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BANC - Comité permanent

Banques, commerce et économie


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES BANQUES, DU COMMERCE ET DE L’ÉCONOMIE

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 6 novembre 2025

Le Comité sénatorial permanent des banques, du commerce et de l’économie se réunit aujourd’hui, à 10 h 30 (HE), pour examiner, afin d’en faire rapport, toute question concernant les banques, le commerce et l’économie en général; et à huis clos, pour étudier, afin d’en faire rapport, la crise du logement au Canada et les défis auxquels sont actuellement confrontés les acheteurs d’habitations canadiens, en mettant particulièrement l’accent sur les taxes, les frais et les prélèvements gouvernementaux, et pour étudier une ébauche de rapport; et à huis clos, pour étudier un projet d’ordre du jour (travaux futurs).

Le sénateur Clément Gignac (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Bonjour, honorables sénatrices et sénateurs. Je m’appelle Clément Gignac, je suis un sénateur du Québec et je suis président du Comité sénatorial permanent des banques, du commerce et de l’économie.

J’aimerais souhaiter la bienvenue à tous ceux qui sont avec nous en présentiel ainsi qu’à celles et ceux qui nous écoutent à partir du site Web sencanada.ca. Avant de continuer, je demanderais à mes collègues du comité de bien vouloir se présenter.

[Traduction]

Le sénateur Varone : Toni Varone, de l’Ontario.

Le sénateur Loffreda : Tony Loffreda, de Montréal, au Québec.

Le sénateur Fridhandler : Daryl Fridhandler, de l’Alberta.

[Français]

La sénatrice Henkel : Bonjour. Danièle Henkel, de la région d’Alma, au Québec.

La sénatrice Ringuette : Pierrette Ringuette, du Nouveau‑Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur Yussuff : Hassan Yussuff, de l’Ontario.

La sénatrice McBean : Marnie McBean, de l’Ontario.

Le sénateur C. Deacon : Colin Deacon, de la Nouvelle-Écosse.

La sénatrice Wallin : Pamela Wallin, de la Saskatchewan.

La sénatrice Marshall : Elizabeth Marshall, de Terre-Neuve-et-Labrador.

La sénatrice Martin : Yonah Martin, de la Colombie-Britannique.

[Français]

Le président : Nous avons le plaisir d’accueillir en personne Tiff Macklem, gouverneur, et Carolyn Rogers, première sous‑gouverneure, de la Banque du Canada.

Monsieur Macklem, je vous invite à prononcer votre déclaration d’ouverture. Votre intervention sera suivie d’une période de questions. Monsieur Macklem, la parole est à vous. Bienvenue.

Tiff Macklem, gouverneur, Banque du Canada : Merci, monsieur le président. C’est un grand plaisir d’être de retour au Sénat.

[Traduction]

Je suis ravi d’être ici en compagnie de la première sous‑gouverneure, Carolyn Rogers, pour parler de notre décision de politique monétaire ainsi que de nos perspectives économiques.

La semaine dernière, nous avons réduit le taux directeur de 25 points de base pour le faire passer à 2,25 %. C’était une deuxième baisse de suite, qui reflète la faiblesse actuelle de l’économie et le fait que les pressions inflationnistes sont contenues. Nous avons également publié nos perspectives pour l’économie canadienne.

Nous avons quatre grands messages. Premièrement, les droits de douane américains et l’incertitude commerciale ont affaibli l’économie canadienne. La croissance devrait être très modeste jusqu’à la fin de l’année, puis se redresser un peu en 2026.

Deuxièmement, même si la faiblesse de l’économie limite les hausses de prix, le conflit commercial entraîne aussi des coûts supplémentaires pour beaucoup d’entreprises. Cela crée des pressions à la hausse sur l’inflation. Ces forces opposées devraient plus ou moins s’équilibrer, ce qui gardera l’inflation proche de la cible de 2 %.

Troisièmement, pour soutenir l’économie durant cette période d’ajustement, nous avons réduit le taux directeur de 100 points de base depuis le début de l’année.

Enfin, la faiblesse que nous observons dans l’économie canadienne est plus qu’un ralentissement cyclique. C’est aussi une transition structurelle.

Les restrictions commerciales américaines ont affaibli les perspectives économiques du Canada. Les dommages structurels causés par les droits de douane réduisent notre capacité de production et amènent des coûts supplémentaires. Cela limite la capacité de la politique monétaire à stimuler la demande tout en maintenant l’inflation à un bas niveau.

Parlons maintenant des conditions économiques. Même si la politique commerciale des États-Unis demeure imprévisible, ses conséquences, elles, apparaissent plus clairement.

[Français]

Le produit intérieur brut (PIB) du Canada s’est contracté de 1,6 % au deuxième trimestre. Les droits de douane et l’incertitude ont fait baisser les exportations et les investissements des entreprises. Les mesures commerciales américaines ont de profonds effets sur les secteurs visés, dont l’automobile, l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre. Les dépenses des ménages ont été résilientes au deuxième trimestre, avec des dépenses de consommation vigoureuses et une augmentation de l’investissement résidentiel.

Le marché du travail est détendu. Les gains enregistrés en septembre ont fait suite à deux mois de pertes substantielles. Le taux de chômage est resté à 7,1 % en septembre, et la croissance des salaires a ralenti.

La croissance du PIB devrait reprendre dans la deuxième moitié de l’année, mais demeurer faible et avoisiner 0,75 % en moyenne. Elle devrait ensuite se redresser en 2026, sur une base trimestrielle, grâce à la reprise des exportations et des investissements. Elle devrait tourner autour de 1,5 % en moyenne d’ici 2027. Cela suppose que l’offre excédentaire va se résorber, mais graduellement.

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est chiffrée à 2,4 % en septembre. C’était légèrement supérieur aux prévisions de la banque. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la banque se sont maintenues autour de 3 %, mais la tendance à la hausse s’est essoufflée. L’analyse d’un plus large éventail d’indicateurs semble montrer que l’inflation sous-jacente est autour de 2,5 %. Selon la banque, les pressions inflationnistes devraient s’atténuer dans les mois à venir, et l’inflation mesurée par l’IPC devrait rester près de 2 % pendant la période de projection.

[Traduction]

Pourvu que l’économie évolue de manière généralement conforme à ces prévisions, le Conseil de direction considère que le taux directeur actuel est essentiellement au niveau approprié pour garder l’inflation près de 2 % tout en aidant l’économie à traverser cette période d’ajustement structurel. Nous allons évaluer attentivement les nouvelles données par rapport aux prévisions de la Banque du Canada. Si les perspectives changent, nous sommes prêts à réagir.

Depuis des mois, nous insistons pour dire que la politique monétaire ne peut pas réparer les dommages causés par les droits de douane. Les frictions commerciales avec les États-Unis vont entraîner pour notre économie une perte d’efficience, des coûts plus élevés et des revenus plus bas. Même si la croissance économique se redresse, la trajectoire globale du PIB est plus faible qu’elle ne l’était avant le revirement de la politique commerciale américaine.

La politique monétaire peut aider l’économie à s’ajuster tant que l’inflation est bien maîtrisée. Mais elle ne peut pas la remettre sur la même trajectoire qu’avant les mesures tarifaires.

Cependant, j’ajouterai qu’il y a des mesures que ce pays peut prendre pour s’engager sur une voie plus favorable. Nous n’avons pas à accepter un niveau de vie inférieur et nous ne le devrions pas.

À la Banque du Canada, notre priorité est de préserver la confiance des Canadiennes et des Canadiens dans la stabilité des prix pendant cette période de bouleversements mondiaux.

[Français]

Sur ce, nous sommes prêts à répondre à vos questions.

Le président : Merci, monsieur le gouverneur.

[Traduction]

Le sénateur Varone : J’avais quatre questions, mais après avoir entendu votre déclaration préliminaire, j’en ai éliminé trois. J’aimerais savoir une chose. Quels sont les obstacles étrangers qui pourraient perturber vos perspectives?

M. Macklem : Les obstacles étrangers?

Le sénateur Varone : Oui.

M. Macklem : Le danger le plus important et le plus constant concerne ce qui se passe au chapitre de la politique commerciale américaine. Les négociations ont été interrompues à plusieurs reprises. L’Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou l’ACEUM, doit faire l’objet d’un examen l’année prochaine. Le processus est en cours. Si les droits de douane américains imposés au Canada devaient augmenter considérablement, nos perspectives s’en trouveraient fortement modifiées. Elles seraient nettement plus faibles.

En juillet, nous avons publié un scénario qui donne une idée de ce qui pourrait se produire. Dans ce scénario, le Canada était en récession.

Les marchés financiers sont très dynamiques. Selon de nombreux indicateurs, les prix des actions semblent très élevés. Les écarts de taux sur les obligations de sociétés sont très faibles dans un contexte d’incertitude élevée. Nous ne donnons pas de conseils en matière d’investissement et il ne s’agit pas d’une prévision, mais cela augmente le risque que, si le sentiment à l’égard des retombées de l’IA venait à changer, on assiste à une forte baisse des marchés, à un élargissement des écarts sur les obligations de sociétés et à un resserrement marqué des conditions financières. Encore une fois, cette situation aurait des effets négatifs sur les perspectives. Ce sont là quelques exemples importants.

Le sénateur Varone : Hier, à l’extérieur de la Cour suprême des États-Unis, le juge en chef Roberts a fait part de son opinion sur les droits de douane, qui était défavorable à Trump. Que la décision de la Cour suprême soit positive ou négative, êtes-vous prêt à réagir? Je pose la question parce que, dès que la décision sera rendue, elle aura des répercussions sur le Canada.

