Aller au contenu

Projet de loi sur la Journée nationale de l’alimentation locale

Deuxième lecture--Ajournement du débat

19 mars 2019


L’honorable René Cormier [ + ]

Propose que le projet de loi C-281, Loi instituant la Journée nationale de l’alimentation locale, soit lu pour la deuxième fois.

— Honorables sénateurs, c’est avec enthousiasme et un très bon appétit que je prends la parole aujourd’hui en tant que parrain du projet de loi C-281, Loi instituant la Journée nationale de l’alimentation locale. C’est un projet de loi que j’affectionne particulièrement, car il nous permet de mettre en valeur l’unicité de nos régions, la richesse de nos cultures locales, l’entrepreneuriat et la diversité de nos produits alimentaires.

Je tiens d’abord à remercier et à souligner le travail du député de Kootenay—Columbia, Wayne Stetski, qui a présenté ce projet de loi à la Chambre des communes il y a bientôt trois ans, projet de loi qui a été adopté à l’unanimité à l’autre endroit le 8 novembre 2018.

Comme son titre l’indique, l’objectif de ce projet de loi est d’instaurer une Journée nationale de l’alimentation locale. Cette journée de célébration se tiendrait le vendredi précédant l’Action de grâce en octobre de chaque année.

Certains se diront peut-être comme moi au début que ce n’est qu’une énième journée nationale. En effet, de nombreux projets de loi visant à établir de nouvelles journées nationales sont présentés chaque année au Sénat. Bien sûr, toutes ces initiatives sont portées par des causes louables auxquelles tient une partie de la population canadienne.

Le projet de loi C-281 est unique en raison de la nature universelle de l’idée de la célébration de l’alimentation locale pour tous les Canadiens. Tout d’abord, la Journée nationale de l’alimentation locale nous permettra de célébrer les produits locaux. De plus, ce sera l’occasion pour nous de songer aux divers aspects de nos collectivités — dont l’environnement, la santé, l’économie ainsi que les cultures locales — et d’agir.

Favoriser des moments de partage, voilà l’un des pouvoirs de l’alimentation sur l’être humain. Au-delà du besoin essentiel que constitue la nourriture pour notre corps, il s’agit également du meilleur prétexte qui soit pour passer du temps avec les gens que nous aimons en partageant un repas avec eux.

D’ailleurs, le nouveau Guide alimentaire canadien recommande aux Canadiennes et aux Canadiens de prendre leur repas en bonne compagnie, puisque cela permet notamment de tisser et de renforcer des liens avec notre entourage.

Ce caractère rassembleur est probablement la raison qui explique l’adoption à l’unanimité de ce projet de loi à l’autre endroit. Il suffit de survoler chacune des interventions livrées par des députés de tous les partis pour constater l’engouement suscité par ce projet de loi. Chaque député a, en effet, encensé la qualité des produits de sa région et les diverses initiatives célébrant l’alimentation locale.

Je partage évidemment cet enthousiasme et je souhaite vous le transmettre.

Nous devons d’abord jeter les bases de ce projet de loi et préciser ce qu’est une célébration de l’alimentation locale. Comme vous le savez, le terme « alimentation » est vaste.

Prenons, par exemple, la définition du terme « aliment » dans la Loi sur les aliments et drogues, soit « tout article fabriqué, vendu ou présenté comme pouvant servir de nourriture ou de boisson à l’être humain, la gomme à mâcher ainsi que tout ingrédient pouvant être mélangé avec un aliment à quelque fin que ce soit ».

Selon cette définition, il n’y a pratiquement pas de limite quant à ce qui peut être célébré à l’occasion de la Journée nationale de l’alimentation. Le terme « alimentation » renvoie aux produits de base, comme les produits maraîchers, le gibier et le poisson. Il inclut également les produits transformés par nos artisans, comme la bière artisanale, le vin, le cidre ou le sirop d’érable. Il désigne également les repas préparés par les restaurateurs qui sont déterminés à promouvoir l’utilisation de produits canadiens. La seule limite possible, c’est l’imagination des Canadiens.

Au-delà de la notion d’alimentation, il est important d’avoir une interprétation semblable de ce qui est local. Notez que j’utilise délibérément les termes « une interprétation semblable », puisque l’obtention d’un consensus inhérent à la notion de « local » est quasi impossible à l’heure actuelle.

