DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'honorable Claude Castonguay, C.C., G.O.Q.
14 décembre 2020
Chers collègues, à l’instar du leader du gouvernement, j’aimerais rendre hommage à l’ex-sénateur Claude Castonguay, qui est décédé dans la nuit de vendredi à samedi. Il avait 91 ans. Je désire, dans un premier temps, offrir mes sincères condoléances à sa famille et à ses amis et, plus particulièrement, à sa femme, Marie, à ses enfants, Monique, Joanne et Philippe, et à ses cinq petits-enfants.
Il n’est jamais simple de rendre hommage à une personne en trois minutes, et encore moins quand il s’agit d’un homme qui a eu une vie aussi riche et aussi remplie ou qui est un véritable géant.
En bref, Claude Castonguay, que l’on a surnommé le « père de l’assurance-maladie » au Québec, fait figure de ténor de la Révolution tranquille et de grand bâtisseur du Québec moderne. Il était souvent appelé à agir comme consultant au moment d’entreprendre de grands chantiers. Nous n’avons qu’à évoquer entre autres la mise en œuvre de la Régie des rentes du Québec. Il en a été l’un des principaux artisans.
Le sénateur Castonguay était réellement un homme de réflexion et d’action. Il était aussi un homme indépendant pour qui le bien-être des Québécois était la priorité qui l’emportait sur les joutes politiques. Bien que sa carrière politique ait été brève, il a été ministre au sein du gouvernement Bourassa durant trois ans et a été nommé sénateur par le très honorable Brian Mulroney, poste qu’il a occupé pendant plus de deux ans. Grâce à son engagement et à son rayonnement, Claude Castonguay a assurément apporté une contribution hors du commun à notre société.
J’ai eu le privilège de siéger avec lui à un comité consultatif d’une grande entreprise. Je garde de ce personnage plus grand que nature le souvenir d’un homme d’une vive intelligence, alerte, d’une grande gentillesse, courtois et avenant. M. Castonguay était un véritable gentleman. Son héritage est immense, et il a fait beaucoup pour les Québécoises et les Québécois.
Dans un article publié dans le quotidien La Presse le 1er novembre dernier, il a eu ces derniers mots avant de tirer sa révérence de la publication de ses textes dans le journal, et je cite :
Vivre plus longtemps, comme c’est le cas de nos jours, signifie que nous devons aussi vieillir plus longtemps. Cet oxymoron exprime bien ce dont il s’agit. C’est-à-dire que nous sommes appelés à vivre plus longtemps avec tout ce que cela comporte.
De façon particulière, une obligation morale de vivre avec dignité et, dans la mesure du possible, avec sérénité.
Ces sages paroles s’insèrent magnifiquement dans le débat sur l’aide médicale à mourir qui nous anime en ce moment. Avec M. Castonguay, le mot à retenir est « dignité »; c’est ce qui le caractérisait le mieux. Merci, Claude.
Honorables sénateurs, tout comme mes collègues du Québec qui m’ont précédé, je tiens à prendre quelques minutes pour rendre hommage à l’un des plus grands bâtisseurs de la société québécoise moderne, M. Claude Castonguay, qui est décédé samedi à l’âge de 91 ans.
Sur une période qui recoupe près de 60 ans de l’histoire du Québec, Claude Castonguay s’est battu pour que toutes les Québécoises et tous les Québécois, peu importe leurs revenus, aient accès gratuitement à un système de soins de santé.
C’est le premier ministre Daniel Johnson qui l’avait recruté en 1966 afin de présider une commission spéciale qui avait pour but d’étudier la situation des soins de santé et des services sociaux au Québec et de faire des recommandations au gouvernement. Cependant, le gouvernement de l’Union nationale a été battu en 1970, un mois après avoir soumis un projet de loi visant à créer le régime d’assurance-maladie du Québec.
Or, Robert Bourassa avait attiré Claude Castonguay dans son équipe de candidats. Ce dernier a donc fait son entrée en politique avec les libéraux et a été nommé ministre de la Santé, de la Famille et du Bien-être social. Au cours des premiers mois qui ont suivi son élection, Claude Castonguay a fait adopter le projet de loi qui mettait en place l’assurance-maladie au Québec. C’était la naissance de la carte d’assurance-maladie du Québec, que plusieurs ont baptisée la « castonguette ». Toutefois, ce changement important ne faisait pas l’affaire de tous. Plusieurs d’entre vous ont probablement oublié que la création du régime québécois d’assurance-maladie, en pleine crise d’Octobre 1970, avait donné lieu à une grève des médecins, qui n’acceptaient pas cette étatisation des soins de santé.
Malgré la grande place que M. Castonguay a occupée dans l’histoire politique du Québec, il n’a pas été un homme politique de carrière. Élu en 1970, il ne s’est pas représenté à l’élection suivante en 1973. Lui-même disait qu’il croyait avoir fait l’essentiel de ce qu’il voulait accomplir. Plusieurs années plus tard, en 1990, le premier ministre Brian Mulroney le nomme au Sénat où il a siégé à titre de sénateur progressiste-conservateur. Ici aussi, son passage a été de courte durée. Deux ans plus tard, il retourne dans le secteur privé où, de toute évidence, il pouvait jouer un rôle plus important pour la société sans être contraint par les lignes de parti.
