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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La route de l'Alaska

Le quatre-vingtième anniversaire

2 novembre 2022


Honorables sénateurs, le mois de novembre est le mois du souvenir. C’est l’occasion pour les Canadiens de se rappeler de tous ceux qui ont fait le sacrifice ultime et du rôle joué par le Canada dans les conflits de la planète.

Le 20 novembre 2022 marquera également l’anniversaire d’un autre effort de guerre. Cette année, le 20 novembre marque le 80e anniversaire du rassemblement du Corps of Engineers de l’armée américaine à Soldier’s Summit près du parc national de Kluane, au Yukon, pour souligner l’achèvement de ce qu’on appelle aujourd’hui la route de l’Alaska.

On voyait la route de l’Alaska comme une solution possible pour l’approvisionnement en avions et en fournitures à l’Union soviétique dans le cadre de la Loi du prêt-bail adoptée par les États‑Unis en 1941. La route est devenue nécessaire après le bombardement de Pearl Harbor. Au moment de sa construction, la route s’étirait sur 2 333 kilomètres de Dawson Creek, en Colombie‑Britannique, à Big Delta, en Alaska.

Construite en seulement huit mois, la route passait en pleine nature où foisonnait une faune riche, enjambait des rivières sauvages et traversait cinq chaînes de montagnes. Il s’agissait du projet le plus coûteux entrepris par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale avec un investissement de 147,8 millions de dollars. Le Canada avait accordé le droit de passage.

En 1946, nous avons récupéré plus de 1 954 kilomètres de cette route qui partait de Dawson Creek et traversait le Yukon jusqu’à la frontière de l’Alaska. La route de l’Alaska a changé à jamais le territoire du Yukon. L’arrivée de 10 000 hommes du Corps of Engineers de l’armée américaine chez les Premières Nations du Yukon a été racontée par Elijah Smith dans le document qui a servi de base à l’accord sur le règlement des revendications territoriales au Yukon, où il était question du quatrième homme blanc, le soldat américain.

Lors d’un débat à l’Assemblée législative du Yukon, le député de Kluane, Bill Brewster, a rendu hommage à de nombreux membres des Premières Nations du Yukon qui ont contribué à la réussite de ce projet routier. Piers McDonald a ajouté :

[...] un grand nombre de ceux qu’il a cités et qui ont joué un rôle important dans la construction de [cette route] étaient des Autochtones que les militaires américains ont rencontrés pendant les travaux. Ils ont joué un rôle considérable en veillant à ce que les travaux se déroulent le mieux possible. Cela témoigne de l’incroyable patience et de la bonne volonté dont les Autochtones ont toujours su faire preuve devant des événements historiques comme celui-ci.

Ce projet a eu une incidence sur les relations avec les Premières Nations et sur la géographie même du territoire. Ses effets se sont fait sentir bien après l’achèvement de la construction de cette route militaire. Lorsque le ministère fédéral des Travaux publics en a pris la responsabilité, les fonctionnaires ont été logés au Camp Takhini, un lotissement de Whitehorse, dans le quartier où j’ai grandi. Ken Coates, qui est aujourd’hui professeur, était notre voisin.

Le 21 avril 1992, à l’occasion du discours du Trône prononcé à l’Assemblée législative du Yukon, le premier ministre de l’époque, Tony Penikett, avait ajouté :

Le gouvernement a récemment repris la responsabilité de la portion yukonnaise de la route de l’Alaska et de la route de Haines. Ce transfert de responsabilité s’accompagne d’une enveloppe de 23 millions de dollars par année pour les 15 prochaines années, pour la reconstruction et l’entretien de la route, ainsi que d’une subvention additionnelle de 20 millions de dollars pour les 4 prochaines années pour la reconstruction des sections les plus endommagées de la route, près de Swift River. Par ailleurs, le gouvernement fédéral demeure responsable de la reconstruction de la portion appelée corridor de Shakwak, et il négociera avec le gouvernement américain pour s’assurer que cette portion en entier, de Destruction Bay à Beaver Creek, soit remise en état.

Les négociations se poursuivent actuellement, suite à l’investissement de 1,2 billion de dollars qu’a récemment fait le président Biden aux termes de l’Infrastructure Investment and Jobs Act.

En plus d’être un corridor de transport, la route de l’Alaska témoigne de l’amitié qui unit les États-Unis et le Canada, et des relations transfrontalières entre les familles, les amis, les voisins et les pays. La route de l’Alaska est essentielle à ces relations et revêt une importance cruciale pour l’Amérique du Nord. Je me joins à mes voisins de l’Alaska pour célébrer le 80e anniversaire de cette route. Mahsi’cho. Gùnáłchîsh. Merci.

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