions face au changement climatique?

En conclusion, le Canada a été un chef de file de l’innovation dans la lutte aérienne contre les incendies, cela ne fait aucun doute. La série CL est un symbole durable de l’ingéniosité et du service canadiens, mais pour conserver ce leadership, il faudra une planification coordonnée, des investissements et une vision nationale commune.

Je vous remercie encore une fois de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous ce matin. Je vous remercie de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

Le vice-président : Merci.

La sénatrice Muggli : Merci à tous d’être ici aujourd’hui. Nous vous en sommes très reconnaissants. Je vais adresser mes premières questions à l’équipe de De Havilland.

J’ai quelques questions. L’une d’elles concerne les pilotes qualifiés. Nous avons un problème en Saskatchewan. Je me demande si vous avez des idées ou des recommandations sur la manière de résoudre le problème de l’offre de pilotes qualifiés afin de pouvoir utiliser les avions.

M. Sweeney : Merci, madame. Je m’en tiendrai à mon domaine de compétence. Je m’en tiendrai aux limites de mon expertise. Je ne suis pas pilote. Je ne connais pas de pilotes — enfin, j’en connais quelques-uns. La formation est généralement confiée aux organismes qui la dispensent.

Nous offrons et avons offert des programmes de formation à des pilotes expérimentés. En ce qui concerne l’accès aux pilotes, en Europe, il s’agit généralement de pilotes de l’armée de l’air ou d’anciens pilotes de l’armée de l’air. Je ne vais pas m’aventurer sur un terrain que je ne connais pas.

La sénatrice Muggli : Je me demandais plutôt si vous aviez des suggestions sur la manière d’élargir les possibilités de formation afin de former davantage de pilotes.

M. Sweeney : Le professeur Gradek est peut-être mieux placé que nous pour répondre à cette question.

La sénatrice Muggli : Eh bien, passons la parole au professeur pour qu’il nous fasse part de ses réflexions à ce sujet, s’il en a.

M. Gradek : J’ai effectivement des réflexions sur la formation, l’éducation et le perfectionnement des ressources. Vous vous adressez à la bonne personne.

La formation des pilotes est un défi. Ces avions sont des appareils spéciaux. Ils nécessitent des compétences particulières. Ils exigent beaucoup de formation pratique et d’expérience dans le vol à basse altitude en formation d’attaque pour ces combats aériens. Ce sont des appareils spéciaux. Ils commandent un salaire et des avantages sociaux supérieurs à ceux des pilotes de brousse ou des pilotes d’avion à turbopropulseurs.

Oui, ces pilotes sont mieux rémunérés. Il y a une pénurie de pilotes qualifiés pour ces avions. La province de l’Ontario est en train de négocier avec ses pilotes afin de s’assurer de les garder.

Oui, il faut le faire. La question serait la suivante : dans un programme national, dont nous parlons ce matin, une responsabilité et un résultat clés de ce programme seraient, en fait, de s’assurer que nous disposons de ressources suffisantes et formées pour le faire.

La sénatrice Muggli : Qu’en est-il de l’intersection entre les aéronefs et l’utilisation de drones? Utilisez-vous des drones? Y a-t-il une intersection avec les drones?

M. Sweeney : Oui. Des drones ont été utilisés pour trouver les sources ou les emplacements des incendies. Les avions de surveillance et les satellites sont des exemples d’aéronefs utilisés dans le ciel, et n’importe quel nombre ou combinaison de ces types de systèmes de détection sont utilisés. Nous ne les fabriquons pas nous-mêmes, mais d’autres entreprises canadiennes le font.

En général, les gouvernements provinciaux — monsieur Gradek, corrigez-moi si je me trompe — utilisent des avions de repérage. Ils survolent donc la région à la recherche d’incendies, puis, une fois qu’ils ont localisé un incendie, ils coordonnent eux-mêmes les activités des avions qui larguent de l’eau. Ils ont donc une double fonction. À mesure que les drones gagneront en longévité et en capacités, vous en verrez de plus en plus.

La sénatrice Muggli : Si le temps manque, M. Gradek pourra peut-être y réfléchir pour le deuxième tour : que pensez‑vous de la conception de drones capables de transporter des produits ou de l’eau pour éteindre les incendies? Un témoin nous a parlé d’une technologie dans ce domaine. A-t-il le temps d’en parler?

