Le Sénat
Motion tendant à condamner la détention injuste et arbitraire de la sénatrice Leila M. de Lima par le gouvernement des Philippines--Débat
1 juin 2021
Conformément au préavis donné le 17 février 2021, propose :
Que, relativement à la sénatrice Leila M. de Lima, sénatrice titulaire de la République des Philippines, qui a été arrêtée et est détenue arbitrairement depuis le 24 février 2017 sur la base d’accusations de trafic de drogue illégal portées contre elle par le gouvernement Duterte pour des motifs politiques, et qui continue d’être détenue sans caution, bien que les procureurs du gouvernement des Philippines n’aient présenté aucune preuve matérielle, le Sénat :
a)condamne la détention injuste et arbitraire de la sénatrice Leila M. de Lima par le gouvernement des Philippines;
b)exhorte le gouvernement des Philippines à libérer immédiatement la sénatrice de Lima, à abandonner toutes les accusations portées contre elle, à lever les restrictions visant ses conditions personnelles et professionnelles et à lui permettre de s’acquitter pleinement de son mandat de législatrice;
c)demande au gouvernement du Canada d’imposer des sanctions contre tous les fonctionnaires philippins complices de l’emprisonnement de la sénatrice de Lima, conformément à la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus (loi de Sergueï Magnitski);
d)demande au gouvernement des Philippines de reconnaître la primauté du droit et des droits de la personne, ainsi que le rôle important des défenseurs des droits de la personne, et de permettre à ces derniers de mener leurs activités librement, sans crainte de représailles;
e)exhorte les autres parlementaires et les gouvernements du monde entier à faire eux aussi pression sur le gouvernement Duterte en vue de protéger, de promouvoir et de faire respecter les principes de la primauté du droit et des droits de la personne, piliers essentiels d’une société démocratique libre et fonctionnelle aux Philippines.
— Je propose la motion inscrite à mon nom, et je suis heureuse d’avoir l’occasion de témoigner de mon soutien envers une collègue sénatrice incarcérée injustement.
En tant que sénatrice du Manitoba, c’est le cœur particulièrement gros que je prends la parole aujourd’hui après avoir entendu des collègues comme les sénateurs McCallum et Christmas, et alors qu’un État remis en question, le Canada, l’est encore davantage à la lumière d’autres informations qui s’ajoutent à celles présentées dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, qui a été dirigée avec brio par notre collègue l’ancien sénateur Murray Sinclair.
Je tiens à souligner que je suis résidante du territoire du Traité no 1, le territoire traditionnel des Anishinabes, des Cris, des Oji-Cris, des Dakotas et des Dénés, et la terre natale de la nation métisse. Je souligne aussi que le Parlement du Canada est situé sur le territoire non cédé des Algonquins et des Anishinabek.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui, en ce début du Mois du patrimoine philippin au Canada, pour vous demander de tourner vos pensées et vos cœurs vers une autre sénatrice. Je me permets de la citer :
On m’a refusé tout ce que la plupart des gens tiennent pour acquis.
[...] La possibilité de dire « bonjour » à mes proches [...] La possibilité de prendre mes petits-enfants dans mes bras. La possibilité d’embrasser ma mère sur les joues. La possibilité [...] de féliciter mon fils [...] Israel, qui est autiste, pour la magnifique œuvre d’art qu’il a créée récemment.
Chers collègues, ce déni perdure après plus de 50 mois et est causé par le fait que la sénatrice de l’opposition Leila de Lima est détenue dans une cellule du quartier général de la police nationale des Phillipines, après avoir été arrêtée sur ordre du président philippin, Rodrigo Duterte, en février 2017, puis accusée de faire du trafic de drogue pour le compte d’un baron de la drogue qu’elle avait en fait poursuivi lorsqu’elle était secrétaire de la justice.
Chers collègues, l’honorable Leila de Lima a été une fonctionnaire dévouée et la présidente de la Commission des droits de la personne dans son pays avant de devenir secrétaire de la justice puis sénatrice. À titre de secrétaire de la justice, avant l’élection à la présidence de Duterte, elle a mené une lutte contre la corruption et exposé les agissements d’un ex-président, de sénateurs et d’autres politiciens haut placés. Plus tard, à titre de membre du comité sénatorial de la justice et des droits de la personne, Mme de Lima a dirigé une enquête sur les assassinats extrajudiciaires menés au nom de la guerre brutale contre la drogue orchestrée par l’administration Duterte.
Je vais m’arrêter là pour ce soir.