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Interpellation sur la Motion 410

Motion tendant à réaffirmer l’importance des deux langues officielles comme fondement de notre fédération compte tenu des coupes faites par le gouvernement de l’Ontario aux services en français—Suite du débat

29 novembre 2018


L’honorable Sénateur Peter M. Boehm :

Honorables sénateurs et sénatrices, c’est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer cette motion qui a été présentée par notre honorable collègue, la sénatrice Miville-Dechêne.

Je suis heureux d’ajouter ma voix à celles des autres sénateurs pour appuyer cette motion d’une importance non seulement provinciale, mais aussi nationale. Ce qui doit être dit a déjà été dit, et de manière éloquente. Je serai donc très bref. Je crois que certains points clés méritent d’être répétés, car ils touchent au cœur même d’un des traits fondamentaux du Canada, soit son bilinguisme officiel.

Chers collègues, que votre première langue soit l’anglais ou le français, ou, comme dans mon cas et dans celui de certains d’entre nous, aucune de ces réponses, les enjeux sont énormes.

Chacun de nous a été nommé au Sénat pour remplir l’un de ses objectifs fondamentaux : protéger et défendre les droits des minorités. Les droits linguistiques et l’égalité de statut que partagent l’anglais et le français, qui sont inscrits dans la Charte des droits et libertés, entrent certainement dans cette catégorie.

Même si, comme il se doit, nous n’avons pas le pouvoir d’infirmer les décisions du gouvernement de l’Ontario, nous avons le pouvoir et même le devoir de nous servir de notre voix collective pour témoigner notre appui indéfectible à nos concitoyens canadiens de la communauté franco-ontarienne. Ce groupe fort et fier comprend quelque 600 000 personnes, dont 145 000 habitent ici même, à Ottawa.

Comme l’a dit notre collègue, le sénateur Cormier, pendant la séance de mardi, au sujet l’Université de l’Ontario français :

La décision du gouvernement de l’Ontario d’empêcher la création de la première université autonome francophone [...] est un recul important pour la communauté franco-ontarienne, la francophonie canadienne et l’ensemble du pays.

Ces compressions — depuis le théâtre La Nouvelle Scène jusqu’à l’Université de l’Ontario français, en passant par le projet de démanteler le Commissariat aux services en français, qui a été abandonné, ainsi que les services en français en général — nuiront en effet à tous les Canadiens, quelle que soit leur langue.

Chers collègues, certes, le gouvernement de l’Ontario est revenu sur sa décision d’abolir le poste de commissaire aux services en français et de recréer ce poste de façon à ce qu’il relève de l’ombudsman provincial, mais il a agi ainsi uniquement en réaction au tollé justifié qui ne s’est pas dissipé depuis. Je remets en question le véritable dessein derrière la solution proposée.

Même l’une des députés du gouvernement s’est dite déçue et frustrée par les coupes; Mme Amanda Simard devrait être félicitée pour avoir dénoncé cette décision prise par son propre parti, d’autant plus qu’elle est nouvellement élue. Elle a pris une décision de principe.

Malheureusement, l’Université de l’Ontario français n’aura pas autant de chance. Son annulation a été mise sur le compte de « la réalité de la situation financière de notre province » par la procureure générale et, depuis lundi, ministre des Affaires francophones, l’honorable Caroline Mulroney.

Chers collègues, on admire le Canada partout dans le monde pour de nombreuses raisons. Le fait qu’il s’efforce depuis longtemps — non sans mal parfois — d’assurer un statut égal à ses deux communautés de langue officielle afin que ni l’une ni l’autre ne soit supérieure, figure parmi les principales.

Le Canada est un modèle dans ce domaine. Nous ne pouvons pas nous permettre d’agir de manière irréfléchie.

Honorables collègues, il ne s’agit pas d’un problème canadien-français; il s’agit d’un problème canadien, point. Je vais appuyer vivement et avec fierté cette motion. Je vous encourage à faire de même. Merci.

 

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