Effectivement, dans le secteur de l’alimentation, il existe une panoplie de définitions du terme « local ». Certains groupes vous parleront de locavorisme, qui fait référence au fait de restreindre sa consommation aux aliments produits dans un rayon de 100 à 250 kilomètres du domicile.

D’autres feront référence au kilométrage alimentaire, qui a pour objectif de diminuer le plus possible la distance parcourue par l’aliment, de sa production en passant par sa transformation, jusqu’à sa consommation. Finalement, un autre courant traite de l’alimentation responsable, dont le principe est basé sur la réflexion des impacts des choix alimentaires de chacun des consommateurs sur leur santé, l’environnement et les conditions de vie de ceux qui les produisent.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments a mis en œuvre une politique provisoire concernant l’emploi du terme « local » dans l’étiquetage des produits. On pourrait s’inspirer de cette politique pour définir les aliments locaux dans le projet de loi C-281.

Selon cette politique, on peut utiliser le terme « local » dans le cas des « aliments produits dans la province ou le territoire où ils sont vendus » ou des « aliments vendus dans d’autres provinces ou territoires dans un rayon de 50 km de la province ou du territoire d’origine ».

Vu les nombreuses définitions et tendances, il faut, en instituant la Journée nationale de l’alimentation locale, que notre concept de l’alimentation locale tienne compte de la culture, des traditions et de la situation géographique de tous les Canadiens et de toutes les collectivités plutôt que de reposer sur un cadre contraignant pour les consommateurs.

Ainsi, la célébration de l’alimentation locale pourrait différer pour chaque région et communauté canadienne. De cette façon, nous laissons le libre choix à chaque communauté de célébrer la richesse de ses aliments et produits conformément à sa culture, à ses traditions et à son positionnement géographique dans le pays. Après tout, cette journée nationale leur appartient.

Grâce à une interprétation adaptée, les produits célébrés lors de cette journée nationale sont d’une variété et d’une richesse sans limites.

Nous pouvons immédiatement penser au crabe des neiges du Nouveau-Brunswick, au homard de la Nouvelle-Écosse, aux pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard, à la morue de Terre-Neuve-Labrador — je vous entends saliver —, aux fraises du Québec, au vin du Niagara, en Ontario, au soya cultivé au Manitoba, aux baies d’amélanchier de la Saskatchewan, à la production bovine de l’Alberta, aux cerises de la Colombie-Britannique, sans oublier les morilles des Territoires du Nord-Ouest, l’omble chevalier du Nunavut ou le bison et le wapiti du Yukon. Il va sans dire que les options ne manquent pas pour les Canadiennes et les Canadiens qui souhaitent emboîter le pas et soutenir l’alimentation locale dans le cadre d’une journée nationale, mais également tout au long de l’année.

Parlant de disponibilité alimentaire tout au long de l’année, dans un monde idéal, chaque jour constituerait une journée de l’alimentation locale. Or, si nous devions n’en choisir qu’une, le projet de loi propose le vendredi qui précède l’Action de grâce, ce à quoi j’adhère, car il s’agit d’un moment opportun pour plusieurs raisons.

Il est de coutume, pour nombre d’entre nous, de se réunir en famille pour un repas lors de la journée de l’Action de grâce. Traditionnellement, c’est également le temps de l’année qui nous donne l’occasion de remercier les agriculteurs pour les récoltes abondantes. Cette notion de gratitude a quelque peu perdu de son lustre au fil du temps, j’en conviens. C’est pourquoi une journée nationale célébrant l’alimentation locale serait la bienvenue.

Elle permettrait en outre d’inciter les Canadiennes et les Canadiens à se procurer des aliments locaux pour la préparation de ce repas familial et de bien conclure la saison des récoltes pour les agriculteurs.

Ce serait également l’occasion d’étendre la saison touristique, ce qui permettrait la valorisation des produits du terroir. Durant les mois de juin à septembre, il est presque inné pour une partie de la population canadienne de se procurer certains aliments dans les kiosques maraîchers ou de s’assurer de la provenance de leurs aliments. Or, avec l’arrivée de l’automne, chers collègues, le consommateur se tourne souvent vers des produits autres, oubliant parfois tout le travail effectué par nos concitoyens et concitoyennes. Il est donc essentiel de rappeler l’importance de ces industries pour notre pays.