M. Macklem : Nous sommes actuellement confrontés à des droits de douane intermittents.

Un certain nombre de secteurs au Canada sont soumis à des droits de douane très élevés. C’est la situation dans laquelle nous sommes. Quelle que soit la décision de la Cour suprême, je pense que nous allons devoir continuer de gérer la situation pendant un certain temps.

La sénatrice Marshall : Monsieur le gouverneur, madame la sous-gouverneure, je vous remercie de votre présence. Je voudrais parler de l’assouplissement quantitatif. Dans les renseignements financiers que vous fournissez chaque semaine, on constate une très légère hausse concernant les obligations du gouvernement du Canada et une diminution pour ce qui est des conventions d’indemnisation. Achetez-vous davantage d’obligations ou s’agit-il simplement d’un lien entre les conventions d’indemnisation et les obligations du gouvernement du Canada?

Carolyn Rogers, première sous-gouverneure, Banque du Canada : C’est la deuxième hypothèse. Il est important de distinguer l’achat d’obligations dans le cadre de l’assouplissement quantitatif de la gestion normale de notre bilan. On nous a posé la question hier. Nous venons d’en discuter. Il s’agit d’un équilibrage normal de notre bilan, qui consiste à faire correspondre les actifs et les passifs.

La sénatrice Marshall : Envisagez-vous actuellement de recourir à l’assouplissement quantitatif? Je vous pose la question parce que le gouvernement emprunte beaucoup d’argent. Cette année, il prévoit emprunter 138 milliards de dollars et refinancer 476 milliards de dollars. L’année prochaine, il prévoit emprunter 149 milliards de dollars, et il relève à nouveau le plafond de la dette, ce à quoi nous nous attendions. Vous préparez-vous à recourir à l’assouplissement quantitatif ou ce n’est pas envisagé?

M. Macklem : Je vais répondre à la question. Tout d’abord, nous ne songeons même pas à recourir à l’assouplissement quantitatif. Nous n’en sommes pas là du tout. Ensuite, lorsque nous procédons à un assouplissement quantitatif, ce n’est pas en raison des besoins financiers du gouvernement. Si nous devions le faire — nous ne l’avons fait qu’une seule fois dans l’histoire, soit au milieu d’une pandémie, quelque chose qui survient une fois tous les 100 ans —, ce serait uniquement dans le but d’atteindre notre cible d’inflation. À l’heure actuelle, notre taux directeur est de 2,25 %. Nous disposons d’une bonne marge de manœuvre pour le réduire si la situation venait à se détériorer considérablement.

L’assouplissement quantitatif est une politique que l’on n’utilise que dans des circonstances absolument exceptionnelles. Comme je l’ai dit, nous n’y avons eu recours qu’une seule fois. Nous avons procédé à un examen approfondi et nous avons réaffirmé que c’est un outil qui ne devait être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles.

La sénatrice Marshall : Concernant votre rapport sur la politique monétaire d’octobre, la dernière chose que vous dites dans l’aperçu, c’est que « [l]es risques concernant la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis demeurent élevés ». Toutefois, vous dites ensuite : « D’autres risques qui ne sont pas directement liés aux droits de douane pourraient aussi altérer les perspectives. » J’ai trouvé cette déclaration assez inquiétante et je me demandais ce qui vous venait à l’esprit lorsque vous l’avez rédigée.

M. Macklem : Nous voulions signifier qu’il existe un risque très inhabituel, qui concerne la politique commerciale américaine. Dans toute prévision, il y a toujours des risques. Nous voulions signaler que le risque lié au commerce américain est très inhabituel. Il existe toute une série d’autres risques. J’ai évoqué l’un d’entre eux. On pourrait assister à un resserrement marqué des conditions financières mondiales. Il en est question plus loin dans le rapport.

Comme je l’ai souligné dans ma déclaration préliminaire, le Canada vit une transition structurelle très difficile qui entraîne beaucoup plus de frictions à la frontière canado-américaine. On ne voit pas très souvent ce genre de situation dans l’économie. Nous n’avons pas connu d’augmentation aussi importante des droits de douane depuis la Grande Dépression. Cet ajustement pourrait s’avérer plus difficile et prendre plus de temps que nous l’avons prévu dans notre projection.

Sur une note positive, concernant les droits de douane américains, nous pourrions réaliser certains progrès si les États‑Unis réduisaient les droits sectoriels. Si nous parvenions à renouveler l’ACEUM, les incertitudes seraient considérablement réduites. Il y aurait alors des effets positifs. Il existe des risques des deux côtés, mais ce risque important qui provient des États‑Unis occupe une place prépondérante.

Le sénateur Fridhandler : Je vais poser quelques questions sur les activités bancaires quotidiennes plutôt que sur les sujets complexes liés à la politique monétaire et aux taux d’intérêt.

Au début du mois d’octobre, The Globe and Mail a publié un article sur une étude qui a été menée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario et l’Organisme canadien de réglementation des investissements sur les pratiques bancaires concernant les courtiers en valeurs mobilières. Dans cet article, on indiquait que le rapport révélait que les conseillers en fonds communs de placement subissaient une forte pression pour atteindre des objectifs de vente, ce qui pouvait les amener à proposer des produits ou des services qui n’étaient pas dans l’intérêt des clients. Le président de l’Association canadienne des individus retraités a déclaré :

Ce qu’a dit la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario donne à réfléchir : les résultats de son enquête montrent qu’une part importante des clients des banques continuent de recevoir des conseils en matière d’investissement qui ne sont pas dans leur intérêt. Les incitatifs en jeu semblent reléguer l’investisseur au second plan.

Ce qui est important fait peur.

Quel rôle joue la Banque du Canada dans la résolution de ce problème avec ses banques autorisées?

Mme Rogers : Nous ne sommes pas l’organisme de réglementation des banques. Ce rôle revient au Bureau du surintendant des institutions financières, ou BSIF. Je ne pense pas que nous ayons un rôle direct à jouer lorsqu’il s’agit des relations entre les banques et leurs clients.

Nous assurons un certain niveau de surveillance et de coordination avec les banques, car elles constituent un élément important du système de paiement. C’est là notre principale fonction dans le cadre du régime de réglementation, mais nous n’avons pas d’expertise particulière ni de rôle direct à jouer à cet égard.

Le sénateur Fridhandler : En ce qui concerne l’octroi de permis bancaire en général, cela influe-t-il sur la façon dont les banques opèrent sur le marché? Permettez-moi de poser une deuxième question. Peut-être faudra-t-il que je m’adresse également au BSIF à ce sujet. Je crois avoir vu des reportages dans les médias sur le sujet, mais j’ai vu de nombreuses lettres que des banques avaient envoyées à certains de leurs clients pour les informer qu’elles ne leur offriraient plus leurs services, qu’ils ne correspondaient pas à leur profil de risque. Aucune raison n’est donnée : « Vous avez 30 jours pour fermer vos comptes. Allez ailleurs. »

Encore une fois, il s’agit de banques autorisées par la Banque du Canada. Je comprends que la Banque du Canada n’est pas leur organisme de réglementation, mais vous leur délivrez une autorisation pour qu’elles puissent exercer leurs activités, n’est‑ce pas?

Mme Rogers : Non, ce n’est pas notre rôle. Nous ne délivrons pas d’autorisation aux banques.

M. Macklem : Il y a une distinction. Nous nous occupons de la politique monétaire et des paiements. Le Bureau du surintendant des institutions financières autorise les banques à exercer leurs activités, il les réglemente et les supervise.

Le sénateur Fridhandler : D’accord. Je lui poserai mes questions. Merci.

Le sénateur Loffreda : Monsieur Macklem, madame Rogers, bienvenue à nouveau. C’est toujours un plaisir de vous accueillir ici. Ma question porte sur la trajectoire de l’inflation et l’orientation de la politique.

Monsieur le gouverneur, l’inflation a ralenti, mais elle reste inégale selon les catégories. Les coûts du logement et des aliments continuent d’exercer des pressions sur les ménages. J’ai pris connaissance des dernières prévisions de votre banque, mais si vous le souhaitez, vous pouvez nous donner plus de détails sur le moment où vous prévoyez que l’inflation reviendra durablement à la cible de 2 %. Je vais vous poser ma question principale. Quels sont les indicateurs que vous privilégiez pour déterminer à quel moment et à quel rythme les taux seront réduits à l’avenir?

M. Macklem : L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation, ou l’IPC, qui est en fait notre cible, a fluctué autour de 2 %. Elle est assez proche de 2 % depuis plus d’un an maintenant. En septembre, elle a atteint 2,4 %, mais en général, l’inflation mesurée par l’IPC reste assez proche de 2 %. Nous avons également certaines mesures pour essayer de déterminer la tendance sous-jacente. Il y a deux mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque du Canada. Elles se situent autour de 3 % depuis un certain nombre de mois. Lorsque nous examinons un large éventail d’indicateurs de l’inflation sous-jacente — je peux en parler plus en détail si vous le souhaitez, mais j’essaie d’économiser du temps —, ils se situent autour de 2,5 %. Donc, 2,5 %, 3 %, c’est préoccupant, et la crainte, c’est que l’inflation mesurée par l’IPC puisse monter au niveau de l’inflation fondamentale, auquel cas elle serait trop élevée.