C’est par l’intermédiaire des commissions et des comités que Claude Castonguay partageait ses connaissances et sa vision d’une société à moderniser. Il n’avait pas besoin de se faire élire pour changer les choses. Décennie après décennie, depuis Jean Lesage, les politiciens ont eu recours à Claude Castonguay pour obtenir son avis sur les plus grands enjeux de notre société. Le révolutionnaire tranquille qu’il était ne manquait jamais de participer à sa façon à tous les débats sociaux du Québec. Même lorsqu’on ne lui demandait pas son opinion, il n’hésitait pas à la donner en utilisant les médias d’information au moyen desquels ses critiques ébranlaient souvent les preneurs de décisions. Plus de 25 ans après la création du régime d’assurance-maladie du Québec, Claude Castonguay s’est vu confier en 2007 la tâche de réévaluer la situation et surtout de se pencher sur le financement du réseau des soins de santé du Québec. Comme il l’avait fait en 1970, M. Castonguay a rejeté en 2008 l’idée d’un ticket modérateur de 25 $ qui donnait accès à des soins de santé, une idée avec laquelle il avait pourtant jonglé en 2006 en constatant le gouffre financier auquel était confronté le système de santé publique.
Toute sa vie durant, M. Castonguay a plaidé pour que l’argent ne soit pas un frein à l’obtention d’un service médical et pour que les problèmes de santé ne mettent jamais en péril la santé économique d’une famille. Manifestement, le Québec ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans la contribution de Claude Castonguay aux changements sociaux qui le distinguent.
Au nom de tous les Québécois, je tiens à remercier Claude Castonguay de l’héritage important qu’il nous a laissé. Merci.
Chers collègues, le samedi 12 décembre, le Québec a perdu une figure de proue du développement économique et social du Québec, lorsque l’honorable Claude Castonguay s’est éteint à l’âge de 91 ans. Pour tous les Québécois, il était le père de l’assurance-maladie. En réalité, il a fait beaucoup plus pour le Québec. Il a enseigné à l’Université Laval, et il a travaillé dans les secteurs public et privé où il a fait avancer la notoriété de l’actuariat. Il a laissé sa marque au sein du Groupe La Laurentienne, à titre de président, et dans plusieurs autres institutions du domaine de l’assurance. Il a aussi été le mentor de plusieurs, y compris la sénatrice Saint-Germain, et d’autres personnes au sein de la Chaire Raoul-Dandurand, dont il a été le président fondateur.
Claude Castonguay a été un révolutionnaire tranquille, un architecte social et l’un des bâtisseurs du Québec moderne. Il a conseillé les partis politiques, pensé et rédigé des rapports qui ont mené notamment à la création de la Régie des rentes du Québec et présidé des commissions d’enquête. Il s’est impliqué également dans les réflexions constitutionnelles. Il a été reconnu, notamment au moyen d’une dizaine de doctorats honorifiques.
J’ai eu la chance de le côtoyer alors que j’étais fellow au CIRANO. C’est sa fille Joanne qui nous a présentés l’un à l’autre. Nous partagions régulièrement un repas le midi pour échanger sur des sujets de politique publique. Il a préfacé mon livre intitulé Créer et partager la prospérité : Sortir l’économie canadienne de l’impasse, qui est paru en 2013. Mon mari et moi avons eu le privilège de le visiter à sa maison des Îles-de-la-Madeleine où il a passé plusieurs étés. Il y avait aménagé un studio de peinture pour lui et sa femme. Il adorait faire de la peinture et traverser l’Atlantique en croisière l’hiver pour écrire.
Cet homme accompli m’impressionnait beaucoup. Nous avons eu l’occasion de discuter du Sénat à plusieurs reprises. Comme vous le savez, il a été nommé au Sénat en 1990 par le premier ministre Brian Mulroney afin d’aider à résoudre certaines impasses au sein de notre auguste institution, et il a rapidement compris qu’il ne se plaisait pas dans notre univers qu’il trouvait trop conflictuel et trop partisan. Il m’avait prévenue!
L’honorable Claude Castonguay a fait la preuve que l’on pouvait changer le monde sans faire de politique partisane. Il avait l’envergure, le calme, la rigueur, la passion et la crédibilité nécessaires pour faire avancer ses idées sur la scène publique.
Claude Castonguay était un homme bienveillant envers le Québec, sa famille et son entourage. Le bien-être économique et social du Québec était sa principale motivation. Jusqu’à la fin de sa vie, il a réfléchi à la façon de « rénover » l’édifice social du Québec. Récemment, il nous suggérait de repenser le modèle du système de soins pour les personnes âgées à la faveur d’un véritable modèle de soins à domicile. Le 1er novembre dernier, comme le disait le sénateur Carignan, il annonçait à ses lecteurs du journal La Presse qu’il n’avait plus assez d’énergie pour écrire.
Je tiens à offrir mes condoléances à sa femme, Marie, ainsi qu’à ses enfants, Monique, Joanne et Philippe, à ses petits-enfants et à tous ses proches. Je regrette de ne pas avoir eu le temps de lui dire au revoir et merci.