Certains soutiennent qu’en octobre, la saison des moissons est trop avancée pour justifier la tenue d’une Journée nationale de l’alimentation locale. Bien que sensible à cet argument, je signale que les marchés agricoles sont loin d’être déserts à l’Action de grâces. Au contraire, ils regorgent de produits frais.

On n’a qu’à penser aux nombreux légumes racines, aux courges, pommes, raisins, poires, pieds de céleri, choux, tomates et patates. Et n’oublions pas la saison de la chasse et de la pêche en cours. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une liste exhaustive.

Il faut aussi se rappeler que les agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs et les autres artisans sont au cœur de ces célébrations. Durant l’été, la plupart d’entre eux sont tellement occupés à faire les récoltes au champ, à fabriquer des produits ou à travailler dans leur restaurant qu’il leur est difficile de prendre une pause, de célébrer les aliments locaux et de se faire fêter par tous les Canadiens.

Si nous voulons rendre grâce à la richesse de notre alimentation locale, assurons-nous que ceux qui sont aux premières loges pour témoigner de la beauté de cette richesse sont de la fête. C’est, en somme, pourquoi le vendredi précédant l’Action de grâce est tout indiqué pour célébrer une Journée nationale de l’alimentation locale.

Nombre d’initiatives ont été organisées par des particuliers, des collectivités ou des gouvernements partout au pays afin de célébrer l’alimentation locale ou certains produits locaux. Par exemple, la Journée des terroirs du Canada est une formidable initiative pancanadienne qui vise à célébrer et à promouvoir l’utilisation des ingrédients locaux, grâce à la participation de nombreux restaurateurs à une foule d’activités de sensibilisation organisées partout au pays. Cette initiative annuelle a été créée par Anita Stewart, qui a été nommée membre de l’Ordre du Canada pour avoir travaillé avec ardeur à promouvoir la gastronomie et les aliments canadiens. Ce genre d’initiative montre que les gens de tout le pays sont prêts à célébrer, tous les ans et partout au pays, la richesse de notre alimentation locale.

Au Nouveau-Brunswick, il y a le projet BuyLocalNB, mené par le Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick, qui vise à soutenir et à promouvoir l’agriculture, l’aquaculture et les pêches en tenant un registre des aliments locaux qui sont offerts à la population.

L’objectif et les effets du projet de loi C-281 ne diminueront pas l’importance de ces initiatives et ne leur feront pas concurrence. Au contraire, l’institution d’une journée nationale permettra assurément d’attirer encore plus l’attention sur toutes ces initiatives. Peu importe à quelle période ces initiatives se déroulent normalement, ceux qui les organisent pourront profiter du vendredi précédant le jour de l’Action de grâces pour souligner leurs réalisations, leurs réussites et les défis à venir.

Il ne fait aucun doute que l’ensemble des initiatives, des activités et des projets qui font la promotion des aliments locaux et qui sensibilisent les Canadiens à l’importance de leur consommation s’inscrivent dans le mouvement que j’appuie.

En ce sens, j’en appelle à vous tous, honorables collègues, ainsi qu’à tous les élus de l’autre Chambre, pour que chacun d’entre nous fasse l’éloge de ces initiatives et événements qui prennent place dans nos régions respectives ainsi qu’à la grandeur du pays.

Un sondage CROP publié en 2018 a posé l’affirmation suivante, et je cite :

Je pense qu’il est primordial d’encourager les produits et marques de fabrication locale, même si l’on doit les payer un peu plus cher.

Soixante-dix-neuf pour cent des Canadiens se disent tout à fait d’accord ou plutôt d’accord avec cette affirmation.

Ce n’est donc pas qu’une simple perception, mais un fait : les Canadiennes et les Canadiens veulent consommer localement. Cela s’applique particulièrement à l’alimentation qui est, selon plusieurs, une figure de proue dans le domaine de la consommation locale.

Il existe autant de motivations que de produits locaux qui peuvent être achetés par le consommateur. Pour certains, ils y voient un moyen de faire leur part pour la protection de l’environnement et lutter contre les changements climatiques. Pour d’autres, c’est l’occasion de contribuer à l’économie de leur région ou encore d’encourager des initiatives à vocation sociale.

D’ailleurs, le préambule du projet de loi C-281 précise ce qui suit, et je cite :

Que le renforcement des liens entre les consommateurs et les producteurs d’aliments canadiens contribue au bien-être social, environnemental et économique de notre nation.