Cependant, si l’on examine les détails, plus tôt dans l’année, nous avons observé une certaine tendance à la hausse de l’inflation fondamentale. Les mesures de l’inflation sur trois à six mois indiquent que cette tendance s’est essoufflée. Lorsque nous examinons les différentes catégories, nous pensons que l’inflation fondamentale va progressivement diminuer. L’inflation mesurée par l’IPC global demeurera près de 2 %. Il y a toujours des risques à cet égard. Il ne fait aucun doute que lorsque nous discutons avec les entreprises, nous constatons qu’elles doivent faire face à des coûts supplémentaires pour réorganiser leurs activités commerciales et trouver de nouveaux marchés. On pourrait alors voir une hausse de l’inflation. D’un autre côté, l’économie est faible et les entreprises ont donc du mal à répercuter ces coûts sur leur clientèle. Elles proposent donc des remises. Ces deux facteurs devraient plus ou moins s’équilibrer et c’est ce que nous allons surveiller de près à l’avenir.

Le sénateur Loffreda : Merci. Dans quelle mesure les perspectives de la Banque du Canada tiennent-elles compte d’une possible persistance quant à la dynamique des salaires et des prix ou des perturbations mondiales de l’approvisionnement, dont vous avez parlé? Dans quelle mesure la banque réagirait‑elle rapidement si de telles pressions réapparaissaient? Car elles peuvent réapparaître. Vous avez décrit un scénario commercial mondial qui pourrait changer du jour au lendemain, et nous savons ce qui se passe chez notre voisin du Sud. Que pensez‑vous de ces risques?

M. Macklem : En ce qui concerne les salaires, leur croissance a considérablement ralenti. Le marché du travail est en fait détendu. Nous ne considérons pas les pressions sur les salaires comme un inducteur de coût important pour les entreprises. Cependant, comme vous l’avez évoqué, oui, il pourrait y avoir un nouveau choc commercial, la situation pourrait changer. Il est difficile de déterminer à partir de quel moment un changement suffit pour modifier notre taux d’intérêt. Nous devrons prendre ces décisions.

Je disais que si les perspectives changent, nous sommes prêts à réagir. Ce que je veux dire, c’est que si les données sont volatiles, si pendant un mois ou même un trimestre, nous constatons que les choses ne se déroulent pas comme prévu, nous examinerons s’il s’agit simplement d’un écart temporaire par rapport aux prévisions et si nous reviendrons probablement à une situation similaire à celle prévue, ou si les perspectives changent réellement. Si les perspectives changent réellement, soyez assurés que nous réfléchirons à la manière dont nous allons nous adapter et à ce que nous devons faire pour maintenir l’inflation à la cible et faire tout notre possible pour soutenir l’économie.

Le sénateur C. Deacon : Je vous remercie d’être des nôtres, monsieur le gouverneur, madame la première sous-gouverneure. C’est toujours un plaisir d’avoir l’occasion de vous poser des questions.

Dans votre rapport sur la politique monétaire du troisième trimestre, vous prévoyez que les investissements des entreprises demeureront stables dans le secteur pétrolier et gazier, et qu’ils connaîtront une croissance modérée dans les autres secteurs de l’économie. Je présume que ces projections sont fondées sur des informations rendues publiques par le gouvernement précédent, au printemps ou avant le début du mandat du gouvernement actuel. J’aimerais savoir, surtout par rapport aux nouvelles dépenses en immobilisations, si la superdéduction à la productivité aura un effet sur l’inflation, ainsi que sur la croissance des investissements des entreprises.

M. Macklem : Je tiens à préciser que ces projections ont été publiées avant le dépôt du budget. Par conséquent, elles ne tiennent pas compte des mesures qui se trouvent dans le budget; elles sont fondées sur les mesures annoncées avant, et par le fédéral, et par les provinces. Ces mesures comprennent, par exemple, certains mécanismes de soutien pour des secteurs donnés, ainsi que l’élargissement de l’accès à l’assurance‑emploi, mais elles n’incluent pas, par exemple, la superdéduction.

La superdéduction devrait inciter les entreprises à investir puisqu’elle réduira le coût de leurs investissements. Or, il va sans dire que l’investissement ne dépend pas strictement du régime fiscal; il faut avoir un bon projet et il faut s’attendre à pouvoir réaliser un profit. La déduction accélérée renforcera la possibilité de réaliser un profit et elle accélérera peut-être l’investissement, mais d’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte. L’incidence de ce mécanisme dépendra fortement de la mesure dans laquelle le secteur privé y aura recours. Ce sont les entreprises privées qui réaliseront les investissements. Oui, la superdéduction devrait encourager l’investissement, mais on ne sait pas encore dans quelle mesure.

Le sénateur C. Deacon : Autrement dit, pour l’instant, vous n’avez pas constaté de changements importants, mais vous allez surveiller la situation de près.

M. Macklem : Oui, nous allons examiner attentivement le budget. Nos prochaines projections seront publiées en janvier. Elles tiendront compte de ces mesures. Oui, pour effectuer des projections, nous allons devoir nous faire une opinion, par exemple, sur l’intérêt que suscitera ce mécanisme.

Le sénateur C. Deacon : Je vous remercie. Ainsi, ce que vous dites, c’est que le rapport sur la politique monétaire comprend les mesures annoncées jusqu’à sa publication.

M. Macklem : Oui, jusqu’à environ une semaine avant sa publication. Il faut un peu de temps pour produire le rapport.

Le sénateur C. Deacon : En ce qui concerne les nouveaux rôles de réglementation, qui s’ajoutent à ceux liés à la Loi sur les activités associées aux paiements de détail, ainsi que la réglementation relative au système bancaire ouvert et aux cryptomonnaies stables, que prendrez-vous en considération? Avez-vous réfléchi au chevauchement de la réglementation dans les secteurs où le fardeau réglementaire pourrait peser lourdement sur les nouveaux joueurs novateurs, ce qui nuirait à la compétitivité du Canada? Je sais, madame la première sous-gouverneure, que vous avez dit de très belles choses sur la concurrence et sur son importance, mais il s’agit d’un facteur essentiel.

Mme Rogers : Oui, c’est un des principaux motifs de la décision de confier tous ces rôles à la Banque du Canada. Nous étions déjà responsables de la Loi sur les activités associées aux paiements de détail, et nous croyons que les entreprises qui seront visées par les nouvelles mesures relatives aux cryptomonnaies stables et au système bancaire ouvert seront en grande partie les mêmes que celles qui ont présenté des demandes pour se conformer à la Loi sur les activités associées aux paiements de détail. Tout cela est très nouveau, mais au cours des prochains mois, nous tâcherons notamment de trouver des moyens d’éviter que les entreprises doivent s’enregistrer auprès de trois régimes différents. Cela exigera une réflexion sur le plan législatif, mais aussi sur le plan opérationnel. Nous avons construit une plateforme technologique qui devrait améliorer notre efficacité, non seulement pour nous, mais aussi pour les entreprises qui voudront s’enregistrer afin de se conformer à différents régimes.

Le sénateur C. Deacon : C’est une bonne nouvelle parce que ce n’est pas la façon dont le Canada a fait les choses dans le passé. Je suis heureux de l’entendre. Merci beaucoup.

Le sénateur Yussuff : Je vous remercie de vous joindre à nouveau à nous, monsieur le gouverneur, madame la première sous-gouverneure. Je ne peux pas dire que je me réjouis des mauvaises nouvelles que vous apportez. Vos déclarations publiques me donnent encore plus de raisons de craindre que nous rations notre coup.

Vous avez dit qu’une faible croissance entraînait une diminution des revenus. Ce sont des problèmes à long terme pour l’économie. Évidemment, le défi pour les familles, c’est que même si elles travaillent plus fort que jamais, elles n’arrivent pas à faire de gains.

Nous avons adopté le projet de loi C-5 et nous avons déclaré que nous allions lever les obstacles interprovinciaux afin d’améliorer l’efficacité du Canada et de faire tomber les barrières dont nous nous plaignons depuis plus d’un siècle. Comment allons-nous régler les problèmes auxquels font face les gens ordinaires, qui n’arrivent pas à s’en sortir malgré tous les efforts qu’ils déploient?

M. Macklem : Nous avons les mêmes préoccupations que vous. Pourquoi le Canada est-il aux prises avec un problème d’abordabilité? Pourquoi tant de gens ont-ils de la difficulté à joindre les deux bouts? C’est parce que le Canada a connu une très faible croissance de la productivité ces 20 dernières années. Si la productivité ne s’accroît pas, les revenus n’augmentent pas; et si les revenus n’augmentent pas, tout semble coûter plus cher.

Évidemment, la hausse de l’inflation en 2022 a empiré la situation. Depuis, nous avons réussi à juguler l’inflation, mais nous sommes très conscients que le niveau des prix n’a pas baissé. Les prix sont toujours plus élevés. Nous n’allons pas réduire le niveau global des prix; cela provoquerait une grave récession et nuirait fortement à l’économie. Notre rôle est de maintenir le taux d’inflation autour de 2 %. Je suis convaincu que nous y arriverons.

La seule façon de rendre la vie plus abordable, c’est en accroissant les revenus. Il faut stimuler la croissance de la productivité pour faire augmenter les salaires. Ainsi, on générera plus de revenus, et tout deviendra plus abordable.