Le vice-président : Cela attendra le deuxième tour.

La sénatrice Muggli : C’est une question à laquelle vous pourrez réfléchir pour le deuxième tour. Merci.

La sénatrice Sorensen : Ma question s’adresse à M. Sweeney. En tant que Canadienne, et certainement en tant qu’Albertaine, je suis très fière de la conception du DHC-515, construit et assemblé au Canada. Ai-je raison de croire que l’assemblage final se fait en Alberta?

M. Sweeney : C’est exact, il se fait à Calgary, en Alberta, et il est en cours en ce moment même. Le premier exemplaire — que nous appelons Greek 1 — est en cours d’assemblage final en ce moment même.

La sénatrice Sorensen : Oui, c’est une fierté pour le Canada.

J’ai lu dans certains articles qu’il y a un arriéré pour exécuter les commandes internationales. Je voudrais comprendre pourquoi, car ces avions sont très demandés dans le monde entier. Comment gère-t-on la production pour répondre aux besoins de vos — ce sont tous des clients, mais je m’inquiète pour le Canada et je veux m’assurer qu’il obtienne ce dont il a besoin.

M. Sweeney : Bien sûr.

La sénatrice Sorensen : Comment les calendriers de production sont-ils hiérarchisés entre les commandes internationales et les besoins nationaux du Canada, et pourriez‑vous donner la priorité au Canada? Est-ce quelque chose que vous feriez pour ce qui est des commandes? Je sais. Vous êtes une entreprise et vous avez des clients.

M. Sweeney : Merci, sénatrice. Je comprends votre question.

Premièrement, Bombardier nous a cédé le certificat de type en 2016. Vers 2019, nous avons commencé à parler avec l’Union européenne du renouvellement de sa flotte. La pandémie a frappé. Nous avions besoin d’une commande importante pour relancer la production. À l’époque, le Canada n’était pas en mesure de répondre à nos besoins. Il faut plusieurs centaines de millions de dollars pour relancer la production d’un aéronef. L’Union européenne, sous l’égide de rescEU, a coordonné l’achat par 6 pays de 22 aéronefs. Ils sont prioritaires. Ce sont les premiers que nous produisons, à 100 %. Les clients européens sont des clients de longue date et nous respectons cela.

Deuxièmement, oui, s’il y a des commandes importantes, en particulier du Canada, nous envisagerions d’investir dans une deuxième ligne pour créer une capacité de production supplémentaire, mais vous ne voulez pas vous retrouver dans une situation où vous passez par des hauts et des bas et où vous finissez par aller de licenciements en embauches. Il y a une bulle actuellement, cela ne fait aucun doute. Nous devons gérer notre calendrier de production de manière à répondre aux besoins de nos clients, mais en même temps, nous devons répondre aux besoins de notre effectif et ne pas nous retrouver dans une situation où nous embauchons et licencions du personnel. S’il y avait une commande importante du Canada pour une flotte nationale, comme le mentionne le professeur, nous envisagerions certainement une deuxième ligne de production.

La sénatrice Sorensen : Merci. C’est bon à savoir.

Vous avez mentionné le DHC-515, mais pouvez-vous nous en dire plus sur cet équipement et nous expliquer pourquoi il est tellement plus efficace?

M. Sweeney : Le professeur en a parlé. C’est certainement un aéronef de précision. Il peut écoper 6 000 litres d’eau en 12 secondes et, selon la distance entre le plan d’eau et le feu, il peut effectuer un aller-retour en cinq à sept minutes. Comme l’a dit le professeur, les pilotes sont très compétents. Ils effectuent des largages très précis et à très basse altitude sur le lieu de l’incendie. Ils coordonnent leurs interventions avec les équipes au sol.

C’est le seul aéronef amphibie jamais construit à cette fin. Nous sommes extrêmement fiers d’être les gardiens de l’ingénierie mise au point dans les années 1960. Si ça marche, pourquoi en changer? En fait, il ressemble beaucoup à l’aéronef produit dans les années 1960. Il a été modifié et amélioré au fil du temps. Mais, en fait, il s’agit de la même ingénierie de base que celle produite par Canadair dans les années 1960. C’est un merveilleux aéronef.