Comme vous le savez tous, le secteur alimentaire canadien regorge de ressources et d’expertise, et il apporte une contribution notable à l’économie du pays. Voici quelques chiffres. D’après Agriculture et Agroalimentaire Canada, en 2016, le secteur agricole et agroalimentaire a généré 119 milliards de dollars du produit intérieur brut, ce qui représentait 6,7 p. 100 du PIB total du pays. Toujours en 2016, ce secteur employait environ 2,3 millions de personnes, soit 12,5 p. 100 des travailleurs canadiens.

Ajoutons aussi que les consommateurs canadiens ont acheté 110 milliards de dollars de produits alimentaires en 2017, d’après le Rapport des Tables de stratégies économiques du Canada : Secteur agroalimentaire. Ce rapport fixe l’objectif des ventes nationales de produits alimentaires à 140 milliards de dollars d’ici 2025.

La table sectorielle reconnait du même coup la richesse de ce secteur canadien et l’importance pour le Canada de se démarquer de la façon suivante, et je cite :

Même si la table sectorielle de l’agroalimentaire reconnaît foncièrement la nécessité de livrer concurrence en misant sur les prix, nous devons également nous efforcer de nous démarquer et de différencier notre offre, de mettre de l’avant ce qui nous rend uniques.

C’est exactement ce que souhaite accomplir le projet de loi C-281, qui mise sur la promotion de notre richesse et de nos atouts.

Au Nouveau-Brunswick, l’initiative Pour l’amour du Nouveau-Brunswick demande une bonification des habitudes de consommation de manière à augmenter de 5 p. 100 la consommation de produits locaux. Bien que ce projet vise tous les produits et pas seulement l’alimentation locale, il a évalué que, pour la province, une réorientation des habitudes de consommation de 5 p. 100 des habitants favoriserait une augmentation des ventes directes de plus de 2 milliards de dollars et la création de près de 9 000 emplois sur cinq ans.

Chers collègues, force est de constater que ce secteur dynamique constitue une part importante de l’économie canadienne. Une célébration nationale annuelle permettrait de porter à l’attention de tous cette réussite canadienne et le savoir-faire de tous les acteurs de ce secteur.

Le premier avantage environnemental d’une initiative comme celle-ci réside dans la proximité entre le lieu de production et notre assiette. La réduction de la distance parcourue par les aliments peut permettre de réduire certains impacts néfastes pour l’environnement, comme l’émission de gaz à effet de serre. Il faut tout de même souligner que les émissions varient également en fonction du mode de transport privilégié, le transport par avion étant le plus polluant.

Ensuite, durant la saison estivale, de nombreux consommateurs optent pour des marchés locaux, ce qui permet d’établir des circuits courts, donc exempts d’intermédiaires entre le consommateur et le producteur ou le transformateur. Ces circuits impliquent souvent que le consommateur réduit sa propre distance parcourue et opte pour un moyen de transport autre que la voiture afin de s’y rendre, diminuant du même coup ses propres émissions de gaz.

Les aliments locaux ne font pas que nous nourrir. Nos concitoyens qui travaillent dans les secteurs agricoles et agroalimentaires en savent quelque chose. Ils ont à cœur le bien-être de la population locale. C’est pourquoi ils sont nombreux à s’efforcer de rendre leurs produits alimentaires accessibles grâce à des programmes communautaires. Par exemple, les banques alimentaires acceptent la production excédentaire que leur donnent des producteurs locaux ainsi que les dons en provenance des jardins communautaires. Autrement dit, les aliments locaux sont au cœur de diverses mesures d’intégration sociale un peu partout au pays.

Des programmes comme le mouvement national De la ferme à l’école, qui est piloté par l’organisme De la ferme à la cafétéria Canada, font aussi la promotion des aliments locaux. Grâce à ce mouvement, des aliments sains produits localement peuvent être consommés dans les écoles. Ils proviennent des agriculteurs, des distributeurs, des jardins de cour d’école ou de la cueillette d’aliments dans la nature. On se sert de ces aliments pour préparer des repas dans les écoles. C’est un programme qui fait des aliments locaux un point de convergence permettant aux producteurs, aux agriculteurs et à la population locale de tisser entre eux des liens plus étroits. De plus, on trouve dans ce genre de programmes des occasions d’enrichir ses connaissances et d’offrir à tous des repas nutritifs, quelle que soit la situation socio-économique de la famille. Le projet de loi C-281 mettra en valeur ces programmes communautaires.