Nous avons les mêmes préoccupations que vous, et je trouve important d’être franc avec la population canadienne. À pareille date l’an dernier, la situation semblait s’améliorer. Nous avions un problème de productivité, mais au moins, le taux de chômage diminuait, la consommation augmentait et l’investissement s’améliorait. Les droits de douane américains ont tout changé. C’est un défi de plus. Le message, c’est que si le Canada se croise les bras, notre niveau de vie sera à jamais inférieur; or, il existe des solutions, et ces solutions s’imposent.

Le sénateur Yussuff : Par rapport à cela, le gouvernement vient de déposer un budget dans lequel il parle de construire toutes sortes de choses et d’investir de manière stratégique. Cependant, pour que ce ne soit pas encore une fois des paroles en l’air, il faut que les entreprises saisissent ces occasions. On ne peut pas se dire que si l’on diminue les impôts, tout va s’arranger comme par magie. Nous nous sommes déjà retrouvés dans une telle situation. Croyez-vous que cette fois-ci, les gens vont comprendre le message et qu’ils vont accélérer la cadence pour régler les problèmes? Les Canadiennes et les Canadiens s’attendent à ce que les solutions qui leur ont déjà été présentées donnent de meilleurs résultats. Ce n’est pas leur faute. Comment peut-on leur assurer que les mesures proposées dans le budget finiront par rendre la vie et le pays meilleurs?

M. Macklem : Comme vous le savez, notre domaine est la politique monétaire. Ce sont les gouvernements élus qui s’occupent de la politique fiscale.

Le sénateur Yussuff : Oui, mais de temps en temps, nous voulons des conseils.

M. Macklem : Oui. Tout ce que je veux dire, c’est que nous n’allons pas nous prononcer sur des mesures particulières. Nous avons tiré des conclusions très semblables à celles qui se trouvent dans le budget quant aux facteurs qui nuisent à l’économie. Les entreprises n’investissent pas suffisamment. La réglementation représente un obstacle important. Pour stimuler davantage l’économie, il faut accroître l’investissement. Il faut aussi améliorer notre productivité et notre compétitivité.

Le budget prévoit des changements considérables. Le gouvernement réduira notablement ses dépenses de fonctionnement en vue d’allouer une plus grande partie de son budget à l’investissement. On parle non seulement de l’investissement public, mais aussi des efforts visant à catalyser l’investissement privé. L’incidence de ces changements dépendra considérablement de la manière dont ils seront mis en œuvre. Il y a beaucoup de travail à faire pour mettre en place les mesures proposées.

Comme on l’a déjà dit, tout dépendra aussi de l’intérêt que ces mesures susciteront au sein du secteur privé. Mieux les mesures seront mises en œuvre, plus l’intérêt sera grand, plus l’incidence sera positive.

[Français]

La sénatrice Henkel : Bienvenue parmi nous et merci.

J’aimerais vous interroger sur le capital de risque. On estime qu’à peine 5 % du capital de risque est attribué à des entreprises fondées ou dirigées par des femmes. Le projet de budget fédéral met l’accent sur l’innovation, la productivité et la croissance en injectant plus d’un milliard de dollars pour catalyser le capital de risque. Sans un changement structurel dans les critères d’investissement et la gouvernance des fonds, cet argent risque de reproduire les mêmes biais.

Comment s’assurer que ces nouveaux fonds ne perpétuent pas les biais du système actuel, mais qu’ils servent réellement à ouvrir le capital de risque aux femmes et à soutenir leur plein potentiel entrepreneurial?

M. Macklem : Cette question serait davantage pour le ministre des Finances. Comme je l’ai dit, nous sommes d’accord pour dire qu’il manque du capital de risque au pays. Dans ce budget, le gouvernement a mis en place quelques mesures pour le stimuler. Nous en verrons les effets. Il sera important de mettre en place ces politiques de façon intelligente pour en maximiser les impacts. La question de savoir comment le faire s’adresse plutôt au ministre des Finances.

La sénatrice Henkel : Parmi les grandes missions de la Banque du Canada figure la sécurisation des services de paiement. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de multiplication des cyberattaques, quelle est la stratégie de la banque pour garantir la continuité des paiements essentiels, des salaires, des transferts intergouvernementaux et des paiements interbancaires en cas d’incident majeur? Estimez-vous que le système canadien dispose aujourd’hui d’un niveau de résilience comparable à celui des grandes économies avancées?

M. Macklem : Oui. J’ai une grande confiance en notre système de paiement. Nous avons un bon système de paiement au Canada, et les nouvelles responsabilités de la Banque du Canada l’amélioreront. L’année prochaine, Paiements Canada va lancer son système de paiement en temps réel, ce qui créera des possibilités de paiement très rapides. Nous jouons un rôle de superviseur des grands systèmes de paiement. Notre responsabilité est de s’assurer que ces systèmes soient résilients. À la Banque du Canada, nous avons aussi la responsabilité de nous assurer que les paiements de détail soient sûrs. De plus, grâce à la nouvelle législation, on aura la responsabilité de faire en sorte que la cryptomonnaie stable soit également un système de paiement sûr.

Nous avons donc un bon système. Les Canadiens et Canadiennes disposent de plusieurs options, et ils en auront encore plus dans un avenir rapproché. Les choses vont commencer dès l’année prochaine avec le système de paiement en temps réel.

[Traduction]

La sénatrice Wallin : Monsieur le gouverneur, vous avez dit à quelques occasions, notamment dans un discours prononcé récemment à Saskatoon, que le Canada avait attendu trop longtemps avant de réduire sa dépendance économique aux États-Unis. Vous avez aussi fait des mises en garde quant à la baisse du niveau de vie.

Sans entrer dans le détail, vous avez fait des commentaires positifs sur le budget; vous avez applaudi son caractère audacieux. Pour nombre de mesures, le délai sera long avant d’en ressentir les effets.

Le message suffit-il? Y a-t-il des indications particulières qui vous rendent optimiste par rapport à la possibilité de renverser l’exode des capitaux étrangers et intérieurs, de régler les problèmes et de réduire notre dépendance?

M. Macklem : Permettez-moi de parler de deux points qui incitent à l’optimisme. D’abord, comme vous l’avez souligné, c’est vrai que j’ai déploré le fait que nous avons attendu trop longtemps avant de diversifier nos échanges commerciaux. À l’époque de la crise financière mondiale de 2008-2009, notre système financier fonctionnait bien. Aucune banque canadienne ne s’est effondrée, tandis que la calamité s’est abattue sur le système financier américain. Des banques américaines ont fait faillite, et l’économie américaine s’est contractée de façon spectaculaire. Cette situation a mis en évidence notre forte dépendance envers les États-Unis. La récession aux États-Unis a eu des répercussions importantes au Canada. Après 2008-2009, on a beaucoup parlé de l’importance de diversifier nos échanges commerciaux. J’ai livré des discours à ce sujet, mais il ne s’est pas passé grand-chose. Nous sommes sortis de la récession, et les affaires sont revenues à la normale.

Cette fois-ci, je pense que les choses vont changer. Notre relation avec les États-Unis s’est radicalement transformée. Je pense que les entreprises comprennent qu’elles doivent absolument diversifier leurs échanges commerciaux.

En réalité, notre accès au marché compte parmi les meilleurs au monde. Nous avons conclu des accords commerciaux avec l’Union européenne et l’Asie, mais jusqu’à maintenant, nous n’en avons pas tiré pleinement profit. Aujourd’hui, Mme Rogers et moi constatons que les entreprises canadiennes se tournent plus que jamais vers l’Europe et l’Asie. Elles cherchent de nouveaux marchés. Nos exportations à destination d’autres pays que les États-Unis sont à la hausse. Quand 75 % des échanges commerciaux se font avec les États-Unis, c’est très difficile de trouver un nouvel équilibre, mais on commence à le voir. J’ai bon espoir que cette tendance se maintiendra parce que ce n’est plus juste une question de gestion du risque; dorénavant, c’est un impératif commercial.

La sénatrice Wallin : J’appuie ce que vous dites. On constate une hausse, mais il faut des investissements. Le premier ministre parle de catalyser les investissements, mais il faut catalyser...

M. Macklem : C’est vrai, mais pour investir, il faut s’attendre à obtenir un rendement. Il faut quelqu’un à qui vendre le produit. Avant d’investir, il faut développer les marchés et s’assurer d’avoir accès à un marché où vendre son produit.

La sénatrice Wallin : Il faut avoir les moyens de fabriquer les produits ici et de les acheminer vers les marchés.

M. Macklem : Il faut les produire et les acheminer jusqu’aux côtes.

La sénatrice Wallin : J’aimerais m’adresser rapidement à la première sous-gouverneure Rogers. Il y a plus d’un an, elle a prononcé la meilleure phrase de tous les temps : il est temps de briser la vitre, mesdames et messieurs. Nous sommes en crise.

Que pensez-vous? Essayez-vous de remettre la hache derrière la vitre?

Mme Rogers : J’ai livré un autre discours sur la concurrence en mars 2024, avant le début du mandat du président Trump. S’il y avait urgence à ce moment-là, il y a certainement urgence maintenant.

Je pense que vous allez continuer à entendre la banque parler de ce sujet. D’autres économistes en parlent aussi. Mon collègue Nick Vincent prononcera bientôt un discours sur la productivité. Vous verrez que nous ne pensons pas que le problème est tout à fait réglé.

La sénatrice Ringuette : Merci. Vous affichez beaucoup d’optimisme par rapport aux risques liés à l’ACEUM et à son renouvellement en 2026. Au cours d’une réunion précédente, vous avez dit que vous analysiez des modèles de toutes les régions du Canada. Puisque je viens du Nouveau-Brunswick, je m’intéresse à la situation au Canada atlantique. Nous ne sommes pas dans le secteur de l’automobile; nous ne sommes pas vraiment non plus dans les secteurs de l’aluminium et de l’acier. Nous avons des enjeux relatifs au bois d’œuvre.