La sénatrice Sorensen : Monsieur Benedik, je tiens à vous remercier. Nous avons là toute l’information nécessaire pour répondre à cette question. Je vous remercie d’avoir fait ce travail pour nous.

La sénatrice Robinson : Je vais rebondir sur la question de la sénatrice Sorensen.

Si vous envisagez la possibilité de créer une deuxième ligne de production, quels facteurs limitatifs prévoyez-vous? Je pense notamment à la main-d’œuvre qualifiée ou aux composants. Si vous obtenez ces commandes, qu’est-ce qui vous pousserait à mettre en place la deuxième ligne? N’importe qui dans votre groupe peut répondre.

M. Sweeney : Je répondrai volontiers. J’essaie de ne pas monopoliser le micro. La main-d’œuvre qualifiée est toujours un défi. Nous travaillons actuellement avec le gouvernement de l’Alberta et le gouvernement fédéral pour nous assurer d’avoir la main-d’œuvre nécessaire.

Jusqu’à présent, nous réussissons très bien à attirer et à conserver notre main-d’œuvre à Calgary, à Victoria et en Ontario. Aujourd’hui, nous employons environ 2 500 personnes. Nous avons doublé de taille au cours des deux ou trois dernières années. Nous poursuivrons notre croissance, soit par des acquisitions, soit par la formation.

Deuxièmement, les chaînes d’approvisionnement de l’aérospatiale sont sous pression dans le monde entier. Je dirai que, pour avoir une chaîne d’approvisionnement solide, il faut la gérer quotidiennement, d’heure en heure, à vrai dire. Plus vous recevez de commandes, plus les gens sont enclins à appuyer un programme. S’il s’agit d’une commande d’un ou deux z, ils vous regardent en disant : « Eh bien, vous n’êtes pas Boeing. Nous allons repousser votre commande à la semaine ou au mois prochain. »

Le fait d’avoir des commandes importantes nous permet de disposer d’une chaîne d’approvisionnement qui accompagnera le programme pendant des décennies. En fait, les entreprises signent des contrats pour toute la durée du programme, ce qui signifie qu’elles resteront avec nous jusqu’à ce que les Canadair cessent de voler.

En réalité, il s’agit de continuer d’attirer et de conserver une main-d’œuvre qualifiée. Nous organisons des salons de l’emploi dans tout le pays et dans les écoles d’ingénieurs, si vous connaissez des personnes qui sont intéressées.

Professeur, c’est dommage que vous ne soyez pas devenu mécanicien d’entretien d’aéronef, autrement dit MEA, et que vous ne soyez pas venu travailler pour De Havilland, mais ce n’est pas grave. Nous parlons de la chaîne d’approvisionnement et de continuer à attirer et à conserver une main-d’œuvre qualifiée.

La sénatrice Robinson : Merci.

Monsieur Benedik, pouvez-vous nous dire quels pays utilisent actuellement la technologie de SCODEV?

M. Benedik : Elle n’est pas encore produite ni commercialisée. Nous l’avons mise au point — nous avons développé le concept — et nous estimons que nous devrons mener un programme d’essais de fourniture en 2026, puis obtenir le certificat de type supplémentaire en 2027. Nous commencerions la production en 2027-2028.

Nous l’avons testée avec des hélicoptères lourds et très lourds, et tout était conforme aux études préalables et à la dynamique numérique des fluides, la DNF. Nous pensons donc pouvoir atteindre les volumes d’écopage que nous prévoyons.

La sénatrice Robinson : D’accord.

Je ne sais pas si mes questions suivantes sont pour les représentants de De Havilland ou pour le professeur, mais je voudrais parler de la sécurité des équipages. Mes questions portent en particulier sur les accidents. Je comprends que l’écopage n’est pas sans danger.

Ma deuxième question concerne la filtration de la cabine. Les tracteurs, que je connais mieux que les avions, sont équipés de systèmes de filtration de l’air assez complexes. Pouvez-vous nous expliquer comment vous assurez la sécurité des équipages lorsqu’ils se trouvent dans des environnements très enfumés?