Chers collègues, avant de conclure, j’aimerais vous faire part d’un magnifique projet au Nouveau-Brunswick qui rallie chacune de ces composantes de l’alimentation locale, ce qui fait de ce projet un merveilleux exemple de ce que l’on peut accomplir grâce à l’alimentation locale. Il s’agit de la coopérative Ferme Terre Partagée, un projet alliant tradition, savoir-faire, relève et innovation.

Cette coopérative, dont la forme actuelle a été officiellement créée en janvier 2018, découle de générations d’agriculteurs dont l’origine remonte à la famille Chiasson, qui a créé la ferme en 1886, sur des terres exploitées durant des centaines d’années par les Mi’kmaq, à Rogersville.

C’est à la suite du retour de Rébeka Frazer-Chiasson à la ferme familiale avec son père, Jean-Eudes, que la Ferme Terre Partagée telle que nous la connaissons aujourd’hui a pris doucement forme, en débutant par l’autocueillette de fraises biologiques pour ensuite y ajouter des légumes, ce qui a permis d’ajouter deux paysans passionnés à leur équipe.

Cette coopérative est axée sur le principe de la souveraineté alimentaire. Ainsi, la ferme a diversifié ses cultures afin de répondre aux demandes variées, mais toujours conformément à une culture durable à plus petite échelle.

De nombreux projets découlent de cette ferme, qui ont pour point central la proximité entre les paysans de la ferme et les clients. Ainsi, la très grande majorité des ventes sont effectuées par vente directe, par exemple grâce aux paniers de légumes biologiques.

Comme ceux-ci le rappellent, cette proximité permet au consommateur de poser toutes les questions possibles et d’obtenir des renseignements crédibles de la bouche même des paysans.

Cela permet un échange de connaissances et parfois une meilleure compréhension des aléas de la culture de la part du consommateur. Une relation de confiance se construit de part et d’autre entre le consommateur et le producteur.

Cette coopérative s’implique également auprès de sa communauté, non seulement en vendant ses récoltes, mais aussi en prononçant des conférences, en accueillant des paysans, en s’impliquant dans des associations et en coopérant avec le milieu scolaire pour la préparation de jardins communautaires.

La curiosité et l’intérêt envers l’alimentation locale sont bien présents dans la population canadienne. Comme ce projet en fait foi, il suffit de transmettre cette passion qui nourrit nos artisans aux consommateurs, et c’est ce que le projet de loi C-281 souhaite réaliser.

Chers collègues, permettez-moi de terminer sur une note personnelle. Comme vous le savez, je viens de Caraquet, dans la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick. Notre région est bien connue pour son industrie de la pêche, dont les produits d’une qualité exceptionnelle sont renommés mondialement. La pêche n’est pas uniquement le moteur économique de notre région; c’est aussi un mode de vie pour les gens de chez nous. Toutefois, lorsque j’étais jeune, je n’étais pas conscient de l’importance de la pêche pour mon village et de la prospérité qu’elle lui apportait. C’est triste à dire, mais j’ai dû quitter ma région pour me rendre compte du rôle important que la pêche y joue.

Je vous le mentionne, puisqu’il s’agit là de l’essence même de ce projet de loi : s’assurer que les Canadiens et les Canadiennes reconnaissent l’immense richesse des aliments locaux, l’immense richesse de leur région ainsi que les gens qui sont à l’origine de tout cela, et ce, dès le plus jeune âge, sans devoir quitter leur région.

En tant que Canadien, je suis fier de nos cultivateurs et agriculteurs, de nos pêcheurs, brasseurs et artisans, qui travaillent avec acharnement pour nous offrir des produits de remarquable qualité. Le projet de loi C-281 est notre façon de souligner leur contribution à notre société et de célébrer le fruit de leur passion. Je vous invite donc à voter en faveur du projet de loi.

Je vous remercie et je vous souhaite un excellent appétit.

Le sénateur répondrait-il à une question?

Son Honneur le Président [ + ]

Sénateur Cormier, acceptez-vous de répondre à une question?

Le sénateur Cormier [ + ]

Bien sûr.