À titre d’exemple, aujourd’hui, 92 % des exportations du Nouveau-Brunswick vont aux États-Unis. Je m’avancerais pour dire que 98 % de ces exportations sont visées par la version actuelle de l’ACEUM. Si, en 2026, l’ACEUM n’est pas renouvelé ou si son renouvellement est retardé, quelle incidence cela aura-t-il spécifiquement sur l’économie du Canada atlantique et sur le coût de la vie dans cette région? Franchement, je commence à frémir chaque fois que j’entends le terme « droits de douane » parce que le Nouveau-Brunswick est tellement vulnérable.

Quelle est votre analyse actuelle pour le Canada atlantique?

M. Macklem : Je tiens à préciser que nous effectuons des analyses régionales approfondies. Nous recueillons des renseignements auprès d’entreprises et de ménages d’un océan à l’autre. Nous avons un bureau régional à Halifax qui mène ces travaux pour l’ensemble de la région atlantique.

Toutefois, nous n’utilisons pas de modèles distincts pour faire des projections particulières sur l’économie de la région atlantique, de l’Ouest ou du Centre du Canada. Nous utilisons un seul modèle pour tout le pays.

En ce qui concerne l’ACEUM, j’ai les mêmes préoccupations que vous. Comme vous l’avez souligné, à l’extérieur des secteurs ciblés jusqu’à maintenant, si vous respectez l’ACEUM, vous n’avez pas à payer de droits de douane. Dans les faits, le taux moyen des droits de douane du Canada est beaucoup plus faible que celui de la majorité des autres pays.

Cela étant dit, nous sommes de loin le pays le plus étroitement intégré aux États-Unis. Par conséquent, même si le taux moyen des droits de douane américains imposés au Canada est faible, ces droits ont un effet beaucoup plus grand sur le Canada que sur la plupart des autres pays.

L’incertitude entourant l’ACEUM affecte déjà l’économie du Nouveau-Brunswick. Quand nous discutons avec des entreprises de la région, elles nous disent qu’elles hésitent à investir avant de savoir ce qui arrivera à l’ACEUM. L’incertitude a déjà une incidence. Il faudrait qu’un bon accord soit conclu le plus rapidement possible afin de lever l’incertitude. Dès lors, les investissements augmenteront parce que les gens attendent.

Il y a un risque, et je ne veux pas le minimiser. La politique commerciale américaine est extrêmement imprévisible. Même s’il est dans l’intérêt des deux pays de renouveler cet accord — qui est avantageux pour les deux pays —, nous ne pouvons pas exclure que cela ne se concrétise pas. Nous avons examiné divers scénarios, et oui, c’est une mauvaise nouvelle pour l’économie canadienne.

La sénatrice Ringuette : Donc, que vous disent les données actuelles du Canada atlantique? Que se passe-t-il dans la région de l’Atlantique?

M. Macklem : En fait, il y a toujours des différences entre les diverses régions du pays et, évidemment, les secteurs particulièrement ciblés sont le bois d’œuvre, ce qui frappe durement la Colombie-Britannique en particulier, mais aussi l’Ontario, le Québec et l’Est du Canada. L’acier, c’est surtout l’Ontario, tout comme l’automobile.

Cela dit, on constate au pays que l’incertitude freine les entreprises partout au pays, quelle que soit la région. Ce que nous entendons du côté des entreprises, c’est qu’elles font des investissements. Elles font l’entretien de base. Elles maintiennent les activités et la production. Toutefois, dans une large mesure, les entreprises ne se lancent pas dans de nouveaux projets d’envergure. Elles attendent que la situation s’éclaircisse.

Dans le même ordre d’idées, qu’entendons-nous au sujet de l’embauche? Les mises à pied observées sur le marché du travail étaient principalement dans les secteurs frappés de droits de douane élevés, mais dans le reste de l’économie, l’embauche est faible. Les entreprises ne font pas de mises à pied. Elles gardent leur personnel et poursuivent leurs activités, mais elles n’embauchent pas pour faire croître l’entreprise, parce qu’il y a trop d’incertitude. C’est vrai dans le Canada atlantique. C’est vrai partout au pays.

La sénatrice McBean : Le comité arrive à l’étape de la rédaction d’un rapport pour son étude sur l’abordabilité du logement. J’aimerais donc avoir votre avis à ce sujet. Quelle est l’incidence des taux d’intérêt sur la crise du logement au Canada? Quels conseils la banque donnerait-elle aux décideurs politiques qui cherchent à rétablir l’abordabilité du logement pour les propriétaires et les promoteurs immobiliers?

Mme Rogers : La première chose à faire pour améliorer l’abordabilité du logement est d’augmenter l’offre. Pour répondre directement à votre question, les taux d’intérêt ont baissé considérablement par rapport au sommet qu’ils avaient atteint, car nous avons ramené l’inflation au taux ciblé. Le problème de l’abordabilité du logement existait bien avant la hausse des taux d’intérêt. Je pense qu’il y a eu un déséquilibre entre l’offre et la demande de logements, probablement... Je viens de la Colombie-Britannique, donc cela remonte, du moins dans mon esprit, à près de 20 ans.

Je pense que les mesures visant à augmenter l’offre, notamment dans les endroits prisés des gens... Actuellement, il y a une offre excédentaire dans certains marchés à Toronto, en particulier pour les petits logements en copropriété. Nous devons être capables de construire des maisons plus rapidement et de construire des maisons qui correspondent aux besoins des familles.

La sénatrice McBean : Ce sont des commentaires qui reviennent souvent. Je m’interroge plutôt sur les politiques de taux d’intérêt.

Mme Rogers : J’aimerais ajouter quelque chose. Je ne voudrais pas voir plus de politiques qui visent simplement à augmenter le montant de la dette que les gens peuvent contracter pour acheter une maison. D’abord, cela n’aidera pas à faire baisser les prix. Au contraire, cela les maintiendra à un niveau élevé. À long terme, cela accable de trop lourdes dettes les jeunes familles et les acheteurs d’une première maison. Ce n’est pas bon pour eux. Ce n’est pas bon pour notre économie. En fin de compte, cela peut nuire à la stabilité financière, et les jeunes familles subissent d’énormes pressions lorsqu’il y a des augmentations ailleurs, comme les prix des aliments, etc. Cela a d’importantes répercussions sur les familles qui consacrent une part considérable de leurs revenus au remboursement de leur hypothèque.

Vraiment, je pense qu’il faut préconiser des politiques qui ont une incidence sur l’offre plutôt que des mesures qui visent simplement à augmenter le montant de la dette que les gens peuvent contracter.

La sénatrice McBean : Cela m’amène parfaitement à une question complémentaire.

Comment la banque perçoit-elle le niveau actuel d’endettement des ménages au Canada? Quel risque cela représente-t-il pour la stabilité financière des Canadiens?

Mme Rogers : C’est un des aspects qui a mené à cette recommandation.

Le taux d’endettement des ménages est en baisse. C’est une bonne nouvelle, mais il est resté élevé pendant une longue période. Cela signifie que lorsqu’un choc économique se produit — comme une hausse des taux d’intérêt ou un ralentissement économique et le risque de pertes d’emploi —, l’économie devient plus vulnérable aux problèmes de stabilité financière.

L’économie a subi un choc terrible énorme lors de la pandémie, avec une forte hausse des taux d’intérêt. Nous étions très préoccupés en raison du taux d’endettement. La banque tirait la sonnette d’alarme depuis plusieurs années concernant le taux d’endettement des ménages, car nous pensions que s’il y avait un choc économique qui nécessitait une hausse des taux d’intérêt, cela exercerait une forte pression sur les ménages.

Les ménages ont subi de fortes pressions, bien sûr, mais nous avons traversé la pandémie sans problèmes de stabilité financière. Nous continuons de surveiller la situation.

La sénatrice McBean : Merci.

[Français]

Le sénateur Dalphond : Bienvenue au comité sénatorial.

[Traduction]

Dans votre publication intitulée Enquête sur les perspectives des entreprises du troisième trimestre de cette année, dont vous avez parlé dans vos réponses, vous mentionnez l’incertitude. Bon nombre de vos observations portent sur l’incertitude. Cette incertitude freine les intentions d’investissement, et ce, malgré l’impression que les choses s’améliorent progressivement et que l’incertitude perçue diminue légèrement.

Le budget comprend des mesures incitatives à l’investissement dans les nouvelles technologies et l’accélération du développement de l’intelligence artificielle. Selon vous, le marché suivra-t-il cette tendance ou attendrez-vous de voir comment les choses évoluent? Cela ne pose pas problème, tant que nous avons une clientèle pour acheter ce que nous produisons à un prix inférieur et avec une plus grande productivité. En fin de compte, peut-on dire que l’incertitude est principalement liée à ce qui se produira l’an prochain, en 2026, avec l’ACEUM?

M. Macklem : Je suis d’accord. L’incertitude continuera de freiner l’investissement. Les entreprises auront de la difficulté à prendre des décisions d’investissement importantes tant que l’incertitude persistera.