Sandra Howell, vice-présidente, Programmes généraux, De Havilland Aviation du Canada Limitée : Tout d’abord, c’est l’exploitant qui gère les pilotes et les opérations. Chez De Havilland, nous travaillons avec les exploitants et nous les entendons souvent parler de l’importance de la formation. Tous leurs pilotes suivent une formation sur simulateur de vol qui les aide à apprendre à gérer ces opérations très éprouvantes. Cependant, comme ils sont très bien formés, ils savent les gérer.

De plus, nous avons, dans l’aéronef, l’équipement technique approprié qui aide à gérer ces éléments pendant les opérations de lutte contre les incendies.

Je ne sais pas si M. Gradek souhaite intervenir aussi. Il a probablement un point de vue sur le sujet.

M. Gradek : Oui. L’environnement de la cabine et l’évacuation de la fumée dans la cabine dépendent de l’âge des avions. Les avions plus anciens n’ont pas beaucoup de moyens par rapport aux plus récents. Le CL-415 et le DHC-515 sont équipés d’une climatisation et il est possible de réduire la fumée au minimum dans la cabine.

Mme Howell : Nous avons aussi de l’oxygène dans l’aéronef. De plus, nous modernisons le système de climatisation de l’aéronef pour le DHC-515. La modernisation du cockpit améliore certainement l’environnement de travail des pilotes.

M. Gradek : N’oubliez pas qu’il s’agit d’un aéronef risqué à piloter et que nous avons des accidents. Nous avons eu des accidents au fil des ans, principalement en Europe, où l’attention est très concentrée.

Oui, ce sont des missions de vol risquées. C’est pourquoi il nous faut de bons aéronefs et de bons pilotes.

La sénatrice McBean : Il y a toujours un problème lorsque l’on pose sa question après tous ses collègues, car ils vous coupent constamment l’herbe sous le pied. Il faut pivoter, fusionner et essayer d’être plus créatif.

Monsieur Benedik, je commencerai par vous. Quand vous présentiez le plan de SCODEV, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’une de nos autres collègues, la sénatrice Deacon, qui est passionnée d’innovation et d’idées nouvelles. J’ai remarqué qu’il n’y avait aucune image d’avions tirant le système, mais je sais qu’il est encore en phase de développement.

Parlez-vous avec l’Aviation royale du Canada de son intérêt pour votre produit? Nous avons également entendu dire qu’il s’agissait d’un drone à réaction ultra-lourd d’une capacité d’emport de 300 litres, ce qui est loin de ce que vous faites avec un drone utilisable de nuit. Comment le gouvernement fédéral peut-il soutenir l’innovation et aider à accélérer l’adoption de nouvelles solutions?

M. Benedik : Nous parlons avec les forces aériennes européennes. Malheureusement, j’ai essayé de prendre rendez‑vous pour aujourd’hui avec l’Aviation royale canadienne, mais sans succès.

Bien sûr, nous avons les commentaires et les demandes des forces aériennes européennes.

La sénatrice McBean : Cela m’amène à ma question suivante, car il me semble que 22 avions à raison de 10 avions par an, cela veut dire que le Canada n’aura pas de nouvel avion avant trois ans. Nous n’adoptons pas la technologie. Évidemment, c’est s’il soutient leur technologie.

Je vais m’adresser à la voix de la raison, M. Gradek. Que pensez-vous que le Canada devrait faire pour constituer une flotte ou se doter d’appareils volants? Que ne faisons-nous pas : le reste du monde a accès à cette technologie et à ces bonnes idées canadiennes, et nous semblons traîner la patte et ne pas être assez réactifs pour saisir l’occasion?

M. Gradek : Pas assez réactifs, c’est un euphémisme. Le Canada a vu l’évolution du 515 au cours des huit ou neuf dernières années. Bombardier l’avait, puis Viking Air; De Havilland l’a. Le 515 existe depuis longtemps en termes de disponibilité et de capacités. Les Européens, par l’intermédiaire de rescEU, ont manifesté leur intérêt en 2021-2022 et ont signé un contrat, sans prix ni date de livraison connus, pour l’achat de 22 aéronefs. Qui se montre frileux en l’occurrence? Pas l’Union européenne. Elle est allée de l’avant. Nous avons besoin de plus d’aéronefs de ce type.