Merci de ce discours, sénateur Cormier. Je vous remercie aussi de respecter le Règlement. Comme nous le savons tous, un discours à l’étape de la deuxième lecture doit porter sur l’objet et le bien-fondé de ce qui est à l’étude, sans entrer dans d’autres détails. Je trouve que vous vous êtes très bien acquitté de cette mission. Les sénateurs auraient intérêt à ne pas perdre cette règle de vue lorsqu’ils prononcent un discours à l’étape de la deuxième lecture d’autres projets de loi.

Si je tiens à poser une question, c’est parce que j’ai reçu un courriel du chef édouardien Michael Smith, qui est fort connu notamment pour les livres qu’il a publiés et ses émissions de télévision. Son épouse et lui tiennent l’auberge The Inn at Bay Fortune. J’incite fortement quiconque se trouve à l’Île-du-Prince-Édouard pendant l’été à aller y savourer un repas, de même qu’à toutes les excellentes tables de la province.

Je vais citer un extrait de ce courriel, qui rejoint d’ailleurs quelque chose que vous avez mentionné dans votre discours : « D’un océan à l’autre, depuis plus de 15 ans, on célèbre la Journée des terroirs du Canada en août. Toute une communauté s’est bâtie autour de cet événement. Aux quatre coins du pays, c’est la saison de la récolte, alors les chefs, les restaurateurs, les agriculteurs, les pêcheurs, les critiques gastronomiques et les amateurs de bonne chère sont de la partie. Même la tour CN brille de tous ses feux pour l’occasion. Nous n’avons rien contre le projet de loi; seule la date tardive qu’il propose nous rebute. En octobre, le givre recouvre déjà la moitié du pays. L’arrimage des dates permettrait de poursuivre pleinement sur la lancée de la Journée des terroirs du Canada. Cette simple modification n’aurait que des avantages. Peu nous importe à qui reviendra le mérite, sur le plan politique, d’avoir instauré cette journée; tout ce que nous voulons, c’est de continuer à faire ce que nous faisons depuis le début. »

Dans ce contexte, pourquoi serions-nous favorables à l’idée de repousser la date d’août à octobre?

Le sénateur Cormier [ + ]

Je vous remercie de votre question, sénateur. Comme je l’ai précisé lors de mon allocution, l’objectif de la Journée nationale de l’alimentation locale n’est pas de s’opposer aux diverses initiatives qui sont dans l’environnement. L’initiative dont vous parlez est une initiative extraordinaire dans laquelle Mme Stewart a impliqué des restaurateurs d’un bout à l’autre du pays.

L’esprit de ce projet de loi va au-delà de la question des restaurateurs et de la question des produits d’agriculture. Il va beaucoup plus loin que cela. Dans le cadre de la recherche effectuée en prévision de mon allocution, j’ai eu l’occasion de discuter avec des restaurateurs de différentes régions de l’Est du Canada. Il est évident qu’il n’y a aucune date idéale pour un jour comme celui-là, c’est-à-dire que, pour certains restaurateurs, le mois d’août est déjà une période où, comme restaurateurs, ils n’ont pas de défis de clientèle et de produits.

J’ai entendu dire que la date du mois d’octobre sourit a beaucoup de gens, notamment pour des raisons de prolongement de la saison touristique et de consommation. Il y a des tonnes de produits qui sont accessibles à l’automne et souvent, dans certaines régions, il y a un creux à partir de septembre, et l’idée d’instituer une Journée nationale de l’alimentation locale en octobre permet également aux régions de prolonger la saison touristique et, ainsi, de profiter de cette journée pour mettre en valeur les aliments qui sont accessibles.

C’est l’essentiel de ce que j’ai entendu. J’ai aussi parlé à des restaurateurs qui sont impliqués dans le projet du National Food Day avec Mme Stewart et qui vont continuer de s’impliquer dans cette initiative, mais qui disent aussi que le fait qu’il existe une Journée nationale des aliments locaux leur permet d’allonger la saison touristique et de faire de bonnes affaires. Voilà la principale raison qui explique cette date du mois d’octobre.

En dépit de votre défense passionnée de votre projet de loi, je vais devoir m’y opposer. J’appuie l’idée du mois d’avril, et non pas celle du mois d’octobre.

Son Honneur le Président [ + ]

Sénateur Plett, aimeriez-vous prendre la parole sur ce sujet ou sur un autre?

L’honorable Donald Neil Plett [ + ]

J’aimerais parler longuement du projet de loi à une date ultérieure. Je propose donc l’ajournement.

Haut de page