Le budget est fortement axé sur l’investissement. Cela va aider. Cependant, il serait aussi utile que l’incertitude diminue. Je pense que nous devons être réalistes. Je ne pense pas que l’administration américaine actuelle va se réveiller et faire volte‑face. Elle a démontré qu’elle aime bien un certain degré d’imprévisibilité. Que ce soit la Banque du Canada, un parlementaire ou une entreprise qui prend des décisions, nous devons tous reconnaître que nous vivons dans un monde différent. L’incertitude est plus grande. Nous avons toujours des décisions à prendre concernant les taux d’intérêt, et les entreprises ont toujours des décisions à prendre en matière d’investissement. On ne peut pas attendre indéfiniment. Le monde va devenir plus incertain, et les États-Unis ne sont pas la seule source d’incertitude.

Les entreprises sont plus au fait que nous des décisions qu’elles doivent prendre, mais si vous attendez une quasi-certitude lorsqu’une occasion commerciale s’offre à vous, vous pouvez être assuré que quelqu’un d’autre aura déjà saisi cette occasion. Il faut prendre des risques.

Il est à espérer que le budget encouragera les entreprises et leur donnera un peu d’élan et un peu plus de certitude, et que les dispositions fiscales augmenteront le rendement, ce qui favorisera cette audace. Nous verrons bien leur réaction.

Le sénateur Dalphond : Je crois comprendre que vous publiez des perspectives trimestrielles et que vous tentez de prendre le pouls des entreprises presque chaque semaine, de sorte que vous serez le premier à nous dire si les choses commencent à bouger au début de janvier, je suppose.

M. Macklem : Oui, nous menons des enquêtes auprès des entreprises chaque trimestre, en particulier les grandes entreprises, sous forme d’entrevues en personne. Nous menons également des enquêtes plus rapides en ligne, des sondages électroniques, principalement auprès des PME. Cela nous donnera une idée de la réaction des entreprises avant notre enquête sur les perspectives de janvier.

Ces enquêtes permettent de voir les facteurs qui freinent l’investissement. Il sera intéressant de voir quelle sera l’incidence du budget sur ces perceptions.

Le sénateur Dalphond : Merci.

La sénatrice Martin : Merci beaucoup. Mes collègues ont posé certaines des questions que je voulais poser, mais plus tôt, vous avez dit à la sénatrice McBean que l’endettement des ménages est en baisse. Je regarde un rapport sur l’endettement des ménages au Canada en 2025. Selon ce rapport, l’endettement est en hausse et non en baisse, et l’endettement moyen varie aussi d’une région à l’autre. Je pense que c’est important pour les analyses régionales.

Dans ce rapport, on indique que les familles canadiennes sont toujours dans une situation difficile malgré la baisse des taux d’intérêt. Ils en ont moins pour leur argent. Monsieur le gouverneur, vous avez dit qu’il n’y a pas eu de baisse et que les prix demeurent élevés. Il est très préoccupant de lire ces rapports et de voir la réalité d’un bout à l’autre du pays, à savoir que les prix ne baissent pas malgré la baisse des taux d’intérêt.

Mme Rogers : Je pense que ce qui est difficile pour nous, sur le plan des communications, c’est que nous examinons principalement des agrégats. Nous examinons l’économie dans son ensemble. La sénatrice Ringuette a posé des questions sur les économies locales.

Dans notre Rapport sur la politique monétaire et dans la plupart de nos communications, nous parlons toujours de l’économie dans son ensemble, de chiffres globaux et de moyennes. Cela masque les importantes disparités que l’on observe au pays selon les ménages et les niveaux de revenu.

Vous avez tout à fait raison, sénatrice Martin : il y a sans doute des ménages qui ont plus de difficultés que d’autres et qui subissent encore des pressions accrues en raison de leur niveau d’endettement. Il est important de le reconnaître.

La sénatrice Martin : La banque surveille-t-elle de près certains signes avant-coureurs afin de prévoir une correction des dépenses de consommation ou des marchés du crédit?

Mme Rogers : Oui. Outre notre Rapport sur la politique monétaire, qui est trimestriel, nous publions une fois par année le Rapport sur la stabilité financière. Nous examinons l’ensemble des ménages et des entreprises, avec une attention particulière sur les indicateurs de pression. Je pense que c’est ce que la sénatrice McBean voulait savoir. Nous cherchons à savoir combien de ménages ont plus de 60 jours de retard pour leurs paiements, par exemple. Voilà le genre d’éléments que nous examinons pour déterminer si les ménages ressentent des pressions liées au crédit ou non, ce qui a certainement une incidence sur la consommation.

[Français]

Le président : Avant de passer à la deuxième ronde, j’aurais une question.

L’an prochain, en 2026, ce sera le renouvellement du cadre de la politique monétaire. La cible de 2 % fait relativement consensus au Canada. Par contre, il y a eu un débat — vous vous en souviendrez, vous êtes venu ici à quelques reprises — sur l’inflation sous-jacente. Je pense que votre collègue le sous‑gouverneur Mendes a fait un discours là-dessus. Pouvez‑vous nous éclairer? Parce qu’il y a eu un peu de controverse en ce qui a trait au fait que l’inflation sous-jacente était sous-estimée par la Banque du Canada.

M. Macklem : Pour être clair, nos cibles sont pour l’IPC total. On utilise les mesures d’inflation sous-jacente pour nous donner des indications de persistance, de tendance de l’inflation, parce qu’il y a toujours du « bruit » dans les mesures d’un mois à l’autre. Nous avons trouvé dans les dernières années qu’avec plus de chocs d’offres et avec toutes sortes de chocs différents dans l’économie, il est plus difficile d’éliminer le « bruit » pour regarder la tendance.

Pour expliquer un peu mieux, historiquement, certains secteurs comme celui de l’alimentation et du carburant sont très volatils. Une mesure simple pour contrer l’inflation sous-jacente serait de les supprimer. Nous savons que tous les ménages ont besoin de nourriture et de carburant. Ce n’est pas que ces secteurs ne sont pas importants, mais ils ont tendance à être volatils.

La pandémie, l’attaque de la Russie sur l’Ukraine et les droits de douane ont un impact sur les différents secteurs. Il ne s’agit pas que des secteurs de l’alimentation et du carburant. Des perturbations peuvent aussi se faire sentir dans les chaînes d’approvisionnement. Nous examinons de près la situation pour trouver la meilleure manière de mesurer l’inflation sous-jacente. Nous nous posons alors la question suivante : est-il préférable d’avoir une, deux ou trois mesures d’inflation fondamentale — nous en avons deux en ce moment —, ou serait-il préférable de tout simplement publier l’éventail et, chaque fois, de donner notre perspective pour mesurer l’inflation sous-jacente?

Nous publierons sous peu un tableau de bord qui énumérera tous ces indicateurs. Ce sont des indicateurs que nous examinons et que nous voulons partager avec tout le monde. Nous considérons toujours la meilleure façon de procéder, et nous prendrons la décision avec le renouvellement de notre cadre de politique monétaire.

[Traduction]

La sénatrice Marshall : Monsieur le gouverneur, l’inflation du prix des aliments est un problème qui est sur toutes les lèvres dans ma région. J’habite complètement à l’est du pays. Pouvez‑vous nous éclairer ou parler des tendances que vous percevez concernant l’inflation du prix des aliments? La situation va-t-elle se stabiliser ou s’aggraver, à votre avis? L’hiver approche. Pouvez-vous m’aider à y voir plus clair?

Mme Rogers : Oui. Dans sa réponse à la question précédente, le gouverneur a indiqué que l’inflation peut être très volatile dans le secteur de l’alimentation. Divers facteurs, dont certains sont mondiaux, ont une incidence à cet égard. Par exemple, les prix des produits de base et les chaînes d’approvisionnement mondiales dans le secteur des transports peuvent influencer le prix des denrées alimentaires. Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, nous avons observé une hausse marquée du prix des denrées alimentaires dans le monde entier. Voilà le genre de choses qui ont une incidence sur le secteur de l’alimentation.

Les politiques commerciales, en général, peuvent jouer un rôle. Nous avons constaté que les droits de douane ont eu une incidence directe sur les prix des denrées alimentaires plus tôt cette année. Lorsque des contre-mesures tarifaires ont été imposées, des épiceries ont commencé à étiqueter les aliments. En outre, le taux de change peut aussi avoir une incidence, puisque nous importons une bonne partie de nos denrées alimentaires. À cela s’ajoutent les phénomènes météorologiques. Tous ces facteurs sont difficiles à prévoir. Le dernier, en particulier, est très difficile à prévoir. Donc, il est difficile de prévoir avec certitude une tendance quelconque de l’inflation du prix des aliments.

Dans nos prévisions actuelles, nous nous attendons à ce que les pressions sur les prix des denrées alimentaires s’atténuent légèrement. Les effets des taux de change, des coûts de transport, du carburant et d’autres facteurs semblables se font sentir avec un certain décalage. Nous prévoyons une diminution de cette pression, mais cela pourrait changer advenant un choc soudain de l’offre de denrées alimentaires.

Le sénateur Loffreda : Au cours des 12 à 24 prochains mois, un nombre important de ménages canadiens renouvelleront leur prêt hypothécaire à des taux nettement plus élevés et, comme nous le savons, l’incertitude pousse le rendement des obligations à la hausse et maintient les taux à long terme à un niveau élevé, malgré vos récentes réductions. Cela crée un stress financier pour les familles de la classe moyenne et a une incidence sur la confiance et la demande des consommateurs. Comment la Banque du Canada évalue-t-elle les risques macroéconomiques associés au choc du renouvellement? Dans quelle mesure ce facteur est-il pris en compte dans votre politique actuelle? La Banque du Canada est-elle d’avis que la flexibilité actuelle des prêteurs et les mécanismes d’allègement de l’amortissement sont suffisants pour éviter que cela devienne un frein à l’économie?