Les provinces — pas nécessairement le Canada, mais les provinces — disposent toujours d’une flotte vieillissante. Nous avons encore 22 aéronefs de type CL-215 qui volent pour lutter contre les incendies au Canada. Ils ne devraient pas voler. Ils sont vieux et nécessitent de 20 à 30 heures de maintenance pour chaque heure de vol. Ce n’est pas une proposition à valeur ajoutée. Nous aurions dû prendre cette décision il y a des années.

Nous avons au moins 20 aéronefs au Canada qui doivent être remplacés immédiatement, et les CL-415 ne rajeunissent pas. Ces aéronefs ont encore un certain nombre d’heures de vol devant eux, certes, mais nous devons renouveler la flotte. Elle doit être mise à niveau avec la nouvelle technologie et les nouvelles capacités que représente le DHC-515.

La sénatrice McBean : Merci.

Si je comprends bien, notre flotte est vraiment vieille. Vous avez commencé par dire que nous avons besoin d’une flotte. À votre avis, combien d’aéronefs devrions-nous avoir? Aussi, avec quelle autonomie? Nous avons 20 aéronefs qui ne devraient plus voler, mais grâce aux mécaniciens, ils volent encore. À quoi ressemble une flotte d’aéronefs de lutte contre les incendies en bon état?

M. Gradek : Je vais intervenir rapidement. Tout dépend du type d’incendies que vous voulez combattre. La question qui se pose actuellement est la suivante : compte tenu de la façon dont nous devons actuellement déployer nos avions, nous avons 50 avions en service, et ils sont candidats au remplacement. La question est de savoir si nous attaquons les incendies dans les 10 minutes, comme l’ont décidé les Européens. Ce n’est peut-être pas 10 minutes. C’est peut-être 30 ou 45 minutes. Si nous voulons commencer à nous attaquer aux incendies rapidement, nous devons placer stratégiquement ces aéronefs dans les zones boisées et forestières, et nous devons intervenir. Il nous faut donc probablement de 40 à 50 aéronefs supplémentaires.

La sénatrice McBean : Je vous remercie.

M. Sweeney : Je suis d’accord.

La sénatrice McBean : Même dans ce cas, 40 ou 50 aéronefs ne vont pas apparaître comme par magie. Cela prendra au moins sept ans, si nous ne sommes en concurrence avec personne d’autre dans le monde. Ces aéronefs ne vont pas apparaître comme ça.

M. Sweeney : Il y a certainement une occasion à saisir.

La sénatrice Muggli : Monsieur Gradek, pouvez-vous nous en dire plus ou nous faire part de votre opinion sur cette technologie des drones à réaction dont nous avons récemment entendu parler? Vous la connaissez probablement, mais avez‑vous des réflexions ou un avis sur son utilité?

M. Gradek : Il s’agit d’une technologie en pleine évolution. Je pense que nous devons vraiment la voir produite et la voir déployée en service par le Centre interservices des feux de forêt du Canada ou les provinces.

Est-ce que 300 litres, c’est suffisant? Pour les feux localisés, peut-être. Les opérations nocturnes sont très difficiles. Il suffit de demander à nos amis de Bombardier ou De Havilland quelles sont les capacités de vision nocturne de ces aéronefs, elles sont très limitées.

Ils ont une petite capacité pour les petits feux. Ils peuvent être déployés rapidement, mais la preuve n’en a pas encore été faite.

La sénatrice Muggli : Le grand avantage est que cette technologie pourrait peut-être être utilisée de nuit. Êtes-vous d’accord avec cela?

M. Gradek : Je dirai que oui, mais comme je l’ai dit, les affirmations sont intéressantes. Voyons comment il se comporte en réalité. Je veux voir ce drone en action à trois heures du matin dans une zone très enfumée. Ce serait un exploit en soi.

La sénatrice Muggli : À propos de technologie, je me demandais si votre aéronef transporte ou est capable de transporter certains des produits à base de gel récemment mis au point dont nous avons entendu parler pour la lutte contre les incendies?

M. Sweeney : Notre aéronef est principalement utilisé pour de l’eau, mais il peut également utiliser de la mousse. Je ne connais pas bien le gel dont vous parlez, mais il peut transporter un mélange. Il peut s’agir d’eau pure ou d’un mélange d’eau et de mousse. Si vous voulez de la mousse, il faudra retourner à une base, ce qui réduit l’efficacité de l’écopage. Une écope est conçue pour entrer dans un incendie avec de l’eau et en sortir très rapidement. En général, il s’agit d’eau additionnée de mousse.

