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Le Sénat

Motion tendant à exhorter le gouvernement à adopter l'antiracisme en tant que sixième pilier de la Loi canadienne sur la santé--Débat

17 mars 2021


Honorables sénateurs, en tant que sénatrice manitobaine, je reconnais que l’endroit d’où je viens fait partie des territoires du Traité no 1, qui sont les terres traditionnelles des Anishinaabek, des Cris, des Oji-Cris, des Dakotas et des Dénés et le lieu d’origine de la nation métisse.

Je reconnais en outre que le Parlement du Canada est situé sur le territoire non cédé des Premières Nations anishinaabek algonquines.

J’aimerais aujourd’hui donner mon appui à la motion de la sénatrice McCallum, qui demande au Sénat du Canada d’exhorter le gouvernement fédéral à faire de l’antiracisme le sixième pilier de la Loi canadienne sur la santé, à interdire la discrimination en fonction de la race et à accorder à tous le droit à la protection et à la jouissance de la loi. J’aimerais commencer par remercier la sénatrice McCallum d’avoir présenté cette motion et d’avoir donné suite à la recommandation se trouvant dans la lettre ouverte rédigée par des membres du Groupe de travail Brian Sinclair et divers autres défenseurs de l’égalité en santé de notre province d’origine, le Manitoba.

La sénatrice McCallum nous a ouvert les yeux avec la description qu’elle a faite de sa propre expérience du racisme et de la discrimination qui a causé la mort tragique de Brian Sinclair, au Manitoba, et plus récemment de Joyce Echaquan, au Québec.

Je suis profondément peinée que nous discutions de Brian et de Joyce uniquement pour parler de leur mort et non pour célébrer leur vie. Cette occasion nous a été enlevée par le très réel et très concret racisme systémique dont sont victimes les membres des groupes racisés.

Chers collègues, nous sommes tous des patients. À différents moments de notre vie, nous sommes des patients qui ont besoin de soins médicaux professionnels. Nous sommes alors vulnérables et le rapport de force qui existe entre le patient et le professionnel de la santé peut mener à un abus de pouvoir. Cependant, ce que nous pouvons constater grâce aux données que nous avons obtenues, c’est que nous ne sommes pas tous désavantagés dans la même mesure lorsque ce rapport de force donne lieu à un comportement discriminatoire ou raciste.

Le racisme aggrave ces situations et vise les patients qui ont des caractéristiques physiques — comme certains traits du visage ou d’autres caractéristiques particulières, notamment leur nom — qui concordent avec des stéréotypes. Ces stéréotypes ne se limitent absolument pas aux Autochtones du Canada. La motion dont nous sommes saisis vise à défendre toutes les personnes victimes de racisme, qu’il soit conscient ou non, lorsqu’elles obtiennent des soins de santé.

Ce sixième pilier et la Loi canadienne sur la santé permettraient de reconnaître le racisme plus facilement et d’informer les patients qui sont victimes de racisme des protections possibles qui s’offrent à eux.

Il est essentiel de nommer les préjudices pour empêcher qu’ils ne se perpétuent. En les nommant, nous créons les conditions nécessaires pour que les politiques et les règlements prévoient des conséquences pour les personnes qui font preuve de racisme dans des lieux où sont prodigués des soins de santé.

De nombreuses personnes vivent de grossières injustices lorsqu’elles tentent d’obtenir des soins de santé et d’autres services essentiels.

Il est nécessaire que cette motion ait une portée large. Les faits dont nous disposons actuellement montrent que ce sont les patients d’origine autochtone qui sont, avant tout, victimes de racisme dans le domaine de la santé.

Voici quelques commentaires de la professeure Mary Ellen Turpel, ancienne juge et commissaire à l’enfance et à la jeunesse de la Colombie-Britannique, sur l’enquête qu’elle vient juste de terminer dans cette province :

Ce que j’ai découvert, en fait, c’est que malgré quelques suppositions ici et là, au point de service avec les Autochtones, les Premières Nations et les Métis en Colombie-Britannique, on trouve des centaines d’exemples de racisme direct et personnel et de préjugés implicites.

Chers collègues, au cours des derniers mois, plus de 9 000 personnes ont participé à l’enquête en Colombie-Britannique, et plus de 600 cas ont été examinés. La professeure Turpel dit que les résultats sont inquiétants. 85 % des Autochtones ont dit qu’ils avaient été victimes de racisme et de discrimination au point de service.

Son Honneur la Présidente intérimaire [ - ]

Sénatrice McPhedran, je regrette de devoir vous interrompre. Vous disposerez de 10 minutes pour terminer votre intervention lorsque nous reviendrons sur cette question.

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