Mme Rogers : Je vais répondre dans l’ordre inverse, en commençant par votre dernière question.

Vous avez raison. Environ 30 % des prêts hypothécaires en cours seront renouvelés au cours de la prochaine année, et dans le cycle de vie des prêts hypothécaires, il s’agit des prêts hypothécaires qui ont été contractés lorsque les taux d’intérêt étaient plutôt bas. Une partie de ces ménages subira un choc plus important. Nous pensons que cela représente environ la moitié des prêts hypothécaires qui seront renouvelés, car chaque année, certaines hypothèques sont renouvelées pour cinq ans, parfois moins. Nous avons constaté qu’au cours des deux ou trois dernières années, les emprunteurs optaient pour des périodes plus courtes. Donc, il y aura une hausse assez importante du montant des paiements pour une partie de ces prêts renouvelés.

Cela nous préoccupait beaucoup; nous avons d’ailleurs abordé la question lors de réunions précédentes. Nous avons constaté qu’il y a une combinaison de facteurs — augmentations salariales, taux d’épargne et souplesse des prêteurs —, même si ces éléments, ensemble, ont permis d’atténuer une partie de ce stress jusqu’à maintenant. Dans nos discussions avec les institutions bancaires, nous avons constaté que les ménages se préparent à une telle éventualité depuis un certain temps, qu’ils se montrent très responsables, sachant que leurs paiements vont augmenter, qu’ils utilisent leurs économies et qu’ils tirent parti d’augmentations de salaire. Nous ne nous attendons pas à une augmentation importante du stress financier. Cela dit, c’est un aspect que nous avons toujours surveillé et que nous aurons à l’œil. Il s’agit des derniers renouvellements liés à la période caractérisée par de très, très faibles taux d’intérêt.

Le sénateur C. Deacon : Merci encore, monsieur Macklem et madame Rogers. Je voudrais approfondir la question de la réglementation des cryptomonnaies stables. Les deux principaux détaillants américains souhaitent émettre leur propre cryptomonnaie stable et l’intégrer à leur propre système de paiement. [Difficultés techniques] en est à la 70e année de mise en œuvre. J’oublie le nombre exact. Je me demande simplement comment vous voyez cela. L’autre question est la souveraineté monétaire du Canada en tant qu’enjeu.

M. Macklem : Je vais débuter. À ce jour, les cryptomonnaies stables ne sont pas souvent utilisées pour les paiements. Elles servent surtout d’intermédiaires entre divers cryptoactifs. La loi GENIUS américaine pourrait certainement changer la donne. La loi est en vigueur. Bien entendu, il faudra prendre bien d’autres mesures pour transformer la loi en régime réglementaire, et ces efforts sont en cours.

Il est très important que le Canada dispose de son propre régime pour les cryptomonnaies stables. Le gouvernement a indiqué dans son budget son intention d’aller dans ce sens. La Banque du Canada sera chargée de superviser la mise en œuvre de ce régime.

Le texte de loi n’a pas encore été rédigé. Nous sommes loin d’avoir une réglementation. De manière générale, à quoi ressemblera-t-elle? L’élément clé d’une cryptomonnaie stable est qu’elle doit réellement être stable. Cela signifie qu’elle doit toujours être convertible à la valeur de la devise, car dès que des doutes seront soulevés, les consommateurs se rueront sur la cryptomonnaie stable, qui deviendra alors très rapidement instable. Un élément clé de la structure législative concernera le lien que ces cryptomonnaies stables doivent avoir avec des actifs. Le texte de loi doit être rédigé, mais les cryptomonnaies stables devront être arrimées à des actifs de grande qualité, à court terme et d’une très grande liquidité. Dans le cadre de notre régime, nous devrons nous assurer que les cryptomonnaies stables sont adossées à des liquidités de grande qualité.

L’autre aspect consiste à s’assurer que la résilience opérationnelle est suffisante pour que le système fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et que les détenteurs de cryptomonnaie peuvent s’en servir en toute confiance. Il nous incombera de surveiller les entreprises qui garantissent cette résilience opérationnelle pour atteindre ces deux objectifs.

Cela s’apparente quelque peu à la surveillance des paiements de détail. Pour les paiements de détail, nous cherchons à déterminer si les entreprises ont une résilience opérationnelle, si elles sont adossées à des actifs. Pour cette raison, je pense qu’il est logique de confier cette tâche à la Banque du Canada.

Le sénateur Yussuff : Monsieur le gouverneur, je me tourne vers l’avenir et je m’attends à ce que le marché de l’emploi faiblisse encore plus rapidement que dans les deux ou trois derniers mois. Certains nombres vont augmenter plus rapidement en raison de la conjoncture dans les secteurs de l’automobile, de l’acier et de l’aluminium, car rien ne laisse présager un retour rapide au travail.

Plus important encore, récemment, à certaines grandes usines en Ontario, ces travailleurs... les chaînes d’approvisionnement qui créent de la demande pour ces usines vont également être gravement touchées.

La banque dispose encore d’une marge de manœuvre considérable pour réduire son taux directeur. Y a-t-il une raison pour laquelle vous ne le réduisez pas plus radicalement, ce qui donnerait un peu de répit aux Canadiens? Nous devons stimuler l’économie, et le budget prévoit des mesures en ce sens. Or, il aura également un effet négatif, car de nombreux travailleurs perdront leur emploi dans la fonction publique fédérale.

Qu’est-ce qui stimulera l’économie si vous ne baissez pas le taux directeur plus radicalement pour fournir des liquidités aux ménages? Ils se disent : « D’accord, je pourrais utiliser ces fonds supplémentaires à meilleur escient, mais je ne le ferai pas tant que je n’aurai pas la certitude que les taux vont encore baisser. »

M. Macklem : Eh bien, nous stimulons quelque peu l’économie canadienne étant donné que le taux directeur s’élève à 2,25 %. Selon nous, ce taux se situe dans la partie inférieure de notre zone neutre. Nous pensons donc que ce taux stimule l’économie.

Vous demandez pourquoi nous ne le baissons pas davantage. Cela tient au fait que notre mandat principal est de maintenir l’inflation à environ 2 %. Comme je l’ai souligné, nous ne traversons pas un ralentissement cyclique normal; il s’agit en partie d’un ajustement structurel. Malheureusement, les droits de douane ont miné une partie de la capacité canadienne en plus d’ajouter de nouveaux coûts, ce qui maintient l’inflation à un niveau élevé, et les Canadiens ne sont pas du tout friands de l’inflation.

Une toute nouvelle génération de Canadiens a subi les contrecoups d’une inflation élevée pour la première fois en 2022, et nous en ressentons encore les effets aujourd’hui.

Nous ne voulons pas que ce scénario se reproduise, alors nous devons trouver un équilibre. Selon nos prévisions, l’économie ne va pas continuer à reculer; nous pensons qu’elle va croître, même si la croissance sera faible. Selon nos prévisions, nous pensons avoir trouvé le bon équilibre en ce moment. Si la situation se détériorait beaucoup plus que ce que nous prévoyons, nous serons prêts à prendre des mesures supplémentaires.

[Français]

La sénatrice Henkel : Tout le monde s’accorde pour dire qu’il y a une grande nécessité d’investir, de réduire notre dépendance à l’étranger et de renforcer notre souveraineté économique. Nous savons aussi que l’épargne canadienne est abondante, mais sous-utilisée. Pourquoi la Banque du Canada ne pousse-t-elle pas plus activement l’idée d’un véritable financement patriotique en vue d’orienter l’épargne des Canadiens, par exemple, vers leurs propres PME? Selon vous, à quoi ressemblerait le modèle le plus efficace pour y parvenir?

M. Macklem : Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris votre question. Vous voulez une...

La sénatrice Henkel : Je parlais d’une façon pour les Canadiens, avec l’épargne qui est sous-utilisée aujourd’hui, de réinvestir dans l’économie canadienne, et peut-être aussi de passer par une idée qui viendrait de vous pour bien gérer cet argent qui est sous-utilisé.

M. Macklem : C’est vraiment une décision que devrait prendre le ministère des Finances. Nous donnons des conseils au gouvernement sur la stratégie par rapport à la dette, mais c’est vraiment leur stratégie.

La bonne nouvelle, c’est que nous avons un système très efficace de demande pour les obligations canadiennes. C’est très fort. Nous les vendons sur le marché dans un système d’actions. C’est très efficace. Notre taux d’intérêt sur les obligations sur 10 ans est d’à peu près 3,25 %. Aux États-Unis, c’est 4,25 %. Nous sommes donc très en dessous.

Si le gouvernement veut créer des débouchés pour de nouveaux investisseurs, c’est toujours possible, mais vendre à tout le monde, c’est beaucoup plus cher que vendre sur les marchés. Vous avez besoin de gérer toutes les relations entre les gens. C’est une question de déterminer quelle est la façon la plus efficace de limiter la dette.

[Traduction]

Le sénateur Dalphond : Je me demande comment la banque perçoit l’écart entre votre taux d’emprunt — le taux directeur —, les taux hypothécaires et les taux commerciaux au fil du temps. Parfois, cet écart est très faible — il oscille autour de 1 % —, et parfois, il atteint 4 %. Quelle est votre perspective à court et moyen termes?