M. Gradek : Le problème avec la mousse, les agents ignifuges et tout le reste, c’est le temps de cycle entre les largages. Il leur faut une base fixe où se réapprovisionner. Il y a aussi l’impact environnemental du largage d’agents ignifuges et de gel sur les forêts. Ce n’est pas un produit écologique à larguer. Il me semble que nous avons vu, un certain nombre de fois aux États-Unis, des largages d’agents ignifuges qui ont entraîné des retards de croissance de la végétation.

À mon avis, pour une première intervention, c’est vraiment l’eau qui est la solution. Elle est abondante et nous disposons de l’équipement nécessaire pour en larguer rapidement. C’est mon point de vue.

M. Benedik : Nos systèmes reposent aussi sur l’écopage et le largage d’eau. Ils pourraient être améliorés avec une sorte de mousse qui augmenterait la surface couverte et, donc, l’efficacité de l’extinction, car celle-ci dépend du volume d’eau. C’est au cas par cas. Là, je vois un avantage évident avec le système de SCODEV combiné au C-130 Hercules. L’Aviation royale canadienne dispose de 29 de ces aéronefs, qui ont une capacité de 17 000 litres. Comparés au Canadair, dont la capacité est déjà passée de 6 000 à 7 000 litres, c’est encore 2,5 fois plus. Le lien est direct avec l’efficacité de l’extinction.

La sénatrice Muggli : Merci.

La sénatrice McBean : Chez De Havilland, en ce qui concerne les technologies utilisées dans les nouveaux avions, ce que nous avons entendu, entre autres, quand les feux de forêt ravageaient le Manitoba, c’est que l’un des problèmes avec les écopes était que la province se trouvait déjà dans une période de forte sécheresse et que le niveau d’eau avait baissé dans de nombreux lacs, rendant l’écopage dans les lacs assez difficile.

Je me demande quel type d’innovations, non seulement dans la conception et la technologie des aéronefs, mais aussi dans le domaine de l’information et des données, seraient utiles pour relever le défi croissant de la lutte contre les feux de forêt à grande échelle.

M. Sweeney : Les provinces disposent d’un système de cartographie incroyable qu’elles utilisent pour déterminer où se trouvent leurs plans d’eau. Chaque pilote reçoit quotidiennement de sa base des renseignements sur les plans utilisables. Ce qui est formidable avec le Canadair, c’est qu’il écope littéralement en survolant. Il n’a pas besoin d’aller très profondément pour écoper.

Je comprends ce que vous dites en ce qui concerne les périodes de sécheresse. De deux maux, il faut choisir le moindre. On prélève de l’eau dans un plan d’eau et, en même temps, on essaie de gérer une situation d’urgence.

La sénatrice McBean : Pas vraiment. Je ne voudrais pas que l’avion heurte un îlot rocheux qui affleure soudainement.

M. Sweeney : Les bases font un travail remarquable pour s’assurer que les pilotes sachent quels plans d’eau sont utilisables. Cela se fait fréquemment.

La sénatrice McBean : Je sais qu’on peut aller pêcher et voir où se trouvent les poissons. La technologie à bord de l’avion évolue-t-elle de manière à ce que les pilotes puissent cartographier et voir ces zones en vol?

Mme Howell : Le DHC-515 que nous produisons actuellement est doté d’un équipement amélioré. Un système de contrôle du largage de l’eau, par exemple, a été amélioré. Nous avons aussi procédé récemment à une mise à niveau du système avionique.

Il y a beaucoup de technologie. Nous avons apporté plus d’une trentaine d’améliorations à cet aéronef, qui sera livré en février 2028. Toutes ces technologies actualisées que nous avons installées sur l’aéronef faciliteront la cartographie.

La sénatrice McBean : J’imagine qu’il va à la Grèce. Donc, le premier ne volera pas avant 2028, et ensuite, il faudra attendre au moins trois ans de plus. Le Canada ne pourra pas obtenir un de ces avions — et ce n’est pas votre faute, mais celle des services d’approvisionnement du Canada — avant 2031?

