L’action « fragmentaire » du gouvernement aggrave la discrimination dans la Loi sur les Indiens : rapport du Sénat
Ottawa — Selon un rapport établi par le Comité sénatorial des peuples autochtones, les femmes des Premières Nations et leurs descendants se voient toujours refuser le statut d’Indien en raison de la discrimination persistante dont ils font l’objet dans la Loi sur les Indiens.
Le rapport C’est assez! Finissons-en avec la discrimination quant à l’inscription au registre des Indiens fait constater que les dispositions d’inscription discriminatoires de la Loi sur les Indiens demeurent et continuent d’avoir une incidence sur les femmes des Premières Nations et leurs descendants. Au fil des dernières décennies, et plus récemment, en 2017, le Parlement a adopté une à la fois des mesures législatives pour tenir compte des décisions des tribunaux, apportant des modifications techniques à la Loi sur les Indiens afin de tenter de régler des inégalités évidentes et persistantes. Ensemble, les réponses réticentes et fragmentaires du gouvernement n’ont eu pour effet que d’exacerber le problème sans pour autant le régler.
Le gouvernement fédéral, par exemple, n’a pas remédié au problème de l’« exclusion après la deuxième génération », qui prive les descendants du statut d’Indien après deux générations consécutives de filiation de statut mixte, et qui touche les femmes de façon disproportionnée. Selon un témoin, cette mesure est comme une « date d’extinction imposée par la loi » pour chaque Première Nation du Canada.
Les femmes des Premières Nations et leurs descendants se heurtent à des obstacles quand ils tentent de s’inscrire à titre d’« Indiens » conformément à la Loi sur les Indiens. Parmi les obstacles à l’inscription, on peut citer les difficultés d’accès aux documents, les longues attentes, les dispositions relatives à l’inscription qui sont indéchiffrables et trop techniques, ainsi que la complexité du processus de demande.
Le comité formule neuf recommandations qui visent à mettre un terme à la discrimination dans la Loi sur les Indiens. Ces recommandations incluent l’abrogation du paragraphe 6(2) de la Loi (qui établit l’« exclusion après la deuxième génération »), la fourniture de documents sur les dispositions relatives à l’inscription qui sont clairement rédigés, en langues autochtones et dans les langues officielles du Canada, ainsi que l’indemnisation des femmes et des enfants autochtones à qui ces pratiques honteuses et discriminatoires ont causé du tort.
Jusqu’à maintenant, le gouvernement fédéral n’a effectué que des modifications étroites et techniques à la Loi sur les Indiens, et ce, uniquement lorsque les tribunaux l’y ont forcé. Le comité lui demande instamment de rétablir l’égalité tant attendue pour les femmes des Premières Nations et leurs descendants.
Le comité aimerait également souligner le travail des femmes des Premières Nations qui militent depuis longtemps pour tenter de résoudre les inégalités dans la Loi sur les Indiens en racontant leur histoire et en intentant des contestations judiciaires, et il les en remercie.
Faits en bref
- Le « statut d’Indien » est important, car il peut conférer aux membres des Premières Nations des droits ancestraux et issus de traités, un accès à des prestations fédérales et l’appartenance à une communauté autochtone.
- Le projet de loi S-3, Loi modifiant la Loi sur les Indiens pour donner suite à la décision de la Cour supérieure du Québec dans l’affaire Descheneaux c. Canada (Procureur général), a été présenté au Sénat le 25 octobre 2016. Il visait à remédier à certaines iniquités fondées sur le sexe relevées par la Cour supérieure du Québec. La juge Chantal Masse a écrit qu’il semblait que « les détenteurs du pouvoir législatif se contenteraient alors d’attendre que les tribunaux se prononcent au cas par cas avant d’agir et que leurs décisions forcent progressivement la modification des lois afin que celles-ci soient finalement conformes à la Constitution ».
- En date de décembre 2020, seulement 28 000 personnes avaient inscrit leur statut, malgré le fait que le gouvernement fédéral a affirmé que les nouvelles dispositions permettraient à « des centaines de milliers, voire des millions » d’autres personnes de s’inscrire.
Citations
« Depuis plus de 150 ans, le gouvernement fédéral dépouille les membres des Premières Nations de leur statut. Toute ma vie, j’ai pu constater à quel point cela touche ma famille et mes amis. Nous n’avons pas besoin de plus de solutions de fortune : nous avons besoin d’un plan complet qui vise à éliminer la discrimination fondée sur le sexe enracinée dans la Loi sur les Indiens. Ce sont les membres des Premières Nations, et non le gouvernement fédéral, qui devraient décider qui jouit du statut. »
– Le sénateur Brian Francis, président du comité
« Dans ma communauté de la Première Nation de Membertou, un nombre grandissant de membres de moins de 20 ans n’ont pas le statut, alors qu’ils y ont toujours vécu; sur le plan culturel, ils appartiennent à la communauté, mais ils n’ont pas droit aux prestations fédérales de logement ou d’éducation. De génération en génération, à cause des dispositions de la Loi sur les Indiens, les populations ayant le statut de membres des Premières Nations inscrites diminuent peu à peu. »
– Le sénateur Dan Christmas, vice-président du comité
« Si vous avez une impression de déjà-vu, c’est qu’en 2016, nous avons déjà mis en lumière les problèmes relatifs au projet de loi S-3, qui comporte de graves lacunes. Nous voilà avec un nouveau rapport dans lequel, en plus de rappeler ces lacunes, on affirme que toutes les modifications fédérales apportées à la Loi sur les Indiens empirent les problèmes de discrimination fondée sur le sexe. »
– Le sénateur Dennis Glen Patterson, membre du Sous-comité du programme et de la procédure
Liens connexes
- Lisez le rapport et les observations du comité sur le projet de loi S-3.
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Renseignements
Ben Silverman
Agent de communications | Sénat du Canada
343-574-4950 | ben.silverman@sen.parl.gc.ca