Mme Rogers : Eh bien, nous ne fixons qu’un seul taux. Ces taux dépendent de nombreux facteurs. Ils reflètent principalement les taux actuels, mais aussi leur évolution future. Nous ne fixons qu’un seul taux, mais les marges sont... les écarts sont assez faibles en ce moment.

Le sénateur Dalphond : Pensez-vous que cette supposition va perdurer?

M. Macklem : Si nous constations que notre politique monétaire ne produisait pas les effets escomptés, nous nous en inquiéterions, mais ce n’est pas le cas.

Le sénateur Varone : Sans vouloir minimiser l’importance du secteur automobile pour le PIB canadien... Les nombres que je vois m’indiquent qu’il contribue au PIB du Canada à hauteur d’environ 55 milliards de dollars et qu’il représente quelque 450 000 emplois qui sont plutôt menacés. Or, tous les risques dépendent de facteurs externes au Canada, que l’on pense à l’ACEUM ou aux droits de douane.

Comparons ce secteur à l’industrie canadienne de la construction résidentielle, qui contribue au PIB à raison d’environ 140 milliards de dollars. Ses 1,2 million d’emplois sont menacés, et tous ses problèmes tirent leur origine au Canada.

Consacrons-nous suffisamment de temps à la relance du secteur de la construction immobilière, qui traverse actuellement une crise sans précédent, par rapport au temps que nous passons à nous inquiéter des droits de douane?

M. Macklem : Je ne pense pas que nous ayons une réponse très satisfaisante à cette question. Nous observons sur le marché immobilier une certaine augmentation des mises en chantier et des reventes. Cela dépend... Comme l’a souligné la première sous-gouverneure, le Canada ne compte pas un seul marché immobilier, mais plutôt de nombreux marchés locaux. Et Toronto se trouve sans contredit dans une situation distincte de la plupart des régions du pays.

Mais les dépenses des ménages et le logement connaissent une légère reprise. Nous prévoyons une croissance modérée.

Pour revenir aux questions concernant le besoin accru en logements, je dirai que la croissance démographique a considérablement ralenti. Le nombre de nouveaux logements nécessaires n’augmente donc pas aussi rapidement, mais nous avons beaucoup de retard à rattraper. Il faudra donc une longue période de construction intensive de logements pour combler l’écart.

Le gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures. Je souligne que bon nombre des décisions qui importent le plus sont prises au niveau municipal, et non au niveau fédéral. Le gouvernement fédéral souhaite certainement inciter les municipalités à agir, mais bien des décisions leur reviendront.

Enfin, si nous voulons construire plus de maisons rapidement, nous devons améliorer la productivité dans le secteur du logement. Le temps nécessaire à la construction d’un logement est représenté par une ligne droite ascendante. Nous devons inverser cette tendance. J’ai discuté avec de nombreux constructeurs immobiliers, notamment des nouvelles maisons plus modulaires. Oui, les réactions sont manifestement mitigées dans l’ensemble du secteur. Certains sont très hésitants. Des initiatives en ce sens sont en cours au Canada. Qu’on mise sur ces initiatives ou d’autres, si nous voulons combler l’écart, nous devons construire des maisons plus efficacement.

La sénatrice Wallin : J’aimerais vous entendre sur un sujet, car vous avez évoqué notre vulnérabilité face aux États-Unis ainsi que l’incertitude. Il semble y avoir un regain d’intérêt pour la Chine, à la fois comme partenaire commercial et comme partenaire « stratégique ». Quelles sont vos préoccupations, le cas échéant, par rapport à notre vulnérabilité ou à la possibilité de nous tourner vers la Chine?

M. Macklem : Eh bien, nous ne sommes pas vraiment ici pour parler des tensions géopolitiques. D’un point de vue économique, je pourrais dire que la Chine est la deuxième économie mondiale. C’est un acheteur important, en particulier de ressources naturelles et de produits agricoles.

La sénatrice Wallin : À l’exception du canola.

M. Macklem : J’étais en Saskatchewan et, effectivement, les droits de douane chinois imposés au canola constituent un problème majeur. Écoutez, si nous pouvons améliorer notre relation commerciale avec la Chine, l’économie canadienne s’en portera mieux.

La sénatrice McBean : Dans votre déclaration liminaire, vous avez mentionné les défis structurels auxquels fait face le secteur financier canadien. Vous avez également mentionné, en réponse au sénateur Varone, que la bulle de l’IA dans laquelle nous nous trouvons actuellement représente un des risques qui pèse sur le milieu.

Je me demande, pour décortiquer ce risque, dans quelle mesure la banque s’inquiète de la valorisation élevée des actions liées à l’IA, qui pourrait menacer la stabilité financière de l’économie canadienne dans son ensemble. Étant donné toutes les périodes où le secteur technologique s’est effondré depuis le début des années 2000 — ce qui a entraîné de graves répercussions sur l’économie dans son ensemble —, je me demande si nos banques et nos entreprises sont suffisamment résilientes.

M. Macklem : Eh bien, je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais nous n’avons pas de grandes entreprises spécialisées en IA au Canada. Nous n’avons pas de champions mondiaux dans le domaine des technologies. Si le monde de l’IA subissait une forte correction, les grandes entreprises américaines seraient plus touchées que les nôtres. Nous avons quelques entreprises très prospères, mais elles ne représentent pas une part aussi importante de l’économie canadienne. C’est probablement en partie là que réside notre problème. Si une forte correction venait à se produire, l’économie ralentirait certainement. On ne peut cependant pas affirmer avec certitude que cela fragiliserait réellement le système financier.

Lorsque la bulle technologique a éclaté, les États-Unis ont connu une légère récession, mais cela n’a pas entraîné de problème majeur de stabilité financière, car les personnes touchées étaient surtout des investisseurs en actions. Les gens ont perdu de l’argent, mais les banques étaient bien capitalisées; les actions, et non pas les prêts bancaires, ont subi un revers. Les banques ont pu continuer à exercer leurs activités et à accorder des prêts, ce qui a permis de mettre assez rapidement cette situation derrière nous.

Comparons cette crise à celle des prêts hypothécaires à risque en 2008-2009, lorsque le marché immobilier a fortement ralenti aux États-Unis : bon nombre de ces prêts hypothécaires se sont avérés valoir beaucoup moins que leur valeur nominale. Cette crise a fragilisé les banques américaines, et certaines ont fait faillite; elle a provoqué une récession bien plus grave. Il y a eu une longue période de réduction du levier d’endettement, et il a donc fallu beaucoup de temps pour s’en sortir.

Pour le scénario entourant l’IA, il faudra voir s’il y a perte de capitaux propres qui ont un... Je ne cherche pas à minimiser les répercussions du secteur sur l’économie, mais elles ne seraient pas aussi graves ou durables que si le cœur du système financier était touché.

La sénatrice McBean : Mais est-il possible que tous les éléments soient réunis pour miner la résilience des banques? En effet, l’augmentation potentielle de pertes d’emploi entraînerait un nombre important de défauts de paiement hypothécaire. Et simultanément, même si cela se passait dans l’économie américaine, le Nasdaq s’effondrerait. Pouvons-nous nous permettre d’assister à la chute de deux grands secteurs en même temps?

Mme Rogers : Comme l’a dit le gouverneur, une fluctuation soudaine de la confiance dans le secteur de l’IA ou une forte variation des valeurs n’aura probablement pas de répercussions dans le secteur bancaire.

L’autre risque que vous décrivez, à savoir qu’une hausse du chômage entraînerait une augmentation du taux de défaut de paiement des prêts hypothécaires, se manifesterait dans le secteur bancaire. Nous évaluons régulièrement la capacité de résistance à ce facteur. Je peux donc vous dire que, sur ce point, nous ne nous inquiétons pas pour la stabilité des banques. Nous nous concentrerions certainement sur les répercussions pour les ménages. Les banques disposent de suffisamment de capitaux pour résister à cette difficulté. Comme l’a dit le gouverneur, selon nous, le risque d’une correction dans le secteur de l’IA ne se répercutera pas vraiment sur la solidité des banques.

Le président : À titre de président, je vais poser la dernière question. Le premier ministre Carney a demandé aux ministères de réduire leurs effectifs de 10 %. Je sais que vous n’êtes pas politiciens, ce qui est une bonne chose, car la politique monétaire demeure ainsi indépendante. Néanmoins, est-ce que la possibilité d’une réduction des effectifs est un facteur que vous prenez en considération, ainsi que le nombre d’emplois qui en résultera?

Mme Rogers : Oui, il y a plusieurs mois, la banque a reçu une lettre du ministère des Finances, comme la plupart des sociétés d’État et des organismes publics, nous demandant de respecter l’intention de réduire les effectifs de la fonction publique. Nous avons mis en place un plan et nous allons réduire nos dépenses globales de 15 %, ce qui se traduira notamment par une réduction des effectifs. Cela équivaut à environ 230 emplois, et cette réduction aura lieu d’ici le début de l’année prochaine, au plus tard en juin.

M. Macklem : La banque compte environ 2 300 employés, alors la compression du personnel sera d’environ 10 %.

[Français]

Le président : Merci, monsieur Macklem et madame Rogers. C’est toujours un plaisir de vous recevoir. Vous avez un programme très chargé. Le Comité sénatorial permanent des banques, du commerce et de l’économie était très heureux d’avoir l’occasion de vous recevoir.

Nous allons suspendre temporairement la séance afin de poursuivre la réunion à huis clos.

(La séance se poursuit à huis clos.)

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