M. Sweeney : : Je vais faire attention à la façon dont je le dis. Dans certains scénarios, le Canada recevra son prochain aéronef après les Européens. Le Manitoba, qui a annoncé l’achat de trois appareils, est officiellement dans la file d’attente. Nous sommes en pourparlers avec d’autres pays et provinces. En fonction de la taille de la commande, nous envisagerons une deuxième ligne de production qui pourrait — je reste très évasif, je sais — accélérer le calendrier de livraison, s’il y avait une commande suffisante pour justifier le lancement d’une deuxième ligne. À ce stade, ce n’est pas le cas, mais s’il y avait une commande importante, par exemple de la part du gouvernement fédéral, nous envisagerions une deuxième ligne, ce qui pourrait accélérer les livraisons.

La sénatrice McBean : Si vous êtes propriétaire d’une maison ou d’un terrain dans une zone touchée par des feux de forêt, diriez-vous que nous devons nous intéresser à de nouvelles technologies, comme le système de SCODEV, dans l’intervalle — ce qui représente beaucoup de temps et beaucoup de feux? Selon vous, le Canada doit-il également rechercher d’autres solutions?

M. Sweeney : Nous avons toujours dit qu’il n’existe pas de solution universelle pour lutter contre les incendies. Je pense que le professeur a mis le doigt sur le problème. Nos aéronefs sont la pierre angulaire, mais ils ne sont en aucun cas le seul outil dont nous disposions. Il existe de petites écopes, des grandes écopes, des hélicoptères et des drones. Toutes sortes d’outils dans la boîte à outils peuvent se révéler utiles.

En attendant, des infrastructures sont nécessaires, que ce soit au sol ou dans les airs. Mon conseil au Canada serait de se lancer dès maintenant dans le développement de tout ce dont il a besoin pour accélérer la lutte contre les feux de forêt et leur gestion dans le pays.

M. Benedik : Vous demandez ou recherchez la fourniture rapide d’équipement. Les aéronefs C-130 Hercules sont déjà présents, et le système de SCODEV n’est pas un aéronef complet qui doit être développé et construit. Nous pouvons le monter assez rapidement, car il s’agit d’un module complémentaire. Nous ne sommes pas limités à 10 unités par an, nous pourrions en faire plus.

Les aéronefs sont là. Le système de SCODEV pourrait entrer en production en 2027. Nous pourrions probablement le livrer en 2027-2028. Disons 2028, pour être honnête. Nous aurions la même capacité que les C-130 Hercules, c’est-à-dire 17 000 litres.

La sénatrice McBean : Merci.

La sénatrice Robinson : Nous avons entendu le témoignage de personnes qui ont mis au point un produit chez FireRein. Il s’agit de l’Eco-Gel, et je pense que c’est probablement ce à quoi la sénatrice Muggli faisait allusion dans sa question. Nous savons qu’il est composé à 97 % d’eau et à 3 % d’huile de canola. J’aime faire flotter le drapeau canadien, comme nous le faisons avec De Havilland.

Venant du monde de l’agriculture, je connais bien les mélanges en cuve. Je me demande si votre aéronef peut ou pourrait un jour faire un mélange en réservoir en vol, en ajoutant cet Eco-Gel dans un volume d’eau écopé, ce qui, en fait — pour revenir au point soulevé par la sénatrice McBean au sujet de la nécessité de tenir compte de la rareté de l’eau dans certaines situations —, augmenterait l’efficacité. C’est ce que nous appelons un surfactif, un mouillant adhésif. Il permet de faire le meilleur usage de l’eau, qui est une ressource si précieuse. Examinez-vous une technologie qui permette d’avoir un système d’injection dans le réservoir en vol?

Philippe Poutissou, vice-président, De Havilland Défense, De Havilland Aircraft of Canada Limited : Les aéronefs actuels sont équipés d’un réservoir qui permet de transporter l’agent ignifuge et de l’injecter dans l’eau écopée. Je ne connais pas bien ces nouveaux produits. Ce n’est pas vraiment notre domaine de compétence. Mais j’imagine qu’il doit exister des moyens d’adapter ce système pour permettre les mélanges appropriés en fonction de l’agent ignifuge.

La sénatrice Robinson : C’est formidable de savoir que vous avez la technologie nécessaire pour injecter le produit. C’est fantastique. Merci.

Le vice-président : Je vous remercie. Je vais exercer mon pouvoir discrétionnaire en tant que vice-président pour poser une question au professeur.

