PÉRIODE DES QUESTIONS — Le ministère du Patrimoine canadien
CBC/Radio-Canada
6 décembre 2023
Bonjour, madame la ministre, je suis ici. Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas la seule à ne pas me voir, parfois.
Une des missions premières de CBC/Radio-Canada est l’information. Nous constatons que, au cours des 20 dernières années, plus de 80 % des émissions d’information du diffuseur public ne sont plus sur les canaux traditionnels et sont réservées à CBC News Network et à RDI, deux canaux réservés aux services par câble, dont les cotes d’écoute sont parfois très discutables.
Alors que les discours de votre gouvernement indiquent que l’information de qualité doit être accessible, expliquez-nous pourquoi les Canadiens doivent payer un abonnement mensuel au câble pour avoir accès à l’information produite par Radio-Canada, à même les impôts des citoyens.
Merci beaucoup, sénateur Dagenais; je vous vois bien. Vous avez raison de dire que CBC/Radio-Canada a, au cours des dernières années — à l’aide des plateformes numériques, entre autres, mais pas seulement —, cherché à diversifier ses revenus pour soutenir la mission et le mandat de CBC/Radio-Canada. Il est essentiel que, ensemble, nous puissions rediscuter et imaginer à nouveau le diffuseur public selon la réalité d’aujourd’hui et les difficultés du marché, et selon les meilleures pratiques. C’est ce à quoi nous devons nous attendre d’un diffuseur public soutenu par les fonds publics.
Vous avez raison de dire que l’information — surtout lorsqu’elle est produite par notre diffuseur public — devrait être accessible à toute la population. Nous sommes conscients des difficultés financières que CBC et Radio-Canada subissent actuellement, comme tous les autres médias. Cela se traduit par une baisse importante des revenus publicitaires ainsi qu’une hausse des coûts de production. Cela fait partie de la réalité et nous devons en tenir compte pour l’avenir.
Avec leur téléphone ou leur tablette, les Canadiens ont maintenant accès, en tout temps, à la météo. Ces mêmes Canadiens financent avec leurs impôts le service de météo d’Environnement Canada, qui est accessible à tous. Les technologies ont évolué depuis 30 ans, et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ou CRTC devrait peut-être en tenir compte.
Croyez-vous qu’il serait temps que le CRTC mette fin au statut de chaîne obligatoire accordé en 1989 à MétéoMédia, que 10 millions de Canadiens abonnés au câble doivent payer tous les mois à la compagnie Pelmorex, même s’ils n’en ont pas besoin? Je pense qu’il serait temps pour le CRTC de s’adapter à la réalité de 2023.
Merci de votre question. C’est aussi important de respecter l’indépendance du CRTC et d’avoir un régulateur qui analyse et tient compte des propos et des commentaires de la population en général, tout en tenant également compte de la réalité plus globale du marché dans laquelle les différents radiodiffuseurs évoluent.
C’est une question qui devra être adressée au CRTC. Ce dernier, grâce à la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion, peut maintenant avoir plus de flexibilité pour adapter le cadre réglementaire.
Je vais laisser le CRTC se prononcer là-dessus.
Madame la ministre, bienvenue au Sénat.
Tout d’abord, félicitations pour l’accord conclu avec Google, que vous avez annoncé à la suite du projet de loi C-18. Il s’agit d’un développement très important.
Ma question porte sur l’avenir à long terme de CBC/Radio-Canada. Comment voyez-vous la société dans les 5 à 10 prochaines années, en ce qui concerne la programmation et la technologie?
C’est une bonne question. Oui, j’ai mes opinions sur ce à quoi devrait ressembler un diffuseur public au XXIe siècle, mais c’est une question qui doit aussi être débattue au sein de la population.
Malgré la diversité des plateformes, l’accès au contenu et la quantité de contenus auxquels les Canadiens ont accès aujourd’hui grâce aux technologies, je crois qu’il est encore plus important, dans un tel contexte, de pouvoir compter sur un diffuseur public. Nous le savons, malgré la diversité et la quantité de contenus accessibles, de moins en moins de médias ont, par exemple, la capacité de produire du contenu d’information qui est essentiel pour la démocratie. Il y a de moins en moins de radiodiffuseurs privés ou de producteurs privés qui ont les moyens de faire découvrir des pans de notre culture un peu moins commerciaux et de faire découvrir les jeunes talents ou des espaces culturels plus nichés, mais qui, en même temps, enrichissent la diversité au pays.
Dans ce contexte, je crois qu’il faut renforcer notre diffuseur public et assurer sa pérennité et sa viabilité à long terme afin qu’il puisse continuer à jouer ce rôle très particulier pour les diffuseurs publics.
Madame la ministre, dans notre monde actuel où il y a beaucoup de changements globaux, ici et dans les médias, la société CBC/Radio-Canada jouera-t-elle un rôle primordial au cours des années à venir?
Je pense que oui.
L’une des choses qui me désolent le plus, c’est tout ce qu’on a perdu sur le plan du journalisme international, par exemple. Il y a de moins en moins de médias qui ont la capacité d’envoyer des journalistes dans différentes régions du monde pour nous raconter ce qui s’y passe et nous faire voir le point de vue canadien sur les différents événements qui ont cours sur la planète.
Dans ce contexte, c’est un des exemples de choses que CBC/Radio-Canada devrait faire. Nous savons que beaucoup de compressions budgétaires ont dû être faites au cours de la dernière décennie à Radio-Canada international. Il s’agit d’une grande perte, car plus que jamais, nous avons besoin de cette lentille canadienne pour expliquer à la population canadienne ce qui se passe.