La Loi sur les compétences linguistiques
Projet de loi modificatif--Deuxième lecture--Suite du débat
14 décembre 2021
Honorables sénateurs, je veux féliciter le premier ministre Trudeau d’avoir nommé Mary May Simon comme gouverneure générale, même s’il savait que sa décision ferait l’objet de critiques.
Le premier ministre Trudeau a reconnu que, dans le cadre de notre quête commune de compréhension, il était temps de nommer une personne canadienne d’origine autochtone à ce poste. Mary May Simon n’est pas une Canadienne comme les autres. C’est une femme hautement qualifiée, une chef de file dans sa communauté depuis des décennies, une ancienne ambassadrice du Canada au Danemark, une experte reconnue des questions liées à l’Arctique; la liste de ses réalisations est très longue.
Pour ce qui est de la question linguistique, je pense que nous devons nous demander si la politique des deux langues officielles est un héritage de notre passé colonialiste. Avant que les francophones et les anglophones arrivent dans cette partie de l’Amérique du Nord, beaucoup de langues autochtones y étaient déjà parlées.
Chers collègues, n’est-il pas préférable de tenir compte de la véritable histoire du Canada et de reconnaître que de nombreuses langues autochtones comptent peut-être parmi ses langues fondatrices? Le Sénat pourrait-il jouer un rôle important en saisissant cette occasion historique d’appuyer la première gouverneure générale autochtone et faire preuve de leadership en donnant à son Comité des langues le mandat officiel de protéger ces nombreuses langues autochtones et en lui demandant d’accorder une importance toute particulière à cette tâche? On pourrait peut-être demander au Comité sénatorial des langues officielles de mettre l’accent tant sur les langues fondatrices que sur les langues officielles, et le renommer en conséquence.
Chers collègues, embrassons le nouveau Canada. Embrassons l’avenir plutôt que de résister au changement et de lutter pour le statu quo.
En tant que Canadien anglophone, je ne m’opposerais pas à ce que l’on nomme à un poste de haut niveau une personne francophone qui parle une langue autochtone et qui promet d’apprendre l’anglais. Chers collègues, c’est le prix à payer pour aider à rectifier les torts du passé.
Nous devons à la communauté autochtone d’embrasser ce nouveau Canada que nous bâtissons ensemble. L’ancienne école de pensée du Canada qui se reflète dans ce projet de loi découle en partie de l’histoire déformée que l’on nous a enseignée à l’école et des lacunes massives dans notre connaissance de la communauté autochtone, de ses coutumes et de sa société.
Tandis que je m’éduque personnellement sur la vraie histoire du Canada, je me souviens des traités que j’ai étudiés, mais jamais il n’a été question dans mes livres d’histoire de l’Île-du-Prince-Édouard des traités signés par les Mi’kmaqs du Canada atlantique et la Couronne ou du Traité de paix et d’amitié. Jamais ils n’ont été mentionnés.
Ce manque de connaissance de la société canadienne à propos de l’histoire autochtone s’estompe tranquillement, et la nomination de Mary May Simon à titre de gouverneure générale est importante à la fois pour sa signification symbolique et pour son mérite.
Chers collègues, Mary May Simon est la gouverneure générale et elle est autochtone, ce qui est extraordinaire à mon avis. J’espère qu’il y aura davantage de nominations pour lesquelles on considérera les langues autochtones comme étant sur un pied d’égalité avec le français et l’anglais. Merci, chers collègues.