Professeur Gradek, dans un monde idéal, quelle serait la taille de la flotte? Vous avez également mentionné qu’il fallait prendre une décision quant à l’utilisation qui serait faite de la flotte. Vous avez parlé de l’intervention rapide, comme en France, ou du soutien au sol. Que recommandez-vous? Un système hybride ou l’un ou l’autre?

M. Gradek : Non, ce serait probablement une flotte qui aurait... Nous devons remplacer les flottes actuelles. La flotte compte près de 20 aéronefs qui approchent de la fin de leur durée de vie utile. Et 20 ou 30 autres suivent. À mon avis, ces 50 aéronefs doivent être remplacés d’ici cinq ans. Cela fait 50 aéronefs.

Si nous voulons changer de stratégie en matière de lutte contre les feux de forêt qui se déclarent, et qui sont aujourd’hui ignorés jusqu’à ce qu’ils prennent de l’ampleur ou qui sont surveillés à distance, nous aurons besoin de 50 aéronefs de plus. À mon avis, si je devais passer une commande à nos amis chez De Havilland, ce serait une commande de 100 aéronefs sur les 36 prochains mois. Quoi que cela veuille dire pour les lignes de production de De Havilland, qu’elle doive ajouter une ou deux lignes ou plus, nous avons besoin de ces aéronefs et nous en avons besoin rapidement.

Le vice-président : Merci.

La sénatrice Robinson : Une dernière question, peut-être, pour le professeur. Le comité va préparer un rapport où il sera question de la création d’une force nationale de lutte contre les feux de forêt. Avez-vous des recommandations particulières à formuler sur la manière dont nous pourrions encourager ou inciter les gouvernements à créer une telle force? Quelles mesures pouvons-nous leur suggérer de prendre?

M. Gradek : Je pense que nous devons vraiment savoir comment nous combattons les feux et à quel moment nous les combattons. Si la stratégie actuelle consiste essentiellement à protéger les biens, les établissements humains et les infrastructures, et que nous envoyons des unités pour les protéger, alors nous avons besoin de 50 avions. Ils peuvent être gérés au palier fédéral, ce qui signifie que nous en sommes propriétaires. Le gouvernement fédéral est propriétaire des avions. Ils sont entretenus par le gouvernement fédéral et les pilotes sont des employés fédéraux. Ils peuvent continuer d’être déployés à l’intérieur des provinces...

La sénatrice Robinson : Excusez-moi, je voudrais juste vous interrompre un instant. Ma question porte plus précisément sur les mécanismes de collaboration entre les organismes pour mettre en place le système, l’infrastructure, la gouvernance et l’exécution du développement, et non pas tant sur les détails de ce dont nous avons besoin dans le plan. Qui habilitons-nous? Qui devons-nous inciter à entreprendre ce travail aux échelons national, provincial et territorial, afin de pouvoir partager ces ressources et constituer une équipe d’intervention nationale?

M. Gradek : La question serait quel organisme, service ou ministère fédéral devrait diriger cela? Je pense que le Comité sénatorial de l’agriculture et des forêts est excellent, mais selon moi, c’est Ressources naturelles Canada qui devrait se charger de la coordination, ou peut-être Agriculture et Agroalimentaire Canada. Transports Canada doit être impliqué. Il faudra une approche coordonnée. Je ne pense pas qu’un seul organisme ou un seul ministère fasse l’affaire. Il faudra une approche hybride pour gérer l’ensemble du processus.

La sénatrice Robinson : Merci.

Le vice-président : Merci. Je tiens à remercier les témoins d’avoir pris le temps de comparaître devant nous aujourd’hui. Cette séance a été très instructive, et nous vous sommes reconnaissants de votre contribution à notre étude.

Je tiens aussi à remercier les membres du comité de leur participation active et, comme d’habitude, de leurs questions pertinentes. Je voudrais également prendre le temps de remercier tout le personnel qui soutient le travail du comité : notre greffier, notre analyste de la Bibliothèque du Parlement, les interprètes, l’équipe des débats qui transcrit cette réunion, le préposé à la salle du comité, le technicien des services multimédias, l’équipe de radiodiffusion, le centre d’enregistrement, la Direction des services d’information et, enfin et surtout, notre page.

(La séance